dimanche 31 janvier 2016

Du temps de cerveau pour... Une nouvelle nouvelle


"La Balance a encore bougé. D'un millième de tour en un jour." me dit le Gardien. Il a l'air encore plus soucieux qu'hier, et si l'on pouvait compter les rides sur son front et son crâne, je suis certain qu'on y verrait ce matin une nouvelle ride.

D'un millième de tour ? En un seul jour ? C'est impossible ! La Balance a toujours frémi en permanence de toute éternité, mais jamais elle ne bouge autant en si peu de temps. D'habitude, on tourne autour du millionième de tour par jour, et de manière aléatoire dans un sens ou dans un autre.

Il faut les yeux exercés d'un Gardien pour déceler le moindre mouvement. C'est d'ailleurs comme cela qu'on nomme un nouveau Gardien, lorsque le précédent n'est plus capable de discerner le mouvement de la Balance. Je suis le prochain Gardien, mais l'actuel a encore de très bons yeux et discerne facilement le dix millionième de tour. Je resterai apprenti Gardien encore de nombreuses années.

Je lui pose la question qui me brûle les lèvres : "Toujours dans le même sens ?" Je connais la réponse bien sûr, mais je dois poser cette question. Il hoche la tête lentement puis la baisse. Il n'ose plus parler. Je déglutis, mais ma gorge est sèche comme les premiers Registres. J'ai peur de briser ma voix comme j'ai peur de briser leurs pages si je les ouvre. 

La Balance a toujours été là, de mémoire d'homme. Elle trône au fond de la caverne la plus profonde de toutes, immense et impressionnante. Elle est plongée dans les ténèbres et il est interdit de l'éclairer. Même les yeux les plus perçants ne peuvent la distinguer. Seul le Gardien la discerne suffisamment pour être au bon endroit au bon moment. Car chaque matin, au moment précis où le soleil arrive au quart de sa course, un rayon de soleil pénètre par le trou sacré et vient frapper la bord de la roue de la Balance. Le Gardien a une seconde pour noter et mémoriser l'emplacement de la rencontre. C'est le seul moyen pour lui, et donc pour l'Humanité entière, de déterminer la position de la Balance. Un court instant. Il y a bien des jours où le soleil est caché et ne parvient pas à toucher la Balance, mais ils sont rares car la Balance est placée sur l'équateur de notre planète et le climat est très ensoleillé, surtout en milieu de matinée. 

Lorsque le Gardien a fini son observation, il sort de la grotte principale et revient dans son logis immémorial, une grotte adjacente où est conservée la collection des Registres depuis que l'homme a compris l'importance de la Balance et de ses mouvements de rotation. Le Gardien met à jour le Registre en cours, puis il sort au grand jour admirer le paysage. Ses yeux s'habituent à la lumière et il regarde le ciel. Celui-ci est de la couleur de la roue de la Balance. Toujours exactement la même nuance d'ocre que la Balance là où le soleil l'a touchée, évidemment. J'ai hâte de vivre ce moment magique où la vision de la couleur de la Balance se fond dans celle de la couleur du ciel. Tous les Gardiens ont essayé de raconter ce moment à leurs apprentis, mais aucun n'y est arrivé. C'est le privilège du Gardien en activité. Oui, j'ai hâte !

Ce matin, je sors en même temps que lui. Le ciel est pur et sans nuage. L'ocre du ciel est brillant ce matin. Très brillant même. Un ocre très jaune. La terre sous mes pieds est ocre jaune, le flanc de la montagne sacrée aussi, le sol de la vallée et même la rivière qui coule en contrebas. Quand j'étais petit, je crois me souvenir que la rivière était un peu plus rouge. Mais toujours dans les ocres évidemment. Notre planète est si belle, me dis-je comme chaque matin, la planète reine des ocres. Une harmonie parfaite de nuances d'ocre, d'ocres plus belles les unes que les autres. 

Chaque matin, tout ce qui pousse est coloré de l'exacte nuance d'ocre qu'indique la Balance, et n'en change plus. Les vieilles plantes et les nouvelles ne se distinguent que par leurs nuances. L'œil exercé des Gardiens peut reconnaître l'âge d'une plante à sa nuance d'ocre. Et la rivière comme le ciel changent chaque jour de nuance, car eux sont renouvelés tous les jours. Je me dis que les bébés qui naîtront aujourd'hui seront d'une ocre plus intensément jaune que ceux d'hier. Un jaune comme on n'en a jamais vu, de mémoire de Registre. Cette pensée me fait frémir. Je lève les yeux vers le Gardien. Il me fixe intensément. "Le monde change" dit-il en vrillant ses yeux dans les miens, "Prépare toi".

Je n'ai pas le temps de lui demander "à quoi ?" qu'il me tourne le dos et qu'il descend à la rivière pour ses ablutions. Il marche lentement. Je le trouve fatigué. Je décide de rentrer dans la grotte et de consulter le Registre des Registres, celui qu'on ne met à jour qu'à chaque solstice. Je veux en avoir le cœur net pour évacuer cette tension que je ressens au plus profond de moi. J'y passe la journée entière. Le Registre des Registres est à moitié plein. Il remonte à 7254 solstices. Pour chacun, sont indiqués les nuances moyennes d'ocre sur la période, ainsi que les extrêmes vers l'ocre rouge et l'ocre jaune.  

La nuit est presque tombée lorsque j'ai fini. Le monde change, indubitablement. Aucune valeur aussi extrême vers le jaune n'a jamais été observée, de mémoire de Registre. Qu'est-ce que cela veut dire ? Je veux en avoir le cœur net, il faut que j'en parle au Gardien. Il saura.

Je sors de la grotte. Le soleil se couche et les ocres flamboient partout vers le rouge. Je note quand même quelques taches d'un jaune éblouissant par-ci par-là. Elles n'y étaient pas ce matin. Certainement des arbustes qui ont poussé aujourd'hui... Le Gardien n'est pas là. Sa chambre est vide. Ce n'est pas normal. J'enfile mon manteau et m'apprête à descendre vers la rivière quand j'entends des bruits de pas remonter le chemin. Je suis rassuré et je m'assois pour l'attendre. Je prends nonchalamment un morceau de pain. La journée a été longue et je n'ai rien mangé. Je prépare dans ma tête les questions que je veux lui poser. Le Gardien n'aime pas parler. Il faut que je sois très direct et je dois réfléchir intensément. Je ne suis pas très disert non plus.

Les bruits de pas s'arrêtent non loin de moi. Je lève la tête. Ce n'est pas le Gardien. C'est un groupe de quelques personnes, avec le Chef à sa tête. Je réalise qu'il me parle. J'écoute. Il m'annonce que le Gardien est mort aujourd'hui, noyé dans la rivière. C'est un mauvais signe, comme la couleur très brillante de la rivière. Il me dit que je suis le nouveau Gardien et que je vais devoir choisir rapidement un nouvel apprenti, même si je suis encore très jeune. Dans sa voix j'entends "trop jeune" mais il n'y a qu'un seul apprenti en ce moment et c'est moi. 

Je réalise que je m'y attendais. Le "prépare toi" de ce matin me reste en mémoire. Je me lève sans dire un mot et c'est fait, je suis le nouveau Gardien. Mes yeux sont au niveau de ceux du Chef. Il me regarde et me demande "Qu'est-ce que cela veut dire ?" Je ne réponds pas. Les Gardiens parlent rarement aux autres sauf pour faire des déclarations solennelles. En ce moment, c'est pratique pour moi, car je ne sais pas quoi répondre. Je rentre dans la grotte. J'ouvre le Registre actuel et m'imprègne des nuances d'ocre qui y sont décrites depuis un mois. Elles vont toutes dans le même sens, vers le jaune, mais je me dis qu'il y a déjà eu de telles séquences dans le passé. La rotation d'hier était vraiment forte. Je la regarde encore une fois et la mémorise. Puis je vais me coucher. Je sais que la nuit gravera cette nuance dans ma tête et que dès le matin je pourrai mesurer la différence par rapport à la veille. En théorie. Je connais la théorie, en bon apprenti, mais je n'ai jamais eu à le faire encore. Le Gardien - ou plutôt mon prédécesseur - n'a pas eu le temps de me montrer la pratique. Mais j'ai confiance.

C'est le matin et je n'ai pas dormi. Je suis prêt depuis des heures pour ma première observation. Mes yeux brillent. Je suis devant la Balance bien avant que le rayon de soleil frappe la roue. Je dois fermer les yeux tellement la lumière est intense. Je n'aurais jamais imaginé une telle puissance de lumière. Mais j'ai eu le temps de noter l'endroit de la roue qui a été illuminé. Enfin, je crois. Je commence à douter, car l'écart est gigantesque avec hier. Presque deux millièmes de tour. Vers le jaune évidemment. Me serais-je trompé ? Mes yeux sont encore pleins de ce jaune éblouissant et inédit. Je cours vers le Registre pour en noter la nuance. J'ajoute un point d'interrogation pour marquer une mesure incertaine. Puis je sors.

Mes yeux dorés regardent le ciel qui puise en moi sa couleur. L'ocre coule autour de moi comme un bain de jouvence. Il me donne des forces. Les deux ocres se fondent l'un dans l'autre. Celui de la Balance et celui du ciel. Et lorsqu'ils s'équilibrent je sais que le monde a changé. Je sais que le monde va quitter l'ocre, qu'il va entrer dans une nouvelle vie. Une vie faite de jaunes et même plus encore, d'autres couleurs inconnues mais que je sens poindre.  La rivière est jaune comme le feu. Le ciel flamboie. Le monde change, oui.

