mardi 31 mai 2016

Remous dans la carafe de Hollande

François est à Bordeaux pour inaugurer la Cité du vin avec Juppé, on l'a déjà dit ici, mais aussi le président socialiste de la région. Programme ici. Alors par curiosité je suis allé chercher quelques informations sur cette nouvelle Cité, bâtiment emblématique de Bordeaux, tout au bout des quais, là où se termine le XVIII° siècle et où commence le XXI°. Je vous livre quelques photos.





Les professionnels du bâtiment parlent de carafe de verre et de métal autour d'une structure en bois, les architectes pensent que le bâtiment rappelle les remous du vin dans un verre de Bordeaux avant la dégustation et parlent d'une robe (du vin) en mouvement, Wikipedia dit simplement que la forme est emblématique et à forte visibilité, la Cité elle-même dit "Au premier regard, l’architecture du bâtiment ne laisse pas indifférent. Elle est un voyage en elle-même, façonnant un lieu empreint de symboles identitaires : cep noueux de la vigne, vin qui tourne dans le verre, remous de la Garonne. Chaque détail de l’architecture évoque l’âme du vin et l’élément liquide. Geste architectural fort, elle marque par sa forme et ses courbes audacieuses, ses reflets changeants au fil des saisons, des jours et des heures. Laissez-vous emporter par cette sensation de mouvement, de flux ininterrompu entre l’extérieur et l’intérieur de l’édifice. Embarquez dans l’aventure du vin sous la voûte en bois du tore, rappelant la charpente massive d’un navire prenant la mer."

Le positionnement de cette cité est pluriel. Les américains parlent d'un Disneyland du vin pour adultes, et la cité ne s'affiche pas en musée mais vise à devenir une attraction incontournable pour Bordeaux. Visite guidée dans Sud-Ouest évidemment.

Les internautes parlent indifféremment de caca ou de zizi mous, ça dépend si on regarde à la verticale ou à l'horizontale, et combien de verres de vin on a bu. Mais tous les bâtiments à architecture forte déclenchent des réactions idiotes, non ?

C'est comme le "ça va mieux" de François qu'il répètera forcément dans son discours à fleurets mouchetés avec Juppé. Ca déclenche des réactions idiotes, non ? C'est comme le projet de loi travail. Ca déclenche des réactions idiotes, non ?

Alors idiot, ou pas idiot, il faut choisir. L'INSEE a choisi, en tous cas, en publiant hier les "Comptes de la Nation", les plus roses depuis longtemps. Même le PIB par habitant augmente, pour la première fois depuis la crise de 2008, ce qui mesure d'une certaine façon le pouvoir d'achat de chacun. Les exportations d'alcool ont été florissantes en 2015, notamment dans le Bordelais. Mais l'arrivée de vignes "sans nom" inquiète certains professionnels, car les terroirs sont la culture du vin en France, alors même que cette année les italiens ont produit plus de vin que les français (ça doit être à cause du regain pour le vin de messe).

François verra quelques manifestants à Bordeaux, comme à chaque fois qu'un responsable politique  de la majorité se déplace, c'est certain. Mais il a déjà annoncé qu'il ne mettrait pas d'eau dans son vin à propos de la loi travail. Il se contente de faire déguster à certaines catégories de personnels des apéritifs à coups d'augmentations ciblées. Une mise en bouche avant les promesses électorales qui pleuvront pendant la campagne de 2017. Discours vineux ici.

Mise à jour :

Grâce à une lectrice bien informée, nous recevons à l'instant le design de la nouvelle bouteille de Bordeaux, à base d'algues biodégradables. Très sexy.



lundi 30 mai 2016

Terre battue + eau = gadoue


Roland-Garros sans aucun match aujourd'hui lundi, début de la deuxième semaine de la quinzaine. Une première depuis l'an 2000 et un beau bordel annoncé pour caser les matchs avant la finale de dimanche. Pour paraphraser Alphonse Allais (de la mer) La finale aura lieu dimanche. S'il pleut dimanche, elle aura lieu lundi. S'il pleut lundi, elle aura lieu dimanche...

Mais pourquoi tant de haine ?

- Parce que la météo est mauvaise et pluvieuse, ce qui est bon pour les cultures mais moins bon pour le tennis sur terre battue quand celle-ci devient de la gadoue. Dire que le toit de Roland-Garros aurait pu être posé, mais qu'ils ont dû reporter à cause des protestations des riverains sur les serres d'Auteuil, une sorte de zadisme version XVI° arrondissement avec Louboutin aux pieds pour bien aller avec la couleur des terrains. La météo climatique est mauvaise, mais pas que.

- Parce que le climat social est mauvais, avec des grèves dans à peu près tous les modes de transport cette semaine, sauf le pédalo gouvernemental qui continue à avancer dans la choucroute, malgré la décision de la CFDT de retirer son appel à la grève. Les ramasseurs de balles ne sont pas syndiqués et ne font pas grève, heureusement.

- Parce que le tennis c'est has been. Ca ne vaut pas le foot ou les JO, ni même le cyclisme. Saviez-vous que le tiercé de tête des événements sportifs les plus regardés à la télé dans le monde est dans l'ordre, les JO, la coupe de monde de foot et le Tour de France ? Cocorico ! En plus les tenues des joueurs, de plus en plus sponsorisés sont quand même de plus en plus exotiques, avec la mode des maillots zèbre par exemple.  Les spectateurs auraient pu se rabattre sur le match amical de foot France-Cameroun, mais c'est à Nantes, une des villes les plus en pointe dans les manifs, pas de bol.

- Parce que Paris va être plein de spectateurs oisifs qui auraient dû aller à Roland-Garros ou qui auraient dû rester devant leurs postes de télédiffusion française nationale. Mais que vont-ils faire : aller manifester Place de la République (sous la pluie) ? Lire le texte de la loi travail ? Chanter I'm singing in the rain sous les réverbères parisiens ?...

- Parce que c'est le dernier jour de la fête du pain, sur le parvis de Notre-Dame, à l'abri de la non pluie donc. Un peu de pain mouillé, ou mou à cause de l'humidité, ça vous dit ? Il y a même des croissants et une balle de pain pour les spectateurs malchanceux de Roland-Garros qui n'ont rien à voir (non, je rigole).

- Parce que François est encore à Paris, donc il pleut. Il va demain à Bordeaux inaugurer avec Alain Juppé la cité mondiale du vin (François, le seul homme politique à pouvoir changer l'eau en vin). Il a quand même reçu les prix Nobel et médaille Fields français ce matin pour annoncer qu'il revenait en arrière sur les coupures de crédits de la recherche qui avaient fait scandale la semaine dernière. Réouverture des vannes, après avoir essayé de les fermer. Ca c'est de la gestion de l'eau de la recherche !

dimanche 29 mai 2016

Du temps de cerveau pour... Une nouvelle contée

"Allez grand-père, raconte nous une histoire !", "une histoire !"...

Les enfants criaient tout autour d'Anhila mais elle criait plus fort encore. C'était la même chose chaque fois qu'il venait ici, le grand-père de personne et de tout le monde à la fois, les enfants surexcités l'entouraient et ne lui laissaient aucun répit jusqu'à ce qu'il s'accroupisse devant le feu. Alors tous les enfants se taisaient d'un coup et se blotissaient les uns contre les autres, avides des moindres paroles du conteur. 

Mais on n'en était pas encore là. Pour le moment Anhila essayait de crier plus fort que les autres et c'était difficile car il y avait beaucoup d'enfants ce soir. Il faut dire que cela faisait plus de trois mois que le vieil homme n'était pas venu, une éternité pour tous les enfants de l'Univers. Anhila, de plus, avait failli rater cette soirée. Elle était dans sa chambre quand les cris des autres enfants l'avaient alertée. Heureusement qu'elle avait ouvert une fenêtre à cause des vapeurs d'eode car elle était tellement concentrée sur la fabrication du collier qu'elle aurait pu facilement rater le conte. Ah, ce collier... Si seulement elle trouvait comment le rendre tellement beau... 

Le vieil homme regardait les enfants à tour de rôle. Il avait un sourire très doux qui englobait ses yeux et tous les plis de son visage. Son regard s'arrêta un instant sur Anhila, clairement l'une des plus excitées. C'est à ce moment qu'il s'accroupit. Le silence soudain fut presque douloureux pour Anhila. Tous les enfants s'installèrent confortablement pour le conte, sans un seul bruit. Seule Anhila resta debout, les yeux rivés dans ceux du vieil homme, comme si elle était tenue à bouts de bras par ces yeux d'un rouge d'eode. 

- Tu t'appelles comment, ma fille, chuchota le grand-père d'une voix tendre. Une voix quasi inaudible mais que tous entendirent, même les enfants au dernier rang, dont on discernait à peine les visages. 
- Anhila, répondit Anhila, les joues en feu
- Anhila ? Quel joli nom. Et si chargé d'Histoire. Tu veux entendre l'histoire d'Anhila, la première du nom ?
- Mais tout le monde connaît l'histoire d'Anhila, grand-père, protesta la jeune fille. Derrière elle, des cris étouffés se firent entendre. Elle osait contredire le conteur ? Son voisin lui donna même un coup de coude dans les genoux. 
- Tout le monde connaît cette histoire ? Vraiment ? Alors, ajouta le grand-père avec un sourire malicieux, tu pourrais nous la raconter ?
- Oh, grand-père, non, non, c'est impossible, réussit à bredouiller Anhila, plus rouge que la fleur d'eode. Je ne suis pas une conteuse. 
- Oh, tu n'es pas une conteuse ? Et qui es-tu alors, Anhila ?
- Je fabrique des colliers. Enfin, j'essaye d'en fabriquer un, mais... ça ne marche pas. Anhila commençait à se calmer, comme à chaque fois qu'elle parlait de sa passion. 
- Un collier ? Comme c'est intéressant. Le vieil homme la regarda encore un instant puis il ajouta "assieds toi" et il leva son bâton. 

