vendredi 30 juin 2017

Dernier jour (de juin). Un voile tombe.

C'est vendredi et est de dernier jour de juin. Un jour où on devrait rire, s'amuser, parler du parfum tout proche des vacances. On pourrait même rire de la mort avec celle du Président Loulou de Montpellier qui voulait qu'on rigole après sa mort. On a le droit de rigoler de tout, n'est-ce pas ? Spécialement si on le fait avec respect ou irrespect joyeux.

Mais voilà. Simone Veil vient de mourir. On a le droit de ne pas rire, aussi. Je suis triste devant le départ de cette grande dame. Une vie bien remplie (et des hommages forcément un peu partout avec des nécrologies déjà écrites depuis longtemps comme ici dans Le Monde). Chacun en retiendra ce qu'il voudra. Moi, je retiens deux mots : combat et femmes.

Combat, lors de multiples combats, qu'on choisisse d'y aller ou qu'on s'y trouve mêlé, les combats demandent de la chance, de la volonté et de la force pour s'en sortir. Ce n'est pas donné à tout le monde. Madame Veil avait ces forces.

Femmes, car parmi d'autres elle a porté longtemps le combat pour les droits des femmes, et pas seulement lors de la loi sur l'IVG. Une voix forte et respectée, haïe des phallos à courte vue sur le moment. Il y a des gens comme ça, qu'on écoute parce qu'ils ont cette capacité à engendre le respect sans en faire un mandarinat ou des effets de manche de tribuns assoiffés de notoriété.


Respect, Madame.

jeudi 29 juin 2017

Dix ans déjà que l'iPhone est là... Le pari de Pascapple

Je vous parle d'un temps
Que les moins de dix ans
Ne peuvent pas connaître...


L'iPhone a dix ans aujourd'hui. (annoncé le 29 janvier, il n'a été commercialisé que le 29 juin 2007).
Une de ces révolutions rapides, mais non instantanées, qui a chamboulé notre monde. Les iPhone d'aujourd'hui ne ressemblent pas beaucoup au premier. Heureusement. Mais presque tous les téléphones, devenus smart depuis, ressemblent au concept initial. Et cela même si d'autres smartphones existaient un peu avant, sans réel succès.

Il reste quelques irréductibles, allergiques à ce type d'engin, bien sûr ou qui ne peuvent pas se les payer, même les clones pas chers ou tombés du camion. C'est une loi de la nature, qu'une règle sans exception ne puisse exister (y compris cette loi elle-même ;) Vive la récursion !

Xavier Niel - par ailleurs fondateur de Free sur la base du i(minitel)phone rose - a choisi ce jour pour inaugurer son incubateur géant à la Station F(reyssinet). Un lieu plein de créateurs, de créatures du numériques et de créations en plein allumage. Un beau symbole, lui qui a toujours admiré Steve Jobs et son marketing génial, jusqu'à adopter la même esthétique dans les pubs de Free et à piquer les mêmes musiques aux Stones.

J'ai dit marketing ? On accuse ou en encense souvent Apple pour son marketing génial (c'est-à-dire qui marche). On parle aussi de l'écosystème autour de l'iPhone, entre la musique, le magasin musical, les applications et leurs développeurs, le nuage et les services mobiles, etc. Mais il faut un point commun à tout cela. Un machin avec lequel l'intimité puisse se créer. Un machin qu'on puisse tenir contre soi (ou oublier entre deux coussins du canapé). L'iPhone a tout de suite joué ce rôle, même dans sa déclinaison iPod.

Moi, par exemple. J'avais à l'époque un vieux Nokia de merde, devenu aujourd'hui objet culte et même relancé (mal, d'ailleurs). Mon objectif était alors, simplement, d'avoir un téléphone. Incroyable, non ? Cela me suffisait. J'avais par ailleurs un iPod vieillissant et ancien modèle, et un gros ordinateur portable pour l'internet. Ca faisait du bruit quand je marchais. Clink-Clank. Quand l'iPhone est sorti, j'ai trouvé ça trop cher, trop limité et pas vraiment utile. Alors j'ai acheté un iPod Touch, en fait un iPhone complet sauf la fonction téléphone et sms. Super. Ca m'a duré quelques années, jusqu'à ce que le ridicule m'atteigne. Je faisais plus de trucs avec mon iPod Touche qu'avec mon téléphone, sorti à regret chaque fois qu'il fallait téléphoner ou texter. Un dinosaure honteux et de moins en moins pratique. Je ne suis venu à l'iPhone qu'à la version 4, histoire de recycler alors ces vieilles interfaces de téléphone.

