mardi 5 novembre 2013

Suspense insoutenable au centre

Vous vous souvenez de cet article ? On y discutait de l'alliance B&B au centre et du nom de ce nouveau machin électoral. A ce moment, le 24 octobre, la rumeur publique parlait du "Grand Centre". Cette époque est révolue.

Aujourd'huisera annoncé le nom de ce regroupement électoraliste, qui n'est pas un nouveau parti, ni une renaissance de l'UDF et que personne ne sait qualifier exactement. J'ai même lu le mot de "colocation"... Comme dans l'auberge espagnole ? Il s'agit vraisemblablement de :

L'Alternative

Un peu de science-fiction. Faisons donc comme si c'est bien le nom qui sera annoncé ce soir. Si la rumeur publique se trompe, on en reparle demain, promis.

Flonflons et champagne, quel joli nom.

Exit donc l'équation un centre + un centre = un grand centre. Je suppose que les communicants et les stratèges du centre ont lu ce blog et qu'ils ont compris le ridicule de cet ancien nom, qui de plus aurait fait référence au Grand Paris, alors même qu'à Paris ce nouveau "parti électoral" sera placé sous la bannière de NKM, sans liste indépendante donc, contrairement à beaucoup d'autres villes. Exit l'indépendance du centre. Exit même le mot "centre".

Parlons un peu du mot alternative. En tous cas dans ces usages modernes et non vieillis puisqu'il s'agit d'un regroupement jeune, dynamique et ... moderne justement.

Larousse nous dit :
Obligation de choisir entre deux possibilités ; dilemme : L'alternative est embarrassante : parler ou se taire.
Possibilité de faire alterner, de faire succéder deux états, deux partis opposés : L'alternative démocratique.
En Logique : Système de deux propositions telles que la vérité de l'une entraîne la fausseté de l'autre, et réciproquement. (Exemple : Le monde a été créé, ou il existe de toute éternité. Entre les deux propositions d'une alternative, il n'est pas de milieu. L'alternative est à la base du jugement disjonctif.)
En Sports : En tauromachie, investiture officielle donnée à un torero, lui permettant d'exercer au milieu de matadors confirmés.

Malgré l'amour de Bayrou pour la tauromachie, laissons cette partie de la définition de côté. Le document commun parle bien d'une investiture, mais n'agitons pas encore le chiffon rouge.

Notez également qu'en Logique "entre les deux propositions d'une alternative, il n'est pas de milieu". Exit donc le centre, ou le milieu. Pas de milieu entre B&B et tant pis pour cette jolie esperluette, pas de milieu non plus entre centre et droite, ni même entre droite et gauche. C'est un vrai glissement sémantique après des siècles de centre et de ... marais vaseux.

Dans son sens de faire alterner, le synonyme moderne est alternance, mot réservé à l'alternance droite-gauche. Donc il ne peut s'agit de cela.
Dans son sens de choix entre deux possibilités, le synonyme est dilemme et l'alternative est embarrassante. Pour qui ? Pour ses fondateurs, pour les autres, pour l'action supposée être conduite.

Finalement l'alternative a un sens ambigu. Pas d'utilisation des mots classiques, mais le souci d'en inventer un nouveau dans la sphère politique. Mot dont tout le monde oubliera la vraie définition très vite et qui sera (au mieux) détourné et récupéré à des fins diverses. Qui connait encore le sens du mot populaire à l'UMP, socialiste au PS, ou front aux deux extrêmes ?

A noter dans le Trésor de la Langue française cette citation de Sainte-Beuve : "Il n'effraie ni ne consterne en recommandant l'amour, au rebours des Jansénistes, qui le commandent avec terreur. En parlant d'éternité, il ne met pas comme eux le marché à la main; il ne présente pas toujours dans la même phrase cette redoutable alternative : Amour ou damnation. On a dit de la devise de certains révolutionnaires qu'elle revenait à ceci : Sois mon frère, ou je te tue."
On appréciera cette dernière proposition à sa juste valeur, particulièrement indiquée dans le cas B&B.

Autre citation du même Trésor, de Jankélévitch cette fois, plus moderne donc, et issue de son livre éponyme : "L'alternative, c'est le nom de notre destin et la signature de notre finitude, la fatalité dialectique qui pèse sur une conscience astreinte à osciller entre les extrêmes."
Des abîmes de pensée et une oscillation perpétuelle entre des extrêmes. Quelle belle définition du Centre. Un ludion qui ne s'arrête jamais de remuer.

Pour arrêter sur les aspects linguistiques, parlons pour finir des autres usages du mot alternative. Comme toujours, Wikipedia nous sauve. On y apprend qu'il y a entre autres :
- une revue proche du Front National (ah zut, mauvaise pioche sur ce coup)
- une revue royaliste (encore raté)
- un album des Pet Shop Boyas (ah, c'est mieux)... Je pense que c'est Borloo avec les lunettes.


L'avantage est qu'il n'y a qu'une alternative entre deux propositions. Ceux qui disent "le choix entre deux alternatives" font une erreur ou alors ils parlent d'un choix entre 4 = 2 + 2 propositions. Vous voyez qu'on revient au 1 + 1 = 1 : un centre + un centre = une alternative (entre les deux centres donc). C'est limpide. Bonne chance à eux ;)

Alternative : ce nom ou un autre ?
Mise à jour à 17h30 :
C'est confirmé, le nom complet est
UDI * MODEM
l'alternative

On n'est donc plus dans l'addition mais dans la multiplication des petits pains. Ce n'est plus 1 + 1 = autre chose, mais 1 * 1 = autre chose. Ca change tout et ça ne change rien ;)

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