jeudi 31 octobre 2013

Polytechniqué en deux mois

Le vote du budget se poursuit au Parlement avec des amendements intéressants, même s'ils sont très parcellaires. Retenons en un.


Un amendement PS a été voté hier pour réduire de 500 000 euros (de plus) la subvention à Polytech. Polytech ? C'est le petit nom moderne de Polytechnique ou de l'X, le repaire de futurs pantouflards qui n'achètent même pas leurs pantoufles. Késaco ? Tout élève arrivant dans cette prestigieuse école (une des seules écoles françaises à être classée dans les classements universitaires mondiaux avec l'Ecole Normale supérieure) est payé pendant ses études, après des classes prépas éprouvantes et un dur concours. Les meilleurs en général intègrent ensuite ce qu'on appelle les grands corps de l'Etat (d'où le mot corporatisme) et une bonne proportion part dans le privé ensuite. Toutes sortes de filières privées, dont la pure finance. Normalement, ils doivent alors rembourser la "pantoufle" qui couvre leurs frais de scolarité et qui peut atteindre 45 000 euros, payés à ce moment en fait en général par leur futur employeur. Les autres restent dans l'administration (pour dix ans au moins) ou n'intégrant pas les grands corps, partent dans le privé sans rien rembourser.

Même la Cour des Comptes avait demandé plusieurs fois à l'X de réformer cette partie de ses privilèges, mais la réforme a tardé et certains députés droits dans leurs bottes se sont énervés. L'amendement en question a été voté, à la surprise des technocrates et malgré un lobbying intense des anciens, notamment ceux passés en politique. Il n'y a pourtant pas péril en la demeure. 500 000 euros de moins pour cette école (militaire rappelons-le) c'est moins de 1% de son budget public et cette somme sera réaffectée au sein du Ministère de la Défense pour des appuis à des militaires en déshérence. On est en fait dans l'ordre du symbolique, en s'attaquant à la source principale des grands corps de l'Etat dévoyés dans le privé sans contrepartie ou presque. Le modèle de Harvard n'est pas près de s'appliquer dans ce cas. Il suffirait pourtant de faire payer quelques dizaines d'euros à quelques anciens élèves pour éponger la baisse des crédits.

Par ailleurs la loi de simplification de l'administration a été votée dans un consensus aussi étonnant. La mesure la plus intéressante est celle qui donne deux mois à l'administration pour répondre, délai au-delà duquel sa réponse sera réputée favorable au demandeur... sauf exceptions fixées par décret. C'est une petite révolution dans le monde des autorisations administratives. Mettez-vous à la place des pauvres polytechniciens restés dans l'administration et qui vont devoir travailler plus vite, avec des moyens de l'Etat en baisse mais des délais plus serrés. Vivement que les dix ans soient passés et qu'ils puissent partir pantoufler dans le privé !



mercredi 30 octobre 2013

Après Astérix, les (grands) schtroumpfs

Bon, j'espère que tout le monde a lu le dernier Astérix paru la semaine dernière. Une bonne cuvée et surtout la première d'une nouvelle cuvée avec des auteurs rafraîchis. On garde la nostalgie de la grande époque Goscinny-Uderzo, mais elle est révolue et la jeune génération montre à la fois son respect et sa créativité avec ce premier album. Album encore un peu timoré mais on sent poindre un esprit bien frondeur (c'est-à-dire gaulois) et remis au goût du jour avec des jeux de mots très actuels et limite banlieues. A quand un Astérix dans les quartiers ? En tous cas, c'est dix mille fois mieux que l'album d'avant que tout le monde avait dénoncé, car les ET et Astérix, ça ne fait pas bon ménage.
Je regrette juste que certains détails ne soient pas dessinés assez finement derrière. Va-t-on vers une simplification du dessin ? Est-ce notre époque de zapping et de délais serrés qui prend le pas sur l'approfondissement nécessaire de l'âme humaine ? Vastes questions existentielles auxquelles nous aurons les réponses au prochain album.

Mais depuis cette parution, nous avons des nouvelles des Schtroumpfs du regretté Peyo, mort depuis vingt ans mais dont les personnages continuent à exister.



Ils sont en Bretagne. On s'en doutait depuis longtemps car les mythes des petits êtres sont plus forts vers l'Ouest. Notre reporter a réussi à les prendre en photo. Il s'agit en fait d'un troupe de Grands Schtroumpfs (vous remarquerez qu'il n'y a qu'un schtroumpf normal au milieu avec son bonnet blanc, ou blanc bonnet, je ne vois pas très bien lequel). Peut-être s'agit-il d'une école de Grands Schtroumpfs ? Qu'en schtroumpfez-vous ?

Les bretons ont donc gagné dans leur fronde anti-pouvoir, sur l'écotaxe. Comme le rappelle l'article pointé ci-dessus, ces bonnets rouges sont une pure provocation des syndicats agricoles, en mémoire des manifestants paysans contre le roi, puis contre la révolution, puis contre l'empereur puis maintenant contre le président. On n'enterre pas les vieilles traditions dans des vieilles charrues. Certains acculturés ont cru voir dans ce bonnet rouge celui du Commandant Cousteau ou de marins.
Ils se trompent tous. Nous ici, nous savons bien qu'il s'agit de Schtroumpfs.

Ne dites plus grande jacquerie, dites grande schtroumpferie.
Quand schtroumpf rit le vendredi, François dimanche pleurera.


mardi 29 octobre 2013

Baromètre en baisse

Brrrrrr, il fait froid. La pression descend et le baromètre est plutôt pessimiste. On n'avait visiblement jamais connu ça de mémoire de baromètre, c'est à dire depuis 1981. Une courbe vaut mieux que cent mille mots :


Eh oui, il s'agit bien de politique et bravo à François qui bat un record. C'est toujours bon à prendre, un record.
Les optimistes disent que quand le fond est atteint on ne peut pas aller plus bas et qu'un simple coup de pied vous fait remonter à la surface. Les pessimistes croient savoir que le fond est plein de vase et qu'on risque d'y rester englué.

La France est en crise, mais dans une drôle de crise. Pas une crise comme en Grèce ou au Portugal par exemple, où les gouvernements doivent prendre des mesures très impopulaires pour redresser la barre des finances, avec à la clé une chute proportionnelle de la popularité des dirigeants, même en cas d'union nationale. En France le gouvernement a besoin d'argent pour boucler le budget et la réduction des dépenses ne va pas assez vite pour éviter une hausse des recettes. J'aime bien le mot recette. Vu de l'Etat il veut dire rentrées d'argent par tous les moyens. Vu des citoyens, il veut dire impôts et taxes, avec toutes sortes de recettes pour en prendre sans que cela soit trop visible. En France donc, la tendance est aux mesures corporatistes et par petits morceaux, ce qui a comme conséquence directe de faire se lever tout un tas de communautés qui se défendent d'abord elles-mêmes.

Il y a comme un abandon du sens collectif, de plus en plus visible. Rien d'anormal, c'est une tendance naturelle. Mais un des principaux effets pervers de ces stratégies (de l'Etat et des communautés) c'est que chacun pousse à l'extrême ses prises de position, et ce d'autant plus fort que les voisins ont obtenu quelque chose. On est habitués à ça car en temps normal, chacun s'y retrouve en fait. Mais lorsque la bourse est vide, les mécontents se mélangent et on se retrouve avec des mouvements alliant  toutes sortes de sensibilités. On appelle ça des amalgames.

Certains parlent d'une crise d'autorité. Le fait que le seul ministre qui se sorte bien des sondages soit Manuel Valls, le ministre de l'autorité par définition, montre-t-il un retour du désir d'autorité ? Sommes-nous devenus friands d'autorité comme certains peuples (non, non, je ne parlerai pas des russes) ? Le débat qui agite les politiques est-il celui de leur place dans un nouveau modèle de société, plus autoritaire, alors que presque tous ne sont même pas capables de faire autorité dans leur clan, leur tribu, leur parti ou leur camp ? N'est-ce pas là une des raisons de la montée des extrémistes (de droite plutôt en ce moment), plutôt que la sécurité ou la nouveauté ?

Beaucoup de questions, que chacun doit se poser. A droite ou à gauche, et même au centre qui devrait se refondre mardi prochain, paraît-il.

PS : François et aujourd'hui à Bratislava. Va-t-il en revenir comme un autre président parti à Baden-Baden ?

PPS : 11h55, le Premier ministre suspend l'écotaxe. Le baromètre va-t-il bouger et dans quel sens ? Triste application du principe d'autorité.

lundi 28 octobre 2013

Tempêtes en Bretagne

Bon, passons aux choses sérieuses maintenant que l'heure d'été est oubliée et parlons un peu des bretons.

La Bretagne est la plus à l'Ouest en France et donc la plus touchée par ce décalage horaire qui nous cale plutôt vers l'Est du pays. Il fait nuit de plus en plus tôt et même bien trop tôt maintenant. Ce week-end donc, la Bretagne a souffert de tempêtes, et pas seulement dans un verre d'eau.

Tempête météo, la première pour cette saison d'automne-hiver. Salut aux Christian, du nom de baptême de cette tempête, car il n'y a pas de raison que nous aussi on ne baptise pas nos tempêtes. On est très loin des ouragans et autres cyclones, mais en France où rien n'est construit contre ce type de climat extrême, tout pète quand il y a ce genre d'événement climatique. Ensuite il faut réparer les lignes électriques que EDF n'a pas voulu enterrer. Cette tempête-ci a plus durement touché les anglais, mais c'est quand même un événement en Bretagne (et ensuite plus au Nord). Les bretons y sont habitués et même s'ils ne le sont pas ils font semblant de considérer ça comme une coup de vent normal.

