lundi 31 mars 2014

Lundi 31 mars, la dégelée

C'est vraiment le printemps et les gelées sont loin. Vient le temps de la dégelée. Elle avait commencé dimanche dernier à gauche, elle s'est étendue hier à tout le côté gauche. Endoloris ou atomisés après une paire de claques bien senties, un aller-retour comme on dit dans le milieu, la gauche est KO.

La presse n'est pas tendre évidemment. Vu ici sur myTF1 :


Pourquoi serait-elle tendre d'ailleurs. Toutes les sensibilités se retrouvent contre le gouvernement. Il faut toujours un bouc-émissaire et celui-ci s'appelle Ayrault aujourd'hui. Sa prestation dimanche dernier avait déjà été remarquée comme particulièrement nulle. Celle d'hier soir valait plus par ses silences que par son contenu. On attendait la phrase "je démission" mais lld n'est pas venue, on ne sait pas trop pourquoi. De toutes façons, il faut qu'il démissionne pour qu'un nouveau gouvernement soit nommé, avec plus d'entrain et de communication positive. Il est arrivé souvent qu'un président renomme le même premier ministre après une démission, mais cela serait vraiment une (mauvaise) surprise ce lundi. Ayrault n'a pas du tout démérité, mais il n'a pas su créer la confiance et la dynamique pour relancer le pays.

Un gouvernement plus à gauche, plus social ? Et tant pis si cela fait chuter un peu la note de la France ou si cela fâche Bruxelles. De toutes façons il va y avoir des élections européennes bientôt ainsi qu'un renouvellement des commissaires européens. La tendance est à une victoire des libéraux en Europe, malgré les souhaits à gauche que cela soit le PSE qui gagne. La France sera sanctionnée dans tous las cas. Pourquoi se gêner ?

Quelques îles flottent dans la sauce aigre-douce, comme Paris, même si le Grand Paris lui risque de virer à droite très bientôt, ce qui promet de belles batailles homériques. Faudra-t-il renommer Paris le petit Paris gauche ? A Paris en effet, le IX° où j'habite est repassé de peu à droite, mais est repassé quand même. C'est le seul arrondissement qui change de mains et cela n'a pas été suffisant pour NKM qui se consolera peut-être avec le Grand Paris car les communes de banlieue et de gauche ont vécu des moments difficiles hier. A suivre aussi le Grand Lyon...

Un petit mot pour Fréjus qui est passé Front National avec un jeune qui était opposé à deux barons de l'UMP qui ne voulaient pas s'entendre, genre Clochemerle, avec l'ancien maire accusé de corruption et un de ses anciens seconds qui ont refusé de se désister l'un pour l'autre et même pour un troisième UMP pourtant soutenu par le PS ! C'est un réveil bizarre à Fréjus et dans la ville mitoyenne de Saint-Raphaël, et l'intercommunalité va être sportive. Ca tombe bien, car il y a des arènes romaines à Fréjus et on imagine bien quelques combats de gladiateurs, entre deux glaces sur la plage.

Un dernier petit mot pour Villers-Cotterêts qui passe aussi à l'extrême droite. Pour mémoire c'est dans  cette ville que François a signé la fameuse ordonnance qui consacrait l'usage de la langue française sur tout le territoire. Une ville symbole pour le français. Francois Ier évidemment, en 1539...

PS (si j'ose le dire encore) : le chômage avait explosé la semaine dernière. Cette semaine c'est le déficit ! Vivement la semaine prochaine !!!

dimanche 30 mars 2014

Du temps de cerveau pour… une nouvelle Vingt Tsé-tsé

Il sera une fois une planète Terre touchée par le réchauffement climatique, et plus particulièrement en Alsace.

Les alsaciens étaient plutôt habitués à des températures froides et à beaucoup d’humidité. Depuis le réchauffement, les alsaciens ont très chaud et l’humidité est encore plus présente. C’est plutôt bon pour le vin, se dit Hans. On le vend de mieux en mieux, surtout depuis que le Bordelais et la Champagne ont été touchés par la sécheresse. La famille de Hans est en effet devenue très riche depuis ce temps là et en quelques générations leur fortune s’est embellie avec régularité.

Hans, le chaudalsacien comme on dit maintenant, est donc un homme heureux. Il ne lui manque qu’une seule chose : voir disparaître les cigognes qui ont envahi toute la région et qui sont fixées à l’année sur toutes les cheminées et tous les clochers imaginables, des plus gros aux plus petits.
Au début, il parait que ce phénomène a attiré beaucoup de touristes et de médias, mais maintenant tout le monde s’est habitué à des tas d’effets pervers du réchauffement et plus personne ne s’étonne des cigognes sédentaires en Chaudalsace ou des crocodiles dans la Seine.

Hans n’aime pas les cigognes. Elles salissent tout, et surtout sa maison qui a trois cheminées, donc trois familles de cigognes. Elles ont aussi drastiquement fait augmenter le taux de natalité dans la région, en raccourcissant les délais de livraison des bébés, ce qui encombre les écoles et les crèches et fait donc augmenter les impôts. Hans est richissime mais n’aime pas payer des impôts, et il est convaincu que les cigognes sont la cause de tous ses maux.

Hans est un peu simple d’esprit, il faut le dire. C’est pourquoi il n’a jamais rencontré l’âme soeur. En fait il a failli la rencontrer mais il a été trop bête pour s’en rendre compte. Et maintenant il regarde la fille du serrurier de haut, du haut de ses trois cheminées, elle qui n’en a qu’une. Elle lui jette des regards enamourés, mais comme elle milite pour l’association locale de protection des cigognes, il refuse de la voir. Pour lui, elle n’existe pas.

Hier, il est allé voir le serrurier et lui a demandé de venir poser des grilles et des piques sur ses cheminées pour faire fuir les cigognes. Le serrurier l’a regardé bizarrement et sa fille qui était au comptoir a rougi, mais Hans a annoncé un si bon prix pour ce travail que le pauvre serrurier n’a pu refuser. Et donc, aujourd’hui Hans attend le serrurier pour les travaux.

Vous pourriez dire que Hans est très égoïste et qu’il ne s’occupe que de sa maison, mais c’est sans compter sur l’énergie destructrice dont il fait preuve à chaque fois qu’il y a des cigognes. Hans a eu une autre idée et il a sauté de joie ce même matin quand il a reçu un gros colis dans son courrier. Il s’agissait d’une commande spéciale qu’il avait passée en Afrique : un bocal entier plein de mouches tsétsé, celles qui donnent la maladie du sommeil en piquant les animaux. Hans se propose de lâcher les mouches à midi, à l’heure où les cigognes se rassemblent sur la place du village, pour boire à la fontaine et discuter entre elles. Il espère ainsi que la plupart d’entre elles seront touchées ! Il n’a fait part à personne de cette idée, évidemment, car beaucoup de gens aiment les cigognes.

Lorsque le serrurier arrive, à 10 heures, il est accompagné de sa fille qui l’aide à porter son matériel et qui l’aide ensuite à s’installer sur le toit. Hans les regarde avec plaisir, qu’il est doux de ne rien faire… installé sur son transat dans son jardin, avec son parasol et sa bière fraîche. Une bière légère et sucrée, il est tôt encore !

A côté de lui, les mouches bourdonnent dans le bocal. On les entend nettement à travers le bouchon perforé. Hans s’endort, bercé par ce doux bruit. La fille du serrurier descend du toit et se prépare à rentrer, mais elle décide d’admirer quelques secondes Hans : qu’il est beau ! Elle en est folle amoureuse depuis toute petite. Il est si séduisant. Elle soupire et va s’en aller quand elle remarque le bourdonnement. Elle s’approche. Elle ne comprend pas pourquoi Hans a à côté de lui un bocal plein de mouches qui bourdonnent de plus en plus fort avec la montée de la chaleur. Elle trouve cela choquant et décide, impulsivement, de libérer les mouches, comme une sorte de vengeance pour défendre ses cigognes adorées. Tant pis pour Hans, ça lui fera une bonne leçon.

Le mouches s’échappent en un gros essaim et tourbillonnent autour de la table. Elle recule et s’éloigne. Les mouches se précipitent sur la bière et la terminent en un clin d’oeil, puis elles se posent toutes sur Hans qui sursaute à peine. En quelques instants Hans est piqué par des centaines de mouches. La fille du serrurier se dit qu’elle a peut-être fait une bêtise et elle sort sa baguette magique en fer, forgée par elle-même. En quelques moulinets, elle a fait disparaître toutes les mouches dans un univers parallèle.

Elle regarde Hans. Il dort profondément. Elle appelle son père d’un ton tel qu’il descend tout de suite à ses côtés. Son père lit l’étiquette sur le bocal et comprend que maintenant Hans est parti pour dormir longtemps. Ils décident alors tous les deux de repartir chez eux, en effaçant toutes traces de leur passage. La fille du serrurier est désolée du mauvais tout qu’elle a joué à Hans, mais elle ne peut plus rien y faire. Sa magie ne sait traiter que les animaux.

Une semaine se passe, puis un mois. Tous les jours la fille du serrurier vient voir Hans et s’en occupe. Il dort toujours mais semble aller bien. Les cigognes du voisinage en ont profité pour venir s’installer sur sa grande maison, toujours plus nombreuses. Au bout d’un certain temps la fille du serrurier a construit des structures métalliques pour les accueillir et en quelques mois, le jardin et la maison de Hans sont devenus le plus grand parc de cigognes de toute la Chaudalsace. Hans dort toujours.

La fille du serrurier attend son réveil. Chaque jour elle veille sur lui, sur sa maison, son jardin et ses cigognes. Chaque jour elle l’embrasse sur la bouche, mais il ne bouge pas. Ses baisers ont de plus en plus longs.

Elle a le temps. Il se réveillera bien un jour !



samedi 29 mars 2014

Une heure pour la planète ? et à Paris ?

Comme chaque année à peu près à la même date, c’est ce soir l’opération une heure pour la planète, en plus au moment où l’on change d’heure. On en avait parlé ici l’an dernier.

Que se passe-t-il cette année en France à ce sujet ? Pas grand chose en fait. Ca tombe plutôt mal, la veille du deuxième tour des municipales. La planète n’est pas la préoccupation majeure des français.