Le silence redevint total. Le lever du bâton était le signal vieux comme le monde du début du conte. Tous attendirent les premiers mots du conteur. Anhila était calme maintenant. Elle savait que le conte était pour elle seule. 

Et le vieil homme commença. 

Vous savez tous qu'il est interdit d'écrire un conte ou de citer les paroles du conteur et je ne m'y risquerai naturellement pas. Les contes sont faits pour voler d'oreille en oreille. Ce conte dura trois heures. Pas un enfant ne se leva. Pas un enfant ne fit le moindre bruit ni ne s'endormit. 

L'histoire de la première Anhila est bien connue de tous. Alors que des milliers d'hommes avaient essayé de gravir le Pilier et qu'aucun n'y était jamais arrivé, Anhila avait réussi. Elle avait quitté son village un matin, un village situé comme tous les autres sur la périphérie du Pilier, à trois heures de marche du centre. Elle était entrée à mi-chemin dans la zone interdite, ce grand rond autour du Pilier, établi pour la sécurité de tous, et elle s'était approchée du Pilier, en évitant soigneusement les cadavres et autres restes des aventuriers précédents, tombés les uns après les autres en tentant l'ascension. Le Gardien l'avait enregistrée dans son grand livre et lui avait remis une plaque en eode, indestructible et qui servirait à l'identifier (ou du moins ce qui en resterait et redescendrait dans la zone interdite). Anhila était nue comme l'exigeait la loi. Elle était encore petite et non formée. Elle s'approcha du Pilier et regarda vers le haut. Le Pilier montait droit vers le soleil, sans qu'il soit possible d'en discerner le sommet. Elle posa ses mains sur le Pilier et commença son ascension à midi exactement, selon la coutume. 

Le Pilier est le grand mystère de notre monde. La vie sur notre planète n'est possible que dans un rayon de trois heures de marche du Pilier. Au-delà règne un froid glacial et délétère à la frontière duquel pousse l'eode. Le Pilier lui-même est à peu près rond. Il n'est pas lisse mais chaque fois qu'on le regarde on y trouve des aspects différents comme s'il changeait en permanence. Certains hommes, les grimpeurs, montent chaque jour sur le Pilier pour y récolter toutes sortes de nourritures, toujours renouvelées et jamais aux mêmes endroits. Il est facile d'y grimper et de nombreuses ressources y sont disponibles. Mais aucun de ces grimpeurs n'ose franchir la ligne incandescente couleur d'eode liquide qu'on distingue de partout et qui se trouve à une heure de grimpe du sol. Au-delà commence l'inconnu. Jamais un homme n'est revenu pour raconter ce qui se trouve là. Quand un homme dépasse cette ligne, c'est comme s'il disparaissait. On ne le distingue plus d'en bas. 

Ce soir-là, le conteur parla d'Anhila, la première. Pas de son voyage, puisqu'elle ne l'avait jamais raconté. Elle était redescendue un jour, à midi, tranquillement comme si c'était un acte banal. Le Gardien ne l'avait pas reconnue. Il l'avait même pris pour une grimpeuse. C'est lorsqu'elle lui avait rendu sa plaque d'eode qu'il avait compris. Il l'avait regardée avec effroi. Anhila, la petite fille, partie 33 ans auparavant était maintenant une très belle femme. Le conteur ne parla pas non plus de l'étrange manie de cette femme qui s'entêta tout le reste de sa vie à parler de la Poutre au lieu du Pilier. 

Le conteur parla de la passion de cette première Anhila  pour les colliers. Il raconta la beauté de leurs formes de leurs couleurs et de leurs chatoiements dans la lumière du soleil. Anhila était partie nue ou presque, puisqu'elle avait sur elle un collier rouge sang. Elle était revenu également nue, scintillante de beauté, porteuse d'un collier rouge d'eode. Le conteur parla de la puissance supposée des colliers d'Anhila, la première. Et chaque fois qu'il prononçait le mot collier, ses yeux rougis par le feu fixaient Anhila, la petite fille. 

Lorsque le conteur baissa son bâton, signant ainsi la fin du conte, les enfants se levèrent et rentrèrent chez eux. Anhila resta là, en face du grand-père qui n'était plus un conteur. Il lui sourit et lui fit un signe de la main, puis se leva, douloureusement, et s'enfonça dans la nuit. Anhila rentra pensivement chez elle. Elle s'allongea sur son lit.

Elle regarda le plafond. Les poutres en bois d'eode étaient  belles et vaguement irrégulières, comme le Pilier. Elles tenaient le plafond et les murs. Elle reliaient entre elles les piliers qui soutenaient la maison. Puis elle ressentit le besoin de se mettre sur le côté. Les poutres remplaçaient maintenant les piliers, le monde avait tourné sur lui-même. Et pourtant c'était le même. Anhila alluma sa lampe et se leva. Elle s'installa devant son plan de travail sur lequel reposait son collier. Elle le regarda puis elle tourna la tête. Elle sourit. Elle savait maintenant quoi faire. 

C'est le lendemain matin qu'elle partit pour le Pilier, ou plutôt la Poutre. Elle était nue et portait autour du cou son collier. Il était rouge de son sang. Elle savait ce qu'elle faisait. Elle irait à l'autre bout de la Poutre, comme la première Anhila car elle savait qu'elle réussirait. Mais elle, elle ne reviendrait pas seule. Elle ramènerait avec elle un morceau du monde de l'autre côté de la Poutre. Un morceau d'une couleur inconnue ici. Et elle conterait tout. Car elle savait depuis cette nuit. Elle serait Anhila la conteuse. Celle qui conterait l'autre monde pour mettre des soleils dans les yeux des enfants. 


samedi 28 mai 2016

Qu'il est doux...

De ne rien faire quand tout s'agite autour de vous. 

Week-end calme ici au bord de la Méditerranée. Le calme entre deux tempêtes évidemment mais le calme quand même. 

Sur le plan carburant, l'effet principal qu'on voit ici est le nombre beaucoup plus faible que d'habitude de voitures. Les gens roulent moins, pour ne pas gâcher leur précieux or noir, et il y a donc moins d'embouteillages même pour la demi-saison. Sauf devant les rares pompes ouvertes et repérées par les applications collaborative de type "Essence". C'est un sujet de conversation mais surtout pour les professionnels du coin, comme les maraîchers qui apportent leurs produits au matché. Surtout que la saison est en avance et que la production est déjà prolifique. Moins de touristes donc. 

Évidemment à quelques encablures il y a Monaco et ses Ferrari, en grand prix de F1 ce dimanche ou pour frimer entre deux villas de rêve. Un endroit où le carburant (et le Champagne) coule à flots. Imaginez le drame de tous ces frimeurs obligés de faire la queue comme le vulgus pecum entre une camionnette et une 4L défoncée. 

On annonce des orages presque partout et ici aussi, donc. L'orage osera-t-il éclater pendant la course ? L'orage au désespoir des vieux ennemis de la F1 ? Les tempêtes sont toujours courtes et violentes ici, les habitants sont habitués. Pas comme dans les beaux quartiers à Paris où la foudre aurait frappé des enfants en plein parc Monceau semble-t-il. 

Alors il faut profiter des moments de calme, de soleil, de lumière dans les yeux de ceux qu'on aime. Car les bonnes nouvelles sont rares et souvent encadrées de mauvaises. Ou le contraire. Question de point de vue. Chaque moment est bon à prendre car il ne se produit qu'une fois : avant on est dans l'anticipation, pendant on ne s'en rend pas toujours compte, après on est dans le souvenir. Et quand le même moment revient, ce n'est plus le même, comme une spirale où chaque tour est au-dessus du précédent sans lui être comparable. 

vendredi 27 mai 2016

Hiroshimobama

Obama a parlé à Hiroshima comme prévu (on en avait parlé ici en avril) Son discours en texte intégral et en anglais est ici. C'est le premier président des USA à oser y aller. Un grand symbole puisqu'il a toujours dit vouloir lutter contre la prolifération nucléaire et qu'il a eu le Nobel de la Paix, même si ses actes n'ont pas été à la hauteur, avec un congrès très républicain. On se demande d'ailleurs ce que fera(it) Trump pour le nucléaire. To conditionnel or not to futur ?

Obama n'a pas présenté d'excuses, c'est ce qui était prévu. Trop tôt, les américains ne sont pas près d'être prêts (il n'est pas beau l'accent circonflexe ?) et il ne s'agit pas de mettre Clinton en difficulté plus qu'elle n'est alors même que Trump la rattrape dans certains sondages. 

Un discours à déguster pour les anglophones. Extraits en français ici puisqu'à cette heure la Maison Blanche ou les médias français n'ont pas traduit le discours en français, langue mineure d'un président rétréci mais... ça va mieux. 

Quelques extraits : 

We come to mourn the dead, including over 100,000 Japanese men, women and children, thousands of Koreans, a dozen Americans held prisoner. Équation intéressante car ciblée sur le public americain : 12 américains = plusieurs milliers de coréens = 100 000 japonais... Gageons que tout le monde n'apprécie pas cette "égalité". 

Yet in the image of a mushroom cloud that rose into these skies, we are most starkly reminded of humanity’s core contradiction. How the very spark that marks us as a species, our thoughts, our imagination, our language, our toolmaking, our ability to set ourselves apart from nature and bend it to our will — those very things also give us the capacity for unmatched destruction. Belle phrase (beau sujet de philo pour le bac...). Une étincelle vraiment ? Un choix osé pour une bombe. 

That is why we come to Hiroshima. So that we might think of people we love. The first smile from our children in the morning. The gentle touch from a spouse over the kitchen table. The comforting embrace of a parent. We can think of those things and know that those same precious moments took place here, 71 years ago. La bombe est tombée le matin. 

