mardi 17 décembre 2013

Orwell était-il anglais, américain ou français ?

Bonne question. Plusieurs réponses sont possibles.

George Orwell était anglais et a écrit 1984 (pdf) en 1948 en pleine crise avec les russes. C'est la réponse historiquement vraie. Et au-delà du contexte précis narré dans son livre, le terme "orwellien" est devenu avec le temps le synonyme de tout ce qui touche à la fois à l'espionnage des individus dans ce qu'ils ont de plus privé, et aussi à la manipulation de masse par des Etats non démocratiques. Depuis on a souvent accusé, avec les années, les anglais d'être très espions pour eux-mêmes. James Bond était anglais et c'est à Londres qu'il y a longtemps eu le plus de caméras de vidéo-surveillance. Le vrai nom d'Orwell était Blair et les JO de 2012 à Londres ont déclenché une vraie parano sécuritaire. Mais la Grande-Bretagne n'est pas le pays à la pointe dans ce domaine, même si elle est toujours accrochée aux USA sur ces dossiers, de Wikileaks aux outils d'espionnage dénoncés par Snowden.

Les USA sont dans l'oeil du cyclone sécuritaire en ce moment et pas seulement depuis l'affaire Snowden-NSA. Un juge fédéral US a pris une décision remarquable (et remarquée) en suggérant que la NSA agissait de manière contraire à la constitution notamment en écoutant les conversations et en constituant des bases de données à partir de données personnelles. Décision intégrale ici (pour les juristes) et article synthétique là. Snowden est heureux évidemment et s'est fendu d'un communiqué de presse. Evidemment ce juge n'est qu'un juge, même s'il est fédéral et seule la Cour suprême peut trancher dans une telle affaire.  Rappelons que les élus américains se déchirent sur cette affaire, révélée par un seul individu. Comme quoi le poids d'un individu n'est pas négligeable même dans des sociétés aussi complexes que les nôtres. Un individu non espionné évidemment, sinon il n'aurait pas pu dénoncer les espions qui l'auraient espionné...


En France, les spécialistes du domaine ne décolèrent pas contre la loi de programmation militaire et son fameux article 13 qui autorise des technocrates à enquêter sur presque tout et à nous espionner, sans aucun contrôle par la justice. La gauche avait dénoncé plusieurs lois sécuritaires par le passé, sur l'Interbet et la vie privée. La gauche vient d'accoucher de la plus dure des lois pourtant. La ministre du numérique considère, elle, un peu gênée certainement, que cet article 13 renforce le contrôle démocratique ! En fait il y aura des décrets puis une nième grande loi du numérique un peu plus tard. En France on s'y prend à l'inverse des USA. On cherche à mettre dans la loi une justification pour un espionnage généralisé et une écoute de tout ce qui passe dans les tuyaux, afin de rendre légales les activités "de police" dans des domaines qui évoluent très vite. Aux USA, on a toujours tenté de garder secrètes les activités des "agences" et on essaye de continuer comme ça. Dans les deux cas il reste des instances finales pour voir ce qui est possible ou non : la Cour suprême aux USA et le Conseil constitutionnel en France (avec Sarkozy, Chirac et Giscard, on est rassurés). On verra si le Conseil constitutionnel est saisi, en France...

Il y a toujours une pétition à signer sur ce sujet, si vous vous souvenez bien...

Finalement Orwell était un citoyen du monde. D'un monde qui n'est pas révolu. D'un monde que les technologies actuelles permettent d'espionner et de manipuler plus efficacement, un peu comme en Corée du Nord où il est facile d'exécuter un opposant, même son oncle, puis de l'effacer des photos officielles, comme cela se pratiquait déjà à l'époque d'Orwell justement ! Et que ceux qui se moquent de ce pays totalitaire regardent un peu dans leur miroir...


Mais il n'y a pas que les Etats qui nous - vous espionnent. Google installe tellement de logiciels sur nos ordinateurs que nous ne pouvons plus les enlever. Google est un virus, c'est bien connu. Et Facebook est capable de savoir ce que vous tapez même si vous l'annulez avant de l'envoyer. Sympa !
Quelques éléments de plus sur cet article.

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