vendredi 31 mai 2013

Ef vous buvez quoi, vous ?

Ne répondez pas "de l'eau" il y en a déjà assez comme ça qui nous tombe du ciel comme vache extraterrestre qui pisse.

Ce soir, il y a la finale de la Coupe de France, c'est du foot. Avec deux équipes qui joueront sous des trombes d'eau ou pas. Il s'agit de Bordeaux et d'Evian... François y sera évidemment.

Tout un symbole de la culture française. Dans les deux cas la culture gastronomique aura gagné. Il y a des petits Bordeaux pas chers et d'autres très chers, comme ceux que vend l'Elysée en ce moment pour renflouer les caisses de l'Etat et surtout envoyer un geste symbolique. Un petit Petrus à 5800 euros pour ce soir ? Il y a plein d'autres vins en France aussi. Par exemple, ce producteur qui a gagné un prix récemment pour avoir réussi à inventer un vin très peu alcoolisé et parfumé avec de nombreux fruits et autres déliciosités. Il y a aussi plein d'eaux minérales venues de toutes les citernes régions. Mais ce soir, c'est Bordeaux contre Evian. On attend trois buts au moins, car un but ça va, mais trois buts, bonjour les dégâts, évidemment.

Les supporters sont plutôt connus pour boire de la bière en fait. Mais il n'y a pas d'équipe en ligue 1 qui porte le nom de ce quartier fameux de Strasbourg appelé Kronenbourg. A propos de bière, et pour les amateurs un petit dessin sur un de mes blogs favoris. Bientôt des prises électriques dans les stades pour y brancher sa Kro ?

Que tout ceci ne nous éloigne pas de sujets plus importants. Les politiciens de l'UMP célébreront bientôt le succès des primaires organisées pour les municipales à Paris. Boiront-ils du Champagne pour fêter des primaires idéales, avec une participation énorme et aucune fraude ? Ou boiront-ils le calice jusqu'à la lie pour des primaires ratées, à très faible participation et à fort taux de triche comme les journaux le démontrent ce matin ? Le suspense est haletant, mais ça ne démarre pas terrible ce matin. La démocratie directe, ça ne s'apprend pas en 10 leçons et quelques mois...

Je me boirais bien un Coca, moi, ou alors un Pastis pour rester français. Mais il n'y a pas assez de soleil pour le pastis...



jeudi 30 mai 2013

Jeunes et vieux mais dynamiques

François est en visite dans l'Aveyron (hier) et le Tarn (aujourd'hui).
Après avoir parlé de jeunes hier, il parle aussi emploi aujourd'hui mais autour d'une institution industrielle française, Pierre Fabre, entrepreneur discret et âgé, fatigué et jamais fatigué à la fois. En visitant la plus grande usine du groupe pharmaceutique (au sens large) à Soual, François a trouvé un bon angle pour parler emploi, jeunes, croissance et entraide.

On peut être efficace, reconnu et respecté sans être un patron flamboyant et féru de théories piochées dans des manuels écrits par des consultants américains sur la bonne manière de manager, version 1, la meilleure manière de manager, version 2 ou la seule manière de manager, version 3. Au moins ça entretient quelques consultants. Ce n'est pas que j'ai une admiration sans limites pour Monsieur Fabre, mais quand même... On lui souhaite une bonne santé mais on sait qu'il est de plus en plus discret à 87 ans. Avant la finale du Top 14 ce samedi, François et lui pourront parler rugby aussi.

Les jeunes, eux, ont moins de problèmes de santé et ont surtout des problèmes d'emploi.

Au-delà des discours, on attend donc cet après-midi une motion commune franco-allemande sur la croissance et l'emploi, tournée vers les jeunes, ainsi qu'un rapport parait-il très important. C'est la première motion formelle commune qui sera soumise lors d'un Sommet européen depuis l'arrivée de François. Leur rendez-vous à Paris (Le Tarn, c'est pas loin en avion) devrait permettre d'accoucher d'un texte autour d'une des seules batailles communes qu'ils sont prêts à livrer. Il y a des divergences d'approches évidemment, mais chacun y a intérêt et les réunions de ce jour devraient servir à quelque chose.