Je descends à la rivière. Personne n'ose me parler mais tous me jettent des regards inquiets. Le Chef est parti tôt pour discuter avec les autres chefs. Je me dirige vers la fontaine du village. Je prends un verre sur la margelle. Un des verres qui me sont réservés, à moi le Gardien. Je le regarde et le plonge dans la fontaine. La rivière, toute proche, a des reflets que je n'ai jamais vus. Comme une nouvelle couleur qui apparaît furtivement, un jaune au-delà du jaune, un jaune plus froid. Une couleur qui va emplir notre monde, je le pressens. Une couleur qui nous éloigne à tout jamais des ocres, sauf pour les plus anciennes montagnes. Une couleur que j'espère aussi riche que les ocres qui ont bercé l'humanité depuis son enfance. 

Il faut un nom à ces nouvelles couleurs. "Verre" dis-je. J'entends un murmure tout autour de moi. Les villageois me regardent. Un petit garçon s'approche. Il tient dans sa main une jeune pousse du matin. Elle n'est plus ocre. Elle est jaune. Ultra-jaune même. "Ver" me dit-il. Je souris. Il me sourit. Je lui prends la main. J'ai trouvé mon apprenti. Un enfant qui sait déjà déceler la nouvelle couleur du monde. Je respire un grand bol d'air. Même l'air semble avoir un autre goût. Aujourd'hui est le début d'une nouvelle ère et je comprends tout d'un coup que la palette du monde vient de s'enrichir, pas de s'appauvrir. J'ai hâte de voir ce monde nouveau. 

J'ai hâte.

samedi 30 janvier 2016

Festival à la grenouille

Il pleut, il mouille, c'est la fête à la grenouille. Paris est sous la pluie triste et froide d'un hiver doux en ce dernier week-end de janvier. 

C'est aussi le début des carnavals. Chantons sous la pluie. Revue. Les carnavals doivent se terminer le mardi gras qui marque le début du carême et qui tombe cette année le 9 février. 

Remarquez, celui de Nice est après le 13 février (en plein carême) donc et étymologiquement on ne devrait pas l'appeler comme ça. Ahlala, les niçois. Notons cependant que Paris n'a plus de carnaval depuis bien longtemps. 

Celui de Venise commence aujourd'hui pour une grande semaine. Pour une vue scientifique de Venise regardez ce billet avec plein de photos satellite de la ville-île, c'est instructif. Venise ce sont avant tout les masques et l'imagination de ce qu'il y a derrière, comme pour ces palais somptueux sur le devant et chapiteaux derrière. Un carnaval pour célébrer les fous masqués derrière les déguisements de puissants personnages. 



Celui de Rio est parfaitement aligné sur les dates officielles du vendredi au mercredi des cendres. Et les masques y ont moins d'importance que les maquillages, les plumes et les chairs dénudées. 



Celui de Binche est plein de Gille belges qui se distinguent par le fait de ne justement pas se distinguer et il ne fonctionne que pendant les jours gras (avec de la bière quand même). 



Celui de Bâle est le plus grand de Suisse, avec une semaine de retard. Il est réservé aux locaux, comme souvent en Suisse et prend un tour plus mélancolique, voire effrayant, car chaque "clique" (groupe local) choisit des faits divers adaptés. 



Enfin on notera, car les anglais ne font jamais rien comme les autres, que le Carnaval de Notting Hill a lieu à Londres dans le quartier éponyme le dernier week-end d'août. On est vraiment hors délai, là, mais c'est un des moments où il ne pleut pas là-bas (pfffffft j'entends déjà les anglolondophiles râler contre cette injuste déclaration)...



Alors, en ce week-end de soldes pluvieux, pensez au prochain et aux carnavals du monde. Et pour les parents et enseignants, commencez à préparer des déguisements originaux...


vendredi 29 janvier 2016

Croissance poussive

Alors que la gauche continue à baisser, la croissance repart un peu.

La gauche de la gauche baisse au gouvernement, c'est certain, mais on verra ça dans le prochain remaniement, prévu dans les deux semaines qui viennent. Laurent Fabius rejoindra vraisemblablement le Conseil constitutionnel (à côté de Sarkozy ?) et de toutes façons il s'agit d'ouvrir sa majorité pour François.  Si la gauche de la gauche en a pris un coup, il reste à gonfler les rangs des socio-démocrates, centristes, verts recentrés et autres promus de la société civile, quitte à faire monter Macron d'un cran. Une nouvelle époque à venir, pour un an de bataille pré-électorale. Eh oui, déjà ! Certains s'interrogent sur la primaire à gauche, y aller ou pas, et sur le rôle de Madame Taubira. On a vu ressurgir des placards dorés Aurélie Filippetti et donc son compagnon Arnaud Montebourg. Une sorte de gauche bis, un itinéraire de déviation idéologique, un cabinet des ombres qui se partagerait bien un fromage et qui rêve d'une gauche... à gauche.

— Père, gardez-vous à droite ! — Père, gardez-vous à gauche ! (Bataille de Poitiers il y a 660 ans)

Pendant ce temps, les nouvelles économiques sont meilleures, mais traduisent le besoin de réforme. Le chômage a augmenté l'année dernière - moins que les autres années - mais la croissance a été au rendez-vous. 1,1% annoncés et 1,1% tenus en 2015. C'est mieux qu'en 2014 et la meilleure année depuis Sarkozy, mais cela ne suffit pas à créer des emplois. Cela suffit à maintenir un niveau économique de base pour ceux qui en ont déjà et pour les entreprises en place. Sauf qu'il faut en créer de nouveaux emplois et de nouvelles entreprises, sans ubériser la société mais en la secouant pour qu'elle bouge au-delà de ses corporatismes. La croissance est en effet bien molle, même si les statisticiens de l'INSEE estiment qu'on a perdu 0,2% à cause des attentats du 13 novembre. La consommation se porte bien, mais sur des produits importés encore majoritaires, par exemple. Et de toutes façons, la France est en-dessous de la moyenne européenne. Ceux qui donnent des leçons à tour de bras sont de plus en plus ridicules. On annonce 1,6% en 2016.


Comme d'habitude les titres de journaux sont différents et traduisent leurs positionnements politiques, même si le contenu des articles est identique ou presque. Exemples :

Le Figaro : "La croissance française reste toujours à la traîne"
AFP, donc plein de médias dont Les Echos, Le Monde : "La croissance a atteint 1,1% en 2015"
Boursier.com : "France : croissance de 1,1% en 2015, sans recul du chômage"
L'Express : "Reprise poussive en 2015 avec +1,1%, après 4 années de croissance atone"
Le Parisien : "Croissance de 1,1% : 2015 a été «l'année de la reprise», selon Michel Sapin"
Le Huff Post : "À 1,1% en 2015, la croissance à son plus haut niveau depuis quatre ans"
RTL : "La croissance reprend doucement en France"

Sinon, la nouvelle la plus importante pour la croissance (galactique) est bien celle-ci. Depuis ce matin je peux avoir deux chaussures (preuve ci-dessous) après trois mois de plâtre et de botte suite à la rupture de mon tendon d'Achille (à droite). Mon espace vital vient de s'agrandir subitement, même si ça reste encore un peu... poussif.


jeudi 28 janvier 2016

Jeu de Go ? Go GOogle !

Lorsque Google a racheté une compagnie anglaise spécialisée en intelligence artificielle, ce n'était pas uniquement pour le fun. Le marché des "robots" au sens large est en plein expansion. Comme celui des bio-technologies d'ailleurs, mais c'est une autre histoire puisqu'au croisement des deux il y a l'homme artificiel... Google veut nous vendre le plus possible de pub à travers des projets qui auront de plus en plus besoin d'algorithmes pour aller plus vite et trouver plus de choses : c'est le cas de son moteur de recherche, mais aussi des futures Google cars qui devront conduire le plus "intelligemment" possible (objectif très ambitieux), ou en tous cas autant que le conducteur moyen (objectif atteignable surtout quand on regarde les cons sur la route et l'augmentation des tués en 2015). Beaucoup de domaines pourraient bénéficier de telles techniques, y compris pour notre santé. Pôle emploi aussi d'ailleurs devrait en bénéficier pour les travailleurs qui n'arriveraient pas à se reconvertir vers des tâches non faisables par les robots.

En rachetant Deepmind, Google a pris une longueur d'avance sur ses concurrents (dont Facebook qui travaille également d'arrache-pied pour arriver au même résultat). En y injectant pas mal de capital, les résultats devaient commencer à arriver et Google vient de dévoiler une étape majeure pour les initiés : la victoire d'une machine (équipée des algorithmes DeepMind) sur un humain au jeu de Go. Cette victoire a été obtenue en octobre dernier, mais l'article qui la présente vient de paraitre dans Nature, la revue scientifique par excellence. Il ne s'agit que du champion professionnel d'Europe, pas du champion du monde, Lee Sedol, mais un match est déjà prévu en mars à Séoul. On en reparlera, comme on aurait parlé du match IBM-Kasparov gagné par l'ordinateur il y a presque vingt ans aux échecs... si ce blog avait existé ;)

Les échecs sont plus simples que le Go. Pas la même forme d'intelligence en fait. Pas du tout. Mais il y a beaucoup plus de possibilités au Go pour une machine qu'aux échecs, de l'ordre de 10^50 (soit 1 suivi de 50 zéros), ce qui interdit toute approche brutale du jeu et explique pourquoi le jeu de Go est l'un des derniers challenges pour les spécialistes de l'intelligence artificielle. Ce jeu porte en lui une forme de philosophie qui n'est pas qu'algorithmique e qui fascine donc les scientifiques et les informaticiens.

