Paroles, paroles : du Brexit comme un cas exemplaire

Au cas où vous ne le sauriez pas, il y a plus de trois ans les britanniques ont voté pour quitter l'Union européenne et ils sont toujours là. Voir mon billet de l'époque... Depuis ce moment, personne n'a réussi à se mettre d'accord sur les modalités de ce départ, ou même sur un nouveau vote. La mécanique interne du Parlement ne l'a pas permis, ni la première Ministre d'avant (Un "deadlock" comme on dit en Jamaïque (non, je (r)igole). Nostalgie, quand tu nous tiens :

Boris J., le nouveau premier ministre, a décidé hier de rendre public un mouvement qu'il avait en réserve depuis longtemps : suspendre le parlement pour pouvoir décider tout seul avec ses ministres "durs" de l'avenir. Deux scénarios sont possibles : sortir sans accord le jour d'Halloween (le plus probable), ou faire plier l'UE sur des sujets fondamentaux pour elle, en tant qu'Union et en tant que groupe solidaire comportant l'Irlande en son sein. En fait ce qui intéresse Boris et l'aile dure des conservateurs c'est de disposer rapidement d'une majorité solide pour voter enfin des lois bien à droite et pour mettre au point rapidement un traité commercial avec les USA, ce qui sera plus rapide qu'un traité avec une UE fâchée contre son gouvernement. Comment dissoudre le Parlement sans en avoir l'air ? En le suspendant !

Le problème pour les britanniques c'est que leur système parlementaire est le plus ancien au monde, qu'il est à la base de leur politique et qu'il a servi de modèle à plein d'autres pays au Commonwealth et ailleurs. Un système où le Parlement décide in fine, sans président au-dessus des débats puisque cette fonction est prise (usurpée) par la Reine qui par tradition n'intervient jamais directement. Personne n'est censé répéter ce que la Reine a dit, et quand elle parle c'est pour répéter le discours écrit pour elle par le gouvernement. Ce qui ne l'empêche pas de penser et de porter des chapeaux.

Le "coup" de Boris attaque donc simultanément deux piliers du système britannique : la royauté et le Parlement. Difficile de faire mieux ! La presse se déchaîne, les manifestants emplissent les rues et une pétition lancée hier après-midi a déjà réuni plus d'un million de signatures. Et ce n'est que le début, puisque plein de tracasseries contre ce "coup" vont occuper l'espace au Royaume-Uni pendant les 2 semaines à venir, comme un chant d'hallali de ce Parlement muselé. Notons avec plaisir le mot "coup" comme coup d'État, joliment venu du français, puisque nous avons, nous, coupé la tête de notre roi à l'époque.

Impossible de comparer cette situation avec un autre pays. En Italie le coup de Salvini, extrême droite, a fait long feu et s'est retourné contre lui, malgré ses appels au peuple trahi par son Parlement. Un joli pied de nez d'un système parlementaire à un dictateur en herbe. En Allemagne, l'impossible majorité pour Angela est tellement fragile qu'elle ne résistera pas longtemps. En France, système présidentiel s'il en est (presque royal), le projet de réforme constitutionnelle vient justement d'être adopté en Conseil des ministres hier aussi, afin de donner un peu plus de pouvoir au Parlement...

La démocratie (britannique) est le moins mauvais des systèmes, disait Churchill. Boris vient de le faire mentir avec éclat.

Regardez ici quelques Unes de la Presse britannique et internationale. Cela traduit une sidération historique. Historique, oui. J'ai mis également quelques Unes ci-dessous... et vous pouvez voir ici quelques articles sur le sujet depuis 2016.

Une assomption plombée

Comme tous les cathos le savent, c'est bientôt l'assomption, le 15 août, la mi-août, nuit câline et féline. C'est à dire la célébration de la remontée express de la vierge Marie au ciel, à la demande de Dieu lui-même, plus vite même que l'ascenseur de verre de Charlie et la chocolaterie. Bien plus qu'une simple ascension, mais une vraie formule tout compris, au coeur des croyances des cathos (mais pas de beaucoup d'autres chrétiens, sans parler des autres religions ou des laïcs athées ou agnostiques).

C'est aussi (aujourd'hui d'ailleurs) le début des opérations de déplombage des environs de Notre-Dame de Paris suite à l'incendie de la mi-avril, en pleine semaine sainte de Pâques. Décontamination contre le plomb, un problème que connaissent bien tous ceux qui ont déjà essayé de déchiffrer un diagnostic en cas de vente ou de location d'un bien immobilier : à Paris, par exemple, beaucoup de garde-corps anciens pour les fenêtres sont contaminés avec du plomb, mais souvent en-deçà de la limite de 1mg/cm2. Cela permet donc de lécher en toute tranquillité son garde du corps !

Si ça ne vous plombe pas un week-end ça, en plus en prenant en compte la météo et des ciels plombés, à ne pas confondre avec des cercueils scellés ou des cieux divins !!!

Le plomb est un élément intéressant. Toxique. Le plus lourd des éléments stables. Il est donc associé à des choses lourdes et stables :

- Un soleil de plomb, en cas de canicule, mais pas pendant les orages du 15 août.

- Un sommeil de plomb, sauf quand il y a un rustre qui tond sa pelouse pendant la sieste.

- Un projet qui a du plomb dans l'aile, comme si on tirait sur un chef de projet comme sur un pauvre volatile en train d'effectuer sa migration annuelle vers le Sud.

- Un soldat de plomb, parce que le plomb est ductile et facile à mouler, certainement en lien avec ce poème.

- Un plombage dentaire (qui n'est plus en plomb de nos jours) mais qui pèse lourd dans votre trou dentaire et bancaire.

- La pêche avec un plomb (en plomb) pour attraper plein de perches dans le lac et en déguster ensuite les filets avec quelques décis d'un petit vin blanc suisse bien frais, et c'est tant pis si vous avez raté la fête des vignerons à Vevey. La prochaine est en 2041...

- Une atmosphère plombée, comme quand vous venez de sortir une connerie en société, par exemple en citant ce billet de blog à un dîner d'anciens scouts.

Car finalement, le plomb est un problème connu. D'ailleurs, est-ce un hasard, niark, niark ? l'abréviation du plomb est Pb. C'est un problème en effet !

Sur ce, je vous souhaite quand même un joyeux 15 août, à courser ou éviter les touristes à Paris, à regarder les films se tourner, ou à boire un coup, mais pas dans un verre en cristal au plomb...

Et si vous voulez en profiter pleinement, pourquoi ne pas acheter ça (dit-il avec aplomb) ?