Tempête écotaxique aussi avec des manifs un peu partout en Bretagne contre la fameuse écotaxe. Les bretons veulent des exemptions, des rabais, des délais. Le ministre (breton) concerné y est sensible. Il faut toujours avoir un ministre de sa région au gouvernement dans un poste important. Je vous rappelle ce billet, ancien mais toujours d'actualité. Pour la Bretagne, j'avais annoncé ça : "Déplacement d'un grand Ministère à la pointe du Raz dans le Finistère". Je pense que vous aurez compris qu'il s'agit du plan ultra-secret pour déplacer Bercy en Bretagne. Cette actualité va bientôt sortir et ça nous promet de belles guerres de siège comme au moyen-âge, avec châteaux-forts et paysans en colère. On se demande qui seront les chevaliers en fer blanc. A vous d'imaginer... En tous cas ils seront en blanc comme ici.



Cette écotaxe a donc même eu les honneurs d'un match de foot ce week-end.  Au moins pendant ce temps ils ne militent pas contre la taxe sur les riches, nos chers footballeurs. Guingamp est écartelée entre soutien aux manifs contre l'écotaxe bretonne et soutien à la taxe des 75% sur les clubs riches. Voilà un club proche du peuple ! Par contre José Bové a oublié le temps des manifs "minoritaires" comme à l'époque du Larzac... (billet nostalgique ici) et il les dénonce comme "manipulées" ;) On ne rigole pas au fond, je vous ai vus.

Il faut dire que cette écotaxe est une star de la politique, même si elle n'a jamais été appliquée auparavant. Votée à l'instigation de Borloo (le demi-centre) suite aux accord du Grenelle de l'environnement il y a au moins quatre ans, cette loi de Sarkozy n'avait pas été appliquée, car porteuse de troubles... potentiellement. La droite a beau jeu de la dénoncer maintenant, c'est de bonne guerre et le gouvernement n'avait qu'à gérer mieux ce dossier. Le gouvernement, d'ailleurs, semble maintenir cette taxe pour le premier janvier, mais on attend la liste précise des privilégiés qui vont y échapper pour le moment. On aimerait la voir publiée quelque part entre maintenant et le premier janvier. Et on aimerait savoir ce qu'en pensent les écolos d'aujourd'hui. Ils font des pieds et des mains pour la soutenir mais pas trop quand même, vu leur position de fragilité au sein du gouvernement.

D'ici à ce qu'on la renomme "écolotaxe"... ça ferait du bruit dans Landerneau !



dimanche 27 octobre 2013

Du temps de cerveau pour ... une onze de nouvelle

Taqi habitait une maison toute poussiéreuse. La poussière faisait partie de son monde de toute éternité, c'est -à-dire depuis sa naissance, cinq années auparavant lorsque sa vieille tante l'avait recueillie après une naissance tumultueuse qui avait fait de Taqi une orpheline. Sa tante n'était pas du tout intéressée par le ménage et consacrait tout son temps à Taqi. Celle-ci était devenue très vite la reine du lieu, une petite reine soit, mais avec une jolie frimousse, une chevelure d'ange et surtout, surtout, un sourire qui avait conquis tout le monde.

En fait Taqi ne connaissait pas grand monde. Il y avait Tante, évidemment, qui était là en permanence et il y avait aussi Madame Bleu qui venait de temps en temps, officiellement pour faire le ménage, mais qui passait son temps à cancaner avec Tante et à apporter des petits cadeaux à Taqi pour avoir le plaisir de la voir sourire. Taqi jouait aussi avec la fille de Madame Bleu qui l'initiait au monde des grands, du haut de ses six ans, car elle allait à l'école et connaissait des choses merveilleuses. Taqi buvait ses paroles à chaque fois et ses nuits étaient toujours agitées de rêves merveilleux après chaque visite. Elle s'imaginait reine de l'école et des élèves merveilleux qu'on y trouvait. Des filles principalement, car personne ne lui parlait jamais de garçons. C'était bizarre.

Taqi avait hâte d'aller à l'école elle aussi pour conquérir son trône et voir des garçons, mais Tante avait des idées bien arrêtées sur l'éducation. Taqi savait déjà lire et écrire depuis l'âge de trois ans mais elle ne savait pas que c'était très rare. La fille de Madame Bleu ne lui en parlait pas, car elle commençait seulement à former ses lettres. Taqi lisait beaucoup mais ne parlait pas de ses lectures à Madame Bleu ou à sa fille. C'était une affaire entre elle, sa Tante et la bibliothèque.

Ah, la bibliothèque...

C'était sa pièce favorite depuis l'aube de ses souvenirs, la seule pièce sans poussière. Sa Tante lui avait dit très tôt qu'elle avait le droit de lire tous les livres qu'elle pouvait attraper et Taqi ne s'en était pas privé. Les meubles remplis de livres montaient jusqu'au plafond mais les livres étaient rangés par niveau. Tout en bas, alors qu'elle rampait encore, Taqi se souvenait des livres pleins d'images, certains en tissu ou en plastic, avec des grosses pages cartonnées faciles à feuilleter. Elle les regardait encore de temps en temps avec nostalgie mais elle n'était plus un bébé. Chaque fois qu'elle sortait des livres, ceux-ci étaient revenus à leur place le lendemain matin. Taqi hésitait entre un tour de magie et sa Tante, mais le résultat était là : chaque matin, la bibliothèque était dans le même état que le matin d'avant. La seule différence c'était qu'elle grandissait. Maintenant elle atteignait le troisième niveau et peut-être bientôt le quatrième. Elle était d'ailleurs en train de finir le dernier casier, au troisième niveau près de la fenêtre, et commençait à craindre de ne plus rien avoir à lire.

La fille de Madame Bleu n'était jamais entrée dans la bibliothèque, d'un commun accord tacite. Sa mère qui la nettoyait soigneusement considérait visiblement cette pièce comme un endroit inapproprié pour une petite fille. Elle en parlait d'ailleurs de temps en temps à Tante, lorsqu'elle croyait que Taqi n'entendait pas, mais Tante haussait ses jolis sourcils d'argent et changeait de sujet, avec un sourire et un clin d'oeil vers Taqi qui jouait immanquablement derrière Madame Bleu sans faire de bruit, pour se remplir les oreilles des cancans de la semaine.

Aujourd'hui Taqi était toute excitée. C'était Halloween et Tante lui avait promis un costume spécial puis une tournée des maisons du voisinage avec plein de bonbons à la clé. Ce serait la première fois. Sa Tante la préparait visiblement à sortir dans le vaste monde. C'était encore le matin évidemment mais Taqi était déjà dans la bibliothèque. Elle avait fait une pile de tous les livres qu'elle avait trouvés dans les trois premiers niveaux et qui parlaient d'Halloween. La pile était aussi haute qu'elle ! Mais elle se souvenait de presque tous et elle savait que ce n'était que des mensonges pour enfants, comme ceux qu'elle apprendrait plus tard à l'école. Ce matin, Taqi était décidée à en savoir plus. Elle avait repéré un beau livre orange et noir, tout en haut, au dernier niveau, le septième. Elle était certaine qu'il s'agissait du vrai livre d'Halloween et elle avait entrepris de le lire.

Mais pour cela, il fallait l'atteindre... elle avait mis au point un plan très simple mais qui lui avait demandé plusieurs semaines de préparation. Elle avait trouvé dans la remise du jardin une vieille canne à pêche, et dans le grenier un crochet. Ce matin donc, elle avait réussi à amener tout son matériel dans la bibliothèque pendant que Tante était partie faire une course. Taqi se mit au bon endroit et leva sa canne... Elle était trop courte d'un bon niveau :( mais Taqi avait de la ressource. Elle vida trois casiers et empila les livres en une sorte de pyramide aztèque, puis se remit à pêcher son beau livre orange et noir. Après quelques essais ratés, elle réussit à accrocher la tranche et tira d'un coup sec.

Ralentissons un peu le rythme de cette histoire pour capter tout ce qui se passa dans la seconde suivante. Taqi venait de tirer. Elle glissa et entama un vol plané, sa tête se dirigeant à toute vitesse vers un coin menaçant de la bibliothèque. Le livre orange et noir tomba et s'ouvrit pendant sa chute. La canne et le crochet volèrent seuls vers la fenêtre, la pointe en avant. Le meuble de la bibliothèque frémit.

Le résultat n'était que trop prévisible et Taqi, qui venait de comprendre tout ça en un éclair, se dit qu'elle ne verrait jamais son nouveau costume. Mais éclair il y avait eu. Un drôle d'éclair, tout droit sorti du livre. Orange et noir comme sa tranche. Brillant comme des siècles de savoir soudain relâchés sur le monde. Aveuglant comme seule la beauté peut l'être. J'ai bien peu que nous devions encore ralentir le temps pour bien comprendre. En effet, avant que l'éclair ait touché le sol, plusieurs choses s'étaient passées. Un cocon était sorti du livre, avait filé le long de l'éclair et avait éclos en un magnifique papillon aux ailes de velours. Une de ses ailes s'était glissée sous la tête de Taqi pour amortir le choc, l'autre contre la fenêtre pour la protéger du crochet qui allait en fracasser la vitre. Pendant ce temps une des pattes du papillon retenait la bibliothèque et deux autres attrapaient le livre.

Laissons le temps reprendre son rythme, il en a bien besoin. Le temps n'aime pas qu'on joue avec lui, mais il ne peut l'empêcher. Il sait que te temps de la vengeance arrivera. Il a le temps.

Taqi est assise par terre. Elle se sent bien. Tout est normal dans la pièce. Les livres sont rangés comme d'habitude, y compris le livre orange et noir. Pas de canne à pêche en vue. Taqi se dit qu'elle vient de rêver debout (ou plutôt assise). Elle tourne la tête vers la fenêtre et voit le papillon. Puis elle cligne des yeux et elle est le papillon. Elle voit le monde à travers ses yeux. Elle sent le monde comme si le monde n'était qu'une petite bille dans sa main. Elle se voit ouvrir la main. Le cocon est là, petit et doré. Elle sait ce qu'elle doit faire. Elle porte sa main à sa bouche, sa patte aussi. Elle avale le cocon et s'endort instantanément.

