jeudi 31 décembre 2015

Il fait beau et chaud (contrepèterie inuit)

Oui, il fait chaud et beau. Pardon aux Inuits car il s'agit à l'origine d'une contrepèterie belge. Il fait beau et chaud aussi à Bruxelles où le feu d'artifice a néanmoins été annulé. 

Mais il fait surtout chaud au Pôle Nord puisque les températures y dépassent 0 degrés Celsius. C'est inédit pour une fin décembre et cela fait déjà débat entre météorologues et climatologues. Les météos disent que c'est lié à une dépression actuellement centrée sur l'Islande, venue du Canada et allant en Sibérie, causant tempêtes, vents violents, précipitations et coup de chaud (partout au Nord), tout en suggérant que cela ait un lien possible avec le El Niño de cette année (le plus puissant depuis celui de 1997, l'épique). Les climatos hésitent à parler de lien avec le changement climatique car ils ont besoin de plusieurs anomalies pour en tirer des conclusions. La différence d'approche entre les deux familles est liée au terme (court et très court pour les météos, long et très long pour les climatos) et à des approches différentes, comme entre une tendance de fond et des variations très fortes à court terme. On n'explique pas le fond et la forme de la même manière. 

Cette année est donc climatiquement une année record à plusieurs points de vue. C'est le double effet Kiss Cool COP21. Où que vous soyez pour cette Saint Sylvestre, il fait moins chaud que d'habitude. Certaines stations de ski qui produisent de la neige artificielle sont même obligées de la faire transporter en haut des pistes par hélicoptère. Bonjour la pollution ! Paradoxe du business "propre et pur" pour l'amusement des riches bourgeois. 

En Normandie, où je suis actuellement, le temps est parfait. La pluie viendra, nécessairement, mais pour le moment c'est assez incroyable. Pâques sera certainement aux tisons. Attention à vos fruits de mer et autres coquilles Saint-Jacques. Température même trop chaude pour laisser le Champagne sur le balcon. 

Bonne fête quand même. Sans oublier Titi comme il y a trois ans. 


mercredi 30 décembre 2015

Un 30 décembre

Lendemain de Star Wars et le monde est calme, sans vaisseaux spatiaux et sabres lasers. Avec les mirettes encore pleines quand même et en attendant déjà la suite de la troisième trilogie. Un billet calme donc. 

C'est la Saint Roger. Tous les amateurs du chat de Geluck connaissent Roger, enfin, la voix de Roger...



C'est en soi une nouvelle importante, non ? Surtout pour ceux qui ont eu comme moi pour Noël le dernier album du Chat, incontournable des célébrations alcoolisées de fin d'année. Car entre spécialistes du jeu de mots débile ou très fin, on se reconnaît et on apprécie l'inutile indispensable. 

Anniversaire important aussi aujourd'hui, quatre-vingt-treize ans (comme dirait Hugo), puis qu'en 1922 fut fondée l'URSS à laquelle réaspire Poutine. L'assassinat de Raspoutine c'était le 17 décembre 1916, mais tout cela n'a rien à voir suis-je bête. Comme ceux qui l'appellent le Tsar Poutine. L'URSS est morte mais la très grande Russie dominatrice ne l'est pas. Malgré les boycotts et autres crises économiques, elle se développe petit à petit. Poutine est encore jeune. Il peut durer quelques mandats encore en alternant président et premier ministre omnipotent. Quand on sait que son cher ami Depardieu va jouer Saline au cinéma, on se dit qu'ils ne manquent pas d'ambition !

Retour au cinéma donc. C'est fou. Quoiqu'il y ait les séries télé a finir cette année. Downton Abbey, ça vous dit quelque chose ? C'était la der des ders le jour de Noël. Snif !


mardi 29 décembre 2015

Staaaaaaaaaaaaaaaaar Waaaaaaaaaaaars

Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah
Ce soir je vais voir Star Wars. 

Enfin, dirons certains des fans les plus purs. Oui, répondrai-je, mais c'est pas facile avec un pied immobilisé à cause de ce foutu tendon d'Achille. Oui mais quand on est un vrai fan on l'a déjà vu deux fois au moins, diront les pros. Ouais mais bon je vais le voir en VO 3D grand écran dolby atmos avec ma chère et tendre et tout et tout, siffloterai-je. Pffffffft ricaneront-ils. Pfffffffffffffffft soufflerai-je...

Évidement ça a été dur d'éviter les spoilers. Mais de toutes façons c'est pour le pestacle ! Alors l'histoire... Qui est là, qui n'est pas là, qui est l'enfant de qui, qui meurt ou pas... Bof. Moi ce que je veux c'est un gros coup de régression adolescente comme quand j'ai vu le premier (le IV en fait comme tous les érudits le savent).

J'aurais pu bloguer après le film mais c'est mieux juste avant, je trouve, dans l'excitation du moment qui précède... Et le désir s'accroît quand l'effet se recule (Polyeucte, Acte I , scène 1). Je suis encore dans ce moment où je peux tout imaginer, et c'est bien. Ce sera bien pendant et après, évidemment. Mais l'avant, les prolégomènes ou les préliminaires, c'est bien aussi. 

Je ressens déjà ce petit pincement quand le générique commencera avec sa musique. Ce retour en arrière et ce bond en avant. Ce côté ringard et fascinant d'un monde clair-obscur où la Force joue le rôle de juge ultime. De Dieu, disons-le. Avec ses adeptes et ses contre adeptes. 

Alors oui, mon téléphone sera fermé et mes sens ouverts. Tous. Je rajouterai peut-être un PS (post starwars) après, mais pas forcément. Car c'est une aventure personnelle que ce film. A chacun de la vivre comme il le sent.

Que la Force soit avec nous, ce soir !



PS à 23h40 : Super ! Allez-y 

lundi 28 décembre 2015

Repos du ventre

C'est lundi. Entre deux fêtes. Nos ventres ont besoin de repos malgré l'irrésistible trêve des confiseurs. Les repas familiaux de Noël se sont calmés, y compris pour ceux qui en ont des familles recomposées et/ou des belles-familles. Sans compter les rallumages de chaudière le lendemain. Les réveillons du 31 sont en cours de préparation avec leurs doses d'huîtres, de litchis ou de bonbons. Et de boissons alcoolisées avec ou sans bulles. Il est donc temps de penser à une alimentation saine pour reposer nos tripes (de Caen), nos estomacs (de Cocagne) et nos ventres (deux mers).

Hips. Je parle pour vous, hein, par ce que votre blogueur favori est resté sobre, lui... Hips.

Recette du bortsch russe, la soupe à la betterave idéale pour digérer. A préparer à l'avance pour que la betterave ait le temps de donner du goût. C'est un pot-au-feu à la betterave en fait, donc la recette est simple. 

Prévoyez des viandes (genre macreuse ou jarret de bœuf et un peu de porc si vous êtes orthodoxe) et l'indispensable os à moëlle pour le goût. Et des légumes : plusieurs betteraves rouges crues, carottes, oignon, pommes de terre, céleri rave, poireau, navet, tomates... et du chou (vert) évidemment !!!

Faites le bouillon de bœuf comme d'hab à feu doux avec la viande et ajoutez petit à petit le bouillon aux autres légumes de l'est, chou et patates en dernier, qui cuisent à part. La viande cuite en dernier. Servir avec de la crème fraîche (parcelle que c'est les vacances quand même).

Sinon il y a la même soupe mais sans betterave. De manière générale les soupes se répartissent en plusieurs familles : les potages ont beaucoup de bouillon et peu de consistance, les moulinées sont des soupes passées à travers un moulin à légumes, les veloutés sont mixées avec une fécule pour les adoucir, les crèmes sont des veloutés avec de la crème (sic), les bouillons sont filtrés et les consommés sont des bouillons très réduits. 

Les soupes sont donc les reines de la période, avec les légumes de toutes les couleurs et quelques fruits en salade. 

Voilà mes conseils pour vous. À suivre ou pas. Je retourne à mes harengs, mon foie haché et mes pirojki. Bon appétit !


dimanche 27 décembre 2015

Du temps de cerveau pour... une histoire molle

Il était une fois un prince pas charmant du tout, ni beau ni jeune, mais très riche. Il attirait donc beaucoup de candidates au mariage, principalement des jeunes filles présentées par leur mère aux dents longues et au portefeuille plat.

Tout ça se passait il y a bien longtemps, dans un royaume perdu, sur une île loin de tout.  La conséquence de cette situation fut quasi-automatique dans un marché très peu actif : aucune jeune fille ne plût au prince et il commença à penser à étendre ses critères de sélection.  Ses critères initiaux étaient en effet très restrictifs : il fallait que la candidate soit une femme, car il était profondément hétéro et qu’elle soit jeune, belle, séduisante, intelligente, musclée et bandante. Il commença donc à éliminer un à un les critères qu’il jugea les moins importants et à chaque fois, il revisitait la liste des candidates en ajoutant des croix. Exit la jeunesse, car après tout, une femme pouvait être belle sans être jeune, il suffisait de regarder sa mère qui elle-même le surveillait comme un chat épie le poisson du bocal. Exit la beauté, car après tout, sa mère l’était suffisamment pour deux ou trois. Exit la séduction, car il se sentait capable d’être séduit par tout ce qui bougeait et qui portait une jupe. Exit l’intelligence, se dit-il en y réfléchissant bien, car c’était dangereux et cela risquerait de poser des problèmes avec sa mère. Exit enfin la bandaison, car il n’avait pas de problème de ce côté-ci et aucune des filles qui travaillaient au château ne s’en était jamais plaint.

Il ne resta bientôt plus que deux critères sur lesquels il ne voulait pas transiger : femme et musclée. A priori il devrait trouver étui à son épée avec des critères aussi simples, mais pourtant rien n’y fît. Il décida alors, sur les conseils avisés de sa mère, d’organiser un grand concours sportif réservé aux femmes. Des messagers partirent au quatre coins de la planète pour attirer les meilleures sportives du monde entier. Les prix décernés étaient très alléchants.

Et un mois plus tard, le prince était installé dans son fauteuil princier, avec sa mère la reine à ses côtés, à moins que cela ne soit l’inverse. Cela se passait dans la grande arène de l’île, rénovée pour l’occasion. Le prince avait fait aménager des logements et des vestiaires juste à côté pour préserver les sportives des regards avinés de ses compatriotes. Si sa future épousée était dans le lot, il ne voulait pas qu’elle soit soumise à la tentation d’autres hommes. D’ailleurs les sportives ne savaient pas qu’elle étaient susceptibles d’être mariées au prince. C’était un détail sans intérêt qu’il avait omis de mentionner dans la proclamation pour le concours.

Le prince était le seul homme à pouvoir se promener dans le bâtiment des championnes. Il y passait de temps en temps et les regardait s’entraîner en prenant des notes. En tout bien tout honneur, précisons. Le prince n’était pas charmant mais il savait se tenir, grâce à l’éducation de sa mère, la reine. La reine, par contre, tenait à bien observer toutes les prétendantes qui s’ignoraient et elle passait son temps derrière des glaces sans tain et des rideaux opaques pour sélectionner les meilleures candidates.

Lorsque les trompettes retentirent pour l’ouverture du concours, la reine avait déjà en tête une liste d’une douzaine de candidates qui seraient adaptées à son fils. Le prince, lui, ne savait plus où donner de la tête, tellement il voyait des muscles partout où ses yeux se tournaient. La reine soupira. Elle allait s’occuper de tout !

Les épreuves commencèrent. Il s’agissait du tousport, le sport favori de l’époque, qui les rassemblait tous. Un mélange de courses, de combats, de sauts, de nages et de lancers. Celles qui gagneraient serait forcément musclées de partout. Après quelques rondes, il fut clair qu’une dizaine de candidates se dégageaient du lot. La reine vérifia rapidement avec sa liste : il y en avait six qui étaient dans les deux groupes. Elle fit signe à son prince de fils qui annonça la fin des épreuves pour ce jour. Les sportives rentrèrent dans leur vestiaires pour la nuit, mollement acclamées par un public qui préférait les combats de dinolions à mort, mais qui était quand même obligé d’applaudir grâce à la présence fortuite de gardes armés derrière chaque rangée de fauteuils.

Le prince fut ravi de sa journée et se coucha heureux. Il sentait que le lendemain son choix serait fait et qu’il serait marié. Il ne savait pas très bien qui choisir mais, se dit-il, il demanderait à sa mère qui saurait, comme toujours.

La reine justement, avait concocté un plan spécial pour trouver la meilleure candidate parmi les six qu’elle avait identifiées. Les autres ne comptaient déjà plus dans son esprit. Chaque sportive était seule dans une chambre très monacale, avec un grand pouf très mou pour lit et un gros duvet très épais pour couverture, plus quelques accessoires pour se préparer. La glace sans tain permettait de les observer facilement. La reine fit installer ses six préférées dans des chambres qui entouraient un petit cagibi royal d’où elle pouvait les observer toutes les six à la fois. Elle s’installa confortablement pour la nuit, car le cagibi était très bien équipé, et observa les jeunes femmes en train de se préparer pour la nuit.

Il faut dire qu’elle avait fait disposer sous chaque pouf une pomme très verte, donc très dure, et qu’elle attendait les réactions. Elle était très lettrée et se remémorait bien le conte de la princesse au petit pois qu’elle avait décidé d’utiliser à son profit. Ses observations seraient déterminantes. Elle ne fut pas déçue.

Les six candidates eurent des réactions très différentes :
- la première s’allongea et sentit tout de suite la pomme sous le pouf. Elle mit sa main en dessous et retira la pomme. Puis elle croqua dedans et la mangea. Elle eut très mal au ventre car la pomme était vraiment trop verte et ne dormit pas de la nuit.
- la deuxième ne sentit visiblement rien et dormit comme un loir toute la nuit.
- la troisième sentit aussitôt la pomme mais, plus intelligente que la première, comprit que c’était un test. Elle essaya de trouver une position à côté de la pomme mais le pouf était trop petit et elle ne réussit pas à dormir même une seconde.
- La quatrième ne comprit pas qu’il y avait une pomme mais ne réussit pas à dormir non plus. Elle sentait quelque chose mais croyait que c’était ses muscles endoloris.
- La cinquième s’affala et commença à ronfler mais elle fit rapidement un terrible cauchemar et se réveilla en sueur. Elle ne put se rendormir car son cauchemar l’avait emmenée dans un combat de boxe où elle recevait en permanence des coups de poings dans le dos.
- Enfin, la sixième s’affala sans rien sentir de la pomme, mais passa la nuit à bouger le duvet qui la grattait visiblement de partout, sans pouvoir dormir.

La reine fut satisfaite. Elle revint vers son fils au petit matin et lui dit qu’elle avait trouvé la bonne candidate pour lui. Le prince en fut charmé et lui demanda comment elle avait fait. Elle le regarda quelques secondes - mon dieu que mon fils est bête - et lui raconta son test. Il s’agissait de trouver une femme musclée ? Elle avait donc sélectionné la femme à la peau la plus dure, celle qui n’avait rien senti tellement elle était musclée, ni sur le dos avec la pomme, ni sur le ventre avec le duvet. C’était bien évidemment la deuxième candidate. En plus elle faisait partie des favorites du concours et allait maintenant forcément le gagner, puisqu’elle venait de faire exécuter toutes les autres candidates.

Le prince remercia sa mère d’un baiser chaste et se dirigea vers son fauteuil princier. Le public applaudissait à tout rompre la jeune femme qui était seule au milieu de l’arène. Elle avait l’air un peu surprise de se retrouver là, seule. Le prince lui sourit et leva le bras droit. Elle avait gagné.

C’est à ce moment seulement qu’elle sourit, elle aussi. Et l’Histoire du monde en fut changée car son sourire, à elle, était charmant. Le prince fut émerveillé. La reine regarda son prince de fils et eut un regret. Cette fille serait dangereuse, se dit-elle soudain. Il faudra l’éliminer rapidement après la naissance d'un fils. Ce en quoi elle se trompa, puisque c’est le soir même que la jeune épousée fraîche du jour étrangla la reine, avec ses doigts musclés.  Le prince était à côté, en train de regarder et de manger une pomme mûre à souhait. Puis la fiancée emmena de force son maintenant royal époux dans leur chambre nuptiale. Il y avait fort à faire pour mettre tout ce petit monde au pas, se dit-elle.

samedi 26 décembre 2015

Za Kuruma

Et si on parlait un peu d'automobile aujourd'hui ?

C'est en effet un samedi de voyages entre les deux semaines de vacances de Noël, avec des bouchons de Champagne d'automobiles un peu partout malgré le manque de neige. Après la COP21 retour au business habituel de la pollution sur quatre roues. Les professionnels espèrent que la voiture électrique sera le futur de leur industrie, conscients des limites du modèle actuel. Même la FIA a créé un championnat de Formule E (E pour électrique) sur le modèle de la F1 reine. Pendant ce temps, en Chine, ce sont maintenant dix grandes villes industrielles dont Beijing qui ont connu des alertes rouges à la pollution cette semaine. 

Il y a aussi les voitures autonomes dans lesquelles de plus en plus de poids-lourds investissent. Après Google et Apple, c'est Samsung qui s'y colle, autre géant de l'industrie automobile bien connu, même si leurs voitures seront fabriquées en Chine. Même Général Motors vend aux USA désormais sa première voiture fabriquée en Chine. Une révolution. Et la Formule E annonce des courses réservées aux voitures autonomes, histoire de donner un coup d'accélérateur aux intelligences artificielles qui les pilotent. On espère qu'il y aura des versions spécial beauf pour ces "intelligences" artificielles, permettant d'écraser la pédale d'accélérateur-pollution et de laisser la clim à fond. 

Il y aura bientôt aussi les voitures imprimées en 3D. A la fin de l'année prochaine vous pourrez en acheter une, imprimée à 75% en usine et dans des micro-garages-ateliers afin de remplacer facilement les pièces. Comptez 50 000 dollars quand même et quelques difficultés d'approvisionnement, mais la tendance est définitive, au-delà des grandes usines monstrueuses, vers des micro-usines locales imprimant en 3D toutes sortes de pièces sur mesure. Un changement de paradigme dans cette industrie lourde. Un changement d'emplois aussi ! Autres temps, autres qualifications. 

L'effort portera donc sur la valeur ajoutée en amont. Le design devient de plus en plus clé. Vous noterez à ce titre le rachat très récent par un industriel indien d'un des fleurons du design automobile italien, Pininfarina. No comment !!! Et l'effort portera sur toutes les dimensions logicielles qui deviennent prépondérantes dans les houatures comme disait Queneau dans les fleurs bleues. 

A propos de logiciel justement, quelques mots de VW et du titre de ce billet. Après les scandales des logiciels truqueurs sur les voitures Volkswagen, diesel puis à essence, le constructeur allemand revoit sa stratégie avec son nouveau patron. Je vous renvoie vers mon billet du 21 septembre intitulé finement Gas Auto. Exit le slogan Das Auto pourtant emblématique depuis huit ans. Das Ende passe aussi à la trappe avec la fin d'une stratégie visant à devenir le numéro 1 mondial. VW se contentera de la deuxième place actuelle, devant l'américain Général Motors et surtout derrière l'intouchable japonais Toyota. Za Kuruma veut dire L'automobile en japonais. Je propose gratuitement ce slogan aux humbles et efficaces japonais. Y a pas de quoi. 

L'année 2016 verra enfin un salon de l'auto à Paris. Affiche en dessous, dans une atmosphère lugubre Et qui fait plus penser aux brouillards de pollution qu'à une vie saine. Bizarre. Les publicistes n'ont pas la frite en ce moment ! Pourtant Osons et Ozone, ça se ressemble, non?




vendredi 25 décembre 2015

Trêve d'Internet

Vous avez peut-être remarqué que l'Internet était bien lent aujourd'hui.

Normal, nous sommes le 25 décembre et des millions d'enfants et d'adultes sont branchés dessus pour des activités diverses. Il y a ceux qui essayent leur dernier gadget connecté reçu pour Noël, ceux qui essayent de créer leur compte ou de paramétrer leur connexion, ceux qui téléchargent les œuvres complètes des Beatles enfin disponibles en ligne, qui essayent de regarder le dernier épisode de Downton Abbey sans savoir qu'il ne sera diffusé que ce vendredi soir sur ITV, qui mettent à jour et synchronisent leurs iBidules, qui transforment leurs cartes cadeaux en achats en ligne, qui revendent leurs cadeaux horribles sur le bon coin, qui appellent leur famille en visio ou avec Skype, qui mettent à jour le logiciel de leur cafetière connectée ou du sex toy offert par leur copain, qui n'arrivent pas à brancher leur supermegatélé3DHDRelief... Et tout ce petit monde s'énerve devant la lenteur du réseau des réseaux et de certains serveurs surchargés (Steam par exemple pour les jeux vidéos).

Tout ceci nous ramène un peu à une époque où l'Internet était lent systématiquement et où nous ramions pour des sites beaucoup moins animés qu'aujourd'hui. C'est d'ailleurs toujours le cas dans des zones défavorisées, comme il en reste en France et comme il y en a beaucoup dans les pays en développement. Vous connaissiez archive.org  la machine à remonter le temps du web, qui permet de revoir des sites disparus ou modifiés tels qu'il étaient il y a quelque temps, je vous en parle de temps en temps. La mémoire de l'Internet est courte, car le Web a été inventé en 1993 et la plupart des sites mémoriels n'ont pas grand chose avant 1999.

Voici maintenant Oldweb qui permet non seulement de revisiter des sites anciens, mais qui permet de le faire avec les navigateurs utilisés à l'époque. Gros coup de nostalgie à l'horizon. Amusez-vous avec. A titre d'exemple, je vous mets la page du site de l'Elysee pour le Noël 2011, le dernier de Sarkozy... Mais il ne le savait pas encore.



La mémoire est un objet bizarre et on a besoin de coups de rappel de temps en temps. Cette semaine va voir exploser le nombre de rétrospectives pour l'année 2015. Les actus chassent les actus de plus en plus vite et il est utile de voir ce qui se passe de manière un peu plus "longitudinale". Les médias sont et seront pleins de ces rétrospectives de toutes natures. Souvent assemblées de bric et de broc, ces listes sont totalement subjectives. Il y en a tellement qu'il y a même des médias qui font des listes de listes, comme Le Point ici. Je me demande d'ailleurs s'il n'y a pas quelque part une ou plusieurs listes des listes de listes, si vous me suivez. Ce serait d'utilité publique. Mais que fait donc le gouvernement ???

Le gouvernement ? Hum, il gouverne ? Ou plutôt il est en vacances en attendant une rentrée dure pour lui (et pour un certain nombre de futurs ex-ministres). D'ailleurs le site de l'Elysée est assez vide aujourd'hui :



Alors je vous souhaite un bon Noël, avec la mémoire du passé récent et lointain, mais surtout, surtout, avec le désir du futur et de le préparer pour qu'il soit le meilleur possible ou impossible. La mémoire c'est utile, mais l'avenir c'est mieux, comme l'eau féru firo ferriju ferrugineuse.

jeudi 24 décembre 2015

Papa Noël a 69 ans

C'est en1946 qu'a été divulguée au monde ébahi la chanson de Tino Rossi que tout le monde connaît (et aime ou pas). Bientôt 70 ans pour une mélodie toute simple, une voix divine et des paroles inscrites en dur dans nos mémoires. Un must à 30 millions d'exemplaires vendus chaque année. On peut toujours compter sur Le Figaro pour nous raconter son histoire. Informations détaillées ici pour les amateurs de musique, paroles, partitions et versions originales.

Il y a toutes sortes de rites, quoique la vraie histoire du Père Noël soit sur ce blog - voir mon billet de dimanche dernier. Cette année, je ne vous propose que de revisiter Noël 2012  le premier de ce blog et du quinquennat de François. Les autres Noëls qui ont suivi étaient plus... politiques. 

Car Noël c'est, dans l'ordre que vous préférez : la famille, l'espoir, la bouffe ou la tradition. Dur de réunir toute sa famille quand elle est composée de morceaux épars pour certains ou qu'on n'en a pas pour d'autres. Dur de passer Noël loin des êtres qu'on aime. Dur de penser au poids du passé et des traditions globales ou personnelles. C'est à Noël que les gens sont les plus tristes, même ceux qui fêtent la naissance de Jésus. Les cadeaux sont là pour nous faire sourire et nous mettre des étoiles dans les yeux. Noël est une fête étrange qui change de nature selon les tourbillons de la vie et les recompositions du paysage. Un noël calme et tranquille est rare. Il faut donc en profiter quand il est là. 

La bouffe reste un incontournable du 24 au soir et du 25 à midi. Au moins c'est une valeur sûre. Quitte à avoir en fond musical des chants pro ou anti Noël et quitte à avoir la télé allumée en permanence, comme aux USA avec la chaîne qui retransmet en boucle A Christmas Story. Avec ou sans vos treize desserts comme dans le Midi, bon appétit. Et bonne préparation pour les cuisiniers aux fourneaux.

Nous, ce sera essentiellement des fruits de la mer, cueillis frais (j'espère) et pleins de goût. Prévoir quand même un peu de liquide jaunâtre à bulles (ou sans) pour accompagner et quelques à coté. Et des pensées pour celles et ceux qui ne sont pas là. 

PS pour la digestion, pas de souci, il suffit de dormir sur le dos sans ronfler. Facile !

mercredi 23 décembre 2015

Mangez du canard (déchainé)

Le foie gras (de canard) n'est pas à la fête entre les fermetures d'exploitations et la campagne annuelle des pro-canards contre la barbarie du gavage, à coup de vidéos horribles mais efficaces. Donc, par solidarité, et avant d'en manger à satiété dès demain, je vous propose un billet spécial de fête sur le canard enchaîné, le journal. 

Il s'agit d'une lecture commentée de cet ancêtre toujours vivant de la presse libre (La liberté de la presse ne s’use que quand on ne s’en sert pas) sans réel site internet (quoique). Histoire et histoires sur Wikipedia ou dans de nombreux livres comme celui-ci, pour les 50 ans de la Vème République en 2008, ou cette année puisque c'est celle du centenaire. 


La Une du jour est celle-ci :

Au menu cette semaine, donc :

- La concorde, l'union nationale ou l'alliance (tout sauf le front) occupe le cœur du journal cette semaine. Comment monter une alliance qui permette à François d'arriver au second tour en 2017 par un jeu d'ouverture. La concorde est le mot à la mode. Un mot un peu ancien mais efficace. Et la situation n'est pas brillante comme le résumé bien ce brillant dessin :



Le Canard a rempli sa mare des indiscrétions gouvernementales en page 2 comme d'hab. Il faut dire que la boîte à idées du gouvernement semble bien vide en ce moment. On notera avec délices le regret de ne pas avoir mis Bayrou comme ministre en 2012. Stupeur et tremblements.

- Le FN fidèle à sa devise "travail, famille, patrimoine"... Un classique très actuel, pour une famille très souvent bien (mal)traitée dans le journal et à propos, judicieusement, le Canard fait remarquer que si Marine Le Pen était empêchée de se présenter en 2017 pour des raisons judiciaires, c'est François qui serait le plus embêté, face à un candidat de droite "classique" forcément plus difficile à contrer. A moins que Marion s'y colle ?

- Des révélations "à la Canard" sur quelques dossiers : la guerre de tranchées police-gendarmerie pour les autopsies des victimes du 13 novembre, les dépenses somptuaires de M. Gallet à l'INA (un des chouchous de l'hebdomadaire qui avait révélé ses premières turpitudes) ou le dossier de la page 4 très fashion cette semaine. (Je ne vous dit pas tout, achetez le Canard).

- un petit entrefilet très attendu sur la mort de Madame Claude, le cassage de pipe de la dernière mère maquerelle parisienne. On sent poindre une légère émotion au Canard car ils en ont souvent parlé. A ce propos le journal lance un appel pour instaurer un état d'urgence sexuelle compte tenu des mauvais résultats des françaises dans une enquête sur le plaisir féminin. Indispensable. 

- Parmi les habitués du Canard, cette semaine il est dit du mal de Tapie et de son retour qui tourne déjà en eau de boudin, des nationalistes corses et des contrats douteux de BTP, des saoudiens, de Ségolène Royal, des restaurateurs et autres lobbies vinicoles. Du classique. Rien sur les buralistes cette fois, pourtant.

- Enfin on n'oubliera pas un album de la comtesse assez dur cette semaine (et dont le charmant logo à bien lorgner orne le bas de ce billet doux), ni la critique cinéma obligatoire de Star Wars, mais à la sauce canard, quoique celui-ci ait préféré le film sur l'Amazonie.


Vive la presse et les canards, ma foie !

mardi 22 décembre 2015

Space Opéra : jour J

Quand la réalité rejoint la science-fiction. Cette nuit la première fusée qui est montée en orbite est revenue sur Terre. C'est la compagnie SpaceX d'Elon Musk qui a réalisé cet exploit dont les gros mastodontes genre NASA ne sont plus capables. 

Seul le premier étage est revenu, le gros booster, pour être plus précis. Il s'est posé comme un charme, bien vertical sur sa base. Un pas de géant pour l'astronautique. Si, si ! Avant il y avait eu les navettes spatiales trop chères et le retour de la fusée du concurrent Amazon mais elle n'était pas montée aussi haut et ça change tout. Ce n'est pas qu'une bataille entre milliardaires, ni qu'une question de réduction des coûts grâce à la réutilisation de composants très chers pour envoyer de plus en plus de satellites (11 cette fois-ci). C'est un symbole. 

Avant on utilisait des énormes marteaux pilons pour écraser des libellules sans rien récupérer après. On peut maintenant voir un futur plus équilibré et plus cool.

Car dans tous les livres de SF, les vaisseaux spatiaux décollent et reviennent. Avec des technologies loufoques ou imaginaires, d'accord. Mais le symbole même de la science-fiction, c'est la fusée qui revient. Intégralement. On n'y est pas encore bien sûr, mais le reste est question de réglages. Le principal saut dialectique a été fait. C'etait l'une des principales conditions nécessaires au voyage en masse dans l'espace. Rien de moins. Photo de la fusée revenue (vidéo ici)



A part les couleurs on est dans Tintin, non ? Sauf que Elon Musk vise Mars et sa colonisation de masse plutôt que la Lune. C'est une petite image, mais tous les amateurs de SF vibreront à sa vue, de l'Astrée de Perry Rhodan à Asimov.



Un peu de hauteur et de rêve fait du bien, de temps en temps. Merci SpaceX. 



lundi 21 décembre 2015

Rions un peu, sans faute de francais

Rions un peu. Après tout c'est le premier vrai jour des vacances de Noël puisque ce lundi était un jour vide pour la plupart des établissements scolaires (et universitaires d'ailleurs bien que beaucoup d'étudiants soient en ce moment coincés entre écrits et oraux). Élèves et profs sont vraiment en vacances. 

Or donc l'inénarrable ministère de l'éducation nationale (le MEN, le ministère des hommes) lance une campagne de recrutement pour 25 000 profs. Et puisque le public visé est celui des étudiants, le ministère a emprunté les codes de Star Wars pour ce faire. Image : 



Mon dieu (laïc) qu'il est difficile de commenter une telle campagne en restant sérieux. Car avec la nouvelle réforme des collèges, et après avoir abandonné le latin et le grec, voilà-t-y-pas que le ministère abandonne à la fois la langue et la culture françaises. Un rapide tour sur les réseaux sociaux montre une hilarité quasi générale. 

Il faut bien séparer deux problèmes : l'orgie de Star Wars sous toutes les formes possibles, et la vision éducative du MEN. 

StarWars est partout en effet, même dans l'Eglise (non laïque) de Lyon, 



Ou la gendarmerie de la Nation (républicaine),



Sans compter les pots de yaourt, les sextoys (lien interdit à nos jeunes lecteurs) et même les préservatifs du côté obscur,



Pour revenir donc à l'éducation sexuelle nationale, le texte de l'affiche nous rappelle donc les vertus des padawan-profs, parmi lesquelles "connecté tu seras"... Les mots me manquent devant tant de sagesse millénaire. Il y a là un concentré de syndicalisme, de méthodes participatives, d'usage effréné des outils actuels (proposés ou non par le Ministère), de Moodle et de règles d'usage des réseaux sociaux. On suppose que cela dépasse la simple adresse électronique. On espère. 

Je note quand même le problème principal, le parallèle entre prof et père... Une vision surannée de l'éducation à la papa, ou paternaliste si on préfère. Pas très moderne, tout ça. Que la force soit avec eux !

dimanche 20 décembre 2015

Du temps de cerveau pour... Une histoire de Noël

Nikola se réveilla, doucement bercé dans son hamac par une petite brise tiède. Il n'ouvrit pas les yeux tout de suite mais il vit cette belle couleur rouge orangée à travers ses paupières. Le soleil était en train de descendre doucement en ce bel après-midi d'été permanent. Il était moins fort qu'au début de sa sieste. Seize heures, se dit-il. Une bonne sieste. Pas trop longue, ni trop courte. Il profita encore quelques instants de cette belle couleur. Il avait le temps.

Il avait perfectionné l'art de la sieste au plus au point, sur cette île enchanteresse en plein sur l'équateur, et il se réveillait toujours pile au bon moment. Il faut dire qu'il n'avait pas grand chose d'autre à faire. Nikola était un travailleur plutôt paresseux et saisonnier. Il travaillait surtout à Noël et le reste du temps, il se reposait. C'était un travail non rémunéré de toutes façons, une sorte de service civil bénévole. Nikola jouait au Père Noël chaque année pour le plus grand plaisir des enfants de l'île. Il en avait le profil, si l'on peut dire. Rondouillard et barbu, albinos aux cheveux si blancs que la neige faisait sale à ses côtés. Evidemment, il n'y avait jamais de neige sur cette île paradisiaque, mais c'est ce que tous les enfants disaient. Et les parents étaient si heureux de voir leurs enfants jouer avec lui que Nikola était entretenu toute l'année par la communauté. Il ne coûtait pas bien cher de toutes façons. Entendez-moi bien, Nikola n'était pas l'idiot de l'île, loin de là. Il était même très intelligent. C'est justement pour cela qu'il avait choisi de ne rien faire. Et il le faisait bien.

Jamais aucune femme n'avait pu rester avec lui, tant sa flemme était la seule flamme par laquelle il était attiré. Certaines étaient bien venues le voir dans son hamac, de temps en temps, mais elle s'étaient vite lassées. Il soupçonnait quand même que quelques-uns des enfants de l'île étaient les siens, depuis toutes ces années, mais il ne cherchait pas à en savoir plus et personne n'était jamais venu lui dire quoi que ce soit à ce sujet. Il avait compris depuis bien longtemps que pour maintenir son petit paradis sur terre (et sur mer) il fallait rester tranquille dans son coin. La seule exception était à Noël, quand il enfilait son costume et qu'il distribuait les jouets aux enfants. 

L'été durait toute l'année sur l'île. Le jour de Noël était indissociable des autres, à part les décorations des habitants et l'air excité des enfants qui venaient le voir plus souvent dans les jours qui précédaient. Nikola regarda le calendrier accroché à l'arbre. On était le 24 décembre. Dans quelques heures, la Nuit de Noël commencerait. L'île était bien placée. Juste sur la ligne de changement d'heure. Les enfants de l'île étaient toujours les premiers à fêter Noël. C'était un privilège, mais la plupart des enfants s'en moquaient. Ils pensaient à leurs cadeaux. Les adultes aussi s'en foutaient à part l'épicier-hôtelier-cabaretier qui accueillait chaque année à cette occasion un ou plusieurs journalistes venus filmer en direct le premier Noël. Il se faisait toujours interviewer, mais comme il n'avait pas grand chose à dire, les interviews ne passaient presque jamais à la télé. Pas grave. L'important c'était les enfants.

Et c'était comme ça depuis des lustres et des lustres. Nikola ouvrit les yeux. Le soleil était exactement au bon endroit. Le lagon et les arbres aussi. Un peu plus loin, comme chaque année, il vit son costume, lavé et repassé par ses voisins, tout prêt à être enfilé. Il s'étira lentement, pour ne pas tomber, et se leva. Il était nu comme d'habitude. Pas besoin de couverture ou d'habit ici. Aucune barrière entre lui et la nature. Il était comme ça, Nikola. Nature.

Il s'habilla avec l'efficacité de quelqu'un qui l'avait fait des centaines de fois dans sa vie. Son habit était complexe à boutonner, mais il était très habile de ses mains. Il n'y avait personne à l'horizon. Tous savaient qu'il ne fallait pas le déranger en cette soirée. Le soleil lui même eut la décence de se cacher lorsqu'il fut habillé, comme par pudeur inversée. 

Puis Nikola alla en ville et se mît à parader dans les rues. Les enfants étaient heureux et la journaliste qui l'interviewa aussi. Elle lui promit de passer bientôt pour lui montrer l'interview (hum, hum, se dit-il, mais elle est fort jolie, ma foi). Il lui proposa le surlendemain et elle accepta avec un air charmant. Cela lui donna le sourire. Tout le monde était très content. Il jouait bien son rôle ! Il ne put rentrer a sa case qu'un peu avant minuit.

Sa case était petite mais il avait réussi à y glisser les deux seuls objets auxquels il tenait : son miroir et son sac. Le miroir lui permettait de se regarder et de rectifier les petits détails qui auraient choqué les enfants, comme l'année où il avait laissé un bouton ouvert. Mais le miroir était aussi la porte vers Noël. Quant au sac, il était à moitié vide et à moitié plein, comme toujours. Cette année, un seul regard dans le miroir lui suffit pour savoir que tout était parfait, même après cette folle soirée. Il sourit, prit son sac et entra dans le miroir. Le temps devint son esclave. 

A travers ce miroir il entra successivement dans toutes les maisons de l'île, car depuis des siècles tous savaient qu'il fallait un miroir à côté du palmier de Noël. A chaque fois, entouré par le calme du temps arrêté, il plongeait la main dans son sac et en tirait un ou plusieurs cadeaux selon le nombre d'enfants. Il faisait ça sans réfléchir, car il ne fallait surtout pas réfléchir. Le temps le suivait. Il le laissait de temps en temps libre dans certaines maisons pour caresser un enfant endormi ou croquer un fruit. Lui seul passait à travers les miroirs, depuis cette petite effrontée d'Alice qui avait eu la chance d'être là au mauvais moment. Une histoire regrettable, mais heureusement oubliée. 

Nikola vérifia bien qu'il était allé visiter tous les enfants de l'île avant de laisser un peu filer le temps pour aller voir les îles voisines. Il savait laisser le temps se coller à la ligne de minuit avec si peu d'écart que cela en devenait imperceptible. Il avait du mal avec certains pays qui étaient décalés par rapport à leur fuseau horaire, mais en moins de temps qu'il ne faut à un écrivain poussiéreux pour le dire, il avait fait le tour de la Terre, chaque fois à minuit. Il n'était pas fatigué, car le temps n'existait pas pour lui. Ni ennuyé. Noël n'était pas fêté partout, mais la plupart des enfants croyaient à celui qui leur apportait des cadeaux, et tant pis pour les adultes et leurs religions bizarres. Le Père Noël avait toujours existé, bien avant les premières religions, avant même l'invention du miroir. A cette époque il s'en souvenait, les voyages étaient plus longs, mais toujours instantanés.

Lorsque Nikola revint dans sa case, il était encore minuit, mais le lendemain. Le temps avait ses lois et on ne pouvait pas les changer. Juste l'arrêter quand on savait le faire. Il laissa tomber son sac par terre, toujours à moitié plein et à moitié vide, se déshabilla et se dirigea vers son hamac. La journaliste y était endormie, nue sous une légère couverture. Il se glissa contre elle et ôta la couverture. Elle frémit et se retourna. Nikola pensa que lui aussi avait droit à un cadeau. Il leva les yeux vers les étoiles, chercha la sienne et lui fit un clin d'œil. Elle scintilla. Tout allait bien. Joyeux Noël, Nikola, se dit-il en lui attrapant le sein.

samedi 19 décembre 2015

Joindre le futile à l'agrément, en Syrie aussi

Qui est Miss Syrie ?



Ce soir sur la télé qui nous vide le cerveau, c'est le concours annu(e)l de Miss France.  Dans ce genre de concours, beaucoup de choses sont décidées avant la diffusion, comme les 12 finalistes et quelques prix pour faire péter l'audimat comme le prix de culture générale suite à l'examen déjà passé à Tahiti. 
Ferez-vous mieux qu'elle (ou moi) ?

Aujourd'hui aussi il y a Miss Monde en Chine et demain Miss Univers à Las Vegas (un pays à elle toute seule) avec des représentantes françaises. Que de Miss. 

Alors Miss Syrie ? Photo et article pour 2014 avec un interview à lire absolument. 



Choisie donc pour des raisons politiques. En 2016 ce sera différent. Le concours est aussi demain et s'annonce foireux, lire ici.  Scandales et interférences politiques (pas comme en France, n'est-ce pas ?). Non je rigole, il s'agit d'un site parodique ;)

Pourquoi la Syrie ? Oh juste parce qu'hier soir le Conseil de sécurité de l'ONU s'est enfin mis d'accord sur une résolution pour la Syrie, avec les russes donc. Processus de transition engagé en janvier. Un compromis historique. Une petite nouvelle, certes, comparée aux élections de Miss, mais il fallait la signaler, je crois.

vendredi 18 décembre 2015

Paris, quelques actus avant la trêve

C'est le début des vacances. Quelques news parisiennes avant de quitter Paris pour aller skier dans de la "neige de culture" pour ne pas dire artificielle (ça fait moins écolo) ou aller en famille se préparer à Noël. 

Le Conseil de Paris a décidé plusieurs choses cette semaine, dont la piétonnisation des berges rive droite. Le scénario retenu est le plus ambitieux, du tunnel des Tuileries (compris) au bassin de l'Arsenal (et donc au début du Canal). La concertation fut longue mais la décision est enfin prise. Les aménagements devraient être de tous types, y compris dans le long tunnel qui borde les Tuileries, mais ils devront être démontables dans cette zone très inondable (et souvent inondée).



Vous noterez aussi que le Pont des Arts est redevenu ce qu'il était avant la crise des cadenas. Grâce au combat de No Love Locks. Les panneaux vitrés ont été posés partout sur le pont et les cadenas sont en cours d'enlèvement à coté sur les rampes d'accès. Ce pont est redevenu un lieu de ballade charmant et beau. Merci Lisa. 

Au niveau de la région parisienne, deux trucs contre Valerie Pécresse fraîchement élue présidente de la région : 

Un violent manifeste des architectes contre ses positions ringardes sur l'architecture moderne, puisqu'elle a déclaré à moult reprises préférer l'architecture classique. Normal pour une versaillaise. Les archis vont ils nous rejouer la Commune de Paris ?  Heureusement la région ne construit rien directement... Mais elle subventionne...

Et une surprenante déclaration pendant son investiture contre le Grand Paris qui débute pourtant normalement début janvier... La droite a du mal à choisir un président pour cette nouvelle institution, peut-être est-ce lié ? NKM avait déjà jeté l'éponge, avant même de se faire vider avec l'eau du bain comme un bébé malpropre par papa Sarkozy. La nouvelle présidente de région à de l'ambition et elle n'aime pas les concurrents !

Enfin, ce vendredi soir, opération théâtre avec des affiches d'un nouveau genre en hommage aux victimes du 13 novembre et pour relancer les sorties parisiennes. 
Ça, c'est Paris !

jeudi 17 décembre 2015

Santé et bruit de bottes

Le projet de loi sur la santé est définitivement adopté depuis ce matin. Sur le calendrier, quelques points quand même : la droite dépose un recours auprès du conseil constitutionnel, notamment sur la généralisation du tiers-payant, à l'initiative des médecins libéraux mais aussi d'autres professions médicales. Ensuite les décrets vont être publiés progressivement et le tiers-payant ne sera pas en place avant fin 2017, soit après la présidentielle. Enfin, s'il y a remaniement ministériel, Marisol Touraine peut donc être remplacée comme c'est souvent le cas lorsqu'un ministre a "réussi" sa loi.

La loi est multiforme et porte sur des points très variés, avec en tête une préoccupation principale, au-delà de la santé publique : la satsfaction du citoyen (patient, consommateur ou contribuable). Ça prend des formes différentes. Le tiers-payant a focalisé les critiques car il généralise le passage par une administration (la sécu) et donne plus de poids à la multitude de mutuelles qui n'ont souvent de solidaire que le nom. Tous ceux qui ont fréquenté des médecins ou autres professionnels de santé ont forcément entendu des protestations depuis des mois à ce sujet. Au pays de la French Touch (et du Minitel) c'est bien le diable pourtant s'ils n'arrivent pas à mettre au point un système qui minimise les coûts et les temps passés pour les professionnels de santé. Que l'administration et les mutuelles gagnent des sous, c'est bien, mais par sur le dos des individus, même si in fine ce sont les citoyens qui payent. C'est donc un défi important pour ces gros acteurs, si on les y pousse...

A propos de santé, et puisque je sais que cela vous passionne mes chers lecteurs, j'ai troqué mon plâtre pour une botte gonflable (comme le bonhomme Michelin) en honneur de mon tendon d'Achille réparé (enfin, j'espère). Pas encore vraiment mieux, mais cela me permet à une petite échelle de vérifier l'importance du facteur humain dans toutes ces questions de santé. Sans la Sécu, même dans le cas d'un accident de travail, ce genre d'incident mineur peut vite chiffrer. Et je ne parle pas des médicaments ultra-chers - commecertaines  chimios ciblées contre le cancer - qui peuvent coûter à eux seuls 2 ou 3 fois un salaire chaque mois. Le débat fait rage entre les labos et le ministère (et il n'est pas que français).

Alors on peut protester comme on veut, mais le système est bon mais aussi largement améliorable. Ne pas l'oublier !

mercredi 16 décembre 2015

Protection des données en Europe et dans la Galaxie

A la grande époque de l’empire dans Star Wars, si les libertés avaient été complètement annihilées, il n’y aurait pas eu de résistance (et de République). Les deux trilogies passées ne parlent pas trop de libertés et de protection des données ou de la vie privée, même si beaucoup d’informations sont captées un peu partout, y compris les plans de l’Etoile noire. On verra ce qu’il en est de la suite avec le numéro VII (rouge, impair et manque).

Mais plus près de chez nous, l’Union européenne a franchi un grand pas, hier, pour la protection des données. Il y a plusieurs affaires en cours - avec les USA et le transfert de nos données de l’autre côté de l’Atlantique à la demande des américains, ou avec les géants du GAFA (Google, Amazon Facebook et Apple) qui pour certains n’hésitent pas à piller nos vies - et celles de nos enfants. L’affaire Facebook est au coeur des débats puisque FB autorise les inscriptions à partir de 13 ans alors que dans les pays européens les réglementations sont différentes.

Un consensus s’est donc dégagé entre les principales institutions européennes ce mardi. Il s’agissait du Parlement européen, du Conseil de l’Union européenne et de la Commission. Photo des négociateurs (heureux) :


A suivre une réunion de la commission compétente du Parlement européen, à suivre jeudi matin en direct sur l’Internet, et une réunion du Conseil avant lundi, pour officialiser le deal, ou le compromis solide comme disent les eurocrates. La presse en parle, autour des communiqués de presse ici et ici. Le texte du compromis est ici (mis en ligne mercredi après-midi).

De quoi s’agit-il ? Depuis 2012, des projets de directive et de règlement circulent, mais c’est la première fois qu’un tel compromis est officialisé (fonds de dossier ici). C’est une étape importante, qui porte sur un oxymores : protection des données et de la vie privée des citoyens européens vs répression des activités illicites, notamment terroristes suite aux attentats de Paris. Equilibre impossible à atteindre par nature, qui rendra tout le monde insatisfait, entre un Sarkoy répressif, des ONG pour la vie privée, Une Le Pen anti-Europe, un gouvernement obnubilé par son état d’urgence, des écolos très actifs au Parlement européen et un exécutif européen très libéral et pro-américain.

Principaux sujets :

«  L'objectif du projet de règlement est de donner aux citoyens plus de contrôle sur leurs données privées, tout en apportant de la clarté et de la sécurité juridique aux entreprises afin de favoriser la concurrence sur le marché numérique. »... 
« À l'avenir, les entreprises qui violent les règles européennes sur la protection des données pourraient recevoir une amende pouvant valoir jusqu'à 4% de leur chiffre d'affaires - cela pourrait représenter des milliards d'euros, en particulier pour les entreprises internationales actives dans le domaine d'Internet. En outre, les sociétés devront également désigner un délégué à la protection des données si elles traitent des données sensibles à grande échelle ou collectent les informations de nombreux consommateurs ».

Dit comme ça, ça sent plutôt bon... mais il n’y a pas que cela. Il s’agissait là du règlement. Regardons un peu la directive :

«  La nouvelle directive sur les transferts de données à des fins policières et judiciaires garantira les droits et libertés des citoyens, tout en autorisant les instances répressives nationales dans l'UE à échanger les informations de manière plus rapide et plus efficace ».

A l’heure où j’écris ces lignes, le texte du compromis n’est pas disponible. J’y reviendrai donc. En attendant bon film et n’oubliez jamais que la différence entre dictature et démocratie, c’est...
la liberté.

mardi 15 décembre 2015

La guerre des stars

Zut ! A cause de mon tendon d'Achille - un des points faibles de tous les humains et le seul du bouillant Achille - je n'ai pas pu assister hier soir à deux événements majeurs : l'avant-première de Star Wars entouré de stars les plus Ouaaaaaaaaars les unes que les autres, et le procès de Dark Vador himself.

Pour les avant-premières de LE film, c'est uniquement pour les VIP et nous attendons tous mercredi (à 0h) pour le voir. Beaucoup ont réservé leur ticket à l'avance, histoire de ne pas être spoilé par les premiers spectateurs et par les réseaux sociaux qui vrombiront après comme un panier de puces au soleil. Moi j'irai plus tard, malheureusement... Je sais seulement comment commence le générique de début...

Pour le procès de Dark Vador, c'était au Grand Rex à Paris. Tout le monde en parle, mais qui parle d'autre chose que Star Wars ??? A part NKM qui ne doit même pas savoir qui est le père de Luke, tout en sachant que ce n'est pas Sarkozy (quoique). France Info a fait une belle rubrique sur le sujet. C'est à regretter de ne pas y avoir été. Pas encore de ressource son ou image en ligne, dommage ! Il a été acquitté par le public, car le public aime les méchants surtout quand ils se repentent en apparence. Cela dit Marine Le Pen aussi a été relaxée... Les avocats adorent ce genre de concours de plaidoiries en français ou en latin. On suppose que pendant ce temps, la justice suit son cours. Après tout, chacun a le droit d'être défendu, non ? Je me souviens de festivals du fantastique au Grand Rex, toute la nuit, avec force jets d'eau et de plein d'autres choses que la morale m'interdit d'expliciter (si,si). Je suppose que l'atmosphère était plus policée hier soir. Un tribunal se doit d'avoir de la tenue, non ?

Alors juste pour patienter une petite vidéo que vous vous devez de voir... Pour patienter.

lundi 14 décembre 2015

Système ternaire

Allez, je vous bassine encore un coup avec les élections régionales. Quelques faits à interpréter comme vous le voulez, au-delà des incantations suivant la méthode Coué des habitués du genre.

Score final en régions : 7 à droite, 5 à gauche, 0 au FN et 1 aux indépendantistes (en Corse). Un rapport de force clairement à droite en France.

Mais recomptons un peu : 2 régions où la gauche s'est retirée et une troisième où elle s'est quasiment retirée (et où d'ailleurs le score de la liste dissidente de gauche est très inférieur à ce qu'il aurait été si le PS avait maintenu cette liste). Cela nous fait 9 ou 10 régions avec des vraies triangulaires. La Gauche en a gagné 5 et la droite 4 ou 5 suivant la manière dont vous voulez compter le Grand Est. Un équilibre relatif donc entre droite et gauche lorsque le FN est présent. Et beaucoup de régions où on est autour de trois tiers.

Mais les principales régions en population et en richesse sont à droite. Lyon et Paris sont venus s'ajouter à Lille et Marseille courus d'avance. Paris en tant que tel est resté à gauche, mais au milieu d'une région à droite, dans un Grand Paris à construire (à droite donc).

Et en voix ? Quasiment 7 millions d'électeurs et d'électrices pour le FN, le plus gros score jamais recensé, même en 2002. Un seul million de moins que la gauche (8 millions), alors que la droite selon Sarkozy (LR+ centre) atteint 10 millions. 25 millions de votants sur 45 millions d'inscrits. Ces chiffres bruts (et brutaux) sont sans appel. Le FN est bien la troisième force dans le pays, même face aux rassemblements classiques de la gauche et de la droite. En comptant séparément les partis - car il y en a beaucoup - rappelons qu'au premier tour avec 6 millions d'électeurs, le FN était arrivé devant le PS et devant l'union LR+Centre.

Un mot de statisticien sur les pourcentages dont raffolent les médias. Ils sont trompeurs même s'ils se sont installés dans le paysage. Et ils ne révèlent que des raccourcis en cas de duel (plus ou moins de 50%, ou d'une barre pour se maintenir ou pas au second tour). Ce qui compte ce sont les nombres de votes, donc d'humains qui se sont déplacés et qui ont voté réellement. A ce titre les 20 millions de non votants représentent un effectif choquant. Même s'il est vraisemblable que ces abstentionnistes auraient voté en général à peu près pareil que les électeurs - toutes les études le montrent, sauf en cas de mobilisation extrême. 

Si les régions étaient restées les mêmes qu'avant la réforme (de 22 à 13) le FN aurait gagné le Languedoc-Roussillon ! (Sauf désistements du genre Nord et Sud-est). D'ailleurs dans certaines des nouvelles régions, obtenues à l'arraché, les majorités seront courtes au conseil régional, malgré le bonus de 25% à la liste gagnante. 51 conseillers sur 100 en Bourgogne&co par exemple pour la gauche. Pas facile pour gouverner et voter des budgets.

On ne peut pas parler d'un système à trois partis. Mais à trois blocs, si. Relire mon billet de mardi dernier par exemple. Reste que dans cette configuration, en cas de triangulaires il y a quasi égalité gauche-droite, mais comme la gauche joue le jeu du front républicain, cela avantage la droite qui reste campée sur la ligne ni-ni de Sarkozy... pour le moment. A ce jeu, la droite sort gagnante en voix.

2017 (et la fin de ce blog) est donc en marche. Élections internes à prévoir à droite et discussions intenses à gauche sur une ligne unificatrice si c'est encore possible. Car il semble clair que Marine Le Pen est en bonne position pour être au second tour de la présidentielle de 2017. Son challenger sera (j'espère) élu contre elle à ce tour. C'est donc celui ou celle qui terminera en tête avec elle du premier tour qui sera de facto en bonne position pour être élu. C'est comme si on avait une élection présidentielle à un seul tour. Les camps divisés perdront donc automatiquement. La stratégie est donc claire : rassembler le plus possible à droite et à gauche en éliminant les trublions (Duflot, Mélenchon, Bayrou, primaire LR...) et pour le FN, chercher de nouveaux électeurs pour avoir une petite (mal)chance de passer au second tour. N'oubliez pas non plus qu'il y aura, quelques semaines après, les législatives avec sont lot cette fois de triangulaires au second tour, sauf improbable front républicain. On imagine alors une cohabitation possible. Qui osera ?

Un système à trois blocs ne peut pas être stable, surtout dans notre système où les modes d'élection ne sont pas identiques - de temps en temps favorisant le bipartisme, une proportionnelle contenue ou des alliances improbables. À trois il n'y a en effet que trois alliances possibles sauf recomposition : le front républicain (tous contre le FN), la droite dure alliée à l'extrême droite de temps en temps, ou un improbable "tout sauf la droite de Sarkozy". De toutes façons, cela veut dire que le centre de gravité de notre vie politique est à droite. En tous cas celui des "élites politiques", les fameux états-majors qui décident. 

Sale temps pour la gauche et encore plus pour la gauche de la gauche !

dimanche 13 décembre 2015

Du temps de cerveau pour... Une nouvelle histoire

"Grand-père, tu nous racontes une histoire ?" piaillèrent en cœur mes trois bambins. Ils sont vraiment adorables quand leur papy vient ici. Si seulement il pouvait venir plus souvent. Car le reste du temps, ils ne font que des bêtises. Mais quand il est là, ils sont sages comme des anges qui écouteraient sagement leur dieu, assis et blottis les uns contre les autres, avec leurs petites ailes qui frémiraient au rythme des battements de leurs cœurs.

Il faut dire que mon père sait raconter les histoires et qu'il en connaît beaucoup. Il est très vieux et a connu plein d'aventures. Il a aussi une imagination férocement créative. Il est quasiment impossible de démêler le vrai du faux dans ses histoires. Même moi, après toutes ces années passées à les écouter, je ne sais pas m'y retrouver. Il glisse toujours des détails vrais et vérifiables dans ses aventures. Il est vraiment très fort. Et il ne répète jamais deux fois la même histoire. C'est pour ça que je souris en entendant mes enfants prononcer la phrase rituelle. J'attends la suite en faisant semblant de débarrasser la table. Je les connais par cœur, ces mises en bouche, jusqu'au début de l'histoire.

- Une histoire, mes enfants ? dit-il d'un air surpris.
- Oh oui, grand-père, une histoire ! lui fut-il répondu par un unisson de voix excitées
- Mhhh, une histoire, hein ? Et quelle histoire vous ai-je raconté la dernière fois ? Demanda mon père comme à chaque fois, comme si c'était important car elles ne se suivaient jamais.
- Une histoire de dragons, papy !!! 
- Une histoire de dragons ? Tiens, tiens. Quelle surprise ! Et vous voudriez quoi comme histoire aujourd'hui ?
- Une histoire de dragons !!! La réponse était toujours la même depuis des années et des années. Il faut dire que mon père racontait particulièrement bien les histoires de dragons.
- Encore une histoire de dragons ? Reprit-il sur un ton amusé. Je ne sais pas si j'en connais d'autre. Vous êtes sûr ?
- Oui !!! Crièrent-ils tous les trois. Leurs yeux brillaient. Ils étaient prêts.
- Hum, hum. Installez-vous confortablement alors pendant que je réfléchis...

Fin de la séquence rituelle. Début de l'histoire. Tous étaient évidemment déjà bien installés. J'arrêtais de faire semblant de nettoyer et m'installai à mon tour. De toutes façons, pendant l'histoire mes enfants finiraient de nettoyer la table. Il ne resterait même pas un os à ronger. C'était toujours la même chose avec lui. Ses histoires étaient tellement réalistes que son auditoire y participait comme automatiquement, complètement plongé dans son univers onirique.

Mon père commença alors son histoire. Ça ne sert à rien que j'essaye de vous la raconter. Il faut le voir en personne vibrer avec  ses histoires pour les apprécier. J'ai essayé une fois d'en raconter une à un ami et j'ai dû arrêter très vite devant son air déconcerté. La magie des histoires de mon père ne passe que par lui. Même écrites elle perdent toute saveur et toute cohérence. Je ne vous ferai pas l'injure de vous imposer une telle épreuve. Sachez simplement que cette histoire-ci fut l'une des plus émouvantes et drôles qu'il ait jamais racontée. Il y avait des dragons, bien sûr, tous plus cocasses les uns que les autres, et des hommes en train de les combattre, tous plus courageux que ceux d'aujourd'hui. Car cette histoire se passait il y a longtemps lorsque les dragons gouvernaient le monde. Impossible de deviner quel rôle mon père jouait dans cette histoire car il les mimait tous avec un talent évident. On croyait vraiment voir ces hommes courageux et brutaux et ces dragons fins et élégants. A moins que cela ne soit le contraire, je ne sais plus et de toutes façons, cela n'a pas d'importance. Toutes les histoires se terminaient de la même façon. Les hommes gagnaient, ou croyaient avoir gagné, mais les dragons étaient prêts à revenir. Ce n'était pas l'histoire qui comptait, mais la manière qu'il avait de nous les faire vivre.

Cette histoire dura plus longtemps que la dernière, dans mon souvenir embrumé. Les enfants étaient fascinés. Lorsque mon père prononça les mots rituels "Mais c'est une autre histoire", il y eut un grand silence. Nous regardions tous la table. Elle était propre, immaculée même. Et dire que quelques instants auparavant elle avait été l'héroïne de batailles sans merci entre des hommes et des dragons assoiffés de sang. On voyait encore sur la table les traces des griffes de ces dragons mythiques et des coups d'épée des héros qui essayaient de les combattre.

Mon père se leva et s'ébroua lentement. Il était tard. "Il est tard, dit-il avec sa grosse voix pourtant si douce, je dois y aller". Nos protestations furent bien faibles, car nous étions encore sous le charme de cette histoire. Il avait particulièrement insisté sur les repas, aujourd'hui, comme des moments qui ponctuaient l'histoire, qui lui donnaient son caractère plus intime. Je me rendis compte alors que j'avais faim et un coup d'œil vers mes enfants suffit à me faire comprendre qu'eux aussi avaient une fringale. En mère heureuse de voir grandir ses petits, je décidai de leur servir un petit en-cas avant de les coucher pour la nuit. 

- Tu n'as pas faim, papa ? lui demandai-je. Avant de repartir ?
- Non merci ma fille, me répondit-il avec ce sourire si charmant qui mettait en valeur ses dents si blanches. Je dois filer. A une prochaine fois !

Les enfants étaient tout amollis. Il les embrassa affectueusement, comme moi. Puis il prit son envol et je me dirigeai vers la glacière y chercher quelque chose à grignoter pour mes petits bouts. En bonne mère, je m'organisais toujours pour avoir des en-cas prêts à consommer au frais. J'ouvrais la porte et souris. Oui, il y avait de quoi satisfaire mes petits carnivores. Trois gros pâtés d'humains, avec leur jus et leurs os. Miam. Je souris en les posant sur la table devant mes enfants. Leurs ailes frémirent. Rien ne valait un petit festin avant de se coucher.

samedi 12 décembre 2015

COP21 : dernier essai pour un record du monde de saut climatique et dialectique

Samedi 17h30.
Un projet d'accord est sur la table depuis samedi matin 11h30, devant des négociateurs épuisés et des organisateurs fébriles. Ce compromis semblE avoir l'accord de tous ou presque, puisque même l'Arabie saoudite est satisfaite apres son intense lobbying. La séance officielle de clôture commence et tous espèrent un accord consensuel, sans avis négatif qui sonnerait comme une rallonge et un avis de décès.

Le texte est ici (PDF avant sa publication officielle partout et en français ici  et il mentionne bien la plupart des objectifs visés, même si le flou est entretenu sur ce qui va se passer entre maintenant et sa mise en application en 2020... Du boulot pour les prochaines COP. Il fait des impasses mais la plupart des observateurs sont satisfaits, y compris chez les ONG. Il est considéré comme une fondation pour la suite, pas suffisante pour résoudre la crise du changement climatique, mais nécessaire comme première étape. Maintenant il faudra que les mobilisations continuent pour que les États et les entreprises ne mollissent pas, et investissent dans les solutions pour mettre en œuvre cet accord. Une perspective à long terme est en train de naître. C'est suffisamment rare pour le noter. C'est évidemment la première fois dans le domaine du climat.

On est en France, donc de multiples critiques vont être faites par tous ceux qui aiment critiquer. Mais le résultat est là. Il est maintenant à concrétiser. Un accord international ne peut pas se substituer aux politiques nationales ou de grandes régions du monde. Mais il va permettre aux différents acteurs d'utiliser une référence et de pousser chaque État à agir. Le mot contraignant n'a pas le même sens en diplomatie internationale et dans les lois écrites. Les excités pressés continueront à s'exciter, rassurez-vous. Ensuite la parole est aux électeurs pour inclure cette question dans leurs choix au moment de poser leur bulletin dans l'urne (y compris ce dimanche en France).

A Paris aujourd'hui, deux manifs symboliques. 

L'une avenue de la Grande Armée (des militants) avec un immense cordon rouge tout au long de l'avenue pour symboliser la ligne rouge à ne pas dépasser lors des négociations. Le problème est évidemment que chacun a sa ligne rouge et qu'elles se croisent et s'emmêlent dans le ballet bordélique des négociations internationales. Mais ce qui compte c'est la ligne finale, la dernière barre comme on dit au saut à la perche.



L'autre dans tout Paris, pour cette photo. Il s'agit d'une visualisation de téléphones géolocalisés de militants repartis avec précision, puis repères sur une carte de Paris. Impressionnant, non ? 3000 personnes ont suffi. On peut écrire n'importe quoi n'importe où avec ce principe, mais l'idée de ce groupe est belle et elle a bien fonctionné.



Samedi 18h15 - j'attends le verdict devant ma petite tablette qui diffuse en direct la séance... On a eu ce matin de beaux discours émus d'un Fabius épuisé et d'un Hollande volontaire et souriant. Ajustements de dernière minute à prévoir comme à chaque fois (Obama veut être certain qu'il n'aura pas besoin de passer devant le congrès par exemple...). Une négociation, c'est une négociation, à 2 ou à 196... À suivre sauf que les chaînes d'info ont zappé sur le tirage de l'Euro2016, c'est du foot. D'ailleurs, lisez cet article sur le premier stade de foot en Afrique dont l'éclairage fonctionne grâce aux mouvements des joueurs (écolo, non ?)



Les ajustements se poursuivent alors que le tirage de l'Euro est terminé et très clément pour la France. De l'usage des mots comme shall, will et should en anglais dans un texte officiel... Reprise de la séance avec 1h45 de retard...

Et adoption à 19h27 en remplaçant un shall par un should.


vendredi 11 décembre 2015

Taxes taxantes, taxées et T'as qu'ça à faire ?

C'est fait. L'Assemblée nationale a enfin voté la baisse de la TVA sur les tampons et autres produits hygiéniques. De 20% à 5,5% pour des produits de première nécessité (c'est-à-dire dont on ne peut se passer quand on en a besoin, pour à peu près la moitié de l'humanité...) J'en avais parlé le 15 octobre lors du rejet en première lecture, mais l'erreur politique est réparée. C'est une de ces petites nouvelles dont on peut/doit se réjouir, que cela nous concerne ou pas. C'est à ce genre de décision qu'on observe en fait le degré de civilisation d'un pays. Rien moins que ça ! Reste maintenant, mesdames, à vérifier la baisse des prix (12% de réduction automatique, sauf si les Nana et autres ne jouent pas le jeu). En effet au lieu de couter 1200, cela coûtera 1055... problème classique de pourcentages. Les industriels concernés sont muets pour le moment... Comme le dit Le Parisien "Contactés, les groupes Procter & Gamble (marque Always) et Johnson & Johnson (marque Vania) n'ont pas répondu à cette question. De son côté, Group'Hygiène, le groupement français des industriels du secteur, botte en touche..." Mais on est ici dans le symbole. Un point d'égalité hommes-femmes hautement important.

Cela ne vous a pas échappé mais une autre taxe, la taxe Tobin, en a pris plein les gencives aussi cette semaine. Une réunion des ministres européens devait décider lundi de lancer officiellement cette taxe sur les transactions financières juste à temps pour la COP21. Las le texte reste flou sur la date de mise en oeuvre et sur ses modalités. Cela ne concerne que 10 pays en fait, à l'exclusion notable en Europe de la Grande-Bretagne qui protège les banquiers de sa City. Cette taxe aurait été complètement indolore pour les particuliers et les entreprises normales. Elle vise quasi uniquement ces micro-transactions réalisées par des ordinateurs plusieurs milliers de fois par seconde (bientôt des millions ?) pour le compte de spéculateurs qui brassent des milliards. Elle toucherait peut-être ces fameux produits dérivés qui sont si juteux pour les traders. Elle aurait pu rapporter plusieurs dizaines de milliards d'euros par an, mais tous se battent comme des chiffonniers pour défendre leur bout de gras. Une taxe réclamée par les ONG depuis des lustres... Il faudra attendre au moins jusqu'à l'été prochain pour un premier jet. Pendant ce temps, les spéculateurs s'enrichissent tranquillement. Et la COP21 parle moins de taxe carbone qu'avant...

Toujours à propos de taxes, cette idée d'instaurer une taxe sur les ebooks, ces livres numériques en pleine émergence, afin de financer le déficit du CNL. Les acteurs du numérique sont contre. Pas pour des raisons financières car la taxe est infime, mais parce que le secteur du livre numérique a du mal à émerger, surtout face aux GAFA américains que sont Google-Amazon-Facebook-Apple. Un vrai choix de restructuration des acteurs de l'édition semblerait plus judicieux, mais en France il y a peu de milieux aussi conservateurs et inertes que l'édition. Bizarre idée. Venue d'un lobby sans doute.

Enfin, pour finir sur une note champêtre, que pensez-vous de la taxe cabane de jardin (instaurée sous Sarkozy) ? La France est le pays roi des taxes, des règles, mais aussi des exceptions aux règles et aux taxes...

PS Et la taxe terrorisme pour le fonds d'aide aux victimes d'actes terrorisme ? Elle augmente aussi, je vous rassure.


jeudi 10 décembre 2015

La COP21 est-elle pleine ?

Quelques actus sur le réchauffement climatique en ce jour important pour la COP21.

Je vous parlais de vin hier, mais les producteurs s'inquiètent car à cause du réchauffement climatique, il deviendra de plus en plus difficile de faire du bon vin en France. Dans le sud, et donc aussi dans le Bordelais, les vendanges sont chaque année plus tardives tôt en septembre, ou même fin août. Cela induit des problèmes complexes de maturation du vin, liés à la chaleur et à la sécheresse, créant des déséquilibres entre tanin et sucre. C'est compliqué ? Pas tant que ca. Lisez ce blog dessiné - très rigolo et scientifique par ailleurs - pour comprendre ce phénomène. Dans un registre comparable, cette autre nouvelle sur Taittinger qui achète des vignobles en Angleterre pour y développer des vins pétillants Deluxe plus résistants au réchauffement. Vers la fin du Champagne ???

Les exemples de phénomènes perturbants liés au changement climatique sont partout. On en trouve toujours qui parlent à chacun, quel que soit son point de vue. C'est bien évidemment parce que c'est un problème global et parce que le système planétaire est un système complexe dans lequel les ajustements ont plein de conséquences.

J'entendais par exemple sur la radio publique l'interview d'un représentant de syndicats de copropriétaires qui se plaignait de la mesure annoncée visant à installer des compteurs de chaleur individuels dans les appartements, afin de repartir les charges de chauffage collectif de manière plus juste entre les habitants d'un immeuble en fonction de leur consommation. L'argument est que cela va coûter plus cher et être difficile à installer. Le problème est que cette mesure à pour objectif de faire des économies d'énergie et de responsabiliser chacun pour son chauffage ou son isolation, au lieu d'une "taxe" générale repartie au prorata des millièmes par exemple. On voit bien dans cet exemple que les résistances individuelles ou corporatistes sont et seront nombreuses. Pourquoi changerais-je mes habitudes ? Pourquoi essayerais-je de dépenser moins d'énergie si ca ne me rapporte rien, directement ? Ce phénomène NIMBY (pas dans mon jardin) est bien connu et exploité par tous les démagogues de la Terre. 

La bataille du changement climatique passe donc par plusieurs victoires simultanées :
- celle des grandes résolutions internationales (COP21 et ultérieures) pour des grands acteurs puissants (États, Entreprises, Associations). Le texte du consensus avance, de nuit blanche en nuit blanche, mais ça débordera. Et chacun y va de sa petite revendication, sans compter les pays arabes producteurs de pétrole qui cherchent à garder leurs privilèges régaliens. On y reviendra une fois l'accord signé, car il y en aura un de toutes façons.
- celle de chacun sur lui-même, pour accumuler des petits gestes qui changent les choses. Ces victoires ne dépendent que de nous, de vous. Autant les accumuler, sans barguigner. It's a bargain !

PS et tout le monde est concerné, Nobody is perfect... Certains universitaires américains par exemple ont été épinglés par Greenpeace parce qu'ils vendent leurs articles pour servir la cause climatosceptique au nom d'entreprises polluantes. Leur intérêt avant tout, eux aussi.

mercredi 9 décembre 2015

Du vin et des députés : le lobby a déjà dégainé

Vous vous souvenez de l'adoption par les députés de la loi sur la publicité pour l'alcool ? Ce dernier avatar remettait en cause certaines dispositions de la loi Evin en allégeant les contraintes sur la pub. Le lobby de l'alcool et plus précisément du vin en France avait été très actif et suffisamment de députés y avaient cédé. Dont acte.



Et boum, juste après cette adoption, (une semaine) première campagne de pub pour le vin. Légale donc dans le nouveau cadre. Je vous laisse juge, c'est ici sur le site du lobby Vin et Société... Évidemment la Haute autorité de la santé est scandalisée et avec elle les spécialistes de santé et les médias qui ne sont pas financés par la pub alcoolisée. Lire une réaction négative ici. La ministre de la Santé était d'ailleurs bien seule pour se battre contre ce réel détricotent d'une loi de 1991. Les impératifs économiques et les chantages à l'emploi ont été plus forts.

Ce qui est bizarre et choquant dans cette campagne c'est l'usage des chiffres. Vous vous souvenez du slogan "un verre ça va, trois verres, bonjour les dégâts"... Les chiffres utilisés par cette campagne sont différents et nettement plus libéraux. Ils sont censés venir d'un document officiel, en oubliant de mentionner qu'il s'agit de seuils d'alerte, bien au-delà du très marketinguement correct "au maximum" affiché dans la pub. C'est un peu comme si on vous disait de toujours être au seuil légal d'alcoolémie... Le plus choquant, pour moi dans cette campagne est le bilan numérique. Un homme par exemple à donc un plan de route tout tracé pour sa semaine de vin : 3 verres le lundi, le mardi, le mercredi, le jeudi, le vendredi, puis 4 le samedi et 0 le dimanche (pour cuver)... Ça fait 19 par semaine... Idem pour une femme en remplaçant le 3 par un 2. Les jeunes au fait ? Euh, tout le monde s'en fout. En plus, comme il s'agit ici de vin, il n'est nullement indiqué que d'autres alcools ne peuvent être consommés. Rajoutez donc un pastis par jour, plus deux bières, et vogue la galère (mergitur ensuite).

Le vin, je l'aime, je le respecte. Ok. Et les humains, on les respecte aussi ? Décidément le marketing à ses lois (inhumaines) que le reste du monde (humain) n'a pas (toujours). On attend donc les campagnes des autres alcooliers. Je propose quelques pistes, en n'utilisant que des mots extraits des rapports officiels et des dictionnaires Larousse (comme la bière irlandaise) : buvez, c'est bon - une bière de plus, ça ne fait pas de mal - l'alcool tue moins que la route et les terroristes (faux mais le marketing ne s'embarrasse pas de tels détails) - buvez national - une murge ça urge - hips, hips bis, hips ter !...

Bon appétit, et n'abusez pas d'alcool, s'il vous plait.




mardi 8 décembre 2015

Un, deux, trois partis ou plus

La France doit donc s'habituer à un jeu à plus que deux partis. Petite revue mathématique des conséquences liées au nombre de partis. 

0 parti
C'est la royauté ou l'empire ou la dictature pure. Un système qui fait encore rêver certains et qui génère des "cours" remplies de courtisans, rarement choisis pour leurs qualités intellectuelles. Un système arbitraire que les Lumières ont démoli, via la Révolution de 1789. Un système très dépendant de la personnalité en place. 

1 parti
Le fameux parti unique qui est l'habillage du précédent en normalisant la cour et en l'organisant en cellules, lignes, colonnes et strates comme un tableur. Ça marche encore dans pas mal de pays où les dictateurs se sont mis à camoufler leur régime en "démocratie" avec des élections à plus de 90%. Ça marche aussi en Chine où l'énergie dépensée pour contrôler le parti et ses membres est perdue pour d'autres tâches. L'alerte rouge pollution à Beijing cette semaine est un bon exemple d'une dérive sans contrôle. Je ne parlerai pas de la Corée du Nord, ce serait trop facile. 

2 partis
Deux blocs en fait. C'était la France avant, droite-gauche, avec des extrêmes peu présentes au final et un centre inexistant (en tous cas au sens indépendant du terme). C'est le cas de beaucoup de démocraties en Europe par exemple. Les USA en sont un bon exemple historique même si les OVNI genre Trump fracturent leur camp originel. Ce système est confortable et rassurant, surtout pour les politiciens, dans une logique d'auto-reproduction à moyen terme. 

3 partis
"Et pour cela préfère l’Impair" disait Verlaine. Trois, c'est un équilibre pour un tabouret à trois pieds mais pas stable dès que votre centre de gravité bouge aux limites du polygone de sustentation. Trois partis, c'est souvent l'alliance inévitable de deux contre un. Alliance fluctuante et renégociée autour de compromis réguliers. En France, si l'on se dirige vers un système à trois blocs (gauche, droite, FN) il y a plusieurs possibilités d'alliances, plusieurs redécoupages possibles et même plusieurs modes de votes à imaginer pour garantir des majorités. Les centristes du type Bayrou rêvent d'un modèle droite-centre-gauche par exemple. Ces trois blocs sont donc un état temporaire, avant recomposition dans un système majoritaire très peu proportionnel. 

4 partis
Pour simplifier, soit deux à droite et deux à gauche, soit avec un centre, ces possibilités amènent à la proportionnelle et à la multiplication des alliances au coup par coup genre IVème République. Dans ce cas, il y a forte probabilité que les partis les plus motivés et les plus organisés soient au cœur de tous les dispositifs. Finalement, cela peut ressembler au modèle à un seul parti dominant. 

Il paraît qu'en démocratie ce sont les électeurs qui décident, en théorie. Ils choisissent en effet, mais uniquement dans le menu qui leur est proposé par les partis et au sein de règles fixées par la Constitution, votée par les partis. L'invocation des Lumières ne doit pas faire oublier que sans la Révolution, les Lumières seraient restées des œuvres littéraires.