samedi 30 avril 2016

Les mers. Vertes ou bleues.

Deux photos aujourd'hui. 





La Méditerranée et la Manche. Deux ambiances différentes. 

Deux couleurs de mer qui n'ont rien à voir, pas de nuages dans les deux cas, pas de parasitage lié au gris des nuages. Juste deux mers différentes à savourer. 

Et pourtant. C'est la même eau qui entoure note petite planète. Une eau précieuse. À protéger, comme tout ce qui vit dedans ou qui en vit. Un petit rappel de l'échelle de l'Homme face à la nature. Infime. Infinitésimale même. 

Bon week-end. Respectez la nature. 

vendredi 29 avril 2016

Entre deux rues, entre deux socialités

Jeudi, c'était la dernière journée de protestation contre la loi travail avant le début des débats à l'Assemblée, le 3 mai. Et dimanche c'est premier mai, fête de la loi du travail. Où en est-on entre ces deux temps forts de la rue socialisée ?

Hier, la rue a été débordée par des violences plus fortes que les autres fois, des deux côtés, avec une montée en puissance des "casseurs" et une augmentation du nombre de grenades et autres bombes lacrymogènes lancées par les policiers. Il y a de l'exaspération dans l'air et un sentiment d'urgence de plus en plus palpable. N'oublions pas qu'à Paris, c'est encore les vacances scolaires et universitaires. Dans l'Ouest, les mouvements sont beaucoup plus intenses et violents, à Nantes ou à Rennes par exemple. La CGT y joue un rôle de plus en plus important, en tentant même de récupérer d'encadrer la Nuit Debout dont le service d'ordre fait cruellement défaut.

Le mois de mai sera plus intense, c'est certain. Sauf pour le pont de l'ascension et pour le lundi de Pentecôte quand même, on n'est pas des brutes ! A partir du 10 juin en effet, place au Bac et au foot. Le gouvernement espère lancer sa campagne de charme dans plusieurs domaines, mais c'est bien le social qui posera le plus de problèmes. En économie, les "fondamentaux" s'améliorent, comme disent les experts, du chômage à la croissance en passant par les défaillances d'entreprises, mais pas pour le quotidien de ceux qui sont précaires ou appauvris, car la différence reste non palpable. C'est dans le social que se forgent les résistances et les changements, au niveau des peuples. Et la palette des socialistes ne suffit pas à répondre à tout ça, malgré son étendue croissante.

Dimanche, le premier mai ne sera pas plus unitaire que d'habitude puisque la CFDT ne manifeste pas avec les autres, mais il devrait être une autre occasion de manifester dans la rue. Le programme des manifestations est ici par exemple. Ce programme inclut Jeanne d'Arc et ses idolâtres du FN, en deux groupes séparés, autour du père, de la fille et du Saint-Esprit. Il parait que même le muguet est en retard cette année. Le brin coûtera-t-il plus cher ? Quel suspense !!!

Le rythme de ce printemps 2016 est donc rythmé par la rue. A défaut des enceintes parlementaires où les débats sont incompréhensibles et loin du peuple : par exemple, la nuit dernière un amendement a été voté à l'Assemblée pour supprimer l'HADOPI en... 2022, sans supprimer les mesures contre le piratage ; fondamental et urgent, non ? A défaut de leaders politiques engoncés dans leurs promos personnelles : entre Macron la superstar chouchou des médias, Valls qui se défausse sur François et François qui pense au foot d'une part, et Sarkozy d'autre part qui a obligé son épouse à reporter la sortie de son disque en France, initialement prévu en septembre, car trop près des primaires de la droite ; quel dommage ! Question : est-ce un trait d'humour de ma part ou une catastrophe pour les amateurs de musique ? A vous de deviner ;)

La rue prend de l'importance, malgré l'Etat d'urgence qui est censé limiter les attroupements. Un vrai paradoxe. Social évidemment, car les policiers eux-mêmes sont mécontents de leurs conditions de travail et de leur stress. Combien de foulures du poignet droit en maniant la matraque ? Combien de canettes de bières reçues sur les boucliers pare-balles ? Combien de policiers grièvement blessés lors des manifs ? Combien d'arrestations musclées ?

Alors, oui, la France se déplace dans la rue en ce printemps qui commence à arriver, dans une ascension croissante. Vive le joli mois de mai et le temps des cerises, non ?

jeudi 28 avril 2016

Trump first, America second only to Him

Hello, chers lecteurs intéressés par les élections américaines. Je ne vous parle pas souvent de ce sujet, car il faudrait disserter sur Donal Trump et j'avoue ne pas en avoir le courage. D'autres commentateurs plus doués et motivés s'en chargent à longueur de temps, mais aujourd'hui je vous en parle parce que :
- il faut bien aussi qu'il me range aussi dans la catégorie des médias débiles et primaires, anti-lui
- c'est un moyen de parler de Marine Le Pen sans la mentionner directement et donc la valoriser
- il a fait hier son premier vrai discours sur l'international.

C'est effectivement sur l'international qu'il faut lire ce qu'il dit. Ça vaut son pesant de cacahuètes, comme disait Reagan, son modèle. Le texte de son discours est ici. Pour y accéder il faut cliquer dans un rond pour montrer qu'on n'est pas un robot. Bizarre, car ce simple geste élimine déjà au moins la moitié de ses électeurs lobotomies par une propagande populiste, mais efficace. Il semble que le prononcé du discours ait été un peu problématique (ça doit être la faute du prompteur ou des médias présents). C'est dommage, car comme on dit en politique "seul le prononcé fait foi". Contentons nous donc de l'écrit officiel sur son site.

Je vous commente mes passages favoris, pour les non anglophones.

I would like to talk today about how to develop a new foreign policy direction for our country – one that replaces randomness with purpose, ideology with strategy, and chaos with peace.
Il veut donc remplacer l'aléatoire par une intention, l'idéologie par la stratégie et le chaos par la paix. Vous remarquerez qu'il ne s'agit pas du même registre sémantique à chaque fois. Bonjour le niveau intellectuel.

The direction I will outline today will also return us to a timeless principle. My foreign policy will always put the interests of the American people, and American security, above all else. That will be the foundation of every decision that I will make.
America First will be the major and overriding theme of my administration.
America first. Un vieux slogan isolationniste, utilisé par exemple au début de la seconde guerre mondiale par ceux qui voulaient laisser Hitler tranquille en ne se mêlant pas des affaires de l'Europe (et du Japon d'ailleurs). Slogan inventé parait-il par Charles Lindbergh après qu'il soit revenu en avion à travers l'Atlantique de l'Europe infernale.
Un slogan effrayant, comme dirait Kant, car si tous les pays ou même toutes les puissances disaient pareil, la Terre aurait explosé depuis longtemps. Mais Trump n'est pas kantien je suppose.

But to chart our path forward, we must first briefly look back.
We have a lot to be proud of. In the 1940s we saved the world. The Greatest Generation beat back the Nazis and the Japanese Imperialists.
Then we saved the world again, this time from totalitarian Communism. The Cold War lasted for decades, but we won.
Democrats and Republicans working together got Mr. Gorbachev to heed the words of President Reagan when he said: “tear down this wall.”
La vision Trumpienne de l'Histoire du monde sauvé par les USA est bien résumée ici : paradoxe entre America first de l'isolationnisme et la seconde guerre mondiale, victoire (!) contre la guerre froide et chute du mur grâce à Reagan. On a le droit de sourire, non ?

It all began with the dangerous idea that we could make Western democracies out of countries that had no experience or interest in becoming a Western Democracy.
A propos du Moyen-Orient, de la Lybie à l'Iran en passant par l'Irak (tiens, pas de mention du Koweit), il s'agit donc pour lui de déclarer que tous ces pays ne seront jamais de vraies démocraties (entendez des démocraties occidentales) et qu'il faut les laisser croupir dans leurs sables. Sauf Israël évidemment, on y revient un peu plus bas. Le concept de démocratie sur un sel modèle est effectivement absurde, il n'y a qu'à comparer les démocraties occidentales entre elles. Même sur le mot occidental il y a des problèmes, car si les USA font partie de l'occident, quid du Mexique ou de l'Amérique latine par exemple. Le label occidental est donc ici seulement un label "Trump approved". C'est cool, non ?

Thousands of American lives, and many trillions of dollars, were lost as a result
Il y revient plusieurs fois, sur ces pertes américaines. Trillions ça sonne bien, non ? Pourtant ls USA restent les premiers exportateurs d'armes dans le monde. Ces trillions n'ont pas été perdus pour tout le monde, non ? Qui sait d'ailleurs ce que veut dire un trillion (en américain) ? Hein ? Et bien un million américain n'est qu'un billion ailleurs, seulement mille milliards au lieu d'un milliard de milliard pour un trillion international. Confus, surtout pour un discours international.

First, Our Resources Are Overextended
I am the only person running for the Presidency who understands this problem and knows how to fix it.
ROFL. Les ressources US seraient poussées trop loin ? Evidemment il ne dit pas comment il va les recentrer ;)

Secondly, our allies are not paying their fair share.
The countries we are defending must pay for the cost of this defense – and, if not, the U.S. must be prepared to let these countries defend themselves.
A l'OTAN notamment où relativement peu de pays (dont la France) arrivent à dépenser plus de 2% de leur PIB en armement et défense. On trouve dans cette short list les pays exportateurs d'armements... Une menace non voilée et directe pour les pays qui ne payent pas. A Marseille, on appelle cela du Racket, mais pour Trump c'est de la stratégie.

