mardi 24 juin 2014

Combien faut-il de non pour faire un oui ?

Ce n’est pas un sujet de philo, mais une question importante en politique.

De manière générale les opposants sont toujours plus faciles à compter que les opinions favorables, en politique. On peut être opposé pour des raisons très différentes, et donc se retrouver à manifester son opposition avec d’autres opposants avec qui on n’a rien de commun. Alors que du côté des partisans, il y a souvent une plus grande unité de vue, ne serait-ce que par un intérêt commun les rassemble : réussir.

Deux exemples dans l’actualité d’aujourd’hui :

Le Front National n’a pas réussi à constituer un groupe au Parlement européen. La date limite était hier soir et même si le nombre d’élus était facile à trouver grâce au score de Marine en France, il fallait six autres pays partenaires et ils n’en ont trouvé que quatre autres, soit cinq au total. La plateforme commune qui était proposée tournait autour du non à l’Europe, de la destruction de l’Europe par l’intérieur. Il aurait suffi de trouver deux députés non inscrits de deux pays autres pour réussir. A contrario la réussite de l’UKIP de Grande-Bretagne est éclatante puisqu’ils ont réussi, eux, à former un groupe. Et le pire est que pour y arriver ils ont débauché une députée française du FN qui a fait pencher leur balance du bon côté. Cette histoire prouve qu’il ne suffit pas de rassembler des opposants viscéraux (à l’Europe en l’occurrence) pour créer un groupe et une unité. Les discordances étaient trop fortes, car la plupart de ces opposants à l’Europe étaient contre plein d’autres choses, mais pas les mêmes pour chacun : les femmes, les gays, les juifs ou je ne sais quoi d’autre. Les professionnels du « Non » sont opposés à tellement de choses, qu’ils ont souvent tendance à être opposés aux autres « Nonnistes ». Ah, au fait, sans groupe, pas de plateforme publique, pas la possibilité de recruter des assistants ou de déposer des amendements et surtout une perte sèche d’au moins 4 millions d’euros par an… Si même l’argent ne réussit pas à rassembler les partisans du Non, où va-t-on ?

L’affaire Lambert a connu aujourd’hui un tournant quasi décisif (il ne reste plus que la Cour Européenne des Droits de l’Homme (encore l’Europe ?) avec la décision du Conseil d’Etat, la plus haute des juridictions françaises qui autorise la fin de l’acharnement thérapeutique contre M. Lambert. Il y a toujours eu les partisans et les opposants de l’euthanasie en général. Ici, ce qui a été jugé est l’acharnement thérapeutique sans raison ni espoir. Ce n’est pas une décision généralisable puisque la loi pousse à des décisions au cas par cas, mais c’est une décision forte. Et la justice s’en est mêlée puisqu’il y a désaccord entre les volontés de certains parents et la volonté du presque défunt. Dans ce genre de circonstance, tout le monde a tendance à généraliser tout de suite. Il ne faut pas. Mais il faut reconnaître que l’irruption de la justice dans ce cas fait se rassembler contre une telle décision tout un tas de gens avec des raisons diamétralement opposées. La décision inverse aurait fait de même. L’important est le rassemblement contre, quel que soit le sujet !

Alors, dire Non est important. Quand on sait pourquoi on le dit. Et quand on est conscient que trop de Non conduit souvent à un Oui, le contraire du Non. Simple, non ? Euh, oui ?

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