dimanche 30 avril 2017

Passé et avenir se rejoignent en ce dernier vrai temps de cerveau. Vraiment ?

Ce blog s'arrête dans une semaine comme promis depuis son premier jour il y a quasiment cinq ans, sous cette forme quotidienne.
Ce dimanche est donc le dernier temps de cerveau créatif, puisque celui du 7 mai sera consacré au second tour des présidentielles et au deuxième tour sur les quatre des élections de ce printemps en France.

C'est donc le moment, entre deux tornades, de parler de la suite du blog.

Et du passé. Depuis le 6 mai 2012, il y a eu approximativement 260 dimanches et donc autant de temps de cerveau. Le mien en tant qu'auteur et le vôtre en tant que lecteurs et lectrices. Au début ces dimanches étaient consacrés à des articles "de fond" sur des sujets variés, souvent scientifiques mais pas toujours. Certains ont eu beaucoup de lecteurs, comme celui qui reste le numéro 1 encore aujourd'hui, sur l'histoire du Web le 16 septembre 2012. Et puis, petit à petit sont apparues des nouvelles, des short stories, émaillées de quelques feuilletons. Aujourd'hui (titre de mon premier feuilleton), le dimanche ce sont presque toujours des nouvelles, que je prends grand plaisir à écrire et à lire un peu avant vous, puisque j'ai souvent l'impression que l'histoire s'écrit devant mes yeux, ce qui me donne envie de finir vite de l'écrire pour en découvrir la fin. L'auteur est un lecteur privilégié, dans le temps, puisqu'il est le premier à découvrir l'histoire, avant vous tous.

1821 billets à ce jour, ça commence à faire beaucoup. La contrainte du temps a été productive et agréable pour moi. Mais la contrainte doit pouvoir se desserrer et changer de temps en temps, sinon cela devient une maniaquerie, voire même une névrose.

Alors mes projets ?

D'abord, ce blog continuera à cette même adresse, par le même Georges Lauteur, mais sous une autre forme. J'avais expliqué pourquoi écrire un blog quotidien. C'était le 30 novembre 2012. Je n'ai pas un mot à changer à ce billet. C'est le monde qui a changé. Ce blog continuera à exister, avec toutes ses archives, journal étrange d'un quinquennat en montagnes russes. Avec des nouveaux articles. Mais d'une autre manière que vous découvrirez à partir du 7 ou 8 mai 2017. Je dis 7 ou 8 parce que logiquement il s'arrêterait dimanche 7 prochain au soir pendant la soirée électorale, mais qu'on ne sait jamais ce qui va se passer et que de toutes façons j'aime à publier le lendemain d'un gros événement des Unes de journaux de France et du monde. Ne vous attendez donc pas à lire ensuite chaque jour un billet. Peut-être deux par jour, peut-être un ou trois par semaine... Ca dépend s'il y a du vent.

J'ai plusieurs projets. Dans le désordre :

  • Trier, éditer et publier mes nouvelles et feuilletons, largement plus d'une centaine à ce jour. Merci aux éditeurs intéressés de me contacter directement, sinon je me débrouillerai tout seul. La plupart sont dans le domaine du mystère comme disait Maurice Leblanc, du merveilleux, du fantastique ou de l'étrange, sans oublier la science-fiction. L'étrange surprise.
  • Créer une archive facilement exploitable de ce blog lié au quinquennat de François, qui va redevenir Hollande dans peu de temps, vers le 14 mai au plus tard. Un site à part, une application pour mobiles et tablettes, et pourquoi pas un livre qui en reprendrait les meilleurs pages. Avis encore une fois aux éditeurs (mais ce ne sont pas les mêmes) ou aux chercheurs intéressés.
  • Continuer à écrire des nouvelles. Au moins une par semaine sinon plus, et d'autres textes, car j'ai appris à aimer à écrire à moi et à vous. Aàààààààààààààààh.
  • Développer d'autres contenus autour de cette adresse 2012a2017 qui a une petite notoriété avec ses 250 000 pages vues. Des contenus qui dépassent le simple format du blog. A expérimenter. Puisque - c'est ma thèse - l'Internet est le lieu du détournement et sa conséquence. Détournement et Internet sont indissolublement liés aujourd'hui et pour longtemps. Tout cela prend du temps et en prendra, mais je suis prêt à accueillir quelques barjos qui ont des idées aussi étranges que les miennes, ici et maintenant, là et demain.
Cette dernière semaine sera bizarre, pour moi, ce blog et la France. Une semaine entre deux. Un bon moyen de se poser les bonnes questions. Soyez assurés, chers lecteurs et chères lectrices, que je me les poserai en pensant à vous. Si vous le voulez bien. C'est vous qui voyez.

Commentaires appréciés, même anonymes. Bises.

samedi 29 avril 2017

Politique fiction : dans 115 jours...

Exercice de style horrifique, histoire de voir.
Message non subliminal à ceux qui ne voteront pas Macro dans 8 jours.
Aujourd’hui cela fait cent jours que Trump dirige l’Amérique. Un bilan très négatif selon la presse et positif selon ses conseillers. Un boulot qu’il n’aime pas car lui demandant de trop travailler. Un modèle. Il y a ceux qui en rient et ceux qui en pleurent. Une impopularité inédite aux USA, un chômage à la hausse, des avantages pour les riches et une image internationale écornée. Quel bilan !

Et la France si Marine est élue ?
Projetons-nous dans 115 jours, c’est-à-dire cent jours après avoir été élue.

Juste après avoir été élue, Marine décide de créer un nouveau parti, une alliance plutôt de plusieurs partis, le FN, Debout la France et le machin de de Villiers, dans le RBM, le Rassemblement Bleu Marine. En s’étant démarqué très habilement de l’extrême droite, du FN et de son nom de famille Le Pen, Marine a bien trompé son monde. En nommant Dupont-Aignan premier ministre dès son entrée en fonctions, lui qui l’a rejointe pour écluser ses pertes financières dans la campagne et pour avoir un poste proportionné à son (gros) ego, Marine et son rassemblement déposent des candidatures partout sous ce nom. Les premières mesures immédiates ferment les frontières et imposent la Marseillaise dans toutes les écoles le matin. Ces mesures sont bien sûr contestées et hérissent l’UE mais pendant ce temps elles sont effectives et plaisent à un électorat soulagé et son RBM gagne les élections : 40% des sièges, contre 30% pour Macron et le reste éparpillé entre anciennes droites et gauches.

Sa minorité est bientôt rejointe par des hommes et femmes de droite et de gauche, puisque tout est conçu autour de sa personne, bien différente de son parti d’origine. Guaino est nommé ministre de la liberté, on s’en souvient. Jean-Marie meurt d’apoplexie le 30 juin et a droit à des funérailles nationales (si, si) qui donne lieu à des violences extrêmes. Grâce à l’état d’urgence, Marine fait enfermer plein d’hommes politiques et de journalistes soupçonnés de terrorisme. Un nouveau journal est lancé (je suis debout et partout) et devient l’organe officiel du pouvoir. Pénélope Fillon devient ambulancière et ouvre le manoir de Sablé-sur-Sarthe à Les Républicains qui souffrent de troubles psychologiques, comme son mari devenu débile.

Nous sommes aujourd’hui fin août, au moment de l’anniversaire de la Libération de Paris. Les manifestations sont interdites et la Maire de Paris est inculpée de troubles à l’ordre public. Une milice parisienne est créée pour faire respecter l’ordre dans la capitale, la Mairie n’en étant pas capable.

Au plan international, l’Europe est furieuse mais n’a rien pu faire. Le référendum pour la sortie de l’Euro a été largement favorable au Oui début juillet et les négociations ont commencé. L’accord France + Royaume-Uni + Russie est entré en vigueur le 15 août. Angela Merkel est annoncée battue aux élections allemandes et la guerre en Ukraine a repris, débordant sur la Moldavie, la Roumanie et même la Turquie.

Les attentats ont cessé en France. Le journal du pouvoir s’en félicite. Le sport à l’école aussi puisque les gymnases sont réquisitionnés pour parquer les musulmans, les fichés S et les journalistes politiques.

Au plan économique, le franc n’a pas encore été rétabli, mais l’inflation est déjà là. La popularité de Marine est en baisse légère. Car à chaque mesure discriminatoire qu’elle prend, il y a un volet social à court terme pour les français de souche.

La popularité de Marine a baissé un peu, ce qui est normal. On annonce pour ce centième jour, à la Napoléon, un coup de Trafalgar.

Mais on frappe à la porte. Des coups violents. Des cris. La milice ? Je dois ouvrir. Au revoir chers lecteurs (s’il en reste d’autres que ceux du Ministère de la liberté). Bientôt ?


vendredi 28 avril 2017

Un vendredi entre deux prises

Le vendredi, ici, on aime bien fureter un peu partout et rapporter dans nos filets des objets intéressants, mais depuis que Marine pêche les dauphins dans un bateau de "pêcheur du FN" au large du Grau-du-Roi, on se méfie de la pêche. Les photos de touristes en goguette, la comm' à tout va et l'éphémère érigé en statue, ce ne sont pas nos tasses de thé à la haine ici.

Alors quelques mots en cette fin de première semaine de campagne.

Mélenchon tarde à parler, on attend son discours sur Youtube ici. Peut-être a-t-il fait plusieurs prises dont il n'est pas content ou une prise par prise (de position) : Macron, blanc, nul, abstention et même Marine pour rire (très, très jaune). Il y a ceux qui l'aiment en le connaissant depuis longtemps (ce qui inclut 2002), il y a ceux qui le connaissent depuis longtemps en n'aimant pas ses positions de tribun auto-centré mais intelligent, il y a ceux qui ne le connaissent que depuis cette campagne ou presque et qui ne l'aiment pas, et il y a enfin ceux qui ne le connaissent pas depuis longtemps et qui l'aimen(. Qui m'aime me suive comme disait un autre autocrate. Son discours est attendu mais, en attendant, le gros Ni-Ni qu'il prône (avec d'autres à droite toute) fait des dégâts. Et Le Pen en rajoute une couche en publiant sur Twitter (14h39) un appel à ses électeurs...

Mise à jour : il a parlé. Tout en ne votant personnellement pas Marine, il saute allègrement par-dessus le second tour de la présidentielle et vise les législatives, groupés. Pathétique mais prévisible. Une séance d'auto-justification digne d'une auto-psychanalyse...