Lorsque sa tante vient la chercher pour le déjeuner, Taqi se réveille. Taqi ouvre les yeux, regarde sa tante, ouvre ses ailes invisibles, dépose un baiser sur la joue de Tante et sort par la fenêtre qui s'est ouverte toute seule. Elle vole. Elle survole le monde. Bientôt elle en sera la reine. Bientôt ?

Ce soir. Halloween !

(A suivre, si le monde tel que nous le connaissons existe encore dimanche prochain)



samedi 26 octobre 2013

Une heure

Cette nuit nous allons avoir une heure de plus pour dormir comme tous les ans depuis l'époque où l'on croyait que cela ferait plein d'économies de passer à l'heure d'été, puis de revenir à l'heure normale le dernier dimanche d'octobre (en France en tous cas).  C'est la fin officielle de l'été.

Le problème est que les gens préfèrent massivement l'heure d'été et que maintenant nous avons tendance à parler de l'autre comme de l'heure d'hiver, alors que c'est l'heure "normale" fixée par rapport à votre fuseau horaire. Certains souhaitent même qu'on reste toute l'année à l'heure d'été, comme si on avait changé de fuseau horaire pour aller toujours plus vers l'Ouest.

Les articles qui parlent de ça sont de plus en plus rares. Si même les marronniers se désintéressent du changement d'heure, où allons-nous ? Pourtant il y a toujours à apprendre :
- Les américains clament que c'est Benjamin Franklin qui a eu le premier l'idée de ce changement d'heure pendant l'été, en 1784. Comme si les paysans ne suivaient pas le soleil toute l'année...
- Il y a eu un cas intéressant aux USA pendant la grande guerre la plus récente, de 1942 à 1945, où cette heure d'été a été active de manière ininterrompue (le fameux "War Time") de façon à avoir moins d'écart avec les terrains de guerre.
- La France vit un cas à part depuis cette même deuxième (ou seconde ?) guerre mondiale puisqu'elle était à l'heure de l'Angleterre avant et qu'elle est passée à l'heure allemande pendant et complètement depuis à cause de Giscard en 1976 et du grand rapprochement avec l'Allemagne. Devinette : Sur quelle heure est réglée le téléphone d'Angela ? Réponse : Comme celle de François, sur l'heure de la NSA.
- Lisez ça et portez des vêtements clairs si vous êtes piéton...

Alors parlons donc de cette heure en plus. Quoi faire ?

Dormir à 90% répondent les électeurs, d'après un sondage non publié mais au moins aussi fiable que les sondages politiques et que le doigt mouillé. Il est vrai que dormir une heure de plus est un bienfait mais cela ne sert à rien si c'est seulement une fois par an ou même une fois par semaine. C'est en dormant qu'on se recycle les méninges et que le cerveau répare le corps, toutes les études scientifiques le montrent. C'est vrai chez les anglais, ça donc être également vrai chez les grenouilles, non ?

Et pourtant... on peut en faire beaucoup en une heure.

Il parait que les salariés français perdent en moyenne une heure par jour à surfer sur le web (à des fins personnelles en général). Dans la nuit de samedi à dimanche, ils peuvent donc en perdre deux ! Enfin, pour ceux qui travaillent le dimanche et la nuit sans que cela soit interdit. Entre deux heures du matin et deux heures du matin donc, il y a de quoi passer une bonne heure à surfer, pour lire ce blog depuis sa création par exemple, quoique je pense qu'une heure ne suffira pas.

Vous pouvez occuper cette heure à compter les beats par exemple. Quand vous arriverez à 41,66666666666666666666666666666666... l'heure sera écoulée. Le temps Internet est un concept marketing inventé par un horloger suisse qui avait fumé son alpage et qui était censé découper la journée en 1000 beats. Personne n'utilise plus ce concept sauf des informaticiens allumés et des blogueurs fatigués. Pour savoir où on en est cliquez ici (Java nécessaire désolé).

60 minutes qui ont changé le monde ? Bien loin des séries américaines feuilletons télévisés, finalement tout peut se passer en une heure. Par contre entre deux et trois heures du matin un dimanche, il y a peu d'événements à côté de chez vous. Mais quand on pense au monde, il est toujours midi quelque part et l'Internet est là pour nous le rappeler.


En une heure, en une minute même.

Les infographistes qui ont une heure à perdre essayent de saisir le temps et de représenter le temps qui passe. Impossible, savent bien les philosophes, mais cela n'empêche pas d'essayer. Trois exemples à agrandir de ce qui se passe en une minute dans le monde de la technologie qui va à la vitesse de la lumière.






En une heure, en une minute, en une seconde même.

Une belle vision de ce qui se passe sur l'Internet en une seconde ici.
Cliquez tout en bas sur les emails (les courriels si vous préférez) pour voir leur nombre par seconde...
Comme le disent les auteurs de ce site : "30 years ago there was no internet."

Une autre représentation ici qui va de la seconde à la journée et où l'on apprend que chaque jour on pourrait vivre l'équivalent de plus de 100 000 ans sur l'Internet.



Une image vaut mieux que cent mille mots dit le sage chinois.
Un jour vaut certainement plus que cent mille ans en tous cas, dit le blogueur si c'est un jour réel !

vendredi 25 octobre 2013

e-spion

Quelques mots rapides du Conseil européen. Un Conseil qui était parti pour être un autre machin sans saveur mais qui est tombé en pleine affaire d'espionnage d'Etat. Ce Conseil était donc sous surveillance, dans tous les sens du terme. Qu'en est-il sorti en fait, sur ce dossier du numérique ?

Pas grand chose en fait. Résumé officiel en anglais ici.

Sous la rubrique "Intelligence", il faudrait plutôt parler d'espionnage mais ce mot fait trop bête visiblement, on trouve une courte déclaration affirmant que malgré les liens étroits entre Europe et USA, ces relations doivent être basées sur le respect et la confiance, y compris entre services secrets.
A mon avis, ça ressemble fort à un oxymore, tant il y a d'incompatibilités entre secret et confiance.

Il n'y a donc pas de condamnation globale mais l'affirmation que la France et l'Allemagne vont chercher à avoir des rencontres bilatérales avec les USA pour élaborer une compréhension mutuelle dans ce secteur. D'autres pays sont bienvenus, mais n'ont visiblement pas voulu être en première ligne. C'est une petite victoire. Pas bien grande. En effet, les discussions sur un accord commercial entre Europe et USA vont continuer comme si de rien n'était. C'était ça l'enjeu.

Les anglais n'ont pas pipé mot. Ils sont dans une position intenable longtemps, amis du premier cercle des USA et espions eux-mêmes de pays comme l'Italie par exemple. En tous cas, puisqu'il y aura des discussions, elles seront suivies avec intérêt, mais il semble bien qu'on assiste à un enterrement de première classe... jusqu'aux prochaines révélations issus des fichiers de Snowden, comme des listes de gouvernants écoutés ou d'autres joyeusetés.

Comme l'ont relevé tous les observateurs, c'est bien le rapprochement Franco-Allemand qui a été la vraie surprise, les Anglais étant de facto obligés de se taire un peu. Maintenant que les élections allemandes sont passées et qu'Angela est en train de finaliser une alliance avec le SPD qu'affectionne particulièrement François, le moment est bien choisi pour relancer une coopération ou une politique commune. C'est au moins un effet positif des espions américains, certainement pas voulu !

Sur le sujet du numérique (hors cette dimension "intelligence") la déclaration finale enfonce des portes ouvertes :

- il faut investir dans les infrastructures au service du numérique et déployer rapidement les nouvelles technologies
- il faut progresser sur la question des taxes : quelles taxes appliquer aux géants américains et autres, et comment harmoniser les positions diamétralement opposées entre paradis et enfers fiscaux.
- il faut mettre en place un marché unique numérique avant 2015, incluant les problèmes de droit d'auteur et de copyright, d'identification
- il faut moderniser les administrations publiques (ne souriez pas)
- il faut former les jeunes en piquant des budgets à des fonds structurels et d'investissements a priori pas faits pour ça. L'éducation deviendrait-elle un investissement enfin ? Si c'est vrai, alors ce Conseil Européen est à marquer d'une grosse pierre blanche.
- il faut développer la recherche et l'exploiter, plutôt que d'être un lieu de commercialisations de technologies pensées ailleurs.
- et évidemment il faut libéraliser les services. L'Europe reste libérale au fond d'elle-même.

Rien de bien folichon. Des bonnes intentions à valider lors du Sommet européen à la fin novembre. Ce Sommet qui entérinera normalement les discussion d'association avec l'Ukraine que, soit dit en passant, la France espère bien avoir éliminée quelques jours avant ;) C'est du foot.

La parenthèse numérique se referme donc. Vous pouvez arrêter d'enregistrer, messieurs de la NSA. Non mais, nous aussi on a des espions. Et tant qu'à faire il vaut mieux être espionné par ses propres espions, non ?


jeudi 24 octobre 2013

un + un = quoi ?

Faisons un peu de maths en attendant les résultats du Conseil européen sur le numérique dont on parlera demain (si tout est fini et s'il y a de vraies décisions).

Cette envie de maths vient de la lecture de cet article et notamment de cette belle phrase : "Pour reconstruire" la famille centriste, a dit François Bayrou, "on va avoir besoin de deux centres légitimes du centre, le centre droit et le centre indépendant que nous avons ouvert à d'autres sensibilités".

J'espère que tout est clair pour vous ?

Un centre = deux centres = un centre + un centre, donc 1 + 1 = 1, donc 1 = 2. C'est limpide.

Les hommes politiques savent compter et le déficit de la France est bien gardé. Mais quand on y regarde de plus près on voit que le centre a deux centres (légitimes). Si, si, je vous assure, c'est écrit sur l'Internet donc c'est vrai. Donc un centre = deux demi-centres donc 1 = 1/2.

Ca me fait penser à un album de Lucky Luke, un vieux, où à la première page est décrite la misère et la famine à cette époque. Un cow-boy a une portion de haricots et un autre a une portion de lard. Ils décident de se mettre ensemble pour manger les deux. Malheureusement, une portion de haricots + une portion de lard, cela ne fait pas deux portions de haricots au lard. Excusez-moi pour ce petit coup de nostalgie bédéphile mais comme le nouvel album d'Astérix sort aujourd'hui et qu'il est pour la première fois écrit et dessiné par de nouveaux auteurs, ça fait du bien de parler de BD, en attendant de le lire ce soir... évidemment.

