vendredi 31 juillet 2015

Croissant du matin

Petite histoire matinale et parisienne. Une histoire d'un jour d'été plutôt beau, où la Ville se vide suffisamment pour qu'on commence à y entendre le chant des oiseaux. Un matin agréable avec des rues encore vides à cette heure. Une place typiquement parisienne avec quelques cafés et leurs terrasses. Les rares touristes sont tranquillement installés en dégustant leur breakfast continental ou pas, mais avec croissant quasi-obligatoire, car on est en France quand même !


Le gros flot des touristes arrivera plus tard, car la matinée est assez belle pour être grasse. Ou parce que la faim viendra après la première balade du jour. Il faudra donc plus de croissants (et de tartines). Les parisiens connaissent ce ballet fréquent des matins tranquilles lorsque vous entrez dans un bar pour commander votre café-croissant et qu'on vous répond "Ah, on n'a plus de croissants, mais attendez un peu, on va en chercher".  La serveuse sort alors tranquillement et revient quelques minutes plus tard avec un sac tout doit sorti de la boulangerie voisine, dont un croissant chaud, pour vous spécialement. C'est un ballet qu'on ne voit plus beaucoup de nos jours.

Ce matin, donc, je suis entré comme souvent dans l'un de mes cafés favoris pour y commander mon café-croissant. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais ce matin j'ai eu beaucoup de mal à me sentir réveillé. J'étais un peu dans le coton. En arrivant au comptoir j'ai cherché des yeux le serveur habituel mais il était occupé à l'autre bout. Après tout, on n'est pas aux pièces, me suis-je dit. Je vais attendre qu'il ait fini avant de commander. Et je l'ai regardé. Il était en train de remplir deux grilles avec des croissants surgelés. Puis il a remis le sac de surgelés dans le petit congélateur au-dessus du bar et il a enfourné les deux grilles dans le four de la cuisine - un beau four bien moderne.

Quand il est revenu, je lui ai commandé "un café et un croissant surgelé, s'il vous plaît" avec un grand sourire. S'en est suivi un grand débat autour du comptoir, duquel il est ressorti les points suivants :

- Entre les deux-tiers et 80% des boulangeries font pareil : leurs croissants (et autres viennoiseries, pâtes ou pâtisseries) sont surgelés et achetés chez les mêmes fournisseurs à partir de pâtisseries industrielles. En tous cas à Paris mais il semble que cela soit pareil un peu partout. Je me suis renseigné depuis. Quelques articles en parlent, ici ou ici. On pourrait dénoncer cette pratique industrielle, mais elle se répand de plus en plus. Elle n'est pas d'origine américaine et c'est même le contraire. Lisez cet article par exemple et vous y découvrirez qu'une des grandes entreprises industrielles françaises de "pâtisserie" exporte aux USA des donuts (Horreur Homer) car ils ne savent pas les faire aussi bien là-bas...
- Cela leur revient nettement moins cher - quoique la différence pour le consommateur ne soit pas évidente ;)
- Il y a des moyens de reconnaître un croissant surgelé d'un "vrai", comme ici, mais cela ne change pas grand chose quand on est "prisonnier" d'un café ou d'un boulanger situé au bon endroit près de chez vous ou de votre travail.

Mon croissant était bon. Correct en tous cas. Suffisant pour mes papilles endormies du matin et pour ma langue encore un peu alanguie. Mais j'ai tout de suite pensé à des souvenirs de très bons croissants (au beurre normand évidemment) et à cette sensation de fondant qu'on ne trouve pas dans ces croissants "modernes" un peu secs comme s'ils avaient vieilli avant l'âge, alors même qu'ils sont plus frais et cuits plus récemment que si une serveuse était allée les cherches dans la boulangerie du coin (qui vraisemblablement part de produits surgelés également).

Je me suis promis d'identifier autour de mes lieux de passage les vraies boulangeries qui font leurs croissants et qui les font bien. Mais c'est un pari difficile à tenir, surtout au mois d'août à Paris où dans certains quartiers c'est le désert des tartares boulangers, vrais ou faux. Et je vous conseille de faire la remarque, à chaque fois que vous le pouvez, à vos commerçants favoris. Après tout, quand on se fait un plaisir, petit ou grand, il faut qu'il soit bon, et si possible authentique, non ?

PS : Pour les passionnés, le croissant vient de là.

jeudi 30 juillet 2015

Croisements de jambes

C'est une époque étrange, en cette dernière semaine de juillet, pour les jambes des femmes, parisiennes ou non.

Il y a en effet croisement de jambes, et de leurs couleurs, entre celles qui viennent de rentrer toutes bronzées, celles qui vont partir et qui ont un peu préparé à l'avance dans un salon, celles qui ne partiront pas et qui s'en foutent, celles qui ont des jambes très très blanches qui deviendront bientôt rouges si elles ne font pas attention sur la plage, celles qui mettent encore des collants noirs pour cacher leur blancheur (si, si !) et celles qui cachent leurs jambes comme ça c'est plus pratique, personne ne voit rien, une sorte de burqa moderne des jambes version jeans. Je ne parle pas ici des formes et de leur variété, juste de leur degré de bronzage.

Evidemment, il y a aussi les touristes. Au Quartier Latin, fui par les étudiantes qui se reposent ou galèrent dans les cafés à essayer de gagner leur vie, il n'y a pas les flopées de jupettes qu'on voit d'habitude. Tout cela est remplacé par des grappes de touristes en shorts plus ou moins élégants, et plutôt moins que plus souvent, comme s'il fallait s'habiller n'importe comment quand on est en vacances. Remarquez bien que je n'ai rien contre le fait de s'habiller comme on veut, chacune et chacun. Mais par exemple, même dans Notre-Dame, les gardiens ont renoncé à essayer d'endiguer le flot d'épaules nues et de shorts fripés qui se fraient un chemin entre les fidèles. Le temps où un châle était nécessaire ainsi qu'une "tenue correcte exigée" semble bien révolu.

Pourtant on voit encore des élégantes et des élégants, même habillés n'importe comment, mais avec style (swag ?). La fantaisie n'est surtout pas incompatible avec l'élégance. Et même certains touristes font des efforts pour être à la fois relax, confortables pour leurs marathons et élégants. Histoire de tirer un sourire du passant qui passe, comme c'est son rôle.

Alors oui, ce ballet de jambes plus ou moins bronzées est intéressant à regarder. Attention au fétichisme quand même. De temps en temps il peut être utile de regarder ailleurs que les jambes. Ailleurs que les femmes même ! Sinon on tombe dans le bel excès de l'homme qui aimait les femmes de Truffaut avec Charles Denner (qui en meurt quand même)...


Ce matin, par exemple, j'ai croisé une paire de jambes si blanches que je n'ai pu le croire. Un vrai mouvement d'albâtre sur le pavé gris de Paris. Une statue en mouvement. Et j'ai été tellement surpris par cette couleur à la fois si absente et si présente que j'en ai oublié de regarder le reste. Le reste de l'année, tout est différent. Il y a plus de monde dans les rues, d'abord. Et les écsrts sont moins grands entre les bronzages. En plein coeur de l'hiver, la multiplication des bas et des collants empêche de voir la vraie couleur des jambes. Et c'est étrange de voir comme cet effet de couleurs est beaucoup plus frappant sur les jambes que sur les visages, souvent maquillés.

Il faut profiter de chaque instant, non ?

(Je triche, ce sont des collants)

mercredi 29 juillet 2015

Rencontre avec les sites de rencontre(s) suite aux décisions de la CNIL

La CNIL est une institution précieuse. Elle n'a pas vraiment de pouvoir mais elle peut nuire à toutes les organisations qui cherchent justement à nous nuire. Evidemment la CNIL est française, donc elle n'a le droit de s'intéresser qu'aux organisations dont le siège est en France, ou dont l'un des sièges est en France.

Le rapport publié hier jette le trouble dans les eaux déjà noueuses des sites de rencontre et les médias se précipitent sur le sujet - un sujet parfait en plein été. Il s'agit de mettre en demeure 13 sites parmi les plus populaires en France à cause de leur légèreté à traiter nos données intimes (8 éditeurs différents en fait). Parmi eux, Meetic, le numéro 1. La CNIL se sert de cet avis pour faire bouger les lignes, en faveur des libertés individuelles, mais aussi pour éduquer le public - inscrit ou non - sur ces sites. Elle publie d'ailleurs sur son site une liste de conseils très utiles, de bon sens, mais de temps en temps ça va mieux en le disant. Les documents officiels sont ici.

Alors j'en profite pour vous livrer quelques réflexions sur le sujet, en ordre dispersé. Chacun et chacune s'y retrouvera :

Le principe de la rencontre en ligne ne pose aucun problème pour les personnes qui savent déjà se comporter en ligne (ne pas dire n'importe quoi, ne pas croire n'importe quoi ou n'importe qui, être honnête avec un écart nul ou faible entre leur personnalité réelle et la personnalité décrite). Ce n'est que des prolégomènes à une rencontre réelle, dans la vraie vie quelles qu'en soient les circonstances. Rester uniquement en ligne risque de vous détacher du contact réel des âmes, des esprits, des corps, des yeux et de tout ce qui fait qu'une relation humaine est ce qu'elle est. Rester trop longtemps en ligne avant de rencontrer physiquement quelqu'un ouvre la porte au danger de la surprise (en général mauvaise) lors d'une rencontre réelle avec la divergence inévitable entre virtuel et réel.

Evidemment il y a des risques mais ils sont maîtrisables. Plus facilement par les personnes solides et de bon sens que par les personnes fragiles, naïves. La confiance et la transparence dont on "doit" faire preuve est une porte ouvert aux agressions de toutes natures. C'est donc un mélange de risque et de sécurité. Là encore, comment construire une confiance partagée sans un minimum de contact direct ? Le virtuel, et les différentes formes d'identité qu'il permet, peut venir enrichir le réel. Mais il peut aussi le combattre et c'est une chose à éviter, pour soi mais aussi face à d'autres.

Il y a site et site. Il y a les sites gratuits qui vous inondent de pub et vendent vos données à la Terre entière, y compris avec des profils ciblés illégaux (cf. les décisions salvatrices de la CNIL) mais également avec des informations clés pour les opérations ciblées de marketing :vous aimez la mer, les promenades, le cinéma, les livres, le sexe, Mandela ou vous êtes à la retraite, gros, sportif, fonctionnaire, cadre, vivant dans telle ville ? Toutes ces informations ont une valeur énorme pour beaucoup d'entreprises. Il y a ceux qui avouent vendre vos données et ceux qui ne l'avouent pas mais le font. Il doit bien y en avoir qui protègent totalement vos données avec l'argument massue que "puisque vous payez on ne vend pas nos données", mais je n'en connais pas. Il est difficile d'établir la confiance avec ce type de site et la CNIL nous le rappelle justement avec force.

