vendredi 31 janvier 2014

A quoi sert un conférence internationale ?

Fin aujourd'hui de la première session de la conférence de Genève II sur la Syrie. Après un jour de lancement à Montreux, il s'agissait d'un tête à tête entre gouvernement et opposition/rebelles, avec un milieu un arbitre de l'ONU.

Conclusion de cette session numéro 1 ici. Espoir d'une suite (session 2) dans 10 jours.

Ce genre de conférence sert-il à quelque chose, et pourquoi est-ce si long ?

Il y a en fait plein de réponses possibles, de variantes autour de la simple réponse "oui".
Le simple fait d'exister et de se tenir est en soi un exploit pour une telle conférence. On peut considérer que c'est une bien faible ambition que de se satisfaire d'une simple réunion, mais c'est une première étape. Il n'y a jamais de deuxième étape quand il n'y a pas de première étape.

«Avoir la foi, c’est monter la première marche même quand on ne voit pas tout l’escalier» 
– Martin Luther King

On n'est pas dans le domaine de la foi à Genève, mais dans celui de la diplomatie et du pouvoir politique. Mais c'est pareil.

C'est un processus long, dans lequel le temps joue un rôle essentiel. Il ne se dit pas la même chose le dernier jour d'une telle session que lors de son premier jour. Il y a une phase marquage de territoire et rodomontades au début, comme lorsque deux mâles dominants s'affrontent. Et puis, les participants apprennent à se connaître progressivement et un certain consensus, même minimal émerge. Ensuite la session s'arrête, chacun revient dans "son camp", se fait engueuler et revient pour la session suivante : la première réunion de la session d'après est donc naturellement en retrait par rapport à la dernière séance d'avant. et le chemin reprend. Toute la question est de connaître la proportion entre avancées et reculs. Deux pas en avant et un pas en arrière à chaque fois, ça permet quand même d'avancer. Deux pas en avant et deux ou trois en arrière, ça n'a pas le même effet !

Finalement, les chemins de la diplomatie sont tortueux et ils ne peuvent être que tortueux. C'est ce que les diplomates apprennent dans les écoles de diplomates. C'est pour cela que les politiciens font de mauvais diplomates, souvent, car ils n'ont pas la patience d'attendre et la capacité de savoir changer de rythme au bon moment, comme tout bon négociateur. C'est aussi pour cela que de nombreux analystes et stratèges, consultants pour les médias ou journalistes, passent leur temps à commenter ce type d'événement. A défaut de les comprendre et de leur laisser le temps. On n'est plus à l'époque du Traité de Saint-Germain (livre recommandé ici même). L'ONU le sait, l'isolement des négociateurs est un élément clé dans toute négociation réussie et les phases dangereuses sont lors des ruptures de cet isolement.

C'est long donc, mais c'est important quand même. Ce qui est important aussi est cette dernière phrase de l'article de l'Express cité plus haut : "Sur le terrain quelque 1900 personnes ont été tuées au cours de ces neuf jours, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH)". Il ne faut jamais perdre de vue la finalité de ce qu'on fait. Réduire ce nombre hallucinant pendant la session 2 puis 3 puis ...75 est un objectif ambitieux mais atteignable.



jeudi 30 janvier 2014

Sécurité (alimentaire ?) en Afrique

Ouverture aujourd'hui du Sommet habituel des chefs d'Etat des pays de l'Union Africaine.
Ca se passe à Addis-Abeba.

Un Sommet de chefs d'Etat, ça se passe toujours pareil : du protocole, des photos de famille, des réunions techniques sur un sujet fondamental mais qui passe toujours à la trappe compte tenu d'une actualité politique brûlante, et des discussions de couloirs entre Chefs. Plus des conférences de presse et une galaxie de lobbyistes qui tournent autour. Et ceci est vrai d'autres Sommets également (non, non, je ne parlerai pas de la Francophonie, même sous la contrainte !)

Cette année pour l'Union Africaine, le thème technique est "l'agriculture et la sécurité alimentaire". Vaste sujet, vital dans le sens plein du terme. Quelque exemples en vrac :
- les perches du Nil (et les fameux filets de perche) qui ont détruit toutes les autres espèces de poissons et ruiné les pêcheurs et paysans des bords du lac, pour exporter les morceaux mangeables dans nos supermarchés à nous, au Nord
- la vente d'OGM qui rend les paysans prisonniers pour acheter les graines à des sociétés (américaines) avec interdiction de replanter
- l'impossibilité pour la population de se nourrir, compte tenu des ressources disponibles, quels que soient les gains de productivité. Le Nigéria, le ventre mou (et vide) de l'Afrique, par exemple, risque de devenir l'un des pays les plus peuplés de la planète, sinon le plus à terme (si, si) et ne dispose absolument pas des ressources pour nourrir et même fournir en énergie sa population.
- des articles comme celui-ci. Le changement climatique introduira des changements catastrophiques et les effets seront vraisemblablement les plus durs, en Afrique, et ce d'autant plus que le nivaux de développement insuffisant ne permet pas aux populations de réagir (avant, pendant ou après une crise).

Un sujet technique donc sans grand intérêt. Le Sommet sera obligé de parler de gouvernance et des crises politiques et militaires en cours, en Centrafrique et au Soudan, principalement. Les armes ne nourrissent pas les paysans, elles nourrissent ceux qui les manipulent et ceux qui vendent des armes. A propos, les ventes d'armes de la France sont reparties à la hausse récemment.

On attend avec impatience la déclaration finale !


mercredi 29 janvier 2014

Tunisie 2.0

Ca ne vous a pas échappé, mais un grand pas a été franchi en Tunisie la semaine dernière. Après trois années de révolution permanente suite au "Dégage" du printemps arabe, la Tunisie a enfin une nouvelle Constitution. Et en attendant les élections prévues dans ce cadre, un gouvernement de transition a été mis en place et confirmé par les parlementaires.

La Constitution (texte intégral) a défrayé la chronique pendant plus sires semaines juste au moment de son adoption. Certains y voyaient des avancées remarquables, pour les droits de l'Homme, les femmes et un équilibre entre Etat et religion. D'autres n'y voyaient que la continuation du passé, trop laxiste ou pas assez, sans avancée majeure. Certains y voyaient même des reculs. En fait, la Constitution est très progressiste, notamment pour les femmes. Celles-ci ont donc eu raison de se battre pendant des mois, dans la rue et ailleurs, pour que soient définis et assurés leurs droits. Le fait que cette Constitution ne fait pas référence à la charria, la loi islamique, mais parle seulement d'une religion principale, est en soi un tournant par rapport à ce qui aurait pu se passer. Les islamistes ont en effet prouvé à la population que leurs positions extrémiste n'étaient pas celles désirées. Les violences contre les "défenseurs des droits de l'Homme" ont été en ce sens contre-productives pour ceux qui les ont perpétrées ou soutenues, même du bout des lèvres. L'assassinat d'un seul homme, dépit par exemple, a pu faire basculer la situation et s'écrouler la "confiance" du peuple dans le parti islamiste au pouvoir.

Les femmes tunisiennes deviennent ainsi les femmes les plus protégées de tous les pays musulmans (arabe-musulmans en fait pour être précis). La Tunisie était déjà en pointe sur ce sujet, mais les risques de retours en arrière étaient nombreux. Il n'y a pas d'autre leçon à tirer de ce texte que de constater que la lutte paye. Si les femmes (et les hommes qui défendent aussi ces droits) n'avaient pas combattu aussi durement pour défendre leurs droits, certaines phrases n'auraient pas été présentes dans ce texte fondamental, comme la parité et le traitement équitable dans le monde du travail, sans même parler des violences aux femmes. La victoire est là, mais elle s'est jouée sur le fil.

Le gouvernement est en place, donc. Un gouvernement qu'on dit soit indépendant, soit de techniciens ou de technocrates, soit apolitique. Il vient d'obtenir la confiance du Parlement. Confiance est un drôle de mot, mais on a le même en France pour parler de la responsabilité d'un gouvernement devant le Parlement. Il y a plein de confiances différentes, suivant à qui on l'accorde. Ce gouvernement doit préparer des élections libres et conformes à la Constitution en 2014, mais il doit aussi rétablir la confiance dans la Tunisie pour améliorer la situation économique du pays, car après tout, beaucoup de situations de crise se dénouent quand l'économie va bien et que le social l'accompagne. A ce titre, on notera que le modèle belge est instructif : la Belgique est restée longtemps sans gouvernement, pour des raisons complexes de politique interne, que seuls les belges peuvent espérer comprendre. Les affaires courantes ont donc été gérées par des technocrates et finalement le résultat a été plutôt correct. Evidemment, aucune décision politique de fond n'a pu être prise pendant cette période, et ces décisions n'ont été que retardées.

En Tunisie, il y a maintenant un nouveau texte qui fige des décisions politiques lourdes. C'est fait, et cela ne pourra être défait que par une autre Constitution. Certains articles sont en effet non amendables. Au gouvernement et aux citoyens de s'appuyer dessus pour choisir entre les orientations politiques possibles. Il y a suffisamment de marge dans ce domaine pour couvrir plein d'options différentes, cf. la France par exemple ;) qui n'arrive pas à réformer sa Constitution mais qui dispose de projets différents pour son avenir.



mardi 28 janvier 2014

Voltaire(s)

Voltaire : nom du lycée français de Doha au Qatar. Un lycée franco-qatari en fait qui a dû céder devant les volontés politiques et religieuses des autorités de ce pays et qui doit maintenant enseigner la charria et séparer les filles et les garçons. Un beau nom pour un tel lycée. Un nom à se faire retourner dans sa tombe celui qui l'a porté le premier. Triste actualité. Vive le Qatar (euh...) !

Voltaire : nom d'une promotion de l'ENA, dont est issu François, notre président, ainsi que plein d'hommes et de femmes politiques. Fin des années 70, grands espoirs, bientôt l'arrivée de la gauche au pouvoir. Des amitiés en devenir. C'est à ça que servent les grandes écoles, publiques ou privées. Réseauter, mailler, mettre en relation, influencer. L'énarchie dans toute sa splendeur.