L'algorithme de Google est un mélange de techniques connues, dont les réseaux de neurones (car contrairement aux shadoks c'est par les neurones et les synapses qui les relient que passe l'intelligence. D'ailleurs on a récemment découvert qu'au lieu de trois états possibles pour une synapse, il y en avait au moins 21, ce qui multiplie encore plus les possibilités du cerveau humain...) et l'apprentissage renforcé qui consiste à faire apprendre à une machine un jeu en ne lui donnant que les règles et en le faisant jouer, au début comme un bébé qui ne sait rien de la tactique, et ensuite comme un joueur qui apprend ce qui marche et ce qui ne marche pas. C'est sur ce principe que DeepMind avait par exemple réussi à battre il y a un an des humains sur des jeux classiques de console inconnus de lui auparavant (de Space Invaders aux casse-briques, sans passer par Ms Pac Man qui est plus difficile semble-t-il...)

Pour ceux que cela intéresse, quelques liens :
- L'article de recherche dans Nature (version gratuite en ce moment mais pour peu de temps, sinon 30 dollars l'article, merci aux conglomérats d'éditeurs qui exploitent la Science à leur profit)
- Une vidéo pour expliquer comment ils en sont arrivés là
- Le papier qui présente la méthodologie suivie par Facebook - le grand concurrent (PDF gratuit ;)
- Un article intéressant de Wired en 2014 pour expliquer pourquoi le Go est inexplicable.
- Un article en anglais de Re-code sur le sujet.
- La fédération française de Go et un site pour apprendre à jouer.

Maintenant on attend un autre "Doodle" de Google sur le Go (sur le modèle en-dessous ?)


Il y a en effet déjà eu ce Doodle là le 6 juin 2014 ;)


Car le GO pour GOogle est comme une racine. Un gogol n'est que 10^100 alors qu'au Go les possibilités vont beaucoup plus loin (au moins 10^170). Google avait même créé un langage informatique appelé Go ;)



mercredi 27 janvier 2016

Taubira valse, Valls ira-t-au but seul

La réforme constitutionnelle approche. Moment politique fort du quinquennat de François à plusieurs titres.

C'est ce moment qui a été judicieusement choisi pour la démission de Christine Taubira de son ministère régalien de la justice. Elle sera remplacée par un proche du premier Ministre, actuellement président de la commission des lois à l'Assemblée, celle-la même qui entend aujourd'hui en avant-première Manuel Valls qui va présenter le projet de réforme de la Constitution. Jean-Jacques Urvoas, le nouveau garde des sceaux avait été chargé d'élaborer un compromis. Un homme de compromis ? Après une femme entière et pleine de ses convictions d'une gauche humaniste et sociale ? Madame Taubira a choisi ses mots sur Twitter, avec deux tweets postés tôt ce matin. L'un pour affirmer la prépondérance de la Justice, l'autre pour affirmer sa fidélité à ses idéaux.





Belle sortie. A point nommée. Attendue depuis le clash sur le projet de révision constitutionnelle. Chapeau, Madame.  Même si vos positions sur les libertés numériques ont été largement trop timides. Le nouveau ministre de la justice est, quant à lui, encore plus dur sur les libertés numériques. Les défenseurs s'en inquiètent même déjà...

Le prochain remaniement sera-t-il plus large ? L'ouverture vers le centre et d'autres composantes de la gauche "non radicale" se précise. Les écolos de l'Union des démocrates pour l'écologie (ou à peu près), anciens transfuges d'EÉLV, piaffent, comme certains un peu plus au centre. A gauche toute, on se réjouit de la sortie d'un des symboles de la gauche de gauche. A droite on se réjouit de celle d'une ennemie de la droite. Même les anti-gays se réjouissent comme si c'était un désaveu du mariage pour tous (tout en s'attristant de la position de Sarkozy qui annonce dans son livre ne pas vouloir toucher à la loi Taubira sur le mariage), alors que François a en fait salué son oeuvre, notamment et justement pour la reconnaissance des droits des homosexuels. François est triste, lui. Il a perdu une alliée et une caution, présente depuis le premier jour dans son gouvernement. Mais il ne pouvait décidément plus faire avec.

La Constitution, c'est une autre affaire. Une constitution c'est un mélange de politique et de juridique. La Justice applique le droit, défini par la Constitution, les lois, la jurisprudence et des principes universels, notamment internationaux. La Constitution modifie le droit, donc la Justice, mais elle n'est que la première des lois. Pas plus. Le fameux débat sur la déchéance de nationalité qui a pollué toute discussion intelligente sur cette révision constitutionnelle, va arriver à son terme avec l'annonce du texte qui sera soumis au Congrès. Aucune mention des bi-nationaux n'y sera faite afin de plaire à la gauche de la gauche et de ne pas encourir une censure à cause de discriminations entre français (nationaux ou bi-nationaux). Le texte devra être consensuel pour passer. Retour à un débat plus serein où l'on peut se consacrer aux autres aspects du projet, comme un état d'urgence plus facile à mettre en place... Le texte est donc défendu par le premier Ministre, juste accompagné de M. Urvoas. A l'unisson, sans discordances.

Madame Taubira introduisait l'épice intelligente dans les débats, et la passion dans les convictions. Le gouvernement Valls a mis le temps ;) mais il devient de plus en plus homogène autour des ses orientations social-démocrates. Et de plus en plus masculin : égalité de surface, mais aucune femme à la tête d'un ministère régalien. Faut pas pousser mémé dans les orties !

Christiane Taubira a cité Aimé Césaire : «Nous ne livrerons pas le monde aux assassins d'aubes»

En hommage, un petit lien vers mon billet sur elle, le 6 novembre 2013 au plus fort des attaques contre elle.

mardi 26 janvier 2016

Je suis... en grève (en fait non)

Mardi 26 janvier. Un bon jour pour faire la grève. Plusieurs corporations se sont mises en grève aujourd'hui, histoire de profiter du redoux général. On n'est pas encore au printemps (et le printemps 2016 sera certainement socialement agité) malgré les bourgeons qui s'y sont cru, mais on sent les frémissements de mouvements sociaux de plus en plus intenses.

Les contrôleurs aériens mettent du leur pour ajouter du shimmy dans le trafic aérien. Ils demandent à garder leurs primes qui représentent presque la moitié de leurs revenus, dans un régime dérogatoire de la fonction publique. Mais voilà, beaucoup de fonctionnaires protestent aujourd'hui contre la réforme des primes dans l'administration et pour de meilleurs salaires et conditions de travail. Une réforme saine mais délicate que celle des primes, tant se sont accumulées des exceptions et des exceptions aux exceptions, voire même des exceptions aux exc... De quoi empiler les rapports et les thèses (une ici au hasard) ou même les billets de blog comme cet excellent billet ici ;) en mai 2014. Lisez aussi cet inventaire à la Prévert de certaines primes, le pompon étant détenu à l'époque par la corde à noeuds... La grève sera surtout sensible dans le milieu éducatif, des écoles aux collèges principalement, mais sans oublier les cantines et activités périscolaires.

Les taxis ont choisi ce jour pour ajouter au bordel en bloquant certaines villes, dont Paris bien évidemment. Ils sont en grève contre les VTC en général et contre Uber en particulier. Uber contre-attaque en proposant de recruter des chauffeurs de taxi lorsqu'ils ne conduisent pas leur voiture-taxi,  en dehors des temps légaux de travail donc. Ils ont également lancé une pétition en ligne avec les autres sites de VTC. Les transports et l'école sont souvent les deux acteurs où les grèves sont les plus visibles.

Sans aucune relation avec tout ça, et sans amalgame, je vous propose aujourd'hui quelques détournements scandaleux du "Je Suis Charlie" d'il y a un an. A vous de juger si vous êtes scandalisé ou simplement amusé. La frontière entre éthique et humour existe, même si elle est de plus en plus fine et si c'est à chacun de nous de la trouver.



Les deux "volants" d'une même connerie corporatiste.


J'ai trouvé cette pub dans ma boite aux lettres. C'est un scandale. Même Le Parisien en a parlé...
Artisan ou pas, on voit bien la limite entre éthique et humour. Ici on est du mauvais côté de la ligne. Je n'ai pas envie d'appeler ce genre de professionnel pour un problème, de toutes façons et en général, mais dans ce cas précis, surtout pas. Ethique n'est pas un vain mot.


Qui suis-je ? Il y a même un site internet pour vendre des produits dérivés à ce sujet (je ne mets pas de lien, car si vous êtes con, vous êtes con, et si vous ne l'êtes pas vous saurez le trouver avec ce con de Google...) On se demande d'ailleurs qui est le plus con : celui qui vend, celui qui achète, celui qui regarde ou le blogueur qui en parle... Quelle mise en abîme.


Euh, c'est pas un intrus, ça ?


Le plus con de tous... Rassurez-vous.
C'est un faux, réalisé par mes petites mains avec un de ces nombreux générateurs en ligne . 
Personne n'oserait faire ça pour de vrai, non ?


lundi 25 janvier 2016

François d'Inde

François est en Inde depuis le déjeuner de dimanche et jusqu'à mardi soir (4 heures de décalage en avance sur nous quand même). Une rencontre placée sous plusieurs auspices.


François a commencé hier sa visite par la ville de Chandigarh,  l'une des cent smart cities que l'Inde a décidé de mettre en place. Celle-ci est particulièrement chère aux français (et aux urbanistes en général) puisqu'elle a été conçue par Le Corbusier himself dans les années 50. Smart cities, cela veut tout dire et son contraire, tout dépend du niveau de "smart". En Inde, où beaucoup de bidonvilles existent encore et où les services de base (eau, eaux usées, électricité...) n'existent pas partout, il s'agit de les mettre en place et de les préparer dès maintenant à des évolutions intelligentes, comme celles qu'on pourrait avoir chez nous... si les industriels et les collectivités locales s'y intéressaient : une répartition intelligente des flux électriques, des systèmes de contrôle des eaux plus performants et surtout plus économes... Une vision moderne et verte cherche à s'imposer, avec plein d'industriels français dans les bagages de François. Deux citations à noter, l'une de François "La France veut construire avec l'Inde le monde de l'après-carbone" et l'autre de Modi, le tout-puissant premier ministre indien "L'innovation est la plus grande force de la France". C'est bien dans le post-COP21 que cette visite s'inscrit.