Mais revenons à nos moutons du centre. Lequel est le haricot, lequel est le lard, de Borloo et de Bayrou ? B&B n'est en tous cas pas un Bed & Breakfast, puisqu'il n'y a même pas de quoi faire un breakfast complet et encore moins partager un lit. Le nouveau parti qui sera annoncé très bientôt s'appellera toujours Modem et UDI mais en plus il devrait y avoir "le Grand Centre".J'ai mis des majuscules comme pour le Grand Métingue.

Donc un centre + un centre = un grand centre ou si vous préférez,

1 + 1 = 1

C'est mieux que "le Petit Centre" ou "le Centre Mou". On sait maintenant en tous cas que ce Centre là est à droite, donc qu'il n'est plus au centre. 1 + 1 = 0 alors ? Ceci nous ouvre de vastes horizons. Et pour illustrer tout ça, je n'ai rien trouvé de mieux que cette image twittée par Le Parisien ce matin, si, si et que je vous laisse déguster, même si elle n'a rien à voir avec le centre. Ici on est plutôt à gauche du centre mais n'est-on pas un peu à droite de la gauche, à moins qu'en allant de gauche à droite, elle doive forcément passer par le centre...



La politique expliquée comme ça, c'est quand même beaucoup plus simple non ?

mercredi 23 octobre 2013

Et si on parlait de Montesquieu un peu, messieurs de l'ARCEP

Décision intéressante hier. On est entre la justice, la constitution et la séparation des pouvoirs.

Rien de dramatique, rien d'un scandale politique, juste une affaire très technique. Un opérateur de télécommunications (Numéricable) qui avait été condamné il y a quelques années pour de bonnes raisons a vu sa condamnation annulée, car l'Autorité qui l'avait sanctionné s'était mélangé les pinceaux. Le Conseil constitutionnel puis le Conseil d'Etat, autrement dit les plus hautes autorités constitutionnelles et administratives ont dû approuver cette annulation. J'en tire deux conclusions.

Dans le domaine précis des télécommunications et des médias (à la mode puisque le Conseil européen en parlera dès demain), cette fameuse autorité française est importante. L'ARCEP, Autorité de régulation des communications électroniques et des postes, est le gendarme de ce secteur. C'est une des structures de l'Etat mais elle est indépendante du gouvernement et c'est là que le bât blesse. Au fil des années et des lois, cette Autorité a accumulé des pouvoirs incompatibles les uns avec les autres, notamment ceux d'investigation, d'instruction et de sanction/poursuite. C'est un peu comme si la même personne enquêtait sur vous, instruisait votre dossier, vous jugeait, vous condamnait et exigeait une amende. Ca fait beaucoup.

Ce secteur est donc veuf de son gendarme, alors même que de multiples décisions sont nécessaires, de l'attribution de nouvelles fréquences, aux déploiement de la 4G, à la régulation d'un secteur qui adorerait être dérégulé. Ce n'est semble-t-il une surprise pour aucun des technocrates intéressés par ce domaine. Le gouvernement travaille évidemment déjà à inclure dans un projet de loi (qui n'a rien à voir) des ajustements pour remédier à cette situation. La structure interne de cette Autorité devra aussi évoluer pour assurer la séparation de ces pouvoirs, notamment celle du pouvoir de sanction. Tous les groupes du secteur sont en train de revoir les procédures précédemment arbitrées, celles en cours et celles à venir pour décider lesquelles peuvent être contestés. Ca promet du sport !

Vous noterez qu'à l'époque le français s'orthographiait différemment ;)

Dans le domaine de la séparation des pouvoirs, chère à Montesquieu, "il n’y a point encore de liberté si la puissance de juger n’est pas séparée de la puissance législative et de l’exécutrice". Le lien ci-dessus pointe vers un article savant mais facile à lire pour comprendre l'importance de ce sujet. Pas besoin d'être un expert en droit constitutionnel pour le lire. Si vous avez le temps, faites-le ! Chaque Etat a pensé un équilibre entre les pouvoirs avec des rôles différents entre les différentes autorités exécutives, législatives et bien sûr judiciaires. Cet équilibre évolue lentement avec le temps, à coup de décisions des Conseils constitutionnels ou des Cours suprêmes, ou à chaque changement - rare - de constitution. En France comme ailleurs. Le diable est dans les détails et la répartition des pouvoirs fluctue avec le temps, comme lorsqu'on fusionne plusieurs autorités. Voir l'exemple récent du CSA dans le domaine audiovisuel. L'affaire de l'ARCEP montre bien que même au sein d'une institution ces problèmes se posent. La non confusion des pouvoirs sous une même autorité est nécessaire.

Tout ça n'est valable que s'il y a une autorité supérieure. Une autorité qui organise les autres et qui vérifie, évalue et corrige. Certains pourraient croire qu'en France c'est le Président de la République. C'est faux évidemment. L'autorité suprême n'est pas non plus le Parlement ou le Conseil constitutionnel.
L'autorité suprême, c'est et ce ne peut être que... le peuple. Oui. Evidence à rappeler de temps en temps, à nos chers dirigeants, à nos parlementaires et à nos administrations et autres "autorités".

mardi 22 octobre 2013

On se fait une e-bouffe ?

Déjeuner de e-têtes à l'Elysée autour du numérique. Témoignages ici (avant le déjeuner). A noter une petite capture d'écran avec un PDG français aimant le Coca Cola, Roy Liechtenstein et surtout "Woman in Bath". Beau symbole des industries françaises et de leur place dans l'économie mondiale. Beau symbole du peu d'importance de la langue française dans ce secteur...

Il s'agit donc de préparer des réunions du Conseil européen consacrées au numérique et d'imaginer la manière dont l'Etat peut appuyer le numérique. Un million d'emplois créés dans quelques années ? La possibilité de former des milliers de jeunes ? L'importance de former tout le monde à un socle minimal de techniques et de méthodes utiles dans notre vie actuelle, largement "digitalisée" ou numérique si on est francophone ?

En pleine polémique sur la NSA et la vie privée sur l'Internet, c'est rafraichissant. On sait que ce Conseil sera consacré à la vie privée aux mesures anti-espionnage et à une relance européenne face aux américains. Le Conseil se déroule les 24 et 25 octobre et parlera aussi fiscalité. Fiscalité du numérique, histoire de prendre un peu de taxes à ces industriels établis ailleurs et faisant leur chiffre en Europe. Vaste sujet sur lequel les lobbies sont en pleine action. A titre d'exemple, il sera difficile d'arriver à un consensus sur la manière de faire payer les industriels (américains) car ils sont établis au Luxembourg et en Irlande... Le groupe d'experts "de haut niveau" que vient de lancer l'UE rendra sa copie dans 6 mois. On leur souhaite bon courage. Ils devraient quand même arriver à se mettre d'accord sur quelques principes de base comme celui de la TVA (et ses équivalents dans tous les pays) : faut-il la payer dans le pays d'origine du service ou dans le pays où le service est délivré ?

Nos entrepreneurs français ont donc plein d'idées à donner mais la France est bien isolée dans cette marée numérique. Nous n'avons pas l'air d'assumer notre rôle innovant, sur le plan politique. Tout se passe comme si il suffisait de laisser les entreprises éclore puis se faire racheter. C'est très généreux mais complètement naïf. Il est difficile de comprendre d'où vient ce comportement idéaliste qui est tout sauf neuf. Parmi les causes proposées, on trouve par exemple :
- les socialistes ne comprennent rien au numérique et à l'entreprise.
- les conservateurs non plus d'ailleurs
- les grands groupes français verrouillent leur marché intérieur captif et empêchent la naissance d'autres groupes
- les ingénieurs et autres technocrates verrouillent leurs grands corps et brident l'innovation réelle
- les jeunes bien formés au numérique, et il y en a des tonnes, vont ailleurs avec leur french touch
- les investisseurs et les banques ne prennent pas de risques
- c'est la faute de l'autre, c'est pas moi...

Un des principaux problèmes à mon avis est lié à la séparation du numérique comme secteur particulier. Les spécialistes, issus de ce secteur, expliquent évidemment que c'est plue pertinent, surtout au démarrage pour des effets d'échelle et de masse critique, mais aussi de leadership. Le problème est que l'on glisse facilement vers un secteur qui s'autoreproduit et qui crée ses propres règles, en-dehors du reste de la société. On en voit des exemples partout et je n'en citerai qu'un qui agite plein de gens, à la pointe de la mode : le numérique éducatif doit-il être piloté par des spécialistes du numériques ou par des éducateurs ? Ne devrait-on pas parler plutôt d'éducation (en partie) par le numérique ? Les MOOC sont l'illustration parfaite de ce débat non tranché. Les spécialistes de ce domaine parlent de leur activité comme transversale, globale et ramènent les "champs d'application" à des applications métiers, des applications professionnelles, dans une pure logique de demande contrôlée par l'offre. Cette analyse est un peu réductrice, je sais, mais elle doit être conduite. Un déjeuner avec ds spécialistes lobbyistes de ce secteur n'y suffira pas, ni même le mini-sommet organisé il y a un mois à Paris.

L'expérience humaine montre que lorsque l'on confie le pouvoir à quelqu'un, il est très difficile de lui reprendre. C'est peut-être pourquoi les RAM (les gens du numérique, par opposition aux ROM les gens du voyage) ont tellement envie de contrôler ce processus. Amazon a commencé dans la vente par correspondance d'objets et règne sur des empires virtuels. Google a commencé par le numérique et règne sur la publicité et bientôt le monde réel, Apple a réussi à être présent dans les deux mondes... Quel que soit l'ordre qu'on choisit (numérique vers réel ou l'inverse) il est très souvent souhaitable d'avoir un pied dans chaque monde.

C'est ce que le monde de l'édition français n'a pas compris. Espérons qu'il le comprenne avant de disparaître comme cerveau autonome. Mais ce n'est qu'un avis personnel...









lundi 21 octobre 2013

US-985D

Le Monde réveille la France, enfin. Le mur qu'avait érigé la France à l'époque de Tchernobyl pour la protéger des retombées radioactives (si,si) est tombé ou a été contourné (comme la ligne Maginot). Les révélations liées à l'affaire Snowden touchent enfin la France. La NSA nous a massivement espionné. Pas autant que les anglais dont le gouvernement a consenti (a dû consentir, comme tous les gouvernements anglophones alliés au premier rang des USA) et pas autant que l'Allemagne qui reste le pays le plus important de l'Union européenne. Mais nous sommes bons troisièmes. C'est en soi une victoire. Nous rejoignons le club des pays espionnés sans leur accord.

Rappelons que l'affaire Snowden date du début de l'année 2013 et que les révélations largement commentées en juin permettaient déjà de connaître ces détails mais que les médias français ont jugé bon de ne pas s'en occuper, malgré les scandales au Royaume-Uni (et plutôt désuni sur ce sujet d'ailleurs) et en Allemagne. Sortir cette affaire maintenant est-eil pertinent ? Les italiens appellent aussi ça le "Datagate", même s'ils sont moins visés que d'autres pays.

On en a parlé sur ce blog le 24 juin, le 3 juillet, le 7 août, le 5 août. J'espère que ce blog est lu par la NSA et pour en être plus certain, j'y glisse quelques mots-clés de temps en temps comme US-985D, le nom de code de l'opération France. Pas la peine de cherche sur Google ce code, vous n'y trouverez que des références directes ou indirectes aux révélations du Monde, à la réaction choquée de Manuel Valls qui va pouvoir se refaire une santé avec ce scandale (tiens, tiens, le Hollande Bashing serait-il allé trop loin ?). Peut-être un espoir dans cette page où le code est utilisé : comme toujours, tout est dans Platon et dans sa vision de la vérité : "the worst people are those that do not dare to declare to us the gods that really do appear to us [985d]." L'usage de us (nous ou US) est prophétique et les amateurs de théorie du complot se délecteront. On trouve de tout sur Internet, non ? Vive Platon !

Le Brésil, espionné lui aussi à grand échelon, a entamé une vraie bataille contre les USA à ce sujet et sa présidente a même refusé de rencontrer Obama. Dans un registre proche, une importante réunion des instances de l'Internet mondial qui s'est tenue récemment en Amérique du Sud, avec les patrons de l'ICANN, IETF, IAB,W3C, Internet Society par exemple, a conclu que l'Internet devait arrêter d'être géré par les seuls américains. Est-ce le début d'une lame de fond sur l'Internet, grâce à l'affaire Snowden ? La présidente du Brésil est appelée par eux pour jouer un rôle important dans cette nouvelle bataille sur le contrôle de l'Internet (ce qui n'empêchera pas la NSA et les autres d'espionner les téléphones, les SMS et les courriels). Les vieux de l'Internet souriront à cette n-ième bataille entre les USA et le monde (avec un m minuscule). Un gros coup de froid à venir donc. Plongez dans vos igloos, ou comme en dit en anglais dans votre SnowDen (repaire de neige).

N'oubliez pas de saluer les espions de la NSA lors de vos prochains coups de fil, il faut toujours être poli, on ne sait jamais. Et vivement les Google glass qu'on puisse en plus être espionné simplement en marchant !


dimanche 20 octobre 2013

Du temps de cerveau pour... les belles planètes

Le temps est gris, tournons nous donc vers le ciel, au-delà des nuages et de notre atmosphère, en surfant autour des trous d'ozone pour admirer certaines planètes. Loin ou près de nous.

Il y a de tout dans le ciel. Des galaxies, des étoiles, des trous noirs, des comètes, des satellites, des astéroïdes, du vide, de la matière invisible, des vaisseaux extraterrestres... et des planètes. Aujourd'hui on va regarder quelques jolies planètes. On regardera d'autres corps célestes une autre fois.

La plus belle de toutes les planètes, c'est Saturne, sans contexte.

La planète aux anneaux est si belle qu'elle symbolise même notre système solaire. Asimov lui-même en a fait l'héroïne de ses derniers romans dans lesquels se rejoignent les cycles de Fondation et des Robots, à la recherche d'une Terre perdue. C'est aussi intéressant à lire que du Proust (si,si, même plus diront certains au risque de me fâcher avec les intellectuels aux genoux khâgneux). Je vous recommande d'ailleurs la lecture des romans d'Asimov dans l'ordre chronologique. Pas celui où ils ont été écrits, mais celui où ils sont censés se dérouler dans le temps. C'est fascinant et vous y aurez votre plein de planètes de toutes sortes. Une chronologie partielle ci-dessous (cliquer pour agrandir) tirée de là.


Mais pour revenir à Saturne, la plus belle photo de Saturne jamais publiée est ici (version en 4000 pixels ici avec tous les détails). C'est un montage réalisé à partir des photos prises par la sonde Cassini qui est passée à côté de Saturne début octobre.


Jusque là, il fallait revenir à 1980 pour trouver une photo de Saturne par Voyager I (qui a quitté le système solaire depuis) et l'angle était moins spectaculaire. La définition aussi.


Si vous regardez en détail la nouvelle photo de Saturne vous y verrez des merveilles, n'hésitez pas. On y voit le pôle Nord de Saturne avec une forme bizarrement hexagonale, on y voit la face obscure de la planète éclairée non par un clair de lune mais par un clair d'anneaux... Qui ne rêve pas d'être à cet endroit de l'Univers pour y voir cette nuit saturnienne ? On y voit aussi très nettement tous les anneaux. Le plus loin est appelé "anneau F". Il est très sombre mais on le voit bien sur la grande image. Cherchez vers une heure et deux heures (comme disent les aviateurs) et vous verrez juste à la limite extérieure de ce dernier anneau deux satellites de Saturne ;)

Pour mémoire, Saturne, vu de la Terre ressemble plutôt à ça. C'est moins spectaculaire mais cela a suffi à des générations d'astronomes pour trouver leur vocation rien qu'en la regardant... et à Cassini pour l'étudier. On a d'ailleurs donné son nom au trou entre les deux principaux anneaux.


Les autres planètes de notre système solaire sont aussi intéressantes mais plus "rondes". On a déjà parlé de Mars ici un dimanche et les travaux sur son sol continuent avec les différents robots envoyés, malgré le "shutdown" qui failli les immobiliser. Une petite photo pour le plaisir quand même, tirée d'un panorama pris en juin.


Quand au pauvre Pluton, il y a eu un débat intense pour savoir si Pluton était une planète ou un autre corps céleste, comme beaucoup d'autres plus loin qui tournent aussi autour du Soleil. Le compromis trouvé par les astronomes du monde entier est que Pluton n'est pas une planète. Il n'y en a donc que huit à tourner autour de notre Soleil. Pluton est la première des planètes naines, il y en a deux ou trois autres. Les autres machins divers sont de simples corps qui n'ont pas assez de gravité pour être ronds ou à peu près. Etre rond ou ne pas être rond, c'est la question grave !

En dehors de notre système, c'est évidemment la question des exoplanètes qui préoccupe tout le monde.
Y a-t-il d'autres planètes ? Oui, énormément, des centaines de milliards
Y'a-t-il d'autres planètes habitables par l'homme ? Oui, beaucoup

On recense un millier d'exoplanètes aujourd'hui. Pour le moment, seule une dizaine de planètes est habitable même si elles sont beaucoup plus grosses que notre Terre


La meilleure candidate actuelle pour ressembler à la Terre est Kepler-69C. C'est la dernière observée par le télescope Képler. Elle est loin, mais d'autres assez proches ont été trouvées déjà.

Une planète tourne autour d'une étoile, par définition. Ca n'a pas empêché les astronomes de trouver très récemment une planète toute seule, errant dans l'espace, comme dans les pires romans de science-fiction (du genre Perry Rhodan par exemple). Pour la trouver ils ont exploré des tonnes de données à la recherche de phénomènes bizarres. C'est l'une des applications du "Big Data" et de ce que cela va changer petit à petit dans nos vies, mais on y reviendra un autre jour.



Finalement, et parce que tout est rond, revenons sur Terre, la nôtre, donc la plus précieuse des planètes. La seule à nous pour le moment. A ne pas gâcher. A préserver. Longtemps, au moins jusqu'à ce que l'homme soit capable de la quitter pour aller en conquérir/détruire/mériter d'autres.

La Terre vue de la Lune, par un engin et des hommes lacés par une fusée... Saturn


Et pour bien comprendre ce que nous sommes, ce qu'est la Terre et une planète, je vous propose une nouvelle de Fredric Brown, extraite de "Lune de miel en Enfer" - Présence du futur. Nouvelle magique, comme toutes ses nouvelles. Courez, courez, mignonnes et mignons, les lire...

IMAGINONS

Imaginons des fantômes, des dieux et des démons.
Imaginons des enfers et des paradis, des villes flottant dans les cieux et des villes englouties sous la mer.
Licornes et centaures, sorcières et magiciens, djinns et farfadets.
Anges et harpies, charmes et incantations, esprits élémentaires, familiers, démoniaques.
C’est facile à imaginer, tout cela : depuis des millénaires les hommes l’imaginent.
Imaginez des astronefs et l’avenir.
C’est facile à imaginer : l’avenir approche vraiment, et il sera peuplé d’astronefs.
Y a-t-il quelque chose qui soit difficile à imaginer ?
Oui, bien sûr.
Imaginez un peu de matière, avec vous enfermé dedans, vous qui avez conscience d’exister, qui pensez et savez donc que vous existez, vous qui êtes capable de faire remuer la matière dans laquelle vous êtes, de la faire dormir et s’éveiller, de lui faire l’amour et monter les côtes.
Imaginez un univers – infini ou non, comme il vous plaira de vous le figurer – avec un milliard de milliards de milliards de soleils pour le constituer.
Imaginez une boule de boue qui tourne comme une folle autour d’un de ces soleils.
Imaginez-vous debout sur cette boule de boue, tournant avec elle, tournant dans le temps et l’espace vers une destination inconnue.
Imaginez-le.










samedi 19 octobre 2013

Hollande Bashing

Le bashing est un jeu à la mode. Dire le plus de mal possible de quelqu'un sans raison autre que dire du mal. C'est un jeu où tout le monde est perdant mais c'est aussi un jeu très contagieux, genre moutons de Panurge. Il suffit que quelques engagés/enragés commencent à y jouer pour que tout le monde s'y mette, même si les intentions de chacun sont totalement personnelles et liées à ses propres projets.

