samedi 28 février 2015

To be or not to be Spock

Chronique nécrologique jubilatoire aujourd’hui. Leonard Nimoy est mort (à 83 ans quand même) cette semaine. LLAP.

Sans être forcément un trekkie (un fan de la série) vous avez certainement entendu parler de Star Trek, dont Leonard Nimoy fut le personnage emblématique de la première série de 1966 à 1969, TOS comme disent les fans, The Original Series. Il y a eu plusieurs séries ensuite qui racontaient la suite, mais avec d’autres personnages. Il y a eu également plus d’une douzaine de films dont tous les premiers reprenaient les personnages phares. Leonard Nimoy en a réalisé quelques-uns et notamment celui où il ressuscite (ou meurt, c’est pareil pour Spock, éternel souvenir).

L’homme était semble-t-il très aimé mais il n’a jamais réussi à se débarrasser de son personnage de Spock. Il a écrit un premier livre au moment où la série devenait populaire et culte dans les années 70, car la première diffusion n’a pas été un succès planétaire, et ce premier livre s’intitulait « Je ne suis pas Spock », histoire d’essayer de marquer la différence entre l’acteur et son rôle. Mais le rôle était trop puissant et personne ne l’a suivi. Vingt ans après, il a écrit la suite avec « Je suis Spock », assumant complètement le fait que toute sa vie et sa carrière tournaient autour de ce personnage. Il faut dire que le monde des Trekkies est très vaste, à coup de conventions, d’objets dérivés et de livres. Il pouvait être invité partout, s’il portait ses fameuses oreilles pointues.

Spock est en effet un personnage mythique qui a toutes les caractéristiques du héros immortel. Il a une apparence unique et pas seulement avec ses oreilles, mais aussi ses cheveux et ses sourcils. Il est à la fois effrayant et attendrissant, sérieux et comique, différent et semblable aux humains. Comme tous les personnages célèbres à deux facettes, sans être schizophrénique, il joue de ses deux caractères avec virtuosité : l’humain et le vulcain, le sensible et le logique, le chaud et le froid. Spock et son pull bleu. Spock et son salut de la main droite avec un V entre le majeur et l’annulaire. Ce salut est encore utilisé, comme le LLAP (Live long and prosper) y compris via des émoticônes et des tweets. Leonard Nimoy avait dit une fois que c’était un signe utilisé pendant les cérémonies juives orthodoxes de sa jeunesse... mais aujourd’hui c’est LE signe de Spock. Mister Spock, à ne pas confondre avec les autres personnages de la série, entre un Capitaine et un Docteur.

Il joue du contrepoids nécessaire par rapport au caractère chaud des humains et à l’étrangeté des extraterrestres croisés de-ci de-là. D’une certaine manière c’est bien lui le vrai héros de la série. D’ailleurs c’est le seul acteur à avoir passé l’épreuve du feu. Le pilote de la série, comme c’est la coutume aux USA, le numéro 0 si vous préférez, n’ayant pas été jugé satisfaisant, les acteurs ont tous été changés pour la suite. Tous ? Non, tous sauf Leonard Nimoy ! Déjà son caractère froid et ambigu l’avait emporté sur tous les autres, même s’il n’est que le second à bord de l’USS Enterprise. L’acteur était très bon, il faut dire. Quelques haussements de sourcils et quelques gestes lui ont suffi à bâtir un vrai personnage.

Les références à Star Trek sont nombreuses encore aujourd’hui. Même Star Wars, postérieur, s’en est inspiré et les clins d’oeil sont nombreux dans tous les domaines. Tout le monde en parle en ce moment, mais même si vous lisez ce billet dans deux ans, vous trouverez des tonnes de références en tapant Spock sur Google. Je vous laisse le plaisir de les cherche, en vrai, en exploitations commerciales ou en parodies.

En vrai Trekkie, juste quelques photos, extraites d’un de mes livres sur Star Trek (offert par mes enfants, voyez-vous ça !!!)
La première seconde de Spock dans le premier Pilote, pas diffusé à l'époque

Le premier épisode tel que diffusé


Sexy, Spock, non ?

 Un livre à avoir ;) et évidemment Spock au premier plan

 Scotty, beam me up ! Super, la technologie...

Allez, Longue vie et prospérité à vous aussi, pour que vous puissiez aller audacieusement et boldly where no man has gone before. Et si vous devez regarder des Star Trek, n’oubliez pas de regarder TOS, la série initiale avec Spock. Peu d’effets spéciaux (1966 !) mais de très bons moments.

vendredi 27 février 2015

L'Internet neutre, ça existe !

Décision importante aux USA hier. L'autorité fédérale en charge des communications (La FCC) a voté pour la "Neutralité du Net". Texte officiel ici.

La FCC c'est une commission de 5 personnes (3 démocrates et 2 républicains actuellement) qui a voté à 3 contre 2 cette décision historique. Cela faisait au moins 5 ans que la guerre était déclarée entre partisans ou non de cette neutralité, dans la foulée de la victoire d'Obama, un ferme défenseur de cette neutralité. Les opposants à cette décision promettent déjà des procès et un retournement de la décisions si/lorsque les républicains reviennent au pouvoir.

Pour faire simple, les fournisseurs d'accès aux USA (les équivalents d'Orange par exemple) voulaient pouvoir faire payer plus aux gros fournisseurs de contenus (de Netflix à YouTube en passant par Facebook, Twitter et tous les services imaginables) et aux gros utilisateurs (vous et moi) de l'Internet. Ce qui aurait institué un Internet à plusieurs vitesses (au moins deux) et pénalisé à la fois les petits fournisseurs incapables de lutter contre les milliards de dollars détenus par les gros et les utilisateurs dans des zones fragiles. En votant pour interdire ces pratiques, la FCC a voté pour un Net neutre, quels que soient les contenus qu'il transporte.

Un paquet reste donc un paquet et tous les paquets iront à la même vitesse qu'aujourd'hui. Il y a déjà des vitesses différentes pour les gros fournisseurs et plein de batailles autour, mais l'important est de savoir qui paye : le fournisseur de tuyaux, le fournisseur de contenus, ou l'utilisateur. Aux USA le contre-exemple est le câble. C'est le moyen principal pour avoir la télé et le téléphone et l'internet aux USA, mais chaque compagnie de câble dispose d'un monopole de fait sur une zone donnée. Elle peut ainsi fixer comme elle le veut ses tarifs et surtout la liste des contenus disponibles dans le forfait ou sur option. La décision de la FCC revient, aux USA, à dire que l'Internet ne sera pas comme le câble télé. Cette décision attendue (espérée ou crainte) fera tache d'huile dans d'autres régions du monde en Europe évidemment aussi.


On a déjà beaucoup parlé de cette neutralité sur ce blog :
- En mai 2014 lorsque le FCC avait alors refusé de prendre une telle décision et renforcé donc par défaut la position des anti-neutralité.
- En septembre 2014, lors de la journée de protestation contre l'Internet à plusieurs vitesses.
- Et d'autres billets ici, puisque ce sujet hante l'Internet quasiment depuis ses débuts.


Les réactions des acteurs ne se sont pas fait attendre. Verizon, fer de lance de la bataille des opérateurs américains crie à la main-mise de l'Etat sur l'Internet et au retour en arrière au XIX° siècle, en publiant une réaction écrite en Morse... Pour une fois qu'un lobbying intense n'a pas fonctionné !


Ca ne vous rappelle rien ce slogan ? Entre la déclaration universelle des droits de l'Homme et "La ferme des animaux" de George Orwell, l'auteur de 1984, où est écrit ce dialogue célèbre :
-Les ânes : « Tous les animaux ne sont-ils pas égaux ? »
-Les cochons : « Tous les animaux sont égaux mais certains sont plus égaux que d'autres ».

Alors ânes, cochons, ou simples animaux ?

jeudi 26 février 2015

500 millions de Big Mac exportés au Luxembourg, et moi, et moi et moi

Dans la longue série des sociétés qui font de l'optimisation fiscale, vous pouvez maintenant ajouter MacDonald's. Plus d'un milliard d'euros d'impôts non payés en Europe, dont 70% en France, en quatre ans, soit 500 millions de Hamburgers de base chez eux (à 1€90 quand même). C'est une sacrée indigestion !!!

L'optimisation fiscale est le mot inventé par les conseillers financiers pour désigner la fuite organisée des capitaux en profitant des différences de régimes entre pays, dans une zone de non-droit que beaucoup ont intérêt à garder floue. MacDo a visé le Luxembourg comme d'autres sociétés avant. On en a parlé plusieurs fois ici et ici par exemple il y a quelques mois. C'est effectivement une très belle optimisation, mais la Commission européenne a décidé d'enquêter. Ahlala, on ne peut plus rien faire comme on veut... Même Le Figaro parle à ce sujet de "grande évasion fiscale". Où va-t-on si même Le Figaro vire à gauche ?

Il semble que la France soit le pays le plus touché en Europe par cette optimisation sauvage. On mange tant de hamburgers que ça ??? Mais oui !

Même Sarkozy, lors de la visite rituelle au Salon de l'Agriculture s'est longuement arrêté sur le stand de MacDo pour vendre une conférence pour discuter politique et économie. Il en a même profité pour révéler - Attention Scoop - que Carla sa femme mange des "Mac" et lui en demande de temps en temps. Vous avez déjà vu Sarkozy dans un MacDo en train de faire la queue, vous ? Vite une photo !

Ca me fait penser à cette illustration à méditer. Chez MacDo, on a choisi et on se demande s'ils n'ont pas choisi seulement le FAST eux.


Et si ce blog vous fait peur, au lieu de vous précipiter au Luxembourg, à l'UMP ou chez McDo, vérifiez que votre détecteur de fumée est en place et suivez ces consignes en cas d'incendie :



mercredi 25 février 2015

Putain, deux ans

Ca ne vous rappelle rien, cette jolie expression fleurie qui sent bon son Chirac ? Ben sî justement. C'était en plein début de cohabitation. Chirac a vieilli mais son style inimitable nous a enchantés sur plein de sujets. Cette expression a fait des petits et on imagine ce soir à l'Elysée et à Matignon, plusieurs personnes en train de la prononcer.


Aujourd'hui en effet la Commission européenne a annoncé - par surprise - que la France avait deux ans pour rétablir ses comptes, réduire ses déficits et engager des réformes structurelles lourdes. La France demandait 3 ans. Bof, me direz-vous, où est la différence ? En fait 2015 + 2 cela fait 2017. Cela veut dire que les réformes structurelles devront être annoncées en pleine année électorale, alors même que ces années sont peu propices aux réformes, et pas seulement en France.