Il y a aussi le business as usual, avec les Rafale et autres contrats lourds entre les deux pays, assujettis à la signature d'un accord-cadre plus global, incluant des facilités dans les deux pays, y compris donc pour le commerce indien en France... (sifflote). Le Rafale prendra plus de temps que prévu, lui. Depuis le temps qu'il prend son temps, d'ailleurs, le Rafale est devenu une simple brise légère sur les marchés internationaux des armes. Une source de revenus mais un symbole surtout. Une sorte de Concorde militaire (on fêtait les 40 ans de son premier vol commercial le 21 janvier dernier, comme la décollation de Louis XVI d'ailleurs, sans aucun rapport entre les trois).

L'armée française et l'armée indienne sont de plus en plus amies. Les indiens avaient été invités pour un 14 juillet et ce mardi l'Inde invite officiellement l'armée française pour son grand défilé national. Une première. Jamais un pays n'avait été invité à y éfiler. François y sera aussi, évidemment. Cette nouveauté interpelle. Les analystes sont perplexes. Pour vous marrer un peu, lisez cet article sur l'analyse russe de la situation :  Modi va-t-il faire évoluer la doctrine ancienne du non-alignement de l'Inde ? Un triangle Inde-Russie-France ? Une logique occidentalisée par opposition à celle de la Chine-Russie ? De vraies questions géopolitiques qui dépassent très largement la vente du Rafale (militaire). Une discussion entre présidents. La seule qui compte...

Comme quoi, un Rafale peut cacher un autre vent. Une mousson, une moisson ?

dimanche 24 janvier 2016

Du temps de cerveau pour... un beau châssis

Galileo était un inventeur. Issu d'une famille d'inventeurs de père en fils, portant tous des prénoms aussi bizarres que nostalgiques. Évidemment, ils n'étaient pas italiens et l'époque était moins créative que la Renaissance, mais ils avaient réussi bon an mal an à vivre avec suffisamment de confort, grâce à des inventions rentables. Pas de grandes inventions, bien sûr, mais de quoi obtenir une petite notoriété dans le milieu très fermé des inventeurs qui se retrouvaient régulièrement dans des salons spécialisés.

Galileo était fils unique et une exception dans la famille. Il inventait autant que son père, mais ne semblait pas y prendre plaisir. C'était plutôt comme une sorte d'obligation familiale, car on avait le sens du devoir chez les Strungph. Son père s'en était inquiété, mais Galileo le rassurait en produisant de temps en temps quelques inventions astucieuses, comme le verre réfrigérant à alcool, la multi-bouteille toujours pleine ou le détecteur de phéromones du vin. Vous remarquerez peut-être un motif récurrent dans les inventions de notre héros. Galileo aimait l'alcool en effet. Depuis tout petit. Il en buvait raisonnablement, mais régulièrement. Et il préférait la qualité à la quantité. Son statut de fils unique dans une famille aisée et d'inventeur occasionnel le satisfaisait pleinement. Il lui laissait le temps de chercher des alcools exotiques et de les étudier (verbe synonyme de déguster). Il affectionnait particulièrement une certaine vodka difficile à importer, mais très goûteuse.

Lorsque son père mourut, Galileo dût se mettre à gagner un peu d'argent. Il décida de se lancer dans une invention qui correspondait à ses goûts et à l'air du temps, empli de réalité virtuelle et de capteurs omniprésents, et qui rapporterait beaucoup. Il ne lui fallut que quelques mois pour la mettre au point. Elle fonctionnait très bien dans son laboratoire. En tous cas pour lui. Mais il allait falloir la tester en vrai. Il se mît à la recherche d'un lieu plus approprié et en un rien de temps il se trouva installé comme patron et barman d'un pub, sur la plus grande artère de la ville. 

Son invention, qu'il avait baptisée "la porte du désir" permettait deviner qu'elle était la boisson favorite d'une personne et de lui préparer automatiquement. Il avait installé un portique de détection camouflé dans un châssis de porte, entre la salle où les clients s'asseyaient et le bar où il se tenait. Quand les clients passaient en-dessous, le nom et la composition exacte de leur boisson préférée s'affichait sur un petit écran près de lui, et réservé à son seul usage. Si l'assemblage hétéroclite derrière lui savait composer le cocktail, il se mettait automatiquement en marche et la boisson était prête au moment où le client arrivait au bar. De temps en temps, il fallait qu'il intervienne pour une manipulation plus compliquée et qu'il n'avait pas encore réussi à automatiser, ou pour aller à la réserve chercher un alcool rare. Mais sa machine fonctionnait bien et la plupart des gens avaient en fait des désirs similaires. 

Son invention détectait l'humeur de ses clients. Elle décidait d'ajouter de subtils parfums en fonction du moment : un peu d'épices, du piquant, du sucre, de l'acide ou même de l'amer quand le client était énervé. Il s'en servait aussi sur lui, régulièrement, et n'avait jamais été déçu par les choix de la machine. Souvent elle lui servait sa vodka personnelle, plus pure que pure, mais en y ajoutant de temps en temps un peu de poivre ou de jus de citron. Une ou deux fois, la machine lui avait servi une décoction complexe qui l'avait surpris au début mais qu'il avait instantanément su être la bonne. Il était très fier de son invention.

Et ses clients adoraient. Au bout de quelques semaines, il y avait toujours la queue devant le pub. Il ne vendait aucun alcool au détail, seulement ses cocktails adaptés à chacun. Son enseigne en avait surpris plus d'un au début. Juste un néon qui affichait en lettres de lumière "Votre boisson préférée. Prix unique 20 crédits". Et puis plus loin, la mention "satisfait ou remboursé". Comme le quartier était branché, ses premiers clients étaient venus pour voir. Mais ils étaient revenus très vite, avec des amis. Même ceux qui avaient des goûts simples appréciaient la qualité de ses produits et le fait de ne jamais rien demander. Il n'avait eu aucune plainte. Une fois seulement, un client avait demandé à être remboursé, car la boisson ne correspondait pas à son désir, avait-il dit. Galileo avait payé sans broncher. Une heure après, le client était revenu et la machine avait choisi de préparer la même boisson (Galileo avait un fichier client très sophistiqué qui gardait plein d'informations sur eux, en toute illégalité, mais qui lui permettait de toujours avoir les bons produits en réserve et d'améliorer son invention). Galileo avait alors stoppé la machine en disant au client qu'il s'agissait de la même boisson, qu'il s'excusait mais que cela ne lui plairait pas. Le client avait alors rougi et posé 40 crédits sur le comptoir. Il avait voulu lui jouer un tour, mais la boisson était vraiment trop délicieuse et il ne pouvait s'en passer. Galileo accepterait-il, s'il payait aussi la boisson précédente ? avait-il plaidé... Galileo avait accepté, évidemment, un grand sourire sur les lèvres. Sa machine était décidément très efficace, se dit-il.

Maintenant Galileo avait deux machines, tellement il y avait d'affluence. Il avait ajouté un petit voyant vert quand quelqu'un désirait un ingrédient nouveau, que personne n'avait jamais demandé. Ce voyant ne s'allumait plus très souvent, après quelques mois de fonctionnement. Galileo ne l'avait pas vu en marche depuis dix jours, ce matin-là, quand il s'alluma. C'était sur la nouvelle machine, celle qu'il n'utilisait pas pour lui, par fétichisme certainement. Une jolie brune venait de passer sous le portique. Un beau châssis, eut-il le temps de se dire avant de regarder l'écran. Il n'y avait qu'une ligne sur l'écran, avec le nom de sa vodka personnelle, unique et inconnue de tous, avec la température de 2°, sa température favorite. Il cligna des yeux. Sa vodka était dans la réserve. Elle n'était pas accessible à travers la machine. Il entendit un "bonjour" enjoué. Sa cliente était déjà devant le bar. Elle s'était déplacée avec souplesse et aisance. A moins que ce ne soit lui qui ait été statufié devant son écran. Il bafouilla "excusez-moi, je reviens" et partit a toute allure vers la réserve. Il se servit comme pour lui et revint vers elle. Elle lui sourit, posa son billet sur le comptoir et emporta son verre. Elle avait un sourire charmant. Il ne vit rien passer ou presque des dix clients suivants. Il servait en mode automatique. 

Elle était assise près de la porte. Seule. De là où elle était, elle pouvait à la fois regarder la rue et sa place au bar. Elle le regardait de temps en temps d'ailleurs. En souriant. Une fois même, elle leva son verre dans sa direction. Galileo était scotché. Il sortit de son bar et passa sous le portique qu'elle avait emprunté. Puis il revint à sa place derrière le bar. Sa boisson du moment était indiquée. Sa vodka favorite avec une rasade de gingembre, à 3°. Il se servit un verre, puis leva les yeux. Elle était de retour, avec un autre billet. Il n'eut besoin que d'un coup d'œil pour vérifier sur l'écran qu'elle désirait la même chose que lui. Évidemment, se dit-il. Il lui tendit le verre. Elle haussa le sourcil et dit "déjà ?" Puis elle en but une gorgée. Elle sourit et dit "parfaite". Il dit "vous aussi" et rougit aussitôt. Elle éclata de rire. Ses yeux étaient brillants comme des projecteurs braqués sur son cœur. 

