mardi 11 juin 2013

Une bonne petite grève ... européenne

Le moche joli mois de mai est terminé et voici enfin les grèves avec le retour du beau temps.
Avant la SNCF dans une logique bien française, voici une grève dans le ciel. Les contrôleurs aériens sont en grève pour protester contre la libéralisation à outrance dictée par la Commission européenne. Ce n'est pas seulement une n-ième grève française mais bien une grève en Europe !



Il s'agit évidemment d'emploi dans ce secteur car la Commission européenne veut "rationaliser" la gestion du ciel européen. Actuellement il a 27 ciels européens, un par pays, avec des contrôleurs qui contrôlent chacun leur espace, qu'il soit grand et très fréquenté comme en France, ou petit et isolé comme le Portugal ou mieux le Luxembourg. Les avions passent d'un contrôle à l'autre plusieurs fois au cours de leurs vols et les "couloirs" aériens sont nombreux. Il était question déjà de regrouper ces espaces aériens en grands régions, mais il semble que les papys pays fassent de la résistance. La Commission veut aller plus loin avec un ciel unique en Europe, faisant ainsi fi, par exemple, du fameux mur érigé par la France après Tchernobyl. Réunion européenne aujourd'hui à ce propos.

Au-delà des intérêts de ce secteur économique, de ses corporations et des idéologies dominantes en Europe pour libéraliser un peu partout sans volet social, il est notable que cette grève soit coordonnée : Cela veut dire que l'Europe existe plus qu'on ne le croit. C'est un bon signal, sur terre (mais pas au ciel). Il est aussi intéressant de noter qu'en simplifiant cette grève pointe du doigt un modèle de péréquation délicat à trouver :

Chaque pays traversé par un vol d'avion reçoit une redevance qui sert théoriquement à améliorer et développer ses infrastructures aériennes. Ces taux divergent d'un pays à l'autre et jouent un rôle important pour tracer les routes du ciel : je ne passerai pas par là car ça me coûte trop cher, mais plutôt par ici, par exemple. Harmoniser ces taux a un impact donc sur les recettes des Etats et leurs capacités à investir. Si l'on harmonise par le haut, on pénalise le consommateur-PAX-passager surtout pour le low-cost en pleine explosion (si je puis dire). Si l'on harmonise par le bas, on pénalise les infrastructures et leur maintenance, donc la sécurité ou les services offerts. Non ! Je ne parlerai pas ici du projet d'ayrauport près de Nantes !!!

Tout dépend donc de visions très différentes du service demandé et offert aux citoyens européens. ET on sait bien que sur ces sujets les partis politiques à la manoeuvre dans les pays européens ont des stratégies très différentes. Les lobbies aussi. Par exemple, Ryanair, l'un des papes du low-cost aérien, veut interdire le droit de grève aux contrôleurs. S'agit-il ici uniquement de défendre les droits des passagers ou aussi leur business ? Ici un projet de siège aérien pour compagnie low-cost... juste un projet, hein ?



La France, et François avec, est contre ce projet européen. L'UMP pour évidemment. A suivre donc.

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