vendredi 31 octobre 2014

Les députés sont aussi des "êtres vivants et sensibles"

L'Assemblée nationale a voté un amendement important cette nuit à propos des animaux (domestiques et d'élevage). Dans le code civil, les animaux étaient des "biens meubles", alors que dans les codes pénal ils étaient déjà considérés comme des "êtres vivants et sensibles". Le code civil est donc maintenant aligné avec les autres codes - enfin presque puisqu'il faut encore une navette entre les deux assemblées. Mais il est également précisé que "Sous réserve des lois qui les protègent, les animaux sont soumis au régime des biens corporels".

C'est un sujet de société, un petit pour certains, mais important pour d'autres, qui se battent depuis plusieurs années sur les droits des animaux. Comme tout sujet de société, il y a division des forces politiques. L'UMP, poussée par le lobby de la FNSEA - les gros agriculteurs et surtout éleveurs - a voté contre mais pas totalement et les socialistes - poussés par les verts - ont voté pour. C'est donc un texte de compromis entre deux lignes :
- ceux qui considèrent que les animaux méritent de bénéficier d'une troisième catégorie juridique entre humains et choses, au risque de perturber les activités qui les exploitent depuis quelques dizaines de milliers d'années et de faire payer des dommages et intérêts aux professionnels
- ceux qui veulent protéger l'activité économique de l'élevage, au risque d'affaiblir les droits des animaux à ne pas être martyrisés. Et le foie gras dans tout ça ? Hein ? Zut, le foie gras c'est bon !

Ce texte, s'il est adopté définitivement un jour, aura en fait peu de conséquences pratiques, même si le code civil est le code le plus utilisé en France. Mais il y a une conséquence quand même, pour les gens normaux qui ont des animaux de compagnie : en cas de divorce par exemple, le chien ou le chat du couple devra faire l'objet ddd clauses dans le jugement de divorce pour délimiter les droits de garde et de visite. Encore aujourd'hui, en tant que "meuble" un animal de compagnie voit son cas se régler - dans les situations conflictuelles - comme le frigo, le micro-onde ou la lampe de la belle-mère.

Avis donc aux futurs divorcés : ne croyez pas que votre chien-chien vous suivra automatiquement tout le temps. Idem pour votre merveille de chat guili-guili ronron... Le texte parle d'animaux appropriés - c'est à dire d'animaux devenus la propriété d'humains et qu'ils côtoient régulièrement(. Le texte exclut les animaux sauvages ou même la corrida. Les éleveurs vont continuer à agir contre ce texte (il est où mon foie gras ?) comme si le fameux "oeil de l'éleveur" était le garant de toutes les libertés, celle des animaux y compris.

On remarquera juste que la sensibilité des humains aux animaux est en croissance, notamment chez les jeunes qui en ont assez qu'on sacrifie la planète et la vie aux intérêts immédiats de certains. Ce projet de loi en est un exemple.

Je vais regarder l'alligator qui est dans ma baignoire d'un autre oeil, moi !

jeudi 30 octobre 2014

Printemps noir à Ouagadougou

Extrait du site Jeune Afrique ce matin

11h54 - Dans un communiqué publié sur sont site, le gouvernement informe "l'ensemble des populations de l'annulation de l'examen du projet de loi portant révision de la Constitution" et appelle "les populations au calme et à la retenue".
11h50 - Les manifestants se regroupent sur la place de la Révolution. Les forces de sécurité ont fui la plupart des grands axes de la capitale.  
11h38 - La radiotélévision nationale, envahie par des manifestants, a cessé d'émettre.
11h32 - Le cabinet de la présidence tient actuellement une réunion de crise au palais de Kosyam.
11h26 - Selon plusieurs témoins, le siège du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le parti de Blaise Compaoré, a aussi été saccagé par des manifestants.
11h17 - Des manifestants vont et viennent dans le siège de la radio télévision nationale.
11h12 - Les militaires ont dégagé l'avenue de l'Indépendance, laissant les manifestants libres de leurs mouvements.
11h09 - Selon un député interrogé par Jeune Afrique, "les militaires laissent faire les manifestants".
11h06 - Les députés ont été exfiltrés de l'Assemblée et ont été emmenés à la direction de la Police nationale. Des manifestants se dirigent vers la radio télévision nationale.
11h01 - Une fumée noire monte s'élève au-dessus de l'Assemblée nationale.
10h59 - D'après l'un d'entre eux, contacté par Jeune Afrique, des manifestants se dirigent vers la Primature.
10h57 - Selon plusieurs témoins, des manifestants sont entrés dans l'Assemblé nationale. Un début d'incendie a été signalé.

On en avait parlé mardi ici. Ce matin l'Assemblée nationale du Burkina Faso devait examiner le projet de coup d'Etat constitutionnel du président en exercice qui souhaitait se représenter ad vitam eternam pour un nouveau mandat. Les manifestants de l'opposition ont ratissé large et on parle effectivement de plus en plus de cett expression "printemps noir". A quelques semaines maintenant du Sommet de la Francophonie à Dakar, ça fait mauvais genre. Très mauvais genre. Abdou Diouf qui rêvait d'un Sommet doux pour sa retraite officielle ne doit pas être content.

A 11h54, l'annonce de l'annulation du projet de loi est tombée. Il s'agit d'annulation, un mot fort, une décision prose dans l'urgence car la révolution gronde et les forces de sécurité ont disparu. Une tranche de vie dans une démocratie africaine typique...

A compléter dans la journée évidemment. Les manifestants iront-ils jusqu'au palais présidentiel, bien défendu ? Pour mémoire, 60% de la population du Burkina Faso est composée de jeunes !

Ouaga, le 28 octobre
Aujourd'hui, l'assemblée nationale

Mise à jour ce jeudi soir (et noir) :
Le président a dissout le gouvernement et déclaré l’Etat de siège en donnât donc les pouvoirs à l’armée.
L’armée dissout le gouvernement et l’Assemblée et va nommer une autorité de transition. pour un an, ça s’appelle un coup d’Etat sous la pression populaire, avec un vieux militaire à la tête...
Blaise Compaoré se dit toujours président en titre, mais la nuit va être longue. Sera-t-il exfiltré ? Il y a une place à prendre à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie !!!