Il y en a de multiples exemples, en France comme ailleurs, et on a pourtant toujours l'impression que cela se multiplie. On discerne même une loi derrière, du genre du principe de Peter pour les incompétents. Une loi qui pourrait être : "Plus le bashing est fréquent, plus il est fort" avec son corollaire : "Plus le bashing est fort plus il a besoin de victimes sacrificielles".

On voit depuis quelques jours un bel exemple de cette loi à propos de l'affaire Léonarda, devenue affaire Valls, devenue affaire de lycéens, devenue affaire François, devenue affaire père de Léonarda, devenue affaire Léonarda, devenue... affaire tout court.

Le bref discours de François ce samedi était censé marquer le point final, au retour d'un Manuel Valls qui n'a pas eu le temps de prendre des couleurs en Guadeloupe, et après la lecture d'un rapport édifiant de la police des polices qui accuse le père de manipulations en tous genres. Comme je le tweetais juste après "Hollande soutient Valls et la loi, soutient Peillon et la protection du temps scolaire, soutient Leonarda. Tant pis pour les autres." Ce discours en trois points est clair et précis.

Donc tout le monde l'attaque, ce qui est rassurant. Le bashing s'est généralisé avec des noms d'oiseaux qui seront regrettés dès lundi. Chacun y va de sa ligne, c'est normal, et les lignes sont divergentes, voire opposées, c'est normal aussi sur un sujet de société mêlant l'éducation, l'immigration, les roms, les promesses de campagne de François entre fermeté et humanisme... Chacun espère dans ce bashing abattre la majorité et les attaques viennent des extrêmes et du centre, de droite et de gauche, du coeur au périphérique. Sur le fond, chacun a son opinion et il n'y a pas d'opinion uniforme sur ces questions.

La réponse de François est simple. Il s'engage sur des principes peu nombreux et clairs et sait gérer les exceptions, car que serait une règle sans des exceptions ! Le débat oblige chacun à s'engager. La position du bashing contre François est donc la plus simple et la moins engageante. En tapant sur le Président, on évite de répondre soi-même et sous le feu croisé des tirs venus de partout, personne ne retient les arguments séparés. C'est la force du bashing que de faire oublier pourquoi on bashe, si vous me pardonnez ce verbe anglofrancophonisé.

Alors, moi je trouve qu'il est important de noter qu'il y a là un débat qui n'est pas le bon et que la position de François est plutôt bonne et simple. Qu'elle ne plaise à personne n'est pas grave, car un Président doit présider justement. Qu'elle ne soit pas appliquée si la famille concernée recherche autre chose, c'est un fait divers parmi d'autres.

En tous cas les discours proches de l'hystérie de certains politiques et de certains médias me paraissent complètement à côté de la plaque sur ce coup. Tout ça nous promet des campagnes électorales tellement surréalistes que le taux d'abstention va s'envoler encore une fois. A qui profitera le crime ?


vendredi 18 octobre 2013

La rentrée/sortie des lycéens

Hier les lycéens étaient dans la rue, à Paris principalement et une douzaine de lycées étaient très fortement perturbés. A suivre aujourd'hui évidemment.

On est juste avant les vacances de la Toussaint ce samedi mais il s'agit de la première mobilisation réelle depuis la rentrée. La première sortie (non autorisé) des lycéens dans la rue. Un galop d'essai nécessaire et rituel. Comme à chaque fois, tout le monde se demande jusqu'où cela va aller ?

L'excuse est une vraie affaire, trouble comme toutes les bonnes affaires. Au-delà du cas des deux lycéens expulsés de France parce que leurs familles l'étaient également, et au-delà du fait que ce sont deux cas très différents, le mot d'ordre actuel semble être intégration. Le cas particulier de Leonarda est trouble quand à sa famille originaire d'on ne sait où. Mais il ne faut pas confondre les péripéties et le fond. Que des réfugiés et des gens pauvres cherchent à s'en sortir par tous les moyens y compris en mentant sur leurs origines n'est qu'une faible parade face à des systèmes qui les rejettent. L'Europe, au sens large, a toujours été un vaste bouillon de culture et de cultures, sans même revenir à la Mittel Europa du siècle dernier. Ceux qui se réfugient derrière un légalisme pur pour se protéger des autres, en enfouissant leur tête dans la terre ont le beau rôle. Ceux qui essayent concrètement de résoudre les problèmes dorment moins bien la nuit en général, mais ils se regardent mieux dans la glace le matin.

Ainsi, lorsque les/des lycéens disent intégration, ils sont à cent mille milliards de lieues du discours dominant actuel sur la nécessité de contrôler l'immigration et de la réduire. Le moment historique où nous sommes est très important ici.

La gauche gouverne et son ministre de l'intérieur aussi, mais c'est le plus à droite des hommes de gauche, tout en restant à gauche. Ce ministre, Manuel Valls, est très populaire, beaucoup plus que le gouvernement ou François. La "synthèse" entre gauche et droite sur le dossier de l'immigration est délicate à réaliser, surtout au moment où les droites (extrême du FN et modérément extrême de l'UMP) s'emparent de ce dossier en période pré-électorale pour en faire un brûlot déchainant les passions au plan local (et communal pour les prochaines municipales).

Les lycéens ne sont pas tous de gauche, mais quand ils se saisissent d'un combat, ils le magnifient. Et ils font peur aux parents-bourgeois-politiques. Même s'il ne s'agit que d'un galop d'essai, ils arrivent à se mobiliser vite ! Leurs opposants aussi. Par exemple ce matin le site fidl.org (la fédération des lycéens) était piraté par un site de c...l, comme quoi il y a du business à faire à partir de tout. Au moins les lycéens apprennent ainsi que la vie n'est pas rose et que les combats sont souvent exploités ou détournés. J'aime bien leur slogan : "Leonarda ne va pas en cours, nous non plus !"



A suivre sur les réseaux sociaux si vous vous intéressez à ce qui bouge en France.


jeudi 17 octobre 2013

Thé fadasse

Le Tea party a perdu son bras de fer engagé à la fois contre le reste des républicains et contre Obama. C'était aux USA, hier soir. Visiblement les jusqu'au-boutistes d'extrême conservatisme n'ont pas réussi à gagner leur pari. Ils voulaient modifier en profondeur la loi sur la santé, le fameux Obamacare, et utilisaient pour cela les dates guillotine sur le budget et la dette.

Finalement les USA ont quelques mois de répit (avant janvier et les élections de mi-mandat en novembre surtout) avant de rediscuter de tout ça. Rien de définitif donc, pas une grâce mais un sursis. En attendant une des agences de notation a menacé de baisser la note AAA des USA. Ohlala ! On a peur. Gros soupir de soulagement des médias qui se sont excités là-dessus et des spéculateurs qui ont bien profité des fluctuations causées par ces incertitudes sur la dette. On a d'ailleurs appris au tournant que la France était le pays européens le plus dépendant de la dette américaine...

Vu de loin, la politique américaine est compliquée avec une cohabitation permanente ou presque, et des négociations ponctuées de lobbies à ne plus savoir qu'en faire. Une sorte de common law appliquée à la politique où tout est renégociante en permanence, et où chaque Etat a des règles assez différentes sur pas mal de sujets, sur la base d'une jurisprudence qui empile des règles absolument pas pensées en cohérence les unes avec les autres. Prochain rendez-vous en janvier.



Le Tea party a donc perdu de sa superbe et les républicains essayeront de se "recentrer" un peu. Reste à voir ce que voteront les électeurs le mois prochain. Tea parted ou non ? La désignation des têtes de listes va devenir un casse-tête dans ce parti.

Tout ça pour éviter un troisième parti. Un peu comme en France, tiens. L'UMP qui fait le grand écart entre centre et extrême droites essaye elle aussi d'éviter un jeu à trois. Signe évident allant dans ce sens : le refus finalement de faire l'inventaire de Sarkozy, et de le remplacer par une réunion inodore d'une demi-journée à laquelle un maximum de têtes ne participeront pas. La position officielle est simple : ce n'est pas le moment de se déchirer, regroupons-nous contre l'ennemi FN. "Groupons-nous et demaiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiin..." Ah non, ça c'est l'Internationale, zut. Cette réunion absolument passionnante se déroule aujourd'hui et son seul mérite est de ne pas enchanter Sarkozy lui-même. Petit mérite. On espère au moins une bonne Raffarinade ou une petite phrase fielleuse et à quadruple sens mais c'est peu. Pour de la vraie politique, je vous rappelle qu'il y a ce soir Borgen sur Arte...




mercredi 16 octobre 2013

Télé ou Internet ?

Vaste question. On en parle à l'occasion de ce débat au Parlement sur l'affectation de la bande des 700 Mhz à l'audiovisuel ou aux télécommunications, débat cité ici avec notre ministre Fleur.

Rassurez-vous, on ne parlera pas technique aujourd'hui. Il suffit juste de savoir que cette "bande" était utilisée auparavant par les militaires mais que les progrès de la technique et les besoins d'argent de l'Etat  en font une source de revenus intéressants (en milliards). C'est comme si on privatisait une partie du domaine public (virtuel et dans les ondes) pour en céder des licences à des opérateurs qui vont en profiter pour offrir de nouveaux services avec. J'ai dit offrir ? Ah zut, je voulais dire proposer inventer vendre.

