vendredi 21 mars 2014

Une tribune à la con

Sarkozy n'a jamais été con. La publication de sa tribune guerrière dans le Figaro aujourd'hui n'en est pas moins une connerie. La lire ici en intégral (sur le site du Monde).

Sarkozy est à la fois un citoyen comme les autres et un pas comme les autres. Comme les autres, il est soumis à la justice et aux mesures prises par des juges. La justice comporte suffisamment de verrous pour s'auto-réguler. Certains de ces verrous ont été introduits par François depuis son élection dans ce souci de transparence qui l'anime, alors que les mesures prises par la justice - dans le cadre de ces fameuses écoutes - ont été rendues possibles car Sarkozy en a voulu, à l'époque. Sarkozy ne doit pas être traité mieux ou moins bien que d'autres citoyens. Comme c'est un homme important, il parle à d'autres gens importants et les sujets qui intéressent la justice sont donc plus importants. Mais on parle ici de sujets abordés, d'affaires et d'instructions en cours, pas des individus eux-mêmes.

Sarkozy par contre n'est pas un individu comme les autres. Il a été président de la république et ministre, et il pourrait vouloir le redevenir. En ce sens, comme individu, il définit un peu le modèle de société en laquelle il croit et pour laquelle il se bat. Il sert de modèle (ou d'anti-modèle). Il n'est pas un citoyen normal, mais un citoyen qui propose une norme.

De ce point de vue, sa tribune est idiote. Un geste raté dans l'espoir de reprendre la main ou de détruire tout derrière lui, comme Attila ou Berlusconi. En lisant ce texte, on a l'impression d'un geste de colère, pas du tout maîtrisé. On n'a pas l'impression d'une stratégie patiemment construite de retour au pouvoir, alors qu'il donnait depuis longtemps cette longtemps de construire un tel come-back. Les arguments sont bizarres, pas réfléchis et facilement démontables. Certains sont tellement outrés qu'ils détruisent tout le propos. C'est typique d'une colère qui vous submerge et qui vous fait faire des conneries. On aurait pu penser que Sarkozy se maîtrisait mieux, mais c'est bon à savoir.

Evidemment, à trois jours du premier tour des municipales, cette tribune vise aussi à créer un sursaut de fierté droitière chez ses électeurs, et ne rigolez pas, mais ça peut marcher. Lorsqu'à l'été dernier les dettes de Sarkozy ont été remboursées par un appel public aux dons de la part de l'UMP, ça a marché. Il faudra d'ailleurs recommencer l'été prochain, ne l'oubliez pas, et ce pendant plusieurs années. Les dons sont arrivés et Sarkozy a pu vérifier sa popularité dans son camp. En obligeant les électeurs de droite à se mobiliser pour le sauver, envers et contre tout, Sarkozy espère donner un coup de fouet à une campagne électorale grise.

J'ai envie de dire une chose aux électeurs de gauche ou d'ailleurs qui ne sont pas des groupies de Sarkozy : réfléchissez un peu et allez voter en masse contre un parti (l'UMP) qui a de la France la vision que Sarkozy nous offre à travers sa tribune : une vision de haine et de colère, une vision de non transparence et une vision où la justice n'est pas un pouvoir égal du législatif et encore moins de l'exécutif omnipotent. L'abstention est le plus sûr allié de ce type de démocratie.

Ce matin, dans le Figaro, Sarkozy a enfilé un costume qui va lui coller à la peau : le Sarkozine

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