On rappellera que le commissaire européen chargé de ces questions est français et socialiste, mais que la Commission est très majoritairement à droite et très libérale. Ça sent le pied de nez et le billard à trois bandes. De là à dire que l'Europe roule pour la droite, il n'y a qu'un pas qu'il ne faudrait pas franchir. Mais c'est quand même troublant. Manuel Valls a beau dire que la France doit se bouger - et le gouvernement itou - il va y avoir du taf.


Pas deux ans de vacances donc, dans le pays de Jules Verne. 


Ca va saigner et le 49-3 va chauffer un maximum, compte tenu de la majorité étriquée ou même inexistante à l'Assemblée. On attend avec impatience les réactions des politiques à ce délai raccourci. Ca tombe en plus comme par hasard le même jour que l'annonce du baisse du chômage - sur un mois... On peut donc prévoir que pour les élections de 2017 les écarts entre les promesses et les réalisations sera le plus grand jamais observé. Moi je pense que c'est un hommage de l'Europe à la découverte du plus gros trou noir de la galaxie. Le plus gros, le plus vieux et un trou qui ne devrait pas exister selon les théories actuellement les plus avancées. C'est une découverte américaine, mais nous aussi, en France, on a de gros trous noirs. Et seulement deux ans pour le résorber !

mardi 24 février 2015

Avis ni pédant ni podologique sur la Grèce en Europe

La Grèce commence à s'en sortir. Après des élections tumultueuses, un nouveau gouvernement beaucoup plus à gauche, un plan d'action audacieux et un paquet de réformes présenté vendredi dernier à l'Union européenne, c'est aujourd'hui mardi que l'Eurogroupe a enfin donné son accord pour continuer à soutenir la Grèce pendant au moins six mois. Tant mieux pour les grecs.

Si tout cela vous parait bien compliqué, j'ai trouvé sur l'Internet un dessin qui vous permet de tout comprendre à la crise grecque et européenne. Vous allez voir c'est très simple ! Après vous pourrez faire le pédant en société, le podologue en famille et le spécialiste en toutes occasions.


Pour les non anglophones, il s'agit de comprendre quelles sont ses racines d'après la forme de ses doigts de pied. On peut en tirer plusieurs conclusions, toutes aussi scientifiques les unes que les autres et que la capacité du doigt (de pied) mouillé à prévoir le temps.

1) L'Europe, historiquement se résume à des influences limitées : vous remarquerez qu'il n'y a pas de pied gaulois ou gallique. Il parait que c'est normal puisque les gaulois avaient choisi le coq comme emblème puisque c'est le seul animal qui est capable de chanter les deux pieds dans la merde (source historique non garantie...). A moins que les gaulois n'aient les doigts de pied en éventail... On sent dans cette Europe à la fois du Nord et du Sud, de l'Ouest et de l'Est jusqu'aux confins de la Méditerranée.

2) La Grèce, puisqu'il s'agit d'elle est le pays du doigt de pied d'honneur. Même les celtes n'y arrivent pas aussi bien, pourtant les anglais sont des spécialistes, mais leur petit doigt (de pied) les sauve. La forme en accent circonflexe montre bien l'importance de l'honneur. Une sorte d'épine dans le pied des européens. Un coin enfoncé dans une Europe plutôt plate.

3) Les égyptiens, avec leur droite descendante sont clairement en perte de vitesse, comme l'est de la Méditerranée, mais au moins ils restent droits et alignés. Pas de brisure nette.

4) Les allemands, à l'opposé des grecs, n'ont qu'un chef, un chef important et reconnu par tous, le plus gros. En-dessous de chef, tout le monde est aligné, comme dans une armée bien organisée. On sent une organisation bien huilée, jusqu'aux doigts de pieds. Le fait que cela soit le deuxième doigt de pied qui prime chez les grecs ne peut pas plaire à cette organisation où l'on ne voir qu'une seule tête.

5) Les romains ont inventé le triumvirat (ou le consulat si vous préférez) et c'est évidemment logique quand on regarde leurs pieds. En Europe, ils ressemblent finalement beaucoup aux grecs. La seule différence est la taille du deuxième orteil qui reste humblement chez eux à la même taille que ses voisins, alors que les grecs le hissent à la première place.

6) Enfin, pour revenir aux celtes, on notera le bordel qui y règne, mais avec la distinction caractéristique du petit doigt (à ne pas confondre avec l'auriculaire, car bienheureux sont celles et ceux qui peuvent se mettre le petit doigt de pied dans l'oreille.


J'espère que ces claires explications vous ont illuminé. Rien ne vaut un retour objectif aux racines pour progresser dans la connaissance. L'Europe est complexe, mais ont moins le polygone de sustentation défini par ses pieds lui assure un équilibre super-méta-stable.

Toutes accusations de bêtise, simplisme, mépris ou ignorance contre l'auteur de ce billet seront évidemment foulées aux pieds.

lundi 23 février 2015

Du cinéma triste

C'était un WE cinéma. 


Les César, puis les Oscars, avec le Masque la Plume cinéma entre deux, critiques coincés comme du jambon aigri entre deux buns. Ajoutez à ça une pincée de Jupiter pour se vider le cerveau et se remplir les yeux en 3D de batailles sans fin où le beau héros arrive toujours à l'ultime seconde. 


Beaucoup d'ennui donc. 


Pour les César, on voit bien que ce genre de cérémonie n'intéresse pas grand monde sauf en cas de dérapage, d'une Marion Cotillard beaucoup trop bavarde, aux discours anti extrémisme de l'équipe de Timbuktu (in french in the text). Le cinéma glorifié par la télé c'est pas brillant. Pourtant les Oscars, beaucoup plus anciens et expérimentés, ont eu des moments plus excitants, malgré ou grâce au savoir-faire de Hollywood : entre une Lady Gaga qui a prouvé qu'elle savait vraiment chanter à l'ancienne avec ses reprises de la Mélodie du Bonheur, et alors que Julie Andrews elle-même était dans la salle ; entre le présentateur qui a osé se mettre en slip kangourou sur la scène en hommage à Birdman, et une actrice qui a osé se lancer dans un grand plaidoyer en direct pour l'égalité hommes femmes et autres en pleine polémique sur le racisme de plus en plus fort aux USA.


Finalement et évidemment, le mieux avec les films c'est d'aller les voir, sur l'écran blanc de nos nuits noires en hiver. Sauf qu'il faut les trouver... Et ne pas être déçu. Jupiter par exemple est un pur divertissement à vous rendre sourd, aveugle et décervelé. Cinquante nuances de Grey est semble-t-il une grosse arnaque avec moins de scènes suggestives que dans Emmanuelle, c'est dire ! Avis quand même aux dragueurs : le public est à 70% féminin ;)


On a tous des souvenirs de films magiques, marquants. A chacun son registre, de la tronçonneuse aux films de Marguerite Duras en passant par des films jubilatoires sur l'amour de la vie et le bonheur tout court. Ce genre de cérémonie, ou d'émission radio pleine de critiques trop intellectuels, ne doit pas nous décourager. Allez au cinéma ! Malgré les prix exorbitants, malgré les difficultés pour voir des films dès qu'ils quittent la première exclusivité. Et ne vous laissez pas influencer... Choisissez simplement des films qui vous font vibrer, et qui créent de la joie même quand ils sont tristes.

dimanche 22 février 2015

Du temps de cerveau pour... Une nouvelle fois sans éponge mais avec un crabe

Le crabe était rouge et en colère.

L'humain avait essayé de l'attraper mais il avait glissé, et le crabe avait souplement

évité sa tête énorme qui bouchait le ciel et tombait sur lui.

Quelle étrange boucle d'oreille se dit-il


Le crabe avait eu peur, il ne voulait pas finir dans un bouillon.

Alors il avait couru et couru

Face à la mer, vers la gauche, toujours à gauche, le plus loin possible de cet humain si lourd et si dangereux.

La mer était belle aujourd'hui.


Il habitait quand même une belle plage

se disait-il en faissant crisser le sable et en gravissant les rochers, 

en dégustant quelques vers au passage.

Mais il était temps pour lui de voyager et de découvrir d'autres mondes, moins dangereux, à gauche, à gauche.


Le soleil bougea

mais pas comme hier se dit-il.

Il eut peur et dormit sous un rocher.

Ce monde était tourneboulé. Même les vers étaient à l'envers.


Il continua car il était courageux et rouge, à gauche, à gauche.

Et il arriva dans un pays merveilleux, sur une plage magnifique avec une mer idéale.

Même le soleil le saluait.

Il s'arrêta et décida de rester ici. Son voyage était terminé.


Cette plage lui offrait de plus un festin inédit, un cadavre d'humain presque frais

qui le nourrirait pendant des jours.

Un cadeau de bienvenue dans ce nouveau monde, juste pour lui.


C'est en arrachant l'oreille qu'il reconnut la boucle.

Tiens donc, se dit-il, je suis sur une île.

samedi 21 février 2015

La France, terre de diplômes

En France, on aime bien les diplômes, sur tous les sujets.

« Vous avez fait quoi comme études ? », « Vous avez quels diplômes ? »... Des questions souvent entendues et pas seulement quand on est jeune et frais diplômé. Après des années, voire même des dizaines d’années, ces questions reviennent, comme si un diplôme passé à 25 ans pouvait marquer toute votre vie... au lieu d’une expérience certainement plus importante.

En fait oui, en France. Le poids des grands corps et des grandes écoles est basé sur la diaspora des alumni, ces anciens qui se reconnaissent d’un mot, en se serrant la main et en se disant l’année de leur promotion à l’X (pour les patrons), l’ENA (pour les politiques et hauts fonctionnaires). Quoique à l’ENA on ne parle pas de l’année mais du nom de la promotion, c’est plus « sciences molles » que les chiffres pour les « sciences dures ». Et c’est pareil dans le monde des universités, où votre Alma Mater - votre université initiale - est viscéralement attachée à vous, et pas seulement pour vous demander des sous chaque année. De plus votre spécialité a semble-t-il modelé votre vie même si vous l’avez abandonnée.

A ce propos, notre ami Z Lartiste a une haute opinion de l’ENA... Peut-être fait-il référence à ce billet sur l’anglais à l’ENA ?


Mais sinon le scandale du jour touche justement notre ministre de l’enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, dont toutes les notices biographiques parlent de ses deux diplômes, une maîtrise en anglais option économie et une maîtrise en économie, alors que des journalistes bien conseillés par des universitaires avertis ont découvert qu’elle n’avait que la première. Et alors ? Ca n’intéresse personne, sauf les universitaires qui veulent flinguer la ministre qui leur fait des misères en ce moment à quelque temps d’un projet de loi important. La ministre dit elle-même qu’à 60 ans on se fout de son diplôme initial et qu’elle n’a pas le temps de corriger ces textes, même si on parle de Wikipedia ou du Who’s Who qui ne publie rien sans accord de la personnalité concernée...