Elle revint prendre trois verres, ce soir-là. Puis elle revint tous les jours pendant une semaine. Ils ne firent l'amour qu'au bout de huit jours. Ils ne s'étaient pas dit plus que quelques mots. Mais leurs désirs de boisson avaient parlé pour eux. Ils étaient passé, ensemble, toujours ensemble, par les mêmes émotions gustatives. Un peu de sucré, un peu de piquant, de plus en plus de chaleur, toujours dans la même vodka. Le dernier verre avant de faire l'amour fut une vodka à 33° (Celsius), avec beaucoup de gingembre et une touche de miel. Leur premier verre après l'amour, choisi par la machine, fut un verre d'eau pure.

Aujourd'hui, ils tiennent tous les deux le pub. La machine ne leur sert plus jamais deux fois de suite le même cocktail, mais toujours le même pour les deux. Et Galileo sait qu'il a tellement de boissons en réserve qu'ils n'arriveront jamais au bout des possibilités de leur vivant. Ensemble.


samedi 23 janvier 2016

Lingerie, l'autrejesaispas

Salon de la lingerie (et du maillot de bain) ce week-end. Faut choisir entre Davos et son froid des Grisons et la Porte de Versailles et ses mannequins. Dur, dur dans les deux cas...

Il y aura plein de stands, de mannequins et des défilés. Pour info, c'est comme dans un grand hypermarché, où les rayons les plus utiles sont toujours au fond loin de l'entrée pour que vous soyez obligés de tout traverser avant. Là, le podium pour les défilés est juste à l'opposé de l'entrée...

Sur le site, on voit plein de photos évidemment. On peut choisir par niveau de prix aussi. J'ai trouvé ça dans la rubrique la plus chère. Un hommage au grand décédé de janvier ??? Sinon, j'ai trouvé le tableau qui vous intéresse toutes (et tous aussi je crois). Le voici :

C'est de 9h à 19h, dans le pavillon 1, le grand pavillon juste derrière le Palais des Sports et les chanteuses qui jettent leur petite culotte dans le public (Ah zut, c'était au parc de Sceaux et Chirac n'était pas dans le coup, je suis nul - extrait du site "Madonna pour les nuls" - si, si, je vous jure, l'Internet est merveilleux, non ?)... C'est aussi dans le pavillon 1 qu'on voit les vaches et les cochons défiler pendant le Salon de l'agriculture. A chacun son salon et les vaches seront bien gardées pendant que monsieur monte à Paris ! Il est loin le temps où j'avais des invitations pour ce salon...

C'est un salon, donc on peut acheter, essayer, se faire conseiller. Comptez 24 euros l'inscription en ligne quand même, 34 sur place. Ou 55 si vous cumulez plusieurs salons, car il y a aussi Bijorhca à côté, le salon bien connu des bijoux... Un week-end très dangereux donc. Y aller à ses propres risques. A deux c'est mieux évidemment.

Si vous n'y allez pas, comme François qui reste coincé chez lui avec ou sans Julie, il y a une galerie photo, dans laquelle j'ai trouvé ça, spécialement pour celles qui ont un problème d'attelle ou de genouillère à la jambe droite. Mon tendon d'Achille va mieux, merci, et j'espère que c'est bientôt terminé, car j'en ai plein la botte (moins sexy ma botte, d'ailleurs).


PS : Il fait froid, vous aurez remarqué, même si un léger redoux s'annonce. Couvrez-vous bien. J'ai parlé météo ici ce lundi. Je citais Minneapolis comme le coin le plus froid à ce moment-là des USA. Certains habitants ont eu l'idée géniale de prendre en photo leur sur-vêtements congelés dehors. On espère qu'ils restent bien au chaud à l'intérieur de leurs maisons... en sous-vêtements  même pas mouillés !



PPS : Ça nous change de la journée mondiale sans pantalon (qui était le 13 janvier)



PPPS : Et pour vous mesdames... tiré d'ici...

vendredi 22 janvier 2016

Davos, esclave du fric, monastère de la parole

En Latin Davos (Davus, Dave) était un nom fréquemment donné aux esclaves par les patriciens dans les pièces de théâtre classique chez les romains. Un nom qui est presque devenu générique. A Davos en Suisse, il n'y a pas beaucoup d'esclaves (sauf ceux qui servent les riches) mais beaucoup de patriciens. Les démocrates puissants d'aujourd'hui qui vivent dans leur bulle. Sans compter tous ceux qui aimeraient devenir calife à la place de leur calife particulier. Un souvenir peut-être de ce qu'était la démocratie, la chose publique - la res publica - quand elle était réservée à une élite mâle, blanche et riche.

Davos est donc en pleine activité. Son fondateur vieillit mais est toujours là (photo) avec ses deux prompteurs.


A Davos, il s'agit de nouer le plus possible de contacts. Les politiques sont là pour accompagner leurs entreprises et montrer leurs muscles. En France, il y a de plus en plus de ministres présents (je parle des actuels et pas de ceux qui viendront après le remaniement prochain). Valls a serré la main de Bono mais s'est fait voler la vedette par le chouchou des patrons, Emmanuel Macron, en pleine ascension politique. Ce n'est pas à Davos qu'il verra de vrais gens, mais ce n'est pas grave. Cette année, Sarkozy n'y va pas (Pas assez bien payé la conférence ?)...  Mais il est en pleine promotion de son livre et n'a pas le temps. En plus François consulte les partis sur la révision constitutionnelle aujourd'hui et le rencontrera. François n'ira pas à Davos cette année (il y était l'année dernière, Sarkozy en 2010 et en 2011).

Davos, c'est un marché et un forum à la fois. Au-delà des discours aux différentes tribunes, c'est bien dans les discussions en petit groupe que se négocient et se mettent en place les projets "innovants" puisque ce mot est dans toutes les bouches. Les prises de rendez-vous se font à l'avance, comme pour les stars hollywoodiennes. Et c'est en regardant les agendas qu'on peut voir la popularité ou non des invités. Cette année, les français sont plus populaires et jugés plus intéressants. Plus "socio-démocrates décomplexés" et moins "Montebourg".

De quoi parlent-ils donc, à part de fric ? Il y a le terrorisme (et son impact sur le business), les migrants (et les problèmes de transport et d'infrastructure) et aussi les suites de la COP21 (où faire du fric ?). Les énergies renouvelables sont l'un des coeurs du sujet, moteur d'un développement industriel important. Pour vous en persuader lisez cet article sur Davos par l'Agence de presse chinoise : "Forum de Davos : la 4ème révolution industrielle sera conduite par les énergies renouvelables"... On y retiendra cette phrase : "La Chine est déjà une exportatrice majeure de technologies d'énergie propre. Par exemple, plus de 60% des panneaux solaires de la planète sont fabriqués en Chine". Cela me fait penser à cette déclaration entendue à Davos, de la PDG du groupe pétrolier italien ENI, Emma Marcegaglia, ancienne patronne du Medef italien : « Quand il y a une innovation, les Américains la transforment en succès. Les Chinois la copient. Et les Européens... la réglementent. »

Peu auront le temps de skier à Davos Klosters (puisque c'est le vrai nom de la station). D'ailleurs Klosters veut dire monastère en allemand. Gageons qu'il y aura encore moins de moines ou de nonnes à Davos que d'esclaves...

jeudi 21 janvier 2016

Numérique : agir ou débattre ? En France on a choisi

La France est moderne, tralala
On est en avance sur tout, tralala
Surtout pour le numérique, lalère

Regardons cette petite carte


Vous voyez la France ? Indice : c'est le pays pas très coloré. Il s'agit du très haut débit. Il y a du progrès à faire, non ? On se demande où passent les recettes faramineuses des opérateurs. Pas dans les investissements en tous cas. Lire l'étude européenne ici. 

Autre indice intéressant. La semaine dernière était consacrée au développement informatique et aux initiations au Code (informatique). Beaucoup d'activités en Europe. Vous en avez entendu parler en France ? Vos gamins ont codé à l'école ? Hum hum. 

Alors laissons nos députés débattre du nouveau texte de loi sur le numérique, un texte signé Axelle Lemaire. Peu de députés son compétents sur ces sujets (un autre signe) en France. Il est possible de voir les amendements ici par exemple. Ce qui les a surtout intéressés c'est le débat en ligne préalable avec des propositions de citoyens et d'acteurs, des votes et une démocratisation du débat. Certains voudraient même l'étendre à d'autres lois...

En France on n'agit pas, on débat !

mercredi 20 janvier 2016

Universités et terrorisme

L'attaque d'une université au Pakistan nous interpelle, dans la communauté universitaire.

21 morts a priori (estimation actuelle) après cette attaque revendiquée par les Talibans dans le Nord-ouest du Pakistan, à l'Université Bacha Khan à Charsadda. Cette petite université récente (même pas quatre ans) se veut une université moderne tournée vers le savoir et le développement. Un lieu intolérable donc pour les extrémistes, talibans ou autres. Ils ont choisi un moment clé puisque c'était cette semaine le début du semestre de printemps, et en même temps qu'un festival de poésie ouvert au public. Des représailles contre les attaques de l'armé pakistanaise contre eux. Des étudiants tués dans leurs dortoirs est certainement une cible plus facile que des militaires armés.

D'autres attaques récentes ? A Garissa au Kenya le 2 avril 2015 par exemple, 147 morts en majorité des étudiants chrétiens. A signaler qu'un exercice de simulation d'alerte terroriste dans cette même université a fait en décembre dernier... un mort et plusieurs dizaines de blessés, tellement les étudiants ont eu peur d'une vraie attaque !