Un autre tarde à se prononcer, c'est Dupont-Gnangnan, à l'autre bout de l'arc populiste. Ralliement, position Ni-Ni ? Le fait qu'il hésite aussi longtemps, en pesant le pour et le contre, en dit au moins aussi long sur lui que sa position finale du moment éphémère. Le Pen et ses sbires frétillent d'aise. Ce serait une bonne prise. Et puisque l'ineffable Poisson et son minuscule partie a choisi le Ni-Ni, ce serait une occasion de se démarquer de cet adversaire sans arête dorsale. Heureusement les poissons savent nager, ce en quoi les hommes politiques leur ressemblent.

Le FN justement vient de changer de président par intérim. Intéressant. Après un premier choix négationniste et trop marqué FN historique qui fait tache sur la robe bleue de Marine, immaculée et sans aucun détail qui ressorte, le nouveau président, actuel maire d'Hénin-Beaumont, semble plus lisse et policé. Apparence encore une fois. Tout cela est ridicule mais a au moins le mérite de nous montrer que les vice-présidents du FN sont tous aussi peu reluisants les uns que le autres. Aliot est trop occupé à soutenir sa compagne et Philippot à courir les plateaux des médias pourtant tellement décriés. Ces mêmes médias qui viennent de publier une pétition dénonçant le refus du FN de les laisser travailler normalement (c'est à dire honnêtement) notamment dans leurs réunions publiques. Ah ! La comm et l'anti-comm, c'est un métier. Il ne fait d'ailleurs pas toujours bon d'être dans un meeting FN, comme à Nice, où l'on crie sans retenue des "Macron, Macron, on t'encule"...

Les arguments ceux qui disent (à ce jour) ne pas vouloir mettre un bulletin Macron dans l'urne ressemblent de plus en plus à ceux invoqués par les victimes d'un deuil, le deuil de leur candidat du coeur ou de la tête battu au premier tour (je reprends en italiques l'article susnommé de Wikipédia) :

Choc, déni : cette courte phase du deuil survient lorsqu'on apprend la perte. La personne refuse d'y croire. C'est une période plus ou moins intense où les émotions semblent pratiquement absentes. La personne affectée peut s'évanouir et peut même vomir sans en être consciente. C'est en quittant ce court stade du deuil que la réalité de la perte s'installe
Beaucoup sont encore dans cette phase puisqu'ils publient des textes vantant le programme de leur poulain vaincu. On n'en est pas encore aux législatives !

Colère : phase caractérisée par un sentiment de colère face à la perte. La culpabilité peut s'installer dans certains cas. Période de questionnements.
La plupart y sont. Colère légitime, mais insuffisante pour sortir du deuil.

Marchandage : phase faite de négociations, chantages
Une phase réservée aux politiciens professionnels, pour négocier des accords, No comment. Pour les autres, une phase propice à la discussion, à l'argumentation et au dialogue, si on y est prêt.

Dépression : phase plus ou moins longue du processus de deuil qui est caractérisée par une grande tristesse, des remises en question, de la détresse. Les endeuillés dans cette phase ont parfois l'impression qu'ils ne termineront jamais leur deuil car ils ont vécu une grande gamme d'émotions et la tristesse est grande.
Dur, dur. Sortir de cet état peut être long et rendre apathique. Peut-être que le calendrier électoral peut donner un coup de pied au cul pour s'en sortir plus vite ?

Acceptation : Dernière étape du deuil où l'endeuillé reprend du mieux. La réalité de la perte est beaucoup plus comprise et acceptée. L'endeuillé peut encore ressentir de la tristesse, mais il a retrouvé son plein fonctionnement. Il a aussi réorganisé sa vie en fonction de la perte.
Espoir et prise de décision en toute conscience. Après avoir convaincu l'intelligence ou persuadé la passion.

Le problème est le temps. Un deuil, ça prend du temps et il ne reste que 8 jours avant le vote décisif du 7 mai. Pas facile de faire tout le cycle en 14 jours tout compris. Mais c'est possible, car il y a une échéance incontournable. Restons positifs !

PS : Ah si, quand même, une image en ce vendredi. Bureau de vote par bureau de vote à Paris, celui qui est arrivé en tête : la gauche à gauche, la droite à droite et le centre macronien au centre. Impressionnant non ? (source)





jeudi 27 avril 2017

Hollande et le Mobilier national

Parlons meubles, un peu, en ces temps de nettoyage de printemps, de lessive électorale et de grands déménagements à venir. Ca nous changera de l'air vicié de cette campagne où les mauvais coups pleuvent, histoire de motiver les jeunes générations à militer et à croire en la politique plutôt que la rue. Déplacements de poubelles et blocages devant certains lycées parisiens ce matin, suite à un appel lancé par les anti-fafs et à des tentatives des jeunes fascistes pour le contrer. Du banal dans les rues.

François est donc en visite ce matin au Mobilier national. Pourquoi ?


Les deux bureaux du PR à l'Elysée

Pour solder l'affaire de la scène de ménage entre lui et Valérie à l'annonce de sa rupture because of Julie ? A époque, en janvier 2014, on parlait de 3 millions d'euros de dégâts pour le Mobilier national responsable des meubles de l'Elysée (entre autres). Rumeur, démenti, retrait du démenti... Il reste peut-être des choses à payer ?

Pour choisir le mobilier de son futur bureau d'ex-président qui lui sera automatiquement accordé ? On imagine un divan pour la sieste, une grande télé pour le foot et peut-être un bureau empire déchu.

Pour choisir le mobilier de Macron à l'Elysée, s'il est élu, en fonction du mobilier qu'il avait à l'époque où il travaillait à l'Elysée, comme une sorte de clin d'oeil nostalgique ? Il a peut-être une wish list.

Pour faire le bilan des cadeaux reçus pendant le quinquennat en tant que PR ? Normalement la plupart de ces cadeaux reviendront au Mobilier national pour décorer les bâtiments publics prestigieux, ces fameux palais de la République que le monde nous envie.

Pour parler de l'exposition sur les sièges organisée depuis peu par le Mobilier national ? Il y en a de beaux, mais pas d'éjectable. Un siège par personne, pas de "un siège pour deux", il faut choisir comme au second tour de la présidentielle. Et la politique de la chaise vide n'a jamais été efficace.

 

Cette visite, la seule à son agenda aujourd'hui, avant un conseil européen ce week-end, est tout à fait symbolique. Qu'on parle de vacance du pouvoir, ou d'entre-deux, cette image d'un fauteuil vide est saisissante.




mercredi 26 avril 2017

Marine (Le Pen du FN, parti d'extrême-droite)


La campagne pour le deuxième tour bat son plein. Tel le lièvre qui est parti très vite, Marine a doublé au démarrage un Macron un peu assoupi après ses célébrations, les bulles de Champagne et de célébrité lui ayant monté un peu à la tête. Comme s'il avait le temps.


Une campagne de second tour des présidentielles, c'est pour ratisser plus large que ses électeurs du premier tour (pour attirer les électeurs des candidats battus et les abstentionnistes/blanquistes. A chacun sa tactique et son slogan. Ensemble pour Macron (histoire d'insister sur le côté rassembleur et sur l'exclamation), Choisir pour Marine comme si c'était elle, la France.

Mais Marine a choisi une tactique très personnelle, Trumpienne, elle seule contre tous, et contre Macron évidemment. Elle ne parle plus d'extrême-droite, espérant nous faire oublier cet aspect fondateur de son parti ; elle ne parle plus du FN que comme un parti (le parti) qui la soutient depuis qu'elle n'en est plus la présidente pour une quinzaine de jours ; elle ne parle plus des Le Pen, cette famille sulfureuse, pour se distancier de son père à l'image mauvaise et de sa nièce un peu trop envahissante, comme si cette histoire familiale était indissociable de son histoire à elle, elle qui vante son côté "maman".

Marine n'est plus que Marine, rétrécie à ce seul prénom et à cette couleur envahissante. Un choix très personnel, égotiste même. Un choix qui l'amène à marquer à la culotte de manière agressive son concurrent direct pour, clairement, le pousser à la faute. C'est là qu'on reconnait l'expérience des magouilles politiques de base de son parti, ces fausses vérités proférées avec force pour les rendre vraies, et cette capacité à déplacer les guerre sur le terrain qui l'arrange, en bonne lectrice de l'Art de la Guerre de Sun Tzu. En envahissant sa bulle WhirlPool dans sa ville natale, elle veut le forcer à s'énerver, ce qu'il a déjà fait dans le passé. Histoire de démontrer qu'il a "aussi" des faiblesses et qu'il est beaucoup plus loin du peuple qu'elle. Très habile, surtout pour les électeurs de Mélenchon toujours pris dans le déni de leur gourou. Le questionnaire de consultation des militants ne prévoit pas de case "Je vote pour Marine Le Pen" mais c'est comme un acte manqué, c'est une sécurité pour ne surtout pas voir ce chiffre s'afficher : combien d'électeurs de Mélenchon préfèreront voter Le Pen que Macron, la France plutôt que l'Europe, la rue plutôt que les urnes ?

L'accélération de la campagne de Macron tarde à se faire sentir, alors que plus son score sera élevé plus l'impact du FN sera faible. Il ne doit pas oublier que plein de gens ont intérêt à ce qu'il soit élu, mais avec le score le plus faible possible, pour le lier dans de futures cohabitations. A ce jeu, il risque de ne pas être élu, ce qui reviendrait à une élection de Marine, Horreur suprême. Sans atteindre les 80-20 de Chirac contre son père, Marine aimerait dépasser les 60-40 qui lui sont actuellement promis. C'est comme le marketing dans les magasins pour les prix. 59 c'est beaucoup moins que 60 et très proche dans la tête des gens de 50-50. Une dynamique forte pour remporter plein de sièges de députés, au nom du parti "Marine" évidemment...

Le moment est bien choisi pour elle d'accélérer comme le lièvre de la fable. Gageons qu'elle ne s'endormir pas au bord de la route comme chez La Fontaine et que Macron a intérêt à changer d'animal totem, car la tortue c'est pas terrible.


PS : Aviez-vous remarqué qu'en enlevant Mar de chacun des deux noms il restiez Ein (zwei drei) chez Marine et Con chez Macron ? Attention à ne pas transformer ce jeu de mots piteux en réalité authentique.

mardi 25 avril 2017

Comment s'occuper le cerveau pendant la quinzaine qui vient ?