A Paris donc les monuments s’éteignent de 20h30 à 21h30. Tous. Tous ? Non, tous sauf un. La Tour Eiffel ne s’éteindra que cinq minutes. Officiellement pour des raisons de sécurité. Mon oeil. On est en pleines célébrations des 125 ans de la demoiselle de fer, qui scintille maintenant toutes les heures depuis son entrée dans le 3° millénaire. Ce haut lieu du tourisme parisien est un symbole plus fort que l’écologie.

On l’a vu d’ailleurs cette semaine avec le développement de l’affaire des cadenas d’amour (souvent vendus par les mêmes vendeurs à la sauvette qui fournissent les touristes en petites Tour Eiffel). L’écologie et le tourisme n’ont jamais fait bon ménage, sauf avec le développement du tourisme « propre », mais c’est une autre histoire.

Donc les monuments de Paris sont dans le noir à l’heure où j’écris. Et les électeurs de Paris aussi.
Votez demain au fait. L’abstention est un drame de la démocratie. Pensez à ceux qui se sont battus pour le droit de vote et à ceux qui se battent aujourd’hui, comme par exemple en Crimée, ou malgré l’annexion par la Russie, les quelques centaines de milliers de Tatars qui y habitent se battent pour avoir le droit de se déclarer communauté autonome. C’est leur terre historique, bien avant Sébastopol et l’arrivée des russes. Seront-ils réprimés, juste pour vouloir voter ?

Une heure pour la planète ? C’est moins qu’un jour pour le hamburger ou n’importe quelle cause mondiale. Il est vrai que la planète existait avant nous. Existera-t-elle comme une planète viable après nous ?

Ah tiens ? Paris se rallume. 9a me rappelle l’heure magique où l’on traversait en voiture la place de la Concorde en été le soir, juste au moment où tous les réverbères s’allumaient. Un moment magique comme seul Paris en procure.


vendredi 28 mars 2014

En Crimée, c'était un exercice !

Poutine vient de faire une déclaration surprenante : « Les événements de Crimée ont été un examen. Ils ont démontré les nouvelles capacités de nos forces armées, et le moral solide des hommes ».

C'était donc ça ! Juste un simple exercice militaire pour vérifier le bon état des troupes. Nous sommes donc rassurés. Quoique.

Quelques conclusions (hasardeuses évidemment, je ne suis pas dans le secret des dieux politiques) :

- Il y avait donc des soldats russes et du matériel russe en Crimée, malgré les dénégations permanentes pendant la "guerre" des autorités poutinesques. Exit donc les milices locales suréquipées et vêtues d'uniformes sans insignes.

- Puisque c'était un exercice, il est maintenant terminé. Mais comme il a très bien marché et que personne n'a pipé mot, pourquoi rendre la Crimée ? Autant la garder, c'est un bonus, une sorte de carotte brandie devant les militaires.

- Quand Poutine parle d'examen, c'est donc comme un rite de passage : sommes-nous prêts pour agir ? sur les plans opérationnels, psychologiques, politiques, diplomatiques, moraux ? La réponse étant oui, on sait donc que l'examen est réussi. Il y a donc diplôme. Et surtout on continue les études pour d'autres entraînements et d'autres examens. Vive la formation continue tout au long de la vie militaire.

- Où est donc le prochain examen ? La Crimée c'est fait. On pense à l'est de l'Ukraine, où 100 000 soldats russes sont massés. Ce sont des soldats qualifiés puisqu'ils ont un diplôme maintenant. On pense aussi au sud-ouest de l'Ukraine, histoire de créer un corridor vers l'Ouest et l'Union européenne, notamment vers le bas de la Roumanie (le Danube) et surtout vers la Transnistrie, cette région de la Moldova qui est pro-russe depuis longtemps, ui a fait sécession et qui vit sous perfusion russe. Ils viennent d'ailleurs de demander (aussi) leur rattachement à la Russie : pas la Moldova hein, juste la petite région à l'est du Dniestr. Poutine a réinventé le vote démocratique sous contrôle de l'armée russe en exercice pacifique.

- Les nouvelles capacités de nos forces armées, a-t-il dit ! Oui c'est sûr. A une époque où la guerre est à distance, avec des avions et des technologies de l'information, la Crimée a été prise à la main par des milliers de soldats. Retour vers les batailles dans les rues des villes ? Retour vers une capacité rapide d'intervention rapide ? retour vers une armée tout simplement, alors même que les forces armées un peu partout se réduisent comme peau de chagrin et sont remplacées par des missiles très chers.

Donc, fin de l'exercice, on siffle la récré... A moins que cela ne soit l'inverse.

jeudi 27 mars 2014

Les linguistes, le statisticien et le banquier

Oyez bonnes gens la fable des temps modernes
et des temps futurs, si doux, si doux,
pour les francophones qui se tapent sur la bedaine
grâce à un avenir où le français sera parlé partout.

Or donc un banquier qui se voulait universel
entreprit de lancer une recherche sérieuse
pour calculer le nombre de locuteurs en français, beaux et belles,
qui vivront en 2050 sur notre planète boueuse.

Ce banquier s'appelait Natixis et produisit ses conclusions
le 20 mars, jour de fête des francophones mais jour ignoré de tous.
Il avait fait appel à un statisticien dont X était le surnom
et celui-ci avait fait de savants calculs, compréhensibles seulement par les fous.

Il en ressortit qu'à cette date, la langue la plus parlée
serait le français ! Adieu anglais, mandarin et ukrainien,
adieu à toutes ces langues en train de s'effacer,
le français dominerait et serait des langages le plus malin.

Las ! Ce statisticien au service de linguistes peu scrupuleux et laids
avait fait des erreurs de calcul et avait posé des hypothèses bidons.
Pour lui, tous les habitants d'un pays francophone parlaient français
comme si tous les belges ou sénégalais connaissaient leurs leçons

Cette étude digne d'un travail de cours élémentaire
fut néanmoins reprise par la presse qui nous informe,
comme si devant la science on devait toujours se taire.
C'est faux, il ne faut pas se taire devant des mensonges énormes.

Que cette morale vous instruise et vous inspire
Quoi qu'on affirme autour de vous.
Ne croyez pas ceux qui parlent du meilleur et du pire,
en manipulant des chiffres de bout en bout.

mercredi 26 mars 2014

ouïr, écouter, entendre (les français)

Conseil des Ministres ce matin, entre sommet mondial pas si mondial que ça et visite d'Etat du président chinois à Paris. Ordre du jour chargé, mais gageons qu'on y a beaucoup parlé d'élections.

Le Figaro cite la porte-parole du gouvernement qui cite François : "Sans attendre dimanche, il convient d'entendre les Français quand ils s'expriment et même d'ailleurs, quand ils s'abstiennent de le faire", a déclaré le chef de l'Etat, estimant, selon Najat Vallaud Belkacem, que "le gouvernement doit tirer une leçon: celle de travailler au redressement du pays avec plus de force, plus de cohérence et plus de justice sociale". 

François a aussi dit : "Il faut des résultats, il faut aller plus vite et être plus cohérent, plus fort. Le temps politique est trop lent. Il faut aussi rassurer. Les gens ne se tournent pas vers ceux qui inquiètent. L'enjeu est économique, mais aussi de vie collective."

Bon !

Ca sent le sapin pour certains ministres au moins (ceux qui inquiètent doivent donc s'inquiéter).

Donc, il faut entendre les français, même quand  ils ne s'expriment pas (c'est-à-dire lorsqu'ils s'abstiennent). Entendre ? Résultats ? En français il y a des subtilités.

Ouïr, c'est être plongé au milieu de bruits et de sons et avoir la sensation physique de les entendre, comme on entend un bruit de fond, des mufles dans le bus en train de causer dans leur téléphone, le bruit puissant de la mer... Ouïr c'est une sensation. Certains sont sourds et n'entendent même pas ces bruits là. Ce sont les mêmes qui ne voient pas et qui feraient mieux de la fermer ensuite, comme les trois singes chinois qui ferment les oreilles, les yeux et la bouche.

Ecouter, c'est porter attention à ce qui se dit. Ca peut rester une écoute polie ou blasée, ou cela peut être une écoute attentive, histoire de comprendre un peu ce qui se passe. On écoute les leçons du professeur en classe (enfin... pour certains) et on écoute de la musique (enfin pour certains). Ecouter, c'est bien mais on ne peut pas écouter tout le temps tous ls sons. Il faut séparer le signal du bruit, les choses importantes des autres qui redeviennent alors du bruit qu'on se contente d'ouïr au mieux, comme les déclarations pipotronesques de certains politiques qui répètent tout le temps la même chose.

Entendre, c'est comprendre. Comprendre ce que l'autre veut dire même quand il ne vous parle pas, même quand il parle aux autres. Tous ne sont pas égaux mais il est important de ne pas toujours entendre les mêmes, surtout quand on a le pouvoir. Les courtisans existent toujours à notre époque, ainsi que les conseillers qui ne cherchent qu'à garder leur place ou à débiner le voisin. Entendre, c'est difficile. Ca suppose très souvent un dialogue d'ailleurs, histoire de reformuler ce qu'on a entendu et de vérifier qu'on s'est bien compris. Entendre, c'est bien.

Et les résultats ? Il y a deux sortes de résultats : ceux qui seraient arrivés quoi qu'on fasse, et ceux qui sont le résultat de nos actions, à plus ou moins court terme. Quand on ne parle que des premiers résultats, ou quand on ne promet que des résultats à long terme, bien au-delà de la période où l'on exercera le pouvoir, on ne risque pas grand chose : même pas besoin d'agir, juste de parler en espérant que quelqu'un vous ouïr, vous écoutera ou même vous entendra. Pour les deuxièmes résultats, il n'y a qu'une solution : agir !

Agir ? C'est la feuille de route du prochain gouvernement ? Rendez-vous en avril a dit François, et pas le premier on espère.

mardi 25 mars 2014

Calculons en glocal : 8 - 1 = 6

Rassurez-vous la semaine des maths est terminée.

Hier et aujourd'hui, à Bruxelles, un G8 extraordinaire à plusieurs points de vue :

- Il a été convoqué à cause de la crise en Ukraine et de l'annexion par la Russie de la Crimée. Le G8 a souvent été accusé d'être un gros machin de marketing politique entouré d'un appareil encore plus gros de conseillers produisant des rapports qui dépeuplent nos forêts. Cette fois, ils ont décidé d'agir à chaud, puisqu'il y avait un ordre du jour par ailleurs prévu sur la sécurité nucléaire (un bel oxymore n'est-ce pas ?). Un retour aux origines ?

