vendredi 5 juillet 2013

Anticonstitutionnellem...Enfin !

Hier, un événement tant attendu nous est tombé dessus.

Sarkozy a "démissionné" du Conseil Constitutionnel.

François avait promis de supprimer le droit automatique pour les anciens présidents de la République de siéger à ce Conseil, la plus haute autorité en matière de lois et de constitution. Cette décision est inscrite dans la loi de transparence politique. L'Assemblée examine en ce moment le non-cumul des mandats et l'a d'ailleurs voté aussi hier. Evidemment la loi n'est jamais rétroactive et cette décision ne s'appliquera pas aux anciens présidents encore vivants. Chirac est malade et ne vient plus, on le comprend. Giscard est toujours fringant mais n'apporte rien comme avenir (no comment). Sarkozy, lui, était un cas spécial : Jeune ancien président avec un avenir, business ou politique ou international ou les trois à la fois, Sarkozy voulait continuer à siéger, sauf évidemment sur les dossiers qui le concernent directement, et il y en a.

Certains esprits éthiques pensaient, dont moi par exemple, qu'une fois la loi votée, Sarkozy pourrait démissionner, n'y étant pas obligé, avec panache, histoire de relancer son image un peu écornée et de repartir d'un bon pied, ou comme disent les trekkies, "to boldly go where no one has gone before".

Le Conseil constitutionnel a invalidé ses comptes de campagne, et Sarkozy a donc démissionné "pour retrouver sa liberté de parole". On ne savait pas qu'il l'avait perdue d'ailleurs.

Parlons des effets : cette décision du Conseil a servi d'argument à Sarkozy pour démissionner et se sortir d'un mauvais pas. Il va certainement se glorifier de cette sortie. Aurai-il pu siéger à côté d collègues qui n'ont pas molli et ont appliqué la loi ? C'est leur rôle. Le Conseil constitutionnel a de temps en temps été moins clair sur certaines décisions. On se souvient de l'approbation des comptes de campagne de Balladur à l'époque avec pourtant une bonne dizaine de millions (de francs) venus d'on ne savait où à l'époque. Mais le président du Conseil constitutionnel de l'époque, M. Dumas mitterandien en diable, avait jugé avec le Conseil qu'il était de bonne politique de ne pas agir plus avant. Autres temps autres moeurs et la moralité politique s'est dégradée entretemps, avec en face une montée en puissance de la déontologie et d'une demande populaire pour une plus grande transparence. L'affaire Balladur-Karachi est d'ailleurs toujours à la Une de l'actualité. Le président actuel du Conseil, M. Debré, est d'ailleurs connu pour ne pas être un ami de Sarkozy et pour être encore plus droit dans ses bottes que Juppé. Que le Conseil ait voulu pousser le bouchon pour offrir une porte de sortie honorable à Sarkozy, ou pour le pousser vers la sortie, il est évident que cette décision avait comme conséquence logique cette démission. L'effet c'est la démission. C'est cet effet là dont l'Histoire se souviendra.

En ce qui concerne les causes, seules la NSA et la DGSE les connaissent. Les ténors de l'UMP invoquent toutes sortes de causes, mais ce sont des gestes incantatoires : Debré déteste donc Sarkozy; la chasse au Sarkozy a franchi une nouvelle étape; pourquoi lui; le dépassement était infime (2%) et on supprime 100% de l'aide; le président en exercice devrait être compté à part puisqu'il joue deux rôles à la fois (candidat et président); le quinquennat ne ferait-il en fait que quatre ans ou quatre ans et demi ???
Tous ces arguments sont de bonne guerre. En fait, tous les leaders de l'UMP attendent la prochaine prise de parole de Sarkozy.

L'UMP est une victime collatérale de cette décision. 11 millions d'euros à payer rapidement, ça ne se trouve pas sous une botte. Il faudra bien rembourser l'emprunt souscrit en attendant le remboursement de l'Etat, qui ne viendra pas, comme Godot. Les finances de l'UMP étaient déjà réduites depuis la défaite aux législatives de 2012. L'idée d'une grande souscription est lancée. C'est une bonne idée. Je souscris à l'idée, même si évidemment je ne souscrirai pas à la souscription. Un dirigeant UMP a calculé que si chaque adhérent ou votant aux primaires donnait 35 euros, l'UMP serait sauvée. Une souscription c'est super : ça permet de mesurer réellement la motivation de ses troupes. Evidemment l'UMP est un peu dans la mouise suite aux batailles internes Copé-Fillon et les sympathisants ne sont peut-être pas très motivés. De plus, certains attendent la création d'un nouveau parti plus Sarkoziste incessamment. On parlait d'une telle création après les élections de 2014, mais la réalité financière obligera peut-être à accélérer le calendrier.


J'ai deux propositions pour aider l'UMP. Oui, je sais, je suis gentil !

- Lancer une campagne sur Kickstarter ou Ulule pour recueillir 10 millions d'euros. En récompense, tous ceux qui souscrivent recevront une médaille de Sarkozy trempée dans l'eau bénite au moins, et plus si affinités et paiement dépassant les 35 euros. Parmi les lots optionnels, je propose un jeu de fléchettes avec une cible sur laquelle ont peut coller une photo au choix parmi celles de Debré, Fillon, Copé ou Hollande. Je pense qu'un ticket pour un spectacle de Johnny au Stade de France serait bien aussi.

- Dissoudre l'UMP, et donc toutes ses dettes avec elle, pour recréer un ou deux partis vierges et neufs avant les municipales : au moins un serait Sarkoziste, l'autre au choix suivant les velléités des autres leaders UMP. Ca remettrait les compteurs à zéro et occuperait le terrain. On en profiterait pour ressortir Bayrou de sa stase dans le congélateur de Borloo et pour renforcer le FN histoire de faire peur au peuple et de permettre à Sarkozy d'être le grand sauveur.

Ne me remerciez pas, c'est gratuit !


PS (ou plutôt UMP) : Sarkozy a publié une mise au point sur sa page Facebook (Le livre des grimaces en français), que je vous laisse déguster, accompagnée d'un appel à donner pour le Sarkothon :

"A la suite de la décision du Conseil Constitutionnel, le premier parti d’opposition de France qui a contribué à rassembler il y un an près d’un Français sur deux ne bénéficiera d’aucun remboursement public. 
Un principe nouveau a donc été mis en œuvre : pour un dépassement, que nous avons contesté, de 400 000 euros soit 2.1 % du compte de campagne s’applique une sanction de 100% soit 11 millions d’euros. 
Toutes les formations politiques ont été remboursées par l’Etat à l’exception de l’UMP.
Cette situation inédite sous la Vème République met en péril la formation qui doit préparer l’alternance tellement nécessaire au socialisme. 
Au-delà de la seule UMP, cet état de fait doit concerner tous ceux qui sont attachés au pluralisme.
Je dois assumer mes responsabilités en m’engageant pour la garantie d’une expression démocratique libre dans notre pays. Je vous demande de m’aider en vous mobilisant, comme je vais le faire, à cette fin."


Sarkozy va donc refaire des meetings et des conférences (payants), en France et à l'étranger. A vot'bon coeur M'sieurs Dames...

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