lundi 15 juin 2015

Paris-Le Bourget-Alger

François est aujourd'hui à Alger pour une visite éclair. Il en a profité pour publier une tribune dans le Quotidien d'Orant, proche du pouvoir. Lire ici cette tribune. Il y évoque rapidement le contentieux lié à la colonisation en disant notamment "l'amitié ne peut se construire que sur la vérité". Belle formule pour contenter l'opposition puisque le pouvoir en place ne parle plus vraiment de cette repentance française. On lira cette tribune par exemple pour mesurer la passion autour de cette question... c'est une opinion parmi d'autres naturellement.

Mais le coeur du débat est ailleurs : il s'agira de lutte contre le terrorisme dans la région, pour laquelle la France et l'Algérie sont de facto alliées dans le Sahara, au Sahel, au Mali et même en Lybie. Il s'agira également de l'invasion des migrants qui met l'Union européenne face à ses responsabilités, ainsi que tous les pays de "l'autre rive de la Méditerranée", comme si cette mer était plus un fleuve qu'une mer, ce qui permet d'oublier sa source, le Proche-Orient, là-bas, tout à l'est où le soleil se lève et où les conflits s'enlisent dans les sables. Tout cela à quelques jours du début du Ramadan, pas encore vraiment fixé pour certains.

Il sera question d'économie aussi. François écrit "De nombreux investissements sur les deux rives de la Méditerranée m'ont été présentés"... Reste à choisir lesquels privilégier, alors que les crédits publics des deux Etats baissent (eh oui, même en Algérie la rente pétrolière se tarit sans qu'on sache très bien où est passé le stock de dollars accumulé). Il y a plein de secteurs à développer. Par exemple, dans l'enseignement supérieur 100 universités accueillent 1,3 million d'étudiants. Peu de débouchés, des blocages pour la création d'entreprise, le e-commerce interdit et j'en passe. L'Etat algérien reste un Etat à l'ancienne, pas assez dynamique et ouvert. En plus, la maladie (déjà ancienne) de son président Boutef bloque les réformes. Peu de gens savent qui gouverne vraiment en Algérie. Mais on peut être certain que François les rencontrera, pas forcément en public au-delà de la photo convenue et attendue d'une poignée de mains entre deux fauteuils (l'un orné de velours, l'autre simplement roulant). C'est une visite de travail - un après-midi et une soirée en fait - et pour une fois pas de chef d'entreprise avec François. Une visite politique donc. On attend une annonce surprise justifiant l'importance de cette visite à ce moment précis. A suivre.

Pas de panique. C'était il y a deux ans et demi, déjà à Alger. Bouteflika était debout à l'époque.

Car le lundi matin même, François est au Bourget avant de s'envoler pour Alger. Il inaugure le salon du Bourget avec ses coucous et ses très gros avions. Airbus et les autres vendeurs français ou franco-quelque-chose espèrent de multiples contrats. Même Dassault et son Rafale. Après avoir été au Mans dans une voiture de course, on aurait pourtant aimé voir François dans un avion de chasse. Comme Poutine... euh, pas torse nu quand même. Et entre deux, il a quand même réussi à boire du vin - et non de la vodka - en inaugurant le Salon Vinexpo à Bordeaux, en pleine polémique sur la loi Evin.

Au moins en Algérie il ne boira officiellement pas de vin... Quoique...

Mise à jour, avec la photo de ce lundi, à compare avec celle du dessus : moins dynamique, non ?


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