Dans l'Aveyron, François avait choisi de visiter l'usine Bosch, l'entreprise allemande qualifiée de symbole de la coopération franco-allemande. On sent donc une cohérence franco-allemande-croissance-jeunes dans ces deux jours. Reste à voir si elle n'est pas seulement de façade. Il aime le peintre Soulages et a fait un tour sur le chantier de son futur musée. Ca fera le lien avec le paragraphe ci-dessous.

Affiche réalisé par Pierre Soulages pour les JO de Munich en 1972, tristement célèbres

L'inauguration commune avec Angela de l'expo du Louvre sur l'Allemagne de 1800 à 1938, du point de vue de l'art évidemment et surtout de la fameuse Kultur, et pas du cochon, est-elle un faux pas ou non ? Retracer l'histoire houleuse entre les deux pays en choisissant le Sacre de Napoléon et le Sommet d'Hitler comme extrémités est un pari osé, reconnaissons-le. D'ailleurs, l'expo est dans le Hall Napoléon sous la pyramide, tout un symbole... Il y a donc polémique, mais que serait l'Art sans polémiques ???



mercredi 29 mai 2013

Vert, jaune, orange : vive le printemps

On aimerait bien un peu de ciel bleu et des températures dans le rouge. M'enfin, on fait avec ce qu'on a.



A propos de vert (teinté de veinules roses)

Le projet de loi sur l'enseignement supérieur et la recherche a été adopté en première lecture par l'Assemblée nationale, après un débat houleux et de nombreux amendements. Pour la première fois depuis le début du quinquennat les Verts ont choisi unanimement de ne pas voter cette loi. Ils marquent ainsi leur indépendance de plus en plus grande. Les débats au Sénat vont être savoureux, sachant que les Verts votent presque systématiquement contre le gouvernement au Sénat sur tout. Cette indépendance des Verts traduit un bras de fer qui ne trompe personne à quelques mois des municipales et des européennes, et avant la discussion sur le Budget 2014 qui est le vrai test annuel de la solidité d'une majorité. Pour mémoire, la majorité rose est fragile et les quelques élections partielles à venir risquent de l'affaiblir encore.

A propos d'orange

Ou plutôt d'Orange, hier également, l'Assemblée Générale des actionnaires de France Télécom a entériné le changement définitif de nom de l'entreprise, qui s'appelle donc maintenant Orange. La France a disparu du nom de l'opérateur historique, privé comme les autres même s'il emploie à peu près 60% de fonctionnaires sur ses 100 000 salariés. Il y a eu les PTT, puis France Télécom sous Mitterrand en 1988. Puis le rachat total d'Orange au Royaume-Uni en 2003. A l'international la marque orange se vend bien et est très connue. En France on avait déjà le orange de Bouygues et les oranges dans les prisons. Le Télécom de France Télécom avait déjà perdu ses accents au détour d'un changement de logo... Orange, O désespoir, O vieillesse ennemie.

A propos de jaune

C'est aujourd'hui le premier mariage homo à Montpellier, puisque le décret d'application vient de paraître. Gros remue-ménage médiatique à prévoir. Les médias étrangers sont nombreux pour tenter de comprendre ce qui s'est passé en France. Montpellier est le centre du monde... et se venge ainsi de Perpignan qui avait été proclamé (en tous cas sa gare) centre du monde par Dali. Tous nos voeux de bonheur aux heureux époux et à toutes celles et à tous ceux qui se marient en ce moment, puisque c'est la grande saison des mariages (entre fête des mères et fête des pères).

mardi 28 mai 2013

Des armes et des plumes en Syrie ?

