mardi 31 mars 2015

L'assemblée, c'est la santé, ne rien faire c'est la conserver

Journée Santé en France aujourd'hui, avec le début du débat sur le projet de loi sur la Santé à l'Assemblée Nationale, les médecins dans la rue et la publication de la charte pour une santé solidaire.
Episode douloureux des relations entre le gouvernement et certains professionnels de santé, dans un contexte où beaucoup se demandent si la France a encore les moyens de sa tradition de sécurité sociale. Un débat complexe car s'il y a un système aussi complexe que la santé en France, il faut venir m'en parler. Même l'éducation nationale est plus simple.

Parlons juste de cette charte pour une santé solidaire, proposée par une centaine de professionnels, d'universitaires et d'experts. Une manière d'essayer de faire avancer le débat en le sortant des affrontements dans la rue ou à l'Assemblée, avec des querelles qui deviennent vite politiques, surtout au sortir d'élections catastrophiques pour la gauche et avant un remaniement qui ne saurait tarder.

La charte pour une santé solidaire ne contient que 12 principes, quelque part au-dessus des objectifs du millénaire et à égalité avec les travaux d'Hercule. Mes commentaires en italiques.

1. Respect des droits des malades ; (un consensus général et qui montre bien que cette charte est un peu plus tournée vers les patients que vers les soignants)

2. Formation à la santé à l’école, au collège et au lycée ; (ah oui ! bien au-delà de la dissection en vidéo d'une moule ou de la présentation par la police des problèmes de sécurité)

3. Prévention et éducation à la santé tout au long de la vie en lien avec le médecin traitant ; (Un changement de rôle du médecin qui deviendrait formateur et accompagnateur ?)

4. Garantie d’un accès effectif à une médecine de ville universelle et au service public hospitalier ; (Ohla ! Attention au voeu pieux, car les mots garantie et effectif engagent fortement)

5. Accompagnement médical, médico-social et psychologique et éducation thérapeutique, en particulier pour les malades chroniques ; (importance de mélanger plusieurs types d'accompagnement alors qu'actuellement seulement certains sont disponibles sur la durée)

6. Droit à l’information sur la qualité des soins ; (ahah ! l'évaluation à 180° ? l'évaluation non seulement par les pairs et les organismes officiels, mais aussi par le public ? une révolution copernicienne)

7. Liberté de choix par les patients du médecin et de l’établissement de santé ; (une revendication de fond à relier avec la numéro 9)

8. Indépendance professionnelle et déontologique des praticiens et accès à des formes diversifiées de rémunération ; (comment remplacer l'argent des laboratoires privés pour à la fois assurer des revenus aux médecins et empêcher des dérives non éthiques...)

9. Liberté de choix du tiers payant par le patient dans le parcours de santé pour les soins remboursés par la Sécurité Sociale ; (satisfaire les médecins qui ne veulent pas du tiers payant - au coeur de la loi en discussion - et les patients qui peuvent se le permettre ?)

10. Sécurité sociale finançant au moins à 80% les soins pris en charge par la solidarité et à 100 % au-delà d’un plafond en cas de dépenses élevées restant à la charge du malade ; (changement de modèle pour les rapports entre sécu, mutuelles, assurances privées et patients ? Un jargon délicat à comprendre mais qui propose une répartition radicalement différente en insistant sur le mot solidarité)

11. Liberté de choix de la Sécurité sociale pour la protection complémentaire ; (donner une plus forte autonomie à la Sécu sur un sujet important pour la plupart des citoyens)

12. Equilibre obligatoire de l’assurance maladie solidaire dans la loi de financement de la sécurité sociale. (Ah !!! Enfin ! le rêve d'une sécu équilibrée, sans trou et avec un financement suffisant de toutes les parties prenantes ! Un peu ambitieux... mais il faut toujours l'être, non ?)

Exercice intéressant, quoiqu'un peu technocratique, mais qui permet au moins à tous les lecteurs de mesurer l'ampleur de la tâche pour avoir une sécu solidaire en France, pérenne et viable.

Et donc une santé de fer, comme les 126 ans aujourd'hui de l'ouverture de la Tour Eiffel en 1889 au grand public. Vive l'eau ferrugineuse ! Sans abus...


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