Voltaire : nom d'un réseau au positionnement politique improbable, entre conspirationnisme, anti-américanisme et anti-Israë. Etabli maintenant au Liban après avoir été dissous en France. Positions sulfureuses.

Et...

Voltaire : Philosophe français des Lumières, mort il y a 235 ans. C'est sa faute si Gavroche est tombé par terre, mais pas la sienne s'il est tombé dans le ruisseau. Une référence mondiale sur un grand nombre de libertés, dont la liberté d'expression et les droits de l'Homme. Un vecteur puissant qui attire encore aujourd'hui un certain nombre de jeunes et d'intellectuels vers la Francophonie (amour et pratique de la langue française) ou la Francophilie (amour de la France).

On ne choisit pas les usages qui seront faits de son nom, plus tard.

Voltaire nu, par Pigalle (si,si !)

lundi 27 janvier 2014

François va chercher des forces en Turquie

Evidemment la visite de François a été planifiée depuis des mois, plus d’un an même et l’actualité n’a rien à voir avec elle. Enfin pas trop. L’actualité diplomatique oui, avec la Syrie et le proche-Orient, quelques jours après le début des premières vraies discussion entre les deux parties syriennes à Genève II. Il y a aussi l’acte récent de jeunes français partant se battre en Syrie, comme jeunes djihadistes. Il semble que ces deux toulousains aient justement été repris en Turquie, car pour aller en Syrie, c’est l’une des voies les plus fréquentées. Mais il y en a d’autres et un de coopération renforcée ne serait pas de trop, sans tomber dans le syndrome « Midnight Express » qu’on ressort régulièrement aux autorités turques.

François essaye de se relancer et de relancer la France dans une relation franco-turque très agitée depuis les coups de gueule de Sarkozy. Difficile de faire pire qu’à cette époque, alors que la Turquie est une puissance régionale certaine, incontournable sur de nombreux dossiers, et malgré la gestion politique turque plus qu’aléatoire avec émeutes et représailles violentes de temps en temps. La Turquie n’est pas qu’une destination pour les adhérents du Club Med. C’est un grand pays avec un passé à la fois glorieux et horrible, entre croisades, Ataturk, génocide arménien et débat Europe-Asie. François avait pourtant annoncé qu’il ferait passer une loi sur le génocide arménien en France. Cette loi sera-t-elle votée ? C’est une bonne fenêtre de tir maintenant puisqu’une visite officielle en Arménie est prévue en mai...

Définir les frontières de l’Europe n’est pas un problème de géographe car cette question a souvent été noyée dans la religion : l’Europe peut-elle officiellement admettre un pays non chrétien ? La question est plus complexe et les discussions durent depuis longtemps, mais la décision de François est sans appel : la Turquie ne pourra pas adhérer à l’Union européenne sans qu’il y ait un référendum en France. Pour le moment cela reviendrait à un non massif (comme pour tout référendum qui serait proposé par François sur n’importe quelle question). Mais d’ici là cela permet de montrer à la Turquie qu’il n’y a pas opposition de principe.

D’ici à rapporter des contrats commerciaux, il y a un grand pas, même si les quelques centrales signées feront du bien aux deux parties. Le gouvernement turc, très décrié, a besoin d’afficher un avenir positif, et même si l’adhésion à l’UE est un objectif très lointain (certains diront impossible), ce qui compte en fait c’est d’enclencher le processus, sans condition préalable infranchissable. De ce côté, l’assouplissement de la position française est du pain béni pour le turcs. Reste à vois ce qu’ils en feront. Il reste les allemands à contourner. Rappelons que c’est en Allemagne que la diaspora turque est la plus présente.

Emeutes normales à Istanbul

dimanche 26 janvier 2014

Du temps de cerveau pour … la peinture dynamisée

La peinture dynamisée ?

L’Art est un vaste sujet et un billet n’y suffirait évidemment pas. Aujourd’hui, je ne vous parlerai que d’une infime partie de l’Art. Un art qui consiste à animer, rendre dynamique des oeuvres d’art existant auparavant. L’Art est un art difficile, et il peut sembler vain de transformer des oeuvres juste pour le plaisir de le faire et de démontrer son savoir-faire. Mais cet art, mis entre les mains d’artistes, et pas seulement de techniciens, peut devenir un art au sens plein du terme. Voyage guidé à traces quelques oeuvres. On a déjà parlé de ce sujet ici  par exemple avec les rythmes et les timelapses. C’est obsédant, l’Art, non ?

Je vous avais déjà parlé de cette animation très belle, un grand classique, pour montrer que le temps passe mais pas l'art, ni la femme. La liste des oeuvres est ici. C’est un parfait exemple d’anamorphose entre des tableaux, centrés sur le visage de la femme à travers des tableaux anciens puis modernes. Quelque chose qui en soit est une forme d’art.




Il y a peu de temps mais dans un registre différent est sorti un autre montage.


A regarder d’urgence et à admirer, si vous me faites un petit peu confiance. Etrange idée que celle de vouloir se plonger dans des tableaux plus ou moins connus et de nous faire découvrir les émotions qu’ils contiennent et qu’ils créent en nous à travers une immersion dans le tableau, une animation dynamique qui nous fait découvrir l’instant, le moment du tableau. Qu’est-ce qui s’est passé juste avant ou juste après ? Comment le tableau est-il né comme instantané de la vie ? Certains ont trouvé que ce type d’immersion trahissait l’oeuvre. D’autres, et moi aussi, trouvons que l’émotion qui peut se dégager de certaines mises en dynamique sont tout simplement belles.

Si cet art de dynamiser l’Art devient un Art à part entière, il y aura évidemment des grands artistes et d’autres. Pour moi, le travail de M. Tagliafierro est encore incomplet. On attend la suite, mais avec appétit. SVP : une meilleure bande son, comme dans la première animation !

Beaucoup d’artistes se sont focalisés sur le « speed painting », ce mouvement de graphistes doués qui créent sur Photoshop des oeuvres originales ou des reproductions, en temps réel (mais accéléré). Deux exemples ci-dessous… Dans le premier vous reconnaîtrez certainement William Bouguereau, le peintre qui a été beaucoup utilisé dans l’animation précédente. Pour le deuxième exemple je vous laisse deviner.




La Joconde peut être vue à la loupe sur le site du Louvre évidemment, mais elle offre alors peu de charme. C’est à ce moment que le notions de Conservation du patrimoine et d’émotion prennent des routes différentes.

L’animation peut être interactive, avec le spectateur qui devient acteur, comme ici.



La nuit étoilée de Van Gogh prend vie sous vos doigts, avec une vraie sensibilité d’artiste...

Evidemment s’il y a Art, il y a détournement et parodie. Les Monty Python l’avaient fait avec des bouts de papier, les australiens vont un peu plus loin. Pas beau, mais rigolo, comme la peinture à l’eau qui s’efface si vite, si vite. Il y a du moche aussi, comme cette animation ratée de Guernica (à ne regarder que si vous regardez ensuite une fois encore les premières de ce billet. Promis ?). Il fallait en parler, ne serait-ce que pour marquer la différence avec les émotions que procure l’Art, le vrai.

Et le 7° art s’est intéressé à ça, avec ce splendide petit film de JF Laguionie, Le tableau… La vie dans un tableau, n’est-ce pas intéressant ?

Pour finir, dans la série film d’animation à partir d’une oeuvre d’art, un livre cette fois, connaissez-vous l’homme qui plantait des arbres, de Jean Giono…  et de Frédéric Back, mort la veille de Noël, cette année ? Un film-tableau, un tableau-film ? Aucune importance. C’est simplement beau.

samedi 25 janvier 2014

L’UMP bouge encore

Enfin, ils essayent.

Ce n’est pas le beau fixe pour ce vieux parti. Les luttes intestines entre leaders ont fait rage et ne se sont calmées qu’en surface. Sur le fond, les tendances divergent entre ultras et non, libéraux et non, extrêmes proches du FN et autres proches des centristes. Un vieux débat, auquel se rajoute le retour inévitable de Sarkozy.

L’UMP tient donc son Conseil national ce samedi. 2000 personnes quand même, de toutes tendances. Il y a plein de sujets sur la table, mais une fois passés les sujets simples, il restera celui de la ligne du parti. Ce n’est pas pour rien qu’ils vont en fait décider de créer une « haute autorité » pour préparer les primaires de 2017. Déjà ! Et quand on se rappelle le b…l des précédentes élections internes, on se dit que ça va être chaud. De toutes façons, pourquoi des primaires, puisque Sarkozy va se présenter, même Bernadette Chirac le dit ! Si c’est pour noyer le poisson, il faut être un poisson bleu à mémoire courte comme dans Nemo. Si c’est pour enfoncer encore les Copé-Fillon, pas besoin, ils sont déjà au fond dans la vase. Si c’est pour enfoncer Copé seul, il suffit d’attendre les résultats des élections de 2014. Même le Figaro est pessimiste, c’est dire ! (Mais le Figaro est sarkozyste il faut le répéter).

En temps normal, et surtout en temps de crise, n’importe quelle élection est défavorable au pouvoir en place, quels que soient ses résultats. Mais l’UMP est si peu crédible aujourd’hui qu’elle risque de ne rien engranger du tout. L’abstention, elle, risque de progresser à vue d’oeil, ce qui favorisera ipso facto les grosses listes, UMP et PS donc. Il y a quelques mois on annonçait une vague bleue après les municipales. Aujourd’hui l’UMP est bien muette à ce sujet et tout le monde se contentera de surveiller quelques villes symboliques, en espérant en arracher une à l’autre parti. On parle de Marseille avec ses débats que seuls les marseillais peuvent comprendre, et encore, ou de Lyon. On parle aussi de Paris évidemment où le nombre de listes dissidentes dépasse le nombre d’arrondissements maintenant.

