jeudi 7 janvier 2016

La Californie vend des milliers de tonnes de méthane en soldes

Les soldes sont un phénomène planétaire, dans le domaine de l'environnement aussi. Depuis fin octobre, une fête importante de méthane s'est déclarée en Californie, à quelques encablures de Los Angeles. Elle est toujours active, et de plus en plus même, malgré la COP21 et les larmes d'Obama. Je sais que cette nouvelle est moins importante que Zidane, les voeux d'Anne Hidalgo ou la commémoration des attentats de Charlie d'il y a tout juste un an, mais autant en parler un peu.

L'actualité, c'est l'état d'urgence déclaré en Californie autour de cette catastrophe 100% humaine - c'est à dire pas naturelle du tout. Devant cette fuite non maîtrisée, malgré les affirmations de la société qui exploite le site et de l'agence fédérale qui gère les crises de ce type, les autorités politiques locales ont décidé d'alerter la population sur une grande échelle. Les détails techniques et historiques sont ici, dans ce bon article de l'Express. Sachez simplement que le méthane est un gaz à effet de serre beaucoup plus nocif que le CO2 habituel : plus abrasif, plus rapide d'action, plus lourd donc plus à même de rester au-dessus de nos têtes comme une chape de plomb.

Cette fuite mettra encore plusieurs mois à être comblée et elle se mesure en chiffres astronomiques : chaque jour l'équivalent de millions de voitures en pleine pollution, ou déjà un quart des émissions annuelles de carbone de la Californie, l'état américain le plus développé. En fait on a là un des exemples paroxysmiques de la manière dont l'Homme gère sa propre pollution. On ne parle pas de méthane naturel ici (émis par des marais et autres zones humides par exemple), ni même de méthane agricole (les rots des vaches et les pets du bétail). Mais de puits de méthane artificiellement créés par l'Homme pour y stocker du gaz-méthane, issu de l'industrie pétrolière et d'autres sources industrielles, afin de le ré-utiliser plus tard : par exemple stocké en été puis utilisé en hiver pour chauffer les habitations. Une sorte de "batterie" pour stocker de l'énergie.

Photo tirée d'un article du Monde copié sur une dépêche d'agence...

L'énergie, en effet, ça se produit, ça se stocke et ça s'utilise. Dans pas mal de cas, tout se passe en même temps - comme lorsqu'un cycliste pédale pour avancer (sans compter la dynamo pour les lumières). Mais en matière d'électricité par exemple, il faut stocker l'énergie, dans des barrages, des batteries. Le gaz et le pétrole, c'est pareil, sauf qu'il faut des volumes physiques pour les mettre de côté : des puits de pétrole, des raffineries, des cuves... et dans le cas de la Californie, des réservoirs naturels emplis de gaz à coups de pompes. Mais le gaz c'est bizarre. La thermodynamique a ses lois. PV/T=constante évidemment ou celle-ci "A cause du phénomène de diffusion des molécules, un gaz n’a pas de volume propre et occupe tout l’espace qui lui est affecté : Il est expansible". (extrait de ce livre en pdf, page 15, sur la Loi de Parkinson que je vous recommande chaudement et qui n'a rien à voir avec les gaz mais avec le travail et le management).

Donc un gaz ça fuit quand ça peut et visiblement, à force de trouer la Terre pour y stocker son fromage, l'emmental fuit. Pire encore, comme le méthane est inodore et incolore, les industriels ajoutent des additifs pour signaler le gaz aux populations avec une odeur caractéristique. C'est pareil dans nos cuisines d'ailleurs avec le gaz naturel ou non. Le problème de ces additifs c'est qu'ils sont efficaces : ils inquiètent la population et ils donnent des maux de tête et autres joyeusetés sanguinolentes. Paradoxe de la modernité qui rend le traitement plus méchant que la maladie. Combien de gens souffrent des effets secondaires d'un phénomène traité par ailleurs ? Dans l'article de l'Express vous pourrez voir par exemple une vidéo de ce nuage de gaz, filmé avec une caméra thermique. C'est impressionnant et on imagine bien la panique des habitants de la mégalopole californienne si un tel nuage était visible au-dessus de leurs têtes.

C'est donc une catastrophe écologique de même nature qu'une marée noire. Elle est juste transparente et sur la terre, au lieu d'être noire et marine. Logique. Consubstantielle à l'industrialisation de notre monde. Evitable certainement.  Mais les calculs financiers ne sont pas toujours compatibles avec l'avenir de notre petite planète, malgré les déclarations tonitruantes des responsables politiques, comme ce consensus magique lors de la COP21.

Mais allez trouver les responsables ! Les avocats sont déjà sur leurs starting blocks, prêt à appuyer sur la pédale des gaz.

1 commentaire:

  1. 18 février : fin de la fuite (en avant)...
    http://gizmodo.com/the-la-gas-leak-is-finally-over-1759974211

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