- Il se tient à 7 puisque la Russie en est exclue. Retour aux origines là encore. Depuis une quinzaine d'années, le Russie avait été invitée à ce G7+1, mais au fond ce Sommet restait un Sommet occidental. Il l'est redevenu hier. Ca ne chagrine pas les russes en surface. Les enjeux mondiaux se traitent ailleurs, dans un G20 étendu à tous les BRICS et autres Etats moins historiquement liés. Exit donc le G8 et retour au G7, basé sur le G6 de Giscard... en 1975 et le G5 initial et informe(l).

- Pour le deuxième jour, aujourd'hui, ils ne sont plus que 6 puisque François est rentré "en catastrophe" à Paris - Bruxelles c'est loin - pour gérer la crise après le premier tour des municipales, catastrophique pour la gauche : il ne pouvait pas laisser Ayrault seul au commandes d'un bateau sans gouvernail et sans porte-voix. Une petite reprise en mains s'impose. Le G7-1 va donc condamner la Russie de diverses façons. Obama est très remonté et même les européennes les plus pro-russes, comme les allemands et les anglais, ont compris qu'il fallait agir.

- Le vrai G8 ou plutôt G7 aura lieu en juin et à Bruxelles, non à Sotchi. A moins qu'on ne revienne à un G8 avec la Chine à la place de la Russie ? Ca serait une belle sortie ;) Ah zut, il y a le Japon dans le G8-1 et ils sont aussi quasiment en guerre sur certains territoires. Rien n'est simple...

A propos de Chine, François n'a pas beaucoup de temps pour réagir et faire des annonces avant le deuxième tour, ni pour préparer le futur remaniement. Le président chinois est en visite officielle pour deux jours à partir de demain et cela va évidemment l'accaparer. Circulation complexe à prévoir à Paris, mais aussi à Lyon. François espère une relance des relations économiques. Montebourg y sera-t-il en polo rayé bleu et blanc, ou alors en barboteuse rose ? Je penche plutôt pour un costume gris anthracite standard, vu le temps et les résultats électoraux.

Le président chinois et sa femme viendront-ils sur le Pont des Arts laisser un cadenas d'amour ? J'espère que non, il y a ce matin un article instructif sur ce sujet dans 20minutes. D'ailleurs en extrême-orient, il y a des traditions millénaires pour célébrer l'amour ou les ancêtres, mais toutes passent par de l'éphémère : lancer un petit bateau en papier sur une rivière avec une bougie dedans, en sachant très bien qu'elle va disparaître et se "biodégrader" très vite. Tout le contraire des cadenas parisiens, souvent fabriqués en Chine d'ailleurs...

Vieux cadenas chinois du 17° siècle... Au moins il est beau !

Et au fait, le "glocal" c'est un raccourci pour le global-local : le local au service du global et inversement ! Penser globalement et agir localement, tout un programme particulièrement adapté à une semaine entre deux tours d'élections...locales.

lundi 24 mars 2014

La France redevient normale en Europe

Coup de bambou sur la tête pour la gauche après le premier tour des municipales. Coup de bambou prévu évidemment, mais coup de bambou beaucoup, beaucoup plus fort que prévu !

Les quelques arguments invoqués hier soir sur les plateaux télé d'une soirée électorale plus bleue que rose étaient convenus : à gauche on parle de scrutins locaux (avec quand même une baisse tendancielle plus ou moins assumée), de signaux reçus (ah bon ? par qui et lesquels ?), de mobilisation pour le second tour (allo, les abstentionnistes de gauche ?) et chez les verts d'un mouvement fort pour l'écologie (quand elle n'est pas associée au PS)... à droite on parle de gifle pour le gouvernement et on brandit les victoires réelles et symboliques en promettant mieux la prochaine fois (au second tour)... à l'extrême droite on parle de victoire historique et d'enracinement, de fin du duopole umps...

Le Premier ministre a été nul, dans son intervention. Les seuls qui avaient le sourire étaient Marine et ses sbires. J'ai juste envie de vous montrer deux cartes comparant 2008 et 2014 et un souvenir :


C'est le rapport gauche-droite en 2008 et 2014. Pas besoin de rentrer dans les détails pour voir la progression de la droite (toutes nuances confondues, du centre à l'extrême). Il n'y a pas beaucoup d'endroits passés de bleu à rose (ah, si, en bas à gauche).

Ca me rappelle une autre carte il y a dix ans quand la gauche avait raflé toutes les régions sauf l'Alsace et que 20 minutes avait montré une France rose sauf cette région :


On est passé d'en haut à droite à en bas à gauche...
Mais comme dit Hidalgo, Fluctuat nec mergitur.


Une autre carte qui montre simplement la croissance du nombre de villes où était présent le Front National. Quasiment 600 cette année. Vous en pensez ce que vous voulez, mais qu'on ne vienne pas dire après que le FN ne fait que des scores "nationaux".

A ce titre, la France se range de plus en plus dans le camp des pays européens où l'extrême droite est permanente et influence la politique plus ou moins fortement. Le village gaulois résistait... jusqu'à hier. On attend avec impatience les élections européennes et le signal que le France enverra à elle-même, à l'Europe et au monde. Pour le remaniement on en parlera la semaine prochaine.

dimanche 23 mars 2014

Du temps de cerveau pour... une nouvelle Vin de Sixtine

La jolie bibliothécaire avait mal aux fesses. Elle était assise depuis le matin sur cette chaise horrible qui devait dater de deux siècles. C'était son premier jour et elle voulait absolument faire bonne impression. Elle avait besoin de ce travail et il n'était pas question qu'elle risque de le perdre dès le premier jour.

Le bibliothécaire en chef lui avait bien fait comprendre à son arrivée qu'il n'avait pas été associé à son recrutement et lui avait aussitôt demandé de saisir des piles et des piles de fiches dans l'ordinateur vieillot qui se trouvait sur ce petit bureau à l'écart, face à une fenêtre. Le contre-jour avait été très fort le matin et heureusement un peu moins l'après-midi. Elle avait un objectif de trois cents fiches à saisir et il lui en restait vingt-six. Elle ne s'était levée que trois fois, pour les pauses pipi et déjeuner obligatoires. Elle attendait maintenant la fin de la journée. Si tout continuait comme ça, elle devrait finir ses fiches à temps.

Mais elle avait décidément trop mal aux fesses. Elle jeta un rapide coup d'oeil vers le bureau du "chef". Il n'était pas là. Elle se décida rapidement et se leva d'un bond. D'un bond ? C'est le mot. En se levant sa chaise tomba et se cassa en deux, tout en déchirant son collant. Julie, la jolie bibliothécaire, regarda le désastre avec effarement. Horreur, malheur ! Elle se précipita pour remettre la chaise d'aplomb. Il était impossible de la remettre en état. Il lui fallait une ficelle, au moins.

Julie était une jeune femme moderne et décidée. Elle eut une idée digne de Leonard de Vinci. Elle enleva vite son collant filé et bricola en vitesse une attache entre les deux parties de la chaise, puis se rassit juste au moment ou le chef franchissait la porte. Elle se remit au travail pour les vingt-six dernières fiches. Elle souffrait le martyr. Son mal aux fesses était pire qu'avant mais elle ne pouvait plus bouger maintenant. Vingt-cinq.. vingt-deux... dix-neuf... douze... sept...trois...

Julie ne sentait plus rien sauf ses doigts qui bougeaient sur le clavier. Deux... Une ! Julie venait de terminer la dernière fiche quand la sonnerie retentit. Elle avait réussi ! Elle était fière d'elle. Elle prit un moment pour respirer et s'appuya légèrement sur le dossier. Au même moment, elle sentit une main sur son épaule. Elle sursauta et, évidemment, la chaise se cassa derechef. Julie tomba par terre et s'évanouit, la tension avait été trop forte. Tout ça pour rien !

Quand Julie se réveilla, elle était allongée par terre. Le "chef" était à côté d'elle, allongé aussi et visiblement évanoui, avec de la mousse au coin des lèvres. Aucun bruit. Julie regarda à droite et à gauche, puis ôta son collant des morceaux de la chaise qui était tombée sur son chef et le renfila. Ensuite elle se releva, lissa sa jupe, vérifia que l'ordinateur avait bien enregistré ses fiches et sortit. Sans un regard pour le corps étendu par terre. Elle salua la personne de l'accueil et lui dit : "A demain".

Quand elle revint le lendemain, reprendre son travail, le Directeur la reçut. Un accident était semble-t-il arrivé au "chef" et ils avaient dû l'interner. Le directeur lui proposa de les dépanner en prenant sa place. Julie accepta avec plaisir et une augmentation. Elle avait changé de collant. Celui-ci n'était pas enduit de poison maya. Elle n'en aurait pas besoin aujourd'hui. Et en plus, le fauteuil du chef était très confortable.

samedi 22 mars 2014

Ecouter, chômer, verbes du premier tour

Samedi tranquille en France. Une veille d’élections c’est souvent le cas.

Il y a des remous encore suite à la tribune de Sarkozy dont on a parlé hier ici. Tout étant dans tout, chacun soupçonne l’auteur d’avoir soupesé ses mots et choisi l’instant. En tous cas, il a réussi son coup. C’est une rentrée politique fracassante (même s’il écrit lui-même qu’il ne rentre pas « aujourd’hui ». La droite le soutien. Certains, bien obligés, le font du bout des lèvres, mais on a bien ici la preuve que la seule et vraie référence à droite reste Sarkozy, dans l’opinion publique, les leaders de l’UMP et d’ailleurs à droite et les médias.

On attend maintenant ses positions sur d’autres sujets plus importants. Z l’Artiste nous revient pour l’occasion avec un dessin bien calé ;)


Les vrais sujets ? Le chômage évidemment. Les négociations en cours entre patronat et syndicats semblent avoir abouti, au moins pour les deux prochaines années, avec un accord équilibré selon certains et trop en faveur de l’autre pour chacune des parties non signataires. Il n’en reste pas moins que cet accord peut devenir officiel, une fois ratifié, car il a rassemblé au moins 3 syndicats et le patronat.