Ce n'est pas pour cela qu'il ne faut pas les utiliser si on le souhaite. Ma position personnelle sur le sujet est parfaitement floue compte tenu de mon histoire :
- En tant qu'utilisateur averti de l'Internet je n'y crois pas ou presque pas, car on ne doit pas être géré par des algorithmes et des robots, même sophistiqués.
- En ayant pratiqué Meetic il y a longtemps quelques jours j'ai eu l'impression sauvage et perturbante d'être dans un supermarché dans lequel, moi, j'étais à la fois le client avec des femmes dans les rayons, et le produit (l'homme) dans les rayons voyant défiler des clientes devant lui... Une vision dantesque et difficile à accepter quand on se sent un peu humain, tout en sachant que pendant ce temps le magasin gagne beaucoup d'argent, avec les cotisations, la pub et/ou la revente de nos données personnelles, et je ne sais quoi encore. C'est d'ailleurs pourquoi je refusais déjà à l'époque de payer pour un tel site
- Mais voilà. J'ai rencontré Lisa sur Meetic pendant ces trois jours d'essai gratuit. Et je serais toujours avec elle si ce maudit cancer ne l'avait pas emporté. Alors comment dire du mal d'un site ou d'un système sans lequel je n'aurais pas rencontré la femme que j'aime que j'aimais et que j'ai aimé au premier regard ? C'est évidemment impossible.

Pour voir, suite à la décision de la CNIL, puisque je suis toujours intéressé par les évolutions de l'Internet (et plus si affinités), je me suis réinscrit sur deux sites. Un, étranger (allemand) donc non étudié par la CNIL et payant mais je ne le paye pas, avec des réponses honnêtes et claires sur qui je suis, et l'autre, gratuit dans la liste des sites épinglés par la CNIL avec des infos bizarres pour voir, histoire de prendre le moins de risques possibles. Il n'y a pas de gratuit (sinon c'est vous le produit comme tout le monde le sait). Mais entre trois jours d'essais gratuits, ou même 36 heures seulement, et l'impossibilité de lire ou de répondre à des messages passé le premier "échange", tout est fait pour nous pousser à prendre un abonnement le plus long possible. Un oxymore pour un système dont on est censé sortir le plus vite possible pour passer à la vraie vie. Je précise que sur le site payant, en moins de 12 heures j'ai déjà reçu plein de sollicitations publicitaires que je n'ai pas approuvées, y compris sur d'autres adresses de mon carnet d'adresses ou de mon historique de courriels, comme si celui-ci avait été siphonné par le site sans m'en demander l'autorisation : un parfait exemple de non-confiance. Mais ce site est allemand, alors... la CNIL ne s'en occupe pas. Ils peuvent attendre longtemps avant que je m'y investisse - indépendamment de la qualité ou non des personnes inscrites et qui n'ont pas toujours conscience de l'usage qui est fait de leurs données par de tels "marchands". Le nom du site ressemble un peu à partenariat en anglais et en plus court.

Il est donc difficile d'avoir des idées définitives sur le sujet, car il peut toucher chacun de nous avec force, mépris ou simplement douleur. Réfléchissez-y soigneusement en y étant ou en n'y allant pas. Je n'ai aucun avis à vous donner. C'est trop personnel. Mais si vous y allez, allez-y honnêtement et soyez aussi prudent qu'en traversant une rue. Onvit dans un monde où ces virtualités nous permettent d'enrichir nos réalités. Mais comme il ne s'agit que de préliminaires, encore faut-il qu'ils soient suivis d'actes réels.

PS : ceux qui croient que bloguer est un acte factuel qui n'a rien à voir avec la personne qui écrit le blog sont priés d'aller voir ailleurs ;)

mardi 28 juillet 2015

Comment on dit "rouge sang" en féroïen ?

La réponse est "blóð rauður" en islandais, ou "blodrød" en danois. Je n'ai pas trouvé en féroïen... mais c'est peut-être "blóðugur".

Comment ne pas réagir à la publication de cette photo ? (Par Sea Shepherd, une ONG)


Il s'agit de quoi ?

1) d'une pratique ancestrale (millénaire ?) aux Îles Féroé, pratique légale
2) d'un massacre de dauphins rabattus sur la rive des Îles Féroé puis massacrés

Des deux, mon amiral danois !

On apprend que les Îles Féroé ont un statut international particulier, danois quand ça les arrange (depuis 1348) et indépendant autrement (depuis 1948). Le Danemark a signé la convention internationale qui protège les dauphins, mais pas ce ridicule pays semble-t-il. En tant que territoire autonome, c'est à la fois le Danemark et pas, pas tout-à-fait comme les TOM de la France. Ces îles ne sont en fait pas membres de l'Union européenne mais font comme si. Les Îles Féroé sont quelque part entre le Danemark, l'Ecosse et l'Islande et leur langue, le féroïen, qui est plus proche de l'islandais que du danois.

Sur le fond, les autorités féringiennes assurent que l'espèce de dauphins est de toute façon « abondante dans l'Atlantique Nord ». Autre argument avancé : la capture se ferait dans « le respect du bien-être de l'animal ». 

Bon ! C'est évidemment choquant et inimaginable. L'Homme sait toujours nous surprendre par sa cruauté. Plein d'autres espèces sont menacées dans le monde. Il y a les massacres "légaux", c'est-à-dire acceptés par la communauté internationale ou une loi locale, et puis il y a les braconniers. Entre les baleines ou le thon rouge du Japon - première catégorie - et la décapitation du lion emblème du Zimbabwe par un braconnier - deuxième -  il y a certes de la distance légale, mais moralement, c'est une autre affaire ! Au moins les ONG ont-elles le courage de faire prendre conscience de certains drames.

Nous avons eu la chance de nager avec des dauphins, en les tenant par l'aileron, moi et ma petite famille. Ils ont une peau si douce et un oeil si intelligent qu'il est difficile de regarder une telle photo (et il y a pire sur leur page Facebook...) sans vouloir crier notre honte, en tant qu'espèce humaine. Alors oui, messieurs les féringiens, vous devriez avoir honte. Et si vous vous en foutez, pour des raisons obscures de traditions ancestrales, réfléchissez un peu. Ca fait du bien de temps en temps. Ou alors devenez carrément indépendants, sans que l'ombre de vos crimes rejaillisse sur les européens que nous sommes. Un peu plus civilisés, j'ose le croire. Si vous voulez continuer cette tradition de massacre, faites-le ailleurs et ne nous associez pas à ça. On ne peut pas avoir le beurre européen, l'argent de la PAC et en même temps se farcir sans morale la crémière !

Ou alors, faites un pas de côté et arrêtez ces massacres inutiles (la chair du dauphin est déclarée officiellement impropre à la consommation because des taux de mercure trop forts...). Merci à vous d'y réfléchir.



lundi 27 juillet 2015

L'angoisse du premier lundi après-midi après le Tour de France

Trois semaines ! Après trois semaines de Tour de France, le supporter normal connaît aujourd'hui son coup de blues annuel. Chaque après-midi, il regardait l'épreuve du jour - sauf les jours de repos où il regardait des rediffusions. Il était bien sûr confortablement installé sur (ou plutôt dans) son canapé avec ses canettes et son saucisson Cochonou - sponsor officiel mais qui n'a pas osé faire partie de la caravane because les éleveurs cette année. Il se délectait des commentaires beauf ou cultivés au choix des journalistes fanas de vélo. Il admirait la France vue d'en haut avec ses sculptures et ses dessins géants mais éphémères. Il pouvait se moquer des supporters ridicules le long des routes, ceux habillés n'importe comment ou ceux qui se comportaient mal. Il pouvait admirer des efforts incroyables pour quiconque ne les a jamais tentés. Il a même pu voir Sarkozy dont on a appris qu'il préférait la montagne aux routes plates. La métaphore politico-sportive de Sarkozy filait ainsi dans la même direction que celle de Raffarin avec sa raffarinade bien connue : "Notre route est droite mais la pente est forte". Le supporter, lui, préfère plutôt les descentes de pente avec une bière bien fraîche.

Mais voilà. C'est terminé. Premier après-midi sans vélo depuis le début juillet. Quelle angoisse ! Le sport est vain, mais quand il n'y a que cela à regarder, tout parait vide sans lui. "Un sport vous manque et tout est dépeuplé"... Du côté du foot, l'actu est légère et en plus pas terrible : les quelques matchs ne sont pas diffusés en clair et la France a eu un mauvais tirage au sort pour la Coupe du Monde 2018, puisqu'elle n'était plus tête de série européenne. Si en plus notre supporter n'a pas eu les billets qu'il souhaitait pour la Coupe d'Europe des Nations européennes UEFA en juin 2016 en France, vous comprendrez que l'atmosphère n'est pas réjouissante autour de son canapé.

Il a sorti quelques romans de l'été mais à part le fait qu'ils sont très gros, leurs polices de caractères sont également très grandes ce qui fait qu'ils se lisent assez vite - un des trucs d'éditeurs qui marche encore bien qu'ils soient éculés, sans haine. Il a bien pensé à aller au cinéma, mais les programmes sont moyens. En plus le RER A est fermé sur sa ligne et il n'ose pas sortir de chez lui.

Finalement, il s dit qu'il pourrait peut-être aller travailler...

S'il était économiste il se féliciterait du décret paru samedi qui exonère de taxes les "grands événements" sportifs comme les JO - Paris 2024 ? - mais il ne sait pas bien calculer, sauf les écarts sur le Tour. Mais à peine a-t-il frémi sur son canapé et touché la zapette qu'il découvre le début imminent des championnats d'Europe de Beach Volley femmes. Il se rassoit donc pour se préparer à cet événement cosmique.

Au moins, se dit-il, au Beach Volley on a le droit de mettre des bikinis !

Extrait de ce bel article à lire sur la beauté du sport et des filles, contre les clichés machos

dimanche 26 juillet 2015

Du temps de cerveau pour... pas de nouvelle aujourd’hui !

Vous vouliez une nouvelle ?
Vous vouliez la suite de votre feuilleton de l’été ?
Vous vouliez savoir ce qui se passe après la rencontre entre Lermont et la belle inconnue ?

Il vous faudra attendre la semaine prochaine.

Car le temps s’est suspendu autour de cette rencontre. Comme toutes les rencontres extraordinaires, toute notion du temps a disparu et nos personnages sont assis l’un en face de l’autre sans se rendre compte du temps qui passe et de l’angoisse qui monte chez les lecteurs. Ah ! Les personnages font bien ce qu’ils veulent, tiens ! Remarquez, les auteurs aussi ;)

Je n’ai pas le goût à bloguer en détail aujourd’hui. C’est la première soirée que je passe seul à la maison depuis un mois. La première depuis que Lisa nous a quittés (lire mes billets entre le 6 et le 9 juillet). C’est un moment bizarre. Entre deux. Entre deux épisodes. Un moment intense que je partage avec moi-même et c’est déjà beaucoup. Un moment que je vous fais quand même partager un peu avec ce billet qui n’en dit pas beaucoup mais qui en dit tant à la fois.

Alors je vous embrasse chers lecteurs, connus et inconnus. Je vous souris et vous souhaite de croquer à pleines (belles) dents la vie, si possible avec l’amour de votre vie ou celui d’aujourd’hui, de demain et de toutes vos vies. Profitez à tout moment. Comme je profite, même des moments songeurs.

Demain, c’est lundi et le rythme effréné reprend. Enfin, relativisons un peu. La dernière semaine de juillet à paris, il y a plus agité ! Je suis seul pour quelques jours seulement, mais je vous promets un double épisode pour dimanche prochain !!! Il devrait être torride, comme le temps et l’humeur des personnages.

samedi 25 juillet 2015

Samedi, ça vous dit ? Moi oui !

