mercredi 24 janvier 2018

Spécial Davos : message aux riches

Être c'est faire, ou faire c'est être ? Platon ou Socrate ?

Les vieux philosophes ne sont pas à la mode à Davos, où l'on célèbre le pouvoir, la richesse extérieure (comme dit Geluck à travers son Chat, il y a peu de signes extérieurs de richesse intérieure) et les apparences people du contrôle des masses.

Chaque année, à la même période, Davos rassemble le gratin des décideurs, sélectionnés sur invitation et par le montant élevé de la participation, entre les droits d'inscription, les voyages les hébergements et les frais administratifs pour organiser le mieux possible les rendez-vous de réseautage. Le thème de cette année est très instructif : "Créer un avenir commun dans un monde fracturé", prière de ne pas rigoler, le sens de l'humour n'est pas ce qui caractérise le mieux le pouvoir.

Recoller les morceaux dans un monde fracturé à dessein est une illusion. Il s'agit plutôt, en fait, de mieux exploiter les fractures pour en tirer profit, à coup de disruptions ou de changements profonds, mais sans aller jusqu'à la Révolution avec une majuscule, ils ne sont pas fous quand même. Le pouvoir comporte des droits et des devoirs, une double expression souvent cachée derrière le mot responsabilité. Vous vous souvenez peut-être du "responsable mais pas coupable" de Georgina Dufoix, qui permet de limiter les devoirs tout en gardant les mêmes droits. A Davos, l'exercice sera simple : parler d'avenir commun en ne disant pas à qui on s'adresse, tout en essayant d'exploiter au mieux les fractures actuelles des sociétés diverses qui parcourent le monde. Ceux qui rêvent en pensant à une illustration de ces mots voient ceci : l'or (des riches) sauvant le monde des pauvres (tasses)

Les autres voient plutôt ça : l'exploitation minière (des riches) fracturant les glaces des pôles (et des pauvres)

Il ne s'agit pas d'être angélique et surtout pas à propos de Davos. Pour moi, ce week-end, ce ne sera pas Davos mais Angoulême et ses bulles à regarder plutôt que boire. Heureusement il reste l'art et la création sous toutes ses formes.

A Davos, on parlera beaucoup des femmes cette année, sans compter le nombre de femmes, toujours aussi peu présentes malgré une "Direction" affichée comme uniquement composée de femmes. On ne parlera évidemment pas de harcèlement ni des méchants qui abuseraient de leur pouvoir sur de pauvres femmes, cela serait malpoli. On parlera donc beaucoup des femmes, partiellement, mais que se passera-t-il concrètement ? Y aura-t-il un #balancetonchef ?

A propos de fractures, il y en a tellement qu'il va falloir choisir lesquelles combattre et lesquels renforcer, car il semble impossible de toutes les résoudre à la fois. L'art du politique (et du pouvoir) est de déplacer la bataille sur un terrain favorable. C'est Sun Tzu qui en a parlé le premier dans l'art de la guerre, puis Machiavel.

Un homme de pouvoir a donc une tâche simple : choisir le terrain d'une fracture qui ne le gêne pas et sur lequel cela ne pose pas de problème de parler (sans agir) ; ainsi il évite de parler ou d'agir sur les fractures dont il est responsable (mais pas coupable, hein ?).

Davos c'est simple, donc. Pas besoin de philosophe pour cela... Bon séjour !

lundi 15 janvier 2018

Les attaques contre les femmes.

Sujet délicat mais incontournable : les attaques contre les femmes.

Par attaques, j'entends tout ce qui se rattache au harcèlement sexuel (récurrent), aux violences sexuelles (du viol aux frotteurs), aux agressions sexuelles même verbales ou par le biais de lettres anonymes, et de manière générale à tout ce qui est ressenti comme violence par une femme contre son état de femme. Il s'agit d'une définition large, appuyée sur le ressenti. Elle exclut donc tout ce qui est du désir partagé, même si la frontière est floue puisque la violence est tout autour de nous, sous plein de formes différentes, y compris sociales. Elle exclut l'amour, puisque l'amour exclut la violence. Les violences par amour partagé peuvent être une partie de l'amour, si le coeur vous en dit, ou en être exclues si au contraire le coeur ne vous en dit pas. C'est un débat universel mais qui se décline différemment selon les cultures, les religions, les traditions et l'historique national. Aux USA ou en France, ce n'est pas le même, car les priorités sont différentes et c'est encore plus vrai dans les pays en crise où les plus faibles (donc les femmes et les enfants) souffrent le plus.

Par femmes, j'entends les femmes/filles de tous âges et de toutes conditions, dans toutes les circonstances. Quelle que soit l'état de force ou de faiblesse. Evidemment, tout ceci est transposable à d'autres schémas que la relation femme-homme, et s'applique à d'autres mélanges LGBT ou simplement humains. Mais dans le contexte du débat actuel, de #metoo, #balancetonporc, la tribune de Deneuve et consorts, les contre-tribunes, la contre-lettre de Deneuve et les déclarations intempestives et scandaleuses de certaines (et certains), le débat est déjà suffisamment riche pour se contenter pour le moment de cette question.

Je suis un homme. Heureux en amour. Cela ne m'ôte pas le droit de penser, d'agir ou de parler. En parlant je prends le risque de ne pas me faire comprendre, y compris des femmes que j'aime et côtoie. Cela dit, je ne peux pas ne pas écrire quelques mots. C'est une question trop importante.