Quelles réactions cela déclenche-t-il dans le monde universitaire, à part l'indignation copiée sur l'indignation générale de la société ? Un exemple de réaction pour Garissa : UNICAEN condamne l'attaque terroriste et barbare qui a frappé l'université de Garissa au Kénya. Face à cette attaque contre le savoir et la liberté qui sont les symboles de l'Université partout dans le monde, la communauté universitaire française tient à saluer la mémoire des victimes et apporte son total soutien et sa solidarité aux étudiants, aux professeurs, au personnel de l'Université de Garissa.
Les valeurs de l'Université ne meurent jamais.

Les universitaires ont l'habitude d'échanger et de se déplacer. Souvent partout dans le monde et dans des lieux improbables, pour tisser des liens et un réseau, en n'étant pas ou peu rémunérés (juste défrayés la plupart du temps). L'Université universelle avec un grand U est un fantasme plus ou moins réel selon les lieux et les convictions mais il existe dans la réalité. Quels que soient les liens qui s'établissent dans cette "communauté universitaire", ils sont puissants : autour de disciplines (quand deux matheux se rencontrent ils se racontent des histoires de maths), de grands enjeux sociétaux (les approches multidisciplinaires autour de l'eau, de la santé ou de la gestion des crises par exemple), de métiers similaires (les profs de français ou d'anglais), de langues partagées (les francophones évidemment, comme à l'AUF), de technologie utilisées (les TICE et autres tablettes), autour de zones géographiques de recherche ou de coopération...

Après tout, si on excepte les militaires qui se tuent depuis des millénaires, les universitaires sont la communauté qui a inventé l'Internet et sa philosophie. Le réseau n'est pas qu'une notion technique ou théorique. C'est avant tout une mis en relation d'humains créatifs et actifs. Créactifs comme disent les experts du marketing.

Tuer un universitaire (quel que soit son statut - étudiant, enseignant, chercheur, administratif ou dirigeant) est toujours un drame pour un autre universitaire. Même au bout du monde. C'est d'ailleurs à cela qu'on reconnait une "communauté". L'ouverture au savoir suppose une ouverture tout court. Je parle ici des universités réelles, pas des "universités" d'entreprises ou de fermeture du savoir qui fleurissent partout. Je vous avais déjà parlé du .university par exemple. Un vrai contre-exemple de communauté qui est une démonstration d'une marchandisation purement mercantile. Un sujet qui pourrait revenir d'actualité si quelqu'un de responsable s'en occupait.

Sauf à confondre l'université avec n'importe quel secteur de la société. Une vraie question, non ?

mardi 19 janvier 2016

Twitter en panne, retour sur le plancher des algues

Aaaaaaaaaaaaaaaaargh ! Ce matin Twitter est en panne. Voyez-vous autour de vous tous ces drogués du tweet qui errent sans but, l'oeil vitreux, les doigts crispés sur un smartphone allumé et rafraîchi en permanence ? Ahlala... En plus il fait froid. Partout. Même au bord de la Méditerranée.

Tiens, justement, si on mettait cette absence de gazouillis pour parler de la réalité, la Nature, les vrais petits zoziaux, les algues vertes et brunes et tout le reste. WWF-France a agité le monde en sortant ce matin un communiqué alarmiste sur la Méditerranée. Toutes les informations sur leur site. De belles cartes aussi... WWF-France est dirigée par un certain Pascal Canfin, EELV et ancien  ministre du développement avant que Cécile Duflot ne pète un plomb et décide de quitter le gouvernement, une erreur fatale, mais c'est comme ça.

La Méditerranée souffre donc. Et elle souffre surtout d'un manque total de coordination entre les Etats qui la bordent, les entreprises qui l'exploitent, le touristes qui la polluent et les écolos qui essayent de la protéger. Mer symbole, mer fermée, mer indispensable, mer chantée par Tino Rossi,  Charles Trenet (ou plutôt l'étang de Thau) et tant d'autres depuis les sirènes d'Ulysse.

cliquez pour agrandir, comme d'hab sur ce blog

Le constat du WWF est terrible. Les conflits entre les différentes exploitations vont forcément augmenter, sans aucun projet intégré pour les prévenir ou même les guérir. La Méditerranée n'est plus la Mare Nostrum des romains, notre mer, notre bonne-mère. Il n'y a pas de "nous" pour la gérer.

Pour voir les problèmes politiques autour de cette mer, il suffit de savoir qu'elle est bordée par plus ou moins 21 Etats et territoires - personne n'est d'accord sur le nombre, compte tenu des crises politiques et de frontières. Entre le Maghreb, le Machrek, l'Afrique, l'Europe, l'Asie, l'Union européenne, les sensibilités sont très différentes, politiquement, religieusement. Les initiatives internationales sont rares et toutes antinomiques, de l'Union pour la Méditerranée au 5+5 en passant par les initiatives "des deux rives". Lorsqu'il sera trop tard, nos chers dirigeants seront tous morts, enterrés et oubliés. Rajoutons une pincée de réchauffement climatique et donc de montée des eaux et de sécheresse pour avoir une photo encore plus contrastée. L'appel à plus d'intégration des politiques et de prospective lancé par le WWF est intéressant, mais il risque de ne pas avoir beaucoup d'effet. Si Chirac était toujours actif, il dirait "cela m’en touche une sans faire bouger l’autre".

Il y a quelques semaines, la France a par exemple renouvelé le permis de polluer qui arrivait à échéance pour les industriels de l'aluminium, et donc l'usine Alteo peut continuer à déverser ses eaux toxiques dans le parc national des Calanques. Emplois sauvés, poissons rougis (ça fera joli avec les algues vertes déversées il y a quelques années par Monaco). Un exemple parmi d'autres, mais une tempête dans un verre d'eau de mer. Les exemples sont légions et l'intérêt de l'étude MedTrends est de donner une vision globale de tout cela. Exemple ci-dessous avec une carte du trafic maritime...


Les ONG ont un rôle. Mais sans les gouvernements pour prendre le relais, il y a des limites à leur action. Qu'en dit le gouvernement français, d'ailleurs ?

PS : Le temps de taper ce billet, Twitter est revenu. Ouuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuf.



lundi 18 janvier 2016

La courbe des températures s'inverse enfin. Et le chômage ?

Quand j'ai vu ce matin que la courbe s'inversait, j'ai eu un millième de seconde de joie.

C'est aujourd'hui en effet que François parle de son 956° plan contre le chômage, ou plutôt pour l'emploi. Attentes variées et brossant tout le spectre des possibles, entre un patronat qui veut supprimer le CDI et des syndicats qui veulent alourdir les charges. Tout ça sur fond de remaniement à venir avec à l'horizon un gouvernement du grand écart entre une gauche à caresser dans le bon sens du poil, des écolos dissidents ou pas et des centristes refroidis par la droite. Un plan pour (l'emploi) ou contre (le chômage) ce n'est pas pareil. Former 500 000 chômeurs c'est une solution à on ne sait quel problème, sauf éventuellement à celui de réduire les chiffres des chômeurs de catégorie A. Multiples attaques donc, en attendant le contenu du plan. A suivre ici (pour avoir l'avis de la droite), ou là pour une vue de gauche traditionnelle. C'est à l'occasion des voeux aux acteurs de l'entreprise et de l'emploi (à 11h)... Vous remarquerez qu'on parle d'entreprise avant de parler d'emploi. C'est un signe non ambigu.

Mais il ne s'agissait pas de la courbe du chômage ce matin. Celle qui baisse ce matin, c'est celle des températures. L'hiver est enfin réellement arrivé un peu partout en France. Avec du retard. Par exemple à Paris, c'est aujourd'hui la première gelée de l'hiver. Un record. Le précédent datait de janvier 1935... Et la neige arrive un peu partout en commençant par la Normandie avec une jolie courbe Nord-Ouest Sud-Est. Une ceinture blanche comme une écharpe d'élu local en travers du torse. Les élus locaux auront du boulot aujourd'hui. Et tant pis pour les bourgeons qui ont cru au printemps. C'est toujours les soldes et il s'agit de s'habiller fissa avec une ou deux couches de plus. N'oubliez pas vos gants et vos grosses chaussettes. Et vos chapeaux. Quoique. C'est une idée reçue que de croire qu'un tiers de la chaleur du corps sort par la tête... C'est psychologique en fait.


Bon, faut relativiser. On n'est pas au Québec (-14° à Montréal aujourd'hui) ou aux USA (-25° à Minneapolis, où personne n'a envie d'aller et où l'on fête le Martin Luther King Day. Il aurait eu 86 ans le 15 janvier. C'est un jour férié pour administrations et écoles aux USA. Le dernier pour Obama en tant que président. Rappelons que c'est Reagan d'ailleurs qui a instauré ce jour férié il y a trente ans)... Mais en France un petit centimètre de neige et c'est le bordel très vite.

Chômeurs, sortez couverts ! Pas la peine de creuser en plus le déficit de la sécu ! Non mais !

Mise à jour : Le discours de François est ci-dessous (32 minutes)


Il pourra en parler avec Raul Castro, en visite à Paris, non ?

dimanche 17 janvier 2016

Du temps de cerveau pour... Une histoire magique

Escarbillette avait mal dormi. Elle dormait toujours mal, d'ailleurs, depuis que son père était mort quelques mois après avoir épousé cette pétasse. Celle qui avait conquis le cœur de son père avait amené avec elle deux cruches de filles plus connes que leur mère. Et son père n'avait pas résisté longtemps à tant de bêtise autour de lui. Escarbillette n'avait pas su le protéger et il était parti avec un grand sourire et des yeux pleins de regret. Il lui avait juste souhaité "bon courage" avant de mourir pendant que sa femme et ses filles faisaient du shopping. Du magasinage, devrais-je dire, car cette histoire se passe au Québec.

