jeudi 22 mai 2014

L'ego de Sarkozy trop large pour les rails de l'UMP

Tribune de Sarkozy dans le Point ce jeudi donc, comme attendu. C'est le même coup que 3 jours avant les municipales, avec le même espoir mais pas les mêmes effets.


Espoirs de Sarkozy pour s'imposer comme une grande figure de référence, intervenant aux grands moments seulement et se préparant aux présidentielles dans 3 ans avec une stratégie progressive. Il s'agit de s'imposer dans la tête de plusieurs publics :
- le grand public, toutes tendances confondues : plus un politicien intervient moins il est écouté, donc il s'agit de distiller quelques interventions pour exister
- les électeurs qui votent/voteront pour lui et qui désirent entendre son point de vue, en tant que leader naturel de l'UMP, puisque les ténors de l'UMP se déchirent, se taisent ou se contredisent, surtout sur les questions européennes
- les ténors de l'UMP justement pour leur dire, je suis là et vous pouvez compter sur moi, malgré la bande de nuls qui dirige l'UMP et les nombreuses casseroles qui traînent... comme s'il n'y avait pas été pour quelque chose au moment où il était au pouvoir. On attend à ce propos la campagne de levée de fonds de cet été pour financer le trou budgétaire de l'UMP suite à l'élection perdue de 2012.
- les européens pour leur rappeler qu'il compte.

Sur le fond, Sarkozy a l'air de répéter ce qu'il disait déjà à l'époque ; une Europe de droite, très libérale, fermée aux étrangers et aux non chrétiens, avec un axe fort Allemagne-France. Pas de surprise dans le discours qui est quand même très à droite (sur Schengen par exemple) et qui est censé à la fois donner le tempo à l'UMP où on dit tout et son contraire et ramener des électeurs qui votent Front National. Pas de nouvelles donc ici. Sarkozy est pro-Europe et continue de l'être.

Sur les effets de ce papier, Sarkozy était très fier d'avoir, grâce à sa première tribune, amélioré le score de l'UMP aux municipales. Si tant est que ce coup ait réellement été efficace, et on peut le penser car il est plus facile d'accélérer un véhicule qui accélère déjà que de relancer une machine qui freine, marchera-t-il une deuxième fois ? Il y a de nombreux opposants à la vision européenne de Sarkozy, pour de multiples raisons. Certains s'opposeront seulement à certains aspects, même au sein de sa famille politique. L'enjeu est a priori de tout faire pour que l'UMP finisse en tête (en France) devant le Front National, alors que les sondages donnent les deux partis au coude à coude pour les élections de dimanche. L'espoir est donc de replacer l'UMP au coeur des débats, alors même que les visions européennes en son sein sont très variées. Il faudrait analyser dans les élus potentiels de l'UMP (et plus généralement de la France) combines de candidats partagent les vues de Sarkozy. Quelle proportion ? 20%, 50%, 80% ?

Psychologiquement, le train Sarkozy veut passer même là où ce n'est pas prévu. C'est aux quais des gares de s'adapter, pas au train Sarkozy. L'intendance suivra, comme disait l'autre.

Si dimanche soir on voit que l'UMP est deuxième et le FN premier, on aura bien droit à un vote majeur de défiance contre l'Europe (donc contre ceux qui y croient comme François ou Sarkozy et plein d'autres) et à une crise majeure au sein de l'UMP. Un parti sarkozyste à côté ? Sans dettes ?

Si dimanche soir l'UMP est en tête, Sarkozy aura rejoué le coup des municipales et sera de fait incontournable pour l'UMP.

Dans les deux cas, ça change quoi pour l'Europe ? La vision de Sarkozy n'est pas euro-optimiste, ni euro-naïve, mais elle est euro-autoritaire. Elle ne semble pas partagée par beaucoup et de toutes façons ce n'est pas là que cela va se jouer.

En tous cas allez voter ! Même si c'est pour Sarkozy l'UMP je vous pardonne ;) Du moment que ce n'est pas pour le FN et que c'est un vote utile, cf mon billet d'hier.

1954 - c Toho modifié ;)

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