D'abord un petit rappel pour les endormis ou les lecteurs qui ne lisent pas ce blog quotidien tous les jours (si, si, il y en a) :
- la semaine dernière, jeune marié en voyage de noces, j'avais blogué à l'avance pendant cette dernière semaine de campagne du premier tour, dans une uchronie décalée où Hamon était le fils caché de Darth Mélenchon et où Marine disait Inch Allah
- vote dimanche avec un résultat inédit et bouleversant pour la Vème République qui n'a plus de gaullienne que le numéro (comme dirait Marylin Monroe qui ne portait que du Chanel n°5) puisqu'elle était bâtie sur une dualité binaire et qu'elle a été doublement contournée par les bords et le milieu. 
- dimanche et lundi, réactions à chaud et dans la presse française et mondiale, avec des billets simples (mais pas simplets j'espère) montrant la diversité des opinions et des arguments. 
- dans deux semaines, deux événements majeurs se seront produits : nous aurons un nouveau président - homme ou femme - et ce blog aura été arreté sous sa forme actuelle. Nous reviendrons sur ces deux sujets essentiels tout au long de cette quinzaine. 

La question qui se pose est donc double : 
- aux électeurs, que voter le jour du 7 mai ?
- aux lecteurs, que lire après le 7 mai ?

Parlons un peu aujourd'hui de la première question, la plus vitale pour la France. 

Les choix possibles sont peu nombreux pour les électeurs inscrits :
1 Voter Emmanuel Macron (mon préféré)
2 Voter Marine Le Pen
3 Voter blanc
4 Voter nul
5 S'abstenir

On a beau tourner en rond, il n'y a pas d'autre choix. La plupart des politiciens professionnels et des journalistes (ce que le FN appelle le système) recommandent le numéro 1, et je ne parlerai pas ici de ceux qui choisissent directement le 2 comme au premier tour. Certains, notamment à droite, recommandent le 1, le 3 ou le 4 sans préciser, histoire de ne pas prononcer le nom honni (soit qui mal y pense). D'autres, chez Mélenchon, sont pour le ni-ni, donc pour les 3, 4 ou 5. Enfin il y a ceux qui recommandent le 2, tout en ne voulant pas de Marine, histoire que le score de Macron soit le plus bas possible et, après tout, pourquoi pas le FN ? c'est la position irresponsable de Boutin l'irresponsable et certainement de Sens Commun. Dupont-Gnangnan fera une connerie comme d'habitude. 

Certains électeurs peuvent déjà penser que le deuxième tour (sur quatre) est plié. Certains peuvent se dire que le 5 est le meilleur parfum choix. Certains peuvent faire des plans du genre billard à trois bandes sans s'occuper des "bosses" imprévues qui arrivent souvent dans ce cas, ou des effets inattendus et pervers sur les bandes. Certains peuvent vouloir oublier ce premier tour de défaite pour leur poulain et faire leur deuil en abandonnant leur droit et leur devoir de citoyen. Certains peuvent déjà penser aux législatives en attendant de voir quel sera le premier gouvernement de Macron vers le 14 mai. 

Mais il faut savoir agir, de temps en temps et à certains moments. Ne pas voter pour le choix numéro 1 ce coup-ci c'est accepter plusieurs choses :
- de démissionner de ses responsabilités collectives, dans une logique individualiste et égoïste qui se consacre sur ses problèmes personnels et le poids grandissant du NIMBY. 
- d'oublier le passé et l'Histoire, liés à l'extrême-droite en France et ailleurs, affichée ou cachée. 
- de se réveiller le 8 mai au matin dans une France recroquevillée sur elle-même et prête à tout pour mépriser l'Autre, européen ou non. 
- de tenter une aventure juste parce qu'elle est nouvelle sans s'occuper du fond. 

Les vieux, dans mon genre, ont mis du temps à digérer le 21 avril 2002. Cette année, le 42 avril comme on l'appelle déjà touche aussi bien à droite qu'à gauche les électeurs des partis classiques et qui sont tous les deux au bord de l'explosion, au profit d'une éventuelle nouvelle alliance centriste autour de Macron. Les socialistes, par exemple, pensent qu'il faut être expérimenté en politique pour gouverner, avec une idéologie forte derrière et donc des seniors, militants d'une cause, élus et au pouvoir pour contrebalancer un président qui autrement déciderait comme il le sent... Une sorte d'anti-chambre de godillots.  Attention à ne pas oublier le tiret ! Ou attention à ce qu'on exige dans la rue

Ce qui frappe cette année, et depuis plusieurs années, c'est la normalité de la présence du FN des Le Pen au second tour. Une présence annoncée depuis longtemps par des sondages souvent critiqués et pourtant jamais aussi exacts que cette fois. Faire accepter l'anormalité et la rendre normale et acceptable est certainement la plus grande victoire de Marine. Dont acte. 

A nous, citoyens, de limiter cette acceptabilité à un niveau très minoritaire. Chirac avait eu 80% des voix en 2002, dont la mienne après des affres dont je me souviens encore. Il avait ensuite engrangé un score inédit aux législatives pour la chambre bleue (pas encore bleu Marine). On prédit à Macron un petit 60% qui pourrait tendre vers un gros 50%... Autres temps, autres mœurs. Pourtant, plus le score de Macron sera élevé, qu'on soit d'accord ou pas avec lui, plus il devra composer. Sauf à trahir le peuple comme Chirac en 2002 ! Moi, je fais le pari de ce choix. Rien à perdre, tout à gagner, comme disait Pascal. 

L'assemblée nationale sera ce qu'elle sera en juin. Mais en attendant une réforme de la Constitution déjà annoncée par tous, les pouvoirs du PR, comme disent les hauts fonctionnaires et autres officiers de sécurité, restent immenses. La droite dure avait bénéficié d'un pouvoir sans limite (dix ans en comptant Sarkozy) et sans concession pour le reste des opinions et des besoins du peuple. De toutes façons, Macron s'il est élu devra composer avec une majorité à la centriste, composite et différente selon les sujets, c'est même son positionnement central et de base contre les partis en place. Une manière de tester l'ouverture, non ?

Vous voterez ce que vous voudrez ou vous vous abstiendrez. Ne confondez simplement pas les élections. Il reste 12 jours pour réfléchir. 

lundi 24 avril 2017

Oppositions en ce 24 avril

La presse sert à quelque chose. Comme toujours en cas d'événements importants, je vous ai concocté une page de Unes de la presse française, européenne et mondiale en ce lendemain de premier tour. Cette page est ici et elle contient au moment où j'écris 180 Unes... En voici juste quelques-unes :

En catalogne, tout est bon pour faire la fête



Cela suffit, non ? Hollande vient de parler pendant que je compilais ces Unes. Il votera Macron au deuxième tour, comme il aurait voté n'importe qui d'autre que Marine. Dans son court discours, il a démoli l'extrême droite, son passé et son programme, en ne disant rien de précis sur Macron, le seul autre choix possible.

On se retrouve donc avec quelques oppositions classiques à revisiter :

Droite-Gauche : les deux sont à reconstruire chacune de leur côté, quels que soient les résultats des législatives à venir. Ceux qui se braqueront sur cette opposition joueront forcément la carte des extrêmes, les seuls espaces disponibles, et des alliances.

Nationalisme-Europe : cette opposition fait froid dans le dos à ceux qui ont quelque mémoire, mais elle existe et viendra jouer un rôle central dans la suite

Elite-Peuple : une opposition classique qui va reprendre du poil de la bête, chacun y allant de sa définition du peuple (nous) et des élites (eux).

Patrie-Patrie : le même mot dans la bouche des deux candidats mais avec des significations opposées. Un mot valise depuis son abus ar Pétain.

Femme-Homme : Un homme jeune avec une femme plus âgée de 24 ans mais à la mode selon Vogue, contre une femme entre deux âges vivant avec un homme de son âge. Des modèles très opposés et pas seulement sur leur vie quotidienne ou familiale.

Renouveau-Renouveau : réel ou factice ? Un jeune candidat venu de nulle part contre l'héritière d'une vieille famille manipulatrice, ou l'héritier de Hollande contre une femme qui n'a jamais été au pouvoir

Une élection clivante. Restera à rassembler et à ne pas faire comme Chirac en 2002 qui avait été plébiscité mais avait gouverné sur sa ligne dure de droite comme s'il avait été élu normalement. Si Macron est élu, comme cela semble probable, il devra composer et rassembler. Hétéroclite ou homogène ? Un taux d'abstention forcément plus important qu'au premier tour, des voix qui se rajouteront donc à celles pour Marine. Démonstration : si sur 100 voix, 51 sont pour Macron et 49 pour Marine, Macron est élu. Si 3 électeurs de Macron s'abstiennent, c'est Marine qui est élue :(


dimanche 23 avril 2017

Tour Un

Je ne vous parlerai pas de Turron rapporté pourtant de Madrid, mais du Tour Un de l'élection. Pourtant j'aimerais bien vous narrer Madrid où j'étais en voyage de noces cette semaine, semaine pendant laquelle j'ai blogué "en avance" dans une sorte d'uchronie qui vous a peut-être amusés. 

Je ne vous livrerai pas non plus de temps de cerveau ni de nouvelle, nos cerveaux étant trop monopolisés par ce premier des quatre tours des élections françaises de ce printemps. Et comment peut-on avoir le cœur à écrire ou lire une nouvelle fantastique quand on voit Marine au second tour. 

Je vous donne juste quelques impressions ici glanées au fur et à mesure de cette soirée électorale inédite. 

20h
Macron en Un, Marine en Deux. 

20h00'01
Ouf et Merde. 
Marine ne serait pas numéro un. Imaginons un instant la France vue de l'international dans le cas contraire. Brrrr. C'est donc une excellente que Marine ne soit pas première. Pour la France. C'est également un score décevant pour les partisans du FN qui espéraient mieux pour augmenter leurs chances au Tour Deux. 

Hamon a parlé. Il appelle à voter Macron et continue le combat. Il pense au congrès refondateur et aux législatives. Il paraît impossible qu'il ait une place importante à jouer dans ce futur "parti central de la gauche". A gauche Cazeneuve et Valls suivent Macron. Et plein d'autres comme Ségolène...

Mélenchon est très haut mais pas assez. Il parlerait après 22h. Le PC ne comprend pas bien. 

A droite, avant que Fillon ne parle, c'est la débandade. Raffarin appelle logiquement à voter Macron comme Juppé ou NKM, pas Wauquiez. Puis Fillon a parlé. Il votera Macron. Il rêve d'un pays libre pour ses enfants. Et parle à l'imparfait de lui. Déjà. 