La notion de droits rechargeables permettra(it) aux chômeurs qui interrompent pour de courtes périodes leurs temps de chômage de retrouver leurs droits antérieurs, alors qu’aujourd’hui c’est un retour en arrière assez dur. Inversement, les hauts cadres qui bénéficient de fortes indemnités de départ, souvent après une négociation à l’amiable, auront maintenant une période de carence d’au moins six mois sans indemnité. La CGC n’a pas signé l’accord, mais la CFTC si. Bizarre ;) Il s’agit d’une concertation suivant la méthode François. Personne n’est vraiment content mais tout le monde souffle. En tous cas, des millions de français sont concernés.

Bon, pour les autres sujets, on laissera ceux-ci à d’autres…blogs ;)

En tous cas les estimations vont bon train pour le premier tour demain. Les estimations et résultats ne seront diffusés qu’à partir de 20 heures. En 2012, pour la présidentielle, Twitter avait été envahi par des tweeds bizarres à base de recettes de « Le flan est au four », « le nain chausse du 26 », si, si… Que vont-ils inventer cette fois ? Rappelons quand même qu’il est illégal de publier quoi que ce soit avant dimanche 20 heures sur ces sujets.


vendredi 21 mars 2014

Une tribune à la con

Sarkozy n'a jamais été con. La publication de sa tribune guerrière dans le Figaro aujourd'hui n'en est pas moins une connerie. La lire ici en intégral (sur le site du Monde).

Sarkozy est à la fois un citoyen comme les autres et un pas comme les autres. Comme les autres, il est soumis à la justice et aux mesures prises par des juges. La justice comporte suffisamment de verrous pour s'auto-réguler. Certains de ces verrous ont été introduits par François depuis son élection dans ce souci de transparence qui l'anime, alors que les mesures prises par la justice - dans le cadre de ces fameuses écoutes - ont été rendues possibles car Sarkozy en a voulu, à l'époque. Sarkozy ne doit pas être traité mieux ou moins bien que d'autres citoyens. Comme c'est un homme important, il parle à d'autres gens importants et les sujets qui intéressent la justice sont donc plus importants. Mais on parle ici de sujets abordés, d'affaires et d'instructions en cours, pas des individus eux-mêmes.

Sarkozy par contre n'est pas un individu comme les autres. Il a été président de la république et ministre, et il pourrait vouloir le redevenir. En ce sens, comme individu, il définit un peu le modèle de société en laquelle il croit et pour laquelle il se bat. Il sert de modèle (ou d'anti-modèle). Il n'est pas un citoyen normal, mais un citoyen qui propose une norme.

De ce point de vue, sa tribune est idiote. Un geste raté dans l'espoir de reprendre la main ou de détruire tout derrière lui, comme Attila ou Berlusconi. En lisant ce texte, on a l'impression d'un geste de colère, pas du tout maîtrisé. On n'a pas l'impression d'une stratégie patiemment construite de retour au pouvoir, alors qu'il donnait depuis longtemps cette longtemps de construire un tel come-back. Les arguments sont bizarres, pas réfléchis et facilement démontables. Certains sont tellement outrés qu'ils détruisent tout le propos. C'est typique d'une colère qui vous submerge et qui vous fait faire des conneries. On aurait pu penser que Sarkozy se maîtrisait mieux, mais c'est bon à savoir.

Evidemment, à trois jours du premier tour des municipales, cette tribune vise aussi à créer un sursaut de fierté droitière chez ses électeurs, et ne rigolez pas, mais ça peut marcher. Lorsqu'à l'été dernier les dettes de Sarkozy ont été remboursées par un appel public aux dons de la part de l'UMP, ça a marché. Il faudra d'ailleurs recommencer l'été prochain, ne l'oubliez pas, et ce pendant plusieurs années. Les dons sont arrivés et Sarkozy a pu vérifier sa popularité dans son camp. En obligeant les électeurs de droite à se mobiliser pour le sauver, envers et contre tout, Sarkozy espère donner un coup de fouet à une campagne électorale grise.

J'ai envie de dire une chose aux électeurs de gauche ou d'ailleurs qui ne sont pas des groupies de Sarkozy : réfléchissez un peu et allez voter en masse contre un parti (l'UMP) qui a de la France la vision que Sarkozy nous offre à travers sa tribune : une vision de haine et de colère, une vision de non transparence et une vision où la justice n'est pas un pouvoir égal du législatif et encore moins de l'exécutif omnipotent. L'abstention est le plus sûr allié de ce type de démocratie.

Ce matin, dans le Figaro, Sarkozy a enfilé un costume qui va lui coller à la peau : le Sarkozine

jeudi 20 mars 2014

20 mars heureux et francophone

Le 20 mars, il y a le printemps pas loin (même si en France les météorologues considèrent que le printemps arrive le 1er mars...) surtout quand il y a du soleil (couvrez-vous quand même).

Le 20 mars c'est la journée internationale du bonheur ! (Ah bon ? C'est nouveau, ça vient de sortir, soyons heureux. Cette année ça tombe en plein milieu de la semaine des mathématiques. Hum. Maths et bonheur c'est un oxymore pour beaucoup d'enfants et d'adultes encombrés de mauvais souvenirs. Pourtant les maths c'est bien. Bien sûr le bonheur c'est encore mieux !

Un petit exercice de maths pour vous démontrer en quelques phrases que la racine carrée de 2 n'est pas une fraction. En clair ça veut dire que le nombre x (évidemment, les inconnues s'appellent toujours x) qu'il faut multiplier par lui-même pour faire 2 ne peut pas s'écrire sous la forme d'une fraction, comme 3/4 ou 1627384/364523 (au hasard évidemment). Les matheux disent donc que l'équation x=p/q est impossible (p et q étant deux nombres entiers normaux). On applique un raisonnement par l'absurde pour résoudre ce problème : en partant de cette hypothèse on va essayer d'arriver logiquement à une conséquence fausse. Comme on ne peut pas déduire du faux à partir du vrai, il s'enduira alors logiquement que notre hypothèse de départ (x=p/q) était fausse CQFD.

Donc on suppose que x=p/q, avec p et q des entiers (les plus petits possibles pour avoir la fraction la plus simple et réduite possible)
On sait que x*x=2 (puisque x est la racine carrée de 2).
donc (p/q) * (p/q) = 2
donc (p*p) / (q*q) = 2
donc p*p = 2*(q*q), donc p*p est un nombre pair puisqu'il est un multiple de 2.
donc p est pair, donc p=2*n par exemple
donc p*p=2*2*n*n=4*(n*n)
donc 4*(n*n) = 2* (q*q)
donc 2* (n*n) = (q*q), donc comme au-dessus, q*q est un nombre pair
donc q est aussi pair donc q=2*m par exemple
donc p/q = (2*n)/(2*m)
donc p/q=n/m avec n et m plus petits que p et q, ce qui est impossible puisqu'on avait pris les nombres p et q les plus petits.

Ouf, vous allez bien ? Vive le bonheur.

Le 20 mars, c'est aussi la journée de la Francophonie, partout dans le monde et en France aussi.
François était en visite surprise ce matin au siège de l'Organisation internationale de la Francophonie.
J'ai pris quelques photos. Pas de discours public, mais c'est un signe encourageant pour la francophonie.  Cette année, en novembre, lors du Sommet de la Francophonie, un nouveau patron sera élu par ses pairs (démocratiquement ?). C'est donc le dernier 20 mars pour Abdou Diouf, actuel Secrétaire général et ancien président du Sénégal... où se tient justement son dernier Sommet.

Les photos montrent au moins que François croit à la Francophonie et qu'il nage dans le bonheur. Pour les maths, je ne sais pas, pas eu le temps de lui poser la question...











mercredi 19 mars 2014

Corruptions

Tiens, un petit article intéressant à lire et qui nous avait échappé. C'est ici, sur Novethic. On y parle de la corruption dans le milieu des grandes entreprises et des marchés publics. La Commission européenne s'alarme de ce phénomène qui fait perdre de l'argent à tout le monde (sauf aux corrompus). C'est un phénomène européen, mais la France "peut mieux faire" comme on dit en termes diplomatiques.

Le rapport de la Commission européenne sur la France (en pdf) est instructif (il date de début février). Je ne résiste pas au plaisir de vous en citer un petit extrait : "La petite corruption ne semble pas problématique en France. À l’inverse, la politique française est la cible d'allégations de corruption et de népotisme, qui viseraient même des hommes politiques de haut rang et des agents publics. Les autorités françaises ont reconnu l'existence de problèmes sous-jacents et ont défini les mesures à prendre pour remédier à ce que le gouvernement avait qualifié de «crise de confiance». Bien que la France ait récemment légiféré sur les conflits d’intérêts, elle ne s'est pas attaquée aux risques liés à la corruption dans le secteur des marchés publics et dans les transactions commerciales internationales. Par ailleurs, le financement des partis reste une matière dans laquelle des améliorations législatives pourraient contribuer à l’intégrité".

Vous remarquerez que la corruption "politique" et la "crise de confiance" occupent une belle place dans ces conclusions ! Par opposition à la "petite corruption", la "grande" est beaucoup plus problématique : elle alourdit les charges des entreprises et des collectivités publiques, de la commune à l'Etat, et elle fait sortir du circuit des impôts et taxes des montants importants qui pourraient être utilement injectés dans l'économie, et elle sape la confiance dans les décideurs. Si le sujet vous intéresse, il y a également le site de "Transparency International France", en français.

La France adore donner des leçons au monde. Sur le sujet de la corruption, elle n'est pas crédible. François l'a bien compris en voulant redonner une transparence à la vie politique et en en faisant un de ses chevaux de bataille. Cette politique est totalement sous-estimée en France, car tout le monde croit que cela ne nous concerne pas ou que c'est "normal" (à ne pas confondre avec un président normal ;) donc inévitable. A l'international, dans les milieux économiques et diplomatiques, c'est au contraire une politique reconnue, car finalement elle augmente la crédibilité et la fiabilité de la France.

Les affaires Sarkozy (en cours d'enquête ou devant la justice) feront peut-être prendre conscience aux français que c'est aussi un sujet important chez nous, à ne pas traiter à la légère. Mediapart a lancé ce matin un pavé dans la mare en publiant des textes, censés être extraits des conversations entre Sarkozy et son avocat. Si ces textes s'avéraient exacts, et seule la justice (heureusement de plus en plus indépendante) le dira, il s'agirait alors d'un exemple concret de corrupteurs pris la main dans le sac. C'est une petite affaire évidemment : il n'y a pas mort d'homme et pas de fortunes planquées ici ou là. Mais placée au plus haut niveau de l'Etat et entre avocats ayant prêté serment, c'est un symbole. Même en Italie il y a eu des opérations "mains propres" et des condamnations (Berlusconi par exemple).