Ça me dit en effet. Le temps est idéal, Paris est très calme. Il y a peu de parisiens car ils sont sur les routes. Pas sur celle de l'Alpe d'Huez évidemment puisque c'est réservé aux cyclistes. Les cyclistes et les touristes seront de retour demain à Paris. Évitez les Champs et l'axe Louvre Étoile si vous n'êtes pas maso.

C'est le temps idéal pour aller écouter de la musique en plein air en buvant un jus de citron vert avec un peu de menthe et de la glace pilée. On peut ajouter du rhum si on y tient. Mais pas de Coca, hein ? Ne cherchez pas non plus de l'EPO, les fournisseurs sont en rupture de stock, c'est la pleine saison. 

On pourra ainsi deviser sur les annonces du cœur de l'été. Comme celles de Canal + qui enterre les Guignols après avoir paru céder au lobby de leurs supporters. Les Guignols seront en effet diffusés une heure plus tard et pour les seuls abonnés, avec une équipe renouvelée d'humoristes qu'on suppose déjà moins caustique envers les amis du patron propriétaire du groupe. Fin d'une époque. Exit l'humour vache. Bienvenue à l'humour du pack de lait UHT 

On attend maintenant de France Télévisions qu'ils nous préparent une série aussi percutante. La porte est grande ouverte. A eux de l'enfoncer haha!).

Compte tenu de la qualité de l'humour de ce blog, vous ne serez pas surpris de lire que je suis disponible ;p

vendredi 24 juillet 2015

Vacances parlementaires (au pluriel)

Les parlementaires sont en vacances. Ouf. Pour eux et pour nous.

Le Figaro nous fait comme d'habitude un rapide résumé de la session qui vient de se terminer. On se croirait sur l'affiche des Dix Commandements ou sur la quatrième de couverture d'Astérix et Cléopâtre avec des chiffres comme "300 séances, 65 textes définitivement adoptés, 59 lois promulguées, plus de 20.000 amendements déposés, près de 1000 questions orales au gouvernement". Le Figaro n dévoile pas combien de verres ont été bus à la buvette de l'Assemblée Nationale, ni combien de cigares ont été fumés au sein du club fermé qui regroupe ses adeptes.

Personne ne se plaint de la démocratie ou du rôle joué par le Parlement. En tous cas ceux qui s'en plaignent ne sont pas crédibles. Mais tous remarquent la frénésie législative, sans même inclure tous les textes réglementaires et autres circulaires produits par toutes les administrations qui en ont le droit. La complexité de nos dispositifs devient de plus en plus grande. Les "grandes lois" regroupent souvent des articles sur des sujets très différents. Dans certains cas, quelques articles ont été glissés là parce qu'on ne savait pas où les mettre ailleurs. Les débats partent donc souvent dans tous les sens. Tous ceux qui ont suivi les débats sur tel ou tel projet de loi savent bien qu'ils sont importants, puisque la justice, ensuite, tranche non seulement par rapport au texte de la loi mais aussi par rapport à son esprit tel qu'il est apparu dans l'Hémicycle au moment de son adoption.

Le Conseil constitutionnel vient par exemple de rétorquer trois articles de la loi sur le renseignement, soit parce qu'ils allaient trop loin sur le fait de donner trop de pouvoir à la police dans des cas "exceptionnels" non définis, soit parce que ces articles étaient trop flous et renvoyaient trop de précisions à des règlements administratifs ultérieurs qui n'ont pas besoin, eux, d'être approuvés par le législateur. Rassurez-vous, gens de droite, l'essentiel du texte a été préservé, y compris le flicage de l'internet. Dès que la loi sera promulguée, faites gaffe à ce que vous écrivez y compris dans vos messages privés ! Pas de panique, la police vous surveille.

Il y a vacances, vacances et vacance.

Les parlementaires sont en vacances et se réveilleront à l'occasion des universités d'été et de la session d'automne en attendant les élections régionales en décembre. Le calendrier officiel de la session 2015-2016 est ici et commence le premier octobre. Sauf session extraordinaire d'ici là... A Strasbourg par contre, ils recommencent dès le 7 septembre. L'Europe ne chôme pas.

Les vacances c'est pour tout le monde aussi et beaucoup partent cette semaine. Je vous rassure, ce blog continuera. Chaque jour je vous donnerai votre blog quotidien, en toute humilité.

La vacance par contre, c'est autre chose. Pas de vacances cet été. Le pouvoir est là et bien là. Visible sur le journal de TF1 chaque jour, sur tous les fronts, des plus petits aux plus grands. On sait cependant, de source sûre, qu'au coeur de l'été le pouvoir est exercé par des conseillers qui aimeraient bien partir en vacances mais qui doivent assurer la présence des politiques. C'est ainsi l'époque magique de la préparation des budgets 2016, un peu partout dans le monde administratif et politique. Et les vrais pros partent en vacances à d'autres moments pour être là au bon moment. A bon entendeur, salut !

jeudi 23 juillet 2015

Marchons, marchons...

Parenthèse touristique aujourd'hui. Pour prendre la suite de ce petit reportage Sorbonnard diffusé sur ce blog.

Les étudiants ont quitté Paris pour se reposer, gagner des sous et se préparer à leur prochaine rentrée (hum). On en profite pour vous montrer l'un des principaux couloirs de la Sorbonne. Les travaux depuis la fin du printemps sont censés redonner un air de brillant à ces couloirs presque antiques et une nouvelle luminosité aux vitres donnant sur des petites cours. Ca brille et ça sent bon le vernis à l'acétone. Même les lampes et les lustres sont protégés. La Sorbonne se fait belle pour accueillir les quelques étudiants qui y travaillent encore. Juste un petit bout de film pour vous mettre dans l'ambiance ;)

C'est une vidéo verticale. Une de celles que Youtube déteste. Tant pis pour eux...
Si elle n'est pas visible, cliquez ici pour la voir sur YouTube justement... c'est évidemment la faute de Flash et des relations tendues avec Google/Youtube/Blogger

Il est vrai que quand on marche dans la Sorbonne on se croit un peu comme dans un film. Hier c'était pire. Tout était tranquille sur la place de la Sorbonne, puis on a vu arriver un camion-cinéma pour livrer un gros machin noir, une sorte de ventilateur, canon à air ou à neige... C'était étrange et les badauds ont pensé qu'on allait tourner un film. Puis la manif des buralistes est arrivée avec force bruits, cris, pétards et quelques dizaines de milliers de feuilles de papier qui se sont mis à voler quand le canon à air s'est mis à vrombir. La place a vite été envahie par des papiers que les employés de la Mairie ont eu du mal à contrôler sachant que le vent soufflait dans l'autre sens... Ces papiers étaient des pétitions. Si vous avez signé la pétition des buralistes (4 millions de signaturse ?) sachez que vous avez été jeté sur la voir publique sans aucun souci pour l'environnement. Vive le tabac !!! Au moins c'est ce qu'on pouvait appeler une manif de riches !




Quelques instants plus tôt, les buralistes avaient jeté des tonnes de carottes devant le siège du PS avant d'aller emmerder les sénateurs qui ont cédé avec courage en retirant l'article sur le "paquet neutre" du projet de loi. A suivre à l'Assemblée Nationale pour la suite de l'examen du projet de loi. Après les carottes (emblème de la profession de buraliste avec les deux carottes en tête à tête sur tous les tabacs) aurons-nous droit à des choux pour faire un gigantesque Cole Slaw ??? Miam !. Il parait que ces tonnes de carottes n'ont pas pu être données à des associations puisque leur origine n'était pas prouvée (vive le principe de précaution en sécurité alimentaire) et auraient fini chez la Garde Républicaine pour nourrir ses chevaux...

Enfin, tout ça nous change des manifs habituelles. La grève des dames pipi dans la capitale ne fait pas autant de bruit, mais elle a l'air très efficace !

Grandeur et décadence...


mercredi 22 juillet 2015

A new (development) bank is born

Cette nouvelle banque qui est officiellement née hier est appelée à devenir une star, comme Barbara Streisand dans ce beau film "A star is born" avec Kris Kristofferson (remake moderne d'un classique).

Pas forcément tout de suite, mais dans quelques années, elle sera au coeur des politiques internationales, surtout si le FMI et la Banque Mondiale ne se réforment pas vite.

Il s'agit de la très officielle Banque de développement des BRICS. On vous en a déjà parlé ici (il y a exactement un an) et ici (plus de deux ans) sur ce blog. J'avais titré "Des BRICS dans le mur de Bretton Woods"... Intelligent, non ? Bon, il a fallu du temps mais c'est fait. 100 milliards de dollars de capitalisation (dont 40% apportés par la seule Chine) pour aider le développement dans les pays en développement justement.

Les BRICS, c'est le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud (South Africa). Comme de juste il y aura 5 présidents avec un super président, le tout dans un siège social à Shanghai qu'on imagine grandir rapidement. Ces pays pourront donc choisir plue facilement des projets de développement qui les intéressent, car au FMI ils n'y disposent que de droits de vote marginaux.

Alors c'est vrai que pour le moment la capitalisation est encore faible, à l'échelle du monde. Mais le mouvement est lané et il ne s'arrêtera pas. C'est certain !

Le site officiel temporaire est ici et à partir de maintenant si vous entendez l'acronyme NDB, vous saurez de quoi il s'agit : New Development Bank ;)... Par contre pour le logo, il faudra m'expliquer.




mardi 21 juillet 2015

De la Terre à la Lune

Le 20 juillet 1969, un homme marchait pour la première fois sur la Lune (en vrai). En France, c'était le 21 juillet vers 3 heures du matin si je me souviens bien, tandis qu'aux USA - le pays à l'origine de l'expédition - c'était encore le 20 au soir. 46 ans...

Le scaphandre original est à restaurer...

Ceux qui sont assez vieux se souviennent presque certainement de ce qu'ils faisaient à ce moment précis. Les autres n'ont qu'à regarder Mad Men dans l'une de ses dernières saisons pour avoir une idée de l'excitation de l'instant.

Moi j'étais en vacances dans un beau villag-hotel en Corse et il faisait beau. Les télés du bar et du restaurant étaient allumées exprès et les gens devisaient dans la nuit agréablement fraîche, en buvant des coups évidemment ou même en dansant. Personne n'avait voulu se coucher pour profiter de la beauté de la nuit et du moment attendu avec frémissement. Et puis les images sont arrivées, avec un commentaire lancinant en français sur un commentaire en anglais que les journalistes ne comprenaient pas toujours bien. Il faut dire que le son venait de bien loin et que les images étaient bien fixes et floues.

Le moment qui m'a marqué, moi, c'est ce pas de côté à un moment donné. Imaginez une télé derrière un bar, avec une foule calme et agitée à la fois, puis un pas de recul que vous prenez pour continuer à voir la télé mais en étant sur la terrasse extérieure cette fois, puis un lever de votre regard vers le ciel avec la pleine Lune en vrai dans toute sa splendeur. Deux Lunes pour le prix d'une. Une recherche idiote mais inévitable de l'endroit où ils pouvaient bien être sur ce petit disque blanc lointain. Un étrange décalage réel-virtuel.

A l'époque, le web n'existait pas et ce décalage était absolument inédit. Voir la Lune en vrai, avec deux distances essentiellement différentes - entre celle de la télé et celle de l'astronomie - et savoir qu'on ne pourra pas y aller, c'est un choc. Je crois que c'est l'un des moments qui m'a poussé à devenir un scientifique. Banal évidemment. Mais c'est ce qui m'est arrivé. Aujourd'hui les possibilités de voyages dans l'espace se sont développées, mais rien ne remplace une présence humaine. Elles se font rares en ce moment, devant la baisse des ambitions et des crédits.