Hollande, notre François président, s'exprimera mais plus tard. Évidemment. Pourquoi parler quand tout le monde parle à sa place. De Dray à ses fidèles.

Les débats vont se diviser en deux : le front anti-FN vers un score fleuve de Macron au Tour Deux, avec des raisons diverses ; les législatives pour avoir des élus dans chaque parti, nouveau et dynamique, ou vieux et sonné. Le tout sur fond d'Europe : les pros contre les antis. Un vrai débat. 

Marine était radieuse comme le soleil déclinant à Eylau avec ses petits tambours aux ordres. Elle pose le débat comme on le pensait sur le nationalisme contre la mondialisation, la France contre l'Europe. A vomir, mais c'est son choix et sa liberté. 

Bayrou est content, enfin une troisième voie (voix) ? Il attendait cela depuis trente ans... Macron a réussi ce qu'il n'a pas réussi. Pour le moment. Il est resté prudent. 

Dupont-Gnangnan est furieux. Le pôvre appelle à voter... pour lui (non je rigole) et son parti pour les législatives. Pour le Tour Deux, il attend... un appel de Marine ?

Comme toutes les soirées électorales, il y a un moment  où cela tourne en rond. Petites phrases et désarrois.

Mélenchon a quand même pris la parole : hargneux et méchant, pas capable d'assumer sa défaite. Il a parlé pour ne rien dire. Ni-ni, il laisse ses partisans décider à sa place, être en mouvement et un mouvement. A bientôt dans la rue ? Un théâtreux jouant son rôle. A vide. Un irresponsable. C'est nouveau. 

Le premier sondage pour le second tour donne 62-38 pour Macron. C'est moins que les 80-20 de Chirac contre Papy Le Pen en 2002. Beaucoup moins. A gauche reports moyens et à droite une vraie envie de voter pour Marine. À suivre pendant 13 jours. 

Et enfin, Macron a parlé. Grosse attente. Star. François l'aurait appelé pour le féliciter en (faux) privé. Qu'a-t-il dit d'intéressant, au-delà des phrases attendues ? Alors ? Suspense bien entretenu : Brigitte est là et bien là et le show a commencé (il l'a remerciera d'ailleurs). Il a fait applaudir les 9 candidats vaincus et remercié ceux qui ont appelé à voter pour lui. Une voix grave et lucide l'habite pour rassembler plus largement (a priori pas une contrepèterie). Adieu aux deux grands partis qui gouvernent depuis trente ans. Il a opposé les patriotes aux nationalistes, histoire de couper l'herbe sous le pied du FN. Il a parlé de l'Europe. Les législatives ? Il a appelé à une force de rassemblement, de rupture, à une majorité faite de nouvelles têtes, comme la légion étrangère où on ne vous demande pas d'où vous venez. 

A ne plus suivre ce soir. Bonne nuit !

samedi 22 avril 2017

6 - Fin des vacances

Je rentre ce soir. Cette semaine fantasmée fut certainement très légèrement différente de la réalité, mais cela n'a pas d'importance. Après la nouvelle de dimanche, je pourrai bloguer normalement, sur la réalité, les deux finalistes et l'avenir de la France, en oubliant les neuf autres. 

François est en train de préparer sa valise. Une petite, pour tenir sur son scooter. Il a choisi sa résidence parisienne, un bureau qui donne sur les jardins de l'Elysée, et dans lequel il a fait installer une chambre tendue de velours rouge. Il y a prévu quelques placards : un pour Hamon, un plus grand pour le PS et un pour Mélenchon plein de boules puantes. J'ai ouï dire que François allait à Tulle ce week-end pour ne pas être à Paris et pour signer son bail, un manoir transplanté pierre à Pierre de Sablé-sur-Sarthe, vendu pour cause de faillite personnelle de son propriétaire actuel, M. F.

Le dernier samedi est un jour spécial. Chaque candidat se repose : Fillon joue au golf, Macron s'enferme avec son épouse, Marine joue au poker menteur avec sa famille, Mélenchon se fait faire un soin complet du corps. Les sept autres sont invités par Julie Gayet pour faire les sept nains. 

Vivement dimanche !

vendredi 21 avril 2017

5 - un débat vicié

Le faux débat d'hier soir nous a bien fait marrer. 11 fois 15 minutes + 11 fois 2 minutes 30., soit plus de trois heures sans compter les pauses. De quoi s'endormir plusieurs fois. 

L'idée était de boire une rasade de vodka au début de chaque interview (11 shots) puis un au milieu de chacun de ceux qui nous paraissait intéressant. Potentiellement 22 shots. Personnellement j'en ai pris seulement 13. Au dernier, je dois pourtant avouer que mes doigts tremblaient un peu sur le clavier. 

Je ne suis pas certain de tout avoir compris sauf que chacun pense qu'il est meilleur que les autres. C'était drôle de voir les invités surprise : François pour Macron, Poutine pour Fillon, Poutine pour Mélenchon,  Poutine pour Marine et Jaurès pour Hamon. J'ai trouvé Jaurès un peu pâle. L'extraterrestre pour Cheminade était bien vert et Gattaz pour Poutou et Arthaud bien rouge, voire violacé. Asselineau etait face à Rael, Lagarde avec une jolie brebis et enfin Dupont-Gnangnan face à un miroir reflétant le vide. 

Fillon a attaqué ses rivaux directs et s'était habillé comme Poutou mais, manque de bol, ce dernier avait racheté pour une bouchée de pain à Bourgi les faux costumes rendus par Fillon. Arthaud avait mis une tenus comme Marine mais en rouge et Marine etait en marinière rayée. Les autres avaient tous choisi le même costume sans saveur, sauf Macron déguisé en Tintin et Mélenchon en capitaine Haddock. 

C'est aujourd'hui la fin de la campagne officielle. Ouf !
Enfin !

jeudi 20 avril 2017

4 - Macron est sorti de ses gonds

C'était hier soir. Deux événements simultanés. La finale de Top Chef mais je ne vous en donnerai pas le résultat, puisque tous les billets de cette semaine de noces pour moi sont écrits à l'avance et donc je ne sais pas qui a gagné, et puisque vous pouvez toujours le voir en replay. Et le discours surprise de Macron. Son choix des visites de terrain, près des gens, devait montrer de lui une image fraîche et natur, loin des effets de manche de ses concurrents. Mais hier soir, en se fâchant contre les fachos, dans une colère froide et puissante et en ravalant Mélenchon au rang de tribun vide, il a montré une face nouvelle. Même Fillon n'a pas su quoi dire, coincé sur ses valeurs d'extrémitude catholique venue tout droit de Sens Commun. Cet interview surprise dont personne ne voulait a pourtant eu lieu et Macron en est sorti vainqueur sans aucun doute. Reste à voir pour le faux débat de ce soir sur France 2. 

Pendant ce temps, François se promène avant de passer le week-end à Tulle, loin de l'agitation parisienne, afin d'y préparer sa retraite. Il a reçu les concurrents du Vendée Globe, histoire de les interroger sur les grandes courses en solitaire et les grandes traversées du désert, même aquatique. Une sage précaution, avant de stocker des rations de survie et des bouées de sauvetage.

Jeudi, ce est la dernière journée pour de grandes déclarations. Les jeux sont faits pour la plupart des électeurs sauf les quelques pour cents qui choisiront au dernier moment. C'est le moment de respirer de l'air frais après une campagne étouffante. La dernière sur ce mode, puisque la Constitution va changer, c'est maintenant certain.

Tout est possible, même les dernières manipulations avant travaux. 

mercredi 19 avril 2017

3 - La surprise Marine

Cette semaine, je suis en voyage de noces. Les billets sont donc écrits à l'avance. Espérons qu'ils collent à la réalité.

Hier, on croyait avoir tout vu : Hollande derrière Macron, Hamon se désistant pour Mélenchon son père dans leur conférence de presse commune et familiale d'hier soir, Fillon dédouané de toute fraude puisqu'il avait tout organisé lui-même. Ne manquait plus que Marine.

Ce matin, à la lecture du sondage secret de cette nuit, la presse a été bouleversée : Marine n'arrive plus qu'en quatrième position : En tête au coude à coude Fillon, Macron et Mélenchon avec 23% chacun et Marine loin avec 18%. Qu'est-ce qui lui a valu cette baisse ?

Sa petite phrase d'hier soir au 20h, en réaction à ces différents ralliements entre ses adversaires, évidemment. Lorsqu'elle a dit "Je vais gagner, Inch Allah", au lieu de Si Dieu le veut. Ce trait d'humour raté a mis un trait sur son histoire d'amour avec son électorat le plus à droite. Dans le même sondage, c'est Nicolas Dupont-Gnangnan qui a marqué le plus de points (+5).

J'en profite pour vous montrer cette image qui circule dans les milieux conspirationnistes, autour de la soi-disante manipulation des candidats par le Muppet Show. C'est de toute évidence une manipulation grossière, insultante pour ces jolies marionnettes.


On se dirige donc tout droit vers un second tour original et qui pourrait même être tiré à la courte paille entre les trois ex-aequos du premier tour, comme le stipule l'article 49-49 de la Constitution.

Dans ce contexte, le bombardement par Trump du principal site nucléaire de Corée du Nord apparait comme un phénomène mineur. François va informer le Conseil des Ministres mais tout le monde s'en fout.


mardi 18 avril 2017

2- Grosse journée pleine de surprises politiques

Cette semaine, je suis en voyage de noces. Les billets sont donc écrits à l'avance. Espérons qu'ils collent à la réalité.

On en parlait hier, François s'est déclaré ce matin. Doublement même. Il soutient Macron, le moins pire et se marie avec Julie. Les réactions ne se sont pas fait attendre. Fillon crie au scandale et a reparlé d'Emmanuel Hollande. Mélenchon et Hamon, d'accord pour une fois, crient au scandale et ont redit "on vous l'avait bien dit". Marine a reparlé d'UMPS (elle file un mauvais coton en ce moment, une sorte de régression dans l'Histoire et dans le complexe de Diane).

Ce soutien va bien enlever au moins 10% des voix à Macron, mais il devrait quand même être au second tour. Il semble que François vise un poste au Conseil Constitutionnel et qu'il pense que ce soutien lui sera utile pour l'obtenir. Personne ne lui a dit que c'était automatique ? Il frémit d'aide à l'idée de rejoindre Giscard, Sarkozy et Fabius dans ce haut lieu de recyclage des anciens responsables gouvernementaux.