L'histoire du féminisme, en France principalement, est riche de rebondissements et de crises. Il y a eu des périodes héroïques et des périodes de calme, voire même de régression comme depuis un grand nombre d'années. Les aspects politiques et sociaux interfèrent avec les aspects personnels, comme dans tous les domaines où la liberté est en jeu. Mais quand les deux se rejoignent et touchent à la substance même de notre être, il y a de multiples dangers d'amalgames. Un homme standard, relativement éduqué et ayant une place dans la société se sent automatiquement mieux dans sa peau qu'une femme exactement dans la même situation, qu'il s'en rende compte ou pas. Comprendre cette différence, non liée à l'état homme-femme, mais à la manière dont la société nous éduque, nous moule, nous contre-moule, est essentiel. Faire comme si cela n'existait pas n'empêche pas de vivre, bien sûr, mais cela nous interdit d'agir pour faire évoluer la situation, comme si c'était une fatalité ou un non-sujet.

Imaginez une situation d'attaque, quelle que soit sa forme. Imaginez-vous être à la place d'un des acteurs du drame (la femme, l'homme, le témoin passif, l'intervenant actif, l'autorité...) à des moments différents (avant, juste avant, pendant, juste après, longtemps après...) et avec des états d'esprit différents (fragile, fort, dragueur, salaud, effrayé, lâche...)  Essayez honnêtement de ressentir ces différents points de vue. C'est un abîme, non ? La réalité est toujours plus complexe qu'un geste ou qu'une parole simple. Toujours.

La paradoxe du débat actuel, lancé rappelons-le par des stars américaines à qui rien ne manque, c'est qu'il peut relancer une vague anti-féminisme, anti-femmes même.

Anti-féminisme, car il y a pleins de courants qui traversent ce débat et les contre-articles se succèdent de manière effrayante en ce moment, chacun jugeant à visage découvert n'importe quelle prise de parole (quand on est connu) ou de manière anonyme sur les réseaux sociaux (pour la grande tribu des trolls et autres excités par l'Internet et le quart d'heure de gloire) : comment discerner le témoignage de la fake news ? Le féminisme est encore d'actualité aujourd'hui, mais ce n'est pas en y allant en ordre dispersé que des progrès seront faits, je crois. Anti-femmes aussi, car les petits et gros cons profiteront de tous les dérapages pour se saisir de nouveaux arguments, de toutes les petites phrases pour les détournement.

Que faire, à part parler ? Agir.

Agir chacun dans son coin, déjà. A chaque occasion de témoigner ou d'intervenir, à chaque occasion d'éduquer, de montrer par l'exemple et avec élégance ou simplement un sourire. Aller discuter avec les gros cons même au risque de se prendre un pain dans la gueule.  Agir ensemble si on se sent l'âme militante ou politique.

Je prône souvent ici la richesse de la diversité, l'importance des autres pour nous-mêmes et la recherche du bonheur pour soi et celles et ceux qu'on aime. Pourquoi ne pas l'appliquer aussi aux femmes, cette écoute (qu'on appelle aujourd'hui bienveillance, mot à la mode) ?

Je sais qu'il n'y a pas souvent des commentaires sur ce blog, mais s'il y en a sur ce billet, merci de rester positif.

lundi 8 janvier 2018

Début

Oui, évidemment,

C'est le premier billet de l'année et c'est l'occasion de vous souhaiter plein de bonnes choses, surtout de bonnes surprises, car qui a envie de voir les mêmes choses se reproduire jour après jour. Les voeux traditionnels tournent dans toutes les têtes et chacun essaye d'y mettre un grain de sel personnel, au-delà du "bonne santé" qui reste le fond de commerce le plus fréquent.

Oui, évidemment,

C'est l'année 2018 et il y a toutes sortes événements prévus et anticipés, du Mondial de foot en Russie avec justement la Russie de Poutine déclarée vainqueur quoi qu'il arrive, au Tour de France avec un Froome dopé à mort mais c'est légal puisqu'il est bien connu que les asthmatiques sont tous des sportifs de haut niveau. Au niveau politique, pas d'élection en France mais la préparation de 2019, une année de réformes donc pour Macron et de belles manifs dans la rue, pendant que les allemands se cherchent un gouvernement d'union et que les syndicats y demandent la semaine de 28 heures dans certains branches. Au niveau financier, c'est la dernière année avant l'impôt à la source, un bonne année pour gagner plus, mais pas trop quand même. Au niveau culturel, une année blanche puisqu'il n'y aura ni Star Wars ni Game of Thrones, what else ? Il y aura des morts parmi les célébrités et beaucoup plus encore parmi celles et ceux qui ne sont pas célèbres. France Gall a donné le La, elle l'a.

Oui, évidemment,

C'est 2018 et ce blog s'appelle toujours 2012 à 2017, cela ne vous aura pas échappé. Pas grave. Pourquoi s'arrêter quand on aime et pourquoi changer une équipe qui gagne ? Conçu initialement comme le blog quotidien du quinquennat de François Hollande (vous vous souvenez ? C'était le président avant Macron), ce blog s'est déjà émancipé au printemps en changeant de rythme avec l'arrivée des bourgeons frais du marcionisme peuplier. En 2018, il continuera à son rythme, plus lent, mais peut-être plus pertinent (???) et avec de plus en plus de nouvelles écrites pour mon plaisir et le vôtre.

Oui évidemment,

C'est le moment des voeux pour celles et ceux que j'aime. Pour tous, avec un sentiment de décollage, de surprise, comme je le disais plus haut. De bonnes surprises, naturellement. Et c'est surtout le bon moment pour souhaiter publiquement une excellente année à la femme que j'aime, ensemble.

Oui, évidemment !