Alors chaque 21 juillet (en France) j'y repense. Et je sais que pour Lisa, ce moment avait compté. Aussi.

lundi 20 juillet 2015

Manger de la viande ?

Les filières Viande sont malades en France. Tout le monde y va de son analyse - évidemment - et les manifs d'éleveurs se multiplient.

Quelques clés ici, bien incomplètes, mais c'est un début.

Des documents à lire d'abord : le rapport 2015 de l'observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires (PDF) et un vieux rapport de UFC Que choisir sur le sujet, plus facile à lire pour des non-économistes (PDF).

Deux graphiques ensuite :

 La complexité de la chaîne (filière) viande, avec la plupart de ses acteurs, sauf les éleveurs tout en haut et les consommateurs tout en bas. On comprend bien que ce n'est pas à coup de grandes déclarations qu'on va régler les problèmes. Regardes les pourcentages (parts de marché) de chacun, c'est impressionnant.


La structure des prix et des marges par acteur. Le consommateur paye ce qui est en rouge vif et l'éleveur touche ce qui est en bleu clair.


L'équation est simple, pas sa résolution :

- le consommateur (en magasin quel que soit son type, dans un restaurant ou dans une cantine collective, veut de la viande de qualité et pas chère. Si elle est d'origine française c'est mieux pour beaucoup de gens, mais pas forcément un point déterminant, même si 99% de la viande vendue en grande distribution est semble-t-il d'origine française. Quand le consommateur est fauché, comme maintenant en période de crise, il mange moins de viande ou de la viande moins chère. Ajoutez à cela l'envie de plus en plus forte de manger moins de viande (végétarien, santé, développement durable, gaz et rots émis par les ruminants pour le changement climatique, idéologie...) et vous avez une baisse de la consommation de produits peu transformés, tout en ayant une hausse de la consommation de produits dérivés, marketés comme originaux et vendus plus cher. Quand on parle du porc en plus il ne faut pas sous-estimer le refus d'en consommer par des communautés de plus en plus importantes, et la confusion entre boucherie et charcuterie.

- l'éleveur veut être payé pour son travail et ne pas seulement survivre d'aides européennes à l'agriculture dans le cadre de la PAC. Mais ses coûts de production sont élevés pour toutes sortes de raisons, y compris sanitaires, fiscales, sociales et environnementales. Il semble que la productivité de cette filière de production animale soit meilleure dans d'autres pays, même si cela touche diversement le boeuf et le porc, sans compter les volailles et autres ovins.

- les intermédiaires sont nombreux. Ils sont organisés comme des industriels et cherchent à garder leurs marges où même à les reconstruire sur le dos des autres en cas de hausse de prix à la consommation. Comme dans toutes les filières industrielles, c'est dans la galaxie de ces acteurs que se perdent les marges, comme dans des sables mouvants venus d'on ne sait où. Vous noterez qu'on parle de transformation du produit, entre l'animal vivant "élevé" et le produit consommé par vous. On parle ainsi même de troisième transformation ce qui permet à chacun de faire sa marge.

- les distributeurs sont en première ligne mais il y en a de plusieurs sortes. Et ils sont à la fois coincés entre plaire aux consommateurs et satisfaire les acteurs en amont, jusqu'à l'éleveur, et à la fois coinceurs eux-mêmes des autres qu'ils semblent tenir en otage, puisque le produit doit bien être vendu par quelqu'un.

C'est un sujet important, sur lequel les pouvoirs publics ont du mal à agir, face à des intérêts aussi contradictoires. Une filière c'est comme une chaîne : dès qu'un maillon faiblit c'est toute la chaîne qui souffre. Et les scandales de l'année dernière sur la viande de cheval déguisée en boeuf, ou les dangers sanitaires liés à la consommation de viandes malades ont beaucoup fait pour fragiliser une chaîne déjà peu viable. Bon courage à ceux qui essayent vraiment de résoudre ces questions. Il y a du pain sur la planche et du boeuf à mijoter lentement. François l'a bien compris. Reste à concrétiser.

Hier soir j'ai cuisiné une épaule d'agneau (français). J'ai d'ailleurs appris à cette occasion qu'il était important, pour attendrir la viande, de la masser avant de la mettre au four (si,si). C'est une opération qui vise à faire pénétrer la matière grasse si on en met et à relaxer le muscle (puisque c'est le muscle qu'on mange en général). Et c'est une opération, somme toute, agréable. Evidemment on ne masse pas un steak... quoique...

dimanche 19 juillet 2015

Du temps de cerveau pour... une nouvelle sonnante de Lermont - 2

Lermont leva les yeux. Une femme se tenait devant lui.

Il ne l'avait pas sentie s'approcher. Ni vue, ni entendue d'ailleurs. Lermont eut un sursaut. Il croyait bien ne plus être surpris aussi facilement. Il avait une grande confiance dans la capacité de son cerveau de le protéger, de l'avertir, à tel point que c'était devenu automatique chez lui. Cela lui donnait en général le temps de se préparer. Mais ce soir, cette femme l'avait complètement surpris. Il ne savait même pas depuis combien de temps elle était là, debout devant lui. En plus Lermont savait que ses yeux étaient mouillés. Le réverbère était en face de lui et la femme qui se tenait en contre-jour occupait le point précis d'où elle pouvait voir ses yeux luire. Lermont se sentit soudain très faible devant cette silhouette dont il n'arrivait pas à saisir les traits.

Elle ne disait rien. Elle semblait attendre. Lermont ferma les paupières. Il était encore plein de toutes les rencontres qu'il venait de se réciter, de la plus ancienne à la plus récente. Il avait juste levé les yeux pour s'emplir de la beauté et de la douceur du monde, après tant de souvenirs. Comment ne pas vouloir s'ouvrir à l'univers entier quand on est empli d’amour ? Et tant pis si toutes ces rencontres n'avaient été que des préliminaires. Tant pis s'il n'avait pas trouvé sa femme idéale qui aurait fait de lui son homme idéal. Lermont se dit qu'il allait devoir rouvrir les yeux, qu'il fallait les rouvrir. Il devait avoir l'air ridicule comme ça, les yeux fermés sur son banc.

Mais avant de les rouvrir, Lermont se focalisa sur la force de l'aimant en lui. C'était quelque chose qu’il avait appris à mesurer avec le temps, comme une tension de tout son corps vers l'avant, une envie de danser, de bouger tout en voulant rester parfaitement immobile. A ce moment précis, Lermont sut que l'aimant était présent en lui. Et fortement. C'était donc le moment d’une rencontre.

Une rencontre à savourer à déguster, à vivre intensément. Sans se poser de question. Une rencontre aussi soudaine que surprenante. Une rencontre qui venait juste d'accélérer son cœur d'aimant. Lermont sut tout de suite que cette rencontre ne ressemblait à aucune des autres. Il venait de se les repasser dans sa tête. Et comme à chaque fois il eut l'espoir que cette rencontre serait la bonne. Une femme différente de toutes les autres, ou alors la femme-synthèse de toutes les autres, ou alors une revenante du passé qui lui confirmerait que c'était elle la bonne même s'il ne s'en était pas rendu compte la première fois. Ou alors...

Lermont compta trois battements de cœur, une éternité de presque deux secondes. Il fallait rouvrir les yeux. Peut-être ne s'agissait-il que d'une apparition, ou pire d'une illusion ? Peut-être ne verrait-il que le réverbère allumé et une ombre d’arbre ? Peut-être ne s'agissait-il pas d'une vraie rencontre, se dit-il tout en étant intimement convaincu du contraire ? Un quatrième battement de cœur passa. Lermont se décida à rouvrir les yeux.

La femme était toujours là, devant lui. C’était indiscutablement une femme et sa silhouette était élancée. Elle était petite, comme de juste. Ses cheveux bouclés, qu'il savait être foncés, bougeaient lentement dans la brise légère qu’il n’avait pas remarquée auparavant. Il ne distinguait rien d'autre. Même sa robe ne laissait rien entrevoir dans le contre-jour. Une très belle silhouette se dit-il. Il savourait ce moment avec délectation. Mais il allait devoir faire quelque chose. Se lever, parler, sourire ? Il ne savait pas quoi faire, alors il fit tout à la fois.

- Bonsoir, lui dit-il avec un sourire dans la voix et tout en se levant avec un léger pas de côté afin de contourner le contre-jour. Il fallait qu’il la voie. Ce n’était pas juste d’être pris comme cela sans savoir à qui on avait à faire.

La seconde qui suivit apparut comme un pas de danse à l’écureuil qui les regardait en mâchant une noisette. Un instant ils étaient ici et l’instant d’après ils étaient là, tous les deux en pleine lumière, face à face. Le mâle était nettement trop grand se dit l’écureuil, ça ne marchera jamais. Mais pourtant lui aussi sentait cette vibration de l’air autour d’eux. Il en lâcha presque sa noisette, ce qui en dit beaucoup sur son émoi. Il n’avait pas bien vu le pas de danse, mais il se souvenait juste de sa beauté fluide. Si naturelle. L’écureuil mordit dans la noisette pour se refaire une contenance et continua à les regarder. Il n’aimait pas trop les humains, sauf quand ils le nourrissaient, mais ceux-là semblaient différents. Meilleurs se dit-il.

Lermont non plus n’avait pas bien compris le pas de danse. Il avait continué à regarder les yeux de la femme. Enfin, pas exactement. Au début, il avait regardé là où il pensait qu’étaient ses yeux, noirs sur le fond noir de son ombre. Puis en tournant, il ne savait plus comment, il avait vu émerger ses yeux. Elle avait tourné aussi puisqu’elle lui faisait toujours face. Pourtant il lui semblait bien qu’elle n’avait pas bougé, ni tourné la tête. Ce pas de danse emplit Lermont d’une envie sauvage de dévorer la vie et l’Univers en entier. Cette émergence lente de cette paire d’yeux du noir à la lumière le bouleversa. Il ne savait plus quoi penser. Il ne se mit à respirer qu’une fois leur pas terminé, après une autre éternité pendant laquelle son cerveau, ses poumons et son coeurs s’étaient arrêtés. Seuls les yeux de Lermont vivaient en lui. Et ces yeux étaient fixés sur d’autres yeux, ses yeux à elle.

Les yeux de la femme, pendant ce pas de danse, changèrent un nombre infini de fois. Son cerveau, plus tard, lui dirait que c’était à cause du changement de lumière, comme s’il était en train d’assister à l’apparition d’une photo en couleurs sur un papier vierge dans le bain d’un révélateur humain, en ce moment magique où l’image naît en passant par son négatif avant de se stabiliser.. Mais en ce moment précis, Lermont vit défiler devant ses yeux les yeux de toutes les femmes qu’il avait rencontrées, et plus encore. Comme un résumé de sa vie passée mais également de sa vie future. De toutes ses vies possibles.

Lermont et la femme étaient maintenant debout, face à face. Le réverbère devait avoir bougé de place, dit le cerveau de Lermont à Lermont, maintenant qu’il était revenu de son sommeil éternel. Ce n’était pas possible autrement. Lermont la voyait parfaitement et il savait qu’elle le voyait parfaitement aussi. Il ne put détacher ses yeux des yeux de la femme. Il mourait pourtant d’envie de la regarder plus en détail. Il était bien. Cet instant l’emplissait de joie. Une rencontre à nulle autre pareille. Une rencontre dont il se souviendrait avec bonheur tout le restant de sa vie.