Aujourd'hui, non seulement ce type d'appareil a changé notre façon de faire, en mobilité, mais il a ouvert des portes riches de potentiel. On a dit que l'iPhone d'alors était déjà plus puissant que les ordinateurs qui ont envoyé l'Homme (américain) sur la Lune. C'est certainement vrai, mais cela ne fait que démontrer l'importance du tissu autour d'une technologie, bien au-delà de la technologie. C'est la NASA, son réseau internet avant l'internet, ses experts (et ses expertes) et ses budgets qui ont réussi un tel exploit. Une technologie ne marche et ne marque que si elle est environnée d'un système qui emporte l'adhésion. Aujourd'hui, on ne parle plus vraiment du système Apple tant il s'est imposé comme une évidence. D'autres industriels ont adopté peu ou prou le même. D'ailleurs, de manière générale, moins on parle d'un système qui marche et plus cela veut dire que le système est adopté et accepté. Le nirvana de tous les directeurs marketing.

L'iPhone a révolutionné plusieurs secteurs. Il y en a tant que je ne peux pas les nommer. Regardez simplement autour de vous. Quelques exemples, le tout de mon crû comme dirait le Canard.

L'éducation. L'éducation en mobilité ou dans des zones non desservies, comme l'Afrique par exemple. Evidemment, des vieux Nokia suffisent pour des messages audio et texte et ont peut déjà faire beaucoup avec. Mais un palier est franchi avec ce type d'outil et de système. Avec en plus un facteur important qui change la relation enseignant-apprenant, car les échanges deviennent facilement bilatéraux et non uniquement "descendants". Les réseaux sociaux seraient-ils possibles sans de tels matériels ? Même s'ils ont commencé sur ordinateur, ils n'ont vraiment décollé qu'avec les applications sur smartphones, permettant une communication immédiate et à tout moment.

Le jeu. Avec des jeux pas chers du tout et même des "gros" jeux, l'iPhone est devenu progressivement une machine de jeu (et avec lui tous les smartphones). Même Nintendo, le roi du jeu, s'est mis à ce concept, avec sa trouvaille intelligente de la Switch, à laquelle j'avoue avoir succombé par fiston interposé. Prenez les jeux en réalité virtuelle ou augmentée par exemple. Il y a Pokémon Go mais il va y avoir beaucoup plus de choses en réalité augmentée, puisqu'un kit pour développeurs vient d'être diffusé. On commence à voir des trucs intéressants.

La relation humaine et sociale a-t-elle souffert de tout ça, va-t-elle souffrir, dans cette réalité augmentée que permet la mobilité ? Une vaste question qui ressemble de plus en plus à ces débats dogmatiques, dont les deux plus célèbres sont :
- vous préférez Mac ou PC (un vieux débat, marqué à l'époque par des pubs géniales)
- vous préférez les chats ou les chiens (un débat aussi ancien que le big bang et jusqu'au prochain au moins, et si vous ne savez pas, un test ici)

Face à ce genre de question, il suffit à mon avis de regarder les jeunes et leurs relations. On peut se plaindre des effets des ondes ou des écrans, on peut se plaindre des addictions, mais on voit simplement apparaître des comportements très différents, en plus des autres. Face à ce genre de question, comme souvent, il est nécessaire de se la poser, d'en parler avec d'autres, par tout moyen virtuel ou présentiel. Nécessaire, mais pas suffisant. Il faut aussi réfléchir et militer pour nos droits, en tant qu'humains utilisant ces technologies et pas seulement en tant que consommateurs de produits. Au fait, utilisateurs d'autres smartphones sous Android de Google, saviez-vous que tous les contenus de vos mails, si vous avez une adresse gratuite en Gmail, étaient lus par Google pour y chercher les moyens de vous envoyer plus de pubs ciblées ? Bienvenue dans le royaume de la pub envahissante.