Evidemment, il faut s'attendre à toute une batterie de réactions : des cris d'orfraie, des dénonciations de chasse à l'homme, des procédures pour porter plainte, des détournements d'attention. Pourquoi pas, la preuve que tout ceci est faux, d'ailleurs. A quelques jours d'élections municipales très importantes pour la vie locale et quotidienne de la plupart des français, rappelons-nous que les dirigeants sont avant tout des personnalités, en qui nous espérons pouvoir avoir confiance, au moins sur ces plans là. Les petits arrangements banals entre amis ne doivent pas nous faire faire des amalgames du genre "tous pourris". Ils doivent nous éclairer sur la distance entre les discours et les actes. Prendre un peu de recul pour observer les responsables politiques et les candidats ne peut que nous redonner le goût de la politique et de son importance.

Comme l'écrit très bien Racine dans Polyeucte, acte I, scène 1 (et comme l'ont si bien dit des générations de grands acteurs avec l'intonation bien placée) :
"Et le désir s'accroît quand l'effet se recule".


mardi 18 mars 2014

Circulation alternée : la Crimée change de pays.

C'est fait. Poutine a gagné pas mal de kilomètres carrés pour son pays. La Crimée vient de changer de fuseau horaire et dépend maintenant de celui de Moscou (tant pis pour les poules et les agriculteurs). Poutine a signé le décret de rattachement à la Russie. Obama et Hollande protestent. Les anglais et les allemands les laissent en première ligne et ne bougent pas (trop d'intérêts communs avec les russes). Les autres pays sont encore plus contents de ne rien dire. L'Europe de l'Atlantique à l'Oural à vécu ;)

A qui le tour ? D'abord quelques autres régions ukrainiennes, puis d'autres anciennes républiques soviétiques, pourquoi pas ? Vu l'inertie des pays européens, pourquoi se gêner ? 2014, une date à se rappeler si vous êtes jeune : le retour de l'expansion russe. A lire d'ici quelques années dans vos livres d'Histoire favoris. C'est le début d'une guerre, au vrai sens du terme.

A Paris, on n'a eu droit lundi qu'à un seul jour de circulation alternée et tout est redevenu normal ce mardi. En Crimée, pas de retour à la normale donc. Ou plutôt, le normal c'est maintenant.

A Paris ceux qui protestaient contre cette circulation alternée se sont tus, honteux, en constatant que le sens civique des automobilistes a bien fonctionné en très grande majorité, et en constatant qu'il n'y avait quasiment pas de bouchons. On se croyait presque au mois d'août. Paris retrouve des charmes dans ces moments-là... En Ukraine, le bâton russe est passé après la carotte européenne et en Crimée les protestations sont très silencieuses maintenant. Il doit y avoir plus d'hommes armés pro-russes que de manifestants.


A Paris, on alterne ce mardi les voitures avec les manifestants : manif en effet des syndicats opposés au pacte de responsabilité. En Crimée, manifestations de joie des pro-russes qui se félicitent du nouveau partage des responsabilités : Poutine s'est dit « trompé » par les Occidentaux, qui ont franchi « une ligne rouge. Ils ont été irresponsables ». 

Le mot responsabilité est un mot valise : chacun y met ce qu'il veut !




lundi 17 mars 2014

Les médailles de Poutine

Bravo à Poutine !

Il avait déjà dominé les JO de Sotchi. Il a gagné brillamment les Jeux Paralympiques de Sotchi également. Les cérémonies d'ouverture et de clôture sont maintenant achevées. Sotchi peut redevenir une ville normale, prête à accueillir un G8, un Grand Prix de Formule 1, une coupe du monde football et pourquoi pas un gouvernement mondial à la ONU revisitée. Sur le plan événements, Poutine a donc démontré que tout allait bien, à coup de milliards de roubles évidemment, mais qui s'en préoccupe ?


Il a dominé la Crimée et bientôt l'Ukraine sans coup férir. Un joli référendum à plus de 96% édicté par un parlement local qui n'a pas le droit d'en tenir un. Aujourd'hui tout le monde attend la demande officielle de rattachement à la Russie par ce même parlement qui n'en a pas le droit. Tout le monde attend aussi les sanctions internationales qui vont avec, puisque personne d'autre que le indéfectibles alliés de Poutine ne reconnaît ce vote. On menace même de ne pas tenir le G8 à Sotchi. Je tremble et je suppose que Poutine a tellement peur qu'il n'ose plus parler. Un G7 donc ? Et où ça alors ? A Londres, évidemment, car benoîtement les anglais souhaitent profiter de la situation, eux qui freinent pour éviter que l'Europe sanctionne trop lourdement la Russie de Poutine. On a découvert à cette occasion que les anglais et les allemands ont tellement d'intérêts communs avec la Russie qu'ils sont réticents. Ah ! Grandeur et décadence de la diplomatie pure ;)

L'auto-détermination est un concept juridique complexe. L'ONU a une position étrange sur ce sujet : elle permet l'auto-détermination pour des peuples qui ont été soumis à plus fort auparavant (colonisation ou annexion par exemple), mais l'interdit aux autres. Certains juristes pensent que tout le monde devrait avoir droit à l'auto-détermination, la Crimée par exemple, mais aussi les corses, les basques, les flamands, même si les constitutions locales l'interdisent. Il est clair qu'une telle vision ouverte ouvrirait une jolie boite de Pandore, à l'Est évidemment - quid des autres régions russophiles d'Ukraine et même des autres anciennes républiques soviétiques - mais aussi un peu partout. On sent la "communauté internationale" plus que réticente à ce sujet. Même la Chine se désolidarise de la Russie sur ce coup, même si tout cela est emballé diplomatiquement dans une feuille de riz habilement entortillée. La Russie, elle, rappelle le précédent du Kosovo et remet l'Europe devant son miroir. Puisque l'Europe a fait comme ça, pourquoi je ne ferais pas pareil ?

Il faut dire que la campagne électorale en Crimée a été plutôt unilatérale, comme en témoigne cette affiche par exemple. Le choix entre une Crimée russe et une Crimée sous domination nazie est en effet tout à fait objectif.


Quelles sont les prochaines étapes pour Poutine ? Il ne peut pas se permettre d'attendre trop longtemps. Il doit y avoir des élections aussi en Russie un de ces jours. Va-t-il nous refaire le coup de l'alternance Président - Premier ministre, ou va-t-il trouver un truc mieux et plus pérenne ? Il serait plus simple de créer une Union Russe, dont il serait le chef à vie. Il ne resterait plus qu'à trouver un nom pour ce poste : président, tsar et roi sont déjà pris. Chef serait bien, ou лидер (qu'on prononce Leader).

Sinon, c'est aujourd'hui la Saint-Patrick. La fête des Irlandais (qui ont battu les français et remporté le tournoi des VI nations au rugby). C'est donc une journée à bière (et pas à la vodka frelatée)...


dimanche 16 mars 2014

Du temps de cerveau pour... une nouvelle vin de zinc

Julia se regarde dans la glace. Elle vient de finir de se préparer et se regarde d'un oeil critique. Tout doit être parfait se dit-elle. Comme d'habitude. Des cheveux impeccables, retombant en boucles savantes sur son visage finement maquillé, avec quelques pointes de couleurs pour remodeler son visage et pour mettre en valeur ses yeux verts et sa bouche pulpeuse. Elle ne trouve rien à redire. Elle a particulièrement bien réussi son maquillage et les boucles d'oreille que Julio (prononcer Roulio) lui a offertes hier vont très bien avec son collier de perles et sa petite robe noire.

Ce voyage de noces a été parfait. Une semaine à Paris dans un petit hôtel romantique dans l'Île Saint-Louis. Un temps merveilleux. Du bon Champagne. Et de belles promenades le long de la Seine entre deux retours dans leur chambre. Aujourd'hui, c'est leur dernier jour à Paris et il ne leur reste plus qu'à aller accrocher leur cadenas d'amour sur la Passerelle des Arts. Un geste symbolique, un geste fort, une manière de figer l'éternité ici et de savoir qu'il restera toujours une petite partie d'eux ici.

Julia se sent très féminine aujourd'hui. Il est déjà tard évidemment, mais ils auront le temps d'aller accrocher leur love lock avant le déjeuner dans un grand restaurant parisien, sur une terrasse verdoyante à Montmartre. Julia revient dans la chambre et embrasse Julio qui est prêt. Il est très beau lui aussi. Julia est très amoureuse, encore plus que le jour du mariage, il y a déjà 7 jours. Julia fait quand même attention à ce que Julio ne la décoiffe pas et ils descendent sur le quai. Julia demande à Julio de lui montrer encore une fois leur cadenas. Il est très mignon, se dit-elle. Un peu gros peut-être mais ils voulaient faire graver dessus leurs noms et un poème de Yeats. Ca ne tenait pas sur un petit cadenas. Ils ont fait un compromis en en prenant un plus gros et ne copiant qu'une strophe. Les lettres dorées sur le fond rose du cadenas sont très jolies. Julia est très fière d'avoir trouvé ce cadenas unique sur Internet.

Ils arrivent au bout de la Passerelle des Arts. Ils ne sont encore jamais venus ici, car ils voulaient garder la surprise pour leur dernier jour. Ils gravissent quelques marches et sont sur le Pont. Tout ça mérite bien un baiser langoureux et quelques minutes se passent. A Paris les amoureux s'embrassent tout le temps, mais ceux-ci sont particulièrement beaux et sophistiqués et quelques passants se retournent.

Julia regarde les garde-corps du pont et écarquille les yeux. Il y a déjà énormément de cadenas attachés. Ils avancent, tous les deux un peu choqués. Ils ne disent rien. Arrivés à l'autre bout, juste devant une grande coupole dorée qui les regarde d'un air hautain, ils se font haranguer par un vendeur de cadenas qui leur vante ses tarifs les plus bas du marché. Ils font demi-tour et reviennent au milieu de la Seine. Tous les espaces sont occupés par des cadenas, la plupart rouillés. Beaucoup sont attachés à d'autres cadenas, car il n'y a visiblement plus de place pour les attacher directement. Julia trouve ça moche. En plus elle a vu plusieurs fois le même cadenas "unique" que le leur. Ils sont au milieu du pont et Julia a l'air un peu désespéré. Elle sent la magie qui l'entourait s'étioler. Ce n'est pas possible. Il faut réagir. Julia repère un lampadaire au milieu du pont. Lui aussi est couvert de cadenas mais tout en haut il y a de la place, juste au-dessus de la lampe. Elle regarde Julio. Julio la regarde et comprend. Il l'embrasse, prend le cadenas et monte sur la rambarde.