- Bonsoir, vous êtes Lermont ? dit-elle.

Sa voix était douce comme la peau d’une amante mais les mots lui firent l’effet d’un choc électrique. Lermont écarquilla les yeux. Sa gorge se serra. Il ne put répondre. Il réussit à dire oui de la tête. Un petit oui mais un oui indiscutable. La femme lui sourit. Il vit alors son visage. Il sut alors qu’il l’avait déjà vue. Mais où ?

Elle lui dit « Marchons » d’un ton doux auquel personne n’aurait pu résister. Même l’écureuil eut à ce moment envie de descendre de sa branche. Et elle prit naturellement le bras de Lermont. Puis ils marchèrent. Lermont se laissa guider. Elle ne parlait pas et il n’osait pas briser ce moment. Il ne pouvait même pas la regarder.

C’est en arrivant au bord du lac qu’elle s’arrêta. Lui aussi. Elle lâcha son bras et s’assit dans l’herbe. Il se mit en tailleur en face d’elle et la vie de Lermont changea.

A suivre.


samedi 18 juillet 2015

Samedi 18 juillet, un jour parfait pour une petite croisière

Aujourd’hui, c’était une très belle journée à Paris. La météo-qui-se-trompe-tout-le-temps avait annoncé des orages. A l’heure où je poste j’ai compté 14 mini-gouttes sur moi. Quelle tempête !

C’était donc un jour parfait pour une petite croisière sur la Seine. Je vous la raconte brièvement. Il s’agissait des vedettes du Pont-Neuf, celles que je préfère personnellement parce que les bateaux sont plus petits, parce qu’ils partent du coeur de Paris et parce que la croisière d’une heure se termine par le tour des deux îles de Paris, le meilleur moment évidemment.

En partant du Pont-Neuf, le bateau se dirige vers la passerelle du Pont des Arts, ce pont pour lequel mon épouse Lisa a combattu si longtemps contre les invasions des vandales armés de leurs cadenas. C’est le premier pont sous lequel ce bateau passe.

Juste sous le pont j’ai jeté un petit cadeau dans l’eau. Plouf.

Ensuite le bateau avance lentement de pont en pont jusqu’à la Tour Eiffel et retour. En repassant sous le Pont des Arts j’ai pu noter avec plaisir qu’un arbre merveilleux plein d’amour et d’énergie y avait poussé illuminant le monde de sa beauté et de son audace que le discours des guides avait changé et qu’ils parlaient des cadenas au passé, comme d’un danger pour le pont. Cela prouve que les états d’esprit évoluent sous la pression de la Mairie et de NoLoveLocks.

Ensuite le tour de l’Île de la Cité et de l’Île Saint-Louis est un moment magique. Aujourd’hui en plus on pouvait voir l’état d’avancement des travaux d’installation de Paris Plages qui ouvre lundi sur la rive droite. Puis le bateau est rentré à son amarrage.

Une belle croisière. Une belle émotion. Je vous la recommande. Et pensez à Lisa quand vous serez dans le coin ;)

Mise à jour 22h53 : L’orage vient d’éclater sur Paris, enfin.

vendredi 17 juillet 2015

Une Afrique qui avance à petits pas financiers

L'Afrique est le continent à la mode chez les partenaires internationaux du développement. Cette expression recouvre aussi bien les Etats développés "du Nord" que les grandes entreprises multinationales que les parties prenantes impliquées lourdement dans l'endettement de la plupart des pays africains. On parle de l'Afrique sur beaucoup de plans mais hier s'est conclu une n-ième conférence à Addis (en Ethiopie) sur la lutte contre la pauvreté et la possibilité de financements nouveaux.

Dans certains domaines l'Afrique va vite mais dans celui des financements internationaux, de leur contrôle, de leur transparence et dans l'équilibre Nord-Sud des pouvoirs, ça traîne ! Et il n'y a pas que l'Afrique.

Les participants saluent quand même une avancée. Ca avance toujours, parai-il, dans les réunions organisées par l'ONU, un peu comme les deux escargots qui allaient à l'enterrement d'une feuille morte, mais sans que la Lune veille sur eux depuis le ciel... Quoique le Ramadan se finit aujourd'hui puisque la Lune et le Coran en ont décidé ainsi. Pour mesurer l'étendue de l'avancée, lisons ce qu'en dit le Secrétaire général des Nations-Unies : cet accord constitue « une importante avancée vers un monde de prospérité et de dignité pour tous ». L'Humanité est donc sauvée, ouf.

En pratique, ce genre de Sommet est toujours l'occasion d'affrontements entre blocs. Cette fois c'était le groupe des 77 (qui sont 134 en fait, dont l'Ethiopie - pays organisateur de la conférence -qui voulait à tout prix un accord) pays les moins développés, contre ceux de l'OCDE (34 pays très développés) emmenés par les anglos habituels de service (USA, UK). Le compromis a tourné à l'avantage du Nord, cette fois-ci encore, mais c'est de plus en plus fragile. Le vent du désert risque de bientôt tourner dans l'autre sens ou de créer des tourbillons catastrophiques.

Sur le plan financier, 2500 milliards de dollars sont jugés nécessaires pour atteindre les nouveaux objectifs de l'ONU pour 2030. Vous connaissiez les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) qui allaient de 2000 à 2015. Bienvenue dans le nouveau royaume des ODD, les objectifs de développement durable que l’ONU est en train d'essayer de fixer pour 2015-2030, contre la pauvreté et la faim dans le monde, et pour un changement climatique maîtrisé... Les Etats riches se sont engagés, ce qui ne mange pas de manioc, sur l fameux seuil de 0,7% que personne ou presque ne respecte.

En échange les pays pauvres voulaient mettre en place des moyens multilatéraux de lutte contre l'évasion fiscale, pour les aider à rapatrier de l'argent chez eux plutôt que de le voir prospérer dans les pays du Nord et les paradis fiscaux inféodés aux mêmes pays et utilisés en masse à la fois par les grandes entreprises multinationales et par les dictateurs et autres corrompus des sociétés africaines. Las, les pays du Nord trouvent que cela serait une mesure nuisible et inutile (!) et ils ont refusé de placer une telle agence sous le contrôle de l'ONU. Ils ont préféré proposer l'OCDE (le club ds pays riches) pour ce faire.

C'est quand même mieux quand on se contrôle soi-même et quand on maîtrise les moyens de contrôler les autres. On ne risque pas de trop mauvaises surprises. En plus, quand c'est votre "club" qui contrôle un secteur, vous êtes certain de ne pas être emmerdé par des experts indépendants ou des organismes multilatéraux, des machins, sur lesquels vous n'avez aucun poids ou presque. Dans la grande bataille du bilatéral contre le multilatéral, ce Sommet a donc été une victoire de plus pour le bilatéral, même déguisé en faux multilatéral.

Mais les africains sont philosophes. Ils se félicitent de pouvoir lutter plus efficacement contre l'évasion fiscale et la corruption, ainsi que contre les manoeuvres légales des grandes multinationales (souvent américaines ou chinoises) pour ne pas payer d'impôt, de taxes ou de droits dans leurs pays. En ce sens, un esprit nouveau a soufflé sur ce Sommet d'Addis. On s'en souviendra.

Je vous ai menti un peu. Ce Sommet était mondial et ne concernait pas que l'Afrique. Mais c'est bien l'Afrique quand même qui était au coeur de toutes les pensées, comme zone à surveiller à l'avenir.

jeudi 16 juillet 2015

Massification rampante dans les universités françaises ?

Le principal syndicat étudiant en France, l'UNEF, a remis un rapport sur la sélection à l'entrée des universités. La situation empire : il est de plus en plus difficile d'entrer à l'Université dans la filière de son choix et les sélections sont de plus en plus nombreuses.

Quelques mots là-dessus, car c'est un débat complexe et qui dure depuis longtemps, avec des positions bien tranchées (au sens à la fois du couteau dans le dos et de la guerre des tranchées) :

- l'UNEF publie une enquête sur le sujet, alors que la CPU - la Conférence des Présidents d'Universités - parle d'un rapport, au sens rapport administratif. Subtile différence de mots qui montre un état d'esprit différent. Une enquête a vocation à être une somme de faits observés, à analyser ensuite. Un rapport est une suite d'analyses et de recommandations. Chacun vit un peu dans un monde différent et cela se voit d'ailleurs dans les conseils qui gèrent les universités où ces deux populations se côtoient, pas toujours harmonieusement...

- La CPU n'est pas uniforme là-dessus (et sur plein d'autres sujets également d'ailleurs). Lisez les réactions du président de Cergy ou du patron de la CPU. Elles sont différentes, même si sur le fond, les présidents d'universités pensent que ce n'est pas illégal, puisqu'il y a supplément de formation avec des besoins différents du tout-venant, comme on disait dans les Tontons Flingueurs, ce qui suppose un recrutement adapté, des pré-requis comme disent les pédagogues. L'argument massue de la CPU c'est que toutes ces formations sont de facto disponibles à travers le "portail" APB qui est la source quasi unique de recrutement en première année sur ces filières ouvertes. Or le portail APB est géré par le ministère, donc les formations qui sont dessus sont légales. Ipso facto et CQFD, cogito ergo sum, veni, vidi, vici ! Qu'on arrête donc de dire que c'est illégal ;)

- Pour certaines filières en surnombre - les STAPS sont les plus souvent citées - il y a multiplication des tirages au sort, ce qui est évidemment un système injuste et juste à la fois. Pour d'autres filières, l'ajout d'options favorise les recrutements sur dossier. Certaines de ces options ne sont pas toujours légitimes et peuvent n'avoir comme but que de filtrer les inscrits, puisqu'elles peuvent être abandonnées en cours d'année, une fois inscrit, ou en 2° et 3° année...

- Les taux de réussite au Bac continuent à être énormes (plus de 86% cette année) pour satisfaire le critère des 80% d'une classe d'âge, invariant postulation d'une politique à coup d'indicateurs symboliques. Résultat, 50 000 étudiants en plus sont à la recherche de places cette année. Et le nombre de places a réduit, car les universités ont moins d'argent. Joli paradoxe d'une massification à la française où les mains droite et gauche font des choses différentes.

- La massification touche beaucoup de pays dans le monde, principalement dans les pays en développement, puisque la démographie explose et que le développement attire mécaniquement de plus en plus de jeunes vers des formations supérieures (par opposition aux formations inférieures). Dans beaucoup de ces pays, il y a construction d'universités, recrutement d'enseignants et tutti quanti. En France, crise et politique obligent, on réduit les moyens de l'enseignement supérieur et on laisse les universités gérer toutes seules les conflits.

