mercredi 26 mars 2014

ouïr, écouter, entendre (les français)

Conseil des Ministres ce matin, entre sommet mondial pas si mondial que ça et visite d'Etat du président chinois à Paris. Ordre du jour chargé, mais gageons qu'on y a beaucoup parlé d'élections.

Le Figaro cite la porte-parole du gouvernement qui cite François : "Sans attendre dimanche, il convient d'entendre les Français quand ils s'expriment et même d'ailleurs, quand ils s'abstiennent de le faire", a déclaré le chef de l'Etat, estimant, selon Najat Vallaud Belkacem, que "le gouvernement doit tirer une leçon: celle de travailler au redressement du pays avec plus de force, plus de cohérence et plus de justice sociale". 

François a aussi dit : "Il faut des résultats, il faut aller plus vite et être plus cohérent, plus fort. Le temps politique est trop lent. Il faut aussi rassurer. Les gens ne se tournent pas vers ceux qui inquiètent. L'enjeu est économique, mais aussi de vie collective."

Bon !

Ca sent le sapin pour certains ministres au moins (ceux qui inquiètent doivent donc s'inquiéter).

Donc, il faut entendre les français, même quand  ils ne s'expriment pas (c'est-à-dire lorsqu'ils s'abstiennent). Entendre ? Résultats ? En français il y a des subtilités.

Ouïr, c'est être plongé au milieu de bruits et de sons et avoir la sensation physique de les entendre, comme on entend un bruit de fond, des mufles dans le bus en train de causer dans leur téléphone, le bruit puissant de la mer... Ouïr c'est une sensation. Certains sont sourds et n'entendent même pas ces bruits là. Ce sont les mêmes qui ne voient pas et qui feraient mieux de la fermer ensuite, comme les trois singes chinois qui ferment les oreilles, les yeux et la bouche.

Ecouter, c'est porter attention à ce qui se dit. Ca peut rester une écoute polie ou blasée, ou cela peut être une écoute attentive, histoire de comprendre un peu ce qui se passe. On écoute les leçons du professeur en classe (enfin... pour certains) et on écoute de la musique (enfin pour certains). Ecouter, c'est bien mais on ne peut pas écouter tout le temps tous ls sons. Il faut séparer le signal du bruit, les choses importantes des autres qui redeviennent alors du bruit qu'on se contente d'ouïr au mieux, comme les déclarations pipotronesques de certains politiques qui répètent tout le temps la même chose.

Entendre, c'est comprendre. Comprendre ce que l'autre veut dire même quand il ne vous parle pas, même quand il parle aux autres. Tous ne sont pas égaux mais il est important de ne pas toujours entendre les mêmes, surtout quand on a le pouvoir. Les courtisans existent toujours à notre époque, ainsi que les conseillers qui ne cherchent qu'à garder leur place ou à débiner le voisin. Entendre, c'est difficile. Ca suppose très souvent un dialogue d'ailleurs, histoire de reformuler ce qu'on a entendu et de vérifier qu'on s'est bien compris. Entendre, c'est bien.

Et les résultats ? Il y a deux sortes de résultats : ceux qui seraient arrivés quoi qu'on fasse, et ceux qui sont le résultat de nos actions, à plus ou moins court terme. Quand on ne parle que des premiers résultats, ou quand on ne promet que des résultats à long terme, bien au-delà de la période où l'on exercera le pouvoir, on ne risque pas grand chose : même pas besoin d'agir, juste de parler en espérant que quelqu'un vous ouïr, vous écoutera ou même vous entendra. Pour les deuxièmes résultats, il n'y a qu'une solution : agir !

Agir ? C'est la feuille de route du prochain gouvernement ? Rendez-vous en avril a dit François, et pas le premier on espère.

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