mardi 19 juillet 2016

Les primaires peuvent-elles Trumper leur monde ?

Aux USA début des primaires chez les Républicains (leurs républicains, rien à voir avec les nôtres... quoique). Trump va être nommé. Regardez ici la vidéo de son arrivée en scène. Flippant.
Il a pu y avoir un certain doute lorsqu'une motion a été déposée par les anti-Trump pour redonner aux délégués leur liberté de vote, quels que soient les votes dans leurs Etats respectifs, mais après un chahut monstre, plusieurs Etats sont revenus en arrière sous la pression de l'appareil du Grand Old Party et le vote va se dérouler comme prévu. Trump ayant déjà la majorité, il ne peut plus y avoir de surprise. Il a déjà désigné son vice-président, un Républicain bon teint et fade, qui convient parfaitement aux apparatchiks présents. On se croirait dans House of Cards... sauf que la réalité va plus loin que la fiction, comme souvent. En France les médias sont sévères avec le candidat, surtout ceux de gauche (lire cet article au vitriol de l'Obs par exemple, ou la chronique vue par le Monde de son ancien nègre littéraire - original ici dans le New YorkerI put lipstick on a pig).

La bataille avec Madame Clinton va être rude, car même si les sondages la mettent en tête, l'élection sera serrée et les Républicains surfent sur la vague anti-démocrates, accusés de tous les laxismes du monde. On est dans une situation inédite aux USA. Les démocrates, tablant sur le sentiment anti-Trump pensent que Clinton va gagner, certains étant même contents du fait que Trump ait été le candidat choisi. Mais... tout est possible. La bataille des primaires a été gagnée par Clinton contre Sanders mais a laissé des traces.

Petit parallèle avec la France, dans l'autre sens : pour résumer, la droite est persuadée que le candidat qui sortira vainqueur des primaires de fin d'année sera qualifié au second tour des présidentielles et gagnera l'élection. Tous mettent donc le paquet dans cette course interne en tapant le plus fort possible sur la gauche et/ou le gouvernement. A gauche on cherche à perdre avec le plus de panache possible tout en croyant à l'existence d'un trou de souris où pourrait se glisser François. Les réactions hyper-violentes (et hyper-débiles) des candidats LR suite à l'attentat de Nice sont symptomatiques d'une course effrénée qui sert d'unique prisme à toute analyse politique. Et dire que ce sera comme ça jusqu'aux primaires. Cela se ressent dans les thématiques choisies : la peur de l'autre, la sécurité, plus que l'emploi ou la croissance. Disparue la solidarité, bienvenue aux thèmes du FN.

Les primaires, en jouant un rôle de plus en plus important (dans toutes les zones politiques) apportent une radicalisation obligatoire : se différencier des autres alors qu'ils sont proches de soi, puis une fois désigné s'en rapprocher pour fédérer son camp et enfin avant le second tour, rassembler les électeurs de tous bords. Un exercice paradoxal. Un oxymore. Et ce ne sont pas les Primaires citoyennes et leurs seize candidats qui vont arranger le climat.

Les USA sont des grands habitués de ce type d'exercice, même si cette année le combat semble avoir franchi des limites morales nouvelles. La France découvre ce phénomène et se complait dans un exercice destructeur qui stimule l'individualisme et la négation de l'autre et de son regard. Une valeur qui phagocyte toutes les autres.

Une valeur primaire, et pas dans le bon sens du terme.

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