A chacun son modèle économique me direz-vous et chacune des grandes compagnies GAFSA ou autres ont le leur. Celui d'Apple est simple : vendre de plus en plus de produits et de services à une communauté captive d'un système qui offre tout ou presque : pourquoi en sortir ? C'est ce qu'on pourrait appeler le Pari de Pascapple. Un pari réussi pour le moment...


jeudi 22 juin 2017

L'essence de l'équilibre - "En même temps"

Et hop ! On est vraiment parti pour ce nouveau quinquennat maintenant. Un gouvernement au complet, une Assemblée nationale en place avec un majorité solide et des groupes parlementaires alliés... et un président bien installé. Ne reste plus qu'à agir et à avoir des résultats.

Un petit regard en arrière quand même sur les équilibres actuels.

Jeunes et en même temps vieux : un équilibre temporel partout autour de Macron qui n'a pas peur d'avoir autour de lui des plus jeunes et des plus vieux. Un doux mélange qui permet de mettre en avant ceux qui sont les plus adaptés à chaque moment. On insiste beaucoup en ces premiers jours sur les plus jeunes, car ils étaient bien rares avant, mais ça va se tasser.

Expérimentés et en même temps novices : un autre équilibre temporel mais sur la durée de vie en politique ou aux responsabilités. Là aussi, un équilibre bien calculé pour avoir des experts plus ou moins séniors, des juniors et des individus n'ayant pas trop de leçons à donner ou à recevoir. On insiste beaucoup sur les novices, mais il y en a plein à chaque fois, dont on n'entend plus jamais parler ensuite.

Hommes et en même temps femmes : une première à l'Assemblée à ce niveau (presque 40%) et un très beau score pour la parité au gouvernement, avec des ministères régaliens aux mains de femmes, pas seulement des secrétariats d'Etat. On insiste beaucoup sur les femmes dans les médias, avec un air un soit réjoui des journalistes soit hésitant, une conséquence naturelle du machisme ambiant et qui en a quand même pris un coup ces dernier jours.

De droite et en même temps de gauche : avec des groupes satellites autour. A droite les cons tructifs (j'ai pas bien compris le sens de ce dernier mot), et à gauche les radicaux de gauche qui aimeraient bien faire pareil pour équilibrer et ne pas rater le train, quitte à s'allier avec des socialistes de progrès (un quasi oxymore). Le mot centre disparait petit à petit pour être remplacé par l'adjectif macronien, ni de l'un, ni de l'autre, ni du troisième.

Cadres et en même temps non cadres : euh... ok il y a des non cadres, mais pas beaucoup et pas au plus bas niveaux. Comme dans toute organisation (sauf la fameuse armée mexicaine), il y a toutes sortes de niveaux de responsabilité et de compétences. Tant qu'on n'est touché ni par le principe individuel de Peter sur l'incompétence, ni par la loi organisationnelle de Parkinson sur l'autisme collectif, tout va bien. Gaffe quand même.

Ambitieux et en même temps consciencieux : un doux mélange nécessaire dans le monde du travail, tout dépend du dosage. Un vrai métier d'équilibriste sur un fil de fer coupant comme un rasoir (d'Occam). Un consultant en RH insisterait sur le rôle du management pour contrôler tout ça. Ca tombe bien : il y a un pilote dans l'avion !

Coupables et en même temps innocents : même avant d'être jugé, mis en examen et demain soupçonné. Un syndrome sain en fait. Mais qui entre tellement en conflit avec des habitudes ancrées dans les pratiques, qu'il faudra quelques affaires pour évoluer. Lorsqu'on dit, couramment, que c'est bien fait pour Untel car il a été trop bête pour se faire prendre, on légitime ceux qui ont été moins bêtes et qui ne se sont pas fait prendre. Comme ces responsables qui n'écrivent jamais rien pour ne pas laisser de trace. Comment changer ? Exemplarité des sages ou excommunication des moutons noirs ?

Monde politique et en même temps société civile : il fut un temps où le mot technocrate était honni, où l'expression société civile était parée de toutes les vertus et où le monde politique était intouchable et réservé. Les lignes de fracture sont moins visibles aujourd'hui : les technocrates sont appelés des experts de leur domaine et ne sont légitimes que adoubés par leurs pairs, ce qui n'est pas évident, chaque microcosme étant plein d'égos surdimensionnés par exemple ; les sociétés civiles se déchirent et se clivent souvent, conduites par des leaders qui veulent avant tout affirmer leur statut dominant et leur capacité à parler au nom des autres ; le monde politique a été investi par de simples citoyens non simplets qui ont mille moyens pour intervenir de plus en plus dans le débat.

