jeudi 4 février 2016

Sarkozy nous refait le coup du paquet fiscal, mais encore plus à droite.

La France se cale de plus en plus à droite, c'est une évidence. La publication par Sarkozy de son programme en est un autre exemple. Le texte intégral de son interview dans Les Échos est ici



Le gouvernement socialiste d'aujourd'hui est de plus en plus ancré dans la social-démocratie. Le prochain remaniement devrait d'ailleurs accélérer ce phénomène, même si quelques cautions de gauche seront nécessaires, ou écologistes aussi (Nicolas Hulot, au-dessus des partis, dira-t-il oui ?)... Quand on lit les réactions de certains au centre-droit, on comprend leur dilemme : rester alliés à une droite de plus en plus extrême, ou franchir le Rubicon vers une social-démocratie de centre gauche... Heureusement, en France, la politique est plus simple, c'est une histoire d'hommes (masculins en général) et de déclarations démagogiques à l'emporte pièce. Quand on lit le programme résumé de Sarkozy, on y trouve d'ailleurs des mesures déjà mises en place par la gauche actuelle. Et des mesures déjà prônées par ses concurrents pour la primaire à droite.

Car l'offensive de Sarkozy est réelle. Il a ses fans absolus qui le suivront partout, car ils ont besoin d'un chef qui tranche les têtes avec les autres comme au FN où on a besoin d'une cheffe totale. A ceux-là il peut dire n'importe quoi car ils ne le contesteront jamais. Il a aussi ses détracteurs virulents qui sont politiquement contre ou qui ont marre de lui et de son absence de mauvais bilan. A ceux-ci, il ne plaira jamais. La cible est donc celle des électeurs de droite pour apparaître le plus "chef", volontariste, rapide et fulgurant comme l'était Napoléon dans ses batailles... En tous cas, pour apparaître comme meilleur que Juppé (au beer pong ?). Il y a eu le livre, maintenant il y a le programme.

Sarkozy annonce donc un blitz, rapide et meurtrier. Une sorte de paquet fiscal revisité et touchant toutes les strates de l'économie entre autres. Une utopie venant de lui, mais une utopie qu'il défend avec force. Il annonce quoi, au fait ?

Avantages pour les riches : suppression de l'impôt sur la fortune, baisses de charges pour les entreprises et suppression des 35 heures et heures supplémentaires au-delà avec des négociations entreprise par entreprise, suppression des charges pour les emplois à domicile de petites mains, zéro charges sur les emplois au SMIC donc les salariés qui y sont y resteront, taxe moins forte sur le capital, suppression du compte pénibilité, abandon du paritarisme dans la gestion de l'assurance-chômage et réduction des indemnités chômage de manière dégressive, augmentation du poids des mutuelles privées et compagnies d'assurance dans l'économie de la Sécu, privatisation (partielle en tous cas) de grandes entreprises publiques comme EDF, Renault, La Poste ou Air France

Avantages pour les classes moyennes : impôt sur le revenu en baisse de 10% (pour ceux qui le payent, avec avantage à ceux qui en payent beaucoup)

Avantages pour les pauvres : aucun

Baisses de dépenses : réduction du nombre de fonctionnaires et retour des contractuels à durée limitée, y compris dans les collectivités territoriales autonomes par une réforme constitutionnelle (bon courage !), augmentation de l'âge de départ à la retraite encore une fois y compris pour les fonctionnaires dont le régime sera aligné sur celui du privé avec quelques concessions sur les primes, suppression des aides pour les pauvres non insérés et qui ne travailleraient pas gratuitement pour la collectivité, 

Divers : baisse du nombre de parlementaires après un charcutage électoral, retour au paquet de cigarettes non neutre (vive le lobby du tabac suite à la privatisation de ce secteur par un certain Nicolas Sarkozy), développement de Uber.

Un programme très libéral qui se présente comme le centre de gravité de la droite. Une utopie électoraliste, en fait. Car qui fait encore confiance à Sarkozy pour faire ce qu'il dit, même à droite. Pour rester gentil, on va dire que c'est une tentative ratée pour se remettre au centre du jeu des primaires à droite.

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