vendredi 10 février 2017

Le futur au scoop de Fillon : Je, Nous, Eux

Fillon a parlé hier, au Futuroscope, après notre cher Raffarin qui n'a semble-t-il pas lancé de raffarinade pour une fois, quoique la route soit tortueuse et la pente rude pour son champion. Le Figaro en fait un compte rendu prudent car personne ne sait exactement ce qui va se passer.

Le nouvel argumentaire du candidat de la droite et du centre droit est basé sur cette phrase "On veut nous chasser de la présidentielle au profit d'un duel dont rêve le système: d'un côté la caricature de l'extrême droite, de l'autre le macronisme light et branché".

Kézaco ? Il ne s'agit pas de parler ici de l'affaire Fillon au sens de l'enquête en cours et de ses éventuelles suites judiciaires, même si Le Parisien en remet une couche ce matin avec le double job (fictif ou non mais compté sur des fiches de paye) de Pénélope qui aurait dépassé ainsi le plafond légal. Il ne s'agit pas non plus de critiquer l'usage de caricatures dans un discours lui-même caricatural.

Il s'agit de parler de ce "Nous"

Nous = Je ? Au sens royal du terme comme dans l'ancien temps. Une chasse contre lui, l'homme providentiel de la droite, le seul à pouvoir faire gagner la droite alors que cette victoire était acquise il y a quelques mois. "Après moi le chaos", "moi ou le déluge", etc. Un réflexe d'ego démesuré, assez classique somme toute chez les hommes de pouvoir qui adorent revoir dans tous les sens du terme les habits du pouvoir, du costume cher au manoir plus que bourgeois en passant par une posture morale inattaquable "par définition".

Nous = Les Fillon ? Au sens familial du terme, comme si le clan Fillon était un clan mafieux, alors que personne n'en a jamais entendu parler auparavant et que la mère est apparue comme sincère les rares fois où on l'a vue (comme à Envoyé spécial). Une famille riche et qui vit bien, en bonne bourgeoisie de province envoyant ses enfants dans les meilleurs formations payantes. Des notables de province à la Balzac ? Et alors ? Ils existent en France, pas de problème à ça.

Nous = Moi et mon projet ? Au sens politique du terme, puisque le projet radicalement à droite de Fillon a gagné la primaire de la droite, en plus de sa personnalité alors non entachée d'une quelconque faute. Ceux qui sont convaincus par le projet voteront pour lui de toutes façons, on les appelle le socle de son électorat. Ceux qui y sont farouchement opposés (comme moi) n'auraient de toutes façons pas voté pour lui. Les autres ? Ils fluctuent en fonction d'un doux mélange de personnalités, de projets globaux, de mesures ponctuelles et de mouvements de foule aléatoires ou manipulés. C'est à la Droite de trouver l'angle de cette campagne pour convaincre les électeurs. Comme pour les autres candidats qui cherchent chacun à déplacer le combat politique sur leur terrain. C'est la base de toute stratégie politique comme disait Sun Tzu, amener l'ennemi sur le terrain que vous avez choisi.

Nous = La Droite ? Comme si cette affaire était faite pour éliminer la droite (a priori majoritaire dans le pays) d'une élection qu'elle était programmée pour gagner. La droite a droit à sa chance dans cette élection. Si elle choisit de garder un candidat cramé c'est son choix et si elle nomme un candidat "meilleur" en tous cas sur le plan de l'image, tant mieux pour elle. Dans les deux cas (Fillon ou un autre) elle perd des électeurs mais elle en regagne aussi. Il suffit de faire une petite analyse SWOT pour le comprendre : forces et faiblesses de Fillon sont inversement proportionnelles aux forces et faiblesses d'un autre candidat LR, quel qu'il soit. Evidemment, il faut avoir en tête, pour les partis officiels (dont LR) que ce qui compte c'est surtout les législatives qui vont suivre.

Le Moi est haïssable comme disait Pascal à une époque pas si révolue que cela.
Et quand le Moi se déguise sous le Nous, il n'en est que plus haïssable. Non ?





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