Bavard et en même temps muet : Il y a ceux qui parlent, qui commentent, qui discutent, qui critiquent (on aime bien ça chez nous). Et il y a ceux qui agissent et tranchent. Une opposition simpliste mais bien réelle quand même. Macron lui-même a choisi la seconde branche de l'alternative. Reste la pédagogie. L'explication. La mobilisation. La motivation... surtout face à des paroles violentes qui ne manqueront pas de se succéder les unes aux autres, venues de tous les bords extrêmes, partageant de manière opportuniste les mêmes mots violents. Et la parole est d'autant plus cruciale (qu'elle soit rare ou omniprésente) qu'il est de plus en plus difficile de séparé l'info de l'intox de nos jours, malgré la multiplication courageuse des décodeurs.

Espoir et en même temps fatalisme : espoir que Macron réussisse comme équilibriste, ou fatalisme genre "ça va rater et dans 5 ans on se retrouve avec le FN" ? Deux attitudes opposées, optimisme-pessimisme, de manière classique et intrinsèques à notre espèce. Un grand mouvement ou des petits pas ? Les premiers pas seront de toutes façons les plus importants.

En Marche et en même temps dans un autre mouvement : debout pour résister ? en marche pour avance ? assis pour regarder de son canapé ? allongé pour subir l'esclavage ? accroupi pour montrer que ça fait chier ? en courant pour se vider la tête ? immobile pour passer inaperçu, idéalement la tête dans le sable comme l'autruche ?... C'est la semaine du yoga. Profitons-en pour alterner les postures.

Macron et en même temps Macron : De Jupiter à Janus. Suivant un cap et un projet, ou voguant habilement sur les flots ? On sait qu'il a de la chance, une grande habileté et intelligence dans plusieurs sens du terme. C'est un bon début. S'il pouvait simplement arrêter de dire "en même temps" tout le temps, ce qui devient un tic de langage de ses "followers". En même temps, c'est une expression dangereuse. On sait bien que toute décision est prise après une écoute attentive des diverses possibilités. Mais le consensus mou ou l'inaction sont des conséquences possibles d'un Enmêmetempisme mal maîtrisé. En même temps n'a de sens que si on ne voit pas le monde comme binaire (droite vs gauche par exemple) mais plutôt comme multipolaire, multicentré, flou, fluide. Comme une mer, donc.

Reconnaissez que c'est plus intéressant à suivre qu'avant, non ?




lundi 12 juin 2017

Une majorité colorée

Parlons couleurs aujourd'hui, voulez-vous ?

On dit que la future Chambre des députés sera monocolore après la victoire écrasante au premier tour des candidats Macron. Il y aura un peu (très peu) de rose fanée du PS et un peu plus de rouge sang d'insoumis et de communistes. Peut-être un peu de vert pas mûr. Il y aura un peu plus de bleu ex-horizon de républicains pas en marche (donc immobiles ?) avec des teintes allant du bleu marine au bleu clair. Il y aura le FN avec très peu (on espère) de bleu nuit (d'horreur) ou de noir ou de marron très foncé (limite brun). 

La couleur du FN a toujours été un casse-tête dans les médias. Marine a introduit le bleu foncé, genre nuit de Chine pas câline. Mais cela a convergé vers le noir ou gris foncé avec le temps. 

Le casse-tête est encore plus terrible avc Macron. Il n'a pas vraiment choisi de couleur dans sa charte graphique où ni le bleu ni le rose ne sont présents de manière systématique. Les médias inventent donc ce qu'ils peuvent, ce qui traduit leur positionnement. 

Revue des couleurs possibles pour LREM :

- Bleu : fréquent et possible mais trop marqué à droite pour certains. Maqué même. La droite a envahi cette gamme de couleurs depuis longtemps, le contraire des USA d'ailleurs. Il y a évidemment plein de nuances de bleu mais c'est la gamme de couleur la plus délicate à définir pour l'œil humain, tous les scientifiques le savent. De plus les gens de gauche utiliseront cette couleur pour marquer Macron afin de montrer leur différence. 

- Rouge : rosé ou sang, c'est très marqué à gauche sans aucune hésitation. De plus les gens de droite utiliseront cette couleur pour marquer Macron afin de montrer leur différence, itou. 

- Vert : pris par les écolos de tous bords politiques. 