Au-delà de ce cas, c’est bien une forme de déontologie dans l’enseignement supérieur qui est à reconstruire, entre plagiats et faux diplômes... Et il n’y a pas que les étudiants qui plagieraient, les enseignants chercheurs également, entre cours et articles et pression pour leurs évaluations. Je vous renvoie d’ailleurs si vous êtes intéressé vers un des nombreux sites pour acheter des diplômes. Celui-ci est un site français qui se prétend légal puisque les copies de diplômes papier sont indiscernables des diplômes papier, mais qu’ils accompagnent leur vente de la mention suivante : «  Nous tenons à rappeler à notre clientèle que nos diplômes ne sont délivrés que dans le cadre d'une utilisation privée, à titre festif, motivationnel ou décoratif. Perfecto Replica décline toutes responsabilités quant à l'usage frauduleux qui pourrait en être fait. Par mesure de sécurité nous nous refusons à effectuer toute copie de diplôme de professions médicales ou assimilées, de conducteurs d'engins motorisés, et plus généralement, de tous diplôme relatifs à des professions pouvant mettre en danger la sécurité d’autrui ». Compter 180 euros quand même pour un faux master (le mot moderne pour maîtrise à peu près). Ca pourrait faire un joli cadeau de Noël pour Madame la Ministre, si quelqu’un avait mauvais esprit.

Il y a d’autres sites avec des diplômes originaux cette fois d’écoles ou de fausses universités. Voir ce lien de Mac4ever pour une fausse université chinoise par exemple, qui vend des diplômes uniquement en ligne et qui pour montrer ses locaux (qui n’existent pas) n’hésite pas à détourner et à maquiller des photos de locaux modernes, comme un Apple Store...

Un peu d’authenticité fait du bien dans ce monde de brutes virtuelles.

Heureusement, il reste le Salon de l’Agriculture, avec ses vrais diplômes du concours général agricole solidement plantés dans le sol, et attachés aux étiquettes de vins ou de tout un tas de produits, ou accrochés au coup des vaches et autres bêtes de concours (comme on dit dans les classes préparatoires aux grandes écoles).

vendredi 20 février 2015

La Théorie du Bordel Ambiant appliquée aux cartes à puces, selon la NSA

C'est le bordel dans le monde de la carte à puce, depuis les révélations (issues de Snowden) sur le piratage des cartes SIM par la NSA et les anglais.

Roland Moreno, inventeur de la carte à puce est mort en 2012. Il était un inventeur génial et bordélique mais pas un industriel et les sociétés qui ont proliféré pour commercialiser des cartes à puce ses sont développées sur les ruines de sa propre société - Innovatron à l'histoire tumultueuse - et sur la tombée de ses brevets dans le domaine public. Gemalto est le leader mondial maintenant et cette société franco-hollandaise est détenue par des fonds de pension américains, dirigée par un français et fortement implantée en France pour ses activités internationales et de recherche. Gemalto se vend comme le leader de la sécurité ultime grâce à ses technologies. Le président américain de la société, non exécutif a un passé sulfureux avec la NSA.

C'est Gemalto qui a été piraté par la NSA et les services secrets britanniques : on lui a volé les clés qui permettent de décoder tout ce qui passe par les cartes SIM. Pour mémoire Gemalto a vendu ses produits à des centaines d'opérateurs et de banques dans le monde, dont quasiment tous les opérateurs téléphoniques français évidemment. Gemalto jure qu'elle n'était au courant de rien et juge ces révélations «inquiétantes et perturbantes». Pour elle certainement, pour nous c'est bien au-delà. Son action en bourse baisse. Pourtant, tous considéraient juusqu'à Snowden cette entreprise comme une perle (sauf Attac à lire ici). Lisez par exemple cette page du Monde d'il y a quelques mois où l'on dit "Ce tropisme américain [de Gemalto] pourrait bien se révéler un atout dans la conjoncture actuelle". Rigolo, non ?

Moreno avait écrit un livre bizarre (La Théorie du Bordel ambiant), un livre où les notes de bas de page prenaient souvent beaucoup plus de place que le texte ;) Toujours intéressant à lire...

Depuis le début la carte à puce a été imaginée puis vendue comme LA solution pour sécuriser les données qui transitaient par elle. On la trouve partout mais deux secteurs nous intéressent particulièrement : la banque et les cartes de paiement d'une part, et les téléphones et leurs cartes SIM. En fait quand on parle de carte à puce, on parle de plusieurs systèmes différents, dont certains sont plus sécuritaires que d'autres et dont certains demandent un contact (comme un téléphone ou un distributeur de billets) et d'autres pas (comme les puces des cartes de transport type RATP). Les industriels de ces secteurs ont choisi des technologies qui sont comme toujours un compromis entre sécurité et coût : pourquoi dépenser 0,001 centime de plus par carte pour avoir un système plus sûr, si cela ne se vend pas plus, ou pas plus cher. Il y a donc des failles dans certaines implémentations.

Donc nos téléphones sont susceptibles d'être écoutés et décryptés à grande échelle, sans même avoir besoin d'écouter les opérateurs ou les câbles sous-marins. Pour les cartes bancaires, c'est certainement pareil. Vive donc la sécurité généralisée et la fin de nos vies privées.

Simple non, ce qui passe entre un téléphone et une station-relais ? Tout est dans le Ciphertext...

On rapprochera ça du Sommet récent organisée par Obama dans la Silicon Valley sur la cybersécurité et la protection de la vie privée. Il n'en est pas sorti grand chose même si la NSA était là, mais un seul PDG important était là, Tim Cook d'Apple, et qu'il a beaucoup insisté sur la protection de la vie privée. Paradoxalement Google, Facebook, Amazon ou Microsoft étaient absents. Est-ce un paradoxe ? Non évidemment et ce n'est pas parce qu'ils ont décidé de snober Obama. Toutes ces compagnies reposent sur un modèle économique basé sur le recueil et la commercialisation de nos données privées. Apple vend du matériel mais garde nos données pour elle, c'est son modèle et quoi qu'on en pense il est radicalement meilleur. Alors le piratage par la NSA sur les cartes SIM et autres joyeusetés, la commercialisation de nos données par Google et consorts, et les débats sur toujours plus de sécurité sont-ils anodins ? Même Samsung s'est fait attraper avec ses télés intelligentes qui écoutent tout ce que vous dites autour d'elles : les données recueillies sont non seulement vendues à des "partenaires commerciaux (ce qui inclut la NSA)" mais également ces données ne sont pas protégées et donc toutes ces télés sont en fait des micros ouverts en permanence pour ceux qui veulent bien vous écouter. Big Brother, avez-vous dit ?

Est-ce anodin ? A chacun sa réponse. La mienne est qu'il est temps de réfléchir et de vous préoccuper des traces que vous laissez et de la valeur de vos données. Et d'agir. Loin des théories complotistes fumeuses, mais en toute responsabilité.


jeudi 19 février 2015

Entrée passagère en territoire d'inflation négative ???

Drôle d'expression, non ? C'est portant celle qu'invoquent les économistes à propos de la baisse des prix en France, une première depuis 2009. Et encore, cela n'avait duré que quelques mois à l'époque, il faut remonter aux années 50 pour le dernier vrai épisode de déflation. Personne ne veut utiliser le mot déflation qui fait peur... Parce que le mot inflation ne fait pas peur ? A moins que "inflation négative" en additionnant deux négations ne donne un effet psychologique positif ???

Les périphrases des économistes sont terriblement suspectes et parfaitement incompréhensibles.

Il est vrai qu'entre décembre et janvier les prix ont baissé. Cela dépend des secteurs et certains ont augmenté, mais en moyenne ça a baissé. L'énergie a baissé et c'est le facteur principal.

Les économistes, encore eux, considèrent que c'est la faute de l'Europe - ben tiens - et de l'incohérence de ses politiques. La Commission européenne aurait une politique budgétaire déflationniste et une politique monétaire anti-déflationniste... Vous avez compris ? Si c'est le cas, merci de l'expliquer en commentaires. Ce genre de débat est rarement d'une clarté exemplaire. Le pauvre consommateur croit que quand les prix baissent c'est bon pour lui. Que nenni ! Quand les prix baissent ils vont ensuite augmenter ! Alors que quand les prix augmentent, c'est bien car les prix vont ensuite augmenter. C'est pourtant simple ! On est dans une économie du développement où la croissance est nécessaire sinon tout notre modèle s'effondre.C'est évidemment à court terme et non "soutenable" à long terme dans un environnement clos, la planète.

L'explication scientifique économique de la peur de la déflation c'est que justement elle enclenche des réflexes de peur chez deux populations clés pour l'économie : les consommateurs et les investisseurs. Les consommateurs n'achètent plus en attendant que ça baisse encore plus, et les investisseurs n'investissent plus car la rentabilité n'est plus assurée si les marges diminuent. C'est quand même bizarre l'économie, et contre-intuitif très souvent.


Mais au moins les économistes sont forts sur le plan de la linguistique et inventent des expressions, comme celle du titre de ce billet, qui décapent ! D'autres exemples sur le même sujet positif-négatif sur ce blog ici en juillet 2012 et  ici en février 2013.

mercredi 18 février 2015

Chabin din chabindin bindin, Chaba da chabada bada...

Demain 19 février, c'est le nouvel an lunaire, le vrai début de l'année dans la plupart des pays d'Asie. Les fêtes du Nouvel An ou du Têt s'étalent sur plusieurs jours et de nombreuses organisations sont fermées pour l'occasion, depuis plusieurs jours et sur presque une semaine, histoire que chacun puisse organiser ces fêtes et rejoindre sa famille au village.

Une histoire d'amour entre l'homme et la nature. D'où le chabada bada ?

Pas seulement. Cette année nous entrons dans l'année de la chèvre, ou du mouton. En chinois il n'y a qu'un mot dans la langue ancienne pour désigner ces deux familles d'animaux (toutes deux issues de la grande famille des Caprinae (oui, oui les ovins sont de la même famille que les caprins aussi). Ce mot est Yang (comme Yin et Yang ?). Quand un chinois va chez le boucher, il a des mots plus précis pour choisir sa viande, mais dans le calendrier astrologique lunaire chinois qui date quand même de 3000 ans, ce n'est pas précisé.

Les experts débattent. C'est leur métier. Ceux qui penchent pour la chèvre expliquent qu'on la mangeait à l'époque des Han - en tous cas les riches - et que c'est donc l'année de la chèvre, le mouton n'étant connu que pour sa laine. Les autres parlent du mouton parce qu'il est plus fréquent. Ceux qui choisissent leur caractère en fonction de l'animal préfèrent la chèvre plus active et indépendante au mouton plus Panurge et docile... Vaste débat, qui nous est heureusement épargné en France bien que Panurge ait été françois à l'époque.