Alors oui, souvenons-nous. 



jeudi 26 mai 2016

De l'influence bloquante et de la presse bloquée

Ce jeudi, on ne trouve pas de presse "nationale" dans les kiosques, sauf l'Humanité. Commentaires ci-dessous, du point de vue d'un blogueur en ligne quotidiennement et sans interruption.

C'est le troisième jeudi de blocage de la presse depuis le début des manifs (fin mars et fin avril). C'est organisé conjointement avec la journée nationale de protestation contre la loi travail. Le principal syndicat concerné est la CGT-Livre qui contrôle beaucoup d'imprimeries. La presse vit régulièrement de telles journées sans parution et chaque journal concerné adopté une stratégie différente pour contrer cela, notamment en mettant en ligne gratuitement l'édition du jour, puisque les journalistes et techniciens travaillent, eux. La presse est fragile et son modèle économique encore plus, à l'heure de l'Internet et des géants du numerique et de la pub qui ponctionnent ses recettes. Dans un pays démocratique, on est toujours triste et atterré lorsque la presse "libre" ne paraît pas. Surtout que cette grève ne concerne pas du tout le secteur de la presse, ni aucune revendication catégorielle directe dans la branche.


Les futurs kiosques à Paris, qu'on espère pleins !

Cette grève, à l'initiative de la CGT, le syndicat le plus en pointe dans le mouvement actuel, a été décidée au dernier moment. Un seul journal paraît aujourd'hui, l'Humanité. Les patrons des journaux interdits d'impression protestent et accusent directement la CGT : celle-ci aurait voulu leur imposer la parution d'une tribune du secrétaire général de la confédération, Monsieur Martinez. Les patrons ayant refusé (tous sauf l'Humanité) se seraient donc vus interdits de publication, en représailles. Le fait que l'Huma soit l'ancien journal officiel des communistes, éloigné du PC mais de plus en plus proche des mouvements syndicaux et sociaux (la CGT en premier) ne serait pas étranger à l'affaire. Le site de l'Huma est ici, la tribune  et une analyse de la situation ici (par un journal gratuit qui ne vit que de la pub). Ah zut, la tribune n'est pas consultable en ligne gratuitement, il faut acheter le journal papier ou payer en ligne. Dommage. Le titre de la tribune est pourtant alléchant pour les amateurs de tracts habituels : "La modernité c'est le progrès social, pas la loi travail !"

Vous avez peut-être remarqué la quantité inhabituelle pour ce blog de conditionnels dans le paragraphe précédent. Après tout, tout est possible. Les anti CGT primaires auront choisi leur interprétation manipulatrice, les connaisseurs du secteur de l'édition et du rôle des syndicats sauront de quoi je parle sans en parler, les syndicalistes CGT qui lisent ce blog auront au moins la délicatesse de reconnaître que ces conditionnels représentent ce qui se dit sur la place publique. A vous de choisir. Comme cette journée est assez chaotique un peu partout, y compris au sein du gouvernement qui dit tout et son contraire sur la loi travail selon la personne qui parle, il ne s'agit pas de rajouter de l'huile sur le feu. D'autant plus que l'Humanité est un journal fragile, cycliquement en crise financière et qui survit principalement à l'heure actuelle grâce à ses lecteurs et à ses sympathisants historiques (ou enfants de). Lire ici un état des lieux de la crise interne à l'Huma. 

Vous remarquerez que l'Huma profite de ce numéro à grand tirage (espéré) pour parler (déjà) de la fête de l'Huma...

La presse est nécessaire, toutes tendances et opinions confondues, surtout ici et maintenant. Mais de là à se coucher devant un diktat quelconque il y a un pas de géant. Si les accusations de chantage de la part de la CGT se révèlent exactes contre des journaux, c'est alors un scandale démocratique évident. J'espère que non. Suis-je naïf ?

mercredi 25 mai 2016

Petit résumé actuel de Macron-économie

Les économistes parlent souvent de macro-économie et de micro-économie. La première est pour les grands mouvements (agrégats) et les équilibres au niveau d'ensembles assez larges comme le monde, l'UE, un pays ou une région. La seconde est plus classiquement au niveau des entreprises ou des entités productives dans le monde réel ainsi que des individus noyés dans le marché. C'est une simplification, mais elle est instructive à l'heure de la naissance de la Macron-économie, autour d'un homme jeune qui a le vent en poupe.

Au-delà du néolibéralismelogisme, on est en plein dedans à plusieurs titres :

  • Les mouvements sociaux actuels sont soit anti-loi Travail soit au niveau des négociations et rapports de force internes aux entreprises (SNCF, Total, RATP). En ce sens ils sont micro et macro et alternent entre les deux comme souvent. La loi va-t-elle trop loin, ou pas assez ? Est-elle un "juste" équilibre ? Un gouvernement officiellement de gauche a-t-il le droit moral pour proposer une telle loi ? Que fera la droite quand elle reviendra au pouvoir (si ?) ? Est-ce un test de la puissance en déclin des syndicats pour montrer qu'ils ne se laisseront pas faire, ni par la gauche, ni a fortiori par une droite encore plus musclée, notamment dans les cent premiers jours que tous les candidats à la primaire de droite nous promettent ? Est-ce l'affirmation d'une ligne social-démocrate décomplexée qui s'assume ? Est-ce une bataille entre syndicats réformistes ou non, avec élections professionnelles en vue ? Est-ce une bataille entre politiciens pour faire chuter l'autre ?
  • Le récent interview de Macron dans les Echos par des économistes libéraux est révélateur. Il propose d'aller plus loin que la loi Travail tout en restant de gauche... et en allant moins loin que ce que la droite annonce. Cet interview a été relu par François, ce n'est donc pas une n-ième provocation de Macron contre son président bien-aimé. C'est évidemment un piège pour le Premier ministre actuel. Une sorte de piège à la Iznogoud s'il y avait eu trois échelons à Bagdad, comme un calife, un grand vizir qui veut devenir calife à la place du calife et un petit vizir qui veut devenir grand vizir à la place du grand vizir... Il insiste d'ailleurs sur la différence entre la politique politicienne (et vaine) et la politique réelle pour transformer le pays (la sienne)... Il proposera un diagnostic du pays puis un plan d'action "progressiste" en septembre, avec toutes les subtilités du mot en France que cela implique...
  • Le décalage entre discours et réalité n'a jamais été aussi fort, en tous cas dans l'esprit du peuple. Je prends deux exemples :
    • la panique des automobilistes pour se procurer du carburant se propage. Jamais la consommation de carburants n'a été aussi forte car personne ne croit le ministre des transports quand il dit qu'il n'y a et n'aura pas de pénurie. 25% des stations-service manquent de carburant aujourd'hui et l'Etat a dû attaquer les réserves stratégiques (à raison d'un jour pour un jour, ce qui permet de tenir 3 mois à ce rythme). La parole publique a de moins en moins de poids, même quand elle est écrite. Chacun pour soi  et pour sa propre houature comme dirait Queneau !
    • Dans le monde de la recherche scientifique c'est le scandale. Les coupes annoncées la semaine dernière ont déclenché un tollé (en qualité et en quantité) qui s'est traduit par la pétition des Nobel. Puis le gouvernement a reculé en disant, non, non, ce ne sont pas des coupes mais seulement des ponctions sur les "fonds de réserve" qui ne servent à rien, ce que contestent évidemment et à juste titre les acteurs de la recherche, d'où un deuxième flot de protestations, en attendant une négociation pour le budget 2017, ce qui nous promet aussi un automne chaud. Lire ces deux articles pour comprendre, ici et . Le parallèle avec la loi Pécresse est évident, mais c'était sous Sarkozy et depuis elle st devenue patronne de la région Île-de-France avec la haute main sur... les universités franciliennes... Tous ceux qui savent ce qu'est un fonds de réserve se marrent, pas dupes, car une institution en a besoin, au risque de ne pas payer ses employés ou ses sous-traitants... Déjà que l'Etat est en retard sur tous ses paiements !
Un point commun, ou plutôt deux : l'absence de dialogue préalable et le fait de puiser dans les réserves (de carburant ou les fonds de réserve), une tactique à très court terme... C'est là que les difficultés commencent. L'art de la négociation est difficile et suppose que plusieurs parties aient envie de se parler. On est dans l'affrontement, encore limité, et dans une logique de jusqu'au boutisme. Les gros bras avant la sortie de crise ? En tous cas, dans les conditions politiques actuelles, François ne peut plus reculer, s'il veut avoir la moindre chance de se faire réélire (j'ai écrit "moindre") ou même s'il veut ne pas perdre la face, somme disait Sun Tzu dans l'Art de la Guerre.


mardi 24 mai 2016

Premier sommet mondial sur l'action humanitaire

C'est son logo
Ni les cinq anneaux olympiques, ni l'arc-en-ciel des mouvements LGBT

Ça se passe en Turquie, à Istanbul, et c'est le premier du genre, à l'initiative du Secrétaire général des Nations-Unies dont le mandat se termine bientôt et ce n'est pas un hasard : une sorte d'héritage pour l'avenir. Mais y aura-t-il un deuxième Sommet ?

Avant de parler de l'éventualité d'un deuxième Sommet, parlons de celui-ci. Site officiel ici. Il réunit Etats et ONG mais les ONG y ont comme d'habitude dans ces enceintes onusiennes une place réduite. L'objectif attendu est d'aboutir sur des mesures concrètes... Ces attentes sont jugées irréalistes par beaucoup, notamment à cause du boycott dont le Sommet a fait l'objet. Les russes se sont déclarés déçus et ne participent pas au Sommet, ils en refusent même par avance les conclusions (lire un article algérien là-dessus ici), tandis que parmi les pays du G8-1, le G7, seule l'Allemagne y est avec force, avec Angela en vraie star du Sommet. La France est représentée par l'obscur ministre de la Francophonie et du développement, André Vallini, par l'AFD et indirectement par Ségolène qui préside la COP21. Parmi les ONG, Médecins sans frontières a refusé d'y aller avec un communiqué cinglant dénonçant l'hypocrisie de certains pays (ah bon ?), mais Care y est par exemple.