On attend maintenant les réactions de Sarkozy, qui a raison de se taire, car la popularité d’un homme politique est toujours inversement proportionnelle à la quantité de mots qu’il dit (loi de DSK). Il se contente pour le moment de remettre des décorations, d’inaugurer des cimetières et de poster des photos sur Instagram. Il trouvera un moyen de se faire élire (par l’UMP) soit via des primaires où aucun homme important n’osera se présenter contre lui, soit à côté avec un ses avancé du « fait accompli », soit même en créant un autre parti, moins considéré comme « has been » que l’UMP de Copé. De toutes, façons, quelle que soit la manière, il ira, sauf si un empêchement majeur surgit. Le reste est une succession d’épisodes.

On va maintenant se focaliser sur les municipales à l’UMP. Puis sur les européennes. Puis sur l’été. Puis sur l’automne. Puis sur l’hiver. Super programme.

Devinez à qui est la main (indice : photo postée sur Instagram) ?
Va-t-il oser y aller et prendre son café ? Quel suspense !

vendredi 24 janvier 2014

François et François sont dans un bateau...

François tombe à l'eau. Qui reste ? La réponse n'est pas François. Il reste des histoires de François.

Elle est facile, je reconnais, en ce jour où notre François va rencontrer le Pape François au Saint-Siège, Etat indépendant sis à Rome et qui est responsable d'une église influente en France.  Dossier de presse complet ici (pdf).

Il y a plein de sujets sur la table, dont la Syrie et le Moyen-Orient et la Centrafrique, mais aussi les "sujets de société", de l'avortement qui vient d'être libéralisé un peu plus en France cette semaine (contrairement à l'Espagne où les femmes espagnoles féministes demandent l'asile sanitaire en France), au mariage pour tous, à la famille et à l'euthanasie pour ne parler que de ce qui fâche.

On n'est plus au Moyen-âge ou à l'époque de la royauté et la France n'est plus la fille aînée de l'Eglise (catholique romaine). On n'est plus non plus à l'époque des croisades pour aller bouter les mécréants en dehors des lieux saints, même si ceux-ci sont tous dans la région en feu du Proche-Orient. Le Vatican n'a toujours pas de divisions militaires, comme disait Staline, et les gardes suisses ont fort à faire pour éviter les scandales. La France a choisi depuis longtemps la voie de la laïcité et s'en est fait un sacerdoce combat permanent.

Il y a la dimension rencontre officielle entre deux chefs d'Etats. On est dans le domaine du diplomatique et de l'influence, un des atouts maîtres des puissants. La liste des sujets est vaste autour d'enjeux globaux. C'est aussi un exercice obligé pour tous les présidents français "dans les premières années de leurs mandats".

Il y a la dimension politique française avec la nécessité pour les deux François de montrer quelque chose à chacune de leurs populations "cibles", tout en ne cédant rien. Un geste, une suite de gestes, une négociation feutrée en somme. Histoire de montrer aux catholiques français qu'ils peuvent être les deux sans problème.

Il y a la dimension privée mais on n'en parlera pas évidemment (tout-à-fait François), d'autant plus que Valérie s'envole bientôt pour Bombay. On nage en plein polar...

Il y a la dimension humaine aussi, entre deux hommes qui se ressemblent par leur normalité, indépendamment de leurs convictions. Des style a priori compatibles. Et a posteriori ?

Montage tiré du Pèlerin...

François a tenu un point de presse, sans questions pièges : avec du retard, alors les journalistes se sont assis plus ou moins sagement, puis relevés pour aller interviewer les personnalités présentes. Impossible de garder un journaliste en place ;) et ce quelles que soient les circonstances. Et quand il n'y a plus de personnalités à interviewer, on interviewe les autres journalistes. Sur le fond, François a dit : 
- respect du peuple français au message du Pape (paix, solidarité... et les autres messages ?)
- convergence sur les grands sujets internationaux : Afrique (et Centr-),  dans la foulée des rencontres de la veille avec les responsables religieux de ce pays ; père Georges, ex-otage invité surprise ; Syrie et conférence de Genève en vue d'une visite prochaine du Pape en Israël et Palestine.
- conférence sur le climat à Paris, pas seulement l'affaire des Etats : "la nature ne pardonene jamais quand on ne prend pas soin d'elle" ; réfugiés ; mondialisation et ses abus ; 
- La France défend partout les libertés religieuses, avec d'avantage de détermination en France même, pour toutes les religions. La laïcité garantit le respect de toutes les convictions, avec les mêmes règles pour tous. Une instance de dialogue annuelle existe entre église catholique et Etat, dans le plein respect de nos valeurs laïques. Invitation à venir en France, évidemment.
- Défense de la dignité humaine : un point commun.
- toujours dans "leurs" responsabilités respectives, a précisé plusieurs fois (notre) François.

jeudi 23 janvier 2014

iAnniversaire 30


23 janvier 1984, une publicité d'une minute pendant le Superbowl la veille (célébrée, détournée), une petite conférence de Steve Jobs, et hop : la planète informatique a basculé. Le premier Macintosh était né (Le Mac 128 comme on l'appellera plus tard, le grille pain comme l'appelleront très vite ses utilisateurs car il n'avait qu'une seul lecteur de disquette et pas de disque dur). 128 ? Pas 128 giga, ni même 128 méga, mais 128 kilo - octets ! Aujourd'hui n'importe quel ordinateur a 30 000 fois plus de mémoire vive, sans parler de la capacité de stockage qui est couramment de 30 000 000 fois plus. Il y a 30 ans ? Ca fait beaucoup de 30 !!!

30 ans c'est long. En matière de technologies, c'est à des années-lumière de nous. Internet n'existait pas sous sa forme ouverte au public. C'est beaucoup plus tard que le Mac devient l'iMac - i comme internet, innovant et impérial. Dans la série des vieux ordinateurs, il y a une grande lignée d'ancêtres mais celui-ci occupe une place à part, le premier d'une nouvelle branche qui a grossi plus que les autres. Il y a quantité de sites consacrés à Apple, au Mac et à l'histoire de l'informatique,



Peu de gens se souviennent de ce que représentait le système du Mac (le système 1.0, le dernier de cette famille ayant été le 9 et des poussières). Pour vous faire une idée, allez ici. Vous y trouverez dans votre navigateur internet favori une "émulation" d'un vieux Mac (système 6 ou 7 quand même soit beaucoup plus tard). Avec le système 1 étaient livrés essentiellement deux programmes : MacWrite pour écrire et MacPaint pour dessiner. Ca se programmait en Basic ou en Pascal. Un choc pour ceux qui l'ont découvert.

Je me souviens de plusieurs choses :
- le sac de transport, un joli sac parallélipédique gris argenté. Ce Mac était "transportable" s'il le fallait, mais il était lourd. On voyait de temps en temps de tels sacs dans la rue.
- le son de démarrage du Mac. Il a changé avec le temps. Ecoutez cette petite vidéo ci-dessous.



- la quantité de gens qui venaient rôder autour du premier Mac installé dans un bureau, pour n'importe quelle raison futile et qui pouvaient passer des heures à manipuler une souris. Tous, je dis bien tous, repartaient en se disant que quelque chose avait radicalement changé.
- cette séquence du film Star Trek où ils reviennent sur Terre pour sauver les baleines (?) et où le technicien en chef (Scotty ! Beam me up!) se trouve face à face à un Mac (un vrai vieux) : il prend la souris dans la main, la retourne et commence à lui parler comme si c'était le micro d'une commande vocale... Ceux qui n'ont pas vu cette séquence savent ce qu'ils doivent faire de toute urgence. Me contacter ;). Au pire vous pouvez regarder le dernier film sorti sur Steve Jobs ou lire le le(s) livre(s) écrit(s) à son sujet.

Mais bon, assez de nostalgie. Les technologies avancent, avec leurs merveilles et leurs horreurs. Personne ne parlait de libertés individuelles et du combat contre des géants pour garder sa vie privée privée. L'ennemi dénoncé par Apple était IBM (qui avait choisi Microsoft à l'époque).

On se donne rendez-vous dans 30 ans ?


mercredi 22 janvier 2014

SBB CFF FFS

Késaco ? C'est ce qu'on voit sur les trains suisses (toujours à l'heure évidemment, un référence, à tel point que Apple a acheté les droits pour utiliser l'horloge traditionnelle des gares suisses dans ses téléphones mobiles...).
Ca veut dire quelque chose dans chacune des trois langues officielles de la Suisse (quoique maintenant la langue obligatoire soit l'anglais), mais voici la version populaire, si vous ne la connaissiez pas (à lire à voix haute avec l'accent d'un suisse allemand) :
CFF : Ca Fa Fite !
SBB : Sé Bas Bossible
FFS : Faut Foir Sa !

La Suisse. Toujours dans l'actualité.

Il y a quelques jours, l'interview d'un ancien employé d'une des grandes banques qui explique comment ils faisaient la mule pour les riches étrangers à coup de voyages incognito ou même de randonnées à ski à travers les Alpes. Démenti par la banque UBS. A suivre, un feuilleton qui dure depuis plus longtemps que Dallas.

On en parlait hier, début aujourd'hui de la conférence de Genève II à Montreux (?) sur la Syrie. Tout le monde attendra des déclarations fracassantes, des clashs, des "Messieurs les censeurs, bonsoir", et éventuellement des avancées. Fabius y est (avant d'aller à Bangui assister à l'intronisation officielle de la nouvelle présidente par intérim, la très intéressante maire(sse) de la capitale). Les américains et les russes sont à la manoeuvre sous couvert de l'ONU. Si ça marche ce sera grâce à eux, si ça foire ce sera la faute de l'ONU. Logique. On est dans un monde où les grandes puissances préfèrent se parler entre elles que d'aider une coopération multilatérale mondiale à se mettre en place. Ensuite, il y a les puissances "régionales" qui espèrent en profiter un peu. Dont la France. Fabius va essayer de briller.