Je vous propose donc de parler cette année de l'année du chabin, qui est le nom officiel de l'hybride mouton-chèvre. C'est un hybride stérile malheureusement. Même pas un enfant, comme en Chine avec la politique de l'enfant unique. On pourrait dire ovicapre également quand c'est un légionnaire bouc et une brebis, mais c'est un mot moins séduisant.

Donc bonne année du Chabin à tous (et bons défilés du nouvel an chinois dans toutes les villes où la communauté asiatique est bien représentée.


Il faut manger de la viande, mais pas trop. De moins en moins en tous cas, surtout des bovins. Vous connaissiez l'histoire des pets de vache qui polluent ? En fait, honte à moi, ce sont les rots de vache qui polluent. Si, si, je vous jure ! Les ruminants ruminent et l'estomac des vaches produit beaucoup de méthane, gaz à effet de serre qui pollue et accélère le réchauffement climatique, plus que les engrais par exemple. Et les vaches rotent beaucoup (connaissez-vous le son du rot le soir au fond des prés ?). Les agriculteurs essayent de trouver des solutions : certains veulent compter l'effet bénéfique des prairies que broutent les vaches dans le bilan carbone, mais d'autres disent que les prairies ne sont pas toujours gérées avec sérieux, et une ferme comme celle des 1000 vaches bientôt opérationnelle ne verra que des vaches "hors sol" sans herbe - à ne pas confondre avec les bobos écolos du plateau des millevaches. Certains imaginent même de greffer des estomacs de kangourou sur les vaches... Oui vous avez bien lu... Les kangourous ruminent aussi mais une bactérie propre à eux les empêche de roter du méthane. Intéressant ce blog, non ?

mardi 17 février 2015

Mensurations 49-3

De la mesure en toutes choses et les vaches seront bien gardées (dicton sino-ardéchois)

La loi Macron est sur le fil. Le vote de ce mardi après-midi est-il considéré comme trop juste et le risque trop important ? A l'heure où je publie ce billet c'est encore une inconnue. Les opposants habituels s'opposent (de l'UMP au FN en passant par les Verts et la Gauche de la gauche), et malgré l'apport des radicaux, le nombre de fondeurs semble trop important. Un Conseil des Ministres extraordinaire ce mardi - une fois les comptes faits et refaits - a-t-il décidé d'invoquer le vote sous responsabilité permis par l'article 49-3 de la Constitution? A ne pas confondre avec l'article 44-3 pour le vote bloqué qui permet de faire passer les amendements d'un coup, ce qui n'était pas adapté ici. L'article 49-3 a de tous temps été qualifié par toutes les oppositions de passage en force et de déni de démocratie, ou même d'arme de dissuasion par rapport à sa propre majorité, mais pour l'invoquer il faut un Conseil des Ministres qui l'autorise : tiens, justement, il y en a eu un aujourd'hui... Beaucoup de dents qui grincent, mais au final une loi votée ? Une loi que tous jugent importante même s'ils ne sont pas d'accord. N'oublions pas le Sénat quand même, car le 49-3 implique la possibilité de voter une loi sauf en cas de dépôt de motion de censure. Aura-t-on le même gouvernement demain ? La loi passera-t-elle sans le 49-3 en intimidant les députés socialistes qui n'oseraient plus franchir le pas ? Réponse ici dès décision/vote.
Mise à jour à 16h25 : C'est parti pour le 49-3. Motion de censure à suivre très certainement.

A Lille le procès du Carlton - en fait le procès de DSK - tourne au ridicule. Le procureur a requis la relaxe contre DSK - «En réalité, ni l'information judiciaire ni les débats n'ont permis de retenir de charges suffisantes contre Mr Dominique Strauss-Kahn. Je requiers donc la relaxe pure et simple» -autrement dit la libération de toutes charges. Plusieurs parties civiles s'étaient déjà retirées, en se désavouant. La tourmente médiatique a surtout réjoui les facétieux, enrichi les médias et permis de multiplier par 69 le nombre de blagues grivoises. Une affaire qui fait Pschitt... Des mensurations mal prises et cela débouche sur un costume mal taillé. Il faut attendre le jugement évidemment.

Sur ces deux sujets concomitants dans le temps, on peut supposer qu'un certain nombre de députés surfent sur l'Internet pendant la séance à l'Assemblée pour savoir su DSK va être relaxé. C'est un sujet hautement important pour tout le monde, n'est-ce-pas ? Les hôteliers de la rive gauche sont également à l'écoute.

On rapprochera de cette dernière nouvelle la première mondiale médicale qui vient d'être réussie aux USA où un jeune homme a pu faire réduire son sexe trop gros... Eh oui, messieurs, ça peut arriver. Incroyable, non, ces problèmes de mensurations ?

Par contre Tapie en prend pour son grade et quelques centaines de millions. L'arbitrage qui lui avait été favorable a été supprimé en appel et l'enquête est rouverte, en attendant d'autres appels. Une histoire qui dure, qui dure, et là encore une cote mal taillée pour l'un des hommes d'affaires français les plus truculents. Un costume sur mesure évidemment, faut pas plaisanter !

Et enfin pour faire pendant, si j'ose dire, à la nouvelle sur les mensurations des hommes en Floride, vous apprendrez avec tristesse que Lejaby, repris par ses ouvrières dans une coopérative, est placé en liquidation judiciaire. Pour tout comprendre, mesdames, aux mensurations sur les soutien-gorge, zoomez sur la photo suivante.

lundi 16 février 2015

L'ENA passe à l'anglais... à son rythme.

Aaaaaaaaargh

La directrice de l'ENA, une femme donc, annonce que l'anglais sera obligatoire pour entrer à l'ENA (à partir de 2018, ne nous excitons pas, il y a le temps d'apprendre)... Des détails officiels ici. En fait cette réforme a été annoncée en mai 2014 mais c'est bien cette année qu'elle se met en place, sauf pour l'anglais car il faut du temps pour l'apprendre (prière de ne pas rigoler).

Une vraie révolution pour l'élite administrative et politique de notre beau pays, puisque c'est la première fois que l'anglais sera intégré dans les notes obligatoires de ce qui reste un concours très sélectif. Nos hommes politiques et autres hauts fonctionnaires vont-ils enfin se mettre à comprendre et à baragouiner l'anglais ? Et d'autres langues ?

Incroyable, comme la France se réforme en profondeur. C'est à ce genre de petit signe qu'on voit des changements profonds s'opérer. Je me souviens d'une époque où à l'ENA seules comptaient les matières nobles et l'analyse de gros dossiers. A cette époque il y avait des "matières quantitatives" très lac considérées, comme la statistique ou même l'informatique. On sentait bien que tout ce qui était nombre ou logique n'avait pas sa place dans la tête d'un énarque. Ca a changé depuis, mais l'anglais vient rajouter une nouvelle "matière mineure" au panier actuel.

On attend les réactions outrées de l'Académie Française et des associations de défense de la langue française, arc-boutées sur le passé. On attend les plaisanteries vulgaires des politiciens qui ne parlent pas anglais et qui vont se dépêcher de réagir négativement. On attend les haussements de sourcils de tous ceux qui croyaient que l'anglais était déjà obligatoire...

Pour les élections de 2022 donc, on devrait avoir une première promotion d'énarques maîtrisant (un peu, faut pas rêver) l'anglais. Tout ce petit monde pourra se retrouver dans les cabinets ministériels, s'ils sont du bon bord politique. On a hâte !

Alors quelques mots pour nos futures élites :

My name is Dupont, Jean Dupont. I am the president of France. How do you do ?
My tailor is rich, but less rich than yours. What is his address ?
Do you know a good pub here ?
Do you know that a billion in french is worth a thousand billions in english ? We are so strong !

dimanche 15 février 2015

Du temps de cerveau pour... un nouvelle soie sans tisse

Gaudriel s’ennuyait. il n’avait jamais eu « clients » très intéressants jusqu’ici, mais cette fois c’était le pompon. Il ne savait plus exactement combien il en avait eu depuis sa promotion en ange gardien de troisième classe, quelques milliers certainement. Mais ses deux clients actuels étaient en-dessous de tout. Ils ne réussissaient rien de remarquable, ni du côté du bien, ni de celui du mal, et il n’avait pas grand chose à leur apporter. Ce n’était pas comme cela qu’il serait promu deuxième classe et a fortiori première classe. Si ça continuait il allait encore devoir attendre une éternité !

Tous ses camarades de promotion étaient deuxième classe maintenant. Il avaient eu la chance de tomber sur des clients extraordinaires et ils avaient pu exprimer leurs talents pour bien les conseiller et les remettre dans le droit chemin. On disait même que Galadin allait bientôt passer ange de première classe ! Tout cela écoeurait Gaudriel et il se serait bien rebellé s’il n’avait pas été un ange.

Cela ne l’empêchait pas de râler de temps en temps et il ne se rendait pas compte que c’était justement cela qui avait empêché toute promotion pour lui. Les anges hors classe qui étaient chargés de surveiller les anges des classes inférieures avaient depuis longtemps ajouté des plumes rouges dans le grand registre des anges en face de la ligne Gaudriel.

Les deux clients actuels de Gaudriel étaient aussi désespérants l’un que l’autre.

Le garçon était intelligent sans être un génie, pas très débrouillard mais il avait beaucoup de chance. Celui lui avait permis de se tirer bon an mal an d’à peu près toutes les situations gênantes, mais sans jamais réussir brillamment à se faire remarquer. A l’école, un peu paresseux, il avait réussi à avoir de bonnes notes car il avait de la chance en choisissant les sujets sur lesquels ne pas faire l’impasse. A l’université il avait eu la chance d’être là au bon moment lorsqu’un poste s’était dégagé, alors qu’il n’était qu’un étudiant moyen. Et il menait une petite vie tranquille en profitant de quelques coups de chance bien placés de temps en temps. Gaudriel avait bien essayé de le pousser au début, mais son client était trop paresseux. Le plus grand raté avait été quand le jeune homme avait rencontré par hasard un grand professeur en voyage dans son pays et avait pu lui parler pendant un quart d’heure, alors que c’était un homme injoignable en temps normal. Malheureusement ce jour-là le jeune homme n’avait rien préparé et le professeur était reparti en ayant l’impression d’avoir croisé un étudiant sympathique mais sans intérêt.

La fille était un peu le contraire du garçon mais le résultat n’était pas meilleur. Elle était remarquablement intelligente, à la limite du génie, mais elle n’avait aucune chance. Il ne lui arrivait que des catastrophes et cela l’avait très souvent empêchée de réussir à gravir des échelons. Elle ne devait sa réussite moyenne qu’à son intelligence qui lui avait permis de réussir même quand elle n’avait pas de chance. Gaudriel se rappelait encore le jour où elle avait rendez-vous avec un professeur important pour lui exposer ses nouvelles théories, ce qui aurait dû la propulser à un poste important, et où elle avait raté son train, cassé son talon et perdu son portefeuille. Malgré tous ses efforts, Gaudriel qui avait arrangé le rendez-vous n’avait pas pu rattraper le coup. Le professeur était parti à l’étranger juste après et l’occasion ne s’était plus représentée.

