mercredi 5 août 2015

Une improbable rencontre dans le bus

Cet été est vraiment étrange pour moi, à bien des titres. Suis-je plus attentif à la vie et à ses détails, aux autres et à l'indolence générale qui a saisi Paris, particulièrement cette semaine, vide de chez vide comme disent les anciens jeunes ? Laissez-moi vous raconter ma rencontre du matin. Il ne s'agit ni de croissants ni de jambes de femmes cette fois. C'est moins sexy ou appétissant mais c'est plus souriant.

Dans mon bus ce matin, le 27, celui qui passe devant le Pont des Arts (Salut Lisa), il n'y avait pas grand monde. Je m'assois derrière une personne avec un joli chapeau qui discute avec un monsieur, face à moi. Deux personnes âgées. A la voix je sais que la personne qui me tourne le dos est une dame en train de se faire draguer par l'autre. Ils parlent cinéma, théâtre, chansons et ça fleure bon le Paris des années 50-60.

J'en viens progressivement à la conclusion que la personne qui me tourne le dos vient de ce milieu et y travaille. Je regarde alors son chapeau. C'est un feutre normal - sauf que pour la saison, il doit être un peu chaud - mais avec un crayon à papier (avec gomme) glissé sous la petite bande décorative. Un crayon-gomme ? Serait-ce le signe d'un auteur de textes ? Et de quels types de textes ? Je suis interloqué. Or je suis curieux et avide de me remplir des beautés du monde maintenant que mon soleil s'est éteint. J'écoute donc. Excusez-moi, chères personnes, mais je vous ai espionné, c'est le charme des bus à Paris.

Puis j'ai compris. Quand la personne au chapeau a dit "Touche pas au grizzli, salope" d'un air très réaliste. Puis quand je l'ai entendu réciter - avec les intonations - le sketch du Sar de Francis Blanche et Pierre Dac. Ils parlaient de Francis Blanche. L'homme en face de moi a dit quelque chose à propos de "votre père". J'étais assis derrière la fille de Francis Blanche.

Mon arrêt approchait. Je me suis levé pour voir cette dame en face, en attendant à côté de la porte. Choc très Blanchien, ou même Dacois, cette fille était un homme. Sa voix aigüe m'avait enduit d'erreur. J'étais face au fils de Francis Blanche. Un gag qui m'a instantanément apporté un sourire lumineux sur le visage.

Je suis sorti du bus heureux. Tellement de souvenirs venaient de remonter à propos de cet humour franchouillard et très sophistiqué que les étrangers ne peuvent pas comprendre. Tellement de souvenirs qui ont bercé ma vie d'amateur d'humour. Ils s'entremêlaient tous dans ma tête.

J'ai pris un café croissant - évidemment - et me suis replongé dans quelques mémoires. Mémoires que nous partageons à beaucoup, tellement cela fait partie d'un inconscient collectif, pourtant si vieux. 50 ans et plus depuis la belle époque du succès du couple Blanche Dac(ier). Des Tontons à Signé Furax en passant par ces innombrables canulars téléphoniques. Je sais que les jeunes générations apprécient encore certains de ces morceaux de bravoure. Mes enfants en tous cas. Et puisque c'est l'anniversaire de ma fille adorée aujourd'hui, je lui dédie cette version culte du Sar (qui ne quitte jamais mon iPhone). C'est une version clean. Il y en a d'autres, où ils sont plus... alcoolisés ;)



Le fils de Francis-Blanche s'appelle Jean-Marie Blanche. Il a écrit un livre intitulé simplement Mon père. On peut lire le début ici. Ca vaut la peine de le lire. Je vais l'acheter évidemment.

Chapeau, Monsieur Blanche. Avec un crayon !

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