Depuis ce lundi le journal Le Monde mène un nouveau combat pour la Syrie. Ses journalistes, envoyés spéciaux en Syrie, ont rapporté des "preuves" d'attaques chimiques : témoignages directs, échantillons en cours d'analyse. La fameuse ligne rouge à ne pas dépasser était un chiffon rouge agité par les puissances occidentales et même russes pour légitimer ou non une intervention. Evidemment si des preuves sont apportées, la ligne rouge risque de devenir un pointillé rouge, comme l'ont fait remarquer certains éditorialistes. On ne va quand même pas laisser des journalistes influencer des diplomates ou des politiques ? Non ? ... Si, peut-être, finalement, car le poids des opinions publiques est important dans beaucoup de pays. Reste à mesurer l'influence du Monde dans le monde.

Dans le même temps, l'Union européenne, qui devait prendre une décision de toutes façons avant la fin mai, a décidé de maintenir les mesures contre le régime au pouvoir au Syrie, et surtout d'autoriser les livraisons d'armes aux rebelles. Evidemment il y a plein de conditions pour éviter que les armes aboutissent dans des groupes extrémistes et tout le monde se souvient de la Lybie avec tous les effets en Afrique et au Sahel. Evidemment aussi tout cela dépendra de la conférence prévue début juin à Genève avec la participation annoncée du régime syrien. Ces mesures ne sont pas destinées à être mises en oeuvre avant août et de toutes façons, elles ne pourraient pas l'être, logistiquement parlant.
Chaque pays pourra livrer ou non des armes. La Belgique a par exemple déjà annoncé qu'elle n'en livrerait pas. La France et la Grande-Bretagne qui se battent depuis des mois pour cette mesure devraient par contre le faire, elles.

L'été est propice à des mouvements de troupes, particulièrement dans ces régions. Cette année le Ramadan est en juillet et on peut s'attendre à une fin juillet et à un mois d'août sanglant. Ce n'est pas une prévision et je ne suis pas voyant. C'est simplement une constatation statistique sur les mois d'été post-ramadan.

Alors beaucoup d'espoirs reposent sur la conférence de Genève. Et à la lecture de cette conférence, les deux événements d'hier apportent en fait des arguments dans les négociations "contre" le régime syrien actuel :
- Tu as joué avec des produits chimiques, attention on va être méchants
- Tu as plein d'armes du Hezbollah et de l'Iran, nous aussi on en a plein.
Une négociation c'est comme une cour d'école, en plus dramatique et avec plein d'adultes qui ont des responsabilités. Mais sur le fond une négociation reste une négociation et une guerre, une guerre.

Heureusement, un kilo de plomb et un kilo de plumes pèsent la même chose. A vos plumes !!!

lundi 27 mai 2013

Cannes-Paris : 1-0

Week-end sportif avec le grand prix de Monaco, le début de Roland Garros et la fin de plusieurs championnats de foot (en France et pour les clubs champions en Europe). On s'en tape.

Mais aussi week-end plein de manifestations. En général on commence les festivals fin mai, parce qu'il fait beau. Hum... passons. Tant pis pour les fêtes de quartier sous la pluie, les fourrures et les quolibets (j'aime les zeugmes).

C'est évidemment le choc culturel au sens le plus noble du terme qui a marqué ce week-end.

D'un côté, le cinéma à Cannes, avec à la tête du jury un Spielberg metteur en scène symbole de la toute puissance des blockbusters américains et d'une culture ultra-dominante, lyophilisée, avec pourtant à chaque fois une touche d'humanité. Et une récompense pour un film franco-tunisien d'auteur sur l'homosexualité féminine. Un film fleuve qui a plu à la plupart des festivaliers et des critiques. Un film long que tous ne pourront pas voir. Un film sur la passion. Un cri pour la liberté et la tolérance.

De l'autre, la dernière grande manif contre le mariage homo, nous promet-on, avec une forte participation des familles et des religieux qui appellent à manifester à chaque messe (oui, oui, je l'ai vu de mes propres yeux et ne me demandez pas comment). Une manif pour se ressourcer, revenir à des valeurs d'hier, à une culture imposée par la masse silencieuse, à un style de vie dans lequel La vie d'Adèle n'aurait même pas pu être présentée à Cannes. Des incidents évidemment, poussés par les extrémistes qui aimeraient bien profiter de la situation mais qui se limitent à quelques centaines de jeunes évidemment non manipulés.