Notre histoire commence un lundi matin. Gaudriel était assis au bar du Paradis à voir un peu d’hydromel sans alcool quand il surprit une discussion entre deux archanges, à la table voisine. Il était question d’une clé qui permettait d’ouvrir le Registre des « clients » et de forcer une rencontre entre deux clients même si elle n’avait aucune chance de se produire. Les archanges débattaient du bien fondé de cette démarche. Etait-ce moral ? Quand fallait-il le faire ? Quelles pouvaient être les conséquences ? Gaudriel écoutait fasciné. Au moins il avait appris quelque chose. Il était encore en train de rêver à tout cela quand les deux archanges quittèrent le bar. Et Gaudriel mit quelques minutes à réaliser qu’ils avaient oublié quelque chose sur la table : une clé !

Gaudriel sut tout de suite de quelle clé il s’agissait et son sang ne fit qu’un tour. Il regarda vers la porte et enfourna d’un seul geste la clé dans sa poche. Puis il courut vers la salle du Registre et l’ouvrit avec la clé. Ca marchait ! Alors il ajouta rapidement un petit symbole en face de chacun de ses clients - le symbole de la rencontre - puis il referma le registre et revint dans le bar. Tout cela avait duré quelques secondes, mais à peine Gaudriel eût-il reposé la clé sur la table que l’un deux archanges revient en courant dans le bar et reprit la clé. Il était visiblement très souriant et soulagé que la clé fût encore là. Il jeta à peine un regard à Gaudriel, car ce n’était après tout qu’un ange de troisième catégorie, avant de ressortir.

Gaudriel soupira aussi. Il ne savait pas ce qui allait se passer mais il pensa que la situation ne pouvait pas être pire qu’avant. Il se remit donc à observer ses deux clients pour voir ce qui allait se passer...

Le jeune homme venait de gagner à une loterie organisée par son université pour un voyage à New-York et il préparait déjà ses bagages. La jeune fille venait enfin de voir accepter son article pour le grand congrès international à New-York et elle préparait ses bagages. Gaudriel se frotta les mains. Tout se passait bien. On verrait ce qu’on verrait !

Et ce qui devait arriver arriva naturellement, puisque le grand registre ne peut pas avoir tort. Le jeune homme et la jeune fille se rencontrèrent dans le bus qui les amenait au centre-ville. Ils étaient assis l’un à côté de l’autre, et malgré le fait qu’il n’y eut exceptionnellement aucun embouteillage ce soir-là, ils eurent assez de temps ensemble pour tomber éperdument amoureux l’un de l’autre. Ils étaient prévus dans le même hôtel de toutes façons et leurs trois premiers jours ensemble furent comme un conte de fées. Ils ne voyaient que les yeux de l’autre et le monde entier semblait tourner autour d’eux. Ils visitèrent leur chambre de fond en comble et New-York un peu.

Puis le quatrième jour, la jeune fille devait faire sa présentation et le jeune homme l’accompagna. Elle pensait que cela allait mal se passer, comme d’habitude et elle avait même prévu une paire de chaussures de rechange au cas où. Mais tout se passa bien. Tout se passa encore mieux que bien. Comme si son intelligence à elle et sa chance à lui se combinaient pour produire une symbiose parfaite. Elle fut acclamée après sa présentation si innovante et la chance voulut que les plus gros industriels du pays étaient dans la salle. Et comme le jeune homme posa une question parfaitement juste et à point nommé, il fut pris dans le même cycle de réussite.

Un mois après, ils étaient non seulement mariés, mais installés dans une superbe maison près du campus de la meilleure université américaine. Tous les professeurs venaient leur demander des conseils sur tous les sujets et ils répondaient toujours juste. En quelques mois, les médias ne parlèrent plus que d’eux : ils étaient jeunes, beaux, intelligents, chanceux et incroyablement justes dans toutes leurs déclarations. Six mois après, ils furent élus à la présidence et à la vice-présidence du pays avec un score phénoménal, et ils se mirent tout de suite à réformer le pays et à discuter avec toutes les autres puissances mondiales.

Ces quatre années de pouvoir sont restées dans toutes les mémoires comme le mandat d’or, la renaissance moderne, le début de l’Humanité unie. Depuis cette période, rien n’est plus comme avant. Pour personne.

Pour Gaudriel non plus d’ailleurs. Il se souvient encore du jour de leur élection. Il se frottait les mains en calculant le nombre de jours avant sa promotion - certainement directe comme ange de première classe, ou même comme archange - quand les gardiens d’anges étaient venus l’arrêter au bar. Son procès avait été expéditif et il avait été renvoyé sur Terre pour (re)faire ses preuves. Il avait été doté des caractéristiques contraires à celles de ses deux clients : il n’était ni intelligent ni chanceux ! Il avait bien essayé de les approcher pour leur demander de l’aide, mais personne n’avait laissé s’approcher du couple merveilleux un homme aussi miteux. Et Gaudriel passait son temps au bar du coin, à siroter ses verres de rouge. Le seul avantage de sa situation en tant qu’ange déchu était qu’il ne pouvait devenir saoul. Alors il buvait, il buvait. C’est un soir, alors qu’il sortait du bar après une énième soirée arrosée qu’un autre ivrogne alluma une cigarette et que Gaudriel s’embrasa spontanément tellement il était gorgé d’alcool. Quand il arriva au Ciel, les archanges le regardèrent et eurent pitié de lui. Il redevint ange-gardien, mais de quinzième classe, en attendant mieux. En tous cas Gaudriel comprit la leçon et ne mit plus jamais les pieds au bar du Paradis.

Cette histoire remonte à longtemps. Peut-être que depuis, Gaudriel est passé à la classe supérieure ?

samedi 14 février 2015

Saint-Valentin

Et si ce blog devenait un blog basique aujourd’hui (seulement) grâce à la Saint-Valentin ? Et si le sens du mot blog redevenait clairement un journal personnel en ligne, un peu comme le journal de bord d’un capitaine au long cours surfant sur les vagues d’un Internet agité de courants en tous sens ? Et si j’y parlais de choses personnelles, qui n’intéressent évidemment personne ? Et si j’y abordais un sujet tellement personnel qu’il ne peut interpeller aucun de mes lecteurs habituels ?

La difficulté est que ce blog est écrit de manière anonyme, pour éviter de fondre les multiples identités de l’auteur entre elles et pour éviter de parasiter les billets écrits avec une réalité personnelle et professionnelle qui n’a pas sa place en ligne, ou en tous cas que je juge telle. Alors, comment parler de choses personnelles quand on est anonyme ? Il faut bien soulever un (petit) coin d’un voile, sinon cela reste intellectuel, non ? Donc je me lance, sur un sujet personnel et dans l’air du temps.

Je suis amoureux.

C’est la Saint-Valentin et malgré le fait que cela ne soit pas vraiment dans ma tradition personnelle, j’ai envie de clamer mon amour pour ma femme. Elle enchante mes instants, elle me fait sourire et réfléchir, pleurer et rire. Elle occupe mes pensées aux moments les plus surprenants. Elle m’éduque.

Elle me manque aussi. Surtout à ce moment précis. Il est difficile d’écrire un tel billet à propos de la femme que vous aimez, alors même qu’elle est dans une autre pièce de la maison, et de na pas se précipiter dans ses bras pour un câlin. La femme que j’aime est toujours avec moi, consciemment ou non. Mais quand la nécessité de la prendre dans mes bras me prend, comme en ce moment en écrivant un tel billet, je ne dois pas résister. D’ailleurs, résistez-vous quand cela vous prend ? Quand vous avez une bouffée d’amour comme ça ? J’espère bien que non !

Excusez-moi, je reviens dans un instant...

C’est fou ce que quelques points de suspension peuvent faire, évoquer et dire. Le temps se suspends tout seul quand on le veut. Le temps des amoureux n’est pas le même que celui des autres. Il se dilate et se contracte au gré de nos états d’âme.

Je sens que mon corps grandit quand je la vois, ma femme. Je sens mon coeur et mes poumons enfler (et je ne parlerai pas du reste, c’est au-delà de mes limites de blogueur). Je sens que mon coeur veut pousser les limites de la cage où il est enfermé et que l’air dans mes poumons se dilate dans la chaleur de sa présence. Vous aurez deviné que je suis nul en anatomie mais le coeur n’a rien à voir avec le coeur. Et pourtant, c’est physique aussi.

Elle lira ou pas ce billet. Je ne sais pas. Je l’écris pour moi et pour les autres amoureux. Restons amoureux et ne pensons pas que le reste peut dépasser ce sentiment. Il y a d’autres formes d’amour évidemment qu’avec son âme soeur. Et toutes les formes d’amour nous donnent envie de sortir de notre corps et d’aspirer le monde. Toutes ces formes ne sont pas en train de se faire concurrence. Elles coexistent. Ceux qui n’arrivent pas à les vivre simultanément ne connaissent pas la joie de l’amour pur. Mais en ce jour de Saint-Valentin, c’est l’amour pour ma femme qui compte le plus.

Elle est si belle... Et elle m’aime ! Quelle chance !!!

Bonne chance à vous, mes chers lecteurs.

vendredi 13 février 2015

Information en continu : on continue ?

Décision forte du CSA hier à propos de la couverture des massacres de la Saint-Charlie par les chaines information, continue ou pas. Et grosse levée de boucliers des médias concernés.

Le CSA a officiellement critiqué la divulgation par les programmes en temps réel d'informations qui auraient pu mettre en danger des vies (d'otages et de forces de l'ordre) ou faire capoter des opérations en cours. Tous ceux qui ont passé des heures scotchés devant leurs télés et radios pendant ces 3 jours en janvier se souviennent du flot ininterrompu d'images et d'informations, dont certaines étaient visiblement déplacées : des journalistes se plaignant qu'on les empêche de filmer et de diffuser tout en direct, des caméras cachées pour être les premiers à montrer avant l'autre chaîne une image quelconque... Le simple spectateur était forcément choqué par ce traitement à l'américaine sans retenue... tout en étant fasciné comme un papillon par une ampoule.

Le CSA attaque plusieurs points en particulier, notamment sur les prises d'assaut "simultanées" lors des deux attaques finales contre les deux groupes de terroristes. Il insiste sur le principe de précaution et sur la capacité à conduire des opérations violentes sans avoir en plus à devoir détourner de l'énergie pour empêcher des divulgations intempestives. Il parle aussi des mentions d'otages cachés à l'insu des terroristes, ce qui pouvait mettre leur vie en danger.