Quand on dit premier Sommet, on se demande pourquoi il n'y en a pas eu avant, pendant les 70 ans d'existence de l'ONU. Il parait qu'on vit la par crise humanitaire depuis... un certain temps. En tous cas la candeur affichée de l'ONU est assez déroutante, quand ils disent : "Nous commençons à comprendre que la vie des conflits est plus longue que ce que nous avions coutume de penser". Ah bon ? Il y aurait une pré-crise avant la crise, puis une résolution en sortie de crise, puis même un accompagnement post-crise ??? Ça alors ! Sauf que traiter les causes d'une crise avant la crise c'est souvent perçu comme de l'ingérence...

La mesure de l'humanitaire est souvent difficile à prendre pour les acteurs concernés , d'autant plus qu'on parle ici de toutes sortes de crises humanitaires, impliquant l'humain à des degrés divers ou pas du tout :

  • Les Etats qui sont directement impliqués n'aiment qu'on vienne se mêler de leurs affaires internes dans ces crises, qu'ils réfutent même parfois complètement, ou alors ils sont complètement submergés et cherchent des moyens. Dans beaucoup de cas, les circuits d'aide passent par les gouvernements locaux et subissent donc, plus souvent qu'il le faudrait, des prélèvements pour faux frais et autres détournements liés à des niveaux parfois importants de corruption systémique.
  • Les Etats voisins rejettent la faute sur leurs voisins, justement, ou érigent des murs pour se protéger en propageant le plus vite possible le problème ailleurs
  • Les autres Etats, plus lointains serrer les fesses et s'occupent avant tout des diasporas présentes en leur sein, sauf quand ils ont des liens forts avec la région (Allemagne-Turquie par exemple).
  • Les organisations intergouvernementales imposent des procédures bureaucratiques lourdes et raisonnent en statistiques, avec des consensus longs à trouver et difficile à conserver sur la durée
  • Les grandes ONG réagissent vite mais n'arrivent pas toujours à assurer leur indépendance par rapport à des gouvernements qui cherchent à orienter leur action ou des militaires qui cherchent à profiter de leur présence pour combattre les opposants
  • Les petites ONG ont peu de moyens et de visibilité.
  • Le secteur privé qui aide via ses fondations
  • Le secteur privé qui vend ses produits... 
(exemple ici de l'humanitaire selon Facebook, une vraie vision !)

Un tel Sommet est donc l'occasion pour plein d'acteurs (mais pas tous) de se rencontrer. 6000 participants a priori, c'est déjà ça. Une grosse machine, ou plutôt un gros bordel. C'est un travail de longue haleine et l'enceinte de l'ONU n'est pas forcément la meilleure. Les avis sont très contrastés sur ce Sommet et plutôt sceptiques. En voici quelques-uns choisis pour leurs angles différents : un avis africain de Guinée et un autre avis du Gabon, un avis catholique français, l'avis officiel de la Chine qui en profite pour investir dans les pays en développement, l'avis officiel de la Turquie qui en profite pour se faire valoir (et il y a du boulot en matière de démocratie...) et l'avis de la voix officielle de la France RFI qui a au moins le mérite de détailler les mesures proposées.

Le "Grand Bargain" est donc un pacte (non contraignant) qui devrait essayer de concilier aide et efficacité dans le cas des crises humanitaires, quelles que soient leurs causes. Il s'attaque à certains points cruciaux que la "communauté internationale" n'a jamais réussi à résoudre. Un exemple :
La simplification des formalités pour les ONG de terrain. « Un programme d’aide peut être financé par 10 donateurs et chacun a son propre système de suivi, de gestion, etc., explique le secrétaire fédéral de croix rouge croissant rouge Elhadj As Sy. L’allègement consiste donc à faire des analyses communes au niveau des donateurs, à s’accorder sur un rapport qui servirait à tous. Cela permettra d’alléger tout le temps qui est consacré à l’administration, à la bureaucratie, pour des résultats beaucoup plus probants ». C'est un vrai problème, permanent dans tous les programmes de coopération internationale, chacun croyant être seul maître à bord sur son frêle esquif, au lieu de participer à une flottille coordonnée de bateaux d'aide. Ca peut faire sourire ceux qui n'ont jamais été confrontés à ce problème, mais c'est bien pire que de devoir remplir un formulaire de l'administration française (si, si, vous pouvez me croire). Il ne suffit pas de dire que c'est un problème, il faut le résoudre. Un peu de scepticisme ici ne me parait pas superflu...

Grand Bargain ? Un grand compromis, un compromis ambitieux, une grande entente ? Une rhétorique inventée aux USA à l'occasion de la chute du mur de Berlin en 1991 et porteuse d'une idéologie néolibérale du marché ? Une expression qui n'aura de valeur que si le texte final est à la hauteur sinon il risque de n'être que grandiose ou même grandiloquent.

Et quid d'un deuxième Sommet alors ? Pas tout de suite en tous cas. Même si ce premier Sommet n'est pas un coup de Kalachnikov dans l'eau.

Ce billet sera actualisé lorsque le texte final sera disponible...


lundi 23 mai 2016

Le Couesnon en sa folie a mis le bordel en Hollandie

Bon, il pleut partout en ce lundi et même si c'est normal pour un printemps, ce n'est pas très agréable.

Roland-Garros est sous la pluie et les VIP rentrées de Cannes risquent d'être mouillées. Heureusement il y a des espaces VIP avec Champagne pour les abriter, faut pas déconner. Après un Cannes plus militant que prévu et un Ken Loach le poing levé (nostalgie, nostalgie), il est temps de revenir à des occupations plus saines. C'est mauvais pour le bronzage ça !

Une Ferrari ça consomme beaucoup et c'est dur d'attendre sous la pluie dans la longue file pour arriver à la pompe avec plein de conducteurs dans leurs 4x4 gros consommateurs d'essence et pleins de frime plutôt que de carburants. Les cartes des stations vides montrent une extension du domaine de la panne à partir de la Bretagne et de la Normandie (et donc du Couesnon) sans oublier le Nord, mais le Sud devrait bientôt les rattraper. Paris est atteint car deux wagons-citernes vides y sont entrés, l'un par Issy, l'autre par Ivry. Le gouvernement, par la voix de son ministre des transports a dit hier qu'il n'y a pas de pénurie. Notons que tout le monde a retenu le mot "pénurie" et que donc les files d'attente  se sont allongées. C'est ce qu'on appelle en économie les anticipations déraisonnables (des consommateurs).

Jolie, la france uniquement dessinée par les stations vides non ?

Alors qu'on parle de climat et de changement d'icelui, il est frappant de voir combien l'écologie a quitté les Unes des médias. La récente disparition du groupe écolo à l'Assemblée nationale a été causée par la démission des députés qui se sentent plus proches du PS que des écolos. Il ne reste plus grand monde chez les écolos, à part Cécile Duflot, l'irréductible gauloise (sans filtre) qui ressasse partout sa haine de François, comme ce matin ici. A lire pour voir que la ligne politique des écolos canal historique va être difficile à trouver. Heureusement elle est là : à propos de la présidentielle de 2017 elle dit d'une part "je pense qu'il y aura un candidat qui défendra l'écologie, j'en suis même sûre et en tout cas je le défendrai... moi ou quelqu'un d'autre" et d'autre part "les écologistes toutes ces dernières années ne se sont jamais vraiment préparés à l'élection présidentielle. Ils n'aiment pas cette élection pour de bonnes raisons, c'est-à-dire l'aspect très personnalisé, mais du coup on s'est toujours pris les pieds dans le tapis. On a fait de mauvaises désignations"... En additionnant 2 et 2 on arrive au résultat mathématique que cette fois enfin, grâce à elle, l'écologie vaincra ! Sacrée logique ! On a le droit de sourire, Madame Duflot.

La Hollandie se prépare donc à tout rassembler autour de son chef. Une attitude audacieuse, légèrement suicidaire mais comme il a un G7 cette semaine il va essayer de redorer son blason. Il enchaîne avec la commémoration du centenaire de la bataille de Verdun, une longue boucherie. En plus on attend les résultats du vote pour le nouveau président autrichien qui se joue à quelques milliers de voix entre un candidat d'extrême-extrême droite et... un écolo.  Cela fait cauchemarder Sarkozy qui a une peur chronique de se faire déborder par sa droite, et certainement rêver Duflot. On devrait connaître les résultats dans la journée. Un président, en Autriche, cela n'a pas grand pouvoir, sauf de dissoudre l'Assemblée quand même, contrairement au chancelier. N'avez-vous pas frissonné ce matin en écoutant à la radio cet électeur autrichien "raisonnable" se féliciter de l'élection possible de ce candidat de l'extrême droite, comme au début des années 30 en Allemagne... mais on n'est pas des nazis nous... Barrer.
Màj à 16h30 : c'est le candidat écolo qui est élu de justesse... Ouf !

Mais ça va mieux ! oui, oui, oui. Avez-vous remarqué la ressemblance entre le Couesnon et (la méthode) Coué ? Ça va, Ça va ! Tout cela me rappelle furieusement cette chanson de Bollywood, Say Shava Shava, à regarder pour avoir le moral, en cette semaine qui s'annonce socialement lourde.



dimanche 22 mai 2016

Du temps de cerveau pour... Une nouvelle violette

Violette était petite encore quand elle a commencé à vouloir être la plus belle. La plus belle de toutes. De toutes celles qui existaient et même de celles qui existeraient jamais. 