Le choc des images et des conclusions que chacun peut en tirer est inévitable.

Et vous, dans quelle France voulez-vous vivre ? Dans laquelle voulez-vous vous investir pour la faire évoluer ? A moins de choisir la voie du centre, du milieu, du marais (ah non, le Marais est homo), de l'abstention... Les questions de culture, donc de société, sont certainement moins immédiates que les questions économiques, sociales et financières dans lesquelles chacun se débat avec plus ou moins de bonheur. Mais elles n'en sont pas moins révélatrices.

A ce titre, un exemple : les émeutes en Suède ont frappé de stupeur ce pays, en marquant la fin d'un mythe du développement harmonieux pour tous. Harmonieux certes, mais pas pour tous. Il y a aussi en Suède des pauvres, des immigrés et des citoyens de seconde zone. Et dire qu'il y a quelques semaines les suédois avaient publié un classement mondial des pays où il fait bon vivre et où la xénophobie est la plus faible. Ils s'étaient bien notés évidemment et la France beaucoup moins par exemple. Comme si la plupart des statistiques pouvaient être autre chose que l'expression d'une volonté a priori, d'actes de foi et de démonstrations biaisées. Cette étude et cette carte qui avait fait le buzz en est un exemple parfait.

Puisqu'on est en France, occupons-nous un peu de nous. Vous avez dit empathie ?

dimanche 26 mai 2013

Du temps de cerveau pour ... les geeks

Ah les geeks... Savez-vous bien ce que c'est ?

Selon Wikipedia, un geek c'est quelqu'un qui a beaucoup de connaissances dans un domaine qui le passionne. Au début c'était plutôt les ordinateurs et tout ce qui tourne autour, mais ça s'est étendu à tout un tas de domaines proches allant de la science-fiction à la fantasy en passant par les mondes steampunks et autres uchronies. Il ne suffit pas d'être passionné pour être un geek, il faut aussi s'y connaître. Ne pas confondre les geeks non plus avec les nerds ou les dorks (nolife). Un nerd est aussi passionné et compétent mais en plus il est asocial et passe son temps devant son écran ou derrière ses statuettes. Un nolife est simplement un asocial qui est passionné, mais pas spécialement compétent.

C'est bien compliqué ? Un petit diagramme pour comprendre : Lisez les commentaires, ça vaut le coup d'oeil !




Donc les geeks sont plutôt sympathiques. Je crois bien être un ou plusieurs geeks à la fois ;)

Mais la meilleure manière de parler des geeks est de les voir vivre dans leur environnement naturel. Ce week-end, on pouvait les rencontrer dans un salon à Paris, Geekopolis (si, si !). Evidemment ce n'est qu'une petite partie du mouvement geek, mais assez représentative. Ne reculant devant rien, nous sommes allés les découvrir. Voici quelques photos et commentaires...

On commence par les fondus de SF et de technologies du futur











On enchaîne avec des steampunks et autres costumés d'ailleurs







Même les geeks doivent se nourrir et faire la queue à la cafèt...





Il y a les jeux vidéos évidemment, de père en fils




Il y a les fanas de mangas






Il y a aussi les fanas de fantasy, d'horreur et de fantastique












Et puis il y a les bizarres...




 Epuisé par de telles rencontres, je m'affale sur mon canapé et regarde ma collection de films...
Lequel vais-je choisir ? Evidemment, on est censé regarder son film sur un ordinateur pendant qu'on joue à un jeu et qu'on chatte avec ses copains geeks. Sinon c'est pas drôle.

Tout geek doit avoir sa geekette (pour ne pas être confondu avec un nerd). A propos d'actualité et puisque Z Lartiste les connait bien, voici un dialogue geek dans un couple geek.




samedi 25 mai 2013

OUAHHH ! Cinquante ans et toujours pas de défenses !