Lorsque Julio glisse et tombe, Julia a le coeur qui s'arrête. Mais Julio est tombé sur une péniche qui passait sous le pont. Une péniche peine de sable très fin. Julio n'a rien et agite la main vers Julia qui saute à son tour. Ils sont maintenant tous les deux enlacés dans le sable fin et voguent sur la Seine vers la mer. Le cadenas a disparu. Tant mieux. Seul leur amour compte, et pas les symboles rouillés qui enlaidissent les ponts de Paris.

En voyant ce couple, tous les cadenas du pont des Arts et des autres ponts de Paris se détachent et s'envolent vers la mer. En vol ils se regroupent et attirent tous les cadenas du monde. Ils forment petit à petit une statue, une très belle statue à l'image de Julia et de Julio, enlacés. Les cadenas cherchent un endroit merveilleux pour se poser et décident de revenir à côté du Pont des Arts qui a retrouvé son éclat, pour que les amoureux du monde entier n'oublient jamais Julia et Julio (prononcer Roulio).


samedi 15 mars 2014

Yes ICANN

Nouvelle fondamentale tombée hier sur l'avenir de l'Internet, à propos de l'ICANN. Tentatives d'explications à plusieurs niveaux ci-dessous. En résumé, tout sera différent mais pas tout de suite.
On a déjà parlé de l'ICANN ici, en juin 2012, et lisez cet ancien article si vous voulez savoir ce qu'est ce machin.

Pour ceux qui savent ce que veut dire ICANN, IANA, DNS et UIT :

Le gouvernement américain a donc annoncé qu'il demandait formellement à l'ICANN de mettre en place une nouvelle gouvernance mondiale autour du root, de l'IANA et bien sûr de l'ICANN. Le contrat actuel courait jusqu'à septembre 2015 et ne sera pas renouvelé. L'ICANN cherche déjà des locaux à l'étranger, on parle de Genève où plusieurs organisations internationales sont présentes, comme l'ONU, l'UIT ou l'OMPI. Le nouveau patron de l'ICANN, venu du Sud, y est très favorable et les nombreux contacts qu'il développe un peu partout vont tous dans ce sens, dans les démocraties comme l'Europe, le Brésil ou l'Inde, comme dans d'autres pays tels la Russie ou la Chine.

C'est évidemment aussi un effet secondaire de l'affaire Snowden dont on parle régulièrement ici. Les actions menées à partir du sol américain (l'ICANN est basée à côté de Los Angeles) sont sous la tutelle du "Department of Commerce" et la NSA peut facilement les surveiller.

Le fameux modèle "multi stakeholders", associant de multiples parties prenantes, qui est à la base de l'ICANN a toujours été en conflit avec le modèle US pur ou avec le modèle étatique des Nations Unies et de leur dérivé en matière de télécommunications, l'UIT. La bataille faisait rage depuis la création de l'ICANN, il y a seulement 15 ans... L'Internet est si jeune !

Le débat va donc se déplacer sur le terrain du "comment on fait maintenant ?"... Parmi ceux qui savent, les sachants, il y a plusieurs tendances : une gouvernance technique et neutre par le bas et loin de la politique (hum, il y a là aussi des divergences entre fournisseurs de tuyaux, fournisseurs de contenus, grandes compagnies qui développent des éco-systèmes...), une gouvernance sous couvert de l'ONU et des Etats avec le problème des Etats qui feront ce qu'ils veulent chez eux dans une sorte d'Internet national comme en Chine, une gouvernance réduite au strict minimum et pour ainsi dire pas de gouvernance du tout.

Il y a le temps, mais tout le monde veut aller vite. Entre le patron de Facebook qui dit qu'Obama détruit l'Internet (c'est-à-dire son produit à lui et son exploitation de nos données personnelles), les non-démocraties qui attendent ça pour définir un internet chez eux isolé des méchants critiques, les techniciens et développeurs qui passent leur temps à installer des sécurités et à les contourner, et les simples citoyens qui n'y comprennent rien, il y a des positions irréconciliables. Si le gendarme USA se retire, que restera-t-il sinon un pouvoir déplacé vers 1) chaque Etat 2) les grandes sociétés... américaines.

Pour ceux qui ne savent pas de quoi je parle mais qui ont la puce à l'oreille avec ce sujet :

Tout ça c'est du jargon de spécialiste ? Oui, mais les effets sur nous sont très forts à terme, même si on ne le voit pas facilement. Vous savez certainement déjà que certains sites sont impossibles à consulter : est-ce parce qu'ils sont en panne ou piratés ? Est-ce un problème chez votre fournisseur d'accès (YouTube chez Free auparavant par exemple) ? Est-ce le bon site (un détournement vers un simulacre du site de votre banque pour vous piquer login et mot de passe) ? Ou est-ce parce que votre gouvernement vous interdit cet accès et vous reroute même vers un faux site édulcoré ?

Pour utiliser Internet, il faut lui faire un minimum de confiance. Pas trop non plus, hein, restons vigilants. Mais pas de méfiance absolue non plus, sinon il faut rester en dehors de toute connexion (et encore, les militaires savent traiter ces cas là). La confiance est longue à construire et facile à détruire. De quel niveau de confiance jouira le prochain ICANN dans une structure différente ?

Vous savez par exemple que l'ICANN a ouvert depuis un an et demi les noms de domaine et que petit à petit commencent à apparaitre de nouvelles extensions de premier niveau - autres que les .com .fr .org par exemple qui existaient avant - même si celles-ci ne sont pas encore vraiment visibles.

Il y a quelques semaines, par exemple, la Ville de Paris a signé sont contrat avec l'ICANN pour la gestion du futur domaine .paris ! Une centaine de pionniers ont été choisis par copinage par un jury pour devenir les ambassadeurs de ce nouvel espace (ceux qui aiment Paris) et tout le monde devrait pouvoir acheter un domaine en .paris vers l'automne 2014. Liste des pionniers ici. Rien de bien excitant pour le moment et plutôt de l'institutionnel, mais bon, on verra ensuite... Comptez sur moi pour déposer un ou plusieurs noms de domaines ;)

Dans cet exemple, on voit bien que tout dépend de qui contrôle l'affectation des noms de domaines. L'ICANN a toujours eu une vision ultra libérale, premier arrivé, premier servi. Pour des domaines en .com ou en .fr c'est pas grave, il faut juste bien gérer les problèmes de droits et de marques déposées. Mais pour de futurs domaines comme .university ou .doctor ou .sucks (si,si) il peut y avoir de gros problèmes de confiance suivant la personne qui décide si vous y avez droit ou pas. Quid d'une fausse université, d'un faux docteur ou d'une diffamation du genre monsieurmachin.pue ? Pour Paris cela sera pareil, qui va décider ? Le problème posé par l'ICANN, c'est celui-ci en beaucoup plus grand. C'est tout.

Pour ceux qui s'en foutent, quelques considérations quand même : 

N'utilisez pas l'Internet aveuglément en croyant que lorsque vous cliquez sur un lien vous allez à l'endroit qui est décrit. Aujourd'hui vous savez être prudents, je l'espère, pour des sites de commerce en ligne ou bancaires ou pour des sites avec login et mot de passe. Demain, devrez-vous l'être pour des sites et des applications plus standards ? Intéressez-vous à ce sujet. Les USA ont fait la preuve avec la NSA qu'ils espionnaient le monde entier. Mais les autres, votre gouvernement, ceux qui restent muets, sont-ils mieux ?

Comment faire pour qu'ils soient contrôlés par nous, et pas le contraire ?
La bataille de l'ICANN est de ce niveau là.

vendredi 14 mars 2014

Elections = Cirque ? Attention aux cadenas

Paris est une ville mythique mais la bataille pour en devenir maire n'excite pas les foules.

Aujourd'hui, nous sommes entre deux cirques. Hier Anne Hidalgo était au Cirque d'hiver, et ce soir c'est NKM. Ensuite les clowns ne reprennent pas leurs droits puisque la saison d'hiver est terminée au cirque et reprendra en octobre. Sinon, on ne dirait pas cirque d'hiver...  On espère que les odeurs des animaux ont eu le temps de disparaître. Tout ça se passe à pas de loups, ou plutôt place Pasdeloup (si,si, c'est le nom de la place devant le cirque d'hiver).

Au-delà des meetings, le mot cirque va bien à une élection. Il y a plein d'artistes, des grands et des petits. Il y a plein de gens qui s'affairent dans les coulisses pour tirer les ficelles (qui montent les trapèzes). Il y a des numéros d'équilibriste, dangereux, rigolos, magiques. A chacun de choisir son registre. L'avantage du cirque, quand même, c'est qu'à chaque spectacle, il faut tenir ses promesses, celles de l'affiche. Quand l'homme canon est annoncé, il doit s'envoler et atterrir là où il faut. Lors d'une élection, les promesses s'envolent bien mais elles atterrissent rarement !

Les catalogues de promesses sont donc bien remplis, y compris de temps en temps par des promesses dans des domaines qui échappent complètement aux domaines où le/la maire de Paris joue un rôle. C'est savoureux et ceux qui font de telles promesses montrent par là-même leur belle ignorance des dossiers, ou les faible compétences de leurs conseillers qu'ils ont choisis, ou simplement leur cynisme politique. Il y a pourtant beaucoup à faire à Paris, pour les parisiens et pour les prochains "grands parisiens" autour de la capitale. Aujourd'hui et ce week-end, les transports en commun sont gratuits à cause de la pollution, essentiellement causée par les véhicules diesel (taxis, camions et particuliers) et leurs particules fines qui s'insinuent dans nos poumons encore plus perfidement que les promesses des politiques.

Ce n'est donc pas le moment d'aller se promener, quoique... En cas de pollution comme celle-ci (vivement un coup de vent), quels sont les modes de transports les plus sains ? Voiture, puis bus, puis métro, puis à pied, puis vélo. Voici le palmarès. Sauf qu'il est dans l'ordre inverse !!! En effet c'est dans les voitures qu'on risque le plus la pollution, surtout quand on roule les vitres fermées !!! Et c'est à vélo que c'est le plus sain. Surprenant, hein ? Allez donc faire un tour.