Plus facile à dire qu'à faire, bien entendu, et Violette mît peu de temps à s'en rendre compte. Elle avait de belles formes, de belles ondulations comme on disait chez elle, avec un rayon de soleil dans les yeux, mais cela ne suffisait pas. Elle était de loin la plus belle des petites filles de son âge, sans conteste, mais les jeunes filles aux yeux bleus dans la verdeur de leur jeunesse et les jeunes femmes blondes comme des étoiles dégageaient des vibrations éblouissantes qu'elle était loin d'atteindre. Même les vieilles femmes à la peau rougie par les ans s'imposaient comme des reines. Et en plus Violette était impatiente, très impatiente. Elle voulait être la plus belle tout de suite, sans attendre la maturité.

Alors Violette observait le monde autour d'elle à la recherche de ce qui la rendrait la plus belle. Elle n'avait naturellement pas le droit de sortir de l'Ecole, comme toutes les petites filles. Alors elle passait tout son temps libre à regarder le monde par la fenêtre de sa chambre en cherchant un signe de beauté qu'elle pourrait s'approprier. 

Sa fenêtre donnait sur la grand place de la ville et donc sur l'autre École, celle des garçons. L'autre façade était horrible, peinte en dégradés de gris allant du noir de jais au blanc aveuglant de la neige. Elle savait que la façade de son École à elle était la plus belle du monde, pleine de couleurs éclatantes. Entre les deux écoles, le monde vibrait, vibrillonait d'activité et Violette était fascinée par toute cette agitation. 

De temps en temps, elle regardait quand même l'autre École et ses fenêtres mais elle ne s'y attardait jamais longtemps car cela lui faisait mal aux yeux, qu'elle avait fort délicats. Elle remarquait de temps en temps quelques silhouettes bougeant lentement mais elles l'effrayait y plutôt. Les garçons étaient si horribles. Cela la faisait souvent frissonner. 

C'est un jour à midi exactement qu'elle remarqua un chatoiement argenté dans l'une des fenêtres, presque en face de la sienne. Cela ne dura qu'une seconde mais elle reconnut tout de suite un signe de la beauté qu'elle recherchait. Ce fut rapide mais cette sensation s'imprima dans son esprit. Il lui fallait ce signe. Grâce à lui, elle serait la plus belle, elle en était maintenant certaine. Et il fallait faire vite, car si l'une de ses copines se l'appropriait avant...

Violette avait interdiction de sortir mais elle avait le droit d'ouvrir sa fenêtre. Elle l'ouvrit donc. Puis elle allongea ses bras et les étira jusqu'à l'autre fenêtre. Elle avait une chambre en hauteur et personne ne vit rien sur la place, rien d'autre que de jolis brins de lumière violette dans un ciel pourpre, car c'était un vendredi. Violette cogna doucement à la vitre de l'autre fenêtre. C'étaient de tous petits tapotements car ses bras étaient allongés à l'extrême du fin. Elle eut un instant peur que rien ne se passe. Puis elle revit le chatoiement argenté et la fenêtre s'ouvrit. Deux filaments d'argent liquide rencontrèrent ses doigts et Violette eut une sensation inédite et merveilleuse. 

Elle vit, de loin, ses doigts se fondre dans la lumière du garçon. Elle ressentit au plus profond de son spectre  une vibration délicieuse. Et puis, lentement, la fusion s'opéra. Une couleur inconnue apparut. Un violet argent qui rendait tristes toutes les autres couleurs du monde. Et ce violet argent  avança vers elle et l'engloutit dans sa beauté. 

Plusieurs couleurs, en bas sur la place, levèrent les yeux, sentant intuitivement qu'un miracle venait de se produire. Puis tous regardèrent. Un immense "Oh" de stupeur parcourut la foule bigarrée de la grand place. Et un vent se leva, portant ce "Oh" à travers le monde entier. Le vent prit de l'ampleur et les deux fenêtres claquèrent au même moment. Mais c'était trop tard. Violette était devenue Violette argent et le monde ne fut plus jamais pareil. Lorsqu'elle descendit de sa chambre, puis lorsqu'elle arriva devant la grande porte de l'Ecole, tout le monde n'avait d'yeux que pour elle, la plus belle de toutes les couleurs du monde. 

Elle sortit. La grand place était blanche de monde, tous virevoltants pour accueillir leur nouvelle reine. Violette argent les regarda un instant, puis elle sourit. Et le soleil se coucha devant elle, honteux de sa lumière si banale. Violette argent n'avait d'yeux que pour le garçon qui venait à elle depuis l'autre côté de la place. Il était beau avec son Argent violette. 

Ils dansèrent toute la nuit et le soleil se leva drapé de leurs couleurs, beau comme jamais. C'est pourquoi, depuis ce temps, l'aube ici est argentée avec des doigts violets. C'est pourquoi notre monde est le plus beau de tous les mondes et le sera toujours. Merci Violette. 

samedi 21 mai 2016

Jour et nuit dans les musées et ailleurs

Il y a des moments comme ça. On est entre deux. Entre chien et loup, entre ombres et lumières ou entre jour et nuit. Aujourd’hui, par exemple.

Soleil éclatant sur Paris, en attendant les orages de ce soir et de cette nuit. Une météo classique à cette époque mais qui est différente parce qu’elle est maintenant et que notre mémoire du temps qu’il fait est courte, contrairement à la mémoire du temps qui passe qui est longue. Le moment d’aller se promener sous le soleil et sa chaleur comme si on était encore au bord de la mer.

Se promener dans les squares en passant de fête en fête car à partir de la mi-mai il y a des brocantes, des fêtes d’école, des fêtes de quartier, un peu partout. Attendre ce soir et cette nuit pour aller se promener dans les musées, puisque c’est la Nuit des musées, douzième de son nom. Bon, on peut faire les deux d’ailleurs puisque la Nuit des Musées commence à 15 heures, un peu tôt pour une nuit, non ? Le programme est riche. Dans mon coin il y a ça par exemple ce soir au Musée de la Vie Romantique plus connu pour son adorable salon de thé dans le jardin que pour les oeuvres... entre jour et nuit et peut-être sous l’orage :



Jour et nuit ? Tout est question de lumière. Comme disait Magritte...



Sinon, pour les OrNiCar, il y a cet événement à deux pas du Lycée CARnot, avec CARmen, histoire de peupler ce lieu CARotte avec des vibrations venues du sud, CARa mia. Un lieu entre tous les autres avec une architecture décalée et mosaïque, qui vient de rouvrir.


Et pour les curieux, allez voir le Louvre qui a mis son smoking noir et blanc pour cette soirée de fête...



Mais il n’y a pas que Paris sur la Terre (quoique). Les VIP reviennent ce dimanche à Cannes pour la soirée de clôture, avant d’aller à Roland-Garros avec leurs lunettes de soleil de luxe. Cette année cela ne tombe pas comme en 2012 par exemple, puisque le GP de Formule 1 de Monaco n’est que la semaine prochaine en même temps que la fête des mères. Ca va simplifier leurs déplacements, bien que la finale de la coupe de France de foot tombe ce samedi soir au Stade de France.  Les avions et TGV entre Paris et Cannes vont être pleins ce dimanche... On apprend de source sûre que Zlatan, juste après son dernier match avec le PSG (snif), ira à Cannes recevoir une palme d’honneur pour son interprétation unique du footballeur le plus orgueilleux de tous les temps.

Le jour et la nuit sont également beaux. Joie et souffrance sont intimement liés, séparables et inséparables. C’est ça qui fait la vie, non ? Comme le disait Woody Allen (avant Cannes) : "La vie est une maladie mortelle transmise sexuellement ».




vendredi 20 mai 2016

Attention : le paquet neutre de merde arrive

Aujourd'hui, journée symbolique en France, en Grande-Bretagne et en Irlande. Les fabricants de merde n'ont plus le droit de produire des emballages pour leurs paquets de merde avec d'autres mentions que celles qui sont maintenant légales. Cela interdit donc toute forme de marketing par les marques de merde apposées sur ces paquets de merde.  Il y a également plein d'autres mesures incluent celles liées au vapotage de merde.

Evidemment il ne s'agit que d'un jour symbolique puisque les fabricants de merde, les grossistes en merde et les buralistes de merde sont pourvus en stock pour des mois et des mois et que ces nouveaux paquets n'arriveront que petit à petit. Ce n'est que le premier janvier 2017, dans une éternité, que les paquets de merde devront tous ressembler à ceci en France :


Vous noterez qu'enfin les paquets de merde auront tous une couleur plus proche de la merde vulgaire, merda vulgaria, que nous connaissons tous. C'est un heureux signe de reconnaissance pour tous les amateurs de merde, qu'ils soient actifs ou passifs. La version 2.0 est déjà en préparation, parait-il, et la mention "Fumer tue" devrait être remplacée dès les élections présidentielles de 2017 par "Fumer de la merde tue". C'est plus long mais c'est plus clair. Evidemment il y a de la merde de gauche et de la merde de droite, mais fumer n'est pas une action politique en soi.

On peut s'attendre néanmoins à du marketing biaisé de la part des fabricants de merde qui vont certainement trouver des moyens de contourner encore une fois la loi. En voici un, qui existe déjà et qui devrait se développer, si mon nez, très sensible à l'odeur de la merde, ne se trompe pas. Au-delà de ces étuis neutres ou farfelus, il faut donc s'attendre à de tels étuis à merde aux couleurs des fabricants de merde. On espère que les vrais lutteurs anti-merde proposeront des étuis avec des slogans plus exacts comme "Ceci est de la vraie merde" ou "Une merde peut en cacher une autre" ou "MMMMM" (pour Mouvement minoritaire des mordus de merde merdeuse).