Escarbillette avait demandé une fois à son père pourquoi elle s'appelait comme ça et son père s'était lancé dans des explications confuses d'où il ressortait que sa femme - la première, la mère d'Escarbillette - était une grande romantique et que c'était en hommage à Cinderella, improprement traduit du français Cendrillon, puisque que cendre se traduit ash et non cinder qui veut dire escarbille... Enfin elle croyait avoir compris ça ! A l'école cela avait été un peu difficile, mais le nom sonnait bien "vieux français" et les critiques de ses copines avaient cessé assez vite. Escarbillette avait eu du mal à écrire son nom au début, mais à 17 ans elle était maintenant très intelligente. Bien plus en tous cas que ces trois connasses avec lesquelles elle était obligée de vivre, jusqu'à sa majorité. Son père avait été riche, ce qui n'avait bien sûr rien à voir avec l'arrivée de la grognasse qui l'avait séduit. Leur domaine était grand et vert, beau et luxueux. Mais Escarbillette n'habitait qu'une petite chambre sous l'escalier comme Harry Potter. Heureusement, elle n'avait pas à nettoyer la maison, sa marâtre était trop fière pour cela, mais elle n'avait pas un sou et cela allait durer encore des mois jusqu'à sa majorité.

Son père avait été membre d'un club très fermé de riches gauchers. A sa mort, c'est son épouse qui avait rejoint le club et Escarbillette la remplacerait le jour de ses dix-huit ans. Tout cela n'intéressait personne, sauf peut-être Escarbillette qui voyait là une manière d'honorer la mémoire de son père, mais ce matin-là une lettre arriva. Une invitation au bal annuel du club. Sa belle-mère avait failli la jeter au feu lorsqu'elle remarqua qu'il y avait cette année deux invités spéciaux, les frères Blskrnz. Oui ! Les frères Blskrnz eux-mêmes !!! Imaginez l'émoi de cette mère. Les deux jumeaux les plus riches de la planète, tous deux en âge de se marier. Gauchers, évidemment, mais ça elle s'en foutait la pouffiasse. Une opportunité unique pour placer ses deux mégères de filles. Le sang de sa belle-doche ne fit même pas un tour. Elle répondit qu'elle viendrait, accompagnée de ses deux sublimes filles. Elle ne comptait pas amener Escarbillette évidemment. 

Celle-ci commença à se douter de quelque chose dès le repas de midi. Elle servait le homard - car on était en mai, la belle saison pour le homard au Québec - debout derrière les trois poissardes et elle les entendit s'extasier sur leurs tenues pour le bal. Elle ne dit rien, mais elle n'en pensa pas moins. C'était l'occasion d'être à la hauteur de son nom. Elle irait elle aussi à ce bal, incognito et habillée somptueusement. Elle se retrancha aussi vite que possible dans sa chambre et s'y enferma. Google était son ami et l'aiderait à trouver comment faire !

Après quelques heures de recherche, le bilan était assez maigre. Elle n'avait pas de carte de crédit et tout s'achetait comme ça maintenant. Elle n'avait pas non plus trouvé de sites de fées, après avoir fui loin de certains sites qui ne vendaient pas du tout ce qu'elle cherchait et qui lui semblaient un peu trop dénudés pour elle. Elle réussit quand même à placer une annonce sur un site d'achat-vente d'occasion : "recherche fée même usée, urgent, pour bal. Échange de services possible". Lors du repas du soir, elle était un peu démoralisée car il était beaucoup plus difficile d'obtenir ce qu'elle voulait qu'elle ne l'avait imaginé. La conversation des trois abhorrées tournait maintenant autour du maquillage. Elle partiraient le lendemain en fin de matinée pour finir de s'apprêter, et ne pensaient qu'à ça. Le bal était le soir même.

Escarbillette dormit encore plus mal cette nuit-là. L'Internet ne lui apportait rien de bon. Il ne restait plus de temps. Elle se tourna et se retourna toute la nuit. Elle était toute chiffonnée au matin. Presque moins belle que ses deux quasi-sœurs. Enfin, je dis presque, mais c'est une figure de rhétorique. Car Escarbillette était somptueusement belle et à mille coudées de ces deux traînées. Sa belle-mère rayonnait de la voir ne serait-ce qu'un peu moins belle que d'habitude et elle fut plus gentille avec elle ce matin-là. Lorsqu'elles partirent toutes les trois, Escarbillette fut triste. Triste de savoir qu'elles allaient passer une belle soirée et qu'elle se morfondrait toute seule dans sa chambre.

Elle alluma son vieil ordinateur. Elle avait un message. Une réponse à son offre. Une réponse ? Le cœur d'Escarbillette bondit. Une réponse ? Elle cliqua sur le message et la porte de sa minuscule chambre s'ouvrit. "Bonjour jeune fille" dit une jolie voix derrière elle. 
- Pardon ? dit notre héroïne en se retournant. Qui êtes vous ?
- Ah je suis enchantée également, ma chère. Tu m'as appelée et je suis venue. Je suis la fée.
- La fée ? réussit à dire Escarbillette.
- Oui, la fée, dit la fée. Tu voulais bien une fée, non ?
- Euh oui, mais vous êtes déjà là ?
- Mais oui. Nous les fées, nous voyageons vite, tu sais. Même quand nous sommes un peu usées, pour reprendre tes mots. Pas très flatteurs d'ailleurs.
- Oh, excusez-moi. Je voulais dire que je n'avais pas d'argent pour une fée neuve. Euh, excusez-moi, en fait je veux dire...
- Pas de souci, ma fille. Ce qui est dit est dit. Et je suis un peu usée en fait. Alors quel est ton problème ? dit la fée avec un grand sourire large comme le cœur d'une baleine.

Il ne fallut pas beaucoup de temps pour qu'Escarbillette expose son problème. La fée était une vraie professionnelle et en quelques coups de baguette magique la jeune fille fut habillée comme une princesse très chic et sexy à la fois, maquillée comme une star internationale et ornée de bijoux d'une simplicité si élégante que même Audrey Hepburn en aurait été jalouse. Escarbillette n'en croyait pas ses yeux. Son miroir lui renvoyait une image trop belle et qu'elle ne pouvait associer à elle-même. Puis la fée lui dit : "Bon, ça c'est fait. On s'occupe de ton carrosse maintenant. Tu as une citrouille ?"

Il y eut un moment de flottement. Escarbillette expliqua qu'on était en mai et que ce n'était pas la saison des citrouilles mais celle des homards. La fée la regarda un instant. Puis elle sourit. Il s'avérait heureusement qu'elle connaissait un épicier de luxe dans le coin. Grâce à la mondialisation des échanges de citrouilles et de homards, la fée pensait qu'il aurait peut-être quelques citrouilles de Nouvelle-Zélande, à l'autre bout du monde. Elle laissa Escarbillette finir de lacer sa robe et alla faire un saut (de fée) chez l'épicier. Escarbillette eut le temps de se faire deux fois les ongles avant que la fée revienne. Elle commençait à être un peu nerveuse car on approchait de l'heure du bal. La fée revint dans un petit nuage de fumée. Elle avait l'air un peu décoiffée et son corsage était légèrement de travers. Elle avait les yeux brillants. "Ce n'est plus de mon âge, jeune fille... Il n'avait pas de citrouille en plus" dit la fée en respirant comme si elle avait couru un cent mètres. 
- Pas de citrouille ? dit Escarbillette
- Pas de citrouille, désolée ma fille.
- On va faire comment alors pour arriver au bal ?
- Ne t'inquiète pas, on va y aller avec ma voiture, répondit la fée.

Et, ni une ni deux, elles se retrouvèrent toutes les deux dans la Fée-rarissime de la fée qui les emmena en un coup de vent au château où se déroulait le bal du club. La fée lui dit qu'elle devait repartir avant minuit, car elle n'était pas capable de maintenir un sort plus longtemps à son âge. Il fallait qu'elle se débrouille avec ça ! Escarbillette lui dit que ce n'était pas grave et qu'elle s'y attendait de toutes façons. Elle serait à l'heure !

Elle ne fut pas à l'heure évidemment. Le bal était bondé mais elle fut l'attraction de la soirée. Elle était si belle... Sa (pas si)belle-famille ne la reconnut pas, trop occupée à essayer d'approcher les frères Blskrnz. Escarbillette dansa toute la soirée. Tous les hommes voulaient danser avec elle. Sauf les frères Blskrnz bien sûr, car ils étaient ensevelis sous les mères et leurs filles. En fait, ils auraient bien aimé danser avec cette merveilleuse jeune fille, mais les hordes de mères qui les entouraient les empêchaient même de bouger un orteil. Ce n'est qu'à minuit moins cinq qu'il purent l'approcher. Elle était rayonnante et sa peau luisait après toutes ces danses. Ils lui prirent chacun une main, de la main gauche, et dansèrent tous les trois. Une danse complexe qu'ils inventaient au fur et à mesure, comme s'ils étaient la même âme partagée entre trois corps. Une danse qui dura jusqu'à presque trois heures du matin. Escarbillette était toujours habillée comme une princesse. Elle ne comprenait pas pourquoi elle n'était pas redevenue l'Escarbillette de tous les jours, mais elle aimait tellement cette danse qu'elle ne réfléchissait qu'à peine. 