A propos de Fabius, notre ministre des affaires étrangères quand même, rassurez-vous, il sera de retour en Suisse vendredi, mais à Davos cette fois. C'est en effet aujourd'hui que les gens importants, les VIP, les patrons et les riches, avec quelques provocateurs au milieu pour faire bien, se réunissent pour leur "Sommet" annuel. Il parait que cette année, ils s'inquiètent pour la planète. Ah bon ? Oui, ils ne s'inquiètent pas pour le changement climatique, tant que c'est mauvais pour le business à court terme. Ils s'inquiètent pour la fracture de plus en plus grande entre riches (eux) et pauvres (les autres). C'est l'un des facteurs de risques jugé les plus importants (dangereux, probables) et qui les inquiète.

Graphique clair pour expliquer la situation clairement et en couleurs claires

Dormez tranquille. On n'est pas revenus à l'époque de Marie-Antoinette qui pensait que donner de la brioche aux pauvres suffirait à les calmer, avant de se faire décapiter comme son mari plus tard (un 21 janvier pour lui). Les riches et les puissants de Davos vont certainement trouver des solutions parfaites pour résoudre tout ça. Je suppose que cela passera par une relance de l'offre pour nous proposer de plus en plus de machins utiles à acheter, ainsi que par quelques guerres pour vendre des armes et quelques grandes infrastructures à construire. C'est à demander pourquoi Davos se tient encore à Davos. Ce "Sommet" devrait avoir lieu en Asie aujourd'hui, plus en Suisse. Un peu comme le "Paris-Dakar" qui a lieu en Amérique du sud.

Peu importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse l'étiquette.

mardi 21 janvier 2014

Montreux, sa plage et son cirque

Ah, la riviera suisse, au bord du lac. Le Léman (ou le Lac de Genève mais pas ici à Montreux), ses bateaux à aube, ses pensionnats de jeunes filles pour riches émirs, ses joailliers, ses banques, ses festivals, (son sommet de la Francophonie que tout le monde a déjà oublié), son palais des congrès, la propreté de ses rues, son mini-golf, son golf, ses hôtels de luxe...

Mercredi c'est le début de la réunion sur la Syrie. Une journée à Montreux. Pas plus, car sinon il faudrait rentrer dans des discussions plus précises dont personne ne veut encore. Pas moins, car sinon il aurait fallu avouer l'échec de la diplomatie internationale. L'ONU est aux commandes et comme dans toutes les réunions de ce type, tout évolue jusqu'au dernier moment.

Il y a eu l'invitation de l'Iran, rétractée hier par l'ONU pour éviter que d'autres participants claquent la porte. Il y a eu le difficile accouchement d'une délégation de l'opposition syrienne qui a fait durer le suspense et qui a peur de se sentir piégée. Il y a eu l'annonce de la candidature d'El Assad pour les prochaines élections (en tous cas comme très probable de son point de vue), alors que plusieurs parties - dont la France - font de sa sortie un préalable à toute solution. Il y a eu les révélations sur des charniers suite à des massacres par le pouvoir en place.

Le décor est en place, les acteurs ont posé leurs bombes réelles et médiatiques.

Que peut-il sortir d'une réunion d'un jour ? Tout et rien, ça dépend et c'est quelque part ça la beauté d'une réunion ONU d'un jour. Ca peut suffire, comme ça peut tout faire empirer - si c'est encore possible en Syrie. Cette réunion de Montreux, avec plein de "partenaires" autour de la table n'est qu'un apéritif où chacun fera jouer ses muscles. La vraie réunion de Genève II commencera vendredi ... à Genève, entre syriens au pouvoir et dans l'opposition : pas tous évidemment. Le fameux CNS n'y participera pas.

Avant un repas, tout le monde sait que c'est l'apéritif qui donne le ton : un amuse-gueule convivial et goûteux aide à dégeler l'atmosphère. (Je dis ça parce qu'hier c'était le premier épisode de la nouvelle saison de Top Chef sur M6). Les vraies discussions ont lieu sur la durée, à des moments clés, vers la fin du repas en général, jamais à l'apéritif. Surtout quand le menu est un plat unique très consistant : la mise en place d'une autorité de transition, dotée de tous les pouvoirs exécutifs, rien que ça. (C'est moins bon que les petits filets de perche du lac, mais c'est une autre histoire, miam).

Espérons que l'ingestion et la digestion ne seront pas trop lourdes.
Il n'y a pas le feu au lac.


Mise à jour : Athènes ?, Athènes ?

lundi 20 janvier 2014

Femmes, genre

C'est lundi, c'est ravioli comme disait Madame Le Quesnoy dans La vie est un long fleuve tranquille.

Hier c'était dimanche et quelques milliers de catholiques intégristes, soutenus par une lettre du pape lui-même, manifestaient contre l'avortement. C'est l'angle qu'ils avaient choisi pour ressusciter (au bout de trois jours mois) la manif pour tous autour d'un nouvel objectif, histoire de voir si les troupes sont là. Certains des manifestants hier réclamaient qu'on fasse comme l'Espagne, haute terre catholique, et qu'on revienne en arrière, soit complètement soit en grande partie.

Non mais, et puis quoi encore ! Bon, il y avait aussi une manif des pro-avortement. Deux photos ci-dessous, je vous laisse deviner de quelle manie... Je trouve sidérant la manière dont certains journalistes opposaient les deux manifs : l'une pro-vie, l'autre pro-choix.


Le projet de loi sur la famille arrivera en débat au Parlement, bien sûr, mais plus tard que prévu, histoire de ne pas perturber tout. Il semble y avoir un large consensus autour de ce projet (méthode François, pas le Pape, notre président) mais on verra avec les débats. Rien n'est fixé encore. Ce texte contiendra forcément des dispositions sur l'avortement pour actualiser une loi qui date quand même d'il y a quarante ans.

C'est la semaine dernière qu'a été remis le rapport sur le sexisme à notre madame la ministre des droits de la femme. Encore un sujet de discorde sur la "composition de la famille traditionnelle" en France ? (Hallucinante affiche ci-dessous, heureusement détournée : laquelle est la vraie, laquelle est la détournée ?)



Par ailleurs, mais en fait pas du tout par ailleurs, intéressant petit article à lire ici sur le sexisme des publicitaires et des fabricants de jouets. Rien de neuf sous le soleil de janvier, mais quelques jolies illustrations comparatives de publicités avant et maintenant : le sexisme d'hier semble en fait moins caricatural que celui d'aujourd'hui. Je vous renvoie aussi sur ce billet de septembre.

Bons baisers à mes lectrices ! (Allez, à mes lecteurs aussi).

dimanche 19 janvier 2014

Du temps de cerveau pour une … nouvelles dix huîtres

Il était une fois un petit royaume, ancien et respecté de tous, le Rians. Tout y était enchanteur. La reine était belle et sa fille, la princesse héritière, encore plus. Le pays était riche et ses terres fertiles. Les royaumes voisins commerçaient agréablement avec lui. Les habitants semblaient heureux et souriants et l’armée ne comportait que dix-huit militaires, tous joliment habillés et qui n’avaient rien d’autre à faire que de garder le palais et la porte d’entrée dans le pays.

Car le petit royaume était bien isolé, entouré de montagnes infranchissables qu’il était. Seule une passe étroite lui permettait d’avoir accès au royaume voisin, au-delà des montagnes. Cela pourrait vous sembler gênant et source de conflits, mais tout se passait bien depuis des siècles. Le royaume voisin avait tout à gagner à profiter des produits de Rians et les échanges étaient fréquents. Les mariages aussi, car les jeunes habitants des deux royaumes, nobliaux ou paysans, étaient fort beaux.

Mais je m’aperçois que je ne vous ai pas parlé du Roi de Rians. Il s’appelait, au moment où débute notre histoire, Dumette. Et ce roi avait commencé par régner paisiblement, sans souci, avec sa très belle femme et son encore plus belle fille. Tout avait basculé le jour où un baladin était arrivé, chantant des chansons et distribuant des cadeaux aux belles jeunes filles. Somble était un chanteur très doué et il eut tôt fait de séduire la belle princesse. La reine mère était aussi sous le charme et commençait à se dire qu’un peu de sang frais dans la vallée ne serait pas de trop. "Dommage qu’il ne soit pas noble", soupirait-elle. Car elle connaissait bien son mari Dumette Rians et savait qu’il serait intransigeant sur ce point. Le roi avait pourtant reçu également un cadeau de Somble : une bourriche d’huîtres venues de loin, fraîches et gouleyantes. Le roi avait beaucoup apprécié les huîtres qu’il n’avait jamais mangées auparavant et ce fut pour lui une vraie découverte.

Mais malgré les coquillages, le roi n’avait pas été séduit par le baladin et il décida de chasser le jeune homme au bout d’une semaine, en lui interdisant de revenir au pays, ce qui serait d’ailleurs facile à contrôler puisqu’il n’y avait qu’une seule porte. Somble n’était pas content, mais il dut se plier à la volonté du roi et n’eut même pas le temps de faire ses adieux à la princesse.

Satisfait de lui, le roi venait donc de rentrer en son palais et appela son cuisinier : « il me faut des huîtres dès demain sur ma table, ainsi que d’autres coquillages, et tous les jours ! A n’importe quel prix ! ». Le cuisinier n’avait jamais vu d’huîtres non plus auparavant mais il répondit le « Oui Sire » d’usage et se mit en marche vers le pays voisin pour y acheter des huîtres. Il franchit sans encombre les deux portes - une dans chaque royaume - et se retrouva au marché de l’autre côté. Même s’il n’était pas très sûr de reconnaitre ces coquillages et surtout leur qualité, il arpenta le marché pendant une heure avant de se rendre à l’évidence : aucun coquillage !

Il décida d’aller rencontrer le cuisinier en chef du palais, avec qui il commerçait parfois. Entre chefs on se rend des services ! Le cuisinier d’outremontagne lui avoua qu’il n’avait jamais vu d’huîtres non plus, jusqu’à la semaine précédente où un baladin en avait apporté au roi. Mais le roi n’avait pas aimé et l’avait renvoyé. Le cuisinier de Rians était bien embêté. Il semblait que ces huîtres venaient de très loin et qu’il n’y en avait pas du tout dans la région, il est vrai très montagneuse et très, très loin de la mer où « grandissaient » ces huîtres étranges. Le baladin avait disparu et personne ne savait comment il avait pu apporter des produits frais d’aussi loin jusqu’ici.

