samedi 13 août 2016

Thriller politique pour les anniversaires de Valls et d'Hitchcock

Aujourd'hui c'est l'anniversaire de Valls (il a l'âge où les présidents se font élire) et celui de Hitchcok né en 99 (1800). Le jour idéal pour un thriller politique. 

C'était le week-end du 15 août au bord de la Méditerranée. Les parisiens étaient là. Les pauvres sur les plages bondées et les riches cachés dans des villas cossues, secrètes et bien gardées. 

Alfred était garde du corps volant, attaché à la Villa des myrtes, une résidence bien pratique pour des conversations discrètes et des opérations délicates. Il y avait deux routes pour y venir plus une petite jetée sur la mer. Alfred travaillait là depuis une dizaine d'années et il en avait vu de belles. Des actrices évidemment mais surtout des hommes politiques et des malfrats, ou les deux à la fois. 

Ce soir-là était spécial, car tous les candidats à la primaire des Républicains étaient réunis ici, on n'attendait plus que Sarkozy lui-même, toujours le dernier puisque les derniers seront les premiers. Chacun avait amené un garde du corps. Alfred les connaissait tous - c'est un petit monde - car c'étaient des truands locaux avec lesquels il jouait à la pétanque avant l'apéritif. Alfred était le seul à ne pas être attaché à quelqu'un en particulier. 

Le sujet, secret, de cette rencontre n'avait pas résisté longtemps à quelques verres offerts : il s'agissait de désigner entre eux le vainqueur de la primaire, puisque l'élection était évidemment truquée. 

Alfred s'était posté dans le grand salon, où se déroulerait la réunion. Il avait choisi la petite loge en hauteur qui accueillait en général le DJ, ersatz moderne de l'orchestre de chambre d'antan. La grande table ronde au centre de la pièce était entourée de douze fauteuils. Onze étaient remplis et derrière chacun se tenait le porte flingue attitré du politique assis. Un siège vide trônait à la haute place, celle qu'Alfred appelait Midi et qui faisait face à la loge d'Alfred. En face, Juppé était assis, à 6 heures et Alfred pouvait admirer de dos son crâne bien dégarni. Son garde du corps était le plus gros de la région. Un vrai dur, se dit Alfred. Tous avaient l'air nerveux. Ils jetaient de temps en temps des regards inquiets vers le siège vide mais évitaient autrement de se regarder. 

Alfred ne connaissait pas le déroulé de la réunion et s'était armé en conséquence avec un peu de tout. Bien lui en prit. 

La porte principale s'ouvrit et tous les regards se tournèrent vers elle. Elle était à l'autre bout de la salle derrière le fauteuil vide. Il y eut une ou deux secondes d'attente, puis le chaos commença. 

Des centaines de mouettes et de goélands envahirent la salle par les fenêtres ouvertes en hauteur. Les oiseaux se précipitèrent sur les gardes du corps. Uniquement eux. Ils bouffèrent leurs yeux et en moins d'une minute plus aucun sbire n'était debout. Les politiciens étaient tous à genoux sous la table, montrant ainsi avec une longue expérience leur grande bravoure. 

C'est à ce moment que Sarkozy fit son entrée. Ses onze gardes du corps ne firent qu'une bouchée des autres nervis. Puis ils se placèrent derrière chacune des chaises, un pistolet à la main. Tout d'un coup on se demandait de qui vraiment ils étaient les gardes du corps. Puis Sarkozy entra dans la salle, se dirigea vers le siège principal et s'y assit en disant "Je vous en prie, mesdames et messieurs, asseyez-vous, cela sera plus confortable, même si je sais que votre position favorite est à genoux..." Il ne dit pas "devant moi" mais tout le monde le comprit. 

Lentement chacun se rassit, en essuyant la poussière et le guano de ses vêtements. Juppé fut le dernier. Sarkozy posa une main sur la table et les pistolets se retrouvèrent sur les tempes de toutes les personnes assises. Sauf Sarkozy naturellement. 

Sarkozy leva les yeux vers Alfred. Celui-ci hocha légèrement la tête et enfila son masque à gaz, comme tous les autres gardes du corps. Sarkozy dit alors : "la règle est simple : celui ou celle qui retiendra le plus longtemps sa respiration sera choisi. Prêts ?"

Puis Sarkozy leva la main. Alfred ouvrit le robinet de gaz hilarant. En même temps le garde du corps placé derrière Sarkozy lui tendit un masque à gaz. Il ne fallut qu'une minute pour que les onze politiciens soient tous en train de rire aux éclats. Juppé fut le dernier, un vrai dur à rire se permit Alfred. 

Le masque de Sarkozy était pourvu d'un micro. Il dit alors : "Merci mesdames et messieurs pour cette élection par acclamations et rires. À bientot donc". Puis il se retira, suivi de ses hommes de main, non sans saluer Alfred, un ex de la bataille de Dien Bien Phu Neuilly. 

Alfred mît un peu de temps à calmer les politiciens, surtout Juppè qui découvrit à cette occasion que rire était agréable. Mais il réussit à tout remettre en état et à dormir un peu pour la soirée du lendemain : la préparation de la primaire socialiste. Encore une joyeuse soirée en perspective. 

Une seule chose le chiffonnait : il se demandait avec qui il allait jouer à la pétanque maintenant !


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