Thirdly, our friends are beginning to think they can’t depend on us.
In negotiation, you must be willing to walk. The Iran deal, like so many of our worst agreements, is the result of not being willing to leave the table. When the other side knows you’re not going to walk, it becomes absolutely impossible to win.
Israel, our great friend and the one true Democracy in the Middle East, has been snubbed and criticized by an Administration that lacks moral clarity.
La vision de Trump et des négociations internationales est très far-west sans Lucky Luke. Certains le disent même très XIX° siècle. Cela friserait le ridicule dans la bouche d'un autre que lui. Imaginez un peu s'il arrive au pouvoir... Quant à Israël et à sa haine de l'Islam, toutes variantes confondues, ce n'est pas une nouveauté, sauf que même certains des grands donateurs juifs américains refusent maintenant de lui donner des fonds.

Fourth, our rivals no longer respect us.
Ici, il parle en particulier de la Chine, son dada, pas de Poutine. Avec les chinois "Fixing our relations with China is another important step towards a prosperous century. China respects strength, and by letting them take advantage of us economically, we have lost all of their respect". Respect ? Retrouver le respect des chinois qui ne respectent que la force ? De quelle force parle-t-il exactement ici ?

Finally, America no longer has a clear understanding of our foreign policy goals.
Les politiques internationales sont floues ? Bienvenue, monsieur Trump, dans le monde diplomatique international ! Il en profite quand même dans cette partie pour attaquer Hilary Clinton qui dormait pendant l'attaque de Benghazi. Histoire de montrer qu'il est déjà dans l'après-primaires.

This will change when I am president. Our moments of greatest strength came when politics ended at the water’s edge. We need a new, rational American foreign policy, informed by the best minds and supported by both parties, as well as by our close allies.
Foin de diplomatie et de politique, à un moment donné, il faut se lancer à l'eau (débarquer), se mouiller (sans pisser dans son froc) et montrer ses muscles... No comment.

And then there’s ISIS. I have a simple message for them. Their days are numbered. I won’t tell them where and I won’t tell them how. We must as, a nation, be more unpredictable. But they’re going to be gone. And soon.
Comment faire disparaître ISIS ? Il le sait. Si Dieu le veut.

We desire to live peacefully and in friendship with Russia and China. We have serious differences with these two nations, and must regard them with open eyes. But we are not bound to be adversaries. We should seek common ground based on shared interests.
Un nouveau partage du monde ? Pas de mention de l'Europe ni des autres BRICS évidemment mais un triangle dépassé USA-Russie-Chine. Autour d'intérêts communs (comme le combat contre l'islam radical qu'il affectionne).

For instance, we will discuss how we can upgrade NATO’s outdated mission and structure – grown out of the Cold War – to confront our shared challenges, including migration and Islamic terrorism.
L'OTAN a déjà connu plusieurs réformes, l'éloignant un peu des USA. Recentrer l'OTAN sur la lutte contre les migrations ???

However, unlike other candidates for the presidency, war and aggression will not be my first instinct. You cannot have a foreign policy without diplomacy. A superpower understands that caution and restraint are signs of strength.
Ah ! Contrairement à d'autres candidats (républicains évidemment), Trump croit à la diplomatie. C'est le contraire de tout ce qu'il a dit avant, mais ce n'est pas grave, puisqu'il le dit.

My goal is to establish a foreign policy that will endure for several generations.
Aaaaaaaaaaaaaah ! Quel sens de l'humour, ce Trump ! Après avoir dit autant de mal de tous les présidents depuis Reagan, Plusieurs générations ? Rien que ça ? A moins de lancer des bombes atomiques partout, je ne vois pas... Brrrrrrrrrr !

Instead of trying to spread “universal values” that not everyone shares, we should understand that strengthening and promoting Western civilization and its accomplishments will do more to inspire positive reforms around the world than military interventions.
Promouvoir les valeurs occidentales ? Comment ? Via Hollywood et Netflix ? Via le TAFTA ? Vive la guerre économique et médiatique.

The nation-state remains the true foundation for happiness and harmony. I am skeptical of international unions that tie us up and bring America down, and will never enter America into any agreement that reduces our ability to control our own affairs.
Vive le bilatéral, et même l'unilatéral, non au multilatéral. Une position classique des américains, mais amplifiée jusqu'à l'extrême par Trump.

We will always help to save lives and, indeed, humanity itself. But to play that role, we must make America strong again.
Tralala ! TRALALA ! Badaboum. Merci à Trump de sauver l'Humanité, merci, merci. Mais pas la peine de vous déranger. On n'a pas besoin de vous.

Bon, ça s'arrête là, avec les trompettes mal embouchées de la renommée Trumpeuse. C'est édifiant, de mon point de vue. On est dans le déclaratif Trumpeur, qui ne donne pas envie. Mais je ne suis pas électeur américain. Je suis simplement électeur en France et on a déjà du mal avec le FN, alors...

mercredi 27 avril 2016

Train : gris ou bleu ?

Un billet de blog écrit d'un train, bardé que je suis de mes cartes. Un billet de voyage, entre deux. 

Entre bleu et gris. Bleu ? La Méditerranée est bleue, le ciel aussi, le soleil partout et chaud avec un soupçon de mistral seulement. Les plages quasi désertes. A Saint-Raphaël on se prépare pour la saison d'été qui commence très doucement. Les vacances de Pâques sont tôt et les ponts du 1er et du 8 mai absents. Certains commerces ou restaurants encore fermés, aberration de ce type de ville riche du tourisme et qui ne pense pas au service client mais préfèrent la sieste. Ils venaient juste de commencer à monter la grande roue sur la promenade quand j'en suis parti. Le conseil municipal a voté l'extension du domaine de la roue pendant au moins deux ans. Gris ? Paris est frisquet semble-t-il. Loin des 23 degrés du Sud, puisqu'il aurait même presque neigé. Brrrr. Je n'ose y penser. Le train est magique quand il nous emmène d'un ciel à un autre. Je préfère quand même aller du gris au bleu que l'inverse. Cinq heures pour changer de ciel. 

Entre grève et grève. Hier c'était la grève à la SNCF dans le cadre du rapport de forces entre direction et syndicats pour la renégociation d'un accord à venir sur plusieurs années : ouverture à la concurrence par exemple et adaptation des rythmes. Il faut savoir que le train est un empilement de services et de compagnies qui ne se parlent pas toujours clairement, de bonne ou mauvaise foi. A la gare par exemple il y avait devant moi une touriste italienne qui posait une question sur une correspondance avec un car pourtant inscrite sur son billet SNCF, mais l'employée lui a répondu qu'elle ne savait pas, parce que c'était une compagnie privée et qu'il fallait demander au contrôleur (ça s'appelle botter en touche vers les petits camarades, ça ne s'appelle pas du service client en tous cas). Autres grèves annoncées pour la fin mai, histoire de faire pression sur l'Euro 2016 de foot. 

Entre vacances et travail. Là aussi, je préfère dans l'autre sens. Un moyen de faire la transition et de préparer de nouvelles idées. De capitaliser sur les ressources acculées en vacances. Mais ça, c'est vrai pour ceux qui ne sont pas entre chômage et chômage, même s'il paraît qu'il y en a moins : moins de chômeurs au temps complets et plus de chômeurs à temps partiel, des noterait tente de la société. 

Entre affaires et affaires. Le mercredi, c'est le jour du Canard enchaîné. Cette semaine on y lit avec délectation les accords troubles entre IBM et la SNCF pour des projets informatiques plus chers que d'autres. Pratiques répandues dans certaines entreprises. La SNCF et l'informatique c'est une vieille histoire de systèmes complexes jamais pensés pour travailler ensemble, il n'y a qu'à voir les différentes applications ou les sites internet incompatibles. Regardez aussi la vitesse à laquelle le wifi est accessible dans les trains (vitesse qui frise celle du zéro absolu). Alors oui, la France est moderne. A droite la SNCF, à gauche les sous-marins vendus aux australiens. Business us ont business partout. 

Entre politique et politique. La politique varoise est dominée par le FN, comme l'Autriche par son extrême-droite à elle. La France est dominée par le vide malgré le Hé Ho on rentre du boulot la Gauche de Le Foll (ça ne s'invente pas) et la croyance de François en sa bonne étoile, tandis que Sarkozy pense que les acteurs de la Nuit Debout n'ont pas de cerveau. Lui qui frayait avec Bouygues au temps du "on vend aux annonceurs du temps de cerveau disponible" doit être bien désespéré car comment se vendre sans cerveau pour acheter. 

Entre rien et rien, puisqu'un voyage reste avant tout un voyage, pas seulement un transport. C'est un moyen pour voyager aussi dans sa tête. Pour y ajouter de la rêverie, de l'anticipation. Du plaisir. Et en pensant au prochain voyage, pour quand ? Dans quel sens ? 

