jeudi 29 décembre 2016

État de grâce présidentiel(le)

Francois a donc grâcié Jacqueline Sauvage. Sa deuxième grâce après celle en 2014 pour un braqueur douteux de type Jean Valjean. Une grâce unanimement demandée par la société civile et saluée par tous sauf quelques magistrats droits dans leurs maroquins brodés d'hermine. 

Le droit de grâce est une de ces rares soupapes dans la démocratie française qui lui permet de souffler. Très rarement exercé, ce droit offre un espoir par le simple fait qu'il existe. Ses relents d'ancien régime le font haïr par les plus extrêmes des démocrates et des ardents défenseurs de la séparation absolue des pouvoirs, mais il ne faut pas oublier qu'alors le droit d'embastiller était son symétrique. 

Il y a plusieurs points qui différencient une démocratie d'une dictature. Cela peut même ne dépendre que des individus. En Russie par exemple, les opposants à Poutine, comme Kasparoc, dénoncent sa dictature et la force qu'elle a face à des démocraties qui n'osent pas aller trop loin, comme Obama. Force contre faiblesses. Un article intéressant à lire dans Slate à ce sujet. 

Le droit de grâce est un de ces points parce que justement il est rare et n'a pas besoin d'être justifié. Pourtant, chacun de nous a envie de le justifier à sa sauce. Dans le cas de Madame Sauvage, la plupart des réactions saluent une décision qui va au-delà de sa personne : elles insistent sur le caractère violent de l'emprise qu'un mari peut avoir sur son épouse et sur le droit de légitime défense, alors même que la loi ne le reconnaît pas dans ce contexte déstnchronisé. Comme si cette grâce allait enclencher un processus pour modifier la loi. Sauf que la majorité risque fort de changer et que la morale droitière n'est pas favorable à ce type de changement. 

Francois a donc renié pour la deuxième fois sa déclaration anti-grâce d'il y a une dizaine d'années. Mais personne ne l'accusera de renier cette promesse. Comme quoi, en politique aussi il y a deux poids et deux mesures. Il avait déjà grâcié partiellement Jacqueline Sauvage pour laisser une place à la Justice. Mais la Justice, fidèle à la loi, n'a pas trouvé d'espace pour libérer la condamnée. Il a donc dû la regrâcier. Un fait inédit. Car lorsque la loi ne convient plus, il faut songer à la changer. 

Gageons que la popularité de Francois va bondir, comme le suggère le Canard cette semaine à propos d'une autre bonne nouvelle pour lui. Un état de grâce, oui. 





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