jeudi 24 janvier 2013

Justice mexicaine et armée française (ou le contraire)

Florence Cassez est dans l'avion pour Paris à l'heure où j'écris ces lignes.
Evidemment, c'est l'un des grands sujets du jour et chacun y va de sa réaction ou de son historique de l'affaire. Huit ans quand même. Chirac, Sarkozy, Hollande en France. Deux présidents au Mexique. Plusieurs juges mexicains et plusieurs aussi à la Cour Suprême, dont le petit nouveau qui vient de faire pencher à lui tout seul la balance, de 2 contre 3, à 3 contre 2.

On attend Sarkozy à l'aéroport pour son arrivée ;) à la demande de Florence Cassez elle-même (Mise à jour : Sarkozy n'ira pas en public). Rachida Dati, future candidate à la Mairie de Paris, se félicite du rôle de Sarkozy. Rôle très militaire qui a dépassé l'incident diplomatique lorsqu'il a causé l'annulation de l'année Mexique en France. Puis pacification. Alternance des moments durs et conciliants, comme dans toute négociation. Normal. Dans le bon sens du terme.

La justice mexicaine a franchi un pas, pour les droits fondamentaux. Reste à étendre cette décision dans tout un tas de couches de la société, y compris la police, pour que ces droits soient respectés partout, chez les victimes directes également. Le PRI est de retour au pouvoir au Mexique, dans un nouvel habit, alors que le même PRI, l'ancien, était soupçonné de turpitudes sans nom. C'est un signe important. A suivre au Mexique même, pour voir la suite dans d'autres affaires en cours et dans des lois à venir. Pas un moment anodin pour le Mexique, avec un signe fort d'indépendance de la justice, comme dans tout Etat de droit qui respecte sa parole.

L'esprit de revanche va animer en France tous ceux qui parlent d'armée mexicaine pour décrire l'administration française, plus pleine de capitaines ou de cadres non encadrants que de soldats/travailleurs réels. Tous ceux donc qui se moquent du Mexique. Tous ceux qui considèrent que le Mexique était un sous-Etat barbare, comparé à la France parfaite, surtout au plan de la justice. Qu'ils n'oublient pas que la France n'est pas parfaite ! Considérez par exemple la comédie burlesque de notre Conseil constitutionnel, plus haute instance pour les lois et la Constitution, qui a été saisi par un de ses membres de droit, Sarkozy évidemment, sur un sujet de confusion des genres alors qu'il était à la fois Président et candidat. Ce Conseil vient tout juste d'annoncer que ce membre serait suspendu jusqu'à la décision sur ce point, comme si cela n'était pas évident depuis le premier jour et comme si cela pouvait continuer après sans changement. Que les comptes de Sarkozy soient approuvés ou rejetés changera forcément les relations avec lui pour ses collègues membres. Croire le contraire est du déni de réalité, pratique fort courante malheureusement.

Justice - Armée ? Vieux débat entre glaive et goupillon ? Au Mali, les soupçons d'exécutions sommaires par l'armée malienne officielle se développent. L'armée française sait bien que ce genre de choses est possible. Engagée, la France est de facto responsable de ce qui se passe dans le pays, en tous cas sera jugée responsable même si elle ne l'est pas. Une responsabilité réelle, même sans action directe de sa part. C'est la loi du genre. Et lorsque les autres contingents africains vont arriver, le problème va être multiplié...

Enfin, le Mali a battu le Niger voisin 1-0 à la CAN (c'est du foot) et ce jour va essayer de battre le Ghana... Une bataille moins sanglante, mais qui passionne les foules en Afrique.

Justice, armée... et foot.

PS Photo, en France, du Monde

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