vendredi 22 juillet 2016

Et l'Europe, au fait ? Coincée entre UK et Turquie, où est-elle ?

On entend moins parler d'Europe en ce moment.

Le Brexit a beaucoup mobilisé les médias, mais depuis le soufflé est retombé et la Jelly s'est solidifiée, entre les mains de fer de la nouvelle Première Ministre, Theresa May. Elle vient de se rendre à Berlin et à Paris pour commencer à négocier avec les deux principaux partenaires européens et préparer l'avenir. La stratégie est claire : puisque Londres est maître de la règle du jeu jusqu'à l'activation du fameux article 50, ils espèrent bien profiter de cette période ("pas avant la fin 2016") pour se mettre en ordre de marche en interne et négocier séparément avec les principaux Etats, car les négociations avec la Commission européenne ne sont pas possibles avant l'activation de la demande officielle de retrait. Ces pré-négociations qui n'osent pas s'appeler ainsi sont un bon moyen de fixer les "lignes rouges". Le Royaume-Uni souhaite ainsi repartir de l'état actuel pour négocier avec l'UE plutôt que de repartir de zéro, ce qui prendrait trop de temps et surtout ferait prendre trop de risques. L'Allemagne d'Angela est prête à prendre son temps également, en tant que premier partenaire commercial des britanniques. La France est vissée sur ses grands principes (circulation des biens ET des personnes) mais reste pragmatique sur le bordel ainsi créé.

Car la situation économique commence à beaucoup se dégrader outre-Manche. Et cela aura des effets bien au-delà du Rule Britannia. Hier, François était à Dublin pour parler de cela, puisque l'Irlande et la France partagent des intérêts en cas de Brexit défavorable, dans les domaines financiers, industriels ou d'immigration. L'Irlande parle d'ailleurs de réunification (comme l'Ecosse d'indépendance). Bref, tout le monde négocie en bilatéral avec tout le monde, pendant que l'Europe multilatérale n'a pas le droit de bouger. Cette situation réjouit les grandes puissances (USA, Russie ou Chine) qui ont intérêt à des négociations bilatérales et à une Europe affaiblie.

Toujours en Europe, parlons de ses marges. Le coup d'Etat avorté en Turquie a rebattu les cartes, qu'il soit factice ou vrai. L'Etat d'urgence dans le pays et la suspension annoncée par Erdogan de la Cour européenne des droits de l'homme sont deux phénomènes qui éloignent de plus en plus la Turquie d'une éventuelle adhésion européenne. Ceux qui sont contre s'en réjouissent... mais la géographie reste là, autour de la Méditerranée, par rapport à la Russie et au Moyen-Orient en guerre. Les purges continuent et s'amplifient et de plus en plus de commentateurs parlent d'un changement de régime à venir très bientôt.

L'Europe immobile l'est donc encore plus, entre un pays qui fait semblant d'y rentrer depuis longtemps pour en profiter un max (la Turquie) et un autre qui essaye d'en sortir le plus lentement et le mieux possible (Le Royaume-Uni), il y a comme un piège à loups avec ses mâchoires de fer. Le tout en attendant des élections majeures en 2017 en France et en Allemagne...


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