- Orange : plus intéressant mais pris par le MoDem qui respire encore entre deux enquêtes préliminaires. On n'est pas loin de Macron mais attention au risque de confusion. 

Il ne reste donc que trois voies :

- Noir et blanc : c'est-à-dire l'absence de couleur. Le refus du code actuel, ancien et de couleurs. C'est la tendance actuelle d'En Marche. Pratique sur les bulletins de vote. Moins cher aussi, mais le blanc sur une carte ça fait un peu vide, le noir trop FN et le gris pas très coloré. 

- le violet ou le mauve : le mélange entre bleu et rouge.  Comme si on était de droite ET de gauche. Un message qui sent le passé binaire puisqu'alors EM! n'existerait que comme mélange des deux couleurs "principales"

- le jaune : la troisième couleur par excellence dans le triangle CMY cher aux imprimeurs (Cyan - Magenta - Jaune). Un vrai système ternaire à trois couleurs donc dans lequel aucune couleur n'existe sans les deux autres. Un changement de paradigme comme disent les philosopheux. Évidemment le jaune n'est pas toujours bien vu de nos jours mais ça peut changer... 

Le choix de la couleur est donc important. On attend de voir le congrès fondateur de LREM. 

En attendant contentez vous de regarder quel média utilise quelle couleur ou l'absence d'icelle. Et allez voter dimanche. 

vendredi 9 juin 2017

La majorité, c'est quoi en démocratie ?

Non, non, ce n'est pas le sujet de philo au bac cette année (quoique on ne sait jamais, tout est possible, comme "le pouvoir sans pouvoir, est-ce possible ?" ou "la démocratie est-elle vraiment le moins pire des systèmes politiques ?"). Mais c'est le sujet pour plusieurs démocraties en ce moment.

Petite revue.

Aux USA, Trump le républicain a été élu président sans avoir la majorité du vote populaire (qui ne compte pas là-bas) et dispose d'un congrès à double majorité pour lui. Et pourtant, suite à quelques enquêtes en cours, il risque une procédure d'impeachment. Le témoignage hier de l'ex-patron du FBI, limogé par Trump, n'a pas été déterminant dans cette direction, mais Trump est touché par ce qui est une des institutions fédérales respectées aux US, un FBI théoriquement du pouvoir exécutif et gardien jaloux de cette prérogative. La démocratie US s'en trouve affaiblie, sur la scène internationale mais surtout à l'intérieur du pays. Trump divise et sa récente annonce du retrait de l'accord de Paris craché à la COP21 divise encore plus. Une situation délicate. Il parait que les conseillers de la Maison-Blanche sont même obligés de l'occuper pour qu'il ne tweete pas trop, surtout dans des circonstances juridiquement délicates comme l'audition d'hier. Un président empêché (de tweeter) c'est déjà une sorte d'empêchement, non ? Sinon, il aurait tweeté pour Thérésa May cette nuit "Don't worry about hung parliament. Fake news"... Mais finalement il a quand même tweeté après coup sur la déposition de Comey... Incorrigible !



Au Royaume-Uni c'est la débâcle pour Thérésa May, la nouvelle dame de fer conservatrice qui n'a pas su amener son parti à la victoire. Elle avait dissous le Parlement pour avoir une plus grande majorité à sa botte et pour être en position de force pour négocier un Brexit dur (les négos commencent dans deux semaines déjà). Patatras ! Son parti n'a plus la majorité absolue et devra passer des alliances soit au coup par coup soit avec un parti (les irlandais unionistes) qui imposera des mesures fortes pour l'Irlande du Nord. En France on se rappelle évidemment les législatives anticipées de Chirac qui avaient conduit à une cohabitation houleuse avec le PS (qui existait encore à l'époque).
Pas toujours facile de manipuler l'opinion, et encore moins à notre époque où les réseaux sociaux et le partage jouent un rôle fondamental pour la démocratie. Madame May va essayer de se maintenir au pouvoir, en tous cas le parti conservateur. On connaîtra le résultat dans quelques jours. N'est pas "Borgen" qui veut. La démocratie anglaise est vieille mais forte. On est sur le fil du rasoir en ce lendemain de défaite historique puisque tout le monde perd : les conservateurs n'ont plus la majorité absolue et les travaillistes ne l'obtiennent pas non plus, même avec leurs alliés naturels.