Jubilez, jubilés, l'Afrique politique fête ses cinquante ans !
C'est jeune pour un éléphant encore.



L'(O)UA fête donc ses cinquante ans ce samedi, puisqu'elle a été créée le 25 mai 1963, dans la foulée des grandes indépendances. Déjà à l'époque les visions politiques divergeaient entre des fédéralistes et des tenants d'une union d'Etats nations. Ca ne vous rappelle rien ? On parle ici de l'Afrique et non de l'Europe... Le rythme d'évolution a été bien différent sur les deux continents, car les moyens ont longtemps été à la traine, avec en plus la bataille récurrente entre anglophones et francophones. Mais les problèmes affrontés par l'OUA étaient d'un autre ordre : accompagner les pays après la décolonisation, lutter contre l'apartheid en Afrique du Sud, gérer des crises locales et régionales fréquentes, à coup de droits de l'homme (et de la femme) largement contestés par des pouvoirs dictatoriaux en place.

En ayant choisi Addis Abeba, capitale de l'Ethiopie et plus haute capitale d'Afrique - plus de 2000 mètres - pour s'installer, les pères fondateurs ont choisi un terrain neutre, laissant libre cours aux puissances africaines de développer leurs stratégies sans être embêtés par un "centre" trop fort (Comme Bonn par exemple en Allemagne avant la chute du mur). Un peu d'histoire sur les régionalismes africains ici.

Finalement, l'OUA n'a vraiment pris son envol qu'avec Khadafi et son rêve panafricain. C'est lui qui a poussé à l'Union, avec le traité de Syrte en 2000 et le passage d'une organisation pour l'unité africaine à une Union africaine créée en 2002 et prenant la suite de l'OUA avec beaucoup plus d'organisation. C'est lui qui a marqué son histoire récente et une certaine tension de force. Quelques avis informés ici, ici et  (Vive la presse).

Depuis un peu plus de dix ans, l'UA a donc pris son envol. Il y a un frémissement malgré une bureaucratie encore très peu efficace et qui fait rigoler tous les spécialistes, et des postes quasi royaux affectés aux Etats, via des commissaires par exemple, dont certains passent plus de temps dans les salons VIP des aéroports que dans leur propre "ministère". A leur décharge, il faut dire que les transports en Afrique sont extraordinairement lents : aller d'une capitale à une autre demande dans certains cas beaucoup de courage et de temps si on ne passe pas par un pays du Nord ou en choisissant un des deux ou trois grands "hubs" aériens africains.

Aujourd'hui tous les Etats africains reconnus sont membres de l'UA, sauf le Maroc (en gris en haut à gauche) qui a quitté il y a trente ans lorsque ses ennemis saharouis ont été admis. C'est juste un exemple qui montre que les vieilles rancoeurs ont du mal à se résoudre. Comme si tous les Etats (ou gouvernements) qui étaient présents à l'UA s'adoraient et étaient légitimes... Ah si, il y a aussi le Somaliland qui n'est pas membre, mais lui n'est reconnu par aucun Etat, donc il ne compte pas du tout. C'est juste un ancien territoire britannique, une île en Afrique.

Khadafi n'est plus là et ce jubilé d'or est l'occasion d'un nouveau départ. L'UA est dirigée depuis un an par une femme anglophone qui a remplacé un homme francophone accusé de tous les maux. Les crises sont toujours là et elles prennent de plus en plus de résonance, au-delà des frontières artificielles léguées par les anciens colonisateurs. La solution à chaque crise ne peut plus être traitée au niveau de chaque Etat. De plus les nouveaux colonisateurs arrivent, attirés par l'odeur alléchante du fromage africain et du réservoir de développement qui y gît, sans compter les ressources naturelles de toutes sortes qui s'y trouvent.