A propos, vous ai-je parlé de la publication de ma nouvelle "Histoire de rien" chez iPagination ? C'est ici  dans un recueil justement intitulé Voyages

mardi 26 avril 2016

Le temps des atomes n'est pas celui des politiques

30 ans jour pour jour depuis Tchernobyl. Parlons un peu du temps. 

La durée d'abord. Trente ans, ce n'est rien pour des produits radioactifs où on doit raisonner au minimum en siècles. Mais c'est beaucoup pour des humains, entre un tiers et la moitié d'une vie. Dans ce genre d'anniversaire dont presque personne ne veut entendre parler, il y a juste une poussée de mémoire de temps en temps : un an après, cinq, dix, vingt, vingt-cinq, trente, quarante, cinquante, cent, deux cents... Avec une dilatation perceptible du temps sauf pour les plus endurcis, de moins en moins nombreux avec le temps. 

Le moment précis ensuite. 1h23 du matin ce 26 avril, lorsque les réacteurs ont explosé durant un test de résistance (un peu comme les patients qui meurent pendant un test d'effort chez leur médecin RIP Goscinny). Une diffusion immédiate de radiations mortelles et qui a continué pendant des mois. Mais c'est un moment qui n'a été connu que plus tard, au moins une semaine après lorsque les suédois ont mesuré une augmentation de la radioactivité chez eux, puis le 14 mai lorsque Gorbatchev a avoué l'incident. Incident seulement à l'époque. On était encore en pleine URSS avant la chute du mur (et de Gorbatchev). 

Le temps du nuage ensuite. Pisté à travers toute l'Europe par des autorités pas neutres du tout, surtout en France, le nuage s'est étendu vers l'Ouest en épargnant la France grâce au mur idéologique bâti par le gouvernement de l'époque sur nos frontières. Ce voyage à défrayé la chronique depuis. Autres temps autres mœurs. Le gouvernement de cohabitation était dirigé alors par Chirac, composition ici



Le temps personnel. J'étais en voyage à Kiev en juin 1986. A l'époque notre niveau d'information était sous le contrôle du ministre de l'intérieur, un certain Pasqua. Faible, donc. Même les guides russes de l'époque nous poussaient à manger de la salade. Un risque nul "si loin de la centrale"... Et personne n'en parlait. Juste un incident soigneusement encadré par la propagande pasquaïenne soviétique. 

Le temps du sauvetage : bilan contesté pour les morts directes et indirectes. Omerta et glasnost ne font pas bon ménage. Des milliers c'est sûr et des conséquences possibles sur plus de 100 000 habitants. Aujourd'hui la centrale est en Ukraine comme une quinzaine d'autres. Héritage russe. Trente ans après on ajoute une nouvelle chappe protectrice sur le sarcophage qui avait été posé à la hâte et qui n'était prévu que pour quelques dizaines d'années. La nouvelle nous est promise pour cent ans minimum. Une broutille pour l'atome et le temps pour ceux qui auront gagné du fric avec d'être morts tranquillement dans leur lit, loin des radiations. Bouygues entre autres construit ce sarkophage bis, car la France est connue dans le milieu. Elle est le deuxième pays dans les centrales nucléaires après les USA. Statistiques intéressantes ici sur les réacteurs en activité. 

Le temps des politiques ? Il est court. 10 ans au maximum pour être gentil. Incompatible avec les décisions courageuses. Alors que François lance ce lundi sa "dernière" conférence sur l'environnement et que les écolos se déchirent entre eux, il y a des débats que tout le monde cherche à étouffer. Le bilan carbone du nucléaire est meilleur que celui du charbon, du gaz ou du pétrole. Mais le bilan radiations ne fait pas partie de la COP21 signée déjà par 175 pays. 

Bilan ? A vous de le faire. Lisez les témoignages des survivants, directs et indirects, par exemple ici ou ici. Et pensons aux autres accidents comme Fukushima et comme ceux qui arriveront inévitablement. Sans compter les conséquences pour nous, nos enfants ou petits enfants. 

lundi 25 avril 2016

Les sanglots longs des violons

La musique existe autour de nous, partout et tout le temps. Qui n'a pas une musique qui trotte dans la tête le matin en se réveillant ou au détour d'un mouvement qui évoque un souvenir enfoui ? Ceux qui ont une âme un peu plus musicale sont capables de capter cette musique qui nous entoure. Les autres se contentent d'écouter et de vivre la musique créée et interprétée par des musiciens.

Nous avons besoin de musique, pas seulement pour adoucir nos moeurs ou parce que la langueur monotone nous est indispensable, dans la chanson de l'automne de Verlaine ou d'ailleurs. Il y a toutes sortes de musiques et certaines ne nous plaisent pas. Nous hérissent même. Mais il y en a tant qui nous sont indispensables...

Alors quand un musicien meurt, ce n'est pas comme une bibliothèque qui brûle, puisque les enregistrements restent, mais c'est tout un potentiel de musique qui disparaît. Quand un musicien meurt, un nombre incroyable de gens googlisent sont nom, visionnent sur YouTube des vidéos ou téléchargent des méga-octets de morceaux de musique. Il y a un marché de la mort en musique qui est effrayant, comme tous les marchés.

La musique ? La musique est l'art consistant à combiner sons et silences au cours du temps... La musique sans musicien est-elle possible ? Comme disait je ne sais plus qui à propos de quelqu'un d'autre, à l'époque de Mozart : "il fait de la musique, mais ce n'est pas un musicien".

Alors quand de vrais musiciens disparaissent, on se sent crispé de l'âme. Après Prince, il y a eu ce week-end, et dans des registres très différents, Papa Wemba le roi de la rumba congolaise qui fait danser l'Afrique et Billy Paul, le papa de Me ans Mrs. Jones, le slow qui a tué tant de couples dans les boîtes de nuit.

Les musiciens meurent comme tous les autres humains, mais ils nous laissent un héritage puissant à travers leur musique. Il en meurt beaucoup en ce moment, car beaucoup ont éclos dans les années 60 et 70, au moment de l'apparition des moyens modernes de diffusion de leurs créations. On en parle plus donc. Pas de malédiction anti-musique ou même anti-culture. Juste un phénomène de génération, portée par le disque sous toutes ses formes et les télés et les radios. Car l'image est venue au secours de la musique depuis ces années là. Et l'image animée et musicalisée représente aujourd'hui le mode majeur de consommation de la musique.

Mais pas que. Prenez l'exemple de Yann Tiersen qui a atteint la gloire internationale depuis sa musique du film Amélie, basée en grande partie d'ailleurs sur ses albums précédents et très confidentiels. Il vient de sortir une nouvelle musique Noël dernier. Eusa, un album qui porte le nom de son île, l'île d'Ouessant en breton. Mais à part un clip vidéo officiel réalisé sur l'île pour l'un des morceaux, il n'a diffusé sa musique que sous forme d'une partition papier pour piano, dans un joli livre (qu'on m'a offert, naturellement). Une musique écrite donc. A lire pour ceux qui savent la lire. A jouer pour ceux qui savent la jouer au piano. Pour "entendre" cette musique il faut donc la lire, la jouer ou aller la chercher sur YouTube jouée par des amateurs ou pros... mais pas par Tiersen lui-même, sauf ce morceau.



Alors oui, longue vie aux musiciens et longue éternité à la musique elle-même !

dimanche 24 avril 2016

Du temps de cerveau pour... Une nouvelle pomme

Le général avait fière allure. Son nouvel uniforme avait été fabriqué sur mesure comme il se doit et il scintillait de partout. Les couleurs d'or et de sang dominaient évidemment. Comment imaginer un général sans ces couleurs ? Les étoiles qui marquaient son grade étaient noires, elles. Un noir de jais très profond. Le petit filet d'or qui les entourait les faisait ressortir avec éclat. Il était impossible d'en discerner la forme tellement elles brillaient de cet éclat noir qui caractérisait la roche du pays. Il fallait les regarder de côté pour deviner leur forme. Et le général en avait sur les épaules, les manches, le col et le chapeau. 

Ah, le chapeau ! Le plus beau chapeau de général qu'on puisse imaginer. Sa visière noire donnait l'impression que le chapeau flottait au-dessus du visage du général dans y être rattaché, exactement comme le col noir séparait son visage du corps. Et le plumet ! Un gigantesque plumet d'un blanc immaculé, tellement grand et partant dans tous les sens qu'on aurait dit un plumeau. Le plumet était aussi grand que le général, imaginez. 

Le général n'était pas très grand et il avait opté pour ce grand plumet qui doublait sa taille. D'un peu loin, on avait l'impression que le général était composé de trois parties séparées par des bandes noires : le corps, la tête et le plumet. La tête était toute petite au milieu, comme une pomme. Une forme bizarre qui aurait pu ressembler à un ananas si le général avait été gros. Mais il était filiforme. En fait, de loin, le général ressemblait à un vrai plumeau dressé sur son manche. 

Il avait fière allure c'est vrai, mais ses hommes le trouvaient ridicule, il faut bien l'avouer. Ils n'osait rien dire devant lui car c'était un terrible général qui avait fait exécuter des hommes pour un rien. Mais tous ses hommes l'appelait "le plumeau". 