Les journalistes et les médias défendent le droit absolu à l'information même en temps réel et la concurrence avec les autres médias (étrangers, sites Internet et réseaux sociaux principalement) qui ne ressortent pas de la responsabilité du CSA.

Il y a là un débat de fond sur la liberté de la presse, encore une fois, et les conflits quand ce droit en rencontre d'autres, comme le droit à la sécurité. Chacun y va de ses opinions politiques, déontologiques. Certains crient au loup. Autant ces questions sont abstraites quand on parle de choses lointaines, autant elles sont très concrètes lorsque cela se passe au plus près de chez vous avec vos médias habituels en ligne.

Le direct est un art difficile. Il apporte un plus indéniable dans beaucoup de situations, et il peut être nuisible dans d'autres. Les écoles de journalisme apprennent à traiter ce genre de situation, et les discussions au sein des rédactions sont certainement passionnées sur ces sujets. Mais lorsque les médias choisissent de privilégier leur audimat, pour s'en vanter, au mépris du reste on ne peut que se poser des questions. Certains journalistes haussent le sourcil quand des citoyens normaux en parlent, comme si leur métier les autorisait à être les seuls à pouvoir en parler. Comme si les autres étaient illégitimes pour en parler, dans une logique corporatiste évidente. Encore moins quand il s'agit de blogueurs non journalistes. Il est un fait que les déclarations à l'emporte-pièce se multiplient sur ce type de sujet, avec force effets de manche.

On nous parle d'une réalité médiatique qui s'impose, entre les chaînes en continue, Internet et les tweets, avec une course de facto à l'échalote l'info, qui est installée et donc devenue incontournable. On nous parle du devoir d'informer (et des droits qui vont avec). On nous parle de l'objectivité de l'image et des faits par rapport à la relativité des commentaires en direct ou en différé. Tout cela est bien beau, mais c'est oublier la quantité impressionnante de manipulations autour de l'image et l'importance des écarts temporels en situation de crise. D'ailleurs la plupart des chaines de télévision imposent maintenant quelques secondes de délai entre le direct enregistré par une caméra et le direct visible sur le poste de télé, pas seulement pour des raisons techniques, mais également pour pouvoir couper une scène si elle est trop déplacée. Ce recul est important pour leurs clients, mais l'info en continu semblerait y échapper ?

On a beaucoup parlé des quarante ans de TF1 il y a peu. Les incidents à l'époque devaient être traités avec plus d'intelligence puisque la technique n'était pas la même qu'aujourd'hui, et l'effort portait sur l'analyse plus que sur l'instantané, relativement peu présent encore à l'époque. Mais on ne refait pas l'Histoire. Alors justement :

Autant il y a un peu plus d'un mois tout le monde avait été choqué par le traitement médiatique des traques aux terroristes, autant un mois plus tard les journalistes ont oublié ces dérives et se sont rabattus sur des déclarations de principe générales. Pourtant les journalistes et les médias ont raison sur la liberté d'expression et d'information. Qu'ils en parlent un peu à d'autres plutôt, afin de reformuler leurs critiques, au lieu de rester en circuit fermé entre eux. Le rôle d'un gendarme, comme le CSA, est de verbaliser en cas d'écarts. Un peu d'auto-critique de la part des chaînes ne ferait pas de mal... à moins que seule la peur du gendarme soit efficace, et même si ce gendarme a un mandat limité et qu'il ne peut pas intervenir sur tous les médias. Le CSA répète par exemple que les radios et les télés ont un rôle accréditant quand elles parlent d'une information - plus que les médias internet ou les réseaux sociaux quand ils parlent de la même chose. Il n'y a pas d'information objective, sans connaître sa source et sans une "autorité" pour la délivrer. Et ceci est vrai non seulement pour les journalistes qui les donnent, ces infos, mais aussi pour les personnes interviewées, dans la rue ou sur un plateau, et qui eux peuvent dire n'importe quoi sans aucune déontologie professionnelle.

Autant de questions à penser à froid, car quand on est au milieu d'une crise urgente, on n'a plus le temps de penser.

jeudi 12 février 2015

Les avoirs numériques en cas de décès

Vaste question juridique sur laquelle les avis des experts divergent (évidemment, comme toujours en matière juridique, sinon comment les avocats s’enrichiraient-ils ?)

Que deviennent vos avoirs numériques après votre mort ? Comment les héritiers peuvent-ils en profiter ? De qui sont-ils la propriété ?

Facebook apporte enfin, après des années de débats, un début de réponse. Désormais, tout titulaire d’un compte pourra désigner un « légataire » qui aura le droit de prendre le contrôle d’une partie de son compte après sa mort, pour annoncer la mort, des funérailles, des cérémonies, ou recueillir des messages de soutien et de condoléances par exemple.

Ce n’est pas une question oiseuse, car personne ne lit jamais les conditions d’utilisation de ces services, alors qu’elles sont très strictes. Seule la personne titulaire du compte y a accès normalement et elle doit déclarer sa vraie identité. Prévoir sa propre mort en laissant ses codes d’accès à ses héritiers pour qu’ils puissent se connecter à votre place ne suffit donc pas puisque ces services peuvent légitimement vous interdire l’accès au compte s’ils apprennent que le titulaire est décédé, ou qu’il s’agit d’un autre utilisateur qui a pris sa place. Comme toujours, on ne pense à ça que trop tard.

La réponse de Facebook est en réponse à de nombreuses protestations et compatible avec le vieillissement du service qui est de moins en moins couru par les très jeunes (qui ne pensent pas à la mort) et de plus en plus par les vieux... Pour mémoire à 30 ans on est déjà vieux pour un jeune.

Plus largement, la question reste ouverte. La personne qui a stocké dans le nuage des milliers de photos ou de documents ne peut les récupérer que si son compte est actif. Idem pour ses héritiers, si tant est qu’on sache qui ils sont. Or aujourd’hui, une part de plus en plus importante de nos avoirs est sous forme numérique et stockée sur des services externes et le nuage, grâce à des comptes créés un peu partout. Il y a une dimension émotionnelle - pour les proches - mais aussi patrimoniale - pour les historiens, documentalistes et personnes célèbres ou remarquables.

Un utilisateur standard crée des dizaines de comptes sur plusieurs services, tous avec des conditions d’utilisation différentes. La mémoire de tous ces comptes peut tomber dans l’oubli après le décès. C’est certainement souhaitable pour certains comptes mais pas pour tous. Les techniciens ne se sont pas intéressés à ces questions car la culture de l’éphémère est très répandue chez eux. Après tout 99,99% des gens croient qu’il suffit de copier quelque part ses codes d’accès pour que les autres les trouvent après un accident.

Le virtuel est encore plus virtuel que la mort. On y croit moins encore. Pourtant la proportion de notre vie qui se déroule dans ces mondes virtuels est de plus en plus grande. Et à force de semer des bouts de vie un peu partout, il devient de plus en plus difficile de les rassembler dans un tout cohérent. Les spécialistes parlent d’une crise de l’identité. Nous avons plusieurs identités en fait, qui se complètent suivant les environnements. Et les identités virtuelles mènent une vie à part des autres. Les héritiers de ces identités sont d’un nouveau genre. Tant qu’ils ne sont pas virtuels eux-mêmes !

Tous les joueurs de jeux en réseau le savent. Leurs avatars ont des vies à eux. Et donc des morts à eux aussi, même si la plupart des joueurs refusent l’IRL (la vraie vie, In Real Life) et surtout le mélange des vies. Facebook est plus soft que les jeux en réseau, mais les mêmes questions s’y posent. Face aux marchands du temple virtuel, une nouvelle éthique est à inventer et il est paradoxal que Facebook soit leader dans ce domaine...

mercredi 11 février 2015

Une Cour sachant compter compte beaucoup pour nous

Le rapport 2015 de la Cour des Comptes est disponible. Revue de détail. Les 53 documents - pas moins - sont disponibles ici sur le site officiel.

Les médias parlent des sujets grand public, comme le MUCEM à Marseille, les transports, l'eau par exemple.

Quelques perles intéressantes dans les domaines universitaires et international, pour ceux qui aiment les enfiler :

Les universités franciliennes sont montrées du doigt, autour de leurs grands chantiers d'infrastructures. Jussieu et son désavantage/démontage/remontage n'en finit pas. La Cour parle d'un "chantier interminable au coût croissant", ce que tous les riverains confirmeront. Le fait de ne pas avoir budget la rénovation des "Barres de Cassan" est reconnu comme une vraie déficience. Ce sont ces immeubles délabrés qui longent les quais et qui ressemblent plus à Alep (sans les trous de bombes quand même) qu'au coeur du quartier latin à Paris. L'établissement public qui gère cette réhabilitation à Jussieu en gère d'autres à Paris mais également dans le sud de Paris sur le plateau de Savlay notamment, et le moins qu'on puisse dire est que tout cela manque de coordination et de planification stratégique. Ah bon ? Les universités franciliennes ne sont pas coordonnées malgré les communautés créées ou en voie de consolidation ? Surprise !

Dans le domaine de la recherche (au sein des universités mais également des grands organismes de recherche) le constat est sévère sur la prise en compte des chercheurs : "Les mesures récentes ont permis d’améliorer les conditions d’accueil des post-doctorants (I) mais le recrutement des chercheurs statutaires est toujours déconnecté des priorités stratégiques nationales (II). Elles n’ont eu qu’un faible impact sur le déroulement de carrière des chercheurs (III) et ont produit des résultats contrastés sur leur rémunération (IV)." J'aime l'expression "déconnecté des priorités stratégiques nationales" : Ecoutez ce que je dis, mais faites autres chose, de toutes façons personne ne contrôle... Ah zut, il y a la Cour des Comptes !!!

