mercredi 11 février 2015

Une Cour sachant compter compte beaucoup pour nous

Le rapport 2015 de la Cour des Comptes est disponible. Revue de détail. Les 53 documents - pas moins - sont disponibles ici sur le site officiel.

Les médias parlent des sujets grand public, comme le MUCEM à Marseille, les transports, l'eau par exemple.

Quelques perles intéressantes dans les domaines universitaires et international, pour ceux qui aiment les enfiler :

Les universités franciliennes sont montrées du doigt, autour de leurs grands chantiers d'infrastructures. Jussieu et son désavantage/démontage/remontage n'en finit pas. La Cour parle d'un "chantier interminable au coût croissant", ce que tous les riverains confirmeront. Le fait de ne pas avoir budget la rénovation des "Barres de Cassan" est reconnu comme une vraie déficience. Ce sont ces immeubles délabrés qui longent les quais et qui ressemblent plus à Alep (sans les trous de bombes quand même) qu'au coeur du quartier latin à Paris. L'établissement public qui gère cette réhabilitation à Jussieu en gère d'autres à Paris mais également dans le sud de Paris sur le plateau de Savlay notamment, et le moins qu'on puisse dire est que tout cela manque de coordination et de planification stratégique. Ah bon ? Les universités franciliennes ne sont pas coordonnées malgré les communautés créées ou en voie de consolidation ? Surprise !

Dans le domaine de la recherche (au sein des universités mais également des grands organismes de recherche) le constat est sévère sur la prise en compte des chercheurs : "Les mesures récentes ont permis d’améliorer les conditions d’accueil des post-doctorants (I) mais le recrutement des chercheurs statutaires est toujours déconnecté des priorités stratégiques nationales (II). Elles n’ont eu qu’un faible impact sur le déroulement de carrière des chercheurs (III) et ont produit des résultats contrastés sur leur rémunération (IV)." J'aime l'expression "déconnecté des priorités stratégiques nationales" : Ecoutez ce que je dis, mais faites autres chose, de toutes façons personne ne contrôle... Ah zut, il y a la Cour des Comptes !!!

Les oeuvrent universitaires (les CROUS) prennent le plus gros marron dans la figure. En gros c'est un système bâti il y a 50 ans et qui doit être revu en profondeur, alors que le nombre d'étudiants à accueillir a presque été multiplié par 10.  Le document "Le réseau des œuvres universitaires et
scolaires : une modernisation indispensable" est plutôt violent et à déguster au RU avec beaucoup de ketchup (en sachet). Je ne résiste pas au plaisir de vous livrer les recommandations de la Cour et je vous encourage à lire les réponses au rapport, des ministères concernés, de la CPU, du CNOUS et d'une farandole de desserts de CROUS locaux :

Les CROUS peinent à s’adapter aux nouveaux rythmes universitaires et l’ organisation en réseau ne garantit pas un égal traitement des étudiants sur le territoire. Le contrôle d’assiduité, qui est la contrepartie du bénéfice des bourses, est notamment conduit de façon inefficace et inéquitable.
En matière de logement étudiant, les CROUS ont développé leur parc mais l’offre est insuffisante et mal répartie et l’équilibre financier de cette activité reste fragile. La restauration universitaire est devenue une prestation coûteuse, dont le déficit s’accroît. Le cadre national de gestion des personnels ouvriers n’est plus adapté au caractère cyclique de la restauration, et conduit les CROUS à créer des emplois précaires.
À long terme, seule une meilleure implication des établissements d’enseignement supérieur et de leurs groupements peut conduire à l’élaboration d’une conception globale des services rendus aux étudiants sur un même territoire.
Le déficit de la restauration et l’équilibre fragile de l’hébergement nécessitent toutefois des réformes structurelles à court terme. Ces constatations conduisent la Cour en conséquence à formuler les recommandations suivantes :
1 réformer la définition et la mise en œuvre du contrôle d’assiduité des étudiants boursiers ;
2 concentrer les nouvelles constructions de résidences universitaires sur les zones déficitaires ;
3 revoir les relations contractuelles avec les bailleurs sociaux pour assurer l’entretien du patrimoine ;
4 fermer les installations d’hébergement et de restauration trop peu fréquentées ;
5 assouplir le cadre de gestion des personnels ouvriers ;
6 fusionner les CROUS d’ Île-de-France.

Enfin, dans un autre domaine :

Le Ministère des affaires étrangères s'est fait épingler pour sa gestion approximative des travaux et de son parc  immobilier. L'opération qui visait à recentrer sur le palais du Qaui d'Orsay et surtout sur l'ancienne imprimerie nationale, rue de la Convention, n'est pas brillante, mais cela remonte à longtemps. Le rapport parle par exemple de cette anecdote de 2008 - en plein époque du bling-bling sarkozien : "Un autre exemple concerne le site de Convention. Le ministre des affaires étrangères, à l’occasion d’une visite sur ce chantier, le 29 janvier 2008, a demandé que soit créé un restaurant « club » pouvant accueillir 50 personnes, sur une surface de 140 m2 attenante au centre de conférence. Cette infrastructure a coûté près de 640 000 €." Le ministre était un certain Bernard Kouchner. De manière plus prospective, tout prend du temps dans ce ministère qui est réformé tous les quatre matins. Le plan de regroupement des services n'est toujours par réalisé plus de 4 ans après l'échéance fixée. La Cour suggère de sous-traiter la maîtrise d'ouvrage, puisque le Ministère en serait incapable. Etranges affaires étrangères...

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