Le cuisinier rentra donc à Rians, prêt à se faire enguirlander par le roi. C’est ce qui se produisit d’ailleurs et le roi fit proclamer partout dans le royaume qu’il donnerait une forte récompense à celui qui lui apporterait des huîtres et qu’il l’anoblirait. La nouvelle se répandit également dans le royaume voisin et son roi vit là une opportunité. Il fit rechercher partout le baladin, mais celui-ci semblait déjà avoir disparu. Il fit alors passer le mot, de proche en proche, à tous les autres royaumes, jusqu’à la lointaine mer dont ils avaient entendu parler. En attendant il bloqua la porte vers le royaume de Rians et annonça à Dumette qu’il ne la rouvrirait que lorsque ce dernier lui donnerait sa très jolie fille en mariage, et qu’il apporterait ce jour là des huîtres pour le banquet.

Dumette fut surpris de cette tension subite, mais il ne pouvait pas faire grand chose. Sa reine et sa fille étaient effondrées, car le roi voisin était très moche. Dumette Rians essaya d’envoyer des militaires et des bergers au-delà des montagnes par des chemins détournés, mais aucun ne revint : le passage était trop difficile.

Au bout de quelques semaines, la population commença à gronder. La fermeture des portes empêchait tout commerce et toute relation avec les royaumes voisins. La tension montait chaque jour et même la reine s’en rendait compte. Un matin, la princesse et sa mère vinrent voir le roi et le supplièrent de céder. Elles avaient trop le sens du devoir pour laisser tout ce temps souffrir leur peuple. Il devait tout faire pour rouvrir les portes et empêcher la guerre et la famine. Après tout c’était un beau parti et ce mariage aiderait certainement Rians à consolider les liens pour longtemps. La princesse pleurait.

Devant un tel sens du sacrifice - et aussi une envie de plus en plus forte d’huîtres - le roi se décida à céder et le mariage fut fixé au lendemain midi.

Pendant ce temps le roi d’outremontagne avait envoyé plusieurs messagers avec l’espoir de rapporter des coquillages et il avait eu le plaisir d’en voir un revenir, juste quelques jours auparavant avec un sac plein d’huîtres. Il était donc prêt à honorer sa part du marché et quand il reçut l’invitation de Rians, il partit d’un grand rire. Sa victoire avait été si facile !
Il décida, dans un grand geste de magnanimité d’envoyer les huîtres dès le lendemain matin, pour que les deux cuisiniers réunis aient le temps de les préparer et se mit en route en fin de matinée, précédé de sa garde d’honneur. Il était tout sourire mais celui-ci s’effaça quand il trouva la porte fermée, du côté Rians. Dumette était de l’autre côté, furieux et écumant. Les huîtres étaient renversées devant la porte et elles dégageaient une odeur épouvantable. Dumette ne décolérait pas, on allait voir ce qu’on allait voir, ce serait la guerre, il s’était senti insulté de recevoir des coquillages pourris, on voulait l’empoisonner et il exigeait des excuses.

Lers deux rois se toisèrent un long moment et chacun repartit de son côté. La princesse et sa mère étaient effondrées et les militaires avaient du mal à retenir une foule très agitée. Il va sans dire que les portes étaient maintenant fermées à double tour de chaque côté et que la situation empirait de jour en jour.

Cela dura une semaine exactement.

Puis à midi le dimanche suivant, à midi exactement, alors que le roi de Rians et sa famille déjeunaient, maussades, sur la haute terrasse de leur château, un étrange oiseau apparut dans le ciel. Cet oiseau était passé au-dessus des montagnes et l’on entendait un chant mélodieux. Il volait vite. Plus il se rapprochait, plus il ressemblait à un cerf-volant, mais en plus grand, et visiblement sans ficelle pour le tenir. Ce n’est que lorsqu’il atterrit en douceur sur la terrasse qu’ils reconnurent le baladin.

Celui-ci se dégagea souplement de son engin, offrit une rose à la princesse, un bouquet à la reine et une bourriche au roi. Cette dernière fleurait bon la mer et les huîtres semblaient très fraîches.



La suite de l’histoire est sans intérêt : le roi de Rians anoblit le baladin, le maria à sa fille et entreprit la construction de centaines d’engins volants avec lesquels il conquit le royaume voisin, bannit son méchant roi et installa sa fille et son mari à la tête de ce royaume. Depuis ce jour, le royaume connait une nouvelle activité très florissante, Rians Express, de transport rapide de produits frais au-delà des montagnes et jusqu’à la mer. Et les huîtres sont devenues le plat national.





samedi 18 janvier 2014

Un pouce d’international ?

On profite du week-end pépère de François à Tulle pour parler d’international.

Hier, présentation des voeux au corps diplomatique, incluant le nonce du pape (son ambassadeur). François a parlé de principes :
- la paix (à chaque fois, hum ? sauf quand ce n’est plus possible)
Actions uniquement dans le cadre international ? Cela veut-il dire que le pouvoir international a toujours raison contre les pouvoirs locaux ? Attention aux glissements progressifs du plaisir pouvoir… Mali et RCA évidemment, même si ce sont des situations tr§ès différentes : François s’est même permis une allusion au génocide du Rwanda et a vanté la future opération européenne en RCA (décisions lundi). L’Afrique a occupé une grande part des voeux : avec un futur éblouissant, surtout si la France y prend part (no comment). Le Proche et le Moyen-Orient ? rien de neuf.
- le rayonnement de la France ! un outil pour le développement universel ! Une France attractive pour rayonner, une francophonie plus active, un accueil touristique permettant d’avoir plus de visiteurs et d’euros dépensés. Beaucoup de blabla pour revenir à l’économique, seule vraie finalité de ce rayonnement et de la francophonie : message reçu par les institutions francophones ?
- l’économie justement , où la France réclame sa part (du gâteau) et cherche à préserver ses acquis tout en ouvrant d’autres marchés. La finance aussi, avec des règles monétaires et un « système monétaire international »… vive le rêve. Vu la tournure économique des discours de François, il est normal que le discours se focalise dessus.
- l’Europe évidemment où plein de choses ont été faites, glorieusement (euh…)
- la France est un pont (suspendu ?), un facteur d’équilibre du monde, une nation indépendante et souveraine, disponible pour ses alliances.
- l’environnement, avec la sempiternelle conférence pour le climat. François veut que cette conférence de Paris ne soit pas un échec comme celle de Copenhague. Il a rappelé le soutien d’Obama.

De l’autre côté de l’Atlantique, à ce propos, Obama a réussi le tour de force de faire croire qu’il allait réformer la NSA pour répondre aux critiques fondées. Grandes annonces et petits effets, ou plutôt petites annonces et encore plus petits effets :
- on arrête d’écouter les dirigeants amis (en Europe principalement), mais on continue à s’espionner quand même, faut pas déconner, puisque tout le monde le fait. Tant mieux pour les dirigeants… il n’a pas parlé de leurs conseillers qui ont intérêt à blinder leurs téléphones.
- on interdi(rai)t à la NSA d’exploiter les données recueillies sans accord d’un juge : intéressant. La NSA pourra donc continuer à tout écouter (même les SMS), mais cela sera(it) un autre machin qui exploiterait les données. Super. Au lieu d’avoir une NSA publiquement montrée du doigt et méchante on aura deux agences : la NSA encore plus active mais officiellement pas méchante et un autre truc secret et sans contrôle. On appelle ça déplacer le problème. On peut parier que les critères de recrutement chez ce nouveau bidule seront plus sévères qu’à la NSA pour éviter une autre affaire Snowden.
Ces annonces font un beau flop. Certains éditorialistes pourtant clament que ces annonces vont plus loin que ce qui était annoncé. Remarquez, si on a inventé les leurres c’est bien pour attraper les journalistes volatiles. Entre l’annonce et la mise en oeuvre, il y a de la marge et beaucoup d’obstacles sont devant ce type de réforme : libéraux et libertaires se déchireront.

Mais la nouvelle la plus importante est celle-ci : Le Christ du Corcovado à Rio a perdu un bout de pouce, frappé par la foudre ! Mon Dieu ! Et la Coupe du Monde ???






vendredi 17 janvier 2014

Pause Livres

C'est bientôt le week-end. Qu'allez-vous faire ? Vous, enfin je prend un français normal au hasard comme exemple pour voir.

Vous aviez prévu d'aller en Corrèze pour un petit week-end en amoureux comme d'hab ? Pas de bol, ce n'est plus possible pour plein de raisons et votre scooter est en panne en plus. Vous allez quand même devoir y aller, mais seul, sans copine, pour la tournée habituelle des voeux et des grandes bouffes (C'est un peu tôt pour la tête de veau - normalement c'est le 21 - mais c'est tellement bon...)
Vous aurez eu le temps de vous reposer après les voeux au corps diplomatique, histoire de parler de politique internationale, sans souci pour une fois. Vous aurez le temps de vous préparer avant de démarrer la semaine aux Pays-Bas (il n'y a toujours pas de coffee shops en France).

Week-end pourri donc. Il est temps de lire des livres.

Livres papier ou livres électroniques ? (Zoomez pour lire le petit encadré en bas à gauche, à ne pas confondre avec les petits encadré en haut à gauche qu'on trouve chez Astérix).


Livres achetés chez un libraire réel (avec des dents et un sourire), ou un libraire numérique, comme Amazon qui vient de se faire battre par le Sénat et de se voir imposer le prix unique du livre, qu'il contournait depuis des années ? Il y a de bonnes librairies, même à Tulle.