Les oeuvrent universitaires (les CROUS) prennent le plus gros marron dans la figure. En gros c'est un système bâti il y a 50 ans et qui doit être revu en profondeur, alors que le nombre d'étudiants à accueillir a presque été multiplié par 10.  Le document "Le réseau des œuvres universitaires et
scolaires : une modernisation indispensable" est plutôt violent et à déguster au RU avec beaucoup de ketchup (en sachet). Je ne résiste pas au plaisir de vous livrer les recommandations de la Cour et je vous encourage à lire les réponses au rapport, des ministères concernés, de la CPU, du CNOUS et d'une farandole de desserts de CROUS locaux :

Les CROUS peinent à s’adapter aux nouveaux rythmes universitaires et l’ organisation en réseau ne garantit pas un égal traitement des étudiants sur le territoire. Le contrôle d’assiduité, qui est la contrepartie du bénéfice des bourses, est notamment conduit de façon inefficace et inéquitable.
En matière de logement étudiant, les CROUS ont développé leur parc mais l’offre est insuffisante et mal répartie et l’équilibre financier de cette activité reste fragile. La restauration universitaire est devenue une prestation coûteuse, dont le déficit s’accroît. Le cadre national de gestion des personnels ouvriers n’est plus adapté au caractère cyclique de la restauration, et conduit les CROUS à créer des emplois précaires.
À long terme, seule une meilleure implication des établissements d’enseignement supérieur et de leurs groupements peut conduire à l’élaboration d’une conception globale des services rendus aux étudiants sur un même territoire.
Le déficit de la restauration et l’équilibre fragile de l’hébergement nécessitent toutefois des réformes structurelles à court terme. Ces constatations conduisent la Cour en conséquence à formuler les recommandations suivantes :
1 réformer la définition et la mise en œuvre du contrôle d’assiduité des étudiants boursiers ;
2 concentrer les nouvelles constructions de résidences universitaires sur les zones déficitaires ;
3 revoir les relations contractuelles avec les bailleurs sociaux pour assurer l’entretien du patrimoine ;
4 fermer les installations d’hébergement et de restauration trop peu fréquentées ;
5 assouplir le cadre de gestion des personnels ouvriers ;
6 fusionner les CROUS d’ Île-de-France.

Enfin, dans un autre domaine :

Le Ministère des affaires étrangères s'est fait épingler pour sa gestion approximative des travaux et de son parc  immobilier. L'opération qui visait à recentrer sur le palais du Qaui d'Orsay et surtout sur l'ancienne imprimerie nationale, rue de la Convention, n'est pas brillante, mais cela remonte à longtemps. Le rapport parle par exemple de cette anecdote de 2008 - en plein époque du bling-bling sarkozien : "Un autre exemple concerne le site de Convention. Le ministre des affaires étrangères, à l’occasion d’une visite sur ce chantier, le 29 janvier 2008, a demandé que soit créé un restaurant « club » pouvant accueillir 50 personnes, sur une surface de 140 m2 attenante au centre de conférence. Cette infrastructure a coûté près de 640 000 €." Le ministre était un certain Bernard Kouchner. De manière plus prospective, tout prend du temps dans ce ministère qui est réformé tous les quatre matins. Le plan de regroupement des services n'est toujours par réalisé plus de 4 ans après l'échéance fixée. La Cour suggère de sous-traiter la maîtrise d'ouvrage, puisque le Ministère en serait incapable. Etranges affaires étrangères...

mardi 10 février 2015

Paris : un cas d'école pour les lobbies automobiles

On se croirait en plein dans les années 80, avec le retour en force des lobbies sur tous les sujets. Alors même que l'information est de plus en plus décrédibilisée, les lobbies représentent une force de plus en plus visible, par un mouvement classique de vases communicants.

Le débat porte sur la pollution à Paris et les moyens de lutter contre elle. Le constat est clair et tout le monde s'entend sur la pollution et le risque pour la santé : risque immédiat mais aussi à long terme pour les personnes y habitant ou y travaillant ; risque par rapport à la lutte contre le changement climatique et les émissions de gaz à effet de serre, en cette année 2015 où la France et Paris veulent donner l'exemple avant la COP21 de la fin d'année que beaucoup espèrent être un pierre blanche sur la longue route des négociations internationales.

Vous vous souvenez certainement des débats d'il y a quelques années où les "climato-sceptiques" s'opposaient farouchement à l'idée qu'il puisse y avoir une cause humaine sur le réchauffement de la planète. Beaucoup de scientifiques et de politiques combattaient contre la possibilité de causes humaines. On peut dire qu'il y en a de moins en moins chaque jour et que presque aucune grande voix aujourd'hui n'ose plus soutenir cette cause perdue. Les arguments invoqués étaient nombreux et les lobbies influents. Chacun disait que les autres étaient plus coupables que lui : les automobiles moins que les camions, les camions moins que les industries, les industries moins que les agricultures, les agricultures moins que les vaches, les vaches moins que les automobiles...

Les politiques fluctuent (mais ne coulent jamais comme on dit à Paris) et proposer un plan anti-pollution est un exercice de plus en plus difficile, face aux manifestations qui bloquent les rues (des camions ou des taxis en général car les parisiens asthmatiques ne savent pas bloquer les rues).

Lundi, Anne Hidalgo a donc fait voter par le Conseil de Paris son plan anti-pollution : Quelques détails ici sur un site spécialisé et pro-automobiles, ou ici le plan complet sur le site officiel de la Ville. Le plan prévoit l'interdiction des véhicules les plus polluants dans Paris intra-muros, mais il semble que le périphérique soit considéré comme juste hors de Paris sur ce coup. C'est toujours le problème des frontières : un coup elles sont dans le territoire, un coup elles sont juste en-dehors. Saviez-vous par exemple que les fameux filtres à particules sur les véhicules diesel ne sont obligatoires que sur les véhicules immatriculés après 2011 (trois ans seulement ???) et que ce plan justement vise à privilégier ces véhicules récents.

Les lobbies automobiles ont réagi vertement (euh, en fait pas du tout vertement, plutôt sur le mode rouge saignant et polluant). Un exemple ici avec un article sur Challenges.fr écrit par un journaliste automobile spécialisé. Je vous laisse lire cet article et juger de sa bonne ou mauvaise foi. C'est un vrai cas d'école ;)

Les observateurs politiques remarqueront que l'UMP n'a pas voté le plan qui est passé grâce à la gauche et à ses alliés temporaires sur le sujet, les verts notamment. Certaines voix s'élèvent à l'UMP pour dénoncer le vote politicien du groupe UMP parisien, contre l'intérêt des habitants. Mais qu'ils n'oublient pas les élections départementales puis régionales cette année. L'intérêt général est rarement prioritaire en pleine année électorale.

Et à gauche des voix s'élèvent également, cette fois issues des départements voisins de la région. Les banlieusards et les élus de gauche qui les représentent s'inquiètent des conséquences pour eux : comment bien revendre une voiture polluante qui ne pourra plus rentrer à Paris ? comment ne pas avoir une région à plusieurs vitesses avec un Paris protégé et pas le reste des communes ?

La résistance au changement - climatique, environnemental ou comportemental - reste une caractéristique essentielle des systèmes complexes. Le triangle pollueur-pollué-régulateur est l'un des systèmes les plus complexes dans lequel les rôles de chacun sont flous. Paris, après des mois de fluctuat nec mergitur a décidé d'agir. Tiendront-ils bon ?

Il n'y a pas que le diesel dans ce plan anti-pollution, évidemment, et beaucoup d'autres aspects sont traités, mais toute cause a besoin d'un héraut et d'un héros. Depuis toutes ces dizaines d'années où la France s'est tournée vers le diesel comme LA solution, il est normal de se focaliser sur cet aspect. Le lobby passé des constructeurs automobiles français (PSA principalement) a été très puissant pendant des décennies. Saura-t-il évoluer (tout en restant un lobby) ?


lundi 9 février 2015

Fuites suisses : Hen Suisse Banquiers Chocolats

Publication par le Monde et une cinquantaine d'autres médias internationaux des résultats d'une enquête journalistique sur les comptes bancaires en Suisse. SwissLeaks à ne pas confondre avec LuxLeaks au Luxembourg. Un autre paradis fiscal avec d'autres habitudes.

Il y a quelques perles dans les listes de détenteurs de comptes numérotés en Suisse. On en relèvera deux seulement :

Gad Elmaleh qui nous a choqué avec ses pubs pour LCL, la banque qui le fait rêver et pour lequel il souhaite n'être pas qu'un numéro - comme chez HSBC suisse ? Depuis peu il a été remplacé par d'autres acteurs mais avec les mêmes textes. Ceux qui croient à ce que raconte la pub peuvent se remettre en question : oui, la pub raconte des craques. Oui les riches acteurs peuvent être cons aussi, il n'y a pas que des pauvres cons. Evidemment en ce qui le concerne les sommes sont faibles - dit-il - car on ne dépasse pas les 100 000 euros sur la période considérée, il y a 7 ans et pendant quelques mois seulement. Cent mille euros ? C'est rien, non ?

Le roi du Maroc est un autre cas intéressant. Là les montants sont plus élevés, mais on est dans un domaine tabou. Il est interdit au Maroc de dire du mal du Roi et c'est un tabou largement respecté. Soit on n'en parle pas, soit tout ce que fait le roi est bien. Planquer de l'argent en Suisse c'est donc bien puisque le roi le fait, non ? Dans d'autres pays personne de doute que les dictateurs et autres politique omnipuissants planquent de l'argent un peu partout et pas seulement en Suisse. C'est tellement évident partout ailleurs. Ensuite chaque pays a sa justice, plus ou moins efficace et ses lois qui protègent plus ou moins différentes catégories de personnes. Tout cela tombe par hasard le jour où le Roi vient à Paris pour se réconcilier avec la France, sur le front diplomatique. Passera-t-il aussi par Genève ? Non évidemment, il n'a pas besoin de se déplacer pour cela.

Au-delà de ces deux exemples très différents, il y a quantité de patrons et de riches hommes et femmes d'affaires, ainsi que d'anonymes qui auraient bien aimé le rester. Mais il y a surtout une forme de journalisme de plus en plus efficace qui se met en place.

Lorsque le Monde a récupéré les données, il est apparu très vite qu'il y en avait trop et qu'elles étaient trop internationales pour être traitées par les quelques journalistes du Monde. Le choix de passer par ICIJ et de partager les données avec d'autres médias tout en réussissant à farder le secret pendant des mois est une forme de révolution dans la pratique de leur métier par les journalistes. On n'en est plus au Watergate et à un traitement par deux journalistes. On est à l'heure du Big Data version information journalistique.

Pour se cacher on sait qu'il existe deux grandes familles de solutions : soit bien se cacher avec des mécanismes complexes difficiles à détricoter, soit se fondre dans une masse de gens qui sont dans la même situation en se fondant dans la masse et en espérant ne pas être visible. Le métier de journaliste évolue donc vers des techniques pour débusquer les secrets dans ces deux grandes catégories. C'est l'enseignement à tirer de ce type d'affaires qu'on imagine devoir être de plus en plus fréquentes à l'avenir.