A ces cérémonies d'Addis Abeba, on trouve en premier lieu la Chine, officiellement la seule à être remerciée à la tribune pour son soutien (désintéressé évidemment). Les chinois disent de l'Afrique « La force de l'Afrique vient de l'unité et de la coopération, l'avenir de l'Afrique dépend de la solidarité ».
On trouve aussi le Brésil, les Etats-Unis et... la France, seul pays européen à être représenté au plus haut niveau, puisque François y est venu. Bien joué, François, même si la Commission européenne est aussi présente à son plus haut niveau. Reste à montrer un discours différent, responsable et permettant concrètement à l'Afrique de se développer, en toute sécurité. Une occasion !

La sécurité est le mot dans toutes les bouches : intérieure et extérieure, impact sur les populations, terrorisme, rébellions, femmes... François annonce une grande conférence fin 2013 à Paris sur la sécurité en Afrique et y invite les Chefs d'Etats africains («A la fin de l’année, j’inviterai l’ensemble des chefs d’Etat africains à Paris pour une réunion qui sera consacrée à la paix et à la sécurité et donc, d’une certaine façon aussi, à la lutte contre le terrorisme»). On y reviendra à ce moment évidemment. Mais il va aussi parler des crises au Sahel et donc au Mali, et des terrorismes régionaux. On imagine quelques discussions privées intéressantes. Dommage qu'il ne reste pas longtemps et qu'il doive rentrer à Paris pour la manifestation de tous les dangers des anti-mariage homo.

A ce Sommet, sont donc présents presque toutes les puissances du Monde et les BRICS sont là ;)
En matière de développement, toutes les prévisions sont optimistes pour l'Afrique. Il est vrai qu'il y a du chemin à faire, encore et encore. Comme le rappelle l'AFP "selon l'Indice de développement humain (IDH) des Nations unies, les douze pays les moins développés du monde sont en Afrique; et au sein des 26 pays de la queue du classement, un seul n'est pas africain: l'Afghanistan."



vendredi 24 mai 2013

Saint empire romain germanique

Charlemagne et ses descendants sont bien loin, mais on peut s'en souvenir à la lecture de quelques actualités.



François était en Allemagne pour les 150 ans du SPD (avec Angela aussi en guest star). Il a beaucoup parlé et les allemands, qui comprennent souvent le français, ont bien compris son message analysé en Allemagne comme un discours socio-démocrate. Pas socialiste donc. Ca ne veut pas dire que les allemands sont d'accord avec tout ce que François dit, mais leur perception est en train de changer. C'est une manière de faire du rapprochement franco-allemand inédite depuis longtemps.

La fibre nationaliste française souffre beaucoup en ce moment, et les amalgames sont nombreux entre des sujets très divers, une fois que l'on décide de propulser sa vision de la France au-dessus de tout le reste.
- Il y a les anti-mariage pour tous, qui manifesteront dimanche en masse (sans Frigide Barjot semble-t-il, ce dont tout le monde se moque, mais avec Christine Boutin évidemment, la main sur sa Bible, et qui clame qu'il y a des valeurs plus fortes que la loi) pendant que les petits groupes armés du printemps français se donnent des rendez-vous mobiles via Twitter pour agiter Paris, reprendre la Sorbonne comme en mai 68...
- Il y a les fanas de la langue française à outrance qui ont combattu (souvent mal) l'article 2 de la loi Fiorasso qui a été voté hier (débat à lire ici, c'est long mais instructif sur la quantité de noms d'oiseaux échangés dans l'hémicycle). Il y a par contre des étrangers qui l'ont bien combattu, comme ici.
- Il y a les anti-européens qui vont monter petit à petit en puissance jusqu'aux élections européennes, renforçant ainsi les égoismes nationaux, évidemment toujours bien fondés, comme en Autriche ou au Luxembourg sur l'évasion fiscale.