Mise à jour vendredi midi, Halloween :
Le président s'accroche et aurait fait arrêter le général à la retraite qui était porté par la foule. Perturbations attendues en retour aujourd'hui ! Appel de l'opposition au départ sans conditions du président :





mercredi 29 octobre 2014

Un pape évolutionniste comme ses prédécesseurs

Raté pour les intégristes et autres anti-darwiniens. Le nouveau pape, François le vaticain, considère que l'évolution ou le big bang ne sont pas incompatible avec le Dieu des catholiques papistes. Comme ses prédécesseurs depuis Jean-Paul II.

Cela n'empêche pas les extrémistes du bénitier de parler en son nom souvent et de dire le contraire. Aux USA évidemment avec l'essor des créationnistes mais aussi en France où la tendance est la même. Science et croyance, un sujet classique de philosophie. Evidemment ls opposants à l'évolution sont plutôt nombreux chez les évangélistes issus de la mouvance protestante, mais c'est la même chose chez les catholiques de l'extrême.



Jugez par vous même, c'était devant une académie des sciences...
Il a dit que le Big Bang ne contredit pas « l'intervention créatrice de Dieu, au contraire, il la requiert ». De même, l'évolution n'est pas incompatible avec l'idée de Dieu car « elle requiert la création d'êtres capables d'évoluer ».

Tous les étudiants et universitaires le savent bien, mais ça fait toujours du bien de l'entendre de la bouche d'un pape. Ne pas confondre le pourquoi et le comment. Ce n'est pas pour cela non plus, à l'autre extrême, qu'il faut tomber dans un scientisme qui serait la solution de tout. La science découpe les problèmes en petits problèmes, de manière très cartésienne, et ce n'est pas uniquement comme cela qu'on est capable de résoudre des questions plus globale, même en intégrant dans ces sciences celles qu'on dit molles, les sciences humaines et sociales. Les humanités pour l'Humanité.

On peut considérer que cet abandon officiel de la métaphore biblique (Adam et Eve ou le monde créé en 7 jours) va choquer ceux qui les prenaient au premier degré. Tant pis pour eux. Qu'ils réfléchissent un peu. Inversement, cette position d'une prééminence d'un Dieu, puissance créatrice, au-delà de mécanismes physico-chimiques, peut choquer quelques scientistes extrémistes (il y en a aussi). Sans tomber dans le jésuitisme, puisque ce débat est ancien, il a le mérite de séparer les questions. Et même s'il s'agit d'un effort marketing pour dépoussiérer la religion romaine, il est louable. Hosannah ?

Comme l'a démontré Gödel il y a presque cent ans, tout système fermé peut produire ds propositions indécidables en restant uniquement dans le système. La science a besoin de contrepoints : sur le fond et sur la démarche. En effet, même au plan de la méthode scientifique il peut y avoir des dérives qu'il est nécessaire de recarder de temps en temps et on en parle ici souvent.

La différence fondamentale réside quand même dans la notion même de porteur du discours :
- en matière de sciences, les porteurs des discours sont évalués par leurs pairs et il y a régulièrement des remises en cause de situations établies, car la science avance de manière cumulative par petits pas, dans une logique collective assez bien maîtrisée - même si cela peut décourager de temps en temps l'innovation. Les noms des porteurs de discours ne sont pas si importants que cela, après coup.
- en matière de religion - et de religion catholique romaine en particulier - un pape peut défaire ce qu'un autre a fait : le dogme évolue - lentement certes - mais il évolue. C'est un exercice collectif avec des cardinaux pairs, mais l'influnce du pape est déterminante. Le prochain pape dira peut-être le contraire. Allez savoir ?

Profitons quand même de ce moment, puisqu'il vient de se produire. La science n'est pas une religion ;)

mardi 28 octobre 2014

En Afrique, une élection aussi peut en cacher une autre

Quelques nouvelles électorales d'Afrique...

En Tunisie, les élections qui viennent de se tenir sont les deuxième après la révolution tunisienne qui a lancé les printemps arabes. Les premières datent de 2011 et le parti islamiste qui les avait fanées vient de perdre les nouvelles élections. Habituel en démocratie pour un parti au pouvoir lorsqu'il y a une crise économique et violente, cette défaite prend un air très différent quand oçn regarde qui les a (aurait) gagnées : un nouveau parti hétéroclite et très récent, Nidaa, tout-à-fait anti-islamiste et qui a annoncé vouloir gouverner avec une large coalition. Une belle leçon de démocratie, même si la participation a baissé, en Tunisie comme ailleurs. En tous cas une confirmation de l'entrée résolue de la Tunisie dans l'ère des démocraties modernes.

Ce qui n'est pas le cas d'autres pays africains francophones.

Au Burkina Faso, manifestation monstre aujourd'hui, à Ouagadougou la capitale. Il s'agit de se mobiliser contre le projet du président Blaise Compaore de modifier la constitution pour avoir le droit de se représenter en 2015. Il avait déjà fait le coup en 2000. Rappelons qu'il a pris le pouvoir il y a 27 ans à la faveur d'un coup d'Etat. Puisque la mode est à la démocratie - nécessaire pour obtenir des financements internationaux - et que la démocratie suppose des élections régulières et régulières (dans les deux sens du mot), autant modifier les règles pour faire semblant de les suivre. Quelques chefs d'Etats continuent à croire que rien n'a changé, porté par leur folie et leur entourage. Pourtant le Burkina est un pays stable et reconnu par tous comme un partenaire fiable...

Citons le cas du Cameroun, avec Paul Biya qui a fait récemment le même coup, ou celui du Burundi avec Pierre Nkurunziza ou enfin celui du Rwanda voisin avec Paul Kagame. Tous essayent de rester le plus longtemps possible en changeant la constitution de leur pays, quels que soient les avis de leurs sociétés civiles. Ils devraient faire comme le Tsar Poutine qui a trouvé la martingale gagnante : un coup il est président avec tous les pouvoirs, un coup il est premier ministre avec tous les pouvoirs et ça recommence. Il est clair que toutes ces opérations sont des dénis cyniques de démocratie, où les hommes (forts) sont placés avant les institutions (fortes). Et le nombre de spécialistes du droit constitutionnel qui s'affrontent sur ces questions est proprement effrayant. Voilà une spécialité du droit qui ne fait pas envie !