Quel titre acheter ? Je propose d'acheter les 5 livres du Top 5 de l'année dernière, si vous ne les avez pas déjà évidemment : C'est Astérix qui a gagné (avec l'encadré en haut, vous savez), et le cinquième est "Inferno" qui pourrait assez ressembler au sous-titre de l'année dernière. En anglais on dit "annus horribilis" et en français "2013". Les trois autres au milieu sont les trois livres de la trilogie des "cinquante nuances de Grey", très mauvaise traduction qui oublie le jeu de mots sur la couleur, les cheveux grisonnants mais teintés et la possibilité en mettant Greys au pluriel de parle de la grâce. Evidemment ces trois livres risquent de vous frustrer un peu, mais bon, il faut ce qu'il faut.

Autant Astérix n'est pas une surprise, car on est en Gaule, quoi, et même plutôt Deux Gaules fois plutôt qu'une (même si Spirou est belge, vous suivez ?), autant le tir groupé des gros titres du hit parade mondial (et anglophone) est inquiétant. Le papier marche avec des locomotives américaines.

Où sont les auteurs français ? La réponse est : demandez à votre libraire ou lisez ça. Finalement, ouvrir une librairie c'est facile : vous allez chez votre hypermarché favori, vous notez tous les livres qu'ils vendent (une centaine) et vous les commandez ; vous mettez à côté cent livres qui vous plaisent et qui sont adaptés à votre localisation ; puis vous les vendez couplés.

Si vous préférez lire des livres politiques, il y a le choix, c'est un filon (avec un seul l) et il y en a pour toutes les opinions : socialistes, socio-démocrates, libéraux. Là aussi, certains ont des tirages plus forts que d'autres, mais seulement s'ils contiennent des anecdotes croustillantes et des portraits au vitriol de nos chers têtes dirigeantes.

Il est donc nécessaire d'avoir des locomotives (ou des vaches à lait comme on dit en marketing).
D'ailleurs, pourquoi ne pas profiter du week-end pour en devenir une, une vraie, de locomotive ?
C'est le temps de voeux mais aussi des résolutions.

jeudi 16 janvier 2014

Elle fume, elle boit, elle cause...

Les politiques travaillent. Le travail commence pour eux en général par la causette, puis se poursuit dans des commissions où l'on cause, puis viennent des débats causants, avant de commenter tout cela ensuite. La parole est le terrain des politiques. Evidemment, il y en a qui travaillent sur des dossiers, qui lisent et qui écrivent. Mais ils se font souvent aider de conseillers payés ou pas pour ça. Même les discours des VIP sont souvent écrits par d'autres, des "plumes", des "nègres" ou des "écrivains fantômes (ghostwriters)".

De temps en temps, à force de parler, certains disent des bêtises, mais dans l'ensemble ça va. On notera quand même qu'un politique ne fait pas que causer. Il y a le fameux club des fumeurs de cigares du Sénat ou la buvette de l'Assemblée, où l'on ne boit pas que du champagne saoudien (jus de pomme et eau gazeuse). Quelques nouvelles à ce sujet :

- L'alcool fait vieillir plus rapidement. De un à six ans quand même ! "Les résultats suggèrent qu'une forte consommation d'alcool en milieu de vie (40 à 60 ans) pourrait entraîner un déclin cognitif plus rapide au cours de la vieillesse". Là ça pourrait toucher de plein fouet les adultes en pleine activité. Rassurez-vous, cela ne touche que les gros buveurs, et on ne parle que de capacités cognitives et exécutives : c'est-à-dire presque tout en fait.

- Le tabac est fortement concurrencé par les cigarettes électroniques. Gros débats car gros enjeux financiers, entre compagnies qui fournissent les produits et entre circuits de distribution qui se regardent de travers. Les premières compagnies de tabac on fait exprès d'ajouter de la nicotine dans les cigarettes pour forcer l'addiction des utilisateurs, et quand on essaye d'acheter une cigarette électronique dans un tabac, ils vous proposent spontanément celle avec nicotine (pour que vous reveniez) et les cigarettes sans tabac y sont souvent plus chères. A propos de distribution, angoisse en région parisienne et dans le Nord : la principale centrale d'achats/grossiste est bloquée (une grève par ses salariés pour être augmentés, le prix de 3 paquets de cigarettes). C'est le moment de passer à l'électronique.

- Le Cannabis est par contre mauvais pour les jeunes (de moins de 21 ans). Le cerveau ne finit de se former qu'à cet âge et il est prudent de ne pas consommer de drogues, même douces, avant cet âge. Heureusement les politiques sont plus âgés. Les californiens ont donc eu raison de limiter l'âge pour fréquenter les coffee-shops. En France, pas d'âge limite, passez votre chemin. C'est interdit.

- Pour revenir aux politiques, ça se passe à l'Assemble nationale : il leur restera toujours de l'herbe à fumer, ou plutôt du fumier à nettoyer.

Attention aux automobilistes qui passeraient par là : en plus de la boisson, du tabac, des téléphones portables, du cannabis et des jolies parisiennes à vélo, la chaussée risque d'être glissante, car il pleut à Paris, pour couronner le tout. Virage délicat à négocier, comme pour François et son pacte de responsabilité.

mercredi 15 janvier 2014

Coup de blues

Ahlala...

On est tout joyeux, pimpant même, on a préparé des bonbons pour regarder en boucle la conférence de presse de François et on se délecte à l'avance de tous les commentaires de la presse. La situation internationale est la même que d'habitude et si on n'a pas de raison pour se réjouir outre mesure, on n'en a pas non plus pour s'attrister. Les râleurs habituels râlent et les commentateurs exhumés des placards commentent à en perdre haleine, jusqu'à ce qu'on les remette au frais. Même les taxis ont fini de grogner et à part le temps pluvieux, un peu frais mais très humide à Paris, il ferait presque bon à sortir se promener. On a appris que la télé continuait à diffuser des conneries et que la presse papier avait augmenté ses prix, pour passer à presque deux euros.

Tout va bien, donc. Et puis, Patatras !
Cette nouvelle vous tombe dessus...

On en est encore tout retourné. Comment va-t-on faire ? Quand cessera ce "french bashing" qui ne se limite plus dorénavant à François ou au foie gras (sans rapport évident entre les deux d'ailleurs) ? Qu'allons-nous devenir ? L'Univers cessera-t-il de se développer ou va-t-il subitement se contracter ? Le rayonnement international de notre beau pays est-il en danger ? On apprend, évidemment suite à cette nouvelle, qu'une compagnie aérienne américaine annule quelques dizaines de commandes d'Airbus. Est-ce le début de la fin l'hallali final (à ne pas confondre avec la lutte finale), le grand soir ? Où cela va-t-il s'arrêter et que vont faire les agences de notation ?

Ici, à la rédaction, nous en sommes encore sans voix. A tel point qu'il nous est impossible d'écrire en général et de décrire en particulier les stupeurs, les tremblements, les frissons et les montées d'adrénaline qui nous agitent. Et vous ? Devant tant d'injustice, que dis-je, d'infâmie, dans quel état errez-vous ? Avez-vous décidé d'agir, de manifester, de ruer dans les brancards, de montrer haut et fort votre indignation, comme François ?

Pour ma part, je reste catatonique !

Mise à jour : espoir...

mardi 14 janvier 2014

La Conf, riri !

Conférence de presse de François, aujourd’hui, après les traditionnels voeux à la presse justement.

Ce qui nous intéresse c’est ce que François a dit, pas ce que les médias attendaient sur l’affaire des croissants. Sur ce point d’ailleurs il a répondu qu’il répondrait plus tard. Bonne réponse ! Les journalistes sont de grands ados qui adorent rire sous cape, quand on lit leurs titres : je retiens celui-ci vu sur 20 minutes « L’enjeu est d'avoir une croissance vigoureuse »… Ahlala, les sales gamins ;)… Il y a quand même eu plusieurs questions sur l’affaire et certains n’étaient venus que pour ça.

Qu’a-t-il dit, par contre ?

En économie, appui sur le pacte de responsabilité pour les entreprises, suppression des ponctions pour allocations familiales sur les entreprises (qui va payer alors ?), mise en place de contreparties en échange de l’allègement des charges, sur l’emploi, avec… un Observatoire (de plus) ! Tout ça va commencer dès le 21 janvier pour une grande conférence sociale au printemps (c’est long le printemps). Comme il s’agit d’un texte fort, le gouvernement engagera sa responsabilité, et ce sera un moment de vérité, à gauche comme à droite visiblement… Accusé de verser dans le libéralisme, François a contesté mais pas le mot « social-démocrate ».

En matière de gouvernance publique, il veut donner plus de poids aux régions et aux regroupements de collectivités locales, comme les grandes métropoles. Regrouper des régions ? pourquoi pas ? … Gros pavé dans la mare des régionales à venir. Et en parlant de tournant politique ou de changement de gouvernement, François répond qu’il veut accélérer et non ralentir. Il parait qu’un virage fait ralentir. Ce n’est pas vrai. Tout dépend de la manière dont on le négocie, les pilotes de course ou les ingénieurs responsables de sondes spatiales vous diront le contraire.

En matière de réformes, on n’a jamais fait mieux semble-t-il… A propos connaissiez-vous ce site officiel, un « tumbler » qui fourmille d’explications claires sur les réformes ? A consulter régulièrement.

Pour l’international, à part le Mali et la Centrafrique, la priorité c’est l’Europe, au plan économique et social, écologique, et sécurité dans le monde. Avec l’Allemagne évidemment.

Une conférence de relance donc, malgré le parasitage privé. Peu d’annonces finalement, mais le pari est réussi sur un point : faire parler de lui au plan politique, ce qui est le but de cette séquence voeux.

Réactions évidentes attendues dans vos journaux favoris demain matin.


lundi 13 janvier 2014

Hep, taxi !

Lundi. Grève. Galère. Ca sent bon la rentrée.
Ce coup-ci ce sont les taxis. (tract ci-dessous, venu d'ici, avec analyse des "lobbies" en course)


La grève de taxis est un grand classique. Pour le moment, toutes ces grèves ont "marché" et les taxis ont obtenu ce qu'ils voulait. Même le supposé Sarkozy de fer a cédé à l'époque et François aussi (plus mollement) puisque la loi votée leur accorde des privilèges par rapport à leurs concurrents.