Et pourquoi ne pas visiter le Pont des Arts, ou d'autres ponts et passerelles métalliques de Paris ? Vous pourrez avec raison vous horrifier devant le nombre de "cadenas d'amour" - lovelocks en anglais international - accrochés par des touristes (étrangers ou non) en signe de leur amour éternel. Si vous aimez ces cadenas rouillés, plein de graffitis, abandonnés là, tant mieux pour vous. Si vous n'avez pas d'opinion, allez les voir et vous en aurez vite une : la mode était peut-être romantique au début (en 2008) mais elle a dépassé toutes les bornes maintenant. Si vous n'aimez pas, donc, chers lecteurs et chères lectrices et chers couples, allez voir ici et signez la pétition en ligne sur change.org.

Il s'agit d'une initiative lancée par deux américaines (dont on avait parlé au lancement) et la pétition a déjà été signée par presque 1000 personnes en quelques jours, sans relais médiatique ou presque. J'aime bien le sigle de "No Love Locks" ;)

Ca pose une question intéressante, au-delà des opinions de chacun, respectables par définition. Que doit faire une ville - et surtout une ville comme Paris symbole du romantisme, de l'amour et des lumières - face à un tel phénomène ? Faut-il laisser faire, comme c'est le cas depuis quelques années, tant que le nombre de cadenas est à peu près sous contrôle et en espérant qu'il n'y aura pas d'accident, tout en changeant régulièrement les rambardes qui s'écroulent ? Faut-il contenter les parisiens qui tiennent à leur patrimoine sans tomber dans une ville-musée ? Faut-il contenter et attirer les touristes en leur faisant croire que les cadenas ainsi posés seront éternels ? Comment agir sans mécontenter certains ?

Ce n'est certainement pas la plus urgente des questions à Paris, même si Paris vit aussi grâce au tourisme et reste la première destination au monde. Mais le fait que la Mairie ait pour le moment décidé de ne pas agir, en attendant les élections et alors que le phénomène a crû hors de tout contrôle en 2013, montre bien qu'il faudrait plus se concentrer sur des équations simples. En ce sens, ce combat, comme celui pour refaire de Paris une ville qui sait vivre la nuit et attirer des fêtards tout en protégeant ses résidents, sont des combats qui devraient doper la créativité parisienne plutôt que nous entraîner dans un immobilisme et un attentisme nuisibles.

Paris a suffisamment de ressources, d'artistes, de créateurs, d'activistes et de simples citoyens militants pour imaginer des solutions qui permettent, dans le cas des cadenas d'amour, de rendre aux ponts et à la Seine leur beauté, d'attirer des amoureux qui veulent y laisser une trace symbolique, de protéger les symboles déposés et de trouver des moyens de les accueillir sans devenir une immense décharge publique. Regardez bien la photo ci-dessous. Elle date de 2010, lorsque les cadenas étaient moins de 2 000 contre au moins 100 000 aujourd'hui... Explications ici ;)


Petits combats évidemment. Mais même dans un cirque, tout dépend du moindre petit détail, sinon le chapiteau s'écroule.

La ville de Paris doit jouer un rôle clé pour libérer et ouvrir ces cadenas d'amour !


17 juillet 1789, déjà...

jeudi 13 mars 2014

Nouveau sport : le tennis politique avec plein de balles

Les politiques sont de grands enfants. Ils aiment jouer à des jeux qui n'ont rien à voir avec la réalité, puisqu'ils ne se jouent qu'entre eux. Le dernier sport à la mode, c'est le tennis autour de déclarations où chacun reçoit une balle très fort et la rate, mais où il renvoie subrepticement une autre balle aussi fort, que son adversaire rate aussi, et ainsi de suite... Ils espèrent ainsi que chacun oubliera les balles ratées et ne verra que les balles envoyées. Si ce jeu se joue assez vite, le public n'y voit que du feu.

Dans l'affaire des écoutes de Sarkozy, la première balle a été envoyée par les médias qui ont exhibé quelques fichiers audio (copyright M. Buisson) insinuant que Sarkozy et son avocat auraient comploté pour obtenir des infos de première main d'un magistrat sur une des affaires qui traîne derrière Sarkozy. Gros scandale.

La deuxième balle a été renvoyée par le camp Sarkozy sur le caractère illégal et honteux de tels enregistrements dont plus personne ne sait comment ils sont arrivés là.

La troisième balle a été renvoyée par le gouvernement qui a dit que c'était normal et que le judiciaire faisait ce qu'il voulait, le politique ne s'en mêlant pas, ou plutôt ne s'en mêlant plus.

La quatrième balle a été renvoyée par le camp de Sarkozy qui a dit que le gouvernement était au courant, en mouillant Taubira et Valls, qui ont démenti.

Devant la pression, Taubira s'est lancé la cinquième balle sur elle-même en exhibant des papiers prouvant son innocence et en oubliant que les caméras d'ahoujourd'hui sont très performantes. Résultat, ces papiers disent un peu autre chose qu'elle. Valls a renvoyé sa balle plus correctement (pour le moment).

La sixième balle du camp Sarkozy arrive dans les jardins de l'Elysée pour créer un scandale d'Etat et faire oublier encore plus les horreur contenues sur les bandes. Technique risquée.

La septième était aujourd'hui avec la convocation de Taubira à l'Elysée, histoire de l'appuyer et de dédouaner François.

La huitième est la contre-offensive contre les médias par Taubira. Ils sont responsables de tout. Retour à l'envoyeur. Remonter au début pour voir la première balle.

Ca peut continuer longtemps, avec des variantes. L'important n'est pas les faits, mais ce qui se dit autour des faits !

La gauche lance une neuvième balle pour traiter le camp Sarkozy de tous les noms y compris celui de pervers ! Oh !

A l'heure où j'écris, personne ne sait combien de balles seront encore échangées jusqu'à un autre sujet. Celui qui est le plus marrant dans l'affaire, c'est Copé qui essaye de faire remonter sa cote (que pourrait-elle faire d'autre d'ailleurs ?) en demandant des démissions à tout va. Comme il le fait tout le temps, cela ne veut plus rien dire... mais il continue, tel un robot lanceur de balles pour un entraînement de Tennis, sauf que quelqu'un a oublié de le régler : il envoie toujours les balles au même endroit !


mercredi 12 mars 2014

Le numérique en France, ça avance ?

Ca dépend !

Dans son classements des Ennemis d'Internet, Reporters Sans Frontières (RSF) épingle la France.

Entre la loi de programmation militaire qui a donné des pouvoirs énormes aux espions sans en référer à un juge et l'accueil en France de deux salons internationaux sur la défense où se "rencontrent" tout un tas d'acteurs, La France n'est pas directement l'un des 21 ennemis, mais n'en est pas loin. Le rapport est ici en PDF. Ca fait tâche. Mais il y a quelques démocraties (à la Big Brother quand même) qui sont là aussi, comme le Royaume-Uni et les USA. Plusieurs pays invoquent l'affaire de la NSA pour mettre en oeuvre des programmes similaires, sous leur contrôle évidemment. Je vous rappelle mon billet d'hier sur Snowden.
Ce n'est pas un hasard si c'est aujourd'hui. Nous sommes le 12 mars, journée internationale contre la censure.

C'est aussi un mercredi et au Conseil des Ministres on y a beaucoup parlé de numérique.

Il y avait eu un conseil des ministres spécial numérique (le conseil, hein, pas les ministres qui eux restent très humains) le 28 février 2013, dont je vous avais parlé. J'avais dit par exemple : "Quelques objectifs ont été fixés, mais à la lecture c'est un peu à la Prévert. Il y a de tout, de l'école et des  universités à la recherche, de la santé aux libertés en passant par l'édition et les fournisseurs techniques, sans oublier la e-administration...". Le Conseil d'aujourd'hui a donc tiré les leçons du plan de l'année dernière. Selon eux, c'est un succès et presque tout a été mis en oeuvre ! Vive la France ! On attend la suite, et notamment le fameux projet de loi sur le numérique qui devra également répondre à quelques unes des questions de liberté - voir paragraphe ci-dessus.

Il était question également du numérique à l'école et des actions à mener pour y aller vraiment. Tous ceux qui ont participé à un conseil d'administration d'un collège ou d'un lycée (comme parents élus par exemple) et qui ont vu les profs se battre avec l'administration pour savoir comment utiliser les heures informatiques savent de quoi je parle : en général il s'agit d'immobiliser des heures pour que les profs qui savent - souvent des profs de maths ou de physique - viennent dépanner les profs qui ne savent pas utiliser le numérique et qui ne veulent pas l'apprendre puisque justement ils ne bénéficient pas d'heures pour ça...

Finalement, après les grands coups de fanfare du début 2013, on sent que ce sujet est moins important. Au moment où Vivendi va décider de l'avenir de SFR, vendu à Numéricable ou à Bouygues ou à tous, on voit bien que l'Etat maîtrise de moins en moins les marchés du numérique.

Un exemple parmi d'autres, avec l'arrivée de Netflix en France, probablement en septembre. Il s'agit d'un très gros opérateur américain disposant d'un catalogue riche de contenus vidéos et produisant lui-même des contenus emblématiques (comme House Of Cards par exemple). Il a les moyens de proposer des vidéos avec un forfait moins cher que les acteurs existants en France actuellement. Et finalement, ceux qui risquent de se trouver coincés, ce sont les acteurs français du secteur, qui ont combattu pendant des années le piratage et qui n'ont pas su mettre en place de solution confortable pour les usagers. Ils ont aussi combattu le principe d'une licence globale permettant aux gens de télécharger de façon illimitée ce qu'ils voulaient. Résultat possible : au lieu de payer une licence globale publique, les gens paieront un abonnement peu cher à un acteur américain. Ca revient presque au même pour l'utilisateur à court terme... mais pas pour les acteurs du secteur ;)... Ils essayeront certainement d'utiliser des réglementations complexes pour interdire cette arrivée. Au moins l'Etat aura quelque chose à faire !