Attention cependant à ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Les découpages nationaux en Afrique sont à la source de beaucoup de problèmes, y compris en matière de santé. A chaque changement de pouvoir dans un de ces pays africains, les affrontements ne sont pas que politiques et derrière traîne toujours la possibilité de violences interclans. La plupart des diplomates internationaux espèrent à chaque fois que cela ne va pas dégénérer en violences - vous vous souvenez de la République centrafricaine dont les médias ne parlent plus ?.. Tout se passe comme si la communauté internationale voulait se donner bonne conscience en annonçant que le nombre de violences diminue, même si cela passe par un soutien discret mais réel aux pouvoirs en place, dictateurs ou présidents à vie, en espérant que le monde ne s'écroulera pas de leur vivant.

Piteux.

PS : J'ai mis "déontologie" comme mot-clé à ce billet. Je me demande bien pourquoi, finalement.

PPS : A lire !




lundi 27 octobre 2014

Recette du budget français à la sauce européenne

Ingrédients

Un président de la République française qui n’a rien à perdre
Un ministre des finances qui aime Noël, avec un peu de Sapin
Un premier Ministre qui aime l’eau de Vals
Un commissaire européen français pas encore en poste
Un budget français
Un parlement français à majorité limite
Un commissaire scandinave en fin de mandat

Recette

Présentez votre budget français à la commission européenne, en sachant très bien qu’il ne lui plaira pas, mais qu’il vous plait à vous et qu’il est vocable par votre majorité étriquée.

Attendez que celle-ci se fâche et vous envoie une lettre recommandée qui demande des explications sur l’origine des ingrédients (de divers pays de l’Union européenne pourtant).

Pendant ce temps, préparez un ajout au budget qui le rend acceptable par l’Europe : pour cela changer la contenance des récipients que vous utilisiez sans rien dire à personne. Qui remarquera qu’une bouteille de 75 cl ne fait en fait que 71 cl ?

Lorsque vous recevez la lettre, laissez la pression monter dans la cocotte-minute médiatique un week-end au moins.

Le lundi, annoncez que vous allez faire des économies supplémentaires sans pourtant toucher aux fameux 21 milliards initiaux. si on vous demande comment, parlez de taux d’évaporation des composants alcoolisés et d’une dette qui peut en cacher une autre.

Attendez que la Commission gobe votre plat. Normalement elle sera dissoute dans moins d’une semaine et les effets secondaires ne devraient pas avoir le temps de s’exprimer.

Apportez un pousse-café pour faire passer le plat et l’addition.

Bon appétit !

dimanche 26 octobre 2014

Du temps de cerveau pour… une nouvelle ding ding

C’était le grand jour pour Kevin. Ou plutôt la grande nuit. Il la préparait depuis presque un an, depuis qu’il avait réalisé le potentiel de cette nuit en particulier.

Il avait commencé par conduire des recherches approfondies sur cette nuit et sur la manière dont certains avaient exploité ou non la faille qu’il avait découverte. Rien. Il n’avait rien trouvé de concluant. Il devait être le premier à y avoir pensé. Cela l’avait conforté dans son grand projet ! Il avait ensuite travaillé dur pour accumuler un capital de départ, qu’il avait réussi à faire fructifier un peu. Un mois avant la date fatidique il avait emprunté une grosse somme d’argent pour lui, histoire de s’acheter la tenue nécessaire pour son exploit et d’étoffer son capital de départ.

Ce samedi soir là, il était fin prêt et radieux comme un prince dans son smoking sur mesure. Il savait qu’une telle tenue lui ouvrirait grandes les portes de n’importe quel casino et il avait choisi le plus beau, à Monte-Carlo. Quand il arriva vers minuit - car qui arriverait plus tôt ? - le personnel lui fit des saluts appuyés et il se dirigea d’un pas nonchalant vers la salle réservée aux plus hauts enjeux. Il était venu discrètement repérer les lieux deux fois avant ce samedi, histoire de prendre ses marques et d’avoir l’air d’un joueur expérimenté.

La salle était calme mais seulement en apparence. On sentait la tension des joueurs. Pas de machines à sous ici. Elles étaient réservées aux salles du bas et les rideaux de velours empêchaient tout bruit parasite de venir troubler la concentration des joueurs, l’élite de l’élite. Kevin se dirigea vers le bar et se commanda un cocktail simple et peu alcoolisé. Il devait rester concentré pendant plusieurs heures et ce n’était pas le moment de perdre la tête. Au centre de la salle était une grande roulette, très belle et très ancienne, même si son mécanisme devait être parfaitement neuf. Il était changé tous les jours pour éviter les martingales simplissimes des idiots qui y croyaient. La sienne était bien plus élaborée !

Il semblait y avoir plus de joueurs et plus de personnel que les autres fois et cela parut normal à Kevin : c’était effectivement une nuit pas comme les autres et tout le monde le savait. Où passer une meilleure nuit que dans un casino, quand on était joueur et qu’il s’agissait de la plus longue nuit de l’année, celle du retour à l’heure d’hiver ?

Kevin s’installa à une table mineure de 21 juste à côté de la roulette principale. Il avait décidé de jouer sans s’occuper de perdre ou de gagner. Il misait le plus petit possible à cette table, enfin le plus petit possible toléré dans cette salle de luxe. Vers 1h45 du matin, il se leva et commanda un autre cocktail, un peu plue alcoolisé. Cela allait bientôt commencer ! Il avait beaucoup perdu déjà, mais cela restait dans la limite de ses prévisions, seulement un quart de son capital. Il se félicita de ses bonnes prévisions et se souhaita bonne chance, puis il se rassit à sa place. Il sortit son carnet et se mit à soigneusement noter les numéros qui sortaient à la roulette, avec l’heure exacte à la seconde près du lancer du « Rien ne va plus » par le croupier. Comme il avait pris des notes toute la soirée à propos du 21, personne ne s’étonna de ce comportement. Même le personnel le jugeait inoffensif. Encore un de ces joueurs qui se croyaient au grand soir de leur vie !

