lundi 19 août 2013

Prospective, rêve ou prévisions pour 2025 ?

La France 2025. C'est le titre du séminaire gouvernemental de rentrée (déjà ?) de ce lundi. Tous les ministres, le Premier et le Président sont là, sous les ors du Palais de l'Elysée. Ils vont parler de la France de 2025.

Pourquoi 2025 ? Parce que ça tombe rond ? Parce que c'est à la fois court et long ? Parce que c'est avant 2027 (soit 2017 + 2 quinquennats) ? Parce que François sera à la retraite ? Mystère... Les prévisionnistes aiment les chiffres ronds comme si la nature tenait compte de notre calendrier...

Au-delà du fait que c'est une bonne idée de rassembler son gouvernement pour montrer son unité avant une rentrée sociale et politique forcément agitée, François y a rajouté l'idée d'un sujet qui n'intéresse personne et qui est loin dans le futur. Parions que les résultats de ce séminaire n'intéresseront les médias qu'un ou deux jours et que seul le séminaire lui-même est utile pour remobiliser les troupes. Toutes les institutions organisent un séminaire de rentrée, ou une réunion pour remotiver les troupes, en général le jour où le patron rentre de vacances, bronzé. Histoire aussi de montrer qui est le patron et qui fixe le calendrier, d'emmerder ses subordonnés et de délivrer un discours en général vide mais plein d'auto-satisfaction.

Sur 2025, quelques mots quand même pour qualifier l'exercice : est-ce de la prospective, du rêve ou de la prévision ?

Les documents remis par chaque ministre pour son domaine sont du domaine du rêve : Voici comment j'aimerais que la France soit en 2025 (si je reste au pouvoir jusque là évidemment). C'est un double rêve en effet : que le pouvoir ne change pas de main pour assurer une politique cohérente et non faite d'alternances plus ou moins brouillonnes sans compter les cohabitations ; que la volonté devienne réalité, comme s'il suffisait d'espérer (la paix sur la Terre) pour que cela arrive (la paix sur la Terre). Le rêve est utile. Un pouvoir doit réussir à faire rêver son peuple, à le propulser dans l'avenir et dans un mouvement positif. Plus facile à dire qu'à faire, au-delà des arguments de campagne électorale et des tirades quand on est dans l'opposition.

On reproche à ces documents de ne pas être dans la prévision. La prévision est une vision réaliste et objective, le plus possible, de ce qui va se passer. Les économistes, les statisticiens, les révisionnistes en font leur métier. Les prévisions sont basées sur une extrapolation du passé. Par nature, les prévisions dénient tout droit à l'initiative politique de changer le cours des choses. C'est ce qu'on appelle souvent le scénario au fil de l'eau.

La prospective c'est autre chose. C'est un exercice collaboratif pour élaborer des scénarios possibles à long terme, avec prose en copte des acteurs et de leurs jeux, et avec des pistes pour orienter l'action. En gros, voici les situations possibles en 2025, voici celle que nous choisissons et voici comment y arriver. La prospective est un exercice difficile, inventée en France et mal comprise de américains par exemple. Ce n'est ni la loi du marché ni le GosPlan à la soviétique. Ce qui est important est justement le mélange entre le rêve, la prévision et l'intention. L'intention d'y aller, d'agir et de s'organiser pour ça.

Hum, le séminaire d'aujourd'hui  c'est quoi alors ?

La France de 2025 sera ce qu'elle sera et ce séminaire n'est qu'une excuse. La prospective est une chose trop sérieuse pour la confier uniquement à des politiques.

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