La décision de principe a été prise par François, mais il s'agit de se mettre d'accord sur les modalités car ce genre d'opération mobilise plein de détails et plain d'acteurs qui ont besoin de temps pour se préparer. Investir ne se décide pas sur le coin d'une table (quoique) et surtout investir suppose de choisir dans quel domaine on veut être, ou ne pas être, voilà la question.

Le vrai débat est sur l'affectation de cette manne (plein de bonnes petites ondes encore meilleures pour la santé) entre deux catégories d'acteurs : l'audiovisuel avec la télé numérique, et les télécommunications avec les téléphones mobiles et l'internet. Ces deux mondes s'aiment d'amour vache. A part Bouygues qui officiellement pilote des télévisions (TF1) et des opérateurs de télécommunication, les autres acteurs sont plutôt d'un côté ou de l'autre. Il serait facile d'opposer les tuyaux et les contenus. Ici, on est plutôt dans des usages radicalement différents.

Les Guignols de l'Info ponctuent leurs débuts de sketchs de l'expression "l'ancêtre d'Internet" pour désigner la télé (où ils sont). Malgré l'imbrication forte entre les deux mondes, ils restent différents. L'alchimie entre les deux prend plusieurs formes : accompagner une émission de télé par des actions en direct du téléspectateur branché avec son téléphone ou sa tablette ; enrichir une émission par des bonus et autres informations supplémentaires comme si on pouvait tout faire à la fois ; occuper l'espace publicitaire le plus largement possible, quel que soit l'écran qu'on regarde...

A mon sens, la télé a encore de beaux jours devant elle mais sur des créneaux plus précis, tandis que les opérateurs de télécoms cherchent à utiliser les contenus audiovisuels à leur profit sur des créneaux de plus en plus larges. Les internautes ont choisi, et leur population augmente.

A propos de bande passante, étroite ou large, il s'agit bien ici de définir comme au jeu de go des territoires amicaux entre ennemis. Le gouvernement penche quand même pour privilégier les télécommunications comme un secteur d'avenir. Cela se lit partout dans les projets d'investissements et d'avenir ou dans les déclarations politiques. Mais le poids historique du secteur culturel en France est souvent plus un poids qu'une force. Ce secteur a peur de se faire voler le contrôle par des acteurs "non culturels" et de surcroît étrangers. Il est évident que la "culture" personnelle de la plupart des acteurs est très différente dans ces domaines et qu'il manque des "chefs d'orchestre" pour arriver à les faire se parler, se comprendre, s'aimer et, pourquoi pas, soyons fous, travailler ensemble ! Voici en tous cas un bel exemple de décision d'avenir, parfaitement politique et qui sera structurante pour de nombreuses années.

Ca nous change du chien écrasé (vu au JT de TF1 ou sur Youtube)

(oui, oui, c'est une carte de l'Internet)

mardi 15 octobre 2013

François à Soweto

Deux jours de visite officielle en Afrique du Sud pour François. En pleine saison de l'Afrique du Sud en France (ah bon vous ne le saviez pas ?) cette visite est censée préparer le Sommet sur la sécurité en Afrique début décembre à Paris. Il s'agit donc de regarder en détail quelques crises politiques, notamment dans les Grands Lacs et surtout en ce moment en République centrafricaine où la France ne veut pas agir seule. Il y a aussi la crise malgache. Il s'agit également de signer des contrats importants comme à chaque visite de ce type et de visiter des entreprises françaises établies dans le pays, comme Sanofi. Il semblerait que de gros contrats aient été signés pour une centrale (thermique, hein) et des trains, beaucoup de trains.
Un bon résumé de la visite et de la situation en Afrique du Sud est dans le dossier de presse (ici en PDF) que les journalistes s'empressent en général de recopier dont les journalistes peuvent librement s'inspirer pour leurs articles.

Aujourd'hui place à la symbolique politique, historique et morale avec des visites à Soweto entre autres et dans l'ancienne maison de Mandela, qui lui se repose le plus tranquillement chez lui, loin des bruits des badauds et des photographes. François rencontrera quand même sa femme a priori. Le discours de François sur l'Afrique semble plaire à beaucoup d'Etats africains, après une longue période de désintérêt progressif pour le Continent et une baisse radicale des programmes d'aide au développement.


Malgré ses contrastes (ci-dessus) l'Afrique du Sud caracole en tête de toutes les statistiques africaines, quelle que soit la manière dont on les prend, et ses ambitions continentales sont affirmées sans fausse pudeur. Seuls quelques autres pays africains ont la capacité de développer des stratégies politiques fortes mais le moment n'est pas propice à leur envol. En Afrique du Nord, les printemps arabes et les craintes associées ont tendance à paralyser même des pays forts comme le Maroc, malgré le départ de Khadafi qui paralysait toute autre initiative. En Afrique francophone, les rôles politiques ne sont pas encore affirmés, et même si l'on voit poindre de plus en plus de projets concrets, ceux-ci ne pèsent pas lourd dans la balance politique, les fameux Sommets de la Francophonie ne servant absolument à rien. En Afrique anglophone, les développements s'accélèrent mais l'Afrique du Sud y a son jardin. La manière dont la France a redessiné les contours de ses priorités géostratégiques, notamment vers les BRICS (dont le S signifie Afrique du Sud) montre bien une ouverture de ce côté. Mais l'heure n'est plus à l'attentisme. L'Afrique est considérée comme le futur bassin de développement, pour elle-même et ses partenaires, et tous les acteurs importants s'y précipitent, de la Chine à l'Inde, de la Russie pays frère aux Etats-Unis.

Loin de l'ancien pré carré de la France, l'Afrique du Sud est un partenaire obligé de la France en Afrique. Un lieu où un discours bien senti, et en français, peut avoir beaucoup d'écho.

Qu'il est dur de faire de la politique dans un pays - la France - où très peu de gens s'intéressent à ce type de voyage et où ne sont relayés que des informations banales (un président qui signe des contrats là-bas) ou symboliques sans en expliquer le symbole. Ici on est dans le moyen et long terme. Pas de quoi faire remonter François qui est au plus bas, dans les sondages au moins. Ca me fait penser à cette phrase dite par un économiste américain à propos de la réforme des retraites : " Il n'y a qu'un seul parti en France, celui du statu quo".
L'économie est un art difficile, mais les économistes une joyeuse bande de lurons, il n'y a qu'à voir l'humour du dernier prix Nobel remis à trois économistes américains en total désaccord chacun avec les autres.

Vive l'économie donc ! Mais vive la politique aussi quand elle arrive à s'en extraire.

lundi 14 octobre 2013

Elections adroites

La semaine dernière a été riches en petites élections en France, avec un couronnement ce dimanche.
Petites élections, car les grandes cela sera pour plus tard.

Les primaires internes aux partis pour les municipales de mars 2014 se sont déroulées correctement, avec leurs folklores locaux.

A Paris, il y a eu un jeudi avec et un jeudi sans. Le PS avait organisé des primaires internes pour désigner les têtes de ce parti pour les mairies d'arrondissements. Il reste des choses à négocier avec les autres partis éventuellement, les Verts ou les communistes qui ont annoncé qu'ils se séparaient de Mélenchon sur ce coup (pour espérer avoir des élus évidemment). Mélenchon crie à la trahison. A noter dans les listes du PS plein de femmes et de jeunes. L'UMP n'a pas fait de primaires (pas son style) et la liste n'est pas finalisée, mais l'UMP voulait prendre de vitesse le PS en annonçant ses listes le matin même des primaires. Piteux et à suivre, ce n'est pas fini, loin de là. En tous cas, la notion de primaires n'a pas le même sens au PS et à l'UMP, c'est une preuve de plus après les couacs non terminés de la bataille pour la présidence de l'UMP.

A Marseille, premier tour hier des primaires PS et coup de gueule de la candidate marseillaise ministre qui ne s'est pas qualifiée pour le deuxième tour, face à la surprise de la maire des quartiers Nord, les quartiers difficiles. Noms d'oiseaux et accusations de triche, remontées de bretelles... Voici une ministre qui ne le sera plus longtemps et qui de toutes façons n'aurait pas pu cumuler. De loin on pourrait s'imaginer que Marseille est un micro-climat atypique. De près, tout le petit monde marseillais compte les points et se précipite chez Gaudin ou Vauzelle. Le deuxième tour est dimanche prochain et la campagne sera rude pour ce qui n'est après tout qu'une élection primaire. Une résurgence de l'affaire Tapie cette semaine ? Une bonne petite affaire sécuritaire dans les quartiers Nord ? Quelques phrases assassines ? Le choix est vaste. On en salive...

Les vraies élections de ce week-end étaient locales, très locales, cantonales même, mais elles ont un impact national majeur. Comme tout le monde le sait c'est la liste FN, d'extrême droite donc, qui a gagné largement face au deuxième tour à une UMP qui a perdu malgré l'appel au front républicain lancé par les socialistes. Les analyses sont toujours les mêmes et chacun y a vu ce qu'il voulait y voir : Le FN y voit un succès national et un départ, ainsi que la mort du front républicain qui n'arrive plus à le dépasser ; l'UMP y voit un rejet massif du gouvernement ; le PS y voit un échec de l'UMP à être la vraie opposition et une tentation de plus en plus grande vers des alliances à droite. J'ajouterai que c'est quand même un jour triste. Que la ville de Brignoles et son canton soient à droite n'est pas un problème, c'est très représentatif de ce qu'on trouve dans cette région. Mais la légitimité du FN a grandi subitement, qu'on l'aime ou pas. Cela devra être confirmé (ou infirmé je l'espère) lors de prochaines "petites" élections en attendant le printemps. Mais il est hors de question de faire le dos rond et de l'ignorer.



