samedi 10 mai 2014

Esclavagistes modernes

Aujourd’hui, journée qui marque la fin de l’esclavagisme en France. Anniversaire contesté par certains sur la forme et sur le fond.

Sur la forme, lorsque l’esclavage a été déclaré illégal en France, c’était pendant la très courte II° République (juste avant le second empire) en 1848, à une autre date, pas le 10 mai. Mais cet esclavagisme a continué y compris pour des raisons domestiques et même au début du XX° siècle il perdurait, caché, sous la troisième république. Ce jour de 1848 les esclavagistes ont dû officiellement arrêter et ont été payés pour cela. Pas condamnés, mais remboursés de leur perte en capital. Le 10 mai par contre c’est l’anniversaire de la loi Taubira qui reconnait officiellement la responsabilité de la France dans l’esclavage et la traite des esclaves et le fait que c’est un crime contre l’Humanité (avec un grand H et des hommes petits ou grands). Très longtemps après.
Chacun choisit les dates de commémoration qu’il souhaite. Le flacon a de l’importance.

Sur le fond, certains pensent que c’est du passé et qu’il y a autre chose à faire, et d’autres pensent que l’esclavage continue dans certaines parties du monde, donc rien à voir, circulez. Par exemple, à Villers-Cotterêts, le nouveau maire FN avait déjà annoncé qu’il n’y aurait pas de cérémonie chez lui malgré le passé de la ville, avec le Général Dumas. Nous en avions parlé ici il y a peu. Il y aura des commémorations, mais elles seront le fait d’associations militantes. La Nation, le peuple et les autres peuples, la mémoire, ce sont pourtant des sujets hautement politiques, non ?

On a parlé plusieurs fois de l’esclavage sur ce blog : A propos de la journée mondiale contre l’esclavage, qui continue à exister dans de nombreux pays, de la visite d’Obama à Gorée ou de ma visite à Gorée excusez du peu… Tant pis si je radote. Le sujet a de l’importance.

Alors oui, on a beau dire peu importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse, dans cette histoire, tout est laid : le flacon marketing qui entourait l’esclavage était laid, le contenu de la bouteille aussi lorsque le sang et le vin se confondent, les buveurs encore plus, et que dire de ceux qui laissent faire sans rien dire, ou qui regardent ailleurs. Il suffit d’aller sur n’importe quel site qui parle de ce sujet, ou par exemple de lire les commentaires sur cet article déjà cité pour y lire des horreurs, de ceux qui préfèrent regarder ailleurs, de ceux qui n’ont pas de mémoire, de ceux qui manipulent la mémoire ou de ceux qui s’en foutent. A Bordeaux par exemple, il y a encore des visages d’esclaves qui traînent au-dessus de certaines portes. Des mascarons négriers. Qui les regarde ?


C’est finalement nécessaire d’avoir de telles journées, et plus il y en a plus cela rappelle que l’horreur est partout possible, et qu’il faut la combattre, quels que soient les noms qu’elle prend. François sera au Luxembourg cet après-midi. Il pleut. Temps triste pour ceux qui ont le devoir de se souvenir, et d’agir aujourd’hui. Mais le temps n’y fera rien, ni le temps qu’il fait, ni le temps qui passe. L’action est toujours d’actualité.

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