vendredi 14 octobre 2016

L'UNESCO entre le marteau et l'enclume

L'UNESCO a du souci à se faire. Depuis un certain temps, les USA ne payent plus leurs cotisations (on en est à plus de 500 millions de dollars d'arriérés) depuis l'adhésion des palestiniens.

Le Japon vient d'annoncer qu'il suspendait aussi sa cotisation. Il était devenu de facto le premier contributeur, car il était deuxième derrière les USA. Derrière, il y a la Chine, l'Allemagne et la France (normal puisque le siège de l'UNESCO est dans les deux quartiers à Paris, derrière l'école militaire).

La raison invoquée est liée à une sombre histoire d'inscription au patrimoine immatériel des documents historiques relatifs au "massacre de Nankin" en décembre 1937 (en Chine). Le Japon (n°2) est furieux et la Chine (n°3) contente. Ceci n'est pas un chantage, comme aurait dit Magritte, ni la lutte pour un grand chelem au tennis. Les Etats ne sont pas comme ça, voyons ! Ni la diplomatie ! Le gouvernement japonais nie bien sûr tout lien entre les deux événements.

Le paradoxe est que débute au siège de l'UNESCO à Paris une exposition sur la culture japonaise "Voyage créatif au Japon"... Froid glacial sur le hall d'exposition, les fleurs des cerisiers sont depuis longtemps tombées dans l'oubli. Ah zut ! Et puis, deux jours avant, il y avait la remise d'un prix UNESCO-Japon...

Le même jour, on apprend que c'est Israël qui coupe les ponts avec l'UNESCO suite à des textes votés qui ne plaisent pas à Jérusalem sur l'affectation aux palestiniens des lieux sacrés à Jérusalem-Est. Israël ne payait pas beaucoup, mais cette coupure de liens va impacter les actions sur le patrimoine dans cette région. Une région riche s'il en est en patrimoine pour au moins trois religions. Ce coup-ci la France s'est abstenue. Elle est donc critiquée de partout.

L'UNESCO vivote déjà sur un certain nombre de programmes qui ont beaucoup réduit. Idem pour les traductions et l'interprétariat lors des réunions : ça fonctionne toujours pour les grandes conférences avec ministres etc. mais pas pour les réunions de travail entre experts, ou presque plus.

Sale temps pour la Directrice générale de l'UNESCO qui vient en plus de se faire recaler comme SG de l'ONU. Une fin de mandat agitée, c'est le moins qu'on puisse dire.

Bon, au moins une bonne nouvelle : il y a ce projet d'inscrire au Patrimoine mondial de l'UNESCO le droit normand. Si, si, je vous jure monsieur le juge. A priori pas de risque, si le projet est refusé, que la Normandie déclare la guerre à la Bretagne... Quoique...

PS : J'ai passé la journée dans un colloque organisé avec l'UNESCO, sur les stratégies numériques dans l'enseignement supérieur. Quelques tweets @2012a2017 et des débats archivés ici. Qu'en dire, sinon qu'il y a un écart entre les hautes sphères de la diplomatie intergouvernementale et le concret des projets de terrain sur un sujet pourtant profondément disruptif pour tous, de l'apprenant que nous sommes à l'enseignant que nous sommes peut-être aussi.

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