Mélenchon-Hamon ? On attend une déclaration commune mardi soir, après les nouvelles révélations du Canard enchaîné. Le Canard de demain révèle simultanément deux nouvelles absolument confondantes :
- Hamon est le fils caché de Mélenchon qui lui a révélé ce fait ce week-end. "Je suis ton père" lui a-t-il dit et au début, Hamon n'a pas compris, croyant à une blague cinéphile.Puis la vérité s'est infiltrée en lui, ainsi que la Force de gauche, et il annoncera son désistement ce mardi soir au profit de Mélenchon, la figure tutélaire de la gauche râleuse et anti-tout y compris elle-même. Un hommage filial plus qu'une nécessité politique.
- Fillon aurait menti sur toutes ses affaires : il aurait forgé toutes les pièces depuis des années pour se faire faussement accuser d'escroquerie et tout dénoncer à la fin. Mais le Canard, qui a été complètement manipulé ainsi que la justice, le Parlement, le Pape et même sa femme, décide de plaider coupable et annonce qu'il va voter Fillon en demandant à ses lecteurs d'en faire de même. Raz-de-marée annoncé dans les sondages.

Une semaine palpitante, donc.

lundi 17 avril 2017

1 - Manifestation des prisonniers politiques

Cette semaine, je suis en voyage de noces. Les billets sont donc écrits à l'avance. Espérons qu'ils collent à la réalité.

C'est la journée internationale des prisonniers politiques. Manifestations prévues en Corse et ailleurs. Les cloches ne manifestent pas, puisque le Vatican les a libérées et qu'elles sont revenues dans leurs clochers. En France, on aime bien les Clochemerle.

L'actualité de ce jour c'est le grand métingue de Macron à Bercy, genre rock star un peu plus énervé excité puisqu'on se rapproche du premier tour. Premier tour pour les onze candidats mais dernier pour neuf d'entre eux.

Histoire de lui couper l'herbe sous le pied, les autres candidats ont sorti plein de conneries. Si, si, plus que d'habitude, surtout du côté de Fillon : En solidarité avec les prisonniers politiques, ce dernier avait bien préparé son coup. Comme il ne se sent pas coupable d'un quelconque délit dans son affaire de mise en examen, il se considère comme un mis en examen politique, une sorte de pré-prisonnier politique. Il a donc organisé une manifestation, avec les Balkany et Sarkozy sur le thème "la manif pour moi". C'est habile. Cela aurait été mieux avec un peu plus de participants : 10 selon la préfecture, en comptant les enfants encore en vacances, 66 millions selon Fillon.

C'est lundi, le dernier jour des vacances, et ils sont tous un peu mous, gavés de chocolat et/ou de caviar. La gauche caviar a perdu de l'intérêt. On imagine bien Mélenchon manger du caviar russe acheté au cul d'un camion, mais Hamon, vu son teint, doit être vegan et Macron (la partie droite de Macron) mange du caviar normalement, de temps en temps, comme Fillon, Dupont-Gnangnan et Marine. Mais personne ne parle jamais de la droite caviar, ça ne se fait pas.

On attend avec impatience l'annonce mardi matin du soutien de Hollande à Macron, qui a fui  dans la presse.

dimanche 16 avril 2017

Du temps de cerveau pour... Une nouvelle statue

Plaque sur le socle de la statue de La Fleur, place centrale, Aéropole, Terra IV, 486 PH
La Fleur, sauveur de Terra IV et de l'Univers, 421 PH
Merci à ceux sans qui cette Terre et l'Univers seraient à Eux
Cette statue représente une fleur géante, bien accrochée dans son bulbe au sol, avec une tige complexe au bout de laquelle trône la plus belle fleur imaginable, regardant à 360°, quel que soit l'endroit où se tient le visiteur.

Extrait de l'encyclopédie humaine, article La Fleur
En 401 PH (calendrier de la planète Terra IV, post-humanisation), alors que les colons humains étaient établis depuis plusieurs siècles et avaient établi une capitale solide sur la seule île de taille exploitable de cette planète marine, Aéropole, le soir de la fête planétaire le 16 avril local, l'invasion d'Eux eut lieu. En une nuit, tous les postes de défense furent anéantis, tous les immeubles qui pouvaient servir de poste d'observation furent rasés, une pluie d'œufs meurtriers s'abattit sur la ville. Ces œufs étaient invisibles à l'œil nu, ne nuisaient pas aux humains mais explosaient chaque fois qu'un véhicule passait sur eux. En une nuit, les humains furent vaincus et dans l'incapacité de s'organiser. Eux contrôlaient la planète dont ils pouvaient exploiter les richesses maritimes en laissant les humains vivoter, avec des techniques manuelles, les seules possibles. Ils s'installèrent dans des vaisseaux ballons flottant au-dessus de la ville, dérivant au gré des vents.

En 402 PH, naquirent trois humains à Aéropole, parmi d'autres. Ces trois-là changèrent l'histoire. La Fleur était née, même si ces trois personnes ne se rencontrèrent qu'en février 421 PH.

Laf était un garçon solide mais très petit. Il ne pouvait pas faire grand chose, vu sa taille, mais cela lui permettait au moins d'aller partout où il voulait. Eux ne s'en souciaient pas, le prenant pour un enfant. Laf aimait voir le monde mais il ne voyait en face de lui que des murs trop hauts pour lui et qui ceinturaient la ville. C'est à l'âge de quinze ans qu'il découvrit son don : en se penchant légèrement en arrière et en ouvrant grand les yeux, il pouvait comme courber la lumière et voir au-dessus des immeubles pourtant sept fois haut comme lui. Il adorait voir le monde et pouvait ainsi, tout en marchant sans but dans la ville voir jusqu'à l'horizon par-dessus les toits comme s'il était un géant.

Eur était une fille splendide et élancée, mais très grande, vraiment très grande. Elle en était d'autant plus surveillée et avait interdiction de regarder en l'air, car Eux avaient peur qu'on essaye de détruire leurs vaisseaux-ballons. Elle prit l'habitude très jeune de ne regarder que le sol, en baissant la tête le plus possible. C'est également à l'âge de quinze ans qu'elle découvrit son don : à force de regarder par terre, elle pouvait voir les œufs de mort laissés partout par Eux. Ils apparaissaient devant elle aussi clairement que des carottes dans la soupe claire qu'on lui servait régulièrement.

L était un garçon surdoué. Il devint en quelques années le plus brillant de tous les humains. On le cachait aux yeux d'Eux pour qu'ils n'essayent pas de le capturer et de l'utiliser à leur profit. Les quelques humains responsables de la communauté d'Aéropole fondaient de grands espoir sur ses capacités. A quinze ans, on lui aménagea un petit laboratoire secret. Il se mît à réfléchir à des solutions pour battre Eux. Cela lui prit quelques années.

Le 10 février 421, Eux annoncèrent aux humains que leur empereur venait visiter leur planète, avant de partir conquérir l'Univers. C'était pour dans trois jours. Laf était très excité, il voyait de grands rassemblements de vaisseaux ballons au-dessus de la ville, un peu à l'écart pour qu'aucun humain ne puisse les voir par-dessus les hauts murs. Il avait vu les vaisseaux se rapprocher et se relier les uns aux autres, graduellement, jusqu'à former un gigantesque réseau au centre duquel un vide attendait le vaisseau de l'Empereur. Au même moment Eur remarquait une densité inhabituelle d'œufs de mort par terre. Elle pensa que c'était pour éviter tout problème lors de la visite de l'Empereur d'Eux. L, ce jour-là, n'avait jamais été autant stressé. Il venait de mettre au point une arme redoutable, un missile qui ferait exploser les vaisseaux ballons d'Eux. Mais il y avait deux problèmes : il fallait viser à la main, à défaut de systèmes électroniques qui avaient tous été confisqué par Eux, et comment viser quand on avait aucun moyen de voir au-dessus des murs ? Et le système de lancement devait pouvoir être déplacé sur un endroit dégagé, comme la place centrale, et comment déplacer un véhicule sans faire exploser les œufs de mort ?

C'est le destin, le hasard ou la chance qui eut raison d'Eux. Le soir du 13 février, alors que le vaisseau de l'empereur d'Eux arrivait et se connectait à tous les autres vaisseaux ballons, il se mît à pleuvoir de manière torrentielle. Laf était dehors comme à son habitude. Il ouvrit son parapluie car la pluie était vraiment très forte, même s'il n'aimait pas cela car il ne pouvait plus rien voir en haut. Et il se mît à marcher au hasard. Eur était frileuse, elle se couvrit et s'habilla avec une grosse écharpe et un gros manteau qui l'empêchaient de voir tout en bas, pour une fois. L ouvrit la porte de son laboratoire, sa silhouette dessinée dans la faible lumière du cadre. Il vit arriver par la droite une petite personne cachée sous un gros parapluie et par la gauche une grande silhouette enserrée dans un gros manteau. Aucun ne voyait l'autre et ils se dirigeaient droit l'un sur l'autre. L sentit qu'un choc allait se produire. Il cria "Arrêtez-vous !" Il y eut une seconde où se joua le destin de l'Univers et les deux silhouettes s'arrêtèrent. Il restait un mètre entre eux. Elles se tournèrent vers ce rectangle jaune de lumière et cette silhouette qui agitaient les bras. Et la pluie stoppa brusquement, comme souvent dans ce climat étrange de Terra IV.

Laf regarda immédiatement en haut. Eur regarda immédiatement en bas. Leurs yeux se croisèrent et l'Humanité fut sauvée. L'histoire du couple qu'ils devinrent est célèbre (voir l'article Eur & Laf), mais ce qui compte ici est l'intuition géniale qu'eut L. Il les appela. Il les reconnaissait, maintenant. Il avait entendu fugacement parler d'eux et de leurs talents. La bataille d'Eux (voir cet article) commença cinq minutes après cette rencontre, le temps pour L de vérifier leurs dons et de leur expliquer son plan. Ses préparatifs durèrent dix minutes pendant lesquelles ils transportèrent le lance-missiles de L sur la place centrale, Eur repérant tous les œufs de mort et les enlevant délicatement un à un pour laisser le passage au véhicule tiré par L, puis Laf repérant l'endroit où étaient les vaisseaux ballons d'Eux, et constatant que le vaisseau de l'Empereur était arrimé aux autres. La bataille elle-même ne dura que 45 secondes, le temps pour L d'appuyer sur le bouton de lancement, pour le missile d'arriver, pour le vaisseau ballon de l'empereur d'exploser puis pour tous les autres de sauter dans une gigantesque réaction en chaîne.