A 2h53 du matin exactement, il referma son carnet et se dirigea vers le bar où il demanda un verre d’eau gazeuse, puis il revint s’asseoir. Mais cette fois, malgré la chaise vide qui l’attendait à la table du 21, il se dirigea vers la roulette. Aucune place n’était disponible. C’était l’heure de pointe au casino, surtout à cette heure. Kevin se tourna vers l’un des membres du personnel qui surveillait la salle et demanda discrètement s’il pouvait avoir une place à la roulette. L’homme hocha rapidement la tête et le pria de le suivre. Il se dirigea vers un joueur assis en luis faisant un signe de la main droite. Celui-ci se leva juste au moment où Kevin s’approchait de lui et il put s’asseoir tranquillement. C’était juste en face du croupier, visiblement la place d’honneur réservée en permanence pour les invités de marque. Kevin se sourit à lui-même. Pour le moment tout allait bien.

Le croupier le salua et lui expliqua que la mise minimum était de 500 euros. Kevin opina. A ce moment l’horloge commença à sonner. Kevin écouta le premier coup. Puis le deuxième et il ferma les yeux une seconde. Il n’y eut pas de troisième coup. Le deuxième était devenu le second. L’horloger du casino connaissait son métier. A trois heures, il était de nouveau deux heures. Kevin rouvrit les yeux au moment où le croupier lançait la boule. Il sortit tranquillement son carnet et regarda sa montre - suisse évidemment. Elle aussi était revenue à deux heures. Il misa un petit jeton au hasard, en choisissant exprès de ne pas miser sur le 21 qui était le premier sur sa liste après deux heures. Il attendit tranquillement en sirota,t son eau gazeuse. Le « Rien ne va plus » du croupier correspondait à la seconde près. Et le 21 sortit évidemment.

Kevin sourit : son carnet comptait vingt numéros. Le deuxième était le 12. Il misa 10 gros jetons sur le 12 et attendit. Le croupier sourient toujours. Le 12 sortit - évidemment - à la seconde précise où il l’attendait. Quelques murmures parcoururent la table. Une petite vague de chaleur. Qu’ils attendent de voir, se dit Kevin.

Kevin gagna le troisième lancer, puis le quatrième. A ce moment il disposait d’une pile impressionnante de jetons. Au moment du cinquième lancer, plusieurs personnes - visiblement des huiles du casino, se rapprochèrent de la roulette. Kevin était à ce moment devenu l’attraction de la roulette. Discrètement l’un d’eux fit un signe au croupier qui se retira avec un signe de tête en disant « changement de croupier ». Kevin sourit. Il s’y attendait.Il glissa quelques jetons au croupier et attendit. Il décida de perdre et misa donc sur le 16 au lieu du 17. Nombreux étaient ceux qui poussèrent un soupir quand il perdit ce coup. Le 17 était sorti. Il imaginait les contenus des chuchotements : il n’est pas passé loin ce coup-ci ; le casino a changé le croupier pour le déstabiliser ; le nouveau croupier a dû tricher pour l’empêcher de ganter trop…

Au coup suivant, Kevin sourit au croupier et mit tout son tas sur le 7. Un silence de plomb tomba sur la table, comme une bulle de coton dans laquelle la boule tournait et tournait sans jamais vouloir s’arrêter. Le croupier regarda Kevin dans les yeux, dit « Rien ne va plus » à la seconde prévue, puis eut une légère contraction du côté gauche. Kevin se dit qu’il devait avoir appuyé sur la pédale pour contrôler la boule. Kevin ne le quitta pas des yeux. Le croupier haussa légèrement les sourcils puis eut la même contraction, un peu plus forte cette fois. Il détourna le regard vers la droite de Kevin, un peu plus haut. Vers son patron visiblement. Il eut un léger tressaillement des épaules et la boule s’arrêta sur le numéro 7. Evidemment.

Il y eut des cris autour de la table. Kevin venait à vue de nez de remporter au moins 10 millions d’euros. Mais Kevin regardait le croupier. Celui-ci suait à grosses gouttes maintenant. Mais il eut le courage de dire « 7 rouge impair et manque »… Le directeur du casino, car c’était lui qui était derrière Kevin, dit alors « La table est fermée, Merci mesdames et messieurs ». Kevin se leva nonchalamment et glissa quelques jetons au croupier, qui ne les prit pas, mais qui lui tendit en échange un simple petit papier.

Kevin traversa la grande salle de luxe comme dans un rêve et se dirigea vers la caisse. Le directeur le suivait comme son ombre. Kevin échangea son papier contre un chèque que contresigna le directeur. Huit chiffres ! Kevin n’avait jamais vu un tel montant. Juste avant de sortir, le directeur lui demanda comment il avait fait. Kevin eut un regard vers la pendule et lui sourit simplement. Le directeur le regarda quelques instants et lui dit « Bien sûr, Monsieur, vous savez qu’à partir de maintenant vous êtes interdit de casino partout en Europe pendant une année. Au plaisir de ne pas vous revoir, Monsieur ». Kevin eut un grand sourire, un vrai sourire de gamin, puis il sortit. Juste au moment de franchir la porte du casino, une pendule sonna trois heures. La vie ouvrait ses portes à Kevin. « Voici une heure bien employée, se dit-il en descendant les marches, et maintenant direction Las Vegas puisque le changement d’heure là-bas est décalé d’une semaine »...

samedi 25 octobre 2014

Et si on prenait le train ?

A l’heure où je vous écris j’ai un fils dans un TGV quelque part en France. Et comme le rapport de la Cour des Comptes sur le TGV est très négatif c’est peut-être le moment de parler de ce sujet.

Je ne rentrerai pas dans les détails du rapport de la Cour (pdf complet ici et article de presse sérieux et résumé là) mais on va parler de quelques aspects grand public. Car la SNCF choisira sa propre stratégie. Elle étudie d’ailleurs une hausse des tarifs pour les plus riches (1° classe), comme si cela pouvait remplacer des réformes structurelles…! Etudie-t-elle une hausse du prix que les agents SNCF et leurs ayant-droit doivent payer (entre 0 et 10% du prix public) ?

