vendredi 9 octobre 2015

Guerre et Paix, une frontière en pleins sables pour le Nobel de la Paix

Aujourd'hui a été décerné le Prix Nobel de la Paix, le plus paradoxal de tous les prix Nobel, richissime inventeur et homme d'affaires dans le domaine des armes, rappelons-le. Il est censé récompenser "la personnalité ou la communauté ayant le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix".

Ce Prix est celui qui symbolise le plus la notion de Nobel, car il s'adresse à des personnalités (ou à des organisations) non scientifiques. Il y a bien le Prix de Littérature dans le même genre, mais il faut quand même savoir écrire des romans pour l'avoir. Alors que pour la Paix, la palette est beaucoup plus large. Parmi les plus controversés, il y a eu Obama en 2009 (et Jimmy Carter en 2002), l'Union européenne en 2012, Al Gore et le GIEC en 2007 (ce qui tombe bien avec la COP21 de cette année prévue pour concrétiser les engagements  "pris" à l'époque), mais aussi  Médecins sans frontières en 1999 (avant le bombardement de leur hôpital par les USA susnommés), Arafat-Perez-Rabin en 1997 pour leurs efforts de l'époque... Mandela en 1993 et Gorbatchev en 1990... Amnesty International en 1977... Martin Luther King en 1964... La plus jeune (Malala) avait 17 ans l'année dernière. Jolie façon de présenter l'Histoire sur cette infographie du JDD.

C'est un prix souvent controversé, et même si il y a dix ans le Comité Nobel a changé de politique, ce n'est pas flagrant : il a affirmé publiquement que le prix ne reviendrait plus qu'à des personnes, groupes ou organismes qui auront engagé leur existence au service des droits de l'homme, de la promotion du modèle démocratique ainsi que de la défense des voies de la diplomatie.

Il manque un Prix Nobel de la Guerre. Il y aurait tellement de candidats qu'il faudrait peut-être même plusieurs sous-catégories : guerre civile, guerre de conquête, guerre économique, massacres civils, dictature... Il pourrait être attribué à des personnes, des organisations ou des Etats, mais là aussi, il y aurait des controverses car chacun voit midi à sa porte. En effet un Prix Nobel de la Paix ne peut exister que parce que le titulaire a combattu ceux qui faisaient la guerre ou un équivalent aussi atroce.

Une remise couplée serait donc très utile. Et dans un décor approprié. Une sorte de ring ou d'arène. C'est le titulaire du Prix de la Paix qui choisirait les armes évidemment : elles pourraient être les mots, le discours, la faiblesse, la force, l'amour ou même l'Amour. De beaux duels en perspective.

Cette année, le Prix a donc été attribué à... Poutine (non je rigole, le prix de Littérature attribué à Svetlana Alexievitch, une de ses opposantes réalistes, le discrédite) à...  la Tunisie et à son quartet pour le dialogue démocratique suite à la révolution de 2011. Beau symbole. Dégagez, les autres !!!


Une controverse possible ? Puisque l'Homme aime la controverse depuis l'époque du dialogue Socratique et des guerres, on doit bien pouvoir trouver quelque chose, non ? Sur ce coup ça sera difficile. Beau pied-de-nez aux islamistes aussi. (Et tant pis pour Sarkozy ;) L'extension à d'autres zones est en effet parmi les attendus... Et c'est le dialogue qui a été récompensé, pas les organisations individuelles qui composaient le Quartet ! Un prix dirigé clairement vers la Tunisie et d'autres pays dans des situations similaires (avec ou sans printemps arabe), mais aussi contre les dictateurs qui se maintiennent au pouvoir. Un vrai Prix de la Paix ET de la Guerre (civile).


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