mercredi 12 février 2014

Cronut ou Conseil des ministres, il faut choisir

Un mercredi sans Conseil des ministres, c'est triste comme un baiser sans moustache (comme disent les hommes à moustache, parce que ceux qui n'en ont pas savent bien que c'est mieux sans, mais je m'égare).

Il faudra attendre vendredi pour le Conseil car François est aux USA, plus précisément à San Francisco aujourd'hui, pour parler Technologies, France, Business et Modernité. Il a terminé son premier passage à Washington. C'est comme aux JO, la première manche c'est pour assurer sa place, et la deuxième manche pour gagner une médaille. Après le politique, le business. Après la France libre, la France innovante. Et entre les deux rien ne vaut un petit casse-croûte.

On notera une certaine camaraderie entre les deux présidents, qui ont finalement intérêt à se montrer ensemble, chacun dans sa politique intérieure. Même pour le casse-croûte dîner d'Etat d'hier soir, les experts du protocole ont réussi à résoudre le casse-tête d'un président célibataire en le plaçant entre le président américain et sa femme. De l'autre côté du couple présidentiel américain, il y avait une obscure directrice de musée à Harlem et un humoriste hyper connu aux USA, Stephen Colbert, dont l'humour décapant n'épargne personne et était tombé sur François juste après l'affaire Gayet. On aurait aimé être une petite souris pour écouter les conversations dans ce coin.

Pour les rares lecteurs de ce blog qui n'auraient jamais participé à un dîner d'Etat, à la Maison Blanche ou ailleurs, le site officiel de l'Elysée nous montre plein de photos. Moi, je trouve que c'est un peu chargé, mais je suppose que c'était excellent. Les Echos nous dévoilent les potins et le menu de ce dîner intime à 300 personnes : Le menu proposait notamment du « caviar osciètre américain » de l’Illinois et un velouté de pommes de terre avec oeufs de caille avant une « petite salade d’hiver » aux légumes du jardin que Michelle Obama a plantés à la Maison Blanche. Ensuite, un faux-filet de boeuf du Colorado avec échalotes et blettes braisées a été servi avant une glace à la vanille avec mandarines de Floride et ganache au chocolat de Hawaï, l’Etat où est né le président américain. Le tout devait être arrosé de vins de Californie, de l’Etat de Washington et d’un Blanc de Chardonnay de Virginie.


Politiquement, malgré les mots démocrates et socialistes qui les caractérisent, nos deux présidents tournent autour du mot socio-démocrate, que chacun assaisonne à son goût. Vous remarquerez sur la photo officielle du balcon, que François regarde à gauche, et les Obama à droite. C'est un signe ?


Ils ont parlé de politique internationale et François a dit cette phrase intéressante : "Une longue histoire nous rassemble, elle ne nous a jamais séparé. Chacun de nos deux pays sait ce qu'il doit à l'autre, c'est à dire la liberté". Et pour l'avenir ? L'avenir, au-delà de la diplomatie, c'est aujourd'hui en Californie.

François va forcément faire des annonces pour promouvoir la "start up République", nouveau nom de la France qui plaira aux ayatollahs de la langue française. Comment à la fois montrer que la France est prête à accueillir des start up technologiques, promouvoir la french touch alors qu'on estime à plus de 60 000 les français rien que dans la région de San Francisco, et attirer des investisseurs étrangers qui ont tendance à préférer les paradis fiscaux européens s'il doivent y venir. Exercice délicat, mais Fleur Pellerin devrait l'y aider, si tout se passe bien.

L'heure est au mélange des technologies, aux espaces multidisciplinaires, à la capacité d'inventer de nouveaux problèmes et donc de nouvelles solutions. L'heure est aux structures souples et collaboratives, responsabilisées et non étouffées par des hiérarchies obsolètes. Le patron des patrons français, qui a choisi de se comporter en vrai vieux patron à la française va avoir un choc, lui qui croit qu'il suffit de se plaindre des lourdeurs administratives et des taxes. Il serait intéressant qu'il passe un peu de temps à regarder d'autres modèles de management. Mais ne rêvons pas, il est tellement plus facile de critiquer les autres, et en général le gouvernement, que de se regarder soi-même ! Et il est vrai que les circonstances administratives françaises ne sont pas favorables aux nouvelles technologies.

Donc au-delà des technologies elles-mêmes et des conditions administratives pour qu'elles rencontrent leurs publics, il s'agit de voir comment susciter de nouvelles entreprises, avec de nouvelles équipes, dont la caractéristique principale est d'être... jeunes.

PS : Un cronut c'est cet infâme mélange entre un Donut et un Croissant, pur produit marketing inbouffable, mais qui a du succès. Comme l'a rappelé Obama lors du dîner d'hier, en citant Tocqueville, il y a une multitude de choses que les Américains sont capables de se fourrer dans l’estomac.

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