Le général était toujours en déplacement. Il y avait tellement de choses à faire pendant cette guerre qui durait depuis si longtemps, et il ne faisait confiance qu'à lui-même pour régler toutes les questions. Il gardait toujours son plumeau sur la tete. En fait il en avait toujours plusieurs avec lui, au cas où l'un serait sali par une poussière ennemie. Douze soldats le suivaient toujours avec la grande boîte qui contenait les plumeaux de rechange, prêts à intervenir à tout moment. Et douze autres soldats escortaient l'atelier roulant qui fabriquaient jour et nuit de nouveaux plumeaux. Vingt-quatre soldats conduisaient les grandes autruches blanches qui produisaient les plumes. Si on ajoutait les soldats qui nourrissaient les autruches, qui les protégeaient et ceux qui étaient chargés de recruter des couturières spécialisées, on arrivait vite à deux cents soldats qui ne s'occupaient que du plumeau du général.

Cela faisait une force assez conséquente et facilement repérable par l'ennemi. Les attaques étaient donc fréquentes et il fallait remplacer souvent les hommes tués. Un jour, un autre général avait fait remarquer à notre général qu'il mobilisait presque dix pour cent de l'armée rien que pour son plumeau. Feu ce général n'avait survécu que trente secondes à cette déclaration. 

Le haut état-major était bien conscient de ce problème, mais personne n'osait intervenir car le général les effrayait tous. Tous espéraient qu'il se ferait tuer un jour par l'ennemi, ce qui résoudrait la question. C'est pourquoi on l'envoyait dans les secteurs les plus dangereux. Mais notre général s'en tirait toujours. Les ennemis l'avaient surnommé "le panache" car il chargeait toujours avec bravoure. 

Ce matin-là, le général était content. La nuit précédente avait vu une victoire écrasante pour lui et ses soldats. Et en plus son plumeau était toujours immaculé. Un bon jour !

Mais il vit arriver du coin de l'œil le général en chef et tout son état-major. Ils avaient l'air sombre. Ils ne viennent pas me féliciter, pensa-t-il. Il se campa sur les pieds et vérifia ses armes cachées dans ses manches. Il était prêt à les accueillir de toutes les façons possibles. 

Le général en chef arriva devant lui et lui demanda d'ôter son chapeau. Mon chapeau ? dit-il en sursautant,  mais c'est impossible, un général doit avoir un chapeau ! Le général en chef le regarda un instant, puis brutalement, sans signe avant-coureur, il lui tira une balle dans le cœur. Le général fut surpris. Mon général, dit-il, cela ne fait pas !

Le général en chef n'eut pas l'air étonné de voir que le général était encore debout malgré le trou béant à la place de son cœur. Il s'y attendait visiblement. Il poussa un soupir, brandit son épée et trancha le plumet au ras du chapeau. Ce fut son dernier geste. Notre général désormais sans plumet le tua instantanément ainsi que tout l'état-major. Puis le général regarda le plumet tombé par terre et souillé. Ses soldats, habitués à la manœuvre, s'empressèrent de lui apporter un nouveau plumet immaculé. 

Mais les soldats s'arrêtèrent. Le sang coulait à flots de la poitrine du général qui s'affaissa brutalement. Il mourut en quelques secondes. Avant que les soldats ne parviennent à attacher le nouveau plumet. Le général se transforma alors sous leurs yeux en un manche de plumeau sans plumeau, avec une bague dorée cerclée de noir à l'extrémité. Les soldats le regardèrent longtemps, mais aucun n'eut envie de raccrocher le plumeau. Le général était parti et le plumeau n'existait plus. 

On enterra le général et l'état-major ensemble, sur un matelas de plumes, désormais inutile. Et l'armistice fut signée dans la journée. 

Seule une des autruches s'échappa. Elle était la plus grande de toutes. Elle avait l'air fâché et déterminé. Elle trouverait un autre porteur de plumeau, c'est sûr. Son peuple ne pouvait plus attendre pour coloniser cette planète ridicule. La prochaine fois elle choisirait pour porter son plumeau un humain plus solide. 

samedi 23 avril 2016

Quel Georges fêter ?

23 avril. Comme chaque année à la même date, c'est la Saint-Georges. Quelques raisons et manières pour la fêter. 

De manière classique, c'est la fête du livre et des fleurs. J'en ai longuement parlé l'année dernière ici. J'ai une petite flemme alors allez simplement relire le billet ;) D'ailleurs je suis aussi à Saint-Raphaël et le maire s'appelle toujours Georges même si les attaques du Front National sont de plus en plus fortes. N'oubliez en tous cas pas le livre, sous toutes ses formes, car que serions nous sans livres ? Des brutes avinées certainement. Et lisez si possible au moins deux livres, pas comme ceux qui se limitent à un seul, sous le joug d'une idéologie castratrice ou enfermatoire. 

Cette année, ayons une pensée pour les anglais dont le Saint patron est Patrick George. Facebook s'est trompé d'un jour mais c'est normal, ils sont américains, comme ici  Le nouveau petit prince s'appelle George et je ne résiste pas au plaisir de vous montrer ce swap face avec son arrière grand mère qui vient de fêter ses 90 ans même si la fête officielle est pour juin car il fait trop moche à cette époque. 



Flippant, non ? Obama est à Londres et il a salué la reine et rencontré George. Il en a aussi profité pour dire du mal du Brexit et a aussitôt été accusé d'ingérence, comme si c'était la première fois que les américains s'ingéraient quelque part. 

Bon, un billet sur George(s) ne peut pas ne pas parler du concurrent indubitable de tous les GeorgeS, Clooney himself. Couverture d'Esquire, le journal de tous les Georges distingués avec sa dulcinée dans les bras. Euh. En fait non. Il ne s'agit pas d'Amal mais d'un animal mignon seulement. 



Sinon, et parce que c'est quand même un blog sur le quinquennat de François, un mot sur son père qui est sorti de l'hôpital. Georges Hollande est donc rétabli, tant mieux. 

Enfin, quelques mots sur les e-Georges. C'est aujourd'hui le premier grand e-prix à Paris de voitures électriques. Comme les Formule 1 mais en plus écologique (pas dur) grâce au tout électrique sans nucléaire. Beaucoup de bruit assuré toute la journée, même si cela ressemblera plus à une course de fraises de dentiste à pleine puissance à cause du son caractéristique des voitures électriques surtout quand elles frisent les 220 km/h Il doit bien y avoir des Georges quelque part dans le coup. Je n'en ai pas trouvé mais c'est obligé !

Sur ce, je me souhaite une bonne fête et à vous aussi tant qu'on y est, y'a pas de raison !

vendredi 22 avril 2016

Conte de la terre nourricière, de ses rois, de ses peuples et de son prince

Jour de la Terrede la Terre nourricière même, ou Mother's Day en anglais, puisque c'est Gê qui est notre mère à tous, nous les êtres vivants coincés sur cette planète en voie de dégradation. J'en parlais ici en 2014 par exemple. 

Créée en 1970 cette journée a été adoptée par l'ONU. Tout le monde attend 2020 pour ses cinquante ans, mais cette année 2016 est exceptionnelle. 

Car après la COP21, l'ONU a choisi ce jour symbolique pour faire signer la convention approuvée de justesse à Paris en décembre. 160 rois représentants d'états ont donc rendez-vous aujourd'hui au siège de l'ONU à New-York pour y signer officiellement l'accord. Ainsi pourront débuter les ratifications, en général par les parlements nationaux. Il en faudra au moins 55 pour que l'accord devienne officiel et internationalement contraignant (si peu, si peu). La France est représentée par François himself, histoire de se reverdir un peu après son accès de goutte macronnienne. 

La France espère ratifier parmi les premiers. On parle de juillet au Parlement car tout est lent en France surtout en matière parlementaire. Ségolène est sur le pont, puisque Laurent Fabius a été relégué dans les soutes du Conseil Constitutionnel où il est chargé de la délicate mission de virer les anciens présidents du Conseil. Ségolène se débat entre écolos anti-nucléaire, anti-NDDL, et lobbies industriels. Les objectifs annoncés dans le paquet énergie français sont ambitieux pourtant. Dommage que cela ne soit que des objectifs. La France donneuse de leçons plane souvent sur le monde. 

Ce jour de la Terre a donc une saveur particulière cette année. En attendant la COP22 (décembre, pas avril). Ayons une pensée pour Solar Impulse en train de voler actuellement au-dessus du Pacifique entre Hawaï et San Francisco où il devrait atterrir dimanche matin. C'est lent ? Oui, car Solar Impulse ne fonctionne su'à l'énergie solaire...

La presse aurait pu en parler plus, de notre Terre, mais patatras, Prince est mort et tous les médias sortent des articles en catastrophe de leurs armoires à nécrologies écrites d'avance. Peu de vidéos et de musique en ligne puisque Prince détestait l'Internet et se battait pour ses droits d'auteur contre les plateformes numériques et même contre les éditeurs. Une image reste pourtant. 

RIP Rest Inpeace Prince. 



Rien à voir avec la Terre nourricière, juste un symbole d'amour pour tous les amours. Un conte à écrire. 



jeudi 21 avril 2016

2002 + 15 ? En avril, tout ne tient qu'à un fil

21 avril 2002. Jour de sinistre mémoire pour la plupart des démocrates en France. De l'Histoire, aux prévisions en passant par l'anecdote, mon point de vue.