Pourquoi une grève de taxis marche-t-elle ?
- comme toutes les grèves de transporteurs (camions, trains, métros, bus) ces grèves sont très visibles et peuvent facilement bloquer des villes ou un pays. Un camion, c'est évidemment puissant pour bloquer des routes, mais des centaines de taxis au même endroit c'est encore plus puissant pour bloquer des villes, où finalement il y a peu de voies pour entrer et sortir et peu de grandes artères. Ca fait de belles images à la télé et sur les réseaux sociaux. Et la perte potentielle d'image pour les touristes est forte.
- parce que les taxis sont très utilisés par les puissants, les riches, les gens de pouvoir, et que le standing de vie de ces VIP est vite atteint. Toucher en priorité la cible des décideurs est le rêve de tous les manifestants. Le paradoxe est que ces mêmes VIP vont donc utiliser plutôt les voitures avec chauffeurs de la concurrence, puisque les taxis sont moins fiables et que de toutes façons c'est leur employeur ou client qui paye.
- parce que lorsque quelqu'un de normal a besoin d'un taxi, en général c'est pour une bonne raison : bagages importants, une vieille personne qui ne peut pas se déplacer autrement, un trajet atypique qu'on ne sait pas faire autrement. Une grève gêne donc ces clients au pire moment pour eux et ils s'en souviendront longtemps. Impact maximum.
- parce que personne ou presque n'utilise les concurrents des taxis, donc personne ne sait comment ça marche.

Les taxis protègent donc leur monopole. Normal. Si vous cherchez des informations sur comment ça se passe ailleurs (qu'en France) ou comment ça se passe avec d'autres systèmes que le taxi, vous aurez du mal à trouver de l'information exacte et validée. Tout le monde dit un peu n'importe quoi, ce qui est une caractéristique des lobbies. est la vérité ?

A mon avis, on est dans un piège abscons (à ne pas - trop - confondre avec un piège à cons), tous les lecteurs du petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens vous le diront. Le système français du taxi est ancien et a accumulé des couches et des couches de protection, comme un oignon. Il est devenu impossible de le réformer, couche par couche, sans couper l'oignon au couteau. Le système des licences par exemple a connu un cycle vicieux (de cercle vicieux) où le prix d'achat de ces licences a monté en flèche, comme un placement. Beaucoup de chauffeurs considèrent cette licence comme un investissement pour leur retraite et le ticket d'entrée est devenu trop cher pour les petits. Les licences sont aujourd'hui achetées par des investisseurs qui trouvent ce système rentable, puisque le nombre de licences est limité et ne peut augmenter (sinon, hop, une nouvelle grève). C'est comme pour les camions où par exemple des gens comme Line Renaud possèdent plein de licences. C'est ce que les économistes appellent une bulle spéculative. Pour le moment cette bulle continue à croître.

En fait c'est un problème de "qualité de service". Les taxis et autres véhicules avec chauffeur rendent (et vendent) des services à leurs clients. Il y en a plein de différents : la maraude (attraper un taxi au vol dans la rue), les files de taxis aux stations et dans les gares/aéroports, la réservation à l'avance, les véhicules spéciaux (plus de volume, moins de roues), les transports spéciaux (vers l'hôpital payé par la Sécu par exemple), les voyages longs entre villes, les transports de prestige pour VIP... sans compter les locations de véhicules sans chauffeur à la journée ou à l'heure.

Ce qui devrait compter c'est la qualité du service au client, non ? Et pas seulement la qualité des conditions de travail des fournisseurs. Si les deux marchent main dans la main, tout va bien. Si l'un des deux est insatisfait, ça ne va pas. Certains pays ont trouvé des solutions : séparer les services complètement (par exemple on ne peut plus réserver à l'avance des taxis mais seulement d'autres véhicules pour ne pas avoir le beurre et l'argent du beurre), augmenter drastiquement le nombre de taxis pour réduire le flot des autres voitures, avoir des tarifs fixes pour certaines courses plutôt qu'au kilomètre ou à chaque dix secondes (de l'aéroport ou par cercles concentriques).

Mais cela suppose du courage, qui s'effrite en face d'une grève. Courage de modifier les règles et les lois autrement qu'à la marge et pour la couche externe de l'oignon, courage de faire appliquer la loi en mettant sur le terrain suffisamment de contrôleurs, car il y a plein de manières de tricher dans ces sujets. Juste une pour vous faire marrer : C'est en banlieue et les taxis ont décidé que telle borne fixe ne leur convenait pas car trop près des clients potentiels ; ils préfèrent venir de plus loin pour avoir une prise en charge plus chère ; donc ils squattent la station et quand les clients appellent, ils ne décrochent pas ou ils prennent l'adresse mais ne viennent pas ; au bout d'un certain temps les clients locaux savent qu'il ne faut pas appeler cette borne et en appellent une autre ; simple et efficace. Je garantis l'exactitude de cette anecdote, mais cela ne reste qu'un exemple. Pas plus.

Donc,  pour les taxis aujourd'hui, c'est râpé. Pour la circulation à Paris, qu'ils veulent bloquer, on verra ce soir. Heureux les propriétaires de scooters, comme François, qui peuvent se déplacer facilement ;)

dimanche 12 janvier 2014

Du temps de cerveau pour … une nouvelle disette

Albert se réveilla au moment où l’hôtesse lui demandait d’accrocher sa ceinture pour l'atterrissage. Il dormait facilement en avion, surtout quand les vols étaient longs. Et traverser toute la planète pour venir ici, au Zimbaland, représentait l’un de ses plus longs vols. Mais le Zimbaland était un pays fascinant pour les vrais voyageurs, car il venait juste de s’ouvrir au tourisme. Et Albert avait réussi à faire partie du premier groupe de touristes acceptés. Une semaine, une petite semaine. C’est tout ce qui avait pu être négocié avec les autorités. Mais c’était mieux que rien ! Et Albert s’était promis d’en profiter un maximum. Il voulait écrire un livre.

Le groupe de touristes qui occupait les sièges à côté (au fond, près des toilettes) était composé d’autres baroudeurs visiblement, de deux journalistes déguisés en touristes mais qui ne trompaient pas l’oeil averti d’Albert, et de deux jolies femmes qu’Albert entendait bien connaître mieux avant la fin de la semaine. Pas d’accompagnateur. Normalement ils devraient être accueillis à l’aéroport international du pays voisin par leur guide officiel, puis emmenés en car à Zambi (?), la capitale du Zimbaland. Un groupe de douze explorateurs. Albert ne pouvait s’empêcher de trouver ce nombre magique et plein de promesses même s’ils seraient alors treize à table avec leur guide.

Le temps était beau et Albert se retrouva en un rien de temps avec ses bagages, ses cotouristes et son chapeau de paille à la sortie de l’aéroport. Ils regardèrent toutes les pancartes qui accueillaient les visiteurs. Rien pour eux. Ils attendirent donc, comme on leur avait expliqué : en tant que nouvelle destination touristique, tout n’était pas encore rôdé et il fallait être compréhensif. Albert avait de la bouteille et un peu de ventre. Il était habitué ! Autour de lui, personne non plus n’avait l’air nerveux, même pas les deux jolies femmes, qui s’appelaient Julie et Lalie. Le calme d’Albert déteignait sur les autres. Il y était habitué aussi. Cela lui avait ouvert de multiples portes, particulièrement avec les dames d’ailleurs.

Au bout d’une heure, le calme d’Albert commença à se fissurer légèrement. Il réussit à ne rien montrer et continua à faire rire ses collègues (d’infortune, pensa-t-il). Il était tôt encore, à peine dix heures du matin et on leur avait dit qu’il y en aurait pour trois heures de route. Au pire ils rateraient le repas de midi…

Au bout de deux heures, tout le monde était nerveux. Albert n’arrivait plus à contenir ce qu’il appelait ses troupes. Ses quelques essais en anglais pour obtenir des renseignements s’étaient soldés par des échecs : de l’incompréhension, quelques sourires énigmatiques et un policier qui était reparti après l’avoir copieusement injurié, semble-t-il, il y avait dix minutes. Albert gardait un peu d’espoir sur ce dernier, mais les autres semblaient un peu désespérés. Les deux journalistes interviewaient tout le monde et filmaient tout ce qui bougeait. Les deux jeunes et jolies jeunes femmes s’étaient un peu éloignées de lui pour se rapprocher d’un autre touriste, visiblement un ancien militaire. Albert jura au fond de lui et décida de faire quelque chose pour rattraper le coup. Mais quoi ? Albert n’avait pas d’idée. Il décida d’aller voir les chauffeurs de taxi. Eux au moins sauraient peut-être quelque chose.

Soudain, tout alla avec une extrême rapidité. Ce n’est qu’après qu’Albert put remettre les choses dans l’ordre.

Albert fit un signe au premier chauffeur de taxi dans la file au moment même où se fit entendre un crissement de pneus. Le chauffeur tira avec un pistolet sorti on ne sait comment de sa poche. Le policier qui traînait encore dans le coin tira aussi. Les deux ne devaient pas être des tireurs d’élite car deux autres coups de feu claquèrent et le chauffeur et le policier s’effondrèrent, certainement morts avant de toucher terre. Les nouveaux coups de feu venaient d’une camionnette comme on n’en avait plus vu depuis les hippies. Deux autres tirs abattirent presque au même moment une vendeuse de fleurs et un cireur de chaussures, puis la camionnette vint piler devant eux et sa porte arrière s'ouvrit. Tout le groupe se retrouva dans la camionnette en moins de deux. Tous sauf Albert qui se retrouva allongé par terre et ligoté. La camionnette démarra comme dans un film et Albert fut entouré de policiers et emmené au poste. Moins de cinq minutes après, Albert était dans une cellule. Seul mais pas trop abîmé.