A trois heures moins une, elle sentit l'une de ses boucles d'oreille tomber, ou plutôt se détacher de son oreille. Elle sut alors que son déguisement allait disparaître très bientôt. Elle profita d'une volte endiablée pour lâcher les mains de ses deux partenaires et filer dans le même mouvement vers la porte. Avant que quiconque ait pu réagir, elle était dehors. La Fée-rarissime était là. Elle s'y glissa et celle-ci démarra en trombe. En un rien de temps, elle fut arrivée à sa maison. Elle était nue, la voiture venait de disparaître dans l'air et la fée était devant elle. Elle avait l'air épuisée. 
- On avait dit minuit, Escarbillette ! dit la fée d'une voix éteinte.
- Oui, je sais, madame la fée, mais je n'ai pas vu l'heure...
- Elles disent toutes ça, soupira la fée. Pas grave ma petite. J'ai réussi à tenir un peu plus longtemps que prévu. Je crois que ma petite visite chez l'épicier m'a requinquée.
- Merci en tous cas, madame. Ça a été la plus belle soirée de toute ma vie. Je vous suis redevable, maintenant.
- Oui je sais. Tu as écris "échange de services". Je reviendrai te voir lorsque je serai reposée pour te demander de remplir ton engagement.

Puis la fée embrassa Escarbillette et disparut dans un (tout petit) nuage de fumée. Escarbillette monta se coucher, la tête pleine de musique, de danses, de mains et de regards échangés. Elle entendit à peine les morues rentrer.

La suite de l'histoire est banale. Les deux frères Blskrnz cherchèrent leur partenaire de danse plusieurs jours. Ils n'avaient qu'une boucle d'oreille en leur possession. Et ils visitèrent toutes les maisons des membres du club, mais personne n'avait la jumelle de la boucle, malgré le travail effréné des joaillers du coin qui essayaient d'imiter la boucle pour des mères excitées comme des chaussettes dans un lave-linge en mode essorage. Lorsqu'ils arrivèrent dans la maison où habitait Escarbillette, ils ne trouvèrent pas la boucle non plus, car sa jumelle avait disparu avec le costume. Mais ils entendirent dans la cour une voix qui fredonnait un air. Leurs pieds se mirent à danser tous seuls et ils se précipitèrent vers la source du chant. Ils avaient décidé entre eux, avant leur quête, que le premier qui verrait la jeune fille serait le mieux placé pour l'épouser si elle le souhaitait. Malheureusement, ils la virent en même temps et surent tout de suite que c'était elle, malgré ses habits simples. Elle leur sourit, puis les épousa tous les deux ensemble dans leur pays le jour de ses 18 ans. C'est un pays très tolérant que le Blskrnzstan. Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants. Et tous les enfants eurent la même nounou. Une vieille fée qui adorait les enfants et qui allait chercher de temps en temps ses citrouilles dans une épicerie québécoise très sélect. En saison et hors saison d'ailleurs, car l'épicier en avait toujours, maintenant.





samedi 16 janvier 2016

Splendid Ouaga

Secoué aujourd’hui. Blog court.


Le Burkina est un pays qui m’est cher. J’y ai des amis et y suis allé souvent. A l’hôtel Splendid évidemment. Là où cet attentat terroriste a eu lieu la nuit dernière. Un coin animé et très fréquenté avec des bars connus. Plein d’expats évidemment. Des cibles parfaites pour un sous-groupe d’AQMI.

J’en ai parlé ici par exemple

Le Burkina a beaucoup souffert depuis sa révolution populaire anti-Comparé et l’élection démocratique d’un nouveau président devait permettre à ce pays de se développer (enfin). Le pays des hommes intègres n’avait pas été touché en plein coeur par ce type d’attentats islamistes. Il héberge beaucoup d’institutions internationales et est un élément important du dispositif militaire de plusieurs pays occidentaux, dont la France.

J’attends des nouvelles. Pardonnez ce billet court #jesuisouaga Burkina24

vendredi 15 janvier 2016

L'automobile est-elle un lobby ? No, no et Re-no

La réponse est oui, évidemment. Et puissant dans de nombreux pays, dont la France, comme on a pu le vérifier depuis le scandale Renault.

Est-ce un scandale d'ailleurs ? Ca dépend de quoi on parle... Les faits d'abord. L'organisme français de certification des véhicules a lancé une campagne de mesure sur les autos disponibles en France, suite au scandale Volkswagen dont on a parlé ici. D'autres constructeurs auraient-il triché en installant des systèmes truqueurs pour fausser les contrôles anti-pollution ? Depuis le lancement de cette campagne, une vingtaine de modèles ont été mesurés, sur une centaine de prévus. Et comme des écarts ont été observés sur certains - Renault pour le moment - des perquisitions ont été conduites (c'est le cas de le dire) dans certaines usines Renault. A ce jour, aucun trucage n'a été trouvé, mais des écarts importants en ce qui concerne les émissions de gaz polluants, CO2 et NO2... La direction de Renault a cru que ces perquisitions pouvaient rester secrètes, naïvement ? Dès qu'elles ont été connues, la panique a soufflé sur tout le monde.

Politiquement, les ministres se sont mouillés. Ségolène a confirmé qu'aucun logiciel truqueur n'a été trouvé, donc qu'il n'y avait pas de scandale comme pour Volkswagen qui a triché. Marron a insisté sur le fait que Renault n'avait pas commis de faute. Grosse peur politique car Renault c'est un symbole intouchable en France, dont l'Etat est un actionnaire important. Il s'agit d'éviter des dérives politiques ou des attaques contre l'incurie du gouvernement, sa complicité ou des risques de manifestations sociales. En tant que ministre de l'environnement, Ségolène demande à Renault la mise aux normes de ses moteurs. On attend les tests Peugeot pour la suite.

Socialement il y a des inquiétudes, comme il y a eu au plus haut niveau en Allemagne pour Das constructor Nassional. Les syndicats s'inquiètent et ont alerté sur les perquisitions, comme une étape dans leur combat contre une direction jugée un peu autiste par eux. En plus de Renault, il y a tous les sous-traitants en amont et tous les garages et distributeurs en aval. Et il y a PSA aussi. Le diesel est le plus visé par ces émanations polluantes et il représente 50% en France pour ces constructeurs nationaux. Des dizaines de milliers de chômeurs en plus au bas mot, ce n'est pas le moment. Sans compter les surcharges de travail pour modifier les processus de contrôle et de production. On ne réoriente pas en quelques mois un appareil industriel de cette taille, même en se limitant à certains modèles (Espace Diesel par exemple, par ailleurs en chute libre dans les ventes, puisque remplacés de plus en plus par des SUV et autres crossovers de beaufs frimeurs et frustrés).

Financièrement, l'action Renault a pris 10% de baisse en un jour. Gros gadin. Inquiétudes sur le moyen et long terme, avec des anticipations de coûts importants pour corriger le tir. Sans parler de plaintes éventuelles de consommateurs ou d'associations environnementales.

Car le coeur du sujet est lié à l'environnement. Tout le monde sait que le diesel pollue beaucoup, et plus qu'annoncé officiellement. Cette campagne de mesures le révèle publiquement de manière éclatante. Il n'est plus possible de faire comme si, surtout après la COP21 et au moment où François drague les écolos. Les oeillères tombent et le cheval (vapeur) est aveuglé par la lumière de la transparence médiatique.

Il reste l'Europe et ses contradictions. C'est l'Union européenne qui définit les normes de contrôle en la matière. Tous les jugent trop laxistes et ne tenant pas assez compte des conditions réelles d'usage des véhicules. Mais jusqu'ici toutes les tentatives - notamment celles du parlement européen - ont échoué pour les renforcer. Un effet direct du lobby automobile en Europe.

Quelle que soit donc la manière dont on regarde les événements Renault de cette semaine, il n'y a que des mauvaises nouvelles. Et c'est pas fini.


jeudi 14 janvier 2016

Allo ?

Vous avez les oreilles bouchées ? C'est normal. On appelle ça le tumulte médiatique.

Il y a ds moments où on aimerait couper le son et être tranquille, mais ce n'est pas facile. On peut fermer les yeux ou ne pas bouger, mais pour fermer les oreilles, il faut un appareil. Il y a bien des protège-oreilles ou des casques audio à atténuateur de bruit - un casque qui génère un bruit contraire au bruit ambiant pour que vous n'entendiez bien de plus qu'un faible grésillement. Il y a les boules Quiès (Boule ? Qui est-ce ? La maître de Bill évidemment). Mais dans l'ensemble c'est compliqué et on doit souvent supporter des bruits ennuyeux.

L'oreille c'est fragile. On peut perdre l'équilibre en cas de dérèglement interne. On peut se percer le tympan avec un coton-tige trop nerveux. Dans nos sociétés, on a pourtant de plus en plus besoin d'oreilles. Car il est difficile d'entendre plusieurs sons simultanément quand ils ne sont pas conçus pour être écoutés ensemble. Il faut donc trier et choisir ses sons, ses bruits, ses musiques, ses paroles.

La cacophonie nous guette en permanence. La cacophonie politique t médiatique en particulier. Ce début d'année, en France, est un bon exemple de signaux reçus venant de tous les côtés à la fois sans coordination. Démêler la rumeur et le faux du vrai est de plus en plus difficile, avec l'accélération du temps et la difficulté de trouver du temps, justement, pour analyser ce qu'on reçoit ou écouter les analyse de ceux qui ont le temps de le faire. On pourrait dre la même chose des images, fixes ou animées, mais c'est nettement plus vrai des sons. 

François, comme certains hommes politiques, arrive par exemple à dire tout et son contraire dans le même discours, comme s'il parlait avec deux voix simultanées, ou comme ceux qui savent pratiquer le chant diphonique... Ca ne donne pas toujours des résultats clairs. Comme quand Eustache nous trompe, n'est-ce pas ?

Sources :
Primaire à gauche : François Hollande fait-il la sourde oreille ?
Le doigt dans l’oreille : TipTalk, un nouveau geste auquel il faudra sans doute s’habituer (Samsung) pour téléphoner en se mettant le doigt dans l'oreille (si, si !)