En quoi les méthodes journalistiques deviennent-elles alors différentes de celles de la justice ? Elles ne reposent pas sur les mêmes principes déontologiques ni publics, elles ne cherchent pas à prouver les mêmes choses, elles n'ont pas le même rythme ni les mêmes calendriers... mais elles sont de plus en plus complémentaires. Le secret de l'instruction est d'ailleurs de moins en moins secret. Et les prévenus se défendent. Les uns en disant que tout a été "magiquement" réglé entretemps, les autres en clamant que l'argent était là avant et qu'ils n'en ont pas profité - merci l'héritage en or - et enfin les banquiers de HSBC (maison mère à Londres) en accusant les listings d'avoir été trafiqués et les listes manipulées, ce qui permet de se dédouaner facilement. Le maître mot semble donc être "responsables mais pas coupables"... Ca ne vous rappelle rien ?




dimanche 8 février 2015

Du temps de cerveau pour... Une nouvelle soixante neuf

Grisette n'en était pas une, mais elle était quand même très attirée par la chose. Elle était encore jeune mais elle avait déjà connu pas mal d'expériences sexuelles. Depuis sa plus tendre enfance, même, si on pouvait qualifier celle-ci de tendre. La vie n'avait pas été facile dans une famille particulièrement vulgaire à l'intérieur des murs du château, même si les apparences étaient sauves lors des rencontres entre nobles du pays. Grisette avait beaucoup souffert au début, mais ni plus ni moins que les autres filles du château. Comme elle était une princesse, on lui avait quand même épargné les pires outrages. Et elle s'était mise à aimer cela, surtout une fois qu'elle avait compris que son statut lui permettait d'infliger des sévices comparables à ses serviteurs.

Le royaume de Guermonde avait une très mauvaise réputation en dehors de ses frontières, et les familles nobles avaient du mal à trouver de bon partis en dehors du pays, tant la sulfureuse image de leurs rejetons s'était répandue à coups de scandales. Plusieurs fois le soldats guermondains avaient dû intervenir à l'étranger dans des missions commandos pour délivrer des princes et princesses du royaume emprisonnés pour des raisons diverses et toutes inavouables.

Mais Grisette aimait faire l'amour et elle avait envie de voir le monde. Les turpitudes nationales la lassaient un peu et elle souhaitait découvrir toutes les manies sexuelles de la planète. Seulement voilà, Grisette était encore trop jeune pour voyager. Personne ne la laisserait partir avant plusieurs années. Et Grisette enrageait.

Elle se grattait la tête un matin en cherchant un moyen d'évasion, accoudée à son balcon, quand elle remarqua dans la cour un nouvel arrivage d'esclaves sexuels. On est déjà le début du mois, se dit-elle ? Cela lui redonna un peu de courage. Peut-être y aurait-il là de la nouveauté ? Peut-être le temps passerait-il moins vite ? Elle regarda attentivement les enfants alignés en bas et eut la surprise d'y voir une fille qui lui ressemblait vaguement.

Alors Grisette eut une illumination. Elle se précipita dans la cour. Il était encore tôt et presque personne n'était là. Elle prit la fille par la main et l'emmena en un éclair dans sa chambre. Maintenant elles étaient toutes les deux l'une en face de l'autre et Grisette la dévisageait. Elle lui ressemblait vraiment. Grisette lui mit un doigt sur la bouche puis se mît à la déshabiller. Elle lui ressemblait vraiment ! Grisette profita d'elle et lui parla longtemps. La fille s'appelait Menue et comprit très vite où voulait en venir Grisette. Elle vit très vite les avantages d'un échange. Ça lui permettait d'améliorer nettement sa situation et si la princesse la voulait elle n'avait pas l'impression de profiter de la situation. Grisette lui expliqua tout ce qu'une princesse devait savoir et le soir venu, elle lui donna ses vêtements et la maquilla. La ressemblance était vraiment frappante. Elle se teignît les cheveux en brun et s'habilla en soubrette, l'un des nombreux déguisements qu'elle gardait dans son placard au cas où. 

La fausse princesse appela alors ses servantes et descendit pour la grande fête quotidienne, une bacchanale ordinaire au château. Grisette se glissa pendant ce temps en dehors des appartement royaux et réussit à sortir rapidement du château. Elle n'eut besoin de s'arrêter que deux fois en chemin : une fois pour les soldats du poste de garde qui la prirent et la prirent pour ce qu'elle était, une grisette de retour après une dure journée de labeur au palais, et une autre fois sur la route, avec un prince qui était en retard pour la fête et qui ne la reconnut pas. Il avait juste besoin d'une petite flagellation standard histoire de s'échauffer avant de rejoindre le roi dont il était le souffre-douleur attitré. Grisette prit soin de ne pas être trop experte pour ne pas se faire remarquer. 

Lorsqu'elle arriva au poste-frontière, on la laissa passer sans même la regarder. Les garde-frontières avaient l'habitude de voir des tas de gens d'un peu partout et ils étaient moins obsédés que les soldats du château. Grisette, devenue Menue, esquissa quelques pas de danse et se dirigea vers la ville la plus proche. Elle rêvait d'y aller depuis son plus jeune âge. Enfin ! Elle espérait qu'on ne s'apercevrait pas de sa disparition avant suffisamment longtemps pour qu'elle se soit bien amusée.

Mais quand elle arriva à la ville, il faisait déjà nuit et elle était bien fatiguée. Elle se trouva une écurie à côté d'une auberge et s'endormit rapidement dans la paille au-dessus des chevaux. Elle ne se souvint pas de ses rêves mais elle se réveilla toute fraîche. C'était le garçon d'écurie qui l'avait réveillée. Elle le regarda et le trouva très mignon. Ça commence bien, se dit-elle. Elle bougea un peu et poussa un soupir. En bas les bruits s'arrêtèrent. "Y'a quelqu'un ?" Dit une belle voix d'homme. Elle poussa un autre soupir et attendit. Grisette était déjà une experte et le résultat ne se fit pas attendre. Le garçon montait déjà l'échelle. En deux temps trois mouvements ils furent dans les bras l'un de l'autre, et en quelques minutes le garçon devint follement amoureux de Grisette. Rien d'étonnant pour elle, habituée à ce que tous les hommes la trouvent adorable ou en tous cas désirable. Ce garçon d'écurie était bien maladroit mais c'était charmant, se disait Grisette. Elle décida donc de rester un peu dans cette auberge.

Le soir même, elle couchait dans la chambre de l'aubergiste entre les deux proéminents propriétaires et le lendemain elle dirigeait l'auberge d'une main de fer. En trois jours elle eût transformé l'auberge en une maison de passe très chic et très courue. L'auberge fut vite connue dans le pays et sa patronne très recherchée. Grisette se faisait appeler Madame Grise et elle s'enrichit rapidement et racheta quantité d'auberges dans la ville qui devint vite la ville la plus riche du pays et la plus riche en lupanars.

Lorsque le roi du pays voisin s'annonca, curieux de toutes ces rumeurs qui lui échauffaient les oreilles et les sens, Grisette se frotta les mains. C'était le roi de son pays d'origine. Elle lui concocta un programme spécial dont elle était évidemment le couronnement, et lorsque le roi expira dans ses bras, elle eut un grand sourire. Ils étaient seuls. Elle le déshabilla et le jeta dans l'auge aux cochons, puis elle rentra subrepticement dans son château. Personne ne la vit et elle reprit sa place. L'autre fille protesta bien un peu car elle s'était habituée à sa fausse situation princière, mais Grisette la jeta dans les douves sans cérémonie. Puis elle se coucha.

Le lendemain le royaume était en ébullition. Le roi était mort a l'étranger dans des circonstances plutôt obscures. Grisette, en reprenant sa place, devenait ipso facto la nouvelle reine. Elle se fit rapidement couronner, déclara la guerre à ses voisins et envahit leur pays. Elle commença par la ville des lupanars et en profita pour épouser le garçon d'écurie. Ils eurent beaucoup d'enfants et d'amants. Grisette restera toujours dans l'Histoire comme la reine qui a répandu le sexe sur le monde. Sans elle nous ne serions pas ce que nous sommes aujourd'hui, n'est-ce-pas ? Alors, merci Grisette !

samedi 7 février 2015

Paris envahi, Paris frigorifié, mais Paris golo

C’est samedi et il y a un mois on ne rigolait pas avec les massacres de la Saint-Charlie.
Certaines personnes trouvent que cela suffit et qu’on en a assez parlé de leur point de vue. Un mois c’est court pourtant.

Que se passe-t-il à Paris ce week-end ? Dans cette capitale cosmopolite comme toutes les capitales ?

A Montmartre, les kilts ont débarqué. L’Ecosse à Montmartre est en pleine activité, comme tous les deux ans, lorsque l’équille écossaise de rugby vient défier la France au Stade d’icelle pour le tournoi des six nations. Ce matin parade et défilé de cornemuses, puis dégustation de produits régionaux - ne goûtez pas au Haggis sauf si vous aimez les tripes et la panse de brebis farcie. Ce soir à 18 heures, match, puis troisièmes et quatrièmes mi-temps avec force dégustation de scotch whisky. Tout un programme. On ne peut qu’admirer la force des supporters écossais en kilt sans rien dessous par un tel froid.

Un petit coup et ça réchauffe

A la Goutte d’Or on se prépare pour la finale de la CAN 2015 : Ghana contre Côte d’Ivoire. La petite finale est pour ce soir avec le pays organisateur dont les supporters ont été très encombrants et violents lors de la demi-finale. Une finale ange-francophone et 100% Afrique de l’ouest. Ambiance à prévoir dans les bars africains vers Château-Rouge. Paris, l’une des capitales d’Afrique.

Congelés ?

Porte de Versailles, ce week-end, le japon débarque avec le salon Paris-Manga. Des manga et des auteurs japonais mais aussi plein d’autres youtubeurs, acteurs et personnages déguisés, on dit du cosplay. Fréquentation jeune à prévoir avec force jeux vidéos et dédicaces. Ce n’est pas le plus grand ses salons japonais ou de jeu, mais ça vaut quand même le coup.
Il fait chaud !

Pas de célébration, mais la mort d’une immortelle de l’académie française, une algérienne, musulmane et romancière... Assia Djebar a quitté le quai Conti. Elle ne traversera plus le pont des Arts juste en faceet ne le verra pas sans cadenas, si l’action de NoLoveLocks continue à produire ses fruits. (Il y a un #NoLoveLocksDay sur Twitter et FB en ce moment pour la Saint-Valentin).


Beaucoup de nationalités donc. Et pendant ce temps à droite on essaye de se réveiller.

Marine le Pen considère qu’avec ses annonces pour une discrimination positive dans les banlieues, le gouvernement est raciste (contre les blancs on suppose) : Dites le contraire de la vérité et il en restera toujours des traces, c’est une technique bien connue et malheureusement efficace. Tout serait tellement simple s’il n’y avait que des blancs bretons en France !

A l’UMP on se déchire toujours sur le ni-ni et Sarkozy essaye de reprendre la main - qu’il a perdue haut la main - en attaquant le modèle d’intégration à la française, la loi de 1905 sur les cultes, et en prônant une assimilation généralisée, histoire de ne voir que des têtes blondes ou en tous cas d’interdire tout ce qui est anti-« sa vision ».

Alors, un week-end d’ouverture aux richesses du monde ou un repli identitaire à droite ?
Vous préférez quoi ?