mercredi 25 novembre 2015

Alerte maximale !!!

Aaaaaaaaaargh. Regardez ce tweet :


Selon ce manuel tout neuf de chez Nathan, le Mont Saint-Michel serait donc en Bretagne, malgré la folie du Couesnon qui l'aurait placé en Normandie. C'est évidemment une coquille, puisque ce fait est accepté par tous, sauf peut-être certains irréductibles bretons et auteurs de manuels scolaires. Ce minuscule fait divers engendre quelques commentaires de ma part.

A quelques semaines des régionales, ce genre de débat n'a pas fini d'alimenter les discussions de cafés du commerce dans ce gigantesque Clochemerle qu'est la France. Il y a des discussions entre régions, mais aussi entre régions regroupées dans une nouvelle et grande Région, et évidemment entre départements, communes et même rues. Il nous rappelle que la France s'est construite lentement et depuis fort longtemps. Le Mont Saint-Michel, fort magnifique par ailleurs, aurait été breton seulement de 867 à 1009, ce qui nous permet de relativiser le débat (et la durée de vie d'un tweet d'une collégienne).

Le métier d'éditeur scolaire est délicat, car chaque auteur-enseignant a des idées bien précises et il y a tellement d'informations dans un tel manuel que le métier de lecteur - ou d'éditeur au sens américain du terme - est de plus en plus important. Ce métier est malheureusement souvent confié à des jeunes sous-payés et peu au fait d'une culture générale moyenne, ou même à des stagiaires non-payés. Comme personne ne remarque les erreurs en général, ce n'est pas grave, ou alors cela permet au professeur dans la classe de faire remarquer l'erreur et d'en tirer des leçons pour ses élèves sur la fiabilité des données, l'importance de la vérification (merci Wikipedia). Finalement, comme le degré zéro d'erreur est inatteignable, de plus en plus, ça reste "rigolo".

Ce n'est pas toujours rigolo. Car en matière de cartographie, il y a des différences d'appréciation souvent très graves entre pays, qui vont souvent jusqu'à la guerre. A lire d'urgence, cet article sérieux sur ces difficultés avec des exemples précis, à partir de Google Maps et de ses enjeux géopolitiques. On se souvient peut-être que juste après les attentats de Paris, Google Maps localisait Daech... au Bataclan ! Triste, grave et obscène erreur, que seuls les systèmes automatiques savent produire...

En Afrique par exemple, dans les zones délimitées par la colonisation pour briser les ethnies en les séparant sur plusieurs pays, ou à l'occasion de la création de pays (Soudan et Sud-Soudan par exemple) ou de velléités d'indépendance. On citera par exemple les cartes du Maroc : le Maroc tient à ce que les frontières englobent tout le pays, y compris donc le Sahara occidental, tandis que l'ONU et la plupart des grandes organisations internationales reconnues mettent une ligne pointillée horizontale pour séparer les deux parties. Combien de dictionnaires et d'atlas ont fini à la poubelle car soit le Maroc, soit une organisation onusienne était cliente du même atlas. C'est pareil en mer de Chine entre la Chine et le Vietnam sur quelques îles autour desquelles tournent les porte-avions américains... Je me souviens de milliers de dictionnaires francophones qui ont été jetés à cause d'une erreur de carte dans cette région, par Hachette à l'époque.

Une erreur peut toujours emmener loin. Même un infime trait entre deux "zones". Car même si la carte n'est pas le territoire, le territoire est important pour les humains, qui aiment à le marquer aux quatre coins avec des symboles plus ou moins pertinents, comme certains animaux. On espère qua dans le cas présent, la guerre ne sera pas déclarée entre les deux régions. Car la Bretagne bénéficie du ministre de la Défense et a donc du répondant !

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