jeudi 25 juin 2015

Pas de burn out chez les sénateurs

On dirait un titre de polar, du genre rififi chez les planqués, mais c'est la réalité pourtant. Le Sénat (de droite) vient de retirer du projet de loi sur le dialogue social un certain nombre de dispositions, dont celles introduites par le gouvernement. Parmi elles, les sénateurs ont choisi de ne pas considérer le burn-out et les autres maladies psychiques comme des maladies professionnelles. L'Assemblée devrait heureusement rétablir cette disposition lors du vote final, mais pour le moment on en est là.

Alors quelques réflexions autour de trois questions :
- Le burn-out c'est quoi ?
- Le Sénat c'est quoi ?
- Les sénateurs connaissent-ils le burn-out ?

- Le burn-out c'est quoi ?
Démotivation, sentiment d'échec, fatigues psychiques et physiques, douleurs physiques localisées... Le burn-out, sous ses différentes appellations, touche plusieurs millions de salariés (pas les patrons, notez bien). Identifiée récemment, cette maladie se développe rapidement et est de plus en plus souvent diagnostiquée. Elle entraîne plusieurs mois d'immobilisation. Pourtant peu aiment à en parler : les patrons, justement, considèrent soit que c'est du flan soit que c'est la faute de l'employé, rarement de leur faute à aux ; les employés eux souhaitent que cela ne se sache pas, car ils sont culpabilisés. La médecine du travail patine. Avant on parlait de stress, de dépression, de harcèlement. Un épuisement au travail doublé d'une hyperactivité pour compenser... sans être bipolaire. Pour en savoir plus sur les enjeux, lisez la tribune signée par une trentaine de députés (de gauche évidemment) dans le JDD il y a six mois.Un des problèmes principaux en matière de santé publique, c'est que c'est contagieux, puisque cela dépend grandement de la dynamique interne à l'entreprise ou à l'institution. La responsabilité des patrons est donc énorme à ce sujet. Et c'est vrai ailleurs aussi, pas seulement en France. Un vrai problème de société et de répartition des pouvoirs.

- Le Sénat c'est quoi ?
C'est la Haute assemblée, avec une majorité de droite maintenant et une moyenne d'âge à faire rêver les propriétaires de maisons de retraite. Le Sénat prend en général le contrepied du gouvernement, par principe puisqu'ils ne servent plus qu'à ça, ou presque. Ils sont très branchés technologie et publication en direct et en différé de leurs travaux, mais pour le reste de la société c'est différent. Les patrons sont opposés à ce qu'on alourdisse les mesures de sécurité contre les maladies professionnelles, puisque c'et à eux de payer en partie. Dans cette affaire, au moins, le Sénat a eu un mérite cependant : c'est grâce à ce rejet temporaire d'une mesure de santé publique qu'ils ont fait revenir sur le devant de la scène l'important du burn-out. C'est un acte manqué donc réussi. Merci à eux pour ça. Maintenant l'Assemblée doit rétablir la situation.

- Les sénateurs connaissent-ils le burn-out ?
Non évidemment, il n'y a qu'à voir l'augmentation de leur tour de taille entre le moment où ils entrent au Sénat et celui où ils en sortent (quand ils en sortent). Ceux qui ont déjà fréquenté la "cantine" du Sénat savent de quoi je parle !!! Dans le cas des sénateurs, les maladies professionnelles sont rares et souvent liées à l'alimentation ou au tabac. Je suis méchant ? Injuste ? Ah bon ? Il ne faut pas généraliser ? Ah ? Oui, c'est vrai, il ne faut jamais généraliser et ostraciser, mais globalement cette affaire fait quand même sourire, n'est-ce pas ? Juste avant, les sénateurs s'étaient déchirés sur le texte qui doit accompagner la fin de vie. Ils avaient réussi à se déjuger en moins d'une semaine pour finalement décider de ne rien proposer. Là encore, c'est l'Assemblée qui aura le dernier mot comme toujours. Mais on voit bien que la vieillesse est également un sujet qui passionne les sénateurs, grands connaisseurs du dossier.


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