Pour l'Allemagne, il faudra attendre quelques mois encore, mais le vent de fraîcheur qui souffle dans le monde risque également d'emporter Angela. (A suivre ici évidemment).

Et en France ? Macron réussira-t-il son pari insensé d'obtenir une majorité à l'Assemblée Nationale ? Les sondages disent que oui, à deux jours du premier tour, mais les lignes peuvent bouger vite. Si LREM a la majorité absolue, ce sera un exemple fameux et longtemps commenté d'une victoire éblouissante à tous les niveaux, qu'on soit d'accord ou pas avec lui et sa/ses ligne/s. Le bipartisme américain, anglais et allemand en prendrait un coup. En inventant un parti, une ligne et une gouvernance homogène (exécutif et législatif), Macron aurait alors changé le type de rapports démocratiques dans un grand pays. Loin des bipartismes anciens, loin des unions nationales molles, l'hypertrophie d'un centre libéral, social et progressiste (selon ses mots) cantonnerait les franges politiques aux extrêmes (une droite dure, une gauche dans la rue).

La définition de la majorité est donc centrale. C'est quoi une majorité ? 50% des élus ou des votants + une voix ? Cette formule n'a qu'un avantage, c'est d'être binaire. Oui ou non, la seule réponse possible. Pas de milieu, pas de centre, pas de logique floue comme disent les matheux. On peut imaginer d'autres logiques, floue justement, ou même ternaire. On peut aussi introduire plus de proportionnelle pour maximiser le nombre de partis et donc de parties prenantes. C'est ce qui est prévu a priori, en tous cas dans les mesures annoncées. Ces réflexions sont de salubrité publique et ne doivent pas être laissées aux seuls experts du droit constitutionnel formés à l'école de l'Histoire binaire, ni aux seuls militants d'une cause.

La France retient son souffle, même si l'abstention risque d'être importante, encore une fois pour des législatives. On y verra plus clair dans la nuit de dimanche à lundi et ensuite une semaine plus tard.

Allez voter (même blanc si vous voulez).

jeudi 1 juin 2017

Covfefe Smurf Schtroumpf et Trump(f)

Cette affaire du tweet envoyé à minuit par l'ineffffffffable Trump nous a bien fait rigoler. Détails partout, ici par exemple ou  ou même en cet endroit. Que celui qui n'a jamais fait de faute de frappe nous envoie le premier commentaire de troll (en pierre) surtout quand on a un correcteur orthographique assez original qui remplace un mot rare (comme coverage) par un mot fréquent (comme covfefe).

Mais au-delà de la rigolade elle montre la vacuité croissante du commentaire politique et médiatique. Tout le monde se moque du fond (Trump dit une connerie et une méchanceté contre la presse indépendante de lui) pour se gausser de la forme. Une vraie tendance qui empêche beaucoup de débats et qui en décourage certains, obligés par exemple de fuir les réseaux sociaux lorsqu'ils se découvrent "memes".

Les schtroumpfs (smurfs en anglais) nous ont habitué depuis tout petit à comprendre même les mots inexistants. Nos cerveaux sont capables de les schtroumpfer par d'autres, sans aucun schtroumpf. D'ailleurs on utilise cette BD pour apprendre le français belge, ou grâce au dictionnaire illustré franco-schtroumpf de J-L. Chiflet, l'artiste de la langue dans tous ses schtroumpfs. Il est d'ailleurs prouvé que le cerveau sait lire des textes en partie pollués par des erreurs, comme des inversions le lettres, jusqu'à un certain point.

Do you covfefe english ?

Cette Trumperie est donc appelée à un bel avenir. A quand la prochaine BD des Covfefe, ces petits êtres bleus républicains, dont le grand Covfefe porte une mèche blonde et où la covfefette s'appelle Melania ? Ah... si je savais dessiner...

Trumpf ? Cela me rappelle ce billet schtroumpfien ici.

PS tard : Trump a choisi le mépris du monde au profit des américains et de leurs lobbies. En retirant les USA de l'accord de Paris il fédère les autres nations contre lui en plein Sommet Chine-Europe. Macron lui a répondu. En français ET en anglais. Une première à l'Elysée qui lui ouvre les médias US. Make our planet great again, car on n'a ni plan B ni planète B.

Vous avez rigolé tout l'été avec Trump ?
Et bien souffrez, maintenant. 

Mes amitiés au peuple américain.