A ce titre, une petite anecdote édifiante, vraie malheureusement : Monsieur X, haut fonctionnaire jusqu'au bout des ongles, parisien et vaguement socialiste tout en ayant travaillé avec tout le monde, bien installé dans son confort et près de la retraite raconte à qui veut l'entendre que selon lui et plein d'autres, tout ce qui est au Sud-Est de la France (au moins) n'est pas la France : tout y est corrompu et non républicain, en fonctionnant avec des règles non démocratiques, et que c'est comme cela depuis très, très longtemps. Edifiant, non ? Il est clair que cette "vision" de la France est datée et rétrograde, et que la politique de l'autruche a encore de beaux jours devant elle pour ce type d'individu, heureusement rare à mon avis.

Je précise que ce n'est qu'une anecdote, non représentative ni même signe avancé d'une tendance. C'est exactement la même chose que pour une élection locale.

dimanche 13 octobre 2013

Du temps de cerveau pour ... les prix Nobel de la Paix

C'est d'actualité en ce moment, mais un peu de retour en arrière ne fait jamais de mal. On ne parlera pas ici des autres prix Nobel décernés depuis 1901 et choisis en Suède :
- les prix scientifiques (sciences dures et de la vie) que s'arrachent les médias et surtout les universités du monde car ça les aide à gagner des places dans les classements internationaux comme celui de Shanghai
- le prix de littérature qui est d'une autre nature.
- le prix d'économie (le petit dernier des Nobel) ajouté en 1968 avec la condition expresse qu'aucun autre ne serrait ajouté. Il ne s'agit que d'un prix "en mémoire d'Alfred" Nobel.

On ne parlera que du plus symbolique des prix, celui de la Paix, choisi en Norvège, censé récompenser « la personnalité ou la communauté ayant le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix » selon les mots mêmes du testament du richissime Nobel, dont la fortune a été construite sur les armes.

Alfred Nobel a décidé sur le tard de créer ce prix. Une légende urbaine raconte que c'est la publication erronée par un journal français d'une nécrologie prématurée, condamnant son invention de la dynamite en 1888 qui le décide à laisser une meilleure image de lui au monde après sa mort. La nécrologie affirmait ainsi : « Le marchand de la mort est mort. Le Dr. Alfred Nobel, qui fit fortune en trouvant le moyen de tuer plus de personnes plus rapidement que jamais auparavant, est mort hier » (Wikipedia).
Il est clair que ce marchand d'armes s'est laissé persuader de transmettre une meilleure image de lui et de ses pays, puisque la Suède et la Norvège étaient un seul royaume à l'époque.


Un petit montage des récipiendaires réalisé par votre serviteur

Il y a des listes de prix attribués partout, ici bien sûr mais aussi ici. Les opposants à ce prix sont nombreux y compris en Suède et en Norvège où le prix est décerné par le parlement norvégien, qui change de politique de temps en temps, c'est normal, et qui est plutôt atlantiste en ce moment. Interview ici d'un opposant célèbre qui clame que près de la moitié des prix décernés depuis la deuxième guerre mondiale ne sont pas compatibles avec le testament d'Alfred Nobel.

Ce prix est unique mais a quand même été décerné trois fois à la Croix Rouge, la dernière en 1963 et les deux autres vers la fin des deux premières guerres mondiales, alors que les prix éteint suspendus pendant les autres années de guerre. Un prix de guerre pour la paix donc. A côté il y a de grands oubliés comme le symbole mondial de la Paix, Gandhi, qui n'a jamais reçu le prix de son vivant mais qui a reçu un hommage indirect juste après son assassinat, en 1948, année où le jury qui s'est senti un peu "merdeux" a refusé d'accorder un prix faute de candidat approprié et vivant, car la tradition voulait que ce prix ne puisse être accordé à titre posthume. 1948, année de guerre froide s'il en est est, devenue l'année sans lauréat, avec l'ombre de Gandhi flottant au-dessus des Nations-Unies naissantes, de la fin du colonialisme anglais en Inde et d'un sentiment de culpabilité général.

Les prix ont presque toujours été contestés, car il y a à chaque fois plusieurs nominations. Certains Etats puissants se sont vus récompensés à des moments bizarres de l'Histoire, comme les USA avec Kissinger (et Lê Duc Tho au Vietnam), Carter ou Roosevelt ou Obama, les russes avec Gorbatchev juste après la chute du Mur, mais aussi les Chinois avec le dissident Liu Xiaobo il y a trois ans. L'Etat chinois a été tellement furieux qu'ils ont créé un contre-prix, le prox Confucius, dont personne ne parle plus aujourd'hui tellement il a été conçu contre quelque chose et pas "pour" quelque chose. Faute tactique, le premier récipiendaire n'est d'ailleurs même pas venu chercher sa breloque.

Il y a quand même de grands noms :
- Martin Luther King en 1964 (il n'avait pas encore été assassiné à ce moment)
- Le prix 1994 pour Arafat, Peres et Rabin sur les accords de paix au Proche-Orient (ah bon ?), l'année d'après celui de Mandela. Décennie fastueuse puisque Aung San Suu Kyi l'avait eu en 1991 pour son opposition en Birmanie (depuis la Birmanie a commencé à basculer dans le chaudron de la démocratie)
- Le Dalaï Lama, année où les chinois se sont fâchés tout orange.
- Mère Teresa en 1979, Paix à son âme
- Le Docteur Schweitzer (je présume en 1952)

Récemment, les prix récompensent assez souvent des organisations, comme cette année avec l'OIAC pour les armes chimiques, ou l'année dernière avec la surprenante Union Européenne qui pourtant n'a toujours pas de parole unique sur les questions diplomatiques. L'avantage des organisations c'est qu'elles sont internationales et donc qu'elles génèrent moins de passions nationalistes que des individus. Il y a eu Médecins sans frontières, le manifeste Pugwash, les forces des Nations-Unies pour la paix, Amnesty international que beaucoup d'Etats décrient pourtant à chaque rapport, l'UNICEF et diverses incarnations des Nations-Unies.

Pourquoi un prix symbole de la Paix aujourd'hui ? La dimension symbolique et mondiale de ce prix est devenue incontournable, et pas seulement pour faire vendre de la copie. Nous avons besoin de symboles forts et communs, acceptés ou refusés, approuvés ou contestés, cela n'a aucune importance, du moment qu'ils restent des symboles d'une réalité internationale qui nous dépasse, qui dépasse notre petit jardin et nos questions quotidiennes. Le débat autour de ce prix a le mérite immense chaque année de faire ressortir la question de la Paix et des armes : cela devient un sujet de discussion. C'est donc mieux que de ne pas en parler du tout, ce qui a aussi comme conséquence d'énerver les cons et les égoïstes dont une des seules répliques est "foutez-moi la paix".

Justement.

samedi 12 octobre 2013

Internet sanctionne les bourdes

Avant l'Internet, les hommes politiques faisaient déjà des bourdes, mais il était plus difficile de s'en rendre compte : les médias papier n'étaient pas forcément au courant et les télés ne s'occupaient pas trop de ces sujets car elles étaient elles-mêmes sous influence et consacraient plus de temps aux chiens écrasés.

Depuis, les choses ont changé. L'Internet a inventé une vitesse phénoménale et une impossibilité de rattraper quelque chose une fois lancé. C'est vrai au moment où l'on clique sur le bouton "envoyer" quand on tape un message électronique (ou un tweet) et qu'on réalise juste après que la liste des destinataires n'est pas la bonne ou qu'il reste une partie indésirable dans le tex. C'est vrai aussi une fois l'information reçue et redistribuée avec plus de vitesse qu'un pet sur une toile cirée. Dans les meilleurs cas, l'information devient ainsi un hit temporaire, voire même un meme, et permet à son auteur de devenir célèbre, souvent pour sa bêtise. Pour nous, les gens normaux, cela doit être une leçon avant d'appuyer sur ce bouton "envoyer" ou avant de redistribuer n'importe quoi.

La vie regorge de tels exemples. Quelques célébrités : Le spam de François en 2011, le faux sondage qui vous renvoie vers des pubs anti-opposants à Montréal, les erreurs historiques de sondages électoraux... et dans certains pays on traque les bourdes. Evidemment certains hommes politiques, plus retors que les autres, s'en servent pour faire parler d'eux.

Prenons en trois dans l'actualité :

A Cholet, le député maire cumulard au nom prédestiné de Bourdeleix avait défrayé la chronique en juillet en parlant des Roms et de Hitler. Depuis il s'est fâché avec la presse qui le "harcèle" évidemment et a été exclu de chez les centristes. Voulant donc se venger de la presse quand la bise fut venue, il vient de faire adresser à certains lecteurs "choisis" de son journal de maire des courriels pour leur demander d'envoyer des lettres de protestation contre la presse, en n'en parlant surtout à personne et en faisant semblant que cela venait d'eux, alors que la lettre type était jointe au mail... Problème : ce mail a été envoyé par erreur à la presse. Ouest-France par exemple se fait un plaisir de nous détailler l'affaire. Glorieuse incertitude de la politique et solitude du député maire dans sa cage de but (comme le gardien australien hier soir, battu 6 fois par des français).

En Azerbaïdjan les élections se sont tenus la week-end dernier et le dictateur président actuel a été réélu, comme toujours. Rien de surprenant. Comme à l'époque de Ben Ali en Tunisie, on ne regarde que les chiffres après la virgule 99,25 c'est moins bon que 99,50. Sauf que cette fois, les services de l'Etat azerbaïdjanais se sont modernisés, depuis l'Eurovision, et une application mobile indiquait les résultats en direct. Bravo. Seul problème, l'application indiquait les résultats la veille du scrutin. Gênant non ? On espère que le webmestre a été laissé en liberté même s'il a forcément été viré.

Enfin, pour les scientifiques, cet article parlant de la grande revue Science qui démontre comment un article scientifique complètement bidon peut être accepté par des revues comme si de rien n'était, en pointant du doigt les difficultés pour identifier des chercheurs réels à l'époque du plagiat, des diplômes bidons et des revues sans vrai contrôle.

Comme on dit toujours, la manipulation est une chose trop sérieuse pour la laisser aux manipulateurs. Et derrière chaque manipulation peut s'en cacher une autre. Toutes les manipulations sont dangereuses, même les pires bourdes.