En Italie, ou plutôt au Vatican, le pape a sorti une tirade inédite et non censurée comme d'habitude par une Curie incurable, pour dénoncer les travers des riches évêques italiens. En disant ce qu'il a dit, on ne peut qu'approuver ce discours, sans parler du fonds évidemment (de la foi à la doctrine et aux principes avec lesquels chacun compose comme il le veut). Ce discours anti patron comprend par exemple cette phrase destinée aux évêques qui doivent se comporter "non en se prenant pour les patrons des personnes qui nous sont confiées, mais en étant pour elles des modèles". On aimerait entendre ce genre de phrase plus souvent. Sans revenir aux débats du Nom de la rose d'Umberto Eco, il y a là un beau sujet pour les puissances spirituelles, temporelles et d'argent en ce bas monde.

Et puis, parce que ça compte aussi, ce sont les allemandes qui ont gagné la coupe des clubs champions d'Europe. C'est du foot féminin, et Lyon, capitale des Gaules, a perdu.

jeudi 23 mai 2013

MEDEF et UMP sont dans un bateau

La mode est aux primaires.

L'UMP à Paris se rapproche de son grand vote populaire pour désigner le candidat aux municipales à Paris. NKM est la grandissime favorite, la seule en fait. Il a fallu une polémique conduite par la droite de la droite sur son abstention lors du vote de la loi "Mariage pour tous" pour la fragiliser un peu. Et si elle perdait cette primaire faite pour elle ? Et si la participation était ridicule, comme cela semble le cas pour le moment ? L'UMP a dû resserrer les boulons pour éviter cette droitisation de la campagne interne. L'UMP a également changé les règles du jeu pour voter à ces primaires puisque les inscriptions ne sont pas closes comme prévu, mais qu'on pourra s'inscrire jusqu'à la dernière heure.

Imagine-t-on un ou une candidate à la Marie de Paris qui ait voté contre cette loi ? Les analystes connaissant la sociologie des électeurs parisiens toutes tendances confondues, disent non. C'est bien la différence avec des primaires internes à un parti (et à ses sympathisants) à peine remis de la promulgation de la loi honnie et à quelques jours de la manif pour tous, la dernière, promis, juré, craché. Il s'agit de deux campagnes différentes pour NKM : la primaire à gagner, puis l'élection. Avec des argumentaires très différents.

Pendant ce temps, hier en toute discrétion, Anne Hidalgo a été intronisée comme candidate officielle du PS, lors d'une primaire simple et efficace.

Et ce matin débute une autre primaire.

Le MEDEF auditionne les cinq candidats à l'élection pour remplacer Laurence Parisot. Au MEDEF, rien n'est simple. On est dans le royaume du lobbying. Les cercles concentriques du pouvoir s'empilent les uns sur les autres. On est souvent patron de père en fils. On peut aussi être patron des patrons de père en fils. C'est nouveau ! Le favori donc, cette fois, est M. Gattaz, le fils d'un autre Gattaz dans les années 80, patron des patrons de l'époque. Il est le favori car il a déjà été désigné lors d'une primaire avant la primaire par la toute puissante (au MEDEF) UIMM et même par le groupe des assureurs. On pourrait croire que tout donc est décidé. Mais le vote est en plusieurs étapes : présentations orales des poulains ce jour devant quelques membres du conseil du MEDEF, vote le 3 juin du conseil au complet (45 voix), puis vote de l'AG (plus de 600 voix) le 3 juillet, en prenant appui sur les recommandations du Conseil, via les scores de chacun. Surprises possibles à chaque étape.

Ensuite, ça s'arrête. Pas d'élection plus large. On reste entre nous, non mais ! C'est donc un style de primaires très différent. A propos de style d'ailleurs, ce n'est pas tant sur leurs positions que les candidats sont attendus, mais sur leur style. Plus ou moins agressif, plus ou moins à l'écoute, plus ou moins retors ou consensuel... Le MEDEF qui est maintenant dans l'opposition doit gérer une situation très différente de l'ère Sarkozy, après le départ d'une patronne des patrons qui a laissé des cicatrices.

Donc, le MEDEF et l'UMP sont dans un bateau. Ils tombent tous les deux à l'eau. Que fait le bateau ?
Réponse peut-être dans les commentaires.