Le gouvernement en pleine merde lui-même, mais c'est un autre débat de merde, a donc pondu mercredi une ordonnance qui est exécutoire à partir de ce matin et publiée au JO du 20 mai. Il semble qu'il y ait une erreur dans cette ordonnance puisque le mot pourtant exact de "merde" y aurait été remplacé par le mot "tabac". Cela sera sans doute corrigé très rapidement, mais tout le monde aura compris. D'ailleurs les lobbies de merde et les buralistes de merde ne s'y sont pas trompés et exercent tous les recours qu'ils peuvent contre cette ordonnance de santé publique. Les buralistes de merde menacent même de bloquer les stades pendant l'Euro2016 de foot, sachant que les supporters étrangers risquent d'apporter leur merde avec eux. En fait ils veulent simplement augmenter de 60% la marge qu'il font sur chaque paquet de merde vendu. Rien que ça. Il est vrai que la merde n'a pas de prix et que le gouvernement engendre quelques recettes avec toutes ces merdes, bien qu'il doive aussi supporter des tonnes de dépenses liées notamment aux problèmes de santé publique pour la merde.

Tout en ne m'excusant pas pour ce billet un peu brutal et limite vulgaire, mais la merde c'est de la merde, je voudrais quand même adresser un signal d'espoir aux jeunes amateurs de merde : arrêtez de toucher à la merde pendant qu'il en est encore temps ! Même si la jeunesse croit avec raison que le monde est infini, il y a des corrélations fortes entre certains phénomènes comme le montre ce graphique de merde. Les amateurs de merde ont le droit de faire ce qu'ils veulent, évidemment. Mais il ne faut jamais oublier que la merde c'est de la merde, et que même la fumée de merde sent la merde. La merde est un cancer invisible et lent qui ronge de l'intérieur, une sorte de scaphisme donc.

Pensée émue, de ma part, à cette soeur que j'aime énormément et que j'aimerai toujours, quelles que soient ses décisions par rapport à la merde et à ses conséquences pour elle.
Je respecte ton choix.
Je serai là pour sourire et pleurer avec toi.
Je t'aime.

jeudi 19 mai 2016

Tempus fugit, sed fluctuat. Mergitur ?


Quai de Valmy ("La Patrie est en danger")

Quelques réflexions sur le temps aujourd'hui.
Dans toutes ses dimensions.
Y compris un peu plus personnelles que d'habitude.

Le temps qu'il fait est pourri, aujourd'hui à Paris. Mais ce n'est ni une nouvelle ni une absence de nouvelle. Ce sont les deux à la fois suivant le point de vue où l'on se place : si l'on est à Cannes sous le soleil, on s'en fout et si l'on est coincé sur un quai de gare de RER en attendant Godot son train en grève, c'est autre chose. Le temps météorologique rejoint alors le temps d'attente, aussi sûrement que la pluie froide pénètre entre les yeux et les lunettes ou dans le cou juste là où ça fait frissonner.

Pour les physiciens le temps est une autre dimension, en plus des trois premières que nous attrapons à bras le corps quotidiennement quand nous nous déplaçons. Une dimension différente des autres mais pas tant que cela. Le Graal du voyage dans le temps est toujours un sujet de passion chez les scientifiques. Nous vivons dans un temps quantique, où l'on ne sait pas forcément où et quand est quelque chose. Le fameux chat de Schrödinger est là pour nous le rappeler, même si c'est à l'échelle des atomes et des ondes. Nous sommes tous des chats de Schrödinger !

Pour le temps social, on est clairement entre deux, comme l'illustre la photo en tête de ce billet : il y a une grande distance spatio-temporelle entre le temps des attentats et de la communion nationale pour se serrer les coudes, policiers compris, et le temps de la haine anti-flic comme on lit en ce moment dans les tweets engagés sous l'impulsion des fouteurs de bordel qui cherchent à détruire. La distance spatio-temporelle est ici uniquement temporelle, puisque l'un recouvre exactement l'autre dans l'espace. Le temps est comme suspendu dans les conflits prévus de longue date en mai et en juin en attendant plusieurs dates pour des décisions clés, sur la loi travail, les négociations de branche dans le ferroviaire et autres sujets plus anecdotiques pour clore ce mandat de François avant l'été.

Il y a le temps de l'attente, entre deux informations. Qu'on y attache ou non de l'importance d'ailleurs. Comme cet accident d'avion Egyptair, quelque part au-dessus de la Méditerranée. On a beau ne pas savoir quelque chose (au moment où j'écris) on pense immédiatement à ce qui a pu se passer (les fameuses hypothèses possibles) et finalement on attend de savoir. C'est un temps paradoxal, un temps qu'on oublie vite une fois l'attente "satisfaite". Un temps qui s'écoule au rythme des infos glanées ici et là, mais qui reste présent dans les yeux, entre fatalisme, espoir et colère. Une sorte de temps de pré-deuil, de gravité, au cas où.

Et puis, il y a le temps personnel. Ce temps qui nous est propre à chacun en fonction de notre histoire, de notre présent et de notre avenir. Ces moments où l'on sent un peu plus le poids du temps et de la direction qu'il prend, toujours vers l'avenir, sans retour ni souhaité ni possible vers le passé.  Il y a des moments où plusieurs temps se croisent et se décroisent, avec des vitesses différentes, comme si on était à la surface tourbillonnante d'une eau agitée dans un verre : à moitié plein ? A moitié vide ? Ou les deux à la fois dans un équilibre stable et solide ? C'est bien la conscience du temps et de notre place dedans qui compte alors. Ce temps influe sur notre humeur mais notre humeur aussi influe sur le temps, en le distendant ou en le contractant, surtout quand les autres dimensions du temps sont également présentes au même moment. Quand on flotte, soit on nage et on devient un roc solide auquel les autres peuvent s'accrocher, soit on se laisse emporter dans le tourbillon de l'eau (qui descend tel un maelström ou qui monte tel une trombe d'eau) ou dans le tourbillon de la vie.



Je prendrai juste un exemple, de quelqu'un que je crois connaître assez bien, c'est-à-dire moi. C'est un temps bizarre aujourd'hui : j'ai deux très proches malades et je suis donc en attente de nouvelles sur leur santé; ce serait aujourd'hui l'anniversaire de celle qui fut ma femme aimée avant de mourir d'un cancer;  c'est un moment où mon avenir professionnel se joue... et c'est juste au moment où le temps se rétrécissait pour moi, sous la pluie sur un trottoir d'un Paris qui mergitur plus qu'il ne fluctuat que je reçois un simple SMS de la femme que j'aime et qui m'écrit "Je t'aime ce matin". Rien de plus, rien de moins. Un instant de bonheur, portant en lui la promesse de millions d'autres, comme un signal à la surface de l'eau qui tombe. Pour rester dans le latin : "Carpe Diem" ! Résolument, et Carpe tous les autres jours aussi, car ce sont les seuls qui comptent. Les jours à venir, cette partie du temps qui est devant nous. Car elle porte en elle, non seulement toutes les joies de l'avenir mais aussi tous les souvenirs du passé, dans une fusion délicate et gracile.

mercredi 18 mai 2016

Police et logique floue

On parle beaucoup de la police en ce moment, à cause de l'état d'urgence qui dure, des manifestations violentes et de leur répression, de Nuit Debout et des collectifs anti-police. On en parle à l'occasion de cette manifestations de policiers excédés par leur mauvaise image et leurs conditions de travail partout en France, et symboliquement place de la République à Paris. Mais de quoi parle-t-on ?

Avant c'était simple (par exemple en 1968) : il y avait les bons d'un côté (les étudiants-diants-diants) et les mauvais de l'autre (les CRS-S-S) avec les bourgeois (pas encore bobos) qui observaient apeurés ou droits dans leurs bottes. Les flics étaient forcément mauvais, avec leurs matraques et autres équipements lourds contre ces pauvres manifestants uniquement équipés de pavés, pris sur la plage, et de cocktails Molotov. Cela a même été un ressort simple de beaucoup de manifs, contre un ordre établi de droite. Cette logique binaire, ou aristotélicienne, était relativement simple, puisque les bons s'opposaient aux mauvais et les + aux -.

Aujourd'hui, la logique est devenue floue. Il y a presque un continuum entre les policiers et les autres. Quand des professionnels du service d'ordre de la CGT se font agresser par des casseurs mieux équipés qu'eux qui les accusent d'être des complices de la police ; Quand les policiers se plaignent d'avoir moins d'équipements que ceux en face ; quand les principaux slogans et fils vidéos sur les médias sociaux mélangent allègrement dans un même discours casseurs et policiers ; Quand la police alterne entre héros de la nation après les attentats et symbole d'un pouvoir dont on ne veut plus... Il y a un problème. On peut appeler cela une perte de repère, mais cela relève d'une logique de plus en plus floue effectivement. On n'oppose plus le chaud au froid, ou le 0 au 1, mais on mesure le degré de tiède, chaudasse, froideur ou un nombre entre 0 et 1, et il y en a un paquet. C'est un peu comme un verre rempli à moitié, ou vidé à moitié, selon les points de vue.

Rappelons nous des grandes heures de la sémantique générale, que Van Vogt a su vulgariser dans son cycle du Monde des Non-A. Elle est basée sur trois principes essentiels que je recopie de Wikipedia :

- Une carte n’est pas le territoire qu’elle représente ; les mots ne sont pas les objets réels, le mot « chien » ne mord pas, etc. ; La confusion entre carte et territoire constitue un phénomène courant dont les conséquences se manifestent quand on ne s'y attend pas.
- Une carte ne recouvre pas tout le territoire qu’elle représente ; le symbole omet de représenter certains attributs de l'objet qu’il représente : Quel âge a cette chaise ? Or comment être certain, avant de conduire son raisonnement, que ce qui a été négligé dans ce processus d'abstraction n'est pas justement essentiel ?
- Toute carte est autoréflexive : on peut construire une carte de la carte (sa légende), une carte parle autant de son objet que du cartographe qui l’a créée.