Le TGV n’est pas rentable. Ce fleuron de la technologie française voit son taux de rentabilité décroître année après année. Pas assez de voyageurs et malgré les tarifs élevés, les coûts d’exploitation sont trop importants. Il faut dire que le surcoût TGV par rapport à un train normal est trop élevé, et surtout par rapport aux autres modes de transport qui se sont maintenant développés : les autocars longue distance, le covoiturage organisé ou les vols low cost. Même les modèles idTGV ou avec réservation très longtemps à l’avance ne sont plus trop adaptés car les voyages sont de plus en plus courts et de plus en plus organisés au dernier moment. Le fait d’avoir adopté le modèle de réservation de l’aérien est peut-être finalement un handicap.

Le TGV s’arrête partout dans plein de gares. Chaque petite ville veut « sa gare TGV » pour faire croire qu’elle va se développer. Je lisais par exemple qu’il y a plus de gares desservies entre Quimper et Brest par le TGV que par un train TER normal… On voit bien là le poids des politiques locaux. Il y a eu un mythe du tout TGV qui allait accompagner le développement de toutes les zones touchées et a contrario condamner les zones tenues à l’écart. En fait ça ne marche pas comme ça. Une zone économique en avance ou en retard le restera avec ou sans le TGV.

L’époque est à la crise. Et la crise se calcule en économies que les clients doivent/veulent faire. Si le coût du transport est trop élevé, alors on ne se déplace pas ou on choisit un autre mode, y compris la voiture (partagée ou non) car elle reste rentable assez rapidement en fonction de la distance, du nombre de voyageurs et de l’accessibilité du lieu où l’on va. Les TGV moins chers sont encore très chers. Il semble d’ailleurs que la clientèle des TGV soit avant tout celle des classes aisées. Moins de professionnels, toujours pressés. Moins de classes défavorisées. C’est un paradoxe par rapport à la « vision » initiale qui a présidé à ce mode innovant de transport.

Il y a l’argument écolo évidemment qui milite pour le train sous toutes ses formes. Mais cet argument en a pris un coup pour deux raisons : quand les taux de remplissage sont insuffisants, la pollution reste la même et augmente donc par tête de pipe ; la construction des LGV - les lignes à grande vitesse - coûtent de plus en plus cher et sont de plus en plus polluantes et dommageables pour l’environnement, y compris en empreinte carbone. Dans beaucoup de régions la construction de ces lignes pose des problèmes environnementaux qui sont de plus en plus bloquants. Et un TGV sur une ligne classique ne sert à rien. Il pollue même plus qu’un train normal du fait de la puissance électrique nécessaire. Les conducteurs de TGV le savent bien, puisque même à pleine vitesse et sur une ligne rapide, ils coupent le courant dans les descentes pour économiser sur la facture d’électricité. C’est même à cela qu’on reconnait un bon conducteur…

Enfin, il y a la modernité de la SNCF. L’effet TGV a focalisé toutes les énergies, car c’est un gros projet. Sur des tas d’autres chantiers, il y a du retard : de la maintenance pas faite faute de moyens (sauf sur les portions de lignes classiques empruntées par les TGV) ; des innovations non mises en oeuvre car pas assez de capacité disponible pour investir : à ce titre la caricature réelle s’est passée il y a peu de temps : la ministre du numérique a demandé sur Twitter pourquoi il n’y avait pas du wifi à bord des trains (quitte à faire payer un extra) et la SNCF a botté en touche. Pourtant, du fait de son réseau physique, la SNCF a longtemps été la première entreprise à disposer d’un réseau de télécoms très bien distribué dans toute la France, sous-loué même à certaines autres compagnies de temps en temps. Ce temps est révolu et la SNCF est maintenant en retard sur ces innovation. Et ce n’est pas en mettant des lunettes Google aux contrôleurs sur les quais des idTGV que l’image va s’améliorer ;)

Le train, c’est bien pourtant. Et à l’heure de l’ouverture à la concurrence, il est temps de proposer des solutions à cette baisse de rentabilité, car ce n’est pas l’Etat-pauvre qui va renflouer un éventuel déficit !

Photo de famille, un TGV peut en cacher un autre

vendredi 24 octobre 2014

Vendredi européen

L’actualité est pluvieuse et européenne, à moins qu’elle ne soit européenne et pluvieuse.

Au plan des finances, la France et quatre autres pays se font taper sur les doigts par la commission européenne. Pas n’importe quelle commission, mais l’ancienne, celle qui va être remplacée le 4 novembre. Un baroud d’honneur ? Un grand nettoyage histoire de montrer qu’ils ne sont pas mous comme des caramels ? Une pierre dans le jardin de la future commission ? François a tout intérêt à résister, comme l’italien (du même bord) qui en plus s’est permis de rendre public sa lettre comminatoire. La lettre de la France est secrète (c’est-à-dire qu’elle est publiée par Mediapart). En résistant François montrera(it ?) qu’il défend les intérêts de la France. A suivre la semaine prochaine.

Encore pour les finances, la commission européenne a recalculé les contributions des pays au budget de l’Union européenne et, ô surprise, certains y perdent (doivent payer plus que prévu) et d’autres y gagnent. Ceux qui sont gagnants . La France et l’Allemagne ! Ceux qui sont perdants ? Le Royaume-Uni. Tout ça à cause du changement de calcul pour le PIB qui prend en compte maintenant la drogue, les jeux et la prostitution. Il est bien connu qu’il n’y a pas de prostitution en France c’est pourquoi on devrait payer moins… Euh ??? Les statisticiens sont décidément des gens bizarres. Cameron est furieux, lui qui aime bien donner des leçons aux autres.

Toujours pour les finances mais également pour la planète l’Europe a voté des mesures pour réduire l’émission des gaz à effet de serre : des mesures contraignantes avec un objectif ambitieux (-40%) histoire de bien préparer la conférence de Paris dans un an. Dans d’autres domaines, comme les économies d’énergie, les objectifs ne sont pas contraignants et sont nettement moins ambitieux : un via paradoxe, puisqu’au-delà de la survie de la planète il y va aussi de la sécurité pour l’alimentation en énergie de la zone européenne. Ca tombe mal, en pleine crise du gaz en Ukraine ou avec le pétrole de Daesch.

Un vendredi normal donc. Une Europe grise et sans enthousiasme, sous un ciel grisâtre. Allez hop ! Un petit week-end là-dessus.

jeudi 23 octobre 2014

Fiac(re)

C’est reparti pour un tour avec la FIAC 2014 - La Foire internationale d’art contemporain. Paris joue là une grosse carte sur un marché de l’Art un peu malmené et où la concurrence est rude entre les grandes capitales. Et ce n’est pas l’affaire du sapin de la Place Vendôme qui va redorer l’image d’urne France rétrograde, conservatrice et n’aimant pas les choses qui sortent de l’ordinaire. Il suffit souvent d’un seul individu pour ruiner une image, c’est pourquoi c’est si dangereux. Mais enfin ! La FIAC a été inaugurée en grande pompe aujourd’hui, au Grand Palais, dans les galeries et « hors les murs » comme ils disent - un peu comme à Avignon où le Off est plus volumineux que le On.

Je vous ai mis quelques images glanées qui représentent quelques artistes, et que j’aime bien. Après tout l’Art est fait pour être regardé non ? Si vous êtes à Paris, cela vous donnera peut-être envie d’aller à la FIAC, sans forcément acheter d’oeuvres. Il y en a pour tous les prix et elles ne sont pas comptées dans l’ISF ;) Indice : il y a un Léger dans le tas, saurez-vous le retrouver ?



















mercredi 22 octobre 2014

Première pierre pour incubateur de start-up innovantes

Oulala. Ca fait beaucoup de bébés tout ça.

Aujourd'hui François pose la première pierre de la future Halle Freyssinet, en plein coeur du nouveau quartier latin dans le XIII° arrondissement de Paris, pas loin de la BNF, d'universités et d'écoles et d'entreprises innovantes. Ce nouveau bâtiment est prévu pour héberger plusieurs centaines (on parle de 1000) start-ups avec tout ce qui va avec. On est au coeur du futur Paris Numérique, la Niel Valley de Paris. Ce projet est en effet financé à 90% par Xavier Niel, patron emblématique d'Iliad, la maison-mère de Free, un de nos patrons les plus appréciés dans le monde (après celui de Total qui vient de disparaître brutalement) et avant le patron des patrons que personne n'aime et dont le nom importe peu.

Plusieurs remarques s'imposent.

Les projets numériques du gouvernement se font de plus en plus concrets, au-delà des effets d'annonce. La Halle Niel (de son vrai nom "les 1000 start-up" - certains mettent un s à start-ups mais pas moi) sera donc un autre haut lieu du Paris de Niel, après la belle école 42. Le pari est fortement soutenu en tous cas par la Mairie de Paris aussi. Le Conseil de Paris, réuni en ce moment, en parle d'ailleurs de plus en plus souvent. Pour savoir ce qu'il y aura dans cet incubateur géant, c'est par ici. Il s'agit du site officiel (avec un s à start-ups, à ne pas confondre avec un entrepôt de stockage pour UPS même si c'était auparavant un espace industriel de la SNCF à côté de la Gare d'Austerlitz). Le dossier de presse (pdf) présente une géométrie vaste et parcourue d'espaces dédiés et reconfigurables - genre cité du Cinéma de Luc Besson. Le propriétaire des lieux est Xavier Niel depuis cet été.

Ah Zut, ça c'est la Halle aujourd'hui... pas très sexy, non ?

La concentration en un point est un avantage et en même temps un risque, car l'intérêt de l'innovation réside dans la circulation entre idées et projets. L'ouverture vers le quartier et vers les autres espaces parisiens, sans parler des universités franciliennes est donc vitale. Des logements sont d'ailleurs prévus à terme dans la commune voisine d'Ivry (celle par où les loups entrent dans Paris). Le montage du dossier va se faire au pas de charge, pour une ouverture en 2016, histoire de bonifier le bilan numérique de François. On se dirige clairement vers un cluster Niel (c'est à la mode).

Ah Zut, ça c'est une diapo de présentation du projet (avec un s minuscule) pour valoriser les sponsors

On parle ici de pose de première pierre. Un président de la République, sous la IV° ça posait des premières pierres, ça coupait des rubans et ça déposait des gerbes de chrysanthèmes. Attention à ce qu'il y ait d'autres pierres et un résultat avant l'élection de 2017 et les primaires qui la précéderont. 

On parle ici d'incubateur, c'est-à-dire d'aider des jeunes pousses ou des entreprises fragiles à se développer en ayant accès à des ressources, des fournisseurs et des clients utiles. L'incubation est un art difficile, notamment pour déterminer quand il doit commencer et quand il doit se terminer. On peut penser que l'accent sera mis sur le numérique pur, ou au moins ce qu'on appelle aujourd'hui le numérique sociétal, mais on espère qu'il y aura d'autres domaines couverts, même si le numérique servira de vitrine.

On parle ici de start-up (j'insiste, sans s).Donc d'entreprises qui ont vocation à s'éloigner dès qu'elles grossissent suffisamment. Un peu comme des papillons qui sortent de leurs cocons après un état larvaire. Une start-up est tout sauf larvaire, sinon elle ne sortira jamais de son cocon. Et une fois qu'elle sort, elle va où ? Est-ce que Paris, le Grand Paris ou la région sont prêts à les accueillir ? Est-ce que les capitaux nécessaires seront levés chez Xavier Niel, en France ou à l'étranger ? Est-ce que cela ne deviendra pas un marché facile pour venir faire son choix quand on est un investisseur étranger ? On comprend bien qu'au-delà du bâtiment c'est tout un éco-système à bâtir ou à développer autour des start-up. Pour le moment on n'en voit pas vraiment clairement la stratégie, au-delà des coups montés de-ci de-là et de rapports stratégiques à n'en plus finir sur ce qu'il faut faire.

Ah Enfin ! deux images avant/après de la Halle Niel

En attendant, continuez à twitter, à rêver et à préparer vos projets de start-up (sans s)...
Et si vous avez vraiment des idées, allez ici et proposez les "à la France" pour qu'elle se modernise dans le domaine du numérique. Il s'agit de la grande concertation pour contribuer à l'ambition numérique de la France, rien que ça.

PS : Ne pas confondre avec cette autre pépinière (100 start-up maximum dans les beaux quartiers)...

mardi 21 octobre 2014

Mort d'un grand patron

Ce matin, on apprend la mort d'un grand homme, un capitaine comme on dit. Un homme entièrement dévoué à sa cause depuis ses débuts. C'est toujours tragique une mort, quel que soit l'âge, à 63 ou 82 ans.

Cette mort touche l'une des industries les plus puissantes de la planète, l'une des plus importants aussi pour notre avenir car dans mille ans on aura toujours besoin de cette industrie pour continuer à vivre. C'est en plus l'une des industries les plus importantes pour la France, et c'est pas du luxe en ces temps de crise. On comprend pourquoi François et de nombreux responsables déplorent cette perte. A Moscou aussi évidemment.

L'élégance et l'humour sont rares dans un monde où le romantisme disparait petit à petit, remplacé par des cadenas d'amour rouillés sur les ponts, des cadres en plastique non bio-dégradables pour y mettre des photos, des voitures qui se ressemblent toutes et dont le seul point commun avec les décapotables des années mythiques est qu'elles continuent à consommer de l'essence. Le salon de l'automobile de Paris, par exemple, reste le plus grand salon automobile du monde, mais ce n'est pas un lieu romantique où aller en couple. Même les concours d'élégance avec belle voiture, belle femme, belle robe, beau chapeau et beau chien ont tendance à disparaître où à se transformer en défilés de vieilleries sur des greens de golf, oasis de verdure dans un monde pollué par le pétrole.

Notre cher défunt avait eu le temps de choisir son successeur avant de mourir. Comme si le moment était venu. Paix à son âme.

Il reste des choses permanentes. Et d'autres disparaissent de temps en temps. A saluer donc.


PS : Cette actualité brûlante ne doit pas nous faire oublier d'autres décès survenus hier, comme ce capitaliste moustachu et bon vivant, patron du fleuron de notre industrie pétrolière Total. Il semble qu'il soit mort suite à un rendez-vous d'affaires banal (donc discret) avec le pouvoir russe au sujet de contrats (en plein embargo, mais le business n'attend pas) forcément profitables, puisque c'est le credo de toute multinationale. Un ouvrier russe ivre serait à l'origine du décès, à moins que de sombres baisers de Russie n'aient été envoyés par un émule de James. Ne disait-on pas que Total non seulement ne payait pas d'impôt en France mais qu'il recevait du trop-versé ? La presse parlera certainement moins de la mort de ce patron-ci, un certain Christophe de Margerie, que de celle d'Oscar de la Renta qui est la vraie actualité du jour, mais il me semblait nécessaire de la mentionner en post-scriptum à titre d'épitaphe. L'actu c'est l'actu and the show must go on.

lundi 20 octobre 2014

Une vie en 3D

Ne dites plus "machin 2.0" ou "machin 3.0", c'est ringard. Le web 2.0 existe depuis des lustres maintenant et le web 3.0 est un concept marketing pour start-up en recherche de financement, lorsque les mots big data ou cloud ne suffisent plus. La mode maintenant est au 3D.

Il y a plein de 3D différents évidemment et ça ne date pas d'hier, tous ceux qui voient bien avec leurs deux yeux vous le diront. La stéréoscopie et le relief datent de plusieurs siècles. Le cinéma en relief est passé par plusieurs étapes, avec des lunettes bleues et rouges, puis polarisées, bientôt nanofibrées. La projection en 3D type hologramme est également ancienne même si dans Star Wars elle tremblote un peu. Le casque Oculus Rift commence à faire des petits, en 3D version augmentée, immersion totale garantie, effets à étudier encore. La réalité construite par les technologies essaye toujours de courir après la réalité réelle. Comme si rechercher la réalité était un rêve.

Ce week-end, ceux qui n'avaient pas fui la capitale pour aller voir de l'Art en dehors du périphérique - si, si, il y en a - ont pu aller voir le salon 3D PrintShow... au Carrousel du Louvre à côté de la pyramide inversée. Dans ce lieu bizarre consacré au bon goût et au luxe, avec une pincée de sel et d'Art, ce mini salon regroupait des fournisseurs d'imprimantes 3D et des créateurs qui utilisent ces machines. Parcourez le lien ci-dessus pour voir quelques unes de leurs créations dans des domaines aussi variés que l'Art, la mode, le design, l'architecture, le médical, et maintenant l'alimentaire de luxe.

Une imprimante 3D aujourd'hui peut être achetée entre 500 et 5000 euros mais pour les professionnels et les grandes tailles cela peut aller beaucoup plus loin. Tout a commencé avec des imprimantes pâteuses dan stout les sens du terme qui déposaient des couches de plastique-cire spécial pour produire rapidement des formes et les tester, ou pour produire des formes impossibles à sculpter. Impossible ? Les boules de Canton en ivoire existent depuis des siècles - jusqu'à 10 sphères sculptées les unes dans les autres, toutes mobiles. On attend encore la première imprimante 3D capable d'en réalise une... même si l'art de la dentelle est en train d'être bouleversé par ces technologies.


Ce marché est un marché. Il y a des vendeurs de matériels et surtout de fournitures (comme pour les imprimantes standards), des conseillers, des experts, des formateurs et - heureusement - des créateurs.
Entre Art, artisanat et industrie, un nouveau marché est en train de se dessiner et il y aura de la place pour toutes ces activités. C'est aussi un fantastique outil pour les créateurs eux-mêmes afin de tester leurs créations, leurs designs, leurs maquettes. On fabrique même des maisons comme cela, avec des imprimantes géantes. Si, si.

Le nouveau marché dont on parle est celui de l'alimentaire. Une recette et une duplication exacte à l'infini, si tant est que les ingrédients de base soient "sculptables" et que les machines soient faciles à nettoyer. Bientôt la corvée de plonge dans les restaus remplacée par la corvée de nettoyage des tubes et tuyaux de la machine robot dans la cave, sans se prendre les doigts dans les rayons laser ? En France on aime bien manger, et manger de la bonne qualité. A quand les macarons Ladurée - déjà fabriqués à la chaîne - sortis d'une chaîne 3D ? Le fameux coup de main pour ne pas briser la pâte est-il imitable par une imprimante 3D ?

Evidemment il ne faut pas confondre simple robot et imprimante 3D. Les deux couplés deviennent un instrument puissant pour remplacer les artisans. Je vois quelques regards sceptiques dans la salle. Il y a effectivement un monde entre l'émergence d'une technique et son adoption par une grande partie des professionnels et de la population. Mais c'est un marché dynamique, toujours à la recherche de leaders d'opinion et de créateurs emblématiques.

Avant, quand on parlait d'imprimante 3D on parlait d'ajouter de la matière progressivement, dans une logique additive (plus on en met, plus il y en a). Maintenant il y a des technologies soustractives, qui s'apparentent plus à la structure classique (plus on en enlève, plus c'est beau), et évidemment des imprimantes qui combinent les deux. Bon, on ne peut pas tout faire quand même. Par exemple si on pouvait plier en deux sur elle-même une feuille de papier standard 42 fois de suite, on couvrirait la distance de la Terre à la Lune. Et 103 fois pour la taille de l'Univers telle qu'on l'estime aujourd'hui. Heureusement la plupart des gens ne peuvent dépasser 7 ou 8 fois et le record serait de 12. On attend une imprimante 3D capable de faire mieux !

Alors on peut rêver à d'autres applications de la sculpture 3D :

- Un musée Grévin pour tous ceux qui veulent : votre statue en cire pour pas cher, habillée en n'importe quoi (pas en clown au risque d'effrayer les enfants)
- Des réformes en 3D, puisque personne ne lit celles qui sont imprimées en 2D : Puisque le gouvernement a décidé de continuer à réformer la gouvernance publique de la France, autant s'en donner les moyens ! Une force tranquille appliquée à un mouvement brownien de protestations variées peut donner naissance à d'intéressants trois développements.
- Une imprimante 3D dans chaque école maternelle pour remplacer les sculptures en coquillage à base de rouleaux de papier toilette : cela aurait le mérite d'apprendre à nos chers bambins la logique pour programmer de tels engins. Ensuite à continuer en primaire et dans le secondaire. Pour les étudiants c'est déjà trop tard, ils sont trop vieux.
- Des restaurants d'un nouveau type : ne dites plus "un steak frites" mais "un steak frite" et indiquez juste la longueur de la frite que vous souhaitez en mètres.
- Pour les pauvres - les sans-dents - imaginez des machines pour produire votre prothèse à un coût ridicule : prothèses jetables permettant d'avoir des dents de toutes les couleurs, comme on change de foulard ou de cravate.
- Pour les terroristes, fabriquer des armes opérationnelles. Au Japon c'est interdit dorénavant. Déjà qu'il y a trop d'armes en circulation...
- Pour les étudiants et autres doctorants qui peuplent nos campus universitaires, un débouché vers la création d'entreprises innovantes autour d'idées a priori saugrenues... mais pas tant que cela puisque les investisseurs étrangers viennent y faire régulièrement leur marché, sur un créneau abandonné par le capitalisme traditionnel à la française.
- Enfin, pour les employés de bureaux, deux inventions nécessaires : le fauteuil adapté à votre morphologie pour une ergonomie parfaite et l'imprimante à trombones déjà emmêlés pour avoir le plaisir de les démêler !

Vive la technologie !


dimanche 19 octobre 2014

Du temps de cerveau pour… Versailles intime

Temps radieux en ce dimanche. Et hop, direction le Château de Versailles (le Palais dans les autres langues). Plein de photos, le long d’une visite guidée. Il y a plus de quatre-vingts photos, avec des endroits vides et des endroits plein de touristes, du sexe et de l’Art, de la nature et des monuments, des pièces publiques et des pièces plus intimes. Vous pourrez y comparer les toilettes de Louis XV et celles de Louis XVI. C’est sur une page spéciale pour ne pas alourdir le blog. Juste deux ou trois ici pour vous mettre en appétit…

 Vous l’avez reconnu. C’est le pied de Louis XIV, celui a marqué de son empreinte le Château (et son siècle, et la France). Vous remarquerez que les semelles étaient solides à l’époque. On pouvait facilement suivre le Roi à la trace dans la boue.

 La grille interne du Château. De l’or. Une aile est en travaux et comme d’habitude un sponsor s’est désigné pour ça (Zara je crois). Remarquez le ciel bleu.

Fin de la visite. Remarquez le ciel gris. Fin du week-end et début d’une semaine normale d’octobre après ça ! Entre les deux dernières photos, suivez le guide par ici...

samedi 18 octobre 2014

Réflexions

Avant de parler de l’actualité du jour, juste un rapide point sur la connerie humaine. Oui, je sais, elle n’est pas nouvelle n’y près de s’arrêter, mais enfin. La nuit dernière, après 48 heures d’exposition, la sculpture de la Place Vendôme a été dégonflée par une bande d’abrutis - a priori les mêmes qui avaient envoyé des tweeds vengeurs et qui défendent un ordre moral intégriste de droite. Un groupuscule de mal baisés d’activistes certainement. Exit le sapin-plug de Paris que l’artiste ne veut plus réinstaller. La censure par les cons est une belle connerie (et non, ceci n’est pas un oxymore ou un paradoxe). J’ai bien fait d’en parler hier ici sur ce blog !
Mise à jour : « Paris est désormais un peu moins magique » titre le New York Magazine… 

Et plutôt que de parler d’actualité, juste quelques photos. Aujourd’hui, temps radieux surprenant pour la mi-octobre. Je suis allé à Giverny chez Claude Monet, l’inventeur de l’impressionnisme (avec d’autres, mais en tous cas LE maître). L’impressionnisme a commencé comme une rébellion contre l’art pompier de l’époque, celui qu’adoraient les pontes organisateurs du Salon officiel, et qu’adoraient certainement les zouaves du XIX° siècle qui détestaient tout ce qui était choquant et pas conforme à leur sens moral (les ancêtres de ceux de la nuit dernière certainement, on ne se refait pas).

Alors visite des jardins de Claude Monet, dessinés et plantés par lui, où il a passé quarante ans à peindre les nymphéas et ses impressions de la nature et de la lumière changeante. Ce sont juste des photos, bien loin à la fois de la réalité (allez-y si vous ne connaissez pas- et des impressions du maître. Beaucoup sont simplement des réflexions de la lumière sur l’eau ou les feuilles. Un modeste tribut à l’Art. Vive l’Art, quel qu’il soit… Et tant pis pour les cons.