mercredi 26 août 2015

Ambassadeurs de quoi, au juste ?

Hier les Ambassadeurs se réunissaient comme chaque année à même époque. François a tenu un discours. De quoi a-t-il parlé ?

François a commencé par la COP21 en décembre sur le changement climatique. Juste quelques phrases, dont celle-ci : « Nous avons le devoir de réussir parce que c’est un enjeu mondial, parce que c’est la France qui est le pays hôte de ce grand rendez-vous... Une fois encore notre pays par sa place, par son rôle, par son influence, est chargé de prendre part à une négociation décisive pour l’avenir de la planète ». On est dans le grandiose. La France au secours du monde. Super !... Heureusement il n’a pas trop insisté, vu le ridicule de la situation et le grand écart entre les mots et les actes dans ce domaine. Bon, pour être honnête, il y est longuement revenu en fin de discours, pour annoncer une innovation majeure due au génie français : les présidents des Etats seront invités au début de la Conférence, pas à la fin. Je ne sais pas si vous imaginez l’impact mais c’est... c’est... je ne trouve plus les mots tellement c’est...

François est passé tout de suite au terrorisme de Daech (on ne parle plus d’un autre acronyme, vous aurez remarqué) ou de Boko Haram, sans oublier d’écorcher vivant au passage El Assad. Devant des ambassadeurs c’est un sujet délicat car on est plus proche ici des militaires et du Ministère de la Défense. Rien de nouveau, sinon l’envie de détruire El Assad le plus vite possible. Il a même dit "neutralisation" ce qui est tout sauf neutre et a été relevé par beaucoup de commentateurs étrangers. Une stratégie bizarre, comme si un domino tenait à lui tout seul toute la construction au Moyen-Orient.

Il est passé ensuite aux migrants qui affluent en Europe, principalement via la Méditerranée et ses pays riverains. Il a réussi à dire du mal des murs qui s’élèvent un peu partout, virtuels souvent, mais de plus en plus réels, prenant ce faisant une position courageuse contre les populismes normaux. Il a dénoncé certains pays qui ne prennent pas leur « part » de migrants, préférant se réfugier derrière ces murs (sans parler des murs entre Israël et Palestine - sujet touchy - et sans nommer Israël d’ailleurs, juste en parlant des deux parties. L’Iran a semblé au centre de ses préoccupations, avec l’Egypte. Le choix géopolitique semble fait.

Il a donc conclu cette partie sur l’idée de développement. On ne parle plus de co-développement - idée éculée - mais de développement commun : « Cette question des migrations peut opposer le Nord et le Sud, au-delà des tensions que cette question peut générer en Europe, dans chacun de nos pays, au risque de nous déséquilibrer gravement. Alors nous devons écarter ce risque. Nous devons travailler à un développement commun, à la formation des personnels, à la mise aux normes énergétiques de l’Afrique, à la croissance, à la sécurité ».

Et puis à propos d’Angela, il a voulu en parler : « C’est ce que nous avons fait avec la Chancelière MERKEL, pour éviter que ne dégénère la crise ukrainienne. Tout a commencé le 6 juin, sur les plages du Débarquement. C’est là que nous avons conçu le « format Normandie ». C’est ce  « format Normandie » qui a permis de conclure – une nuit a été nécessaire – les accords de Minsk en février dernier ». On imagine la nuit torride en Normandie et on se prend à rêver à ce couple improbable ! Le format Normandie ??? En voilà une expression que je n’avais pas relevé avant, honte à moi !

François n’a pas oublié de prendre son habit de VRP de l’armement français, des Mistral (deux à vendre) aux Rafale. Et il a conclu sur l’Europe. Petit coup de patte à Mélenchon par exemple ici à propos de la Grèce : « Nous devons en tirer pour nous-mêmes des leçons. Je ne parle pas des leçons pour savoir s’il faut s’adapter ou pas à la réalité, s’il faut gouverner ou pas ; à un moment la politique c’est fait pour gouverner et pour diriger, ou alors c’est une autre conception, qui est celle de la résistance ou de la protestation ». Il a défendu encore une fois l’Europe à plusieurs vitesses, en l’appelant « l’intégration différenciée » (???) ce qui est nettement plus clair, vous le reconnaîtrez.

Enfin, il a réussi à prononcer le mot « francophonie », ce qui est à noter. C’est toujours bon à prendre.

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