- L'UNEF réclame plus de moyens, plus de places dans les universités. C'est son rôle. La question sur le mythe des formations supérieurs pour tous, adaptées à la fois aux désirs des jeunes, aux emplois existants et qui seront disponibles au moment de leur sortie quelques années plus tard, aux capacités des enseignants, aux capacités d'accueil des universités et autres formations supérieures, est un mythe à la vie dure. L'équation paradoxale qui même moyens et ambitions, coût de la scolarité et nombre d'étudiants, filières recherchées et filières par défaut est un sac de noeuds qui s'agite chaque année à la même époque. Le gouvernement, les préfets et les recteurs d'académie promettent que chacun trouvera une place. Il n'empêche que le gâteau se réduit et qu'il y a de plus en plus de convives autour de la table. En plus c'est un gâteau friable, donc on ne peut pas couper des parts trop petites, sinon il ne reste que des miettes ;)

- Dans tout ça, on ne s'occupe pas des taux de fuite, des 2° et 3° années, de plus en plus sélectives. Le poids symbolique de ce Rubicon qu'est le passage entre Bac et Première année est tellement fort qu'il cache le reste de la forêt supérieure de l'enseignement.

- Bon courage aux bacheliers et bienvenue dans la vraie vie ! Soyez audacieux (bold) et ne lâchez rien. L'avenir dépend de vous !


mercredi 15 juillet 2015

La lente mort de Flash le dinosaure

En informatique, les morts peuvent être soudaines ou lentes. Je parle bien d'informatique ici.

Il arrive qu'un produit (logiciel ou matériel ou service ou réseau ou...) meure du jour au lendemain pour de multiples raisons : un procès ou une saisie pour activité illégale souvent liée au piratage ou à la contrefaçon ; une cessation d'activité pour rentrées d'argent insuffisantes ; la décision brutale d'un dirigeant ; le rachat par un groupe plus grand qui va soit l'intégrer dans l'un de ses produits, soit le tuer pour éviter une con curante jugée dangereuse... De temps en temps, ces produits renaissent sous forme "libre" ou "open source" ou "open content". Mais c'est la loi dans le monde numérique. Une loi dictée par un "écosystème" brutal et sauvage dans lequel Darwin est omnipotent, car seuls les plus puissants survivent.

Mais il arrive aussi que des produits mettent de nombreuses années à mourir, parce que les habitudes des utilisateurs sont trop fortes autour de ce produit, parce que les développeurs en dépendent et préfèrent garder de vieux systèmes que les transformer vers quelque chose de plus moderne et fiable, ou parce que le créateur du produit en vit encore et refuse de se séparer d'un marché juteux et d'une vache à lait digital. L'histoire de l'informatique est pleine de ces trucs qui nous encombrent :

- on connait l'histoire du clavier AZERTY ou QWERTY pour les anglophones, qui a été copié à partir des machines à écrire conçues au départ pour que les barres métalliques ne s'emmêlent pas les pinceaux. Ìl était question à l'époque de ralentir le rythme de la frappe et de répartir les barres de manière à éviter des touches trop proches à taper presque ensemble et il y avait trop d'utilisateurs (de secrétaires) pour oser changer de système, malgré la création depuis de claviers plus efficaces.

- on connait l'histoire de Windows qui est encore le système le plus largement utilisé sur les PC et qui accumule des générations et des générations de compatibilité avec des demandes anciennes - antédiluviennes même si on compare l'arrivée d'Internet à un déluge, au risque avéré de se fragiliser.

Parlons un peu de Flash, le produit phare d'Adobe. Lorsque Adobe s'est lancé dans le "grand public" c'est par Flash qu'il y est arrivé. Pour les professionnels, le business d'Adobe est florissant autour de très beaux produits pour illustrateurs, photographes, designers de toutes sortes, mais tout a changé avec la généralisation de Flash pour la plupart des applications en ligne à une époque. Cela touchait les jeux (les petits jeux en ligne mais aussi certains gros paresseux), les vidéos et autres contenus multimédias, les applications en ligne interactives et même des sites internet entiers car les outils de conception d'Adobe étaient pratiques à utiliser : quick and dirty.

Depuis plusieurs années, Flash est en perte de vitesse un peu partout. Apple et Steve Jobs avaient été les premiers à refuser Flash sur les appareils iPhone, iPod et iPad, en 2010. A l'époque les autres avaient rigolé et les critiques avaient été nombreuses : encore une lubie d'Apple. La raison invoquée était simple pourtant : fiabilité quasi nulle notamment pour des piratages ; grosse consommation de ressources matérielles et énergétiques, forcément rares sur des terminaux plus légers ; existence d'une solution de remplacement, standard et normée - le HTML5 - qui permettait déjà de gérer pratiquement les mêmes choses et qui a dépassé Flash aujourd'hui. Quand on lisait la presse à l'époque, c'était Apple le vilain petit canard, presque. Les geeks ont la mémoire courte (mais les cheveux longs).

Aujourd'hui Flash est réellement en train de mourir. Même les acteurs du libre, comme ils se nomment eux-mêmes, ont décidé de lâcher Flash au profit du HTML5 et de technologies incluses directement dans les navigateurs sans avoir besoin de module supplémentaire à ajouter. Flash ne s'installe plus automatiquement et il faut le faire à la main (si on le veut vraiment). Les versions bogues et avec failles de sécurité sont interdites immédiatement. Flash est clairement devenu trop lourd et trop inefficace pour tout le monde, y compris Adobe.

Quelques grands pontes du libre réclament même pour la première fois à Adobe l'annonce d'une date officielle de fin du support de Flash. Cette annonce obligerait en effet les développeurs et concepteurs de jeux et de sites qui utilisent encore Flash à changer de technologie au risque de ne plus être visibles sur l'Internet.

Adobe n'a encore rien dit. Comme les allumeurs de réverbères qui ont disparu au XIX° siècle avec la Fée Electricité, ils attendent certainement le dernier moment possible, histoire d'engranger le maximum de dollars et de gêner le maximum d'utilisateurs. Mine de rien il reste encore des quantités phénoménales de lieux sur l'Internet qui ont besoin de Flash.

Moi j'ai décidé de ne plus utiliser les sites et jeux Flash - tant pis pour eux et pour moi. Puisque c'est à la mode, on attend tous le FLEXIT !

mardi 14 juillet 2015

Le temps astronomique n'est pas le temps politique

La sonde new horizons est auprès de pluton, aujourd'hui. Elle va très vite et s'en éloignera au bout de 24 heures, cette sonde de la NASAest partie il y a plus de neuf ans. Neuf ans pour 24 heures. La science a des limites que l'homme de la rue n'a pas.

Pour tout savoir sur Pluton et pratiquer votre anglais en prime, lisez ce pdf  extrait de Nature, via l'excellent blog Sciences au carré sur Libé  que tous les amoureux de sciences connaissent bien. Pluton a été effectivement déclassifié comme planète de rang plein il y a quelques années et reconvertie en planète naine, parce qu'elle n'a pas suffisamment de masse pour avoir "nettoyé son orbite", mais elle reste une vraie planète bien ronde comme l'atteste la dernière photo publiée aujourd'hui sur le site dédié de la NASA :


Evidemment les incultes et autres trolls du Net qui s'amusent de tout sans savoir de quoi ils parlent se mettent à inventer des histoires sur cette photo : on y verrait la tête de Pluto (ah ah) ou un cœur. Il est pourtant évident qu'on y distingue très nettement l'équation qui explique de manière très élégante le fonctionnement fondamental de l'Univers, en bas à gauche.

9 ans pour 24 heures de mesures précises. La science a du temps surtout en astronomie où les distances se mesurent dans des ordres de grandeur incomparables avec les nôtres.

Sur notre planète, pendant ces 24 heures, que s'est-il passé ?

- La France fête son 14 juillet, 225° anniversaire de la fête de la Fédération, 70° anniversaire du 14 juillet de la libération en 1945. François a parlé, plutot bien et sobrement en essayant la posture du président protecteur qui agit derrière pendant que les bonnes gens peuvent dormir et vaquer à leurs occupations. Les jaloux râlent et les autres pensent à leurs vacances. Un 14 juillet comme un autre ou une fête historique ? Il n'est pas très soutenu. De là à le qualifier d'audacieux, je ne crois pas. L'audace c'est autre chose. To be Bold, en anglais, c'est vraiment autre chose, j'en sais quelque chose, merci Lisa.

- Un attentat criminel dans une raffinerie prês de Marseille, certainement perpétré par des hommes en manque de pastis. Une petite explosion et pouf. Un temps immédiat, vite oublié.

- La Grèce fête un plan d'action qui lui donne de l'air et qui sera à renégocier a la prochaine échéance, dans une sorte de gestion cyclique du temps emporté dans une spirale sans fin, qui a tendance à tourner un peu en rond quand même. La négociation à son rythme, fait de lenteurs et de surprises abruptes, bien loin du temps astronomique et de ses régularités ponctuelles.

-L'Iran enfin. Une négociation depuis 2 ans a abouti. Elle avait en fait commencé il y a douze ans, avant le lancement de la sonde vers Pluton. Le nucléaire iranien sera encadré et contrôlé et les embargos levés. L'UE a déjà annoncé une suspension de son embargo vers l'Iran pour 6 mois et Obama a envoyé un message à tous les américains pour leur expliquer le texte et démontrer au Congrès qu'il ne doit pas s'y opposer. En Israël, le premier ministre fou mais réélu à déclaré que cet accord était une erreur historique, encore plus grosse que lui a-t-il voulu dire je pense. Cet accord va marquer les relations internationales pendant longtemps maintenant. Si l'Iran peut redevenir la puissance régionale qu'il était, tous les équilibres dans la région vont changer.

Donc, pendant qu'une petite sonde enchaine a toute vitesse les expériences et mesures vers Pluton, il ne se passe que des futilités sur Terre. Elle va à 50000 kilomètres heure, ce qui veut dire qu'elle ferait le tour de la Terre en moins d'une heure... On est peu de choses. 

Mise à jour : photos de Pluton et Charon (son satellite) en fausses couleurs scientifiques de la NASA


Et surtout ce très beau dessin extrait d'un de mes blogs favoris...


Re - Mise à jour avec une animation made in NASA pour enchaîner différentes vues de Pluton prises pendant les années de la mission (et avant puisque la première image est celle de sa découverte dans les années 1930...), jusqu'à celle d'aujourd'hui avec un gros plan sur de sacrées montagnes pour une si petite planète !


lundi 13 juillet 2015

Armée mexicaine ou prison mexicaine ?

Ne ratez pas le défilé du 14 juillet cette année. C’est l’occasion inespérée de voir l’armée mexicaine, en tous cas un bout.

Cette année, François a donc invité le président de la république mexicaine pour le défilé. C’est une manière de lui montrer les armes qu’il a achetées suite à la visite de François au Mexique l’année dernière et de lui présenter les prochaines. Une sorte de salon de Satori et du Bourget réunis pour VIP très spécial. Il y a chaque année des internationalisations intéressantes mais cette année, ça tombe bizarrement. Cela dit, comme l’armée française est sur tous les fronts y compris sur le territoire national, ses effectifs « défilables » sont moins nombreux. Il faut bien combler les trous.

Les liens historiques sont nombreux entre le Mexique et la France depuis l’expédition (ratée) de Napoléon III pour aider le Mexique à se libérer  installer un empereur français au Mexique. C’était il y a 150 ans et ça a tourné court, entre la fin de la guerre de sécession aux USA et les menaces de Bismarck en Europe. Mauvais timing, mais bons souvenirs d’une expédition ridicule en plein colonialisme étincelant. Tout le monde a oublié, sauf certains monuments par-ci par-là cette période trouble. Il reste une sorte de tendresse chez certains mexicains pour les français, toujours un peu ridicules, mais finalement relativement proches.