Appliquons à la police :
- Ce qu'on dit de la police et ce qu'on en voit à travers les représentations n'est pas la police, avec sa diversité, ses points de vue et la galaxie de tout ce qui tourne autour. Le comportement d'un policier n'est pas celui de la police, l'uniforme ne fait pas le policier, et il suffit de visiter un commissariat de quartier et de constater sa vétusté, à coup de papiers carbone pour les dépositions pour comprendre l'écart entre la carte et le territoire.
- la simplification droite-gauche ne s'applique pas à la police, quoi qu'on en pense. Une matraque de droite tombe-t-elle toujours sur une tête de gauche ? un pavé lancé par un manifestant est-il plus légitime qu'un jet de gaz lancé par un policier ? connait-on la sociologie des policiers ou des CRS qu'on balade de car en car à travers la France pour qu'ils ne soient pas chez eux ?
- les discours sur la police en disent effectivement long sur ceux qui les tiennent. Ce n'est pas un hasard si à moins d'un an de la présidentielle les ténors de la droite remettent l'accent sur la sécurité et le sécuritaire, un sujet toujours vendeur. La critique même de toute notion de service d'ordre (policier ou syndical par exemple) est une critique détournée de la notion même d'ordre.

Comment assurer un contrôle (par la police), tout en contrôlant (par la justice) la manière dont ce contrôle est exercé ? Comment traiter ce phénomène en pleine éclosion, sans retomber dans les schémas binaires si pratiques ? Nos hommes politiques en sont incapables, trop pris dans leurs jeux de pouvoir entre eux, dans une bulle loin de la réalité.

Il est pourtant indispensable d'avoir cette réflexion et d'agir, quitte à laisser la place libre aux fachos en tous genre qui ont choisi leur camp. Gageons qu'au-delà même du FN et des autres Dupont-Gnangnan, la droite classique s'y mettra de plus en plus, avec à leur tête le président des républicains qui n'aspire qu'à redevenir président de la république (sans R majuscule, puisqu'elle aurait alors rétréci au lavage des cerveaux).

A vous de voir qui est qui

mardi 17 mai 2016

Dernier train avant la grève

Mardi 17 mai. Une n-ième journée de manifestations sociales. On est en mai, c'est normal. Quelques commentaires, puisque je rentre aujourd'hui de Saint-Raphaël à Paris en train, un des derniers avant la grève. Vous voyez, sur ce blog on ne recule devant rien pour vous informer !

Ce mardi et ce jeudi, manifs et grèves contre la loi travail, comme d'habitude dira-t-on, depuis plusieurs semaines. Depuis le 49-3 de la semaine dernière la mobilisation a de la peine à se maintenir au même niveau. Le vote au Sénat est prévu le 13 juin dans les mêmes termes mais François a bien annoncé qu'il n'y aurait plus de négociations. Nuit Debout a du mal à se développer malgré son "internationalisation" dimanche dernier. A quoi cela sert-il d'être un modèle pour d'autres mouvements, comme en Grèce, si un souffle nouveau n'arrive pas alors que le bac et les exams de fin d'année approchent à grand pas ? Nuit debout a quand même réussi à élaborer un système de votes pour leurs principales décisions. À suivre. 

Début des grèves dans les transports ferroviaires aussi. La CGT a opté pour une grève hebdomadaire les mercredis et jeudis : faut pas déconner trop non plus et faire grève le week-end ou les lundis et vendredis. Le choix était réduit. SUD, qui concurrence la CGT par la gauche a opté pour une grève reconductible permanente mais perlée. Soyons clairs, tout ceci n'a rien à voir avec la loi travail même si les manifestations confondues feront grossir les rangs. Il s'agit même d'objectifs contraires puisque solidaires d'un côté et corporatistes de l'autre. 

En effet du côté SNCF il s'agit uniquement de peser dans les négociations en cours sur les conditions de travail pour le secteur transports de voyageurs. Petit rappel : l'UE a entériné la libéralisation du transport ferroviaire de voyageurs et la France doit s'y mettre, comme il y a un peu plus de 10 ans pour le transport ferroviaire de marchandises, le fret. Aujourd'hui il n'y a que la SNCF mais en 2020 les TGV seront pilotés par d'autres entreprises aussi (par exemple les transporteurs frontaliers) et en 2023 tous les autres trains, comme depuis peu les autocars interurbains. Les conditions de travail des travailleurs de la SNCF sont régis par un texte interne à l'entreprise, produit de nombreuses négociations et grèves depuis des dizaines d'années. Le code du travail général ne s'applique presque pas car les critères et contraintes de sécurité notamment et de continuité de service sont très particulières au secteur. Le gouvernement a produit un décret-socle qui joue le rôle minimaliste d'un code du travail adapté et ce décret est en cours d'examen par le Conseil d'Etat. Les syndicats ont semble-t-il concentré leurs efforts sur la négociation en cours sur un "accord de branche" qui est totalement nouveau puisqu'il n'y avait pas de branche avant. Ce futur accord devra s'appliquer par défaut à toutes les autres entreprises et c'est son équilibre qui est en jeu : trop proche du décret-socle minimaliste (volonté des patrons) et il va créer un fossé entre travailleurs de la SNCF et de ses concurrents, trop proche du statut de la SNCF âprement négocié (volonté des syndicats de la SNCF) et il va handicaper la productivité de ces entreprises qui existent déjà pour certaines. Équilibre délicat à trouver, sachant qu'en plus les syndicats sont en perte de vitesse dans ce secteur et qu'il y a des élections professionnelles à venir. 

Ajoutez à cela des grèves dans l'aérien pour séparer mieux Air France du slow Cost, avec refus des pilotes de leur minable augmentation prévue (7% l'année dernière quand même). Ajoutez une couche dans le fret avec les routiers et les dockers. Ajoutez l'Euro2016 qui commence dans moins d'un mois...

Le gouvernement de gauche actuel est pris comme tous les autres dans la spirale des transports, LE secteur qui bloque le plus la vie de tous. Attendons un vrai gouvernement de droite pour voir, avec par exemple Juppé qui annonce vouloir aligner les retraites du public sur celles du privé, nettement moins favorables. 

Les transports sont le sang qui irrigue notre pays. Et les caillots ne sont bons pour personne, qu'on les appelle bouchons ou piquets de grève. A court terme. Car à long terme c'est une autre histoire. 

PS : ce train est passé par Cannes avant. On y reconnaît quelques festivaliers inconnus mais identifiables par leurs lunettes de soleil, leurs blousons, leurs barbes taillées avec négligence, leurs iPad et leur accent anglais... Vive le train !

lundi 16 mai 2016

Boutin les femmelettes hors de France

Lundi de Pentecôte et l'esprit Saint a beau être descendu sur la tête des apôtres, il n'est pas arrivé jusqu'à Christine Boutin. 

Hier, dans le JDD qui fut à un moment donné le seul journal paraissant le dimanche, jour de la messe des cathos et de l'apéro dans le café en face de l'église pour les anti-cléricaux, est parue une tribune anti harcèlement sexuel signée par 17 femmes ministres anciennes et actuelles, intitulée l'impunité c'est fini.  Article plus détaillé ici. La tribune contient des propositions de mesures qui ont l'air de bon aloi.

Voici les coupables , de tous les partis sauf du FN (indice, il n'y a pas encore jamais eu de ministre du FN)



Alors mon sang rempli de pastis n'a fait qu'un demi tour (une sorte de tête à queue) quand j'ai vu ce tweet de l'inégalable Christine Boutin :

#Sexisme: Honte de ces anciennes anciennes ministres qui laissent entendre que les hommes sont des obsédés ! Marre vraiment marre

Plus de détails ici sur l'Obs. 

Normalement un blogueur standard ne blogue pas sur Boutin. On a de la tenue quand même. Mais là elle a poussé le bouchon un peu loin quand même. Il m'a fallu trois Casanis pour me décider. Mais l'événement est trop important. L'anti hommelettes et femmelettes du millénaire a encore frappé. Elle aime le poil et les hommes virils et tant pis pour la main aux fesses qu'elle désire tant. Elle se sent bien dans un milieu historiquement très masculin, dans son parti politique et ses associations ultra-catholiques. Ses positions font rire. Pas aujourd'hui puisqu'elle prend explicitement position pour les hommes qu'elles sur soient leurs attitudes. 

Elle dit que la tribune accuse les hommes d'être tous des obsédés. Relisons la tribune. Pas un mot là dessus. Même en en venant aux allusions, les signataires ne font pas d'amalgame. Pas une fois. Relisez. 

Alors, Christine Boutin, puisque vous ne méritez même pas à mes yeux le mot de Madame, arrêtez de vous prendre ou la conscience d'une France qui n'a pas besoin de vous. Vous êtes une femme, une politique et une militante religieuse. Cela ne vous donne pas le droit de parler au nom de ces différentes catégories de la population. Que vous ayez honte, je le souhaite, après votre tweet. Ayez le courage de l'effacer. Un peu de remords et de pénitence, c'est utile quelquefois. 

Bon, je vais me refaire un pastis, moi. Parler de Boutin, ça épuise !

dimanche 15 mai 2016

Du temps de cerveau pour... Une nouvelle aux infos.