Jusqu'à leur mort naturelle, ensemble, en 486, les trois héros furent glorifiés non seulement sur Terra IV mais dans tout l'Univers connu. En nous débarrassant d'Eux à tout jamais, La Fleur, comme on les surnomma, avaient sauvé l'Humanite et quantité d'autres peuples. Une statue métaphorique a été construite en leur honneur, sur toutes les planètes de l'Univers. Ce sont des copies de l'originale, érigée l'année de leur mort par un des enfants eu couple Eur &Laf, l'artiste universel Nouka. 

Merci à eux.

samedi 15 avril 2017

Mariage

C'est le jour M, comme Mariage.
A l'heure où ce billet est posté - car il a été écrit à l'avance, devinez pourquoi - je suis à la Mairie avec celle qui va devenir mon épouse et dont je vais devenir l'époux, l'époux, l'époux de la Reine. AU moment où vous lirez ce petit texte, nous serons mariés...


C'est le samedi de Pâques, de toutes les Pâques cette année. Mais c'est un jour important pour l'homme qui écrit ces billets depuis presque cinq ans. Un jour de flamme, de glamour, d'amour et donc de flamour.

Un billet court, inversement proportionnel à la longueur des années à venir ensemble.


Je vous souhaite à tous de rencontrer la femme ou l'homme avec qui partager le reste de vos vies. Ca en fait des journées, des heures, des minutes, des secondes, des nanosecondes... Et il est bien de profiter de chacune d'entre elles, Carpe diem oblige, c'est le cas de ce jour unique.

Mais il faut quand même que je vous parle du programme à venir, ici sur ce blog.

- Demain, dimanche de Pâques, une courte nouvelle, anti-Perec car pleine d'E.
- De lundi à samedi, une chronique de l'élection présidentielle, écrite à l'avance, sans aucun souci de réalité, puisque n'importe quoi d'autre peut se passer par rapport à ce que j'écrirai. Une sorte d'uchronie en temps réel, histoire pour nous de profiter de notre voyage de noces et pour vous de vous changer un peu des articles de plus en plus oppressants avant le premier tour.
- Dimanche prochain, jour d'élection, une courte nouvelle
- Puis on est repartis pour les deux dernières semaines de la formule actuelle jusqu'au 7 mai !



vendredi 14 avril 2017

Qu'il est Doubs de ne rien faire quand tout s'agite autour de vous

François est dans le Doubs aujourd'hui, et oui, ce titre est un hommage au Pop Club.

François était déjà dans la même région il y a exactement une semaine, et il y revient déjà, notamment pour y visiter le siège historique de Peugeot à Sochaux. Un voyage autour de l'automobile et de toute l'économie industrielle qui tourne autour, dans une zone agricole désemparée. C'est la première fois qu'un président en exercice se rend au siège historique de Pijo. Une visite paradoxale, puisque PSA a été soutenue au début du quinquennat pour se relancer et éviter des licenciements et une faillite industrielle, mais que l'Etat a récemment vendu une part de ses parts dans le groupe, malgré ses promesses.

Une visite paradoxale donc, comme son quinquennat. Plus personne ne parle de manière objective de son bilan, enjeu de toutes les détestions, vraies ou fausses, notamment dans le secteur économique. La visite dans cette usine historique est clairement autant une tentative de valoriser ce bilan qu'une catharsis dans le domaine industriel où François a enchaîné des ministres conduisant des politiques opposées.

Il prononcera deux discours et les candidats attendent ses petites phrases. Il y a ceux qui auront droit à des critiques, des attaques et des mises en garde - comme Fillon, Mélenchon, Le Pen - ceux qui seront ignorés - comme le pauvre Hamon- et il y a Macron qui se passerait bien d'un éventuel soutien clairement dit. Le mode "soutien passif" actuel de François l'embête déjà assez comme ça. Après le premier tour ce sera autre chose car, si Macron y accède, le président en titre s'exprimera pour lui avec des variantes selon son adversaire :
- si c'est Fillon, ce sera "contre la droite ultra-libérale et conservatrice"
- si c'est Marine, ce sera l'habituel "tout sauf le Front national"
- si c'est Mélenchon, ce sera "contre un populisme et pour l'Europe"
- et si c'était Hamon par miracle, ce sera plus délicat, car il devrait alors officiellement renier le candidat de son parti.
Et si Macron n'y est pas, on verra bien. Un duel Marine-Mélenchon par exemple obligerait François à choisir entre Charybde et Scylla, mais il choisirait forcément JLM.

Il y a peu d'occasions en ce moment de parler de François. Sochaux en est une. Gageons quand même que cela ne fera pas la Une des médias. On préfère parler de la demande officielle de levée de l'immunité parlementaire (européenne) de Marine, de la part des juges du parquet financier, ou du TSMM, tout sauf Mélenchon / Tout sauf Macron.

François prend l'air dans la région, mais il se prépare aussi à la célébration de la bataille du Chemin des Dames, la grande offensive ratée de la France, il y a 100 ans. Un fait de guerre un peu oublié par l'Histoire en France, car on oublie toujours les défaites. Un exemple ? Fillon qui parle de Gergovie en oubliant Alésia, à propos de Vercingétorix...

jeudi 13 avril 2017

OK Google. Quel a été le meilleur blog de 2012 à 2017 ?

Pas de politique française aujourd'hui. On a le droit de souffler un peu, non ?

Je commente cet article vu sur Le Monde. Comme toujours, un article à plusieurs niveaux de lecture, que je vous encourage à lire avant de revenir lire la suite de mon billet.


Burger King aime les pubs étranges et qui font parler d'eux. C'est le seul moyen d'espérer combattre McDo et ses budgets publicitaires aussi gros que leur quintuple maxi super burger. Ils ont donc concocté une courte pub de quinze secondes qui active la recherche Google via le fameux "Ok Google" et qui renvoie sur la page Wikipédia qui détaille ce qu'est leur hamburger phare, le Whopper. Les téléspectateurs malheureusement équipés d'un assistant personnel Google se sont donc vus lire la première phrase de l'article de Wikipédia sur ce hamburger. Rigolo et bien trouvé, pensaient-ils.

Mais Wikipédia n'a pas aimé. Cette encyclopédie collaborative déteste qu'on la manipule, d'autant plus que Burger King avait fait changer la page quelques jours avant pour la rendre plus conforme à la vérité leur brochure de pub. Plusieurs personnes en ont profité pour recharger la page dans l'autre sens (Le Whopper c'est de la merde, par exemple) et les mécanismes de sécurité de Wikipédia se sont déclenchés, comme toujours en cas de page "chaude" : la page est bloquée et ne peut être modifiée que par les collaborateurs identifiés, certains comptes ont été bloqués...

Google n'a pas aimé non plus, eux qui vendent pourtant de la pub à tour de bras. Se faire manipuler quand on s'appelle Google et qu'on manipule tous les autres ? Impossible ! Leur assistant (commandante par eux à distance) ne répond plus à cette pub ;)

La perte de liberté du téléspectateur moyen un peu équipé est terrible sur ce coup. La pub, c'est la pub. On connait. On sait la différence avec l'information ou le divertissement. En tous cas on n'aime pas se faire avoir. Mais quand on est emballé successivement par plusieurs moyens, on a le droit de sentir qu'on vit dans un monde de plus en plus liberticide. Ajoutez et mélangez bien : un annonceur (burger king qui ne mérite plus, du coup, ses majuscules), un publicitaire (allumé et geek croyant à la technique plus qu'aux humains), un média (la télé), un relais (Google, le roi de la pub contrôlée par lui), du contenu (Wikipédia manipulée sournoisement par de la fausse info et un usage commercial d'un projet à but non lucratif), et un humain standard avachi sur son canapé (nous).

Cette confusion entre publicité et vie numérique, maintenant vie réelle grâce aux objects connectés et autres substituts "intelligents" de la vie quotidienne, ne vous interpelle pas ? Au-delà de la faute du publicitaire et de l'annonceur qui ont raté leur coup, créant même un buzz négatif sur ce coup, il y a la multiplications des moyens qu'a la pub pour nous toucher, nous capter. Avec un peu d'imagination on peut penser à plein d'autres manières de nous attirer dans les filets des marchands. Je n'en décrirai pas ici car, si un publicitaire me lit, il me piquera sans vergogne ces idées. Il ne manquerait plus que ça ! A l'heure du collaboratif détourné, lorsque le travail des humains normaux sert à développer et à faire vivre des compagnies ubérisantes, ce n'est pas la peine en plus d'avoir des exploitations sans aucun contrôle.

Ce qui est drôle dans l'affaire c'est que burger petit king est une entreprise qui fabrique quelque chose de concret, de mangeable (hum, ça dépend), et qu'ils ont réussi à détourner à la fois le géant commercial Google et le géant associatif Wikipédia. D'habitude, sur ce marché ubérisé, ces entreprises 2.0 ou 3.0 ne produisent rien et se contentent de mettre en relation des clients et des producteurs de biens ou de services, dans une logique de pur négoce, avec marges à la clé. Ici c'est le contraire. Un signe avant-coureur ?

Petit exercice pratique, pour celles et ceux d'entre vous qui ont un assistant Google Home pas loin et branché : lisez à haute voix la phrase suivante, d'une voix claire :
"OK Google. Quel a été le meilleur blog de 2012 à 2017 ?"

Et profitez bien !

mercredi 12 avril 2017

Accord improbable à gauche entre Hamon et Mélenchon ? Vraiment ?

Un article parmi d'autres sur ce sujet brûlant à gauche : Hamon-Mélenchon.

Au début, avant la liste officielle des candidats, Hamon exigeait que Mélenchon passe sous les fourches caudines socialistes (mon correcteur veut écrire chauvines, c'est incroyable, non ?), perde la face et se désiste pour lui, pour la gloire éternelle du PS. Mélenchon a dit non de sa voix râpeuse. Hamon, à cette époque, passait plus du temps à essayer de rassembler au-delà du PS (verts et insoumis) qu'às'ovvuper des dissidents au sein même du PS. Erreur fatale qu'un ancien frondeur n'aurait pas dû commettre. Il s'est fait fronder et humilier par Mélenchon. Puis de nombreux socialistes ont quitté le navire PS pour aller rejoindre la caravelle Macron. Ensuite le discours séducteur envers Mélenchon a diminué mais a subsisté.