Le Mexique reste un pays violent et corrompu où l’on peut se faire attaquer sur certaines routes, y compris par de vrais policiers (en France au moins, ce sont des bandits déguisés en policiers qui attaquent de temps en temps). Pas un modèle international de démocratie, même si la situation s’est améliorée depuis la fin du parti unique au pouvoir. Cela dit quand la France invite un président, c’est son peuple qui est honoré, non ? Pas forcément son président plus ou moins blanchi. Sinon, on aurait peu d’invités.

L’actualité est cruelle pour le président mexicain : le principal criminel de la drogue (et plus car affinités) vient de s’échapper de la prison la mieux gardée du Mexique. Il avait fallu plus de dix ans pour l’attraper la dernière fois et maintenant il s’est encore évadé, histoire de continuer son business lucratif. Il avait évidemment des complices à l’extérieur et à l’intérieur puisque c’est grâce à un tunnel de 1500 mètres creusé entre les douches de la prison et un chantier loin dans la ville qu’il s’est enfui. Un joli tunnel d’ailleurs, avec électricité, soutiens et mdes rails pour évacuer les gravats. Tout comme « La grande évasion ». Sauf que là il était officiellement tout seul ! Mon oeil !!! La justice mexicaine, la police et les autorités sont penaudes car ils sont ridicules à la face du monde.


Après l’armée mexicaine, symbole d’une organisation où il n’y a que des chefs (synonymes en l’occurence d'incompétents, voici la prison mexicaine, où il n’y a que des trous). L’expression d’armée mexicaine est encore très utilisée dans notre monde moderne, car beaucoup d’organisations fonctionnent sans instructions précises ou en tous cas avec des ordres incompatibles. Mais la prison mexicaine est promise à un bel avenir grâce à cette histoire gênante. Peut-être l’évadé se glissera-t-il dans l’avion présidentiel mexicain ? Peut-être sera-t-il demain à Paris pour un congrès de chefs évadés ? Ou peut-être profitera-t-il du départ du président mexicain pour prendre le pouvoir au pays ?

Il faut être prêt à tout.

dimanche 12 juillet 2015

Du temps de cerveau pour... une nouvelle sonnante de Lermont - 1

Lermont se faisait vieux mais il était toujours l’homme aimant.

Toute sa vie il avait aimé des femmes et toute sa vie ça s’était mal passé. Mais toute sa vie, il avait continué. Oh, ce n’était pas sa faute, bien sûr. N’importe quel homme un tant soit peu raisonnable aurait compris depuis longtemps qu’il y avait un problème et que ce problème était chez lui, pas chez les femmes qu’il avait croisées. Mais Lermont n’était pas vraiment raisonnable. Il savait raisonner et même très bien car c’était un savant éduqué mais il ne savait pas s’appliquer la raison à lui-même et encore moins aux femmes qu’il rencontrait. Lermont était fait comme ça. Il aimait aimer, il savait aimer, il attirait comme un aimant les femmes aimantes et qui voulaient aimer.

Lermont se faisait donc vieux, mais il portait encore beau. Lui seul connaissait son âge réel. Ses papiers d’identité étaient moins documentés que lui et de toutes façons il était dans cet âge indéfinissable où personne ne savait le situer. Il n’avait que quelques cheveux gris, à peine visibles sur les tempes, et sa stature le rendaient très séduisant sans qu’il y ait besoin de regarder trop en détail. D’ailleurs si vous demandiez à toutes les femmes qui l’avaient connu de le décrire, aucune ne saurait exactement le faire. Toutes parleraient de ses yeux évidemment. De ses beaux yeux gris qui se coloraient de toutes les couleurs selon la lumière et son humeur. De son sourire et de ses fossettes qui semblaient l’habiter en permanence. Et c’est tout. Pour les femmes, Lermont semblait se réduire à cela - des yeux, un sourire, une stature. Et des mains. Car Lermont avait de très belles mains qui semblaient à la fois fines comme un artiste délicat et fortes comme un forgeron. Des mains qui concentraient ce fluide magnétique qui le caractérisait et qui avait marqué toute sa vie.

Lermont avait fini par fuir les femmes - et les hommes aussi d’ailleurs car tous étaient sensible à cet homme aimant. Il ne pouvait s’empêcher d’aimanter et d’attirer certaines femmes. Et il ne voulait plus souffrir. Ni faire souffrir. Mais Lermont avait construit une étrange mémoire à sa façon, sans vraiment s’en rendre compte. Il était très précis sur énormément de détails inutiles ou professionnels, mais il avait le sentiment d’avoir de la bouillie dans la tête à propos des femmes. Tout se mélangeait dès qu’il pensait aux femmes. Plus il essayait d’y penser, plus tout avait l’air de tourbillonner dans sa mémoire sans qu’il n’arrive à en saisir plus que des détails insignifiants. Il ne se souvenait que d’une chose à propos de chacune des femmes qu’il avait connues, leur rencontre. Tout le reste partait dans un souvenir flou qu’il n’arrivait même pas à identifier.

Il avait donc la mémoire très claire de toutes ses rencontres, de tous ces instants magiques où quelque chose s’était passé entre lui et une femme. Pas forcément la première fois qu’il avait vu cette femme d’ailleurs. Pour certaines leur vraie rencontre ne s’était passée que beaucoup plus tard, comme cette amie d’enfance avec laquelle il avait grandi en s’en moquant un peu et qui avait subitement ouvert ses lèvres d’une manière irrésistible un soir sur un banc public. Cela avait été une soirée extraordinaire, mais une aventure somme toute assez brève. Peut-être étaient-ils trop semblables, se connaissaient-ils trop pour aller plus loin qu’un fantasme de rencontre. En tous cas il ne s’asseyait plus jamais sur un banc public sans une émotion certaine.

Il aimait à se remémorer toutes ces rencontres. Il n’avait jamais osé les mettre par écrit car il était timide et un peu superstitieux, mais il se plaisait à se les réciter dans sa tête. C’était l’un de ses bonheurs. Il était bien conscient qu’il était ridicule, mais cela lui remontait le moral quand il en avait besoin. En bon esprit scientifique et raisonné il se disait qu’il devait y avoir un motif, une règle commune à toutes ces rencontres qui lui permettrait de reconnaître la femme idéale, celle qu’il attendait depuis si longtemps. Mais il avait beau retourner dans sa mémoire toutes leurs physionomies et toutes les circonstances de ces rencontres, il ne trouvait aucune similitude.

Elles avaient quand même presque toutes eu tendance à être plus petites et plus jeunes que lui, avec des cheveux plutôt bouclés et foncés. Très belles aussi, car en attirant les femmes il pouvait se permettre de choisir, se disait-il. C’était un mensonge effronté évidemment. Il ne choisissait jamais et se faisait rencontrer plutôt qu’il ne rencontrait. Mais la beauté des femmes était pourtant une constante. Et il ne trouvait pas belles toutes les femmes, ç’aurait été une illusion dangereuse. Il n’était pas suffisamment beau ou riche pour n’attirer que des mannequins. Avec le temps, il s’était dit que son magnétisme était sélectif, tout en n’en comprenant pas le mécanisme.

Lermont se faisait vieux et il ne comprenait toujours rien aux femmes. Au moins il s’en rendait - un peu - compte. Il avait décidé de résister à toute nouvelle rencontre. C’était devenu trop difficile. Cet espoir de la bonne rencontre, remplacé bien vite par le simple bonheur éphémère d’une rencontre délicieuse - avec toutes ses nuances de couleur - le minait. Les émotions étaient trop fortes et son coeur explosait à chaque fois. Puis il savait que le moment de la séparation arriverait et cela le détruisait. Tel un phénix qui renaissait et mourait à chaque femme, Lermont perdait un peu de son âme à chaque rencontre. En plus, les séparations étaient douloureuses, qu’elles durent une minute ou qu’elles s’étalent sur des années. Mais les bonnes résolutions de Lermont ne duraient jamais longtemps. Il ne pouvait éviter les lieux fréquentés par des femmes. La seule chose qu’il arrivait à faire, maintenant, c’était de décider assez vite si c’était la bonne rencontre ou pas. Il pouvait ainsi entamer une séparation plus vite et il supposait que cela faisait moins souffrir sa compagne de quelques instants. Décidément il ne connaissait rien aux femmes.

N’accusez pas Lermont d’être un vil séducteur ou un obsédé sexuel. Il était comme ça, à la recherche de l’absolu depuis sa plus tendre enfance. Avec une malédiction en plus, celle d’attirer les femmes comme un aimant. S’il avait pu étouffer son aimant personnel, il l’aurait fait depuis longtemps. Mais rien n’y faisait.

Cette histoire commence un soir, dans une grande ville où Lermont était de passage pour une réunion professionnelle. La réunion était terminée et malgré quelques regards luisants reçus de ses collègues féminines locales, il avait réussi à ne pas rencontrer de femme. Il avait la soirée pour lui dans cette ville inconnue. Il décida d’aller s’asseoir sur un banc public. Un petit geste un peu maniaque, se dit-il avec un sourire complice pour lui-même. La soirée était fraîche, le parc vide. Il pourrait profiter calmement de son banc et éviter toute rencontre.

Lermont s’assit et commença à se réciter tout bas la litanie de ses rencontres passées. Oh, pas beaucoup, quelques dizaines au plus. Mais son sourire s’élargissait à chaque nom... Quand il arriva à la dernière rencontre, ses yeux brillaient. Il leva les yeux.

A suivre




samedi 11 juillet 2015

Premier week-end d’été pour les parisiens

Ce matin, les rues étaient vides et les voitures pouvaient se garer facilement.

Entre les grands écarts en vacances et le week-end de quatre jours, les parisiens n’ont pas hésité et peu sont restés. Les touristes ont donc pris le pouvoir dans la ville, surtout quand on se balade dans les hauts lieux du tourisme parisien.

Comme à chaque fois que je fais le cicérone j’ai été surpris par Paris. En guidant ma famille américaine dans plein de lieux différents de Paris je ne peux que constater l’incroyable sous-information des touristes. La plupart restent sur les autoroutes tracées par les guides et se contentent de suivre les voies tracées par les guides. On voit bien de temps en temps des isolés baguenauder dans des endroits calmes, à l’ombre s’ils sont prudents ou en plein soleil s’ils sont inconscients, mais c’est vraiment l’exception.

Paris est en soi une ville faite de frontières invisibles qui s’y croisent avec une rare complexité. D’une rue à l’autre on entre dans une nouvelle atmosphère. un nouvel environnement. Mais d’une rue à l’autre on passe aussi de l’autoroute à bovins touristes au chemin de travers pour amoureux. Tous les parisiens connaissent de tels lieux. Tous privilégient leurs routes à eux plutôt que les bourbiers retournés par les guides à parapluie jaune ou à drapeau exotique. Il fait dire qu’avec la généralisation des bâtons à selfie, cela devient dangereux et on risque de se faire éborgner par des photographes amateurs qui de toutes façons ne voient pas ce qu’il y a sur leur écran, surtout en plein soleil ou contre-jour.

Je ne vous dirai pas ici quels itinéraires existent pour les amateurs. Si vous ne les connaissez pas, pourquoi les dévoiler au risque de les abîmer. Si vous les connaissez, cela ne sert à rien de vous les rappeler. Si vous en foutez, tant pis pour vous. En tous cas aujourd’hui j’ai fait une chose que je n’avais jamais faite avant, malgré que je sois un vieux parisien : monter sur le toit du Printemps - sa terrasse plus exactement - pour admirer la vue. C’est gratuit (de plus en plus rare à Paris) et c’est beau, surtout quand il fait un grand soleil. Lisa m’en avait parlé et l’avait fait, mais je n’avais jamais jugé cela utile. Je ne regrette pas d’y être allé. Il y a d’autres vues spectaculaires à Paris, mais celle-ci est prise d’un point très central et donne vraiment une belle image de la ville. Elle est évidemment gâchée par la Tour Montparnasse, mais on peut facilement l’oublier tellement elle est loin.

Les parisiens ont fui la ville et sa chaleur collante. C’est le premier samedi depuis le début de l’été où cette impression de vide est aussi forte. C’est le signe que tout est normal cette année, quoi qu’on en dise. Les parisiens, en tous cas, vont bien ! Il leur faudra attendre une semaine encore avant le début de Paris-Plages le 20 juillet.


vendredi 10 juillet 2015

Bizarre début de vacances

Officiellement les vacances scolaires sont commencées depuis une semaine, mais tout n’a pas l’air comme d’habitude.

Evidemment, sur le plan personnel, c’est un très mauvais début de vacances, le pire qu’on puisse imaginer, et vous savez bien pourquoi, lecteurs de ce blog... Allez regarder les billets précédents depuis le début de la semaine.

Mais tout me semble étrange, petite revue de l’actualité :

- La météo n’a pas obéi aux météorologistes (encore une fois). Un coup on nous annonçait une canicule et il faisait presque frais, un coup on nous annonçait un jour d’été normal et il faisait gris et pluvieux, et puis aujourd’hui l’été semble enfin arrivé, dans sa belle robe bleue et dorée. A Paris, les gens aiment bien sortir dès que c’est possible, et même quand ça ne l’est pas, mais par exemple une croisière sur la Seine n’était même pas remplie à moitié et il y a eu des petites tempêtes.

- La politique française est en pleine torpeur. Même la loi Macron vient d’être votée sans avoir besoin d’une troisième motion de censure : les députés sont presque en vacances et n’ont pas envie de s’embêter. Leurs leaders s’entretuent à coups de phrases assassines, comme NKM qui a pris Sarkozy pour coeur de cible, ou Mélenchon qui avait annoncé son départ mais qui clame avoir eu raison sur tout, ou même DSK que certains sondages placent comme potentiel revenant. Normalement il faudra attendre les universités d’été fin août pour les voir réapparaître, bronzés mais pas trop.

- La politique européenne est centrée sur la Grèce et son « j’y vais ou j’y vais pas ». Après un référendum gagné largement par le Non, on se dirige vers un accord sensiblement le même qu’avant. Les grecs savent marchander, avec un art tout méditerranéen, et ça fait quelques siècles que cela dure. Les journalistes ne savent plus quoi dire devant cette danse rythmée entre Grèce et Europe. Ils savent juste que la France aide la Grèce à mieux négocier (contre l’Allemagne) et que la signature du nouveau ministre des finances ressemble à un zizi (si, si !). Il parait même que NKM (encore elle, sa stratégie comm est claire) a dit qu’in ne fallait pas que la Grèce deviennent la CGT de l’Europe. C’est cryptique ou elle est bête... ou les deux.

- La politique internationale semble tourner autour des mêmes terroristes, sans changement, sauf depuis l’attentat, en Tunisie où l’on annonce qu’il pourrait être décidé de construire un mur sur la frontière avec la Lybie... Un monde de murs, quel bel héritage pour nos enfants !

- Même les actualités people sont peu nombreuses. La mort d’Omar Sharif m’a surpris. Je croyais qu’il était mort depuis longtemps car c’était l’une des idoles de ma mère... Enfin, on remplit les colonnes des journaux comme on peut. Le Tour de France est en France et sans maillot jaune jusqu’à ce soir, puisqu’il a abandonné sur chute. Dommage pour les spectateurs qui se faisaient une joie de le montrer à leurs enfants, et dommage pour les commentateurs qui ne peuvent même plus dire « le groupe maillot jaune ». Quelles affres ! Le handballeur vedette et nounous (gros) a été reconnu coupable d’escroquerie, par ailleurs. Au moins ça prouve que certains sportifs sont intelligents.

Finalement, le rythme quotidien d’un blog n’est pas toujours adapté à une actualité molle. Mais ce n’est pas grave. Ca continue !

jeudi 9 juillet 2015

9 juillet : musiques

La vie en rose - Louis Armstrong
Prélude et fugue n°1 - JS Bach
Plusieurs morceaux de piano d’Amélie - Yann Tiersen
La Vie en rose - Edith Piaf

Une petite playlist, toute simple, pour une cérémonie émouvante. Pour Lisa. Aujourd’hui.

Premier jour d’une longue série de jours. Larmes mais aussi sourires, couleurs et amitié.

D’ailleurs en français, il est décevant qu’on n’ait pas plus de mots pour qualifier les larmes. On parle de larmes de quelque chose (joie), de chaudes larmes ou de larmes de crocodile. Mais pourquoi n’a-t-on pas plusieurs mots pour décrire les larmes, leur volume, leur intensité et leur joie/tristesse ? Est-ce qu’on ne sait pas ce que c’est que des larmes différentes en France ? Les esquimaux ont plein de mots pour décrire la neige et le blanc parce que c’est important pour eux.

Question débile peut-être mais il n’est pas trop tard pour en inventer de nouveaux... La balle est dans le camp des linguistes, s’ils savent rire et pleurer et toutes les variantes entre.

En tous cas, Garfield est devenu célèbre pour ses nap attacks, ses attaques subites de sieste. Mais des attaques de larmes sont très fréquentes pour ceux qui ont souffert. Comme des attaques de rires, de sourires, pour les mêmes ou d’autres. Ce qui est beau dans ce rythme, pour moi, c’est l’intensité des sentiments et la capacité à prendre du recul, à faire un pas de côté. Et pas seulement tourné vers le passé et ses beaux souvenirs, mais surtout vers le présent (carpe diem) et le futur. Car tout est toujours à construire. Avec énergie, force, envie de bouleverser les conservatismes installés et inertes, envie de dire aux autres de se remuer et d’oser. Comme Danton et son audace ou la phrase introductive de Star Trek.

Alors oui, demain ce blog reprend son rythme de commentaires sur l’actualité, sur tout et n’importe quoi. Il s’est passé des choses dans le monde depuis lundi, parait-il. On verra.

En tous cas, en attendant, merci à toutes celles et à tous ceux qui ont exprimé leur soutien, sous une forme ou une autre.

mercredi 8 juillet 2015

8 juillet : Seren(dip)ité

Je suis Georges Lauteur, l’auteur de ce blog.
Demain j'enterre mon épouse, ma Lisa. Pardonnez-moi ce billet personnel.

Lisa nous a tous quittés lundi pour rejoindre l’Univers quelque part ailleurs, ailleurs que dans mes bras. Son âme, mon âme soeur, est ici, mais son corps a quitté ce monde, attaqué par un cancer brutal, fulgurant et que la Science ne sait pas appréhender. La science a ses limites que les scientifiques connaissent bien, mais les statistiques ne veulent plus rien dire quand elles se réduisent à une personne. Et pas n’importe quelle personne.

Nous avons pu néanmoins passer quelques moments d’échange avec elle et elle est partie en paix et sans souffrir avec sa famille autour d’elle. Un miracle de dernière minute. Merci.

En paix ? Qui peut être en paix avec de tels événements ? Comment ne pas être furieux devant tant d’injustice ? Comment rester serein ? Lisa, avec toutes ses couleurs, son audace et son énergie positive était furieuse contre ce foutu machin qui est venu d’on ne sait où. Moi aussi. Mais la paix vient de l’acceptation de la réalité, une fois qu’on ne peut plus la changer. La sérénité, c’est de refuser et d’accepter à la fois, dans une bataille pour quelque chose. Jamais contre quelque chose. Lisa ne se battait pas contre le cancer, mais pour la vie. C’est toute la différence.

Si je vous dis que c’était une femme merveilleuse vous allez sourire. Mais comme la vache qui a deux sous-produits - le lait et la bouse - l’univers a deux sous produits. Et Lisa était du côté du lait. Pas de la bouse. Toutes celles et tous ceux qui l’ont connue, qui ont croisé son regard, son charisme et son énergie positive savent de quoi je parle. Tous ceux qui ont eu des contacts électroniques avec elle ont également ressenti cette énergie, car Lisa était une écrivaine du numérique, autant à l’aise avec les réseaux sociaux de toutes sortes, les blogs et les multiples interactions virtuelles qu’avec la chaleur du sourire et la douceur de la peau IRL (in real life pour les ignares).

Lisa a changé ma vie, car la sérendipité qui nous a réunie nous est tombée dessus comme un rayon de soleil en pleine grisaille parisienne un soir d’automne, un des ces rayons qui transforment n’importe quel immeuble parisien en pierre de taille blanche en un être vivant de feu et de joie l’espace d’un instant. Un instant qui a duré huit années. Huit petites années seulement. Un détail dans l’Univers, mais un grand pas pour l’Amour. Une histoire clairement non achevée, qui se continuera ailleurs, autrement et plus tard, certainement et tant pis pour Shakespeare.

Merci Lisa d’avoir accepté de m’accueillir dans ton coeur, de m’avoir reconnu comme ton âme soeur. Sans toi ma vie serait moins riche, ce blog n’existerait pas, je ne serai pas devenu un auteur publié, je serai un homme incomplet toujours en attente de la rencontre parfaite. Evidemment, maintenant que le cancer nous a séparés, je sais ce que j’ai perdu. Mais je sais aussi ce que j’ai gagné. Ce que chaque moment, chaque jour nous apporté de bonheur, de sourires, de couleur, de vie. Et je sais ce que je vais faire pour t’honorer et continuer ton oeuvre.

Car Lisa a une oeuvre littéraire, elle a une oeuvre en tant que coach pour aider les autres à progresser dans leurs vies. Elle est The Bold Soul et le restera à jamais. Je sais que déjà une bourse va être créée aux USA, son pays d’origine, en hommage à cet aspect de sa vie qui a influencé tant de gens dans le monde. Elle est aussi l’une des principales instigatrices de la campagne contre les cadenas d’amour, pour préserver la beauté des sites et leur mise à disposition des vrais amoureux contre les vandales armés de cadenas. Elle était fière d’avoir gagné la bataille du Pont des Arts, même si d’autres restent à gagner. On ne peut pas gagner toutes les batailles non plus.

Mais surtout, Lisa, c’était Lisa. l’amour de ma vie.

Je vous souhaite à tous de rencontrer une femme ou un homme de la qualité de Lisa. Que cela dure une éternité avec cette personne - on peut et on doit rêver - ou seulement quelques instants, une telle personne il faut savoir la reconnaître, l’aimer, la protéger et s’en faire aimer.

Et comme Lisa, je suis un être fondamentalement tournée vers l’optimisme et l’énergie positive. Je crois en la beauté et la finesse - même quelques grammes dans des océans de bouse. Alors, oui, je continuerai à vous emmerder ici et ailleurs pour que le monde soit meilleur et pour aider le plus possible de gens, celles et ceux que j’aime, comme mes trois enfants adorés... mais aussi les autres.

I love you, Lisa, my soul, my soulmate, my Bold Soul.