Il fallut une semaine à Albert pour se dépatouiller de cette affaire. Il avait été interrogé par une quantité incroyable d’officiels, mais personne ne croyait à son histoire. Albert n’avait même pas pu appeler son ambassade. Le samedi suivant, Albert fut libéré de sa cellule et ramené à l’aéroport. On le laissa seul au même endroit, devant la grande porte. Il pouvait identifier un certain nombre de policiers déguisés en n’importe quoi, et savait qu’il était un appât. Albert en avait beaucoup vu dans sa vie, mais là c’était le pompon. Il croyait à sa bonne étoile mais était prêt à se jeter à plat ventre au premier coup de feu.

Il n’y eut pas de coup de feu. Albert vit arriver de loin un cortège de somptueuses voitures de luxe, décapotées. Le groupe de ses cotouristes était au complet, trois par voiture. Tous descendirent en remerciant leurs chauffeurs. Les deux jeunes femmes, encore plus jeunes et jolies étaient littéralement accrochées aux bras du bellâtre militaire. Elles ne le reconnurent pas. Les voitures attendirent qu’ils rentrent tous dans l’aéroport et Albert s’empressa de les suivre, puis il y eut, semble-t-il, quelques grenades de gaz paralysant lancées et les voitures repartirent tranquillement. Tout le monde semblait enchanté dans le groupe et Albert ne put se faire reconnaître. Il faut dire qu’il ne présentait pas très bien. On lui refusa l’accès à l’avion parce qu’il n’avait pas de billet ni de papiers et qu’il sentait mauvais.

Depuis, Albert vit à l’aéroport, où il aide les touristes pour le Zimbaland à retrouver leurs bagages. Il s’est habitué aux coups de feu et aux gaz. Albert est fier. Il n’a jamais vu d’autre touriste traité comme lui. Tous sont enchantés et tout a toujours l’air de bien s’être passé pour eux. Il espère toujours aller au Zimbaland une fois. Chaque fois qu’un touriste lui pose une question par contre, il bredouille des réponses incompréhensibles, comme les autres personnes autour de lui, même quand il leur parle.

De temps en temps il se demande quand même ce qu’il y a de si bien au Zimbaland pour que tous les touristes en reviennent enchantés...

samedi 11 janvier 2014

Vide

Samedi vide. Qui aurait envie de parler d'un Dieudonné qui a réussi son coup marketing au nez et à la barbe d'une démocratie bien faible, ou de parler d'un magazine poubelle qui met sur la place publique ce qui devrait rester privé ou réservé aux initiés au sujet des amours de François.

Il est difficile de trouver autre chose dans l'actualité.

Alors profitons-en pour une pause zen.
Un week-end sans programme officiel.
Une page blanche.
À demain.

vendredi 10 janvier 2014

Sénattaquable

Le Sénat est une institution respectable à défaut d'être de moins en moins respectée. Et ce n'est pas la magouille de mercredi sur le refus de levée d'im(p/m)unité de M. Dassault qui va rehausser leur réputation. Tout le monde cherche les coupables.

La droite avait dit qu'elle le soutiendrait comme un seul homme, ce qui en soit montre bien l'absurdité d'un tel système : si votre parti a la majorité et que vous êtes accusé, avec une telle attitude vous ne pouvez être jugé. On dirait juge et parti(e) dans une démocratie, non ? La droite a donc voté comme elle l'avait dit. Belle unité.

La gauche avait dit en public qu'elle voterait pour la levée de l'immunité, mais dans le secret des urnes, un ou deux sénateurs membres de cette commission ont tourné casaque, sans l'avouer publiquement. On peut en conclure que la discipline de parti est bien faible au Sénat où chacun fait ce qu'il lui plait, que les écolos ont une ligne bien fluctuante et que le Sénat a du souci à se faire su la transparence de ses procédures.

Les réactions sont nombreuses et plusieurs promettent des réformes, du genre vote à main levée, mais elles ne couvriront pas tous les points. Les sénateurs qui travaillent, et il y en a, sont furieux de ce coup réel porté à l'image de leur assemblée. Il est vrai que les électeurs des sénateurs ne sont pas les citoyens mais, au deuxième degré des élus, comme par exemple tous ceux qui seront élus aux prochaines municipales puis aux futures départementales (je hais les départementales disait Jean Yanne, euh, je m'égare, les départementales s'appelant avant les cantonales, vous suivez ?)... Finalement les sénateurs n'ont pas de compte à rendre au citoyen standard.

Le cas Dassault est exemplaire, ou plutôt contre-exemplaire. Il fallait que ça tombe sur lui...

Toujours chez Dassault, et avec un sens du tempo très affiné, le Rafale vient de bénéficier d'une nouvelle commande de la part du Ministère de la guerre défense, juste pour un petit milliard d'euros. Une commande normale et prévue de longue date pour adapter l'avion à de nouvelles armes. Rien de choquant car quand on met le doigt dans ce genre de réacteur, on ne sait pas jusqu'où ça va aller. Toujours pas de commande depuis l'étranger par ailleurs, au fait.

Belle semaine donc pour Dassault. Champagne et truffes ! Pour ceux qui auraient mauvais esprit, je précise que le groupe Le Figaro, dirigé par M. Dassault possède plein de titres de presse plutôt sérieux, mais pas Closer qui est sous l'emprise de Berlusconi, autre patron de presse.



jeudi 9 janvier 2014

Saucisse simplifiée de Toulouse

A ne pas confondre avec un cassoulet (plus complexe) et plein de fayots, alors que dans l'entourage de François il n'y en a pas évidemment.

Entre deux voeux (discours à lire sur le site de l'Elysée), François est donc ce matin à Toulouse pour le choc de simplification du cassoulet des entreprises. Le dossier de presse (pdf, 33 pages) est gros et complexe mais intéressant à lire pour ceux qui sont concernés. On y notera une saynète de la vie d'une entreprise en dix tableaux :


Il manque quelques étapes quand même :
- racheter une entreprise pour la démanteler, après avoir bénéficié d'aides publiques
- corrompre légalement
- faire faillite sans conséquences pour l'entrepreneur
- délocaliser dans un pays moins cher
- faire plus de profit
- créer une nébuleuse d'entreprises pour échapper au fisc.

Ca part d'une bonne intention. On sent que le fameux virage social-libéral de François se précise, malgré les "chiche" de l'UMP qui est furieuse contre cette annonce, et malgré les étonnements muets pour le moment de la gauche de la gauche.

Toulouse est un bon choix, à part pour le cassoulet qu'il n'aura pas le temps de manger, car il repart aussitôt. Il y a ici des exemples concrets liés au logement et aux entreprises et il n'y a pas Dieudonné. François parlera beaucoup du monde aéronautique comme exemplaire. Euh, enfin, pas du côté Dassault, mais c'est une autre affaire. Le candidat UMP à la mairie dénonce sa visite, normal, c'est son boulot. Par contre les toulousains apprécieront le côté "normal" du président qui ne bloquera pas complètement la rocade avec son cortège présidentiel...

Ensuite retour à Paris pour y rencontrer une délégation japonaise (on y parlera d'avions aussi ?).

mercredi 8 janvier 2014

Magnats pressés

On parlait ici des nouvelles bibliothèques, et on a déjà parlé aussi de la presse et de ses révolutions, y compris aux USA. La presse, un secteur en danger, qui attend ses chevaliers blancs comme des princesses esseulées dans un harem sans homme en haut d'une tour inaccessible.

Deux petites nouvelles aujourd'hui pour mesurer les évolutions de la presse "nationale" en France.

Du côté droit, on a notre ami Dassault, le fils, propriétaire du groupe Dassault Le Figaro. Vous avez peut-être eu la chance de lire son éditorial pour les voeux 2014. Si vous l'avez loupé, c'est ici. Il s'agit en fait d'une tirade politique (normal, c'est aussi un homme politique) ultra-libérale et classique qui cite évidemment la révocation de l'Edit de Nantes : c'est d'ailleurs à cette citation qu'on reconnait la droite puritaine et libérale, petite astuce pour vos prochains diners en ville. Il y a eu à ce sujet un article fumeux dans Newsweek, plein d'erreurs relevées ici par exemple, sur le même thème du France Bashing. La journaliste y use de la même métaphore. La rédaction en chef est gênée mais assume. Grosse tranche de rigolade.
Notre ami Dassault, donc, risque d'aller devant la justice si son immunité est levée par le Sénat... Avez-vous remarqué d'ailleurs qu'il y a très peu de différence entre immunité et impunité ? Rien à voir avec la presse mais avec ses activités politiques. On en parle beaucoup dans la presse (hier et aujourd'hui) sauf dans ... Le Figaro.
Mise à jour : Raté, im(m/p)unité conservée...

Du côté gauche (si tant est qu'il en reste), on a notre ami Niel, le patron de Free et du conglomérat autour, qui avec ses deux copains Bergé et Pigasse est déjà actionnaire fort au groupe Le Monde qui inclut par exemple le Huff Post. Niel est donc en pourparlers exclusifs avec le Nouvel Obs pour un "rapprochement". Le Monde et le Nouvel Obs dans le même bateau, on en parle depuis longtemps... Niel le fera-t-il, et avec ou sans Bergé ? Tant que rien n'est signé, il ne faut pas vendre l'ours du journal, et ce n'est pas la première tentative de prise de contrôle d'un des groupes par l'autre. En tous cas il y aurait là un groupe fort intéressant, qui comprendrait d'ailleurs Rue89.

Comme pour Bezos et le Washington Post, les nouveaux Tycoons sont donc bien issus des technologies de la communication et de l'information. L'armement est en chute libre, et on ne parlera pas ici des échecs de Lagardère qui préfère parader dans les pages internes des médias avec sa femme que de s'occuper d'un secteur aussi dangereux et risqué que la presse ou l'édition. En France, on n'a pas beaucoup d'autres Tycoons comme Xavier Niel. Orange est plus une organisation qu'un individu.

Attention quand même au danger : Un magnat chinois du recyclage de déchets a annoncé mardi son intention d'engager des négociations en vue d'un rachat du «New York Times». Il y a des Tycoons ailleurs, en Chine notamment mais dans tous les BRICS. Mais que les déchets investissent dans la presse noble serait un signal plus qu'ironique, après les accusations de presse pourrie qu'on entend de temps en temps, n'est-ce pas ?