Et puis badaboum, Mélenchon a doublé Hamon dans les sondages. Doublé (impensable avant dans le "logiciel du PS") au sens dépassé. Puis doublé au sens "deux fois"et même plus. A moins de 10% (toujours dans ces fameux sondages qui remplacent la démocratie comme demain les robots remplaceront le travailleur... non, non, je rigole) Hamon frise le ridicule. Il ne manquerait plus que Dupiont-Gnangnan le double lui aussi !!! Gare à rester au-dessus des 5% pour se faire rembourser les frais de campagne quand même.

Mélenchon, lui, ne demande pas à Hamon de se retirer, mais leurs "entourages" se parlent et se connaissent très bien. L'article sus nommé (et non suce-nommé, attention à la bonne tenue de l'orthographe) mentionne tous les obstacles qui s'opposent à un abandon de Hamon : légal, financier, pratique, temps de parole... Instructif. Sa conclusion : souhaitable, mais improbable !

Mais la question devrait être politique. Entièrement politique, non ? L'intendance suivra comme disait le grand homme grand de droite, ancien président (indice : ne pas confondre avec le petit homme petit de droite, récemment président).

De quoi la gauche a-t-elle besoin :

  • ceux qui croient encore à la gauche du programme commun, se réjouissent d'une candidature de Mélenchon le tribun, un homme qui rassemble et manipule comme en 1981, mais ils aimeraient bien qu'il sache rassembler.
  • ceux qui croient à une politique très à gauche et qui veulent marquer aussi dans les urnes ce choix ne veulent pas d'alliance. Ils se préparent déjà aux manifestations du prochain quinquennat.
  • ceux qui veulent simplement qu'il y ait un président de gauche au second et dernier tour, pensent n'avoir le choix qu'entre Hamon (pour l'honneur), Mélenchon (la surprise possible) ou Macron (si tant est qu'il y ait dans son droite ET gauche assez de gauche. C'est le coeur déchiré qu'ils voteront, en se rabattant au second tour sur celui qui sera le moins à droite, comme en 2002 lorsque Chirac a arnaqué le peuple de gauche.
  • ceux qui sont pour l'Europe, réformée, ne voudront pas voter pour Mélenchon, sauf s'il y avait un accord politique avec le PS. Si les deux parties le veulent bien.
  • ceux qui sont à droite de la gauche et qui pensent que l'aventure Macron vaut le coup d'être tentée, en laissant la rue à la gauche de la gauche, puisque le contraire est tout-à-fait invraisemblable.
  • ceux qui aiment François (dont essentiellement François en ce moment) suivront son avis, puisqu'il vient de dire qu'il craignait non seulement Marine mais aussi le tribun Mélenchon, du moment que son poulain évident - Macron - est un peu moins le favori.
  • enfin, ceux qui rêvent d'être élus députés, quelle que soit la "majorité future, homogène ou composite, cherchent à s'allier à la bonne "composante" et s'ils sont un peu cyniques happent complètement l'élection présidentielle. Après tout, il y a des "partis" à financer par des députés...

Politiquement, Hamon devrait évidemment se retirer pour Mélenchon, même s'il y a un grand écart entre leurs positions sur plein de sujets, au nom d'une victoire possible de la gauche. Mais Hamon ne décide pas seul, car il y a le PS, plus divisé que jamais. En son sein, il y a ceux qui veulent Hamon / Mélenchon / Macron et ceux qui ne veulent pas trancher en attendant le deuxième tour. Comme un signe d'une mort de la gauche pour quelques cycles, quelles que soient les décisions prochaines. Finalement, la gauche peut remercier Macron, mais elle ne le dira pas publiquement tout de suite.

Malheureusement Arlette n'est plus là, et le vote "utile" est plus nécessaire que jamais. Reste à définir l'utilité... "C'est vous qui voyez"... Bizarre de voir comme les individus ont pris le pas sur les partis cette année. Bien au-delà du faible poids accordé aux programmes, c'est à une dévalorisation des partis qui les portent qu'on assiste. Alors, au match des personnalités, il ne reste que la séduction (intellectuelle ou autre). Et là, évidemment, Hamon ne fait pas le poids, avec son air contrit de ne pas vouloir être élu, surtout face à l'appétit carnassier et rigolard de Mélenchon ou à la jeunesse tentante de Macron.

mardi 11 avril 2017

Poésie d'eux

Dimanche, je bloguais sur Le Poète, une nouvelle parmi d'autres, comme presque tous les dimanches. Pourquoi ? Comment m'est venue cette idée ? Je crois que c'est la lecture d'un tweet puisque ce 9 avril était l'anniversaire de Baudelaire. D'un poète à Le Poète ?

Aujourd'hui, c'est une autre commémoration, autour de la mort il y a 40 ans de Prévert, le poète du monde moderne de naguère. J'en parle régulièrement ici de ce poète qui réveille en nous le sourire de l'enfance, de l'anarchie, de la liberté et de la beauté simple. Je vous remets mon lien favori sur lui, c'était le 22 novembre 2015. 
 

Et dire qu'en 1977, lorsqu'il est mort le poète (à ne pas confondre avec la chanson de Bécaud qui date de 1965), l'Internet n'existait pas, ni le rap français, ni les radios libres... Un individu comme Prévert, qui aimait rêver et nous faire rêver, aurait tellement détourné ces outils pour sculpter sa poésie... On en bave. Et ce n'est pas le printemps des poètes qui va nous le ramener ce printemps. Nous amener à sourire, frissonner, rire, frémir, vibrer, vivre, sensualiser. Pourtant, pourtant, les poètes existent. Il suffit de trouver leurs nids, de les dénicher. 

La poésie imprimée est toujours aussi confidentielle. Une sorte de danseuse pour éditeur croyant en la vie malgré le pessimisme de ses collègues. La poésie aujourd'hui est de plus en plus déclamée, dite, chantée, imagée. Signe de notre temps guidé par l'image sous toutes ses formes. Même le Haïku change et peut devenir tweet, snap ou clip. Et pourquoi pas ?

Mariage ça te dit ?
Mariage, ça nous dit !
Mariage samedi.

Comme quoi, dans la poésie, il n'y a pas que la forme. Il y a le fond aussi. 

lundi 10 avril 2017

Affiches

C'est le printemps dans le ciel et en même temps les affiches poussent sur les panneaux électoraux (au moins 80 000 emplacements en France à multiplier par 12 = 11 + 1 pour les instructions, sur le panneau 0, soit au moins un million d'affiches). Depuis la vogue de l'Open Data, un groupe a mis en ligne un site pour calculer le chemin optimum pour coller ses affiches sur ses panneaux quand on est un militant (et pas sur les panneaux des autres ou sur les édicules, ouverts ou fermés).

Bon, c'est à Montréal, mais un édicule reste un édicule où qu'il soit, non mais !

Dans l'ordre (tiré au sort par le Conseil constitutionnel), nous avons donc les affiches suivantes, ici succinctement commentées.

Très "droite" genre Sarkozy. Rien à dire, sauf le nom de son parti. Un côté clair, un côté sombre avec des ombres un peu sales. Un plat pays derrière. Waterloo morne plaine ?

L'ordre en 5 ans. Ola ! Une femme qui va faire le ménage ? Un cliché sexiste ? Du bleu et de l'or, comme à la grande époque des Rois de France devant un décor-mur. Brrrr . Un sourire entre carnassier et Mona Lisa, à vous de choisir.

Une photo dans la rue, mais sans vent (et pas en marche visiblement). Un air un peu apeuré, la gorge sèche. Une chance pour tous, c'est donc une logique d'équité, d'égalité des chances, mais pas plus.

Moi. Moi, partout, comme dans le journal du maire. Un bon copain pour nous faire vibrer. Un positif, mais un peu de travers, comme avec un pas de côté, et même un recul. Attention à ne pas tomber.

Ouf !!! Message subliminal en hommage à Arlette. Il y a une affiche plus simple, mais pourquoi s'en priver ? Le camp des travailleurs ? Pas un camp de travail, on espère. En tous cas, un regard franc sur un fond rouge évidemment.

Un très gros plan avec une visière de casquette mal placée. Nous contre eux, message simple. Profitez de la vie au lieu de vivre de vos profits. Un rouge à peine teinté de blanc comme Coca.

Euh ? Un slogan obscur, comme un appel du 18 juin à la résistance. Une forte ressemblance dans le slogan avec l'affiche juste au-dessus, un comble...

Simple. Regardons vers l'avenir et la ligne bleue de l'horizon. Le temps est venu, avec un point final. Point final. Le temps de quoi ? Le temps pour lui ou le temps pour nous.

Est-ce une mer déchaînée pour détacher les chaines qui enserrent le peuple. Jean Valjean ? Un Mélenchon pas rasé, très djeun. La force soit avec lui et le PEUPLE aussi !

Ça c'est certain. His-to-ri-que ! Pourtant, il avoue qu'il n'a aucune chance d'être élu. On dirait l'Elysée, derrière, non ? Un rêve pour lui, un cauchemar conspirationniste pour nous.

Affiche très détournée déjà. Volonté ? Vol éhonté ? Pas volupté en tous cas. Une affiche très XXème siècle, voire XIXème. Au lieu du moi, l'emploi d'un article indéfini. Ni coupable, ni innocent. Du flou et des rides. Beau costume, en tous cas.

Il y a plein de détournements sur l'Internet, naturellement, mais voici celui que je préfère, parce que c'est une enseigne réelle, près de Barbès.


 

dimanche 9 avril 2017

Du temps de cerveau pour... Une nouvelle poésie

Le grand jour était arrivé. Hané allait pouvoir assister à la grande réunion publique de Le Poète. C'était la première fois qu'il se produisait en public, devant une foule qui lui serait évidemment acquise. 

Hané avait tout juste vingt ans. Sa vie entière avait été baignée de poésie. Elle en lisait depuis qu'elle avait appris à lire dans l'anthologie de poèmes de sa mère, elle aussi fascinée par la beauté inscrite dans ces mots et qui apparaissait dans toute sa splendeur au premier regard. Hané et sa mère allaient dès que possible aux lectures par les poètes eux-mêmes ou par des acteurs connus et dotés de voix graves et lentes. 

Hané aimait tous les poètes. Elle avait ses favoris comme tout le monde, mais elle avait un faible pour Le Poète. Sa voix chaude et rauque à la fois faisait résonner en elle des vibrations comme nulle autre. On pouvait entendre de temps en temps sa voix à la radio, parlant de lui ou de rien, et Hané était littéralement magnétisée par cette voix. Sa mère, qui en avait vu d'autre, des poètes, était tombée comme elle sous le charme de la voix de Le Poète, si riche en vibrations. 

Une fois, après des heures d'attente sous une pluie chaude d'été, Hané avait pu voir Le Poète en vrai. Il était grand. Plus grand qu'elle, encore, alors qu'elle dépassait la foule d'une tête. Il l'avait regardée dans les yeux, eux seuls au-dessus de cette mer d'humains, et avait demandé "ton nom ?" Quand Le Poète se déplaçait, il y avait toujours une foule autour de lui, mais une foule absolument silencieuse, comme si le moindre espoir d'entendre sa voix ne devait être diminué par aucun autre son. Rien à voir avec les vedettes de la chanson, qui étaient en permanence entourée d'un nuage épais de cris. Hané avait répondu simplement "Hané" et il s'en était allé. Elle était devenue toute rouge et tous ses voisins l'avaient regardée. Ce jour-là elle avait senti la différence essentielle entre sa voix à la radio et sa voix en vrai. Comme si on comparait un soleil brûlant d'été sur une plage de sable blond et une ampoule nue au bout d'un filament dans une pièce triste. 

C'est ce jour-là qu'elle avait décidé de l'entendre en vrai chaque fois que possible. Mais Le Poète se déplaçait beaucoup, invité partout. Et ni Hané ni sa mère n'avaient beaucoup d'argent. Lorsque Hané entendit parler de cette première lecture publique à l'autre bout du continent, elle fit tout pour y aller. C'était un gros sacrifice et elles n'avaient de l'argent que pour l'une d'entre elles. Sa mère exigea que ce fût Hané. Hané protesta pour la forme mais ses yeux disaient le contraire de ses lèvres. Sa mère lui dit que de toutes façons elle écouterait le lecture à la radio, même si ce n'était pas pareil. 

C'est ainsi que Hané se retrouva dans cette immense salle. Elle était dans les tous premiers rangs. Ils étaient tous debouts, devant cette scène encore vide qui allait accueillir dans quelques minutes celui qu'on surnommait le plus grand poète du monde, Le Poète. Pas besoin de nom. Tout le monde connaissait son surnom, son visage jeune et ses yeux noirs, et sa voix de velours en bronze. 

Ils attendaient tous. Pour la première fois Le Poète allait réciter ses poèmes en public. Jusqu'à maintenant, en effet, Le Poète n'avait jamais récité de poème. Il n'en avait d'ailleurs jamais écrit aucun. 

Hané, comme toutes ses admiratrices, comme le monde entier, savait que Le Poète serait connu pour l'éternité comme Le Poète parmi les poètes. Qu'il ait écrit des poèmes ou non n'avait pas d'importance. C'est comme si la reconnaissance de son immense talent précédait son écriture. Le Poète était le contraire du poète maudit qui avait baigné quelques siècles de culture approximative. Pourquoi laisser mourir de faim un poète au lieu de l'encenser avant sa mort ? Il était beaucoup plus civilisé de reconnaître très tôt son talent, non ? Même avant qu'il écrive...

Ce soir donc, Hané, comme les autres spectateurs privilégiés et comme les millions d'auditeurs qui allaient écouter Le Poète, Hané allait l'entendre réciter ses premiers poèmes. Une émotion extraordinaire. Elle flamboyait au-dessus de la foule. 

Le Poète entra sur la scène. Le silence fut soudain et profond, ramenant le silence précédent au rang d'un chahut de bambins. Il s'avança au milieu de la scène. Il était vêtu d'un blanc éblouissant. Hané était à moins de dix mètres de lui. Les yeux de Le Poète firent le tour de la salle puis tombèrent sur Hané. Il sourit. Il dit "Hané ? Viens !"

Hané rougit. Il lui avait parlé ? Il se souvenait de son nom ? Il voulait qu'elle monte avec lui sur la scène ?

Elle n'eut pas le temps de réfléchir. Malgré la foule compacte, un espace s'ouvrit devant elle et elle fut comme poussée vers l'escalier central qui montait vers la scène. En moins d'une minute elle fut à côté de lui. Il prit sa main gauche dans sa main droite. Elle n'osait pas bouger. 

Le Poète dit alors "Voici Hané. Elle va vous réciter un de mes poèmes". Puis il sortit de sa poche gauche une feuille pliée et la donna à Hané. Seul le bruit du papier déplié par Hané troubla le silence de la salle. Hané regarda la feuille, puis Le poète. Il lui sourit. Le titre manuscrit du poème, en haut de la page, était "Hané" comme si Le Poète avait su qu'elle serait là. 

Hané se racla la gorge et dit "le poème s'appelle Hané". Sa voix fut soudain forte et pure. Elle pensa à sa mère, aux millions de gens qui écoutaient cet instant, à Le Poète qui lui tenait encore la main. La poésie l'envahit. 

Elle récita le poème. Un poème long comme l'été et épais comme un livre. Un poème beau au-delà de toute imagination. Un poème que sa voix transcendait. Un poème dont la récitation dura presque trois heures. Un poème qui justifiait à lui tout seul la réputation de Le Poète. 

Quand ce fut fini, Le Poète lâcha sa main et s'inclina devant elle. Puis vinrent les applaudissements. Elle ne bougeait pas, comme transfixée. 

Le lendemain matin, en se réveillant, elle ne se souvint que de deux choses : la plénitude de l'amour qu'elle ressentait pour Le Poète, l'homme qui était nu à coté d'elle dans le lit ; et la feuille de papier sur la table de nuit : une belle feuille blanche et vide, avec le seul mot "Hané", en haut. 

Le poème de Le Poète fut acclamé unanimement. On comparait son souffle aux plus grands poèmes du passé sans lui trouver d'égal. Le poème fut lu en séance publique par des milliers d'apprentis poètes, mais seule la version lue par Hané fut retenue par l'Histoire. De ce jour, Le Poète ne quitta plus Hané. A chaque nouveau poème, c'est Hané qui le récitait. Ils vécurent heureux et longtemps. 

Aujourd'hui, trente ans après leur mort simultanée en scène, un soir d'hiver, leurs archives ont été rendues publiques. Des centaines de lettres d'amour envoyées par Hané à Le Poète, et toutes les feuilles originales qui contenaient les poèmes originaux de Le Poète. Chacune de ces feuilles ne comporte qu'un titre. Rien d'autre. Les seuls mots écrits par Le Poète sont des titres. Nous ne saurons jamais d'où viennent les poèmes de Le Poète. Étaient-ils des créations de Hané, des vocalisations par elle des poèmes transmis par la main de Le Poète, ou une alchimie unique entre eux ? Nul ne sait. Mais après tout, qui s'en soucie ? Les poèmes restent, pour notre plus grande émotion. Et il a juste suffi d'un pluriel pour modifier le nom de Les Poètes. 

samedi 8 avril 2017

Les Fillon ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnait

Sans paraphraser Michel Audiard. Dans le genre tonton flingueur, Fillon y va de plus en plus fort.

En se comparant à Vercingétorix qui a gagné contre Jules César à Gergovie, il place Macron en empereur. Macro se déclare jupitérien d’ailleurs mais ce n’est pas tout-à-fait la même chose et il ne donne pas l’impression de se sentir sorti de la cuisse de Jupiter. Le petit Fillon contre le grand Macron ??? Un aveu de faiblesse qui fait l’impasse sur l’Histoire. Rendez-vous à Alésia (ligne 4) quelques mois après Gergovie ? Un style bien ridicule qu'on croyait disparu depuis les discours de Sarkozy. Sarkozy qui vole au secours de l’ambulance Fillon dans les deux dernières semaines, pour qu’on ne l’accuse pas d’avoir laissé perdre son camp, et pour reprendre le rôle qu’il préfère, celui de l’homme du recours. Lorsque Fillon parle de César comme le favori des sondages, il a une vue bien bête de l’Histoire. César était le meilleur des généraux de son temps, mais à ce moment là il n’avait pas encore franchi le Rubicon avec ses troupes, En Marche vers Rome.

Fillon tient son grand meeting parisien ce dimanche. Il aime bien le dimanche, ça permet de faire venir plein de gens sans qu’ils ratent la messe. Sera-t-il enfariné encore une fois ? Aura-t-il eu le temps de faire nettoyer son costume chic ? Le suspense est terrible. C’est pourtant un titre de gloire de se faire enfariner ou entarter. Il devrait être fier, non ? Quand on pense à tous les bretzels alsaciens qui auraient pu être réalisés avec cette farine gâchée...

Je suis le seul qui ait un cap, que dis-je une péninsule enfarinée !

Fillon en veut aux journalistes, aux juges, aux suppôts de Satan que sont les gens au pouvoir. Il a dit : «  Dans la société contemporaine d’hypercommunication, le secret des sources des journalistes doit être adapté au respect des droits des personnes physiques et morales sans porter atteinte à la liberté d’expression »... Incroyable, hein ? pour celui qui pourrait être le gardien de la Constitution et celui qui incarne la France et ses droits. Peut-être devrait-il se faire soigner ? Un gâteau sarthois à base de farine ? Un sablé ?

Les sondages ne sont pas tendres avec Fillon, car il se fait rattraper par Mélenchon, dans cette course à quatre maintenant : Macro et Marine, Fillon et Mélenchon. Hamon est lâché mais tiendra bon jusqu’à l’absurde. Les politiciens se foutent de plus en plus de la présidentielle, car ils pensent que le Président élu devra composer avec une majorité éclatée, recomposée vraisemblablement. Même Fillon sait qu’il devra le faire, vu l’état de fronde chez les Républicains s’il est élu par hasard. Les sondages ne sont pas tendres mais les commentateurs non plus : nombreux sont ceux qui qualifient la campagne de Fillon de pathétique, ridicule, honteuse pour un homme qui se veut d’Etat.

Il reste deux semaines avant le premier tour.
Dans l’état actuel du quarté gagnant, on aurait au second tour, sauf surprise colossale, du genre ralliement de  :
Macron-Marine : le duo attendu par les sondages, extrême contre centre
Macron-Fillon : le duo droite-gauche classique selon Fillon
Macron-Mélenchon : le duo de styles, la chute de la droite massivement rassemblée
Marine-Fillon : 2002 revisité, l'horreur
Marine-Mélenchon : le duo le plus roublard et grande gueule, et tant pis pour l'Europe
Fillon-Mélenchon : le duo droite-gauche classique selon Mélenchon

Enthousiasmant, hein ? Comme je vous le disais, Fillon c’est l’homme du classique, du clivage et du passé revisité. Brrrrrrrrrr.