Et pendant ce temps, Sir Tim Berners-Lee propose une charte mondiale de l'Internet, à l'occasion des 25 ans du web. Relisez ce billet pour en savoir plus sur l'histoire du web. Lisez aussi la version de l'autre inventeur, Robert Cailliau, un belge.



mardi 11 mars 2014

Snowden nous parle

Hier Edgar Snowden, que tout le monde connaît maintenant et ont on a parlé plusieurs fois (ici, ici, ici, ici, ici, ici et ici quand même !) était invité à parler en direct (et en vidéo) à l'une des plus fameuses conférences sur les technologies à Austin, Texas, le SXSW, South By pour les intimes, devant une assistance de techniciens de toutes sortes. On parle même de lui pour un Prix Nobel, mais remarquez bien qu'on parle aussi de Poutine, alors... La communication n'était pas parfaite. Il a fallu évidemment passer par plein de serveurs (proxys) intermédiaires pour sécuriser cette liaison et éviter qu'elle soit coupée. Certains républicains par exemple avaient demandé aux organisateurs d'annuler la transmission ! Snowden avait bien choisi son fond d'écran puisqu'il s'agit du début de la Constitution des USA, We the people...



Qu'a dit Edgar Snowden ?
Transcription complète en anglais ici pour ceux qui lisent l'anglais.
Et quelques points saillants en français dans son discours :

- L'internet est devenu depuis une dizaine d'années, avec ce qui se passe à la NSA, une sorte de champ de tir où les gouvernements peuvent tirer comme ils le veulent, sans régulation. Ce n'est pas ce que nous voulons. Il faut une réponse en termes de régulation et en termes techniques pour éviter qu'ils mettent le feu à l'Internet futur. Soyez tous des pompiers. La NSA exploite des failles présentes un peu partout dans les systèmes. Comblez-les pour empêcher ces intrusions.

- Pour combattre ça, une des solutions est de développer le cryptage de bout en bout. Aujourd'hui par exemple, les fichiers qui transitent par Google sont décryptés puis encroûtés à leur niveau ce qui permet en les espionnant eux d'observer énormément de gens. Avec le cryptage de bout en bout il faut espionner l'une des deux extrémités et donc cibler, ce qui coûte beaucoup plus cher. Depuis quelques mois plusieurs fournisseurs de service de messagerie ont commencé à proposer en standard le cryptage des messages. Le rôle de ceux qui travaillent à améliorer les algorithmes de cryptage est donc fondamental pour le futur de l'Internet. Et ils ont été particulièrement énervés par les actions de la NSA visant à casser les algorithmes que tout le monde utilise.

- Mais le modèle économique de Google par exemple, est d'être placé comme intermédiaire obligatoire entre vous et les sites, pour vendre de la pub. Il est donc facile d'espionner Google pour espionner tout le monde. Cette conférence passe d'ailleurs par un système Google !!!

- Pour installer des système plus sûr il faut être un geek soi même (Tor, PGP, Tails...) et la plupart des gens préfèrent un système facile à utiliser et prêt à l'emploi sur leur matériel. Il faut donc que les développeurs trouvent des moyens pour installer un tel niveau de sécurité sans compliquer la vie de l'utilisateur. C'est particulièrement vrai pour les grandes compagnies qui peuvent (et doivent) le faire de manière transparente pour l'utilisateur. Les petites compagnies peuvent aussi le faire (Twitter, WhatsApp par exemple) et elles offriront alors un service meilleur que les autres à leurs usagers.

- Il faut aussi ne conserver les informations que le temps nécessaire "au business". Pas la peine de les garder trop longtemps car cela augmente le risque de se les faire voler ou espionner.

- Face aux attaques des responsables de la NSA qui expliquent que les révélations de Snowden nuisent aux USA, Celui-ci répond que c'est exactement l'inverse puisque la richesse des USA est cette économie numérique et la confiance que les gens ont dedans. Ruiner cette confiance, c'est ruiner les USA. En voulant à tout prix collecter plein d'informations, la conséquence est l'affaiblissement des sécurités pour les protéger, alors que c'est l'inverse qui devrait être fait. De plus cette collecte massive n'est pas suivie par une analyse intelligente et va à l'encontre de techniques plus traditionnelles : les individus dangereux ne sont pas plus repérés qu'avant, même moins !

- Le créateur du web, Sir Tim Berners-Lee, lui a demandé quel système de gouvernance de contrôle il mettrait en place à partir de zéro pour ces agences de renseignement, s'il le pouvait ? Snowden a répondu que le système actuel permettait ce contrôle mais qu'il n'était pas appliqué et que certaines cours secrètes outrepassaient leurs droits. Il faut donc des chiens de garde, reconnus et publics pour dénoncer cela et empêcher les mensonges d'Etat. Les autres participants à cette conférence ont à ce moment dit que Snowden lui-même est l'une des clés : rien ne se serait passé s'il n'avait dénoncé ces pratiques et même les compagnies n'auraient pas commencé à accroitre la sécurité des échanges. En fait, grâce à ses révélations, la sécurité de l'Internet s'est améliorée.

- Est-ce que se faire espionner par une grande compagnie est mieux ou moins bien que par un gouvernement ? C'est un vrai débat, mais les gouvernements ont la capacité de vous mettre en prison par exemple, ce qui n'st pas le cas des grandes compagnies avec lesquelles nous avons des "contrats" basés sur le volontariat. Mais c'est un sujet en évolution.

- Le fait de laisser les USA faire ce qu'ils font va inspirer d'autres gouvernements (même démocratiques) à faire de même et cela peut entraîner un espionnage généralisé.

- L'utilisateur peut installer des solutions pour lui, mais c'est encore trop complexe et réservé à certaines. Même pour les navigateurs, il faut choisir entre ne pas être attaqué et préserver sa vie privée? Il est difficile d'avoir les deux à la fois. Et quand aux données exploitées, elles ne devraient jamais l'être sans l'accord des propriétaires. Pour les "big data", beaucoup de données peuvent être exploitées sans nuire à qui que ce soit.


Finalement, on a peu l'occasion de l'entendre parler directement (ou de lire ses propos car la liaison était très mauvaise).
Ca vaut le coup.
Il y a un avant et un après Edgar Snowden, c'est évident.




lundi 10 mars 2014

Du temps pour le cerveau cette semaine

Non, non, on n'est pas dimanche avec les "Du temps de cerveau pour..."
On est lundi. Et pas n'importe quel lundi.
Le début de la semaine du cerveau !

Quoi ? La semaine du cerveau ? se dit le lecteur encore tout embrumé d'un week-end ensoleillé et printanier. Le lundi n'est pas le meilleur jour pour parler des cerveaux lents qui ont du mal à repartir. Même les grands philosophes internationaux, comme Garfield, disent "Je hais les lundis".


Mais quand on lance une semaine de quelque chose, en général ça commence le lundi. Pas en Amérique où la semaine commence le dimanche, mais tout est ouvert tout le temps là-bas de toutes façons. Chez nous, seuls certaines zones touristiques et les magasins de bricolage sont ouverts.

Donc c'est la semaine du cerveau et des neurosciences. Donnez votre argent pour la recherche sur le cerveau. L'affiche en dit long sur nos priorités actuelles. On est prêt à payer pour l'instantané, l'immédiat, le numérique et le plaisir de tous les instants. On est moins prêt à payer pour Alzheimer, Parkinson ou des AVC pour lesquels un simple "reset" ne suffit pas.


Il s'agit d'une campagne européenne, avec appel à dons évidemment, je dirais même appel au neurodon, mais aussi présentation des recherches et des résultats sur le cerveau. (programme pdf ici pour Paris par exemple).

Quelques petits films ? Dessine-moi un cerveau par exemple pour voir des cartes du cerveau (20 minutes), le troisième oeil pour expliquer la vision (53 minutes quand même), plaisir et addictions pour expliquer les chemins tortueux de nos addictions variées dans le cerveau... Evidemment tous ces films sont sérieux, même lorsqu'ils sont bien réalisés. Rien à voir avec les Shadoks qui ont un cerveau très bien organisé avec seulement quatre cases et quatre mots (Ga-Bu-Zo-Meu) dont on parlait ici samedi.


Les neurosciences ont fait des progrès depuis 1968, heureusement. Sauf chez certains hommes politiques, surtout en période électorale, qui ont du mal à utiliser à plein leur cerveau. Certains de leurs discours semblent tout droit issus de piperons politiques dignes des Shadoks, enchaînant des mots et des phrases vides de sens, comme dans celui-ci par exemple.

Souhaitons donc que, cette semaine au moins, les hommes politiques de tous bords et de tous pays utilisent leur cerveau et même, soyons fous, un peu leur coeur aussi.

PS : Et puisque c'est lundi, une petite blague (archiconnue) ici.

dimanche 9 mars 2014

Du temps de cerveau pour… une nouvelle Vin de Garde

Jean n’aimait pas le lundi matin. A sa décharge il n’aimait aucun matin sauf le samedi et le dimanche. Il n’aimait pas non plus ses journées en semaine d’ailleurs. Il aurait aimé ne vivre que les week-ends.

Mais il fallait bien gagner sa vie pour profiter de ses week-ends. Son boulot était un pis aller. Au moins il pouvait sortir dehors et marcher dans les rues. Le porte-à-porte n’était pas son fort mais il arrivait quand même à bien se débrouiller, grâce à un bagout impressionnant. Il pouvait vendre un peu de tout à n’importe qui. Il avait essayé de travailler comme vendeur dans une grosse boîte mais il préférait nettement être indépendant et pouvoir choisir son emploi du temps et ses itinéraires. Il avait bien conscience d’en faire le minimum, mais il avait décidé depuis longtemps de profiter de la vie. Il regrettait simplement que cela ne soit que le week-end !

Aujourd’hui, comme chaque lundi, il allait commencer par l’entrepôt pour y choisir ce qu’il vendrait cette semaine. Il choisissait toujours des produits rares dont les autres vendeurs ne voulaient pas. Il avait vendu par exemple des livres de jardinage dans cette ville sans jardin, des barbecues, des détecteurs de trésors ou des pièces détachées d’avions pour décorer les intérieurs de ses clients… C’était plus amusant et surtout personne ne pouvait le critiquer si ses résultats étaient médiocres ou tout juste acceptables. La secrétaire qui enregistrait son choix chaque lundi matin le regardait de plus en plus avec un air étonné. Ca la rendait encore plus mignonne et il savait qu’avec quelques oeillades et une ou deux phrases enjôleuses elle ne protesterait pas et l’enregistrerait sans aucune difficulté. