mercredi 9 décembre 2015

Du vin et des députés : le lobby a déjà dégainé

Vous vous souvenez de l'adoption par les députés de la loi sur la publicité pour l'alcool ? Ce dernier avatar remettait en cause certaines dispositions de la loi Evin en allégeant les contraintes sur la pub. Le lobby de l'alcool et plus précisément du vin en France avait été très actif et suffisamment de députés y avaient cédé. Dont acte.



Et boum, juste après cette adoption, (une semaine) première campagne de pub pour le vin. Légale donc dans le nouveau cadre. Je vous laisse juge, c'est ici sur le site du lobby Vin et Société... Évidemment la Haute autorité de la santé est scandalisée et avec elle les spécialistes de santé et les médias qui ne sont pas financés par la pub alcoolisée. Lire une réaction négative ici. La ministre de la Santé était d'ailleurs bien seule pour se battre contre ce réel détricotent d'une loi de 1991. Les impératifs économiques et les chantages à l'emploi ont été plus forts.

Ce qui est bizarre et choquant dans cette campagne c'est l'usage des chiffres. Vous vous souvenez du slogan "un verre ça va, trois verres, bonjour les dégâts"... Les chiffres utilisés par cette campagne sont différents et nettement plus libéraux. Ils sont censés venir d'un document officiel, en oubliant de mentionner qu'il s'agit de seuils d'alerte, bien au-delà du très marketinguement correct "au maximum" affiché dans la pub. C'est un peu comme si on vous disait de toujours être au seuil légal d'alcoolémie... Le plus choquant, pour moi dans cette campagne est le bilan numérique. Un homme par exemple à donc un plan de route tout tracé pour sa semaine de vin : 3 verres le lundi, le mardi, le mercredi, le jeudi, le vendredi, puis 4 le samedi et 0 le dimanche (pour cuver)... Ça fait 19 par semaine... Idem pour une femme en remplaçant le 3 par un 2. Les jeunes au fait ? Euh, tout le monde s'en fout. En plus, comme il s'agit ici de vin, il n'est nullement indiqué que d'autres alcools ne peuvent être consommés. Rajoutez donc un pastis par jour, plus deux bières, et vogue la galère (mergitur ensuite).

Le vin, je l'aime, je le respecte. Ok. Et les humains, on les respecte aussi ? Décidément le marketing à ses lois (inhumaines) que le reste du monde (humain) n'a pas (toujours). On attend donc les campagnes des autres alcooliers. Je propose quelques pistes, en n'utilisant que des mots extraits des rapports officiels et des dictionnaires Larousse (comme la bière irlandaise) : buvez, c'est bon - une bière de plus, ça ne fait pas de mal - l'alcool tue moins que la route et les terroristes (faux mais le marketing ne s'embarrasse pas de tels détails) - buvez national - une murge ça urge - hips, hips bis, hips ter !...

Bon appétit, et n'abusez pas d'alcool, s'il vous plait.




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