Extraits du script du journal télédiffusé, 20h, 12 juillet 34 AS
Présentatrice : Marlène Burke
- Bonsoir Mesdames et messieurs. Nous somme le mardi 12 juillet de la trente-quatrième année du règne de Steria sur le monde, gloire à lui. Lui seul est digne de recevoir notre amour. Lui seul est capable de nous sauver du chaos qui a précédé son arrivée miraculeuse au pouvoir. Ce soir les nouvelles sont bonnes, grâce à Steria. Plusieurs délinquants ont été arrêtés. L'un d'eux avait entrepris de vouloir aimer quelqu'un d'autre que Steria. La police spéciale, prévenue par de zélés habitants de notre ville, a pu l'arrêter à temps. Il a d'abord été conduit au centre d'Amour pour lui ôter tout amour autre que le seul vrai amour, celui pour Steria, puis il a été envoyé en camp de rééducation pour retrouver sa place dans la société. Compte tenu de la quantité d'amour qu'il avait néanmoins gardée pour Steria, faible mais non nulle, il n'a été condamné qu'à une peine légère de 20 ans de camp. Cet événement nous permet de demander à notre spécialiste, le docteur Albert Burke, de décrire le processus pour ôter l'amour factice, car il semble qu'une nouvelle invention importante ait été découverte. Notre reporter, Li Burke, est allé l'interroger dans son laboratoire, à quelques pas du grand réservoir. Li ? Êtes vous en ligne ?
- Oui Marlène. Je suis à côté du docteur Burke, comme vous pouvez le voir. Le soleil est en train de se coucher, gloire à Steria, et vous pouvez admirer derrière nous une splendide vue du grand réservoir. Docteur Burke, pouvez-vous nous expliquer le nouveau processus pour ôter l'amour et en quoi cette nouvelle invention est meilleure.
- Bonsoir Li. Ôter l'amour ? Attention aux raccourcis. Il s'agit bien d'ôter l'amour factice, et surtout pas de toucher au seul vrai amour, celui pour Steria.
- Bien sûr Docteur. C'est une évidence, mais vous avez raison, il faut rappeler même les évidences en permanence, c'est l'un des fondements de notre société.
- Oui Li, tout-à-fait ! Pour revenir à votre question, l'amour factice est une abomination qui doit être supprimée de la face du monde. Seul l'amour pour Steria est important et pur. Nous, les scientifiques de Steria avons mis au point depuis longtemps une technique simple pour éradiquer le faux amour. Cette technique fonctionne très bien, mais elle a plusieurs désavantages, notamment le fait qu'elle génère un amour factice qu'il faut stocker quelque part. C'est pour cela que le grand réservoir a été inventé. Depuis 34 ans, gloire à Steria, ce réservoir stocke toutes les parcelles de faux amour que nous avons récupérées chez les délinquants. Il y en a de moins en moins maintenant, évidemment, mais le réservoir est quasiment plein et nous avons commencé à craindre pour son avenir. C'est hautement toxique, vous savez ?
- Oui docteur, nous connaissons bien cela. Mais la nouvelle invention ?
- Nous avons réussi au cours du processus neuro-cardio-sexo-hormonal à transférer directement le faux amour en gaz. C'est un gaz malodorant - évidemment, car rien de bon ne peut sortir d'un amour factice - mais nous sommes capables de brûler ce gaz pour chauffer les bidonvilles des pauvres, ce qui est bien utile car il y en a de plus en plus.
- Vous transformez l'amour en gaz ?
- Le faux amour, oui. C'est génial. Nous allons pouvoir commencer à vider le grand réservoir, ce qui nous permettra de chauffer l'ensemble de la ville pendant au moins cinquante ans.
- Mais docteur, n'est-ce pas risqué d'utiliser un gaz aussi dangereux, issu d'un produit vicié à la base ?
- Non, non, tout a été étudié. N'est-ce pas savoureux, au contraire, de savoir que les délinquants aident la société pure et morale à mieux fonctionner ?
- Oui, en effet. Et quand allez vous commencer la procédure de vidage du grand réservoir d'amour ?
- Mais, dès demain. Venez nous observer ! Ce sera très intéressant.
- Merci docteur. Nous n'y manquerons pas ! A vous les studios.
- Merci Li pour ce reportage très intéressant. Nous serons en direct demain dans ce journal pour ce moment historique. Passons maintenant aux autres nouvelles.
...

Extraits du script du journal télédiffusé, 20h, 13 juillet 34 AS
Présentatrice : Marlène Burke
- Bonsoir Mesdames et messieurs. Nous somme le mercredi 13 juillet de la trente-quatrième année du règne de Steria sur le monde, gloire à lui. Lui seul est digne de recevoir notre amour. Lui seul est capable de nous sauver du chaos qui a précédé son arrivée miraculeuse au pouvoir. Ce soir les nouvelles sont excellentes, mais nous rejoignons tout de suite Li qui est avec le docteur Burke auprès du grand réservoir. A vous Li.
- Merci Marlène. Le docteur Burke et moi-même sommes très heureux de vous permettre de suivre en direct le vidage du grand réservoir qui contient jusqu'à présent du faux amour et qui va permettre à partir de ce soir d'alimenter en énergie une part importante de notre société. Expliquez-nous, Docteur Burke, comment cela va se passer.
- Bonsoir Li. C'est effectivement un moment historique. Nous allons remplacer ce grand réservoir hideux par une source de gaz et d'énergie qui va nous aider pour de nombreuses années. C'est tellement important que je me suis laissé dire que notre bien-aimé Steria nous regardait en direct de son palais.
- Merci docteur de nous rappeler ce fait. Effectivement, mesdames et messieurs, nous allons tous assister en même temps que notre Steria adoré à un moment charnière de notre histoire. Mais comment cela va-t-il se passer, docteur ?
- Et bien, mon assistante Arlette Burke, ici présente, va connecter ce tuyau à cette valve, ici, sur le grand réservoir, puis je tournerai ce volant. Le faux amour entrera alors dans le tuyau et rejoindra notre nouvelle invention, où il sera transformé en gaz à raison de 1m3 à l'heure. Le débit est encore faible, mais nous allons l'améliorer bientôt. 
- Merci docteur. C'est très intéressant. Nous sommes très impatients. Vous commencez quand vous voulez.
- Merci Li. Arlette, vous pouvez brancher le tuyau. Arlette ? Arlette ? Mais où est-elle passée ? Elle était là y a une minute.
- La voici docteur.
- Mais ce n'est pas Arlette !!! Qui êtes-vous ?
- Je suis membre du front mondial de libération de l'amour. Ne bougez surtout pas ! Mes armes sont létales et je ne souhaite pas vous tuer. Je m'appelle Julie Crunch au fait.
- Julie Crunch ??? LA Julie Crunch ? Celle que toutes les polices recherchent. Mais vous êtes folle ! Donnez-moi vos armes et je vais vous soigner, vous extraire tout ce faux amour que vous portez en vous. Li, aidez-moi à la maîtriser !!!
- Mais elle est armée, docteur. Nous ne pouvons rien faire. Arlette, vous êtes en direct à la télé. Que voulez-vous ?
- Docteur, tournez ce volant ! Et je m'appelle Julie, Li, pas Arlette.
- Tourner le volant ? Mais Julie, si je le tourne, le faux amour va sortir.
- Oui. Allez-y !
- Mais je ne peux pas, c'est extraordinairement dangereux et parfaitement illicite.
- Faites-le ! Maintenant
- Pschittttttttttttttt (bruit du grand réservoir qui se vide)
- Mesdames et messieurs, c'est terrible. Nous assistons en direct au plus grand crime de la nouvelle ère, gloire à Steria. C'est consternant. Quand on pense à tout ce faux amour qui est libéré dans l'atmosphère. La pollution va être incontrôlable. L'amour pur pour Steria va être souillé par un faux amour horrible et malsain. Regardez bien la tête de cette terroriste, mesdames et messieurs. En tant que reporter, je n'ai jamais vu un visage aussi haineux, sans aucun gramme d'amour pour Steria. C'est vraiment très difficile à regarder... Son rictus est... Son sourire est.... Charmante, elle est charmante. Je n'ai jamais ressenti quelque chose d'aussi fort pour quiconque. Elle est belle. Elle rayonne. Je l'adore. Elle est tout le contraire de Steria avec son crâne chauve et ses yeux globuleux. Elle vient de me regarder. Elle est si séduisante. Je vais m'approcher...
- Mesdames et messieurs, l'actualité avant tout, même quand elle est effrayante, c'est notre devise. Mais nous avons dû couper cette retransmission et revenir en studio. Ce déferlement de faux amour dans l'atmosphère est une catastrophe majeure. Nous allons appeler tout de suite le bureau de Steria et la police pour voir comment combattre cette pollution gigantesque.
...
- Allo ? On me dit dans l'oreillette que le nuage de pollution est maintenant sur la ville. Nous vous demandons de rester chez vous et de ne pas ouvrir les fenêtres. Il est possible que le faux amour soit capable de traverser les murs, mais cela n'est pas sûr, n'est-ce pas, Maurice ?
- Écoutez, Marlène, je ne sais pas. Depuis l'accident il y a maintenant 30 minutes, tous les réseaux sont coupés avec les scientifiques présents sur le site. On nous dit que les caméras montraient juste avant la coupure des images insoutenables d'actes d'amour entre eux. Li, notre reporter vedette, aurait même été vu en train d'embrasser Julie Crunch.
- C'est dégoûtant, Maurice. Est-ce que cela risque d'arriver ailleurs.
- Je ne sais pas, Marlène. Ayons foi en Steria. Il trouvera une solution pour éloigner le danger. En attendant nous restons en direct, pour vous informer, mes chers concitoyens... Que nous aimons. N'est-ce pas Marlène que nous les aimons.
- Oui Maurice, nous les aimons de tout notre cœur. Mais dites-moi Maurice, vous êtes très élégant ce soir.
- Vous aussi Marlène. Je dirais même séduisante. Votre bouche en particulier.
- Ma bouche ? Elle est séduisante ? Rapprochez-vous Maurice.
- Smackkkkkkkkk (bruit de succion amoureuse)
...
(Une heure après)
- Tiens ? Quelqu'un a laissé la caméra tourner, tu as vu mon chéri ?
- Oui c'est normal mon amour. Les techniciens sont trop occupés avec leurs amours pour s'occuper d'une caméra ridicule.
- Ah oui, tu as raison. Si on en profitait pour s'embrasser ici devant. Vraisemblablement personne ne regardera, sauf ce gros con de Steria. Ca lui servira de leçon.
- Oh oui !