mercredi 30 novembre 2016

A la gloire du carton

Je déménage demain et ce billet est un hommage au carton, sans lequel aucun déménagement ne serait possible. J'en bouffe depuis quelque temps, le matin et le soir.

Le carton ça se fabrique, recyclé ou pas, et ça se jette ou se recycle après avoir fourni son effort (attention aux lombaires). A 100 euros la tonne de vieux papiers et cartons, cela attire de plus en plus de gens pour les récupérer, comme ici en Belgique. On peut tout fabriquer avec du carton : des prototypes scientifiques pour terminales S ou des meubles par exemple (je n'ai pas choisi le plus joli).


Après le carton, il y a ce qu'on écrit dessus. Un vrai problème, parfaitement résumé ci-dessous :

XKCD, of course

Les piles de cartons avec rien marqué dessus ou juste des trucs généraux du genre "utile", "salon" ou "important" sont plus nuisibles qu'autre chose. Surtout si, à force d'écrire au feutre sur les cartons à des heures indues de la nuit, on y retrouve après des gribouillis illisibles. On reconnait d'ailleurs très vite les premiers cartons emballés car tout est soigneusement libellé, par rapport à ceux faits en urgence le matin même et où on discerne au mieux des "divers" en hiéroglyphes.

Les cartons voyagent. Ils parcourent les rues de Paris dans des camions avant d'arriver dans leur nouvel habitat. Ils ne voient rien, évidemment, mais s'ils pouvaient lire ils découvriraient par exemple les origines des noms de rues parisiennes (pour un déménagement Paris-Paris). Vous aussi, chanceux que vous êtes, vous pouvez le faire sans bouger de votre fauteuil grâce au site Paristique...


Et toujours pour Paris, en 2025, ils auront peut-être la chance de découvrir l'expo universelle, puisque Paris a officiellement déposé sa candidature, dans un acte visionnaire à long terme bien amusant comparé aux lunettes de myopes habituellement chaussées par nos politiques.

Evidemment, il y a toutes sortes de déménagements et certains rendent les nostalgiques chagrins. Le départ de l'imprimerie historique de la Banque de France de Chamalières (chère à Giscard) ne se fera pas en simples cartons, mais en coffre-forts blindés ; la région Île-de-France déménage des bords de Seine dans les beaux quartiers vers Saint-Ouen, au grand dam de certains élus. Au moins il y aura moins de voitures sur les bords de Seine, paradoxe d'une bataille de chiffonniers entre Paris et la région et les communes alentours. A Paris, d'ailleurs, un peu plus de 50% de la surface est réservée à la voiture. Les écolos aussi déménagent, leur siège historique de la Chocolaterie est transféré à Montreuil : grosse dépendaison de crémaillère il y a quelques jours.

Les déménagements traditionnels cèdent le pas (pour de petits volumes) à des déménagements écolos, sans papier-bulle et à vélo (bonjour les mollets). Mais c'est encore très minoritaire et on ne voit pas souvent ce genre d'attelage à Paris :


Et on ne voit plus ceux-ci :


mardi 29 novembre 2016

A côté de ses pompes : la droite ou la gauche ?

Depuis la primaire de la droite (et du centre parait-il) c'est le bordel un peu partout.

A droite, car Fillon est en train de tout reprendre en main : la future campagne, la direction de LR, la commission des investitures pour les législatives qui suivent, le programme... Les bureaux politiques de LR à venir s'annoncent délicats pour les sarkozystes et les reconvertis de la dernière seconde. Le nécessaire rassemblement va arriver, forcément, mais il sera bien dirigé, le pied droit en avant dans une posture bien agressive, on dit décomplexée à notre époque. La droite a toujours aimé les chefs et les patrons. Cette fois-ci, ils en ont un, un vrai, un dur, pas aussi bling-bling que le précédent. Ca va marcher à la baguette. Malgré le vrai-faux retour annoncé de Sarkozy ;)


A gauche, on marche effectivement à côté de ses pompes. C'est comme si la gauche était une pieuvre à huit chaussures, chacune marchant dans sa direction. Pour en citer quelques-unes : François avec son chemin de traverse vers l'élections, Valls avec ses pas de deux pathétiques et pas très éthiques, Mélenchon qui a forcément et tout le temps raison, Macron qui confond droite et gauche en espérant que cela ne se voie pas trop, Montebourg qui se sent en mode recours d'une gauche rassemblée mais rétrécie, Les Verts qui sont parait-ils encore vivants, le PRG qui est chaussé pour l'hiver avec sa candidate, et l'extrême gauche qui fait comme d'habitude à battre le pavé en santiag (o de Cuba).

Au centre, on ne sait pas de quel côté pencher, puisque le monde est binaire comme les ordinateurs et non ternaire comme les voeux des centristes.

Tout cela m'évoque des problèmes de chaussures. Il faut cirer les pompes de tous ces mégalos et être bien équipé pour à la fois une traversée possible du désert et un hiver rude, sans oublier les coups de pied dans le derrière des ennemis.

J'en profite donc pour vous mettre deux petits films de chaussures. Emouvants si on sait les regarder au premier degré, sans le cynisme de bon aloi du critique blasé Les chaussures ont souvent fait l'objet de films, avec ou sans grand blond, car elles restent des symboles prouvés de notre condition humaine, sans aller jusqu'au lavage de pieds par le Pape ou le cirage des pompes de Fillon par Frigide Barjot. Comme disait Descartes "Je marche donc je suis (quelque chose)" ou Shakespeare "To walk or not to walk".





PS : Je déménage jeudi alors, oui, les chaussures à ranger dans des cartons, je connais. Les chaussettes aussi, et donc le problème des paires (de chaussures et de chaussettes). Les chaussettes orphelines aussi, comme tout le monde, malgré le paradoxe de Russell : 4'45'' dans la première vidéo ici en version Maths, en version philosophie, et ici en version vaguement compréhensible (diapos 45-46)... Comment dénombrer un ensemble infini de chaussures (facile) et comment dénombrer un ensemble infini de chaussettes (impossible) ?

lundi 28 novembre 2016

Vague à lames (deux)

Dilemme de ce lundi. J'ai pris l'habitude sur ce blog d'appeler le Président par son prénom François. Un signe de proximité (en tous cas au début). Il y a eu un moment de confusion lorsque le Pape a choisi de lui rendre hommage en sélectionnant le nom François tout court aussi, mais il n'y a pas trop de mélange possible compte tenu de leurs positions réciproques. Sauf que depuis hier soir, le principal concurrent pour la course présidentielle en France est aussi un François, Fillon de son nom, le François champion de la droite qui a éliminé en deux coups ses principaux rivaux, Sarkozy la semaine dernière et Juppé cette semaine, comme un rasoir à deux lames dont l'une tire le poil pendant que l'autre le coupe.

C'est une révolution à droite, mais surtout à gauche où la pagaille n'a jamais été aussi visible. C'est un peu comme un déménagement, vous avez remarqué ? Au moment où vous emballez vos cartons, il y a toujours un moment de bordel maximum, mais qui se solutionne en général. La gauche est dans ce cas et les deux semaines qui vont suivre vont être décisives. Indice : je déménage ce jeudi et suis donc en plein bordel de cartons.

Alors aujourd'hui, comme à chaque grand événement, je vous propose quelques Unes de la presse française et internationale. 93 Unes cette fois, comme aurait dit Victor Hugo à une époque où la politique avait du sens. Avec une originalité cette fois puisque vous trouverez côte à côte (et de gauche à droite) les Unes de lundi dernier et de ce lundi. Deux lames de fond, je disais ? A vous de voir...

Puisque la page est lourde (en octets) je vous la mets ici à part et ne poste sur ce billet que quelques Unes originales, à une semaine d'intervalle...




(Bloqués ? Qui ? Les clients où la gauche ?)

Mes préférées ;)

samedi 26 novembre 2016

Sommet de la Francophonie 5

Suite du billet d’hier et des précédents. Dernier billet sur le Sommet aussi...

Le Sommet a commencé officiellement ce matin. Un peu moins de chefs d’Etat que prévu. Kabila n’est pas là, ayant trop peut d’un coup d’Etat chez lui pendant son absence, ce qui est le lot de tous les démocrates élus sans aucune contestation. Ali Bongo est pourtant ici, lui, même après le vol patent de l’élection présidentielle dans son pays, comme le reconnaissent tous les acteurs internationaux, mais il est vrai que les troupes fidèles sont déployées à Libreville pendant ce temps. Ali Bongo était assis à côté de la France de François pour l’ouverture, comme son père avant et même debout à ses côtés pour la photo officielle, passage obligé de tout Sommet. La place d’honneur était pour la France. Vous noterez sur la photo l’absence remarquée du Roi du Maroc pourtant présent depuis plusieurs jours à Madagascar. Une vraie surprise qui cache on ne sait trop quoi à cette heure, alors que le Maroc essaye de réintégrer l’Union africaine dès janvier. Peut-être que la dernière réunion en Guinée équatoriale liée à l’Union africaine a refroidi le Roi puisque sa délégation a quitté cette réunion et protesté, toujours à propos de la République Sahraouie. Un mystère à éclaircir donc.

Quelques secondes avant la photo officielle

Vu de l’autre côté ;)

Les discours ont été un peu creux, tout le monde étant sonné par la mort dans la nuit de Fidel Castro. Le premier ministre canadien a même ouvert son discours avec cette mort et a prononcé une allocution plus dynamique que les autres, due sans doute à sa jeunesse.


La Secrétaire générale a conclu avec un discours en demi-teinte, censé combattre les critiques contre elle... Pas gagné. Elle a par exemple dit : «  Quelle Francophonie voulons-nous ? C’est à vous, Messieurs les chefs d’Etat et de gouvernement qu’appartient la réponse ». Tiens, elle ne parle que de messieurs, et elle n’apporte pas vraiment de réponse de sa part, comme si elle n’existait pas vraiment.

François a parlé d’un peu de tout sans trop marquer par une ambition énorme ce qui n’a jamais vraiment été une de ses priorités, au mieux un domaine continué. Il a dit "La Francophonie représente des valeurs politiques : la démocratie, les droits de l'Homme, les droits de la femme ». Il n’a pas prononcé le F majuscule ou minuscule, puisque les droits de l’Homme avec une majuscule sont censés englober les femmes depuis plusieurs siècles. Sur la démocratie il a dit qu’il fallait être aussi incontestables que possible (pour certains, le possible ne va pas bien loi, à ce propos). Il a insisté sur la santé et ses réseaux d’expertise ainsi que sur le climat, puisque 36 sur les 50 pays les plus touchés par le changement climatique sont en Afrique sub-saharienne. Pour François, le français est une « langue monde », une volonté, un choix, une chance, une promesse... Promesse ? Promesses ? Encore faudra-t-il les tenir. François n’avait pas l’air très bien réveillé d’ailleurs après sa nuit dans l’avion.

Avec le Président François sont arrivés plusieurs invités, comme l’ineffable Jean-Vincent Placé. Au moins il pourra jouer à la pétanque avec le ministre des sports qui a inauguré un grand don cosmique fait par la France à Madagascar : un boulodrome authentique, si, si !


Le Sommet continue samedi et se conclut dimanche midi. On saura alors quels pays nouveaux adhèrent à la Francophonie, avec l’épineux cas de l’Arabie Saoudite : les nuits de négociation auront-t-elles été aussi réussies pour ce pays et aussi « fructueuses » pour les Chefs d’Etat que lors du vote surprise favorable au Qatar ? Suspense (insoutenable)... Je complèterai ce billet une fois le résultat connu. En tous cas, c’est bon à cette heure pour la Corée du Sud et l’Ontario.

Sinon, pour vous détendre, un article nécessaire pour comprendre les malgaches et leurs noms longs mais pas si compliqués que cela.

Alors, so long Francophonie, rendez-vous dans deux ans (mais pas ici sur ce blog a priori).

Mise à jour : Le Sommet a refusé l'Arabie saoudite (pour complément d'information) et a accepté toutes les autres demandes. Déclaration ici et treize résolutions là. Le prochain Sommet en 2018 sera en Arménie et le suivant en Tunisie en 2020 pour les 50 ans de la Francophonie politique.

vendredi 25 novembre 2016

Sommet de la Francophonie 4

Suite du billet d'hier et donc de ceux d'avant-hier et du jour d'avant.

Journée creuse aujourd'hui, traditionnellement consacrée aux discussions de couloirs et de salons, avec les arrivées progressives des plus hauts représentants des Etats et des gouvernements. Un cauchemar pour les responsables de la logistique et de la sécurité, de la tour de contrôle de l'aéroport aux loueurs de voitures noires officielles et autres 4x4.

La Conférence des ministres n'a pas décidé grand chose et a laissé la parole à une vingtaine de jeunes. La candidature de l'Arabie saoudite a pris un coup dans l'aile, mais on ne sait jamais car c'est le Sommet qui est souverain et les pétro-dollars ont toujours autant de valeur. Jeune Afrique n'en pense pas beaucoup de bien.

Au niveau local, à Tana, l'actualité n'est pas très différente des autres jours. Compte tenu des arrivées de présidents, la circulation est difficile et le jour de travail est chômé mais pas payé, ou alors travaillé sans aménagements d'horaires. Les charrettes à bras qui servent à tout dans le pays sont tenues à l'écart mais réussissent quand même à se déplacer. La famine continue et s'amplifie dans le sud du pays pendant que les traiteurs de Tana se gobergent dans un des pays les plus pauvres au monde. Le Parlement local a voté en catimini l'achat de 4x4 et les accusations de corruption sur les marchés publics pour les infrastructures du Sommet se font jour. Le quotidien, quoi. Normal. Ecart habituel entre discours et actes. Même si cet écart se réduit, il peut être choquant. Il le serait moins si ce type de Sommet accouchait d'autre chose que de souris bien maigrelettes.


Les délégués peuvent s'offrir de jolis souvenirs. Les super-délégués, eux, se les verront offrir. A propos, le logo du Sommet représente l'arbre du voyageur qu'on trouve partout en Afrique, mais qui est originaire de Madagascar, endémique à la Grande Île. Histoire du logo ici. L'arbre du voyageur n'est pas un arbre mais une (grande) plante et son nom vient du fait qu'on peut trouver de l'eau stockée à sa base, ce qui est bien utile pour les voyageurs. Je ne parle pas ici des voyageurs VIP du Sommet qui n'ont pas besoin de chercher de l'eau.


Le Sommet commence officiellement samedi. La salle à huis clos est encore vide. Quand on parle de huis clos, il y a des variantes. En général il s'agit d'un 1+1, c'est à dire les numéros 1 et 2 de chaque délégation étatique, typiquement un Chef d'Etat et son ministre chargé de la Francophonie. Certaines délégations ont beaucoup de mal avec ce montage. La France par exemple, pendant les années de cohabitation droite-gauche, se battait pour avoir les deux numéros 1 (Président et premier ministre)... Depuis, la Francophonie a pris du plomb dans l'aile, car Chirac a été le dernier président à y croire vraiment. On verra bien pour le prochain Sommet en 2018, même si personne n'en parle aujourd'hui.

La salle du huis clos

La salle pour l'ouverture publique et les grands discours

François est donc attendu, accompagné de sa délégation dont - et c'est nouveau - sa ministre de la culture, Audrey Azoulay, qui pourrait ainsi discuter avec le Roi du Maroc et son conseiller de père ? Les ministres de la Francophonie et de la jeunesse et des sports sont déjà là. Les sports ? Pourquoi les sports ? C'est parce qu'il y avait la réunion des ministres de la jeunesse et des sports (CONFEJES) pour parler entre autres de prochains jeux de la Francophonie qui auront lieu en juillet 2017 à Abidjan. Il y a aussi la réunion des ministres de l'éducation (CONFEMEN). Mais à ma connaissance, il n'y a pas de réunion des ministres de la culture (CONFECUL ?).

Jean-Marc Ayrault sera là également, puisqu'il est ministre des affaires étrangères, semble-t-il. Ce type de Sommet est l'excuse bien connue pour rassembler un certain nombre de responsables qui discutent et se réunissent à part. Le président du gouvernement de Nouvelle-Calédoni sera également présent - pour défendre la candidature de son "territoire non souverain" comme disent les diplomates. François parlera sécurité et politique africaine, même si la Francophonie est beaucoup plus large que l'Afrique. On y reviendra demain naturellement.

jeudi 24 novembre 2016

Sommet de la Francophonie 3

Suite du billet d'hier et donc de celui d'avant-hier.

La Conférence des ministres se poursuit, avec pour la France notre valeureux ministre André Vallini. Parmi les sujets à l'ordre du jour il y a l'examen des demandes de participation pour de nouveaux pays, en prélude au Sommet qui commence samedi.

La France, coincée entre le Gabon historique et la Macédoine, car par ordre alphabétique, le nom international de ce dernier pays est la ERYM (ex-république yougoslave de Macédoine) puisque la Grèce (à gauche) s'est opposée au nom simple de Macédoine... Avant, c'était l'Egypte


Il y a plusieurs sortes de membres dans la Francophonie :
- des membres de plein droit qui ont évidemment tous les droits
- des membres associés qui en ont moins
- des membres observateurs qui n'en ont pas beaucoup
- des membres invités au coup par coup, selon les années
- des non membres mais où des actions se déroulent quand même, car certains opérateurs agissent dans des zones beaucoup plus larges que les politiciens : les universités et les villes francophones sont en effet plus dispersées et non limitées aux pays officiellement membres de cette organisation internationale.

Les nouvelles demandes à ces divers titres concernent cette année : la Corée du Sud, l’Argentine, l’Arabie Saoudite, la Nouvelle Calédonie et la province de l’Ontario. C'est un mélange hétéroclite comme vous le voyez. Pour les prendre dans l'ordre :
- La Corée du Sud est effectivement un pays où la Francophonie se développe, face au chinois et à l'américain, et où le français peut être un avantage compétitif pour le commerce, principalement avec l'Afrique. Après la Chinafrique et la Chinindafrique, verra-t-on la Chinindocorafrique ?
- l'Argentine fait partie de ces Etats où le français joue un rôle historique. Il y a déjà plusieurs Etats observateurs d'Amérique latine dans la Francophonie et le Mexique, par exemple, joue un rôle important cette année.
- L'Arabie Saoudite ??? Rappelons qu'il y a quelques années le Qatar a adhéré a la Francophonie. Les observateurs avertis disent que c'était pour augmenter l'influence du Qatar et obtenir des votes africains et autres pour les compétitions sportives et que la francophonie n'existe pas au Qatar. D'ailleurs, ce pays n'a jamais, semble-t-il payé ses cotisations. Les saoudiens nous referaient-ils le même coup ?
- La Nouvelle-Calédonie ??? Ce morceau de France voudrait adhérer comme si la France était un Etat fédéral au même tire que le Canada ou la Belgique... Un précédent à suivre ? On attend la décision avec impatience.
- Le Canada-Ontario serait la troisième province à adhérer avec le Canada, après le Québec et le Nouveau-Brunswick. C'est d'ailleurs avec ce modèle original d'adhésion par des "gouvernements" régionaux et provinciaux que ces gouvernements peuvent exister au plan international, puisque dans les modèles onusiens purs, seuls les Etats peuvent adhérer. L'Ontario c'est Ottawa, le siège du gouvernement fédéral, aussi.

On verra bien qui passe ou pas...

PS : Je parlais hier de la visite du premier ministre du Québec à Paris. Il en a profité, en plus de rencontrer François, pour aller à la Gaité-Lyrique et voir Notre-Dame de Paris au Palais des Congrès à côté du compositeur... Un homme de goût.


mercredi 23 novembre 2016

Sommet de la Francophonie 2

Suite du billet d'hier...

Hier je vous parlais du CPF, acronyme obscur pour des débats fermés entre représentants personnels des Etats. Le compte rendu public est ici et il est bien mince. Normal, car les négociations continuent jusqu'au dernier moment sur certains points de la déclaration qui sera adoptée dimanche, comme c'est toujours le cas en pareille circonstance. Seuls les délégués initiés connaissent le contenu précis. Le reste du monde s'en fout (et n'est pas informé de toutes façons).


La partie la plus discutée est toujours celle qui concerne les aspects politiques et diplomatiques, qui tournent cette année autour du terrorisme et plus largement de la résolution des conflits. Pas de surprise donc.

Un Sommet de la Francophonie c'est un peu comme ds poupées russes (sachant que la Russie n'est pas membre de l'Organisation internationale de la Francophonie mais que des pays ex-membres de l'Union soviétique le sont).
- La plus grande des poupées et la plus visible c'est le Sommet tous les deux ans (bisannuel ou bisannuel, si vous vous souvenez d'hier vous saurez la réponse). Les articles de presse ne seront pas nombreux mais ils sont prêts pour être publiés en fin de semaine sur RFI, Le Monde Afrique ou d'autres.
- La poupée en-dessous c'est le secrétaire général (en l'occurrence la secrétaire générale qui est au milieu de son mandat) qui porte la voix publique de cette organisation internationale, même si elle a eu tendance récemment à vouloir partir un peu dans toutes les directions comme une toute petite ONU.



- La poupée en-dessous, c'est la conférence ministérielle de la Francophonie qui se réunit aujourd'hui et demain avec les ministres en charge de la Francophonie, en général ceux des affaires étrangères ou assimilés. Cette conférence ne se réunit qu'une fois par an et sert les années sans Sommet de "mini-Sommet". Elle est dirigée par le pays qui accueille le Sommet entre deux. C'est un peu le conseil d'administration de l'OIF aussi et à ce titre on y parle budgets et gouvernance, avec quelques dossiers lourds. La Canard enchaîné en parle de temps n temps d'ailleurs.
- La poupée en-dessous, c'est le CPF dont j'ai parlé hier. Le seul organe qui se réunit très régulièrement, avec plein de commissions qui en dépendent pour les affaires courantes et qui rassemble des seconds ou troisièmes couteaux diplomates permanents.
- La poupée en-dessous est multiple : ce sont les opérateurs de la Francophonie. L'OIF, l'AUF, TV5 Monde, l'AIMF et l'Université Senghor. On peut y rajouter l'APF (à ne pas confondre avec cette autre APF). C'est à cet étage que se font les vraies actions, classées pour la plupart dans l'aide au développement. C'est le coeur de la Francophonie, au plus près de la dernière poupée.
- Et la dernière poupée justement ? C'est nous ! Nous les francophones du monde entier, seuls ou organisés en machins divers et variés. La plus petite des poupées, mais évidemment la plus importante, la plus riche de potentialités. Celle qui devrait être la plus grande en fait. Mais c'est difficile car les problèmes à résoudre sont nombreux et variés, comme pour la maîtrise de la langue française par exemple... Enfin, tout ça n'empêche pas d'être créatif sur les différentes attitudes en Francophonie ;)

PS Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, est à Paris aujourd'hui pou plusieurs rencontres bilatérales. Un beau triangle aérien quand on voit les distances Québec-Paris-Tana !!!

A suivre ici

mardi 22 novembre 2016

Sommet de la Francophonie 1

C'est la semaine du Sommet de la Francophonie, un sommet bisannuel avec un s. La langue française est paradoxale. Biannuel veut dire deux fois par an et bisannuel tous les deux ans, mais comme c'est ambigu la plupart préfèrent parler de semestriel et de biennal...

François en a connu déjà deux, en 2012 à Kinshasa et en 2014 à Dakar. Cette année, c'est à Antananarivo, plus connu sous le nom de Tana, la capitale de Madagascar la grande île. J'y consacre quelques billets puisqu'il ne se passe rien en France...


Il y aura de vendredi à dimanche un certain nombre de chefs d'Etat et de gouvernement pour ce XVIème Sommet, dont notre François, mais certains sont déjà arrivés puisqu'il y a d'autres choses dans la vie que la Francophonie.

C'est le cas du roi du Maroc qui est en visite d'Etat à Madagascar pour au moins trois raisons :
- un pèlerinage familial et politique sur les traces de son grand père et prédécesseur dans la lignée des Mohamed, le numéro 5, puisque celui-ci avait été exilé à Madagascar en 1954 par la France coloniale avant de revenir triomphalement au pays et d'obtenir l'indépendance du Maroc. Le roi actuel séjourne dans le même hôtel et dotera la petite ville d'infrastructures sociales.
- un voyage commercial, comme lorsque tout exécutif se déplace, histoire de signer des contrats juteux, à la barbe des chinois et des américains.
- un voyage diplomatique puisque l'objectif du Maroc est maintenant de réintégrer l'Union africaine le plus vite possible et dans de bonnes conditions (c'est-à-dire avec des responsabilités) histoire de quitter cette aberration de la géopolitique africaine due à la reconnaissance passée par l'UA et la plupart des autres Etats africains de la partie du Sahara contestée. Les choses changent, à la demande du Maroc qui sent venir le vent, et la carte d'Afrique qui se trouve dans le lien ci-dessus pourrait peut-être évoluer. Le Sommet de la Francophonie sera aussi l'occasion pour le roi de rencontrer plein de chefs d'Etat africains influents.

Aujourd'hui donc se déroule ce que les initiés appellent un CPF, un Conseil Permanent de la Francophonie, bâti un peu sur le modèle de l'ONU, puisque l'Organisation internationale de la Francophonie a toujours rêvé d'être une ONU spécialisé dans la Francophonie. Ce conseil se réunit trois ou quatre fois par an et quelques jours avant chaque Sommet de Chefs d'Etat et de gouvernement. Il est composé de "sherpas" qui ne sont pas des tibétains mais des personnes désignées par les chefs d'Etat pour les représenter (ambassadeurs ou conseillers proches). Inutile de dire qu'il n'y a pas toujours accord absolu entre un sherpa et son chef, selon les pays, ni avec les ministres concernés. C'est la vie... Ce CPF est chargé de préparer la déclaration du Sommet. Il fonctionne "au consensus", c'est à dire qu'il n'y a pas de vote formel mais que si un Etat proteste sur un point, on en discute plus avant ou on ajoute des "réserves" diplomatiques. Un processus éprouvé en diplomatie depuis des lustres et des lustres (en verre, en cristal ou en diamant selon le degré de dictature richesse des Etats). Un processus qualifié souvent de mou puisqu'il pousse à l'abstention.

Un CPF c'est ça, vu de juste derrière la "haute table"

Vu de l'autre côté

Quand à une vue de la "basse table" à l'autre bout à droite, c'est loin, loin...
Pourtant, il s'agit des opérateurs de la Francophonie, ceux qui bossent, en fait, mais qui n'ont droit qu'à cinq minutes de temps de parole le soir quand tous sont fatigués...

Pour en savoir plus #SommetMada16 est le hashtag officiel sur vos réseaux sociaux habituels.

Pour un regard décalé par des blogueurs invités, mais cependant un regard officiellement adoubé, allez ici.

Pour le regard purement officiel, le site est ici. Comme à chaque Sommet, le site officiel est en effet hébergé et créé par le pays hôte.

J'avais parlé des Sommets précédents (je passe sur le Sommet de la micro francophonie cette année) si vous avez le courage :
- en 2014 : ici et
- en 2012 : iciici, ici et

A demain pour les conclusions de ce CPF...

lundi 21 novembre 2016

Une primaire droite, mais pas dans ses bottes ni sur son yacht

La primaire de droite à lâché son résultat du premier tour. Surprise et analyses partout. Mes commentaires ici.

4 millions de votants, c'est énorme. Bien plus qu'à l'ancienne primaire socialiste. Quelle que soit la composition du corps électoral, le signal est clair et montre une forte mobilisation de la droite. Il y aura peut-être des dissidents en mai 2017 mais la dynamique sera à droite clairement du côté du vainqueur dimanche prochain. 

Sarkozy dehors, c'est une joie pour beaucoup (pour moi aussi naturellement). Ce tour a tourné à un vote massif anti-Sarko et comme Juppé était annoncé gagnant les anti-Sarko se sont reportés sur Fillon. Un billard à trois bandes classique. (Incidemment, j'en parlais vendredi, le championnat du monde de vrai billard à trois bandes a sacré un espagnol contre un coréen). Le passé n'est plus à la mode, et l'essai de retour n'est toujours pas gagnant. 

Fillon devant, c'est un projet vrai de vraie droite. Conservateur et tatchérien, sérieux et pas rigolo. Une France de droite bien coiffée et où Le Pen n'a pas sa place. Une France internationalement différente, Spasiba Bolchoï. 

Juppé, l'anti-Sarkozy par définition, va devoir arrêter de confondre les tours. Il a passé son temps à penser au second tour en pensant y retrouver Sarkozy et maintenant il n'a que quelques jours pour marquer sa différence avec son ami Fillon. Parler de son programme ? Celui de Fillon est bouclé depuis longtemps. Parler de la France ? Il est trop vieux. Rassembler autour de lui au centre ? Le centre ne vote pas assez, éternel supplétif des droites. 

Alors ? Fillon est maintenant favori. A droite on aime les chefs et les gagnants, donc il a un avantage certain pour la semaine prochaine. Le débat de jeudi sera très suivi. Les scénarios sont clairs si Fillon passe : le centre ne sera pas représenté par LR. La place est à prendre. Bayrou ou Macron ?

Macron a un boulevard devant lui si Fillon gagne comme c'est vraisemblable. Bayrou est cuit. Pas de retour pour lui non plus. Comme Angela qui espère aller jusqu'à 16 ans de pouvoir en se représentant, Bayrou continuera sa longue période de désert. Macron est donc en route et ira certainement voter Fillon dimanche prochain déguisé en vieux. Valls doit se mordre le poing ce matin. 

Car Hollande est clairement foutu maintenant avec la même logique. A lui de voir qui il préfère pour la suite. A nous de voir qui on préfère. Un ancien premier ministre comme Valls ? Un jeune loup ? Un trublion issu de la gauche d'opposition ? 

En tous cas un séisme à droite. Une catharsis et un virage à droite. Du Sarkozy sans l'homme. Une droite dure qui veut réduire le FN à ce qu'il est, un courant minoritaire sans influence. Un séisme à gauche aussi. 

Au revoir, Messieurs les présidents !

PS : Voici comment CNN voit les choses (avec Marine en Une... Surprenant, non ?)

dimanche 20 novembre 2016

Du temps de cerveau pour... mon coeur

Mon amour,

Dimanche soir. Je te quitte à l’instant pour quelques secondes qui vont durer quelques jours. Chacun a l’éternité qu’il peut. En chacun de nous, et surtout au fond de moi, toute seconde volée à nous deux est une seconde double. Double par sa longueur, mais j’aurais pu écrire mille fois plus. Double aussi parce qu’elle est à la fois perdue et gagnée. Perdue, car nous ne sommes pas ensemble à échanger notre présence au sein de notre bulle, et gagnée car je pense à toi et je sais que tu penses à moi, et je sais que la prochaine seconde où nous serons ensemble sera encore plus intense.

L’amour est une chose terrible, par son omniprésence, sa présence totale et si proche. Terrible dans tous les sens. Comme une atmosphère chargée d’humidité et de chaleur qui nous entoure et nous fait vivre, nous les fleurs du monde. En tous cas toi, ma fleur. Un courant qui nous irrigue, nous submerge parfois mais sans jamais vouloir nous noyer, comme un jeu, comme une épreuve pour nous rendre plus forts devant les beautés et les laideurs du monde. Une humidité chaude et agréable, ni brûlante ni tiédasse, mais à la température de nos corps d’humains ballotés avec confiance dans des courants qui rayonnent comme le soleil inonde le ciel bleu de mon amour pour toi.

Je t’aime. Des mots banals, prononcés souvent. Mais à chaque fois différents, car les mots sont des mots qui n’existent pas en dehors de leur contexte. Texte à la con d’un blogueur amoureux ? Histoire vraie d’un amour magique ? Histoire inventée parce que c’est un dimanche de temps de cerveau ? Histoire fantasmée ou imaginée par un cerveau dérangé ? Histoire simple et évidente ? Chacun y trouvera ce qu’il veut. Je sais que toi et moi nous y trouvons ce qui est. Simplement. Bellement. Naturellement. Evidemment. Je t’aime. Des mots entiers. Dur à dire parfois, tellement ils peuvent être forts.

T’aimer, c’est vouloir être avec toi. Vivre avec toi. Te savoir heureuse et vouloir tout faire pour te rendre encore plus heureuse. T’aimer, c’est te regarder, t’écouter quand tu es malheureuse, car on l’est tous de temps en temps, même moi, eh oui. Sentir comment faire pour te ramener au bonheur. T’aimer, c’est construire ensemble notre bulle. Une bulle protectrice mais pas isolatrice. Une bulle-soleil qui rayonne autour d’elle, qui répand le bonheur autour d’elle, pour les enfants et tous ceux qu’on aime. T’aimer, pour moi, c’est un bonheur de tous les instants, une plénitude. T’aimer c’est fonder une famille ensemble, une famille bizarre, mais une famille quand même, car après tout qu’est-ce qu’une famille sinon un rassemblement tripal, évident et heureux de gens qui ne sont pas tous choisis mais qui acceptent leur lien fort. Avec sourires, clins d’oeil, franchises et amour. D’autres formes d’amour évidemment. Il y en a tant.

J’ai aimé déjà. Et je t’aime. Et ceux qui ne comprennent pas ces deux petites phrases toutes simples ni leur juxtaposition ne comprennent pas l’amour, sous toutes ses formes diverses qu’il peut prendre.

Quelques mots d’amour maintenant. Pas des mots intimes puisque ceux-ci sont à nous seuls. Pas intimes comme ces hommes et femmes célèbres dont les lettres sont publiées après leur mort ou avant quand l’un des deux cherche à se faire du fric sur le dos de l’autre. Mais des mots publics. Tu es une femme extraordinaire. Mon clavier vient de se mouiller légèrement comme mes yeux. Tu as cette qualité intangible qui fait de toi une humaine vraie. Une qualité rare, mais pas unique. Une qualité impossible à rater quand on l’a devant soi. Une évidence. J’ai de la chance de t’avoir rencontrée, que tu m’aies rencontré. Que nous nous soyons trouvés et reconnus. Et que l’amour ait décidé de nous englober.

Je voudrais, ici (et maintenant) parler de ce blog. Un blog c’est un lieu étrange, surtout lorsqu’il est écrit à deux mains et à quelques doigte (disons une demi-douzaine). C’est un lieu où je parle de tout mais évidemment avec un ton que les habitués reconnaissent. Je n’y parle jamais de ma vie privée. Après tout, elle n’intéresse personne et ceux qu’elle intéresse peuvent avoir d’autres sources d’information, plus directes dirons-nous ;) Il m’est arrivé d’en parler pourtant. A deux occasions déjà. Lors de la mort de deux personnes que j’aimais pour des raisons évidemment très différentes. A ces moments, on a besoin d’exutoire et on a besoin de partager avec le monde. J’avais écrit deux billets crève-coeur. Je vous laisse les retrouver si cela vous intéresse. Ne comptez pas sur moi. Le passé est le passé et le présent et l’avenir sont l’avenir, tous les deux.

Alors, pourquoi ce billet ? Un dimanche, alors que les temps de cerveau sont consacrés ici à des nouvelles et romans ou à des monographies sur un sujet un peu fouillé ? Pourquoi sortir du bois sans une raison impérieuse ? Bonne question et merci de l’avoir posée. La réponse est simple : parce c’est ce que je ressens en ce jour précis. Parce qu’après un week-end d’emballage ensemble en vue d’un prochain déménagement, on est toujours sensible au temps passé, présent et futur. Nous n’habiterons pas ensemble tout de suite, car les circonstances de la vie sont ce qu’elles sont. Mais l’espoir est là. Et le temps, avec ses courants n’y peut rien. Et comme ce ressenti est concomitant avec mon amour pour toi, c’est une nécessité qui s’impose à moi. Qui suis-je pour y résister ?

Evidemment, il y a un problème avec l’Internet, c’est sa permanence (relative naturellement par rapport à l’Histoire du monde). Ecrire quelque chose, ici comme ailleurs, c’est savoir que cela restera. C’est savoir que cela peut être lu par n’importe qui, maintenant ou plus tard, au moment où ce maintenant sera loin dans le passé mais sera le maintenant du lecteur qui viendra ici, quelle qu’en soit la raison. C’est savoir que cela ne sera pas forcément compris. Et alors ? Ecrire c’est écrire. Aimer c’est aimer.

J’écris pour toi, mon amour. Pour te dire et redire que je t’aime. Assieds-toi. Respire.

J’avais déjà décidé, depuis longtemps, de te demander en mariage. Une évidente demande pour moi. Mais une demande ne devient évidente que quand elle est accompagnée d’évidence. Alors, oui, respire. Ce billet, ce moment où j’écris est ma demande officielle en mariage. Ce billet, ce moment où tu le lis est le moment où tu reçois cette demande. Considère là avec bienveillance, ma chérie. Et si tu réponds oui, mon coeur, sache que tu rendras ton homme heureux. Heureux comme je souhaite à toutes et à tous de l’être, avec ou sans amour, quoique cela soit mieux avec amour. Avec toi. Respire.

Veux-tu m’épouser ? J’attends ta réponse mon amour, moi je le veux et vite !

samedi 19 novembre 2016

Les toilettes ?

C'est chiant d'attendre la primaire de la droite. Le suspense est absolument inintéressant et l'angoisse est à son minimum. Que dire d'autre ? Que faire d'autre, qu'on soit en pleine forme ou en pleine gastro ?

Heureusement les journées mondiales nous sauvent aujourd'hui 19 novembre avec la journée mondiale des toilettes. Ne rigolez pas. Ce n'est pas un truc commercial ou bidon. C'est sérieux

Presque un tiers de l'Humanité n'a pas accès à des toilettes, encore aujourd'hui. Ceux qui ont vu slumdog millionnaire comprendront. C'est un drame qui entraîne des maladies et des morts et qui empêche le développement. On parle souvent de besoins de base. Manger et boire en sont un. Chier en est un autre. Mais en plus, dans les pays développés le gâchis est énorme. En France on estime à 20% l'eau qui part dans les toilettes, et c'est de l'eau potable en plus...
La recherche sur de meilleures toilettes est donc fondementale (sans faute de français) car il fait des toilettes moins chères à fabriquer, moins gourmandes en eau et plus faciles à installer et à relier aux dispositifs d'assainissement. Vous êtes septique (sans faute non plus) ?

Lisez cet ancien billet à l'occasion d'un temps de cerveau en 2012 à la même époque pour y découvrir les différences entre les toilettes dans le monde. 

Les toilettes ne sont donc pas que des lieux où lire ce blog en cachette. Ce sont des lieux vitaux, des symboles d'une vie heureuse, si, si, jpas comme celle des enfants d'Alep. Regardez cette vidéo. Vous n'irez plus chier de la même façon. 

vendredi 18 novembre 2016

Vive le sport sur table

Non, non, je ne parlerai pas aujourd'hui du Poker qui se joue de plus en plus autour de tables enfumées avec des joueurs abièrés qui pissent partout dehors, comme Place Clichy. Je ne parlerai pas non plus des négociations qui décident sur table et sur tapis vert de la manière dont un classement doit être modifié dans un sport quelconque suite à une affaire louche de dopage, de triche ou de corruption.

Je parlerai de deux immenses sports qui vivent ce week-end des championnats en France.

D'abord le Subbuteo, inventé en 1947 et qui tente de ressortir de l'oubli depuis quelques années sous l'impulsion de son fabricant évidemment et de passionnés, ainsi que d'ambassadeurs comme le mari footballeur de la sublime Adriana Karembeu, qui est passé du grand football en 1998 au petit football... Question de doigté. Le Championnat de France qui est organisé ce samedi et dimanche à Sainte-Luce-sur-Loire près de Nantes va faire trembler les tables. Dans cet article de 20minutes on trouve même un lien vers un cours de Subbuteo à déguster, par le champion de France actuel. Le Subbuteo est donc un sport-jeu-art subtil et visiblement pas (comme dans mon souvenir) un jeu de bourrin. Peu répandu puisqu'on parle de 150 joueurs réguliers, ça reste plus qu'un événement insolite.

Mais le roi de la table (verte) c'est le billard, à mon goût. Ce samedi se termine à Bordeaux le championnat du monde du trois bandes. Le billard, c'est un sport-jeu-art qui se pratique de diverses façons et il y a plein de variantes. Comme disait Albert Einstein (mais que n'a-t-il pas dit ?) "Le Billard constitue l'Art supérieur de l'anticipation. Il ne s'agit pas d'un jeu mais d'un sport artistique complet qui nécessite une bonne condition physique, le raisonnement logique du joueur d'échecs
et le toucher du pianiste de concert."

Le billard est un art révélateur de la culture. Je vous présente ici trois d’entre elles mais il y en a d’autres, en Italie ou en Russie par exemple.

Ainsi aux USA, le billard américain qui a été rendu célèbre par l'Arnaquer et Paul Newman est simple à comprendre puisque les billes sont numérotées en gros avec plein de couleurs et de trous et qu'il faut taper fort pour mettre avec sa queue les boules dans les trous. Je fais ici une petite parenthèse sur le langage du billard : on dit billes ou boules selon son humeur, poches ou trous également, et canne ou queue comme on veut, toutes les combinaisons étant possibles. C'est vous qui voyez... Pour revenir au billard américain qui a aussi plein de variantes, le but est d'empocher avant l'autre toutes ses boules, son vrai nom est "pool", comme si on sautait dans une piscine en faisant le plus possible d'éclaboussures. Il s'agit d'un sport de brutes illettrées dominatrices sans tenues vestimentaires particulières.

Le billard anglais, ou snooker, est un billard très différent. Il y a toujours des poches et des billes de couleur, mais elles ne sont pas numérotées et il y a un code de couleur complexe avec plein de rouges rule britannia. Il y a aussi des règles subtiles et bizarres, comme au cricket, et il est souvent impossible de toutes les connaître. Le but au snooker est de gagner, évidemment, mais surtout en essayant de coincer l'autre, notamment en cachant sa boule derrière une autre pour l'empêcher d'avoir un coup facile. Les boules anglaises sont plus petites aussi et le billard plus grand, d'où l'usage plus fréquent de ces chevalets ou de ces prothèses qui permettent de rallonger sa queue. Son vrai nom, Snooker, veut dire piéger en argot anglais, ce qui résume bien le jeu. Il s’agit d’un sport de sournois distingués non daltoniens et vêtus très chic.

Le billard français (ou belge) est un billard simple. Il n’y a que trois boules, une pour chaque joueur et une rouge. Il n’y a pas de trous. La règle de base est simple puisqu’il s’agit que votre boule touche les deux autres (sans faire remuer l’autre, non, non, ça n’a rien à voir). Les variantes sont essentiellement sur les zones où on peut toucher les autres boules (les cadres) ou le nombre de bandes à toucher avant de terminer son coup. Le vrai nom du billard français est la carambole, vieux mot français qui a plusieurs sens comme le savent les fourrés en campagne qui en voient passer des carambolages, soit sur la route à côté soit dans les fourrés eux-mêmes mais c’est une autre histoire. Il s’agit d’un sport d’esthètes simples et élégants avec leurs noeuds papillon pendant les compétitions.

A Bordeaux, on voit donc une compétition de billard à trois bandes, la plus spectaculaire et difficile des variantes. Ca donne envie.

Petit conseil néanmoins aux électeurs de gauche qui voudraient voter à la primaire de la droite : le billard à trois bandes est un art difficile. On peut se prendre un retour de boules en pleine gueule...


Quelques exemples de points marqués au trois bandes (pas pour les débutants)

Le coup de départ au billard (qui est un trois bandes facile, si, si)

jeudi 17 novembre 2016

Être président : avant, pendant, après

Être président... Une sinécure, une vocation, une drogue, un tas d'emmerdes, une jouissance extatique ? Il y a de tout, mais regardons un peu les phases de la vie d'un président. 

Avant

C'est comme Iznogoud qui veut être calife à la place du calife. Ils veulent tous l'être. Avant l'élection ou la primaire. A l'heure où j'écris, les sept nains de LR débattent sur France 2 pour la dernière ligne (de la) droite. Avant, on rêve. Dimanche ils ne seront plus que deux. Les autres candidats piaffent chacun dans leur coin. Macron (que mon iPhone s'évertue à appeler Macaron) est à Marseille et promet plein de trucs comme les autres, mais mieux. Et aux USA, l'avant-Trump se chauffe progressivement en attendant le 20 janvier. L'avant c'est le moment des promesses et du marketing. 

Pendant

Hollande est sur la fin de son pendant. Il aimerait bien refaire un avant d'ailleurs plutôt qu'un après mais il est assez absent en ce moment. Vendredi il rejoint d'autres pendants européens à Berlin pour accueillir la tournée d'adieu d'Obama, un pendant en phase terminale lui aussi. Obama a choisi Angela pour lui transmettre sa couronne de "leader du monde libre". C'est Sarkozy qui doit être furieux de ne pas y être et de ne pas la porter, non ? Une réunion de pendants qui regardent à l'Ouest le futur Trump. Le pendant c'est le moment du pouvoir qui se fiche du reste. 

Après

Car bientôt Obama sera dans l'après. Comme Hollande vraisemblablement. Sarkozy y est déjà lui, même s'il espère repartir pour un tour. Ayons une pensée émue pour un autre président. Le Pen le père. Il a été président du FN, puis président d'honneur, puis viré de son parti puis plus rien. Mais la justice vient de le renommer président d'honneur tout en le laissant hors de son parti. Une situation cocasse et bien kafkaïenne. Comme si le président Le Pen était dans un avant-pendant-après éternel, à défaut d'avoir été président de la République. L'après c'est le moment des fruits-conférences chères et des pépins (judiciaires). 


mercredi 16 novembre 2016

Ca sent pas la rose marine


Horrible, non ?

En ce jour Macronien, le logo de campagne de Marine Le Pen pour la présidentielle vient d’être dévoilé. Explications marketing ici par une blonde en bleu. Je ne connais pas bien le langage des fleurs mais l’absence de la flamme, du front national et de Le Pen est en soi un signal plus fort que le logo.

Un logo qu’on verra plus donc par le vide (qu’il ne montre pas) que par le message. Un message du « Non », du refus, plutôt qu’un message positif. Un mépris des couleurs, autre que le bleu marine évidemment. Si on regarde le logo, penché vers l’avant (vers l’avenir donc) on remarque alors que la rose est vers l’arrière comme un pot d’échappement (ou un pet, au choix). Ca sent pas la rose !!!

Elle dit que la rose bleue c’est « rendre possible l’impossible ». Ah bon ? Il est vrai que Wikipédia dit ça : mystère, patience, atteinte de l'impossible, espoir éternel. Espoir éternel, ça veut pas dire qu’on espère mais qu’on n’y arrivera jamais ? Mais moi j’ai trouvé ça iciLe bleu caractérise un homme turbulent, vantard, léger, menteur, égoïste, disposé à tout pour s'enrichir. Il suffirait de remplacer homme par femme, en l’occurence, pour avoir donc un portrait tout différent.

La rose bleue c’est pas très courant, surtout quand elles poussent comme ça à l’horizontale. D’autant plus qu’elles n’existaient pas dans la nature avant que l’homme les créée. Près de la gare Saint-Lazare il y a toujours pleins de vendeurs à la sauvette de fleurs peintes à la bombe. Certainement des immigrés clandestins. Je leur demanderai s’ils ont des roses bleuies. Il y a peut-être là un marché pour eux. Ce serait savoureux ;) Sinon, lisez ça pour dévoiler le lien entre rose bleue et Game of Thrones. Jon Snow !!!

Elle a aussi dévoilé l’adresse de son futur siège de campagne. C’est au 262 rue du Faubourg Saint-Honoré dans les beaux quartiers. La Salle Pleyel est au 252, tout près. Un concert de pipeau ? de fifre à grelot ? de bois comme dans le contre-fa de l’air de la reine de la nuit ? Mystère et boule de gomme. Heureusement, il y a pas loin, place des Ternes, plusieurs fleuristes bon chic bon genre pour y acheter des roses bleues.

Ah, les logos... et leurs détournements... (y compris les auto-détournements par son équipe de campagne). Heureusement qu’elle n’a pas choisi une rose blanche (de Corfou) sinon Sarkozy et Nana Mouskouri auraient été furieux. Une belle épine dans le pied...



mardi 15 novembre 2016

Dernier jour avant Macron

Vous vous souvenez du dernier jour avant l'élection de Trump ? Du dernier jour avant la déclaration d'une guerre ou d'une catastrophe ? Du dernier jour avant le décès d'un être aimé ? Du dernier jour avant votre dépucelage ?... J'en passe et des pires et des meilleurs.

Pas vraiment en fait.

Aujourd'hui était le dernier jour avant la déclaration de candidature (hors primaires de droite ce dimanche et de gauche après) de Macron pour la présidentielle, si l'on en croit Le Figaro, journal bien connu de gauche de droite libéral national. Un moment bien choisi pour emmerder Juppé qui marche sur le même électorat que lui, Hollande qui n'a toujours rien dit même si sa décision est pliée, et Valls qui piaffe pour se déclarer aussi. Hollande a donc décidé implicitement de soutenir Macron dans sa candidature, en tous cas c'est mon analyse.

Cet événement surprise est annoncé à l'avance, comme toute bonne surprise artistement préparée. La surprise serait, maintenant, qu'il ne le fasse pas, mais ne rêvons pas.

Qu'avez-vous fait aujourd'hui, donc, avant ce cataclysme microscopique ? Avez-vous imaginé quel sera votre brillant avenir ? Avez-vous pensé à tout ce qui peut se passer ? A la réaction de Gérard Depardieu par exemple ? Avez-vous au contraire fait les mêmes choses que d'habitude, en toute sérénité ou en plein stress ? Avez-vous profité de la vie, avant de succomber à tous les populismes qui nous entourent ?

Moi, j'ai suivi l'actualité :
- la grève des agents des impôts, à ne pas confondre malheureusement avec la grève des impôts.
- la grève à i-Télé qui célèbre son premier mois, avec seulement maintenant un début de négociations
- la préparation du prochain match de foot de la France contre le champion d'Afrique

Pas folichon, tout ça. Pas une journée mémorable. Demain sera pareil a priori, malgré la percussion de la comète Macron sur la mégacéphalie des politiciens français, un sorte de MacronMégas.

lundi 14 novembre 2016

Il fait froid, l'Europe rétrécit

Avez-vous remarqué ? Depuis les premiers frimas, l'Europe a bien rétréci. Contractée pour l'hiver, endormie comme la marmotte, gelée comme ses politiques.

Les élections américaines ont fait tourner toutes les têtes vers l'Ouest, loin, loin, presque jusqu'au Pacifique, là où on peut fumer de la Marie-Jeanne sans souci dorénavant. L'élection de Trump, avant, pendant et après a remué tous les coeurs et agité toutes les méninges. Les dirigeants européens se sont illustrés par leur courage : on préfère Clinton (avant), on est inquiets (pendant) et on soutient le président élu (après) avec moult télégrammes de félicitations t conversations téléphoniques pour se voir. Donc de ce côté l'Europe est apparue comme à la traîne des USA, une fois de plus.

Le Brexit, lui, poursuit son chemin. Avec du retard et des précautions diplomatiques d'influençable traditionnelles, mais il s'avance. Son déclenchement est prévu dans deux mois sauf avis contraire du Parlement. Là aussi, l'Europe (continentale) est à la traîne. Elle est obligée d'attendre le bon vouloir de sa Majesté et de son gouvernement. Rognée à l'Ouest, l'Europe sortira de toutes façons diminuée de ce combat, même si les places continentales se battent (se déchirent même) pour obtenir les meilleurs morceaux du cadavre.

En Europe même, il y a tellement d'attente avec les élections à venir (France et Allemagne notamment) que la plupart des décisions sont grippées, au plan purement interne. Les réfugiés sont venus immobiliser une Europe déjà frileuse et où personne n'ose parler puisque chaque prise de parole clive, sans compter ceux qui sont là justement pour cliver encore plus.

Et puis à l'Est de l'Europe, deux élections sont venus refroidir encore plus le climat (politique malheureusement, le vrai climat, lui, continue à se réchauffer). En Bulgarie et en Moldavie, les électeurs ont élu des responsables pro-russes au pouvoir. L'Union européenne n'a pas tenu ses promesses avec ces deux pays (et d'autres) et s'est même rendue coupable de complicités avec certains responsables locaux dans des affaires de corruption, de détournement de crédits européens et de prises illégales d'intérêt. Ces pays, à la marge orientale de l'Europe, en glissant plus vers la Russie ont tendance a marquer une tendance, justement, inexorable d'effritement de l'Europe. Un vrai mouvement de fond, c'est sûr.

Le territoire européen se réduit, comme l'Arctique et les glaces. La fonte de l'Europe ?

dimanche 13 novembre 2016

Du temps de cerveau pour... une nouvelle fête

Le grand jour était enfin arrivé. Le jour de la fête !

Comme tous les autres enfants de mon âge, j'étais tout excité à l'idée de ce jour. Il y aurait de la musique, des orgies de cochonnailles, de fromages et surtout, surtout de gâteaux. Il y aurait des danses, des habits de toutes les couleurs. Il y aurait plein de drapeaux, plein de sourires. Quelques pleurs aussi et beaucoup de discours ennuyeux qui ne servaient qu'à capter l'attention des adultes pendant que nous, les enfants, allions voler quelques sucreries et soulever des coins de tissu pour y découvrir en avant-première les costumes et les décors de la fête.

La fête était le jour le plus important de l'année, et pas seulement pour nous les enfants. Les adultes préparaient la fête pendant des jours et des jours. Ils cousaient, elles fabriquaient des décors, ils chantaient, elles parlaient à voix basse, pendant que nous les enfants zigzaguions partout entre leurs jambes. Bien sûr il y avait le jour de l'An pour célébrer le début de l'année, mais c'était en plein hiver et personne n'avait vraiment envie de faire la fête en plein froid, non ? Il y avait aussi la fête nationale avec plein de militaires marchant d'un pas fier sur des musiques ennuyeuses et répétitives mais au rythme bien marqué, mais c'était pendant les grandes vacances d'été et nous les enfants étions éparpillés aux quatre coins du pays en train de ne rien faire.

A l'école nos professeurs nous faisaient travailler depuis des mois pour fabriquer des supports variés de toutes les couleurs et dans toutes les matières, sur lesquels nous écrivions avec tous les moyens imaginables : gravure sur bois ou métal, peintures, reliefs sculptés, vitraux cuits à la main, mosaïques, tissus et tricots, gravures laser à la molécule près et même simplement dessins avec du sang.

La fête était vraiment un beau moment. Et c'était aujourd'hui !!! En plus pour moi, ce serait un jour mémorable puisque ce serait ma première fête après mes treize ans. J'allais être initié, devenir comme un adulte et tout savoir sur tout. Je voyais bien que certains de mes camarades étaient jaloux. D'autres étaient pourtant dans la même situation. Elle, surtout. Nous avions le même âge et nous allions être initiés ensemble. Enfin, ensemble, non, je voulais dire initiés le même jour mais chacun séparément. Le rite d'initiation est personnel et doit se faire chacun seul devant les anciens. Mais qu'à cela ne tienne ! Ensuite, nous serons adultes et nous pourrons danser ensemble, rire ensemble et aussi oui raconter nos rites de passage. Je me suis demandé depuis longtemps si le rite était le même pour les garçons comme moi et les filles comme elle. Nous le saurons tout à l'heure ! Enfin !

Ce matin je m'étais levé comme d'habitude. Ma mère avait posé sur ma chaise ma tenue d'adulte. J'irai nu à la cérémonie, comme tous les autres enfants, mais je porterais ma tenue sur mon bras droit et une fois adulte j'aurai enfin le droit d'enfiler cette tenue. J'avais eu le droit de choisir la couleur et j'avais choisi vert. Vert comme l'herbe, comme la mer et comme mes yeux. Vert comme la couleur des agriculteurs, le métier que je voulais faire depuis tout petit. Et je savais qu'elle avait aussi choisi le vert, car j'avais surpris nos deux mères en train de discuter et de coudre ensemble.

C'est peu dire que j'étais très nerveux en approchant de la tente des anciens. Il y avait deux entrées, une pour les garçons et une pour les filles. Quatre garçons et deux filles attendaient déjà devant. Elle n'était pas encore là. Les filles ! Elles mettaient toujours tant de temps à se préparer. C'était ridicule. Il était encore tôt car la cérémonie devait se dérouler avant le début proprement dit des discours. Et les enfants qui ne se présentaient pas à l'heure étaient simplement écartés jusqu'à l'année suivante. Pas de ça avec moi ! Ni avec elle, j'espère !

Je venais de m'installer dans la file quand je la vis arriver avec deux amies. Elle me regarda, compta le nombre de garçons devant moi et fit passer ses deux amies devant elle. Elle me souriait. C'était touchant. Elle s'était débrouillée pour qu'on passe ensemble... Je lui souris en retour. Ses amies ricanaient et bavardaient à voix basse. Les filles, c'est vraiment une engeance. Elles parlent tout le temps et on ne comprend jamais rien à ce qu'elles disent. C'est énervant.

Le rite durait cinq minutes. Pas une de plus. Toutes les cinq minutes un gong retentissait et un garçon et une fille entraient dans la tente. Nous savions peu de choses, mais nous avions quand même compris que juste avant d'entrer, le garçon ou la fille qui précédaient entraient dans une autre partie de la tente pour se vêtir. Tout était réglé comme une partition. Il faut dire que la fête et la cérémonie duraient depuis des milliers d'années au moins, à ce qu'on nous avait dit.

Les professeurs avaient refusé de nous dire d'où venait la fête ou pourquoi la cérémonie avait lieu ce jour en particulier, en automne, un jour sans intérêt, ni chaud ni froid, un jour banal en fait. Quand nous insistions, ils disaient seulement que nous saurions tout ce qu'il y avait à savoir une fois adultes. Et c'était aujourd'hui !!! J'allais tout savoir !!!

J'entendis le gong. C'était mon tour. Je lui souris une dernière fois et nous soulevâmes en même temps les coins de la tente pour y entrer. Quel grand moment !

La tente est toute noire. Mes yeux ont du mal à s'acclimater. Il y a juste une bougie qui me fait face. Je me rends compte qu'elle m'éclaire et qu'en même temps elle m'empêche de voir tout ce qu'il y a derrière. Je m'avance. Une voix (d'adulte, homme) me dit "Stop". Je m'arrête. Je sens qu'ils me regardent. Cela dure un temps infini. J'attends. Je ne sais pas ce que j'attends, ni eux, mais j'attends.
Le silence dure. Je me racle la gorge. La même voix d'homme dit "Oui ?". Je décide de parler.
- Bonjour Monsieur, dis-je sur le ton habituel avec lequel on parle aux adultes
- Bonjour
- La cérémonie va se passer quand, Monsieur ?
- La cérémonie a commencé, elle va bientôt se terminer en fait. La voix de l'homme est triste.
- Mais, Monsieur, il ne se passe rien ! Ma voix est pleine de surprise, je ne vois toujours rien.

Il ne répond pas. Je ne comprends pas.
- Puis-je poser une question, Monsieur ?
- Oui. Sa voix est moins ennuyée d'un coup.
- A quoi sert la cérémonie, Monsieur.
- C'est pour marquer ton passage à l'âge adulte. Sa voix est redevenue triste
- Mais il ne se passe rien !
- Tu l'as déjà dit. Sa voix est tellement triste. Je sens que je le déçois. Je dois prendre une initiative.
- Que commémore la fête, Monsieur ? Je suis très fier de ma question. J'y songeais depuis quelques jours. Puisque les adultes savent tout, je vais enfin savoir.

Il ne répond pas tout de suite.
- Tu as une idée, toi ?
- Mais je ne suis qu'un enfant, Monsieur. Ce sont les adultes qui savent, pas nous. Je voudrais savoir, s'il vous plaît. Je n'en ai aucune idée.

Je dois me calmer, me dis-je, je ne dois pas m'énerver.
Il laisse encore un temps se passer. Puis il dit "Nous non plus". Et je vois un coin de la tente se soulever avec un rayon de lumière. Je comprends que je dois sortir. Je dis "Au revoir, Monsieur" et je sors. J'arrive dans une autre chambre de la tente. Il y a un miroir et une chaise. Je sais que j'ai cinq minutes tout au plus pour m'habiller. Je me dépêche. J'essaye d'écouter mais les tentures sont très épaisses et aucun son ne me parvient.

Un dernier regard dans la glace. Je suis beau. Habillé comme un adulte. Je sors dans la lumière du jour, de l'autre côté de la tente.Quelqu'un me prend le bras et me conduit devant une table à tréteaux installée tout près. On me tend un verre. Je bois mécaniquement.

Qu'est ce qui vient de se passer ? Je ne comprends pas. Suis-je adulte ? La cérémonie est-elle terminée ? Où sont les réponses à mes questions. Je ne sais rien de plus qu'il y a cinq minutes. Est-ce que cela fait de moi un adulte ? Est-ce que j'ai raté la cérémonie ?

Je ne bouge pas. Les pensées tournent dans ma tête; Puis je sens une main sur mon bras droit. Une main toute douce. Je me tourne vers la droite. Elle est là, juste à côté de moi. Elle est si belle, toute vêtue de vert, comme moi et en même temps tellement plus jolie avec une harmonie de dégradés de verts. Elle me regarde dans les yeux. Elle pleure. Je la prends dans mes bras.

Nous nous étreignons longtemps. Sans rien dire. Puis elle me murmure dans l'oreille, si bas que personne d'autre ne peut entendre : "Tu es adulte ?"
- Je ne sais pas vraiment. Et toi ? je murmure, à pleine plus haut qu'elle.
- Je ne sais pas, mais je crois que oui. Sa voix tremble.
- Tu as posé des questions ? Tu as eu des réponses ?

Elle s'écarte un peu de moi et me regarde intensément.
- Je ne peux rien te dire si je ne suis pas certaine que tu es un adulte. Son ton est déterminé.
- Moi non plus, évidemment.
- Alors tu es un adulte ?
- Je suis habillé comme un adulte. Et toi aussi. Et d'ailleurs tu es très jolie.
- Merci. Mais là n'est pas la question. L'habit ne fait pas l'adulte. Nous nous sommes déjà déguisés en cachette, tu te souviens ? Elle sourit.
- Oui, c'est vrai. Mais nous sommes passés par la cérémonie. Donc nous sommes adultes.
- Tu crois ? Tu crois vraiment ? Son ton est bizarre, à la fois interloqué et plein d'espoir.

Je sens que je dois réagir. Je dis "Oui, je suis certain que nous sommes adultes maintenant".
- Nous sommes adultes ? C'est incroyable. Elle fronce le nez.
- Qu'est-ce qui est incroyable ? Son nez est vraiment adorable.
- J'ai posé des questions et je n'ai pas eu de réponse. Pourtant les adultes doivent tout savoir, non ? C'est ce qu'on nous a toujours dit à l'école, non ?
- Peut-être que les professeurs se sont trompés, dis-je en hasardant une hypothèse farfelue.
- Les adultes se tromper ?

J'ai une inspiration. Je dis "En fait les professeurs nous ont dit que les adultes savaient tout ce qu'il y a à savoir. Ce n'est pas tout-à-fait la même chose...". Elle me regarde. Je vois qu'elle comprend. Elle dit simplement "Oh !"

- Mais alors que savent les adultes de plus que les enfants ? dit-elle d'une voix surprise
- Je ne sais pas. Et je souris. En disant cela, je suis vraiment un adulte.
- Pourquoi tu souris ?
- Les adultes nous ont bien eus, tu ne trouves pas ? Allez, viens. On va demander aux autres enfants devenus adultes et aux autres adultes.

Elle me regarde et m'embrasse. Puis elle glisse sa main dans la mienne.

Il ne nous faut que quelques minutes pour comprendre. Personne ne sait rien. A ceux qui ont posé des questions, la réponse a toujours été la même "nous ne savons pas"... Les adultes nous regardent avec tristesse. C'est incompréhensible. Nous attendons même la sortie de ceux qui nous ont interrogés dans la tente, mais nous ne voyons personne sortir, même après que le dernier enfant-adulte soit sorti, aussi perplexe que nous.

A ce moment résonne le grand gong, celui qui marque le début de la fête. La musique commence et tout le monde rit puis se met à danser. Nous dansons aussi, évidemment, elle et moi. C'est enthousiasmant. Et bientôt nous oublions tout le reste tout à notre bonheur d'être adulte. Les discours se succèdent entre deux danses. Mais personne ne les écoute. J'ai bien essayé d'écouter le premier. Le maire a parlé de la fête, de son importance depuis des milliers d'années, depuis la première fête. Il nous a parlé des couleurs, des danses du bonheur être ensemble. Il même félicité les enfants devenus adultes aujourd'hui.

C'est la nuit maintenant. La fête vient de se terminer. Elle est endormie dans mes bras. Nous savons tous les deux que ce jour a marqué le début de notre vie d'adulte, ensemble, elle et moi. Nous savons que ce jour est pour nous le plus important de tous, pour nous et pour nous seuls. Nous ne savons pas ce qu'est la fête. Nous savons que personne ne sait ce qu'est la fête. Mais nous nous en moquons. Parce qu'à partir d'aujourd'hui, cette fête inconnue est la nôtre. Une célébration qui deviendra avec les années la plus belle des fêtes, pour nous deux.

Et tant pis si la fête a une autre raison, inconnue de tous, perdue dans l'Histoire. Cette raison là nous suffit. Je m'endors. A côté d'elle. Nus tous les deux. Mais plus comme des enfants.

samedi 12 novembre 2016

Vague

Vague

Vague à l'âme. Succession de moments où on se laisse balloter par l'eau, le vent ou l'air du temps. Pas maîtres des événements ni du temps. Vague sentimentale qui nous étreint en sortant d'un crématorium. Un sentiment clair et pourtant inexplicable. Un vague à l'âme partagée, nécessairement. Il n'en est que plus beau. 

Une vague. Qui nous porte et nous emporte. Nous ramène et nous supporte. Soutien fort ou à regret. Un mouvement lent et régulier qui fait vibrer l'intérieur du corps. Comme quand on marche tel un bateau, ivre de fatigue et d'émotion, susceptible de valser à tout moment. Sans contrôle. 

Vague. Imprécis. Flou. Indéfinissable et donc impossible à décrire à écrire. Un sentiment entre deux, plein de courbes et de bruits. Un sentiment diffus juste à la limite de la conscience. 

Vagues de la mer, de la Méditerranée, si petites en général mais de temps en temps presque bretonnes, si rarement. Vagues qui se succèdent, une plus forte toutes les sept à moins que cela ne soit un autre rythme, déterminé par la pulsation de la mer. Vaguelettes ou tsunamis. 

Vague d'amour. Pour ma sœur mais aussi et surtout  pour celles et ceux qui sont là. Tant d'amour à donner et à recevoir. Amour dans tous les sens du terme. Parce que c'est la vie, comme on disait dans Abattoir 5, parce que la vie est belle, comme on disait dans La vie est belle, parce que la vie est à nous, comme on dit ici. 

Carpe vitam. 

vendredi 11 novembre 2016

La diversité des formes de violence des mammouths quand ils font face à une attaque de cucurbitacés, le 11 novembre

Quel est le point commun entre le Mammouth, la Violence, la Diversité et les Cucurbitacés ?

Pas grand-chose si ce n’est que j’ai fait des billets sur eux le 11 novembre.

Comme ce blog dure cinq ans, de 2012 à 2017, il s’agit donc du dernier 11 novembre qui y sera évoqué. Quoi dire ?

Quoi dire de plus que la diversité des formes de violence des mammouths quand ils font face à une attaque de cucurbitacés ? Imaginez un peu la scène : un pauvre mammouth broute paisiblement quand il aperçoit au loin un vol de cucurbitacés en approche. Il se met alors en position de combat et enchaîne des mouvements avec ses défenses pour les découper en rondelles et les enfilercomme une brochette, puis il lève ses grosses pattes pour en faire de la purée. En fin il pousse son barrissement de guerre et les concombres se désintègrent en plein vol. Quelle violence !

Quoi dire de plus ? Rien en fait.

Cette année, pour son dernier 11 novembre, François a eu 7 minutes Donald Trump au téléphone (quelle réussite !!!). Un vrai exploit... La Mairie de Paris lance un site virtuel d’hommages réels aux morts pour la France. En Chine le richissime propriétaire d’Alibaba a transformé le 11 novembre en fête des célibataires pour acheter tout avec des réductions, comme le black friday des américains à venir. Rappelons que c’est en 2012 justement que le 11 novembre est devenu la célébration de tous les morts en opération pour la France, et pas seulement celle des poilus de 14-18. Vivement que la droite revienne au pouvoir et supprime un des deux jours fériés pour la fin des guerres en être le 8 mai et le 11 novembre.

Mammouth écrase les jours fériés.







jeudi 10 novembre 2016

Ni Une ni deux, Trump déjà à la Maison-Blanche

Comme à chaque grand événement, qu'il nous plaise ou pas, j'ai rassemblé quelques Unes de la presse mondiale suite à l'élection de Trump à la Maison-Blanche. Il y en a 163 (and counting) ici.

Quelques-unes des mes favorites sont ci-dessous, dont la première, pour le plaisir sado-maso de se replonger dans le ridicule d'hier. J'en profite pour vous renvoyer aux billets où j'ai parlé de Trump, la première fois il y a un an seulement.

Sur ce, le Beaujolais nouveau, c'est dans une semaine. 
Encore une semaine à attendre pour se saouler la gueule ???