L'Histoire ? Cette année-là, Le premier tour des présidentielles qualifie Chirac et Le Pen père pour le second tour. Grosse surprise anticipée par quasiment personne, sauf quelques experts (mais on trouve toujours un expert qui a raison... après coup). Jospin disparaît du radar politique et avec lui le PS qui s'effondre et commence à se diviser entre des lignes irréconciliables, de la social-démocratie libéro-centriste à la gauche de la gauche qui rêve du grand soir. La droite ne se réjouit pas vraiment car elle est obligée de se droitiser de plus en plus et le comble est atteint 5 ans plus tard avec l'arrivée de Sarkozy au pouvoir, le plus proche des thèses du FN à droite. Chirac sait qu'il va être réélu (plus de 80% des voix dont la mienne) mais choisit de rester campé à droite toute, provoquant ainsi un sentiment d trahison dans tous les camps et légitimant le FN. Le FN est surpris - surtout Jean-Marie qui ne veut pas gouverner - mais devient brutalement légitime, puisque le vote du peuple est ce qui légitime tout, en démocratie.


L'anecdote ? Sur le plan personnel je me souviens de ce dimanche. J'étais à Montréal ce jour-là pour une conférence professionnelle (et non, je n'ai donc pas voté lors de ce premier tour, à ma grande honte). Je me souviens qu'avant la reprise des débats dans la conférence où je me trouvais ce dimanche, je me suis retrouvé avec une demi-douzaine de présidents d'universités françaises dans une chambre d'hôtel, devant TV5 à attendre les résultats (14h heure du Québec). Discussions plaisantes en attendant l'affichage à 20h de Paris. Sourires et discussions entre gens de bonne compagnie, même si leurs opinions politiques couvraient droite et gauche sans problème. Lorsqu'est apparu le visage de Jean-Marie Le Pen, il y a eu un silence glaçant. Pas d'autre mot possible, glaçant. Tous se sont regardés, unis de droite et de gauche contre le FN. Puis un torrent de remarques pas différentes de celles émises certainement dans tous les foyers. Puis chacun est reparti téléphoner à ses "amis politiques". La réunion de l'après-midi a été annulée. J'ai passé le reste de la journée à déambuler dans Montréal, seul et sans but, vidé. Les québécois s'en foutaient (avec raison) ou n'étaient pas encore informés. Mais j'ai eu ce jour-là l'impression que le monde était différent, pendant ces longues heures de marche de ma petite manifestation personnelle dans les rues de Montréal (c'était avant les réseaux sociaux)...

Aaaaaaaaaaargh

Les prévisions ? Alors, 2017 ? Beaucoup de commentateurs évoquent ouvertement la présence de Le Pen la fille au second tour. Pas de surprise attendue (sauf si elle n'y est pas, ce qui montre l'évolution en France). Chacun cherche donc à être l'autre candidat au second tour : à droite le vainqueur des primaires et à gauche soit le vainqueur des primaires soit François, même si la gauche part perdante à ce moment précis de l'Histoire. Dans le scénario d'une droite victorieuse contre le FN, la question sera naturellement celle du type de gouvernement : soit de droite pure comme Chirac et Sarkozy en 2002, soit ouvert à d'autres. C'est un débat d'idéologies qui ne regarde en fait que les législatives qui suivront, pour lesquelles des scores fleuves du FN sont attendus. Il semble qu'il soit politiquement incorrect d'en parler, par peur du grand méchant loup Pen, et pour éviter les n-ièmes attaques contre l'UMPS (devenue LRPS), mais c'est évidemment dans la tête de tous. Le choc de 2017, quel qu'il soit, ne sera pas le même que celui de 2002 arrivé par surprise, par derrière et en dessous de la ceinture (on appelle ça un coup de pied au cul au fait). Cette année c'est un bon moment pour y penser. Et y penser par avance, avant qu'il ne soit trop tard, à quelques jours des élections présidentielles (puis à quelques semaines des législatives). Déposer son bulletin dans une urne est un geste fort (ne pas le déposer aussi d'ailleurs) dans une démocratie, indépendamment du marketing politique...


Le 21 avril restera ce jour triste pour nous en France. Au contraire du 21 avril britannique qui célèbre cette année le 90ème anniversaire de la reine. Comme quoi il n'existe pas de notion absolue du triste ou du joyeux. Tout dépend du contexte.

avril 2004 à Paris (12 ans déjà)



PS : Sinon, pour les vrais amateurs, le 21 avril c'est aussi l'anniversaire de... Spirou et de son journal (en 1938). On en est quand même au numéro 4071...


mercredi 20 avril 2016

Spleen réunionnesque

Mercredi. Il fait beau. Les gamins sont en vacances. Il y a un air de détente dans un Paris un peu déserté. 

Et je suis coincé dans une réunion de merde toute la journée. Alors voici quelques pensées philosophiques d'un esseulé qui se demande ce qu'il fait là. 

D'abord les réunions qui durent toute la journée, à 25, ça coûte cher. Il y a même des applications sur votre téléphone pour calculer le coût d'une réunion. Dans mon cas, on atteint les 5000 euros quand même. Les réunions sont utiles de temps en temps, mais pas tout le temps. 

Une telle réunion ça doit rassembler, fédérer, motiver les troupes et prendre des décisions. Si c'est mal conduit ça risque au contraire de démobiliser les participants et de cliver. Sauf pendant les pauses. 

Car la pause est l'essence de la réunion. C'est là que 95% des choses se passent et que se tissent les relations. C'est le bonheur des participants, surtout quand la réunion est inintéressante. La pause prend toute sa saveur a contrario. D'où l'importance du lieu de la réunion et de sa convivialité. C'est là qu'on reconnaît un bon organisateur. 

Les conclusions d'une réunion sont importantes. En théorie. Donc le compte rendu ou le relevé de décisions sont importants. Comme la ou les personnes qui sont chargés de les écrire. Importance donc de faire partie du comité de rédaction si on souhaite faire passer son point de vue. 

Avant la fin, on peut aussi dormir. Certains arrivent à dormir les yeux ouverts et assis. D'autres - j'en ai connu un - dirigent la réunion et font le discours introductif, puis dorment tout le temps et se réveillent pour la conclusion avec un discours magistral qui résume bien tout. Cela prouve non seulement qu'ils sont brillants mais aussi que la réunion n'a servi à rien puisque les conclusions existaient avant elle. 

Donc à bientôt. Au prochain billet. Zzzzzzzzzzzzz

mardi 19 avril 2016

Google books : l’hydre renaît

Google est une galaxie de projets dans tous les genres, bien avant même de se renommer Alphabet. Il y a une douzaine d’années a été lancé le projet Google books, alors Google Print (Wikipédia). Aujourd’hui, on en est à 20 millions de livres numérisés dans le monde, dont une grosse majorité aux USA. On parle de temps en temps de livres numériques sur ce blog. Ce coup-ci, ça en vaut le coup.

Ce projet a déclenché la colère des auteurs et des éditeurs depuis son lancement. En savoir plus ici, sur un site pro du monde de l’édition, ce qui vous changera un peu des actualités habituelles sur le sujet, trouvables partout (sur Le Monde par exemple) avec la recopie presque à l’identique de dépêches d’agence grand public, l’AFP en l'occurence. Depuis le jugement d’hier de la Cour suprême des USA, Google a donc le droit de passer à la vitesse supérieure, en tous cas aux USA, et de développer à outrance cette numérisation.

Certains éditeurs et surtout les bibliothèques voient avec plaisir Google pouvoir continuer à numériser des livres qui coûtent trop cher à traiter. Les lecteurs et surtout les chercheurs pourront lire de plus en plus de livres en ligne. Jamais en totalité évidemment, sauf quand ils sont dans le domaine public, mais avec des extraits suffisamment longs.  Les auteurs sont vent debout contre cette atteinte à leurs droits d’auteurs, surtout que Google accompagne chaque livre d’un lien pour l’acheter (sur une de ses boutiques évidemment). Une sorte de bibliothèque-library-librairie qui ne dit pas son nom.

Il s’agit de la légalisation du fair use dans le domaine du livre : « La création par Google d’une copie numérique pour assurer une fonction de recherche est un usage transformatif qui améliore les connaissances du public en rendant les informations sur les livres des plaignants disponibles au public ». C’est aux USA seulement, pour le moment, mais les accords transatlantiques sont en cours de négociation et incluent de type d’usage, même si en France des mesures ont été prises.

Cela me fait penser dans un autre registre à la numérisation des oeuvres d’art dans les musées du monde. A l’époque, c’était Microsoft et sa banque d’images qui démarchaient les grands musées pour numériser « gratuitement leurs oeuvres » tout en obtenant le droit de les diffuser ensuite. Les commerciaux de Microsoft n’étaient pas très habiles et les conservateurs (du Louvre notamment) avaient réussi à ne pas tomber dans leurs filets. Il faut dire que quand un commercial vient vous proposer de numériser la Joconde et vous dit « combien de pixels pèse La Joconde », ça refroidirait n’importe quel conservateur ou amateur d’art.

Si vous essayez d’aller sur Google Books, ne manquez pas de lire l’aide, c’est très instructif. Google se fait passer pour un bienfaiteur de l’Humanité, dans un jargon réjouissant par sa naïveté de façade. Un exemple de livre ? Celui-ci pour les blogueurs encore dans les librairies... ou ce torchon là... La possibilité de chercher dans tous ces livres des extraits est un plus, et c’est là-dessus que Google a bâti son projet. Accessoirement, cela lui permet de vendre les livres et de vendre de la publicité ciblée à ceux qui consultent ces ouvrages.

Alors quoi en penser ? Qui compte le plus ? L’auteur, l’éditeur, le lecteur, le chercheur, le vendeur de livres, le publicitaire, le bibliothécaire ? Le fair use est un concept intéressant. Nécessaire même. Sauf que Google vient de le pousser un cran plus loin. un cran trop loin ?


Attendons-nous donc à une explosion des numérisations de livres et de publicités ciblées.




lundi 18 avril 2016

Au Brésil, ça sent le Roussif pour la présidente. Et en France ?

L'actualité brésilienne est centrée sur la nouvelle étape sur la route de la destitution de Dilma Rousseff, pour qui ça commence effectivement à tenir le roussi. Après un vote en commission à l'Assemblée nationale, c'est cette nuit que les députés ont voté l'ouverture du procès pour destitution, avec une majorité plus forte que celle exigée des deux tiers. Jusqu'au dernier moment, le clan de la présidente (resserré autour du parti des travailleurs et de la gauche extrême) a cru pouvoir gagner ce vote.

La démocratie brésilienne exige un protocole précis pour déchoir un président, et il suffit qu'une des étapes soit contraire pour que toute la chaine d'impeachment se casse. Prochaine étape avant le 11 mai pour que le Sénat vote (à la majorité simple) l'ouverture du procès, ce qui entrainera ipso facto le remplacement pendant 6 mois de la présidente par son ennemi de vice-président, en attendant le verdict du procès (le jury étant le Sénat en entier). C'est un vrai parcours de la combattante, dans lequel les positions des uns et des autres ne sont pas angéliques, puisque des plus corrompus que la présidente la poursuivent, notamment parce qu'elle a lutté contre la corruption. Un procès politique.

La présidente est accusée de "crime de responsabilité". Il appartient exclusivement au Sénat, sous la présidence du Président du Tribunal fédéral suprême, d'instruire le procès et de juger le Président et le Vice-président de la République dans les cas de « crimes de responsabilité, c'est-à-dire pour les actes portant atteinte à la Constitution. Elle conteste ces "crimes". Un procès agité s'il a lieu, avec une rue très divisée entre les rouges, partisans de Dilma Rousseff et de Lula et du PT, et les jaunes et verts des autres partis plutôt au centre et à droite.

Résumé un peu partout, ici et ici aussi pour un autre avis.

Ceux qui ont mauvais esprit ne peuvent pas s'empêcher de faire des parallèles avec la France : un président qui a les cotes de popularité les plus faibles possibles, un numéro deux du pouvoir qui tire sue le numéro 1 (délicatement, mais quand même), une opposition de droite conduite par un corrompu accusé de multiples délits, des batailles de pouvoir entre politiciens du même bord, des procès pour corruption et autres malversations, une crise économique venue frapper les classes moyennes malgré un discours électoral de gauche, la rue qui se remplit de manifestants non embrigadés dans les partis classiques tous soupçonnés de trafics divers...

Mais la France n'a pas de procédure de destitution politique. Nous on a le Front National, repoussoir des honnêtes gens et qui sert de tribunal populiste dans la rue et les urnes. Nous sommes une vieille démocratie.

C'est très différent, n'est-ce pas ?



dimanche 17 avril 2016

Du temps de cerveau... Mais trop de Paris, ça lasse.

Lorsque le pasteur culbuta l'abbesse avec gaité sur l'autel de l'église d'Auteuil, le cardinal et le moine s'offusquèrent. De Rome en Italie, le successeur de Saint-Augustin qui avait appris la "bonne" nouvelle par télégraphe prononça même le mot de Cambronne dans la chapelle du calvaire. Il faut dire que la blanche lorette n'en était pas à son premier coup avec son faux bel air de madeleine du Lourmel. Elle avait même été la première dauphine aux olympiades nationales et universitaires des poissonnières des halles et elle n'était ni muette ni sans défense. On la soupçonnait même de faire commerce de son corps sans respect des conventions, dans une plaisance volontaire et en totale liberté. La couronne qu'elle portait dorée traçait comme un chemin vert et magenta sur sa chevelure digne de Michel-Ange et elle pouvait faire passer qui elle voulait sous ses fourches caudines, avec ses lèvres qui se courbent et sa paire de boulets. Alexandre Dumas l'aurait comparée à une reine de l'opéra, un temple de la beauté, experte dans les arts et les métiers de Pigalle. Le pasteur n'avait eu aucune chance.

Antony, le pasteur, était à sa décharge un peu pompette, à coups de Mouton Duvernet et de Saint-Émilion, comme tous les matins. Il ne sentait pas le jasmin, c'est sûr, ni le lilas ou la bougainvillée et son maillot était tâché malgré de multiples frottement de javel la croix. Passé par l'école militaire, cadet des pyrénées et invalide de la bourse gauche, il avait beaucoup donné à la nation et à la république avant de se convertir. Il habitait un duplex à la pointe du lac, non loin d'un château de rouge et de sablons, qui lui offrait une vue imprenable sur la belle ville de Paris, sa cité natale. Mais ce logement était une vraie glacière même pour un vieux soldat qui avait vu les pyramides de nuit.

Ce matin là, il avait placidement pris le bac pour traverser la plaine d'eau du château et c'est sur le quai de la gare, de l'autre côté, qu'il avait rencontré l'abbesse, Alma. Ils avaient marché quelques instants sur un sentier à travers un champ, les yeux pleins de laumière, mais ce mois de mars était frisquet et ils avaient dû se réfugier dans l'église, une jolie maison blanche avec des toits ternes. C'est là qu'il la mangea et qu'ils se gobelinèrent.

Le pardon de l'église leur fût accordé, dans un grand élan de concorde, mais ils furent tous les deux exilés en Argentine : il y devinrent les rois du tango religieux et, de retour en Europe après quelques années, y fréquentèrent tous les palais royaux. Comme quoi la morale...

samedi 16 avril 2016

Samedi, business as usual

La vie des riches est difficile, heureusement quelques bonnes nouvelles surviennent de temps en temps. 

Prenez les Panama Papers par exemple. Ceux qui sont passés à travers ont vite ajouté une couche de secret à leurs comptes offshore et on imagine que d'autres compagnies ont proposé depuis des solutions clés (du coffre) en mains pour protéger leurs avoirs moyennant finances. Alors tout va bien, malgré la réunion d'hier du G20 sur les finances et sa décision de publier une liste noire de paradis fiscaux blancs comme la mouette après l'échouage d'un pétrolier. Rassurez vous, un non américain a toujours le droit de créer une société écran anonyme au Delaware, faut pas pousser mémé dans la roseraie au fond du parc du château quand même ! La décision du G20 a été portée par cinq pays européens mais elle reste du domaine du symbolique. 

D'autant plus que le Parlement européen a voté cette semaine une directive sur le "secret des affaires" sous la pression des grandes entreprises internationales et à la demande de la droite, majoritaire dans ce super-parlement. Si vous vous demandez quel est l'impact de ce vote, lisez cet article sobrement intitulé Les « Panama papers » auraient-ils été possibles avec la directive sur le secret des affaires ? La réponse est clairement non... malgré les précautions oratoires de certains députés. Une bonne nouvelle pour les riches puisqu'il suffit de changer de paradis fiscal pour ne plus être inquiété et pour attaquer en justice tout lanceur d'alerte ou journaliste. L'Histoire a de ces cruautés !

Mauvaise nouvelle par contre. La Banque Centrale Européenne veut retirer le billet de 500 euros de la circulation. C'est pourtant un billet pratique pour cacher d'importantes sommes d'argent dans un faible volume. C'est le billet favori des trafiquants en tous genres et c'est pour diminuer ces trafics que la BCE souhaite le supprimer. A l'époque de la création de l'euro, ce billet avait été imposé par les allemands qui adorent l'argent liquide et les gros billets depuis longtemps. Le billet de 1000 marks était utilisé avant l'euro, sans parler de celui-ci



Rassurez-vous donc, mesdames et messieurs les riches lecteurs, tout va aller de mieux en mieux pour vous. Les pauvres sont de plus en plus nombreux mais les riches sont de plus en plus riches. Tudo bem, comme disent les riches corrompus au Brésil. Ayons juste une pensée émue pour la présidente du Brésil qui fait face à un vote de destitution. Ah, la démocratie... 

Heureusement en France on a la droite et Macron pendant que Hollande est parti au Liban visiter la Suisse du Moyen-Orient. Tudo bem !


vendredi 15 avril 2016

L'angoisse du blogueur après une intervention de Hollande à la télé

To blog or not to blog (about François) ?

La vie de blogueur est difficile, surtout quand il s'agit d'un blog sur le quinquennat de François, de 2012 à 2017 et sur tout ce qui s'y passe, incluant les événements importants qui concernent le président himself. Faut-il donc parler aujourd'hui de l'émission d'hier sur France 2 "Dialogue citoyen" et de la prestation de notre président ?

Mon cerveau (lent) a balancé quelques instants avant de tirer à pile ou face décider. Et la réponse est oui. C'est vraiment comme l'angoisse du gardien de but après avoir commis une lourde faute sur un attaquant, avoir reçu un carton jaune et attendre le penalty. Je précise d'ailleurs que la nouvelle réglementation du foot va diminuer le poids de la "double peine" dans ce genre de cas, en n'obligeant plus à donner un carton rouge au gardien en plus du penalty, mais en recommandant seulement un carton jaune sauf si le geste est dangereux genre Schumacher.

La politique et les médias, ce n'est pas du foot. Hier soir il y'a eu double peine : écouter François essayer de se dépatouiller maladroitement de questions justes et agressives, et devoir en penser quelque chose alors que le sentiment ambiant est plutôt "si on passait à autre chose ?"... avant de vite zapper pour regarder n'importe quoi d'autre. Les courageux peuvent voir ou revoir l'émission ici, âmes sensibles s'abstenir.

Je n'ai pas vu grand chose du débat (trop emmerdant) sauf l'échange musclé avec la cheffe d'entreprise qui a clairement gagné par KO. C'est pas avec des réponses à côté de la plaque ou théoriques que François va défendre son bilan. La distance entre discours politique et réalité n m'est jamais apparue aussi grande. Elle touche l'ensemble des politiciens, en responsabilité ou non, pour être juste, mais elle est criante et exaspérante.

Cela m'a fait repenser au cycle du deuil. Vous connaissez bien sûr les étapes classiques, appliquons-les à François après sa prestation d'hier :

- Choc, déni :
Il est vraiment à côté de la plaque, on ne s'en était jamais rendu compte aussi nettement, c'est pas possible, il a dû être mal conseillé ou préparé. Il est fini, je n'y crois pas.
- Colère :
Comment en est-il arrivé là ? C'est une trahison molle. La réalité quotidienne est tellement loin des politiciens que ce n'est plus possible ! Ca m'énerve !!!
- Marchandage :
Peut-être cela peut-il s'arranger d'ici aux élections de 2017, peut-être comprendra-t-il ?
- Dépression :
La gauche, même vaguement centriste ou social-démocrate, c'est fini pendant quelques années (et même quelques quinquennats), c'est déprimant de voir que l'on en est arrivé là si rapidement et qu'ils passent leur temps à se déchirer plutôt qu'à vouloir continuer à gouverner, comme s'ils étaient mieux dans l'opposition, ou au moins on peut parler sans avoir les devoirs du pouvoir.
- Acceptation :
Etant donné que la situation est clairement désespérée pour lui, on fait quoi, nous ? On reste debout la nuit, on débat, on s'organise ? On oublie la politique ? On se focalise sur des trucs positifs à notre échelle pour agir et donner du sens à tout ça ? En tous cas on n'attend pas de Messi(e) pour nous sauver et on ne votera pas à droite non plus, puis que le Messi(e) est partout à la pointe, ni à droite ni à gauche !

Intéressant, non ? Ceci explique peut-être que la diminution de la fréquence des articles (quotidiens) de ce blog consacrés à François, ou qui même le mentionnent simplement. Ce n'est pas drôle de tirer sur une ambulance. Tout ceci n'a pas de sens, comme disait Raymond Devos.


jeudi 14 avril 2016

Le PNR sur la table du Parlement, et le Président National de notre République sur la sellette

En Europe, une date importante aujourd'hui, puisque le Parlement européen vote la création du PNR.

Analyse intéressante ici du long processus qui a amené là, après les attentats de Charlie et du 13 novembre 2015, puis ceux de Bruxelles le 22 mars 2016. un débat vieux comme l'Europe entre tenants des libertés et de la vie privée (une majorité possible au Parlement européen quelles que soient les consignes nationales données par leurs partis nationaux aux députés) et partisans d'une sécurité maximale (à droite et dans les gouvernements sécuritaires). Un ballet hésitant qui a mis du temps à accoucher d'un projet "au milieu du gué", qui reste plus dans le symbole que dans l'efficacité. Certains diront "Enfin !" et d'autres diront "Zut !"

Le Passenger name record (PNR) est un format de données personnelles pour les passagers par avion, dans le cadre d'un programme qui permet la création de fichiers nationaux (28 pays membres de l'UE) comprenant des informations communes et donc partageables. Il ne s'agit pas d'un fichier unique et centralisateur, mais plutôt d'une approche type EDI (electronic data interchange) permettant au coup par coup et à la demande des questions réponses automatisées entre gestionnaires de fichiers nationaux. Le contexte est complexe : lire ici un résumé (pdf) par l'UE. Sachez simplement qu'il n'y a pas grand chose de caché dans ces enregistrements, nous concernant.

Un PNR comprend d'une part des informations obligatoires et standardisées et d'autre part des informations optionnelles au bon vouloir de ceux qui le créent et le manipulent (ici sur Wikipedia). Pour un format détaillé et présenté par IATA, lire ce document (pdf) et son annexe 1-1 pour la liste précise des données.

En Europe, les déplacements par avion ne représentent que 8% des déplacements intra-européens et d'ailleurs les terroristes récents n'ont jamais pris l'avion, sans même que les échanges de données existent... Ce n'est pas la même chose pour les déplacenets entre l'Europe et d'autres régions du monde, d'où le conflit imposant avec les USA notamment. Aux Etats-Unis les protections de la vie privée sont beaucoup pus faibles qu'en Europe et les échanges de données entre les deux régions ont donc fait l'objet de nombreux conflits, gagnés en l'occurrence par les plus sécuritaires, les USA. Ceux qui sont allés aux USA avant 2010 se souviennent du formulaire vert à remplir dans l'avion avec des questions surréalistes, mais la procédure ESTA automatisée a remplacé tout ça. On est passé de l'explicite à l'implicite, du déclaratif à l'enquête automatisée et du préventif en cas de parjure ou préventif si vous êtes indésirable, puisque les autorités n'ont pas à justifier un éventuel refus d'entrée.


Il y a donc comme d'habitude un grand écart entre l'arme et la cible. Les échanges de données des PNR seront surveillés (sic) mais pas limités au terrorisme. Ils toucheront aussi les délits et petits crimes qui intéressent beaucoup les policiers et autres douaniers. Une victoire de plus pour le côté obscur de la Force.

En France, une date importante aussi ? Ouais bof, car François passe à la télé. En face sur les autres chaînes, c'est une soirée "séries". Mais aussi du foot ou quelques films choisis au hasard (des Visiteurs 2 au Social Network qui retrace la naissance de Facebook...) Grosse concurrence, surtout pour la dernière saison de François. Il a encore quelques cases à remplir dans son PNR (President National Record)... Sera-t-il audi(mat)ble ?


mercredi 13 avril 2016

Big data trolls

L'heure est au big data, l'antithèse de l'individu. Il y a des recherches et des produits partout sur le sujet et de plus en plus de domaines sont concernés par ces technologies qui sont aujourd'hui capables d'analyser rapidement des millions de données (au moins) pour en tirer des conclusions ou des "services" nouveaux.

On citera par exemple le conflit récent entre la RATP et CityMapper une startup spécialisée dans l'information pour les voyageurs dans les grandes villes. La RATP, sous la pression du gouvernement qui prône l'open data - la mise à disposition gratuite des données publiques pour en tirer des services innovants et utiles - a depuis longtemps mis à disposition certaines de ses données, mais traîne des pieds sur les informations de circulation en temps réel. Incapable de produire une application utile pour savoir où et quand est le prochain bus/métro/tram/RER, la RATP refuse qu'on exploite "ses" données. L'argument est imparable : une société américaine ferait du fric avec "nos " données ??? Cet argument se retourne facilement : La RATP est incapable de développer ou de faire développer par une startup française une application efficace ??? La RATP invoque la charge apportées sur ses serveurs par cette application américaine. C'est marrant, non ? Quelqu'un oblige la RATP à rendre publiques ses données mais la RATP ne veut par payer pour mettre en place un tel service. Evidemment la RATP promet une mise en place d'un tel service par ses soins...

Limites du service public... Qui doit payer ? L'entreprise publique (et donc les contribuables ou les usagers), les entreprises privées exploitant ces données, les opérateurs de téléphone ou même les constructeurs de smartphones... Ou le pape ? Ca sent la résistance au changement à plein nez. Avec l'envie de faire du fric en discriminant les utilisateurs, bonjour la notion de public dans service public.

Cet exemple montre que le big data ne veut rien dire si on n'est pas capable d'exploiter ces nombreuses données de manière utile en apportant une vraie valeur ajoutée à l'utilisateur. Il y a des modèles économiques à trouver, au-delà des idées plus ou moins brillantes de nouveaux services qui ne sont pas toujours utiles.

Autre exemple à la SNCF qui entame par ailleurs des négociations sur les salaires et les conditions/durées de travail. Elle annonce en effet vouloir doter ses équipements de capteurs à plein d'endroits. On dit objets connectés à notre époque, ou internet des objets, parce que capteur c'est moins sexy, mais c'est pareil. Il s'agit d'installer dans les trains, dessous, dessus des capteurs techniques pour mesurer les états d'usure ou pour prévenir les pannes par exemple. Idem pour les voies et les gares. Il s'agit aussi d'offrir de nouveaux services aux voyageurs (hum hum). Certains de ces services sont des fausses bonnes idées : «Pour les trains, on avait identifié vingt-cinq objets connectés possibles, confie Xavier Ouin, directeur général du matériel. On en a retenu à peine la moitié. Il faut qu’il y ait un intérêt pour la productivité ou la qualité de service ». Ainsi, l’installation de capteurs dans la zone où sont stockées les valises dans les trains, pour permettre aux voyageurs de connaître les espaces disponibles, a finalement été abandonnée. « Un voyageur ne va pas traverser la moitié d’un TGV pour ranger son bagage, analyse Xavier Ouin. Ce n’était pas pertinent ».

Enfin un exemple plus humain de big data. Il s'agit du Guardian, au Royaume-Uni, qui a analysé les 70 millions de commentaires postés en réponse à ses articles sur son site internet en 10 ans. Beaucoup de commentaires censurés et de trolls évidemment sur un média grand public. Un article à lire pour comprendre comment, finalement, les critiques déplacées se sont justement focalisées sur certains auteurs d'articles. Les dix premiers attaqués sont... 8 femmes et 2 noirs... Un hasard, certainement. En tous cas, une analyse très poussée de ses propres publications par un média sérieux, et un usage intéressant du big data, puisqu'il a fallu repérer des mots-clés, analyser des masses de textes et en tirer des conclusions visuellement fortes.

Pour les lecteurs intéressés, le big data est censé anonymiser les données, sauf quand il s'agit de nous transformer en mangeurs de pub personnalisée, et faire un pont entre quantitatif et qualitatif. Mais cela n'empêche pas les dérives. Lire un point de vue de statisticien ici, qui maîtrise mal le français puisqu'il parle de datamasse (en référence à la biomasse) comme si data était français, alors que le terme recommandé - mais pas utilisé - est celui de mégadonnées... ou une analyse stratégique du secteur pour le gouvernement là (pdf), ou enfin une lecture pleine de sérendipité du phénomène par un expert en marketing...

mardi 12 avril 2016

Foot ou billard

Une image aujourd'hui



J'ai reçu mes billets pour le match d'ouverture de l'Euro 2016, le 10 juin... La Poste s'est décarcassée puisque l'UEFA voulait des lettres recommandées suivies à remettre en mains propres. J'ai reçu un coup de téléphone de La Poste pour venir chercher "la" lettre directement au centre de tri, après m'être lavé les mains naturellement. Une première ! 

Il y a le temps encore mais c'est dans moins de deux mois maintenant. Invasion de fans et de touristes à prévoir, de pages entières dans tous les journaux et sur les sites web ou télés. Invasion aussi de conseils pour éviter l'événement. Je me souviens de 2012, la première année de ce blog avec l'Euro précédent. Nombreux parallèles avec la politique naissante et balbutiante d'un François fraîchement élu et encore populaire. Cette année le voit vieillissant et finissant, empêtré dans une équipe mal classée et des affaires peu glorieuses. 

Les clubs français de foot sont peu brillants. Marseille est piteux et son staff a dû s'occuper en jouant au billard américain (si, si) pendant que le stade était assiégé par des supporters insupportables et ne supportant plus un club nul. Le PSG osera-t-il gagner enfin la place rêvée en demi-finale de la coupe des champions ce soir ? L'équipe de France de foot comprendra-t-elle Benzema dans ses rangs (le Real joue aussi ce soir) ?

Quel suspense mes chers lecteurs (et pour les lectrices qui ne s'en footent pas)... Par contre chapeau bas aux femmes, les bleues, qui se sont qualifiées pour leur Euro en 2017, sans coup férir. Un style différent, où les joueuses préfèrent rester debout que tomber à tout bout de champ en faisant des grands moulinets avec les bras et en poussant des cris de mammouth écrasé par un ver de terre. 

Vous l'avez compris, l'actualité politique est molle. François se prépare pour son"dialogue citoyen" de jeudi et les autres pour écrire à l'avance leurs réactions.  Une semaine normale donc. 




lundi 11 avril 2016

Nucléaire au Japon : une visite éclair

Petite visite ce lundi de John Jerry au mémorial d'Hiroshima, avec les autres ministres du G7.


C'était dans le cadre de la préparation du G7 annuel qui se tiendra au Japon en mai, sur le nucléaire en partie. Une première à ce niveau puisque jamais un Secrétaire d'Etat US n'y était allé.

Y'a un p'tit français, si, si, à droite (ou à gauche, question de point de vue)

La preuve

Voilà ce qu'il a écrit dans le Livre d'Or (reur)

La possibilité d'une visite d'Obama à ce même mémorial est dans tous les esprits. Une autre première et un vrai symbole. Quoi de mieux qu'une année électorale pour un symbole aussi puissant ? Après Cuba, Hiroshima ? Aux USA, le débat n'est toujours pas pacifié sur les bombes atomiques d'il y a un peu plus de septante ans. Beaucoup d'américains croient encore que les frappes étaient justifiées (même celle de Nagasaki trois jours après Hiroshima) et qu'il ne s'agit pas d'un génocide. Un vaste débat. Pas d'excuses ni de regrets, mais de la tristesse... Sans compter les provocations de Donald Trump contre le Japon dans le cadre de sa campagne où il tire sur tout ce qui ne lui plaît pas à boulets rouges sang avec un très gros canon.


Je vous remets une image de mon billet d'hier puisque le Mémorial de Caen parle naturellement de ces deux villes.


Mais la vidéo intégrale de propagande US est ici (1946), malheureusement précédée d'un pub, puisqu'on peut faire de la pub à propos de n'importe quoi, n'est-ce pas ?




Un seul bâtiment subsiste en mémoire de la bombe à Hiroshima :


En se focalisant sur le désarmement et un monde sans armes nucléaires, ce G7 des ministres des affaires étrangères essaye de prendre le contrepied de plusieurs menaces, comme le rappelle un journal libanais bien connu. Il s'agit entre autres de la Corée du Nord qui continue son cavalier seul dans le domaine. Un débat d'un autre siècle... légué aux jeunes générations comme les retombées radioactives pour des siècles et des siècles. Amen.

dimanche 10 avril 2016

Du temps de cerveau pour... Le Mémorial de Caen

Aujourd'hui une petite visite au Mémorial de Caen. Toute fraîche. Le Mémorial de Caen c'est un beau musée qui couvre la période de 1918 à 1989 en s'attardant évidemment plus sur la deuxième guerre mondiale (seconde ?), ses prémices et son déroulement, sans oublier le débarquement et la campagne de Normandie en jun 1944. 

Un musée idéal pour les collégiens de troisième puisque c'est leur programme d'Histoire et celui du brevet. J'en avais d'ailleurs un avec moi pour cette visite. Alors, en ce dimanche, pas de nouvelle mais une visite du Mémorial. Le site internet est bien fait, mais rien ne vaut une vi-site personnelle. Certains passages sont chargés d'émotion. Vraiment. 

Vous connaissez cette photo mémorable, ici transformée en une gigantesque statue à l'entrée du mémorial. Un symbole s'il en est !

C'est le début, en 1918, avec un traité de Versailles qui s'annonce comme le prélude à la guerre suivante. 

Des soldats, de la tristesse, du sentiment d'incompréhension

Mais les années folles des roaring Twenties sont là

Avec la révolution russe en plein essor

Et l'inflation galopante enAllemagne puis la faillite pré-nazie

Et déjà la propagande

Un pacte qui aura laissé des traces

Les images Panini de l'époque dans les boîtes de cigarettes

Le livre de la haine, en cours de réédition cette année, mais même avec des notes critiques un vrai brûlot

Quelques jours avant la guerre, un coup dans le plexus

Une affiche qu'on espère ne plus revoir

Vous le saviez ?

Le Chevalier au secours des troupes non combattantes

Paris se prépare ;)

On ne ferait plus comme ça aujourd'hui

Combien de gens ont des photos de leur père sur une telle moto ? 

La propagande de Vichy

Le musée est plein de décors reconstitués comme celui-ci

Comment fabriquer un savon à partir de cendres de bois

Un exemple du quotidien de l'époque

Quand on avait les tickets

Sans commentaire

Enigma. Une des rares machines originales, crackées à l'époque par AlanTuring

Nouvel empire, nouveaux globes terrestres

Détail

Le Japon aussi

Pour nos lecteurs nipponisants

Hitler dans son délire

Rose

Un journal intime

Un témoignage parmi d'autres dans l'un de ces films émouvants. Ici les juifs fusillés en Europe centrale. 

Une étiquette simple pour un gaz efficace comme agent de l'horreur absolue

La propagande, de l'autre côté
Une vraie bombe

Un jeu pour enfants : détruisez Tokyo !

Scène de l'occupation allemande

Opéra ?

Un joli pan de mur

Le gaullisme en marche

Le gaullisme absent

V

L'horreur américaine et son génocide

Une maquette de casemate (il y a un bunker à visiter aussi)

Le jour J

Décor

Décor

Les trous dans le Savoir

Un vrai tank

La crise de Cuba

Ola !

Le mythique MIG grandeur nature

La crainte atomique

Le mur de Berlin est là aussi !

Jolie plaque, non ?

Pour une Trabant évidemment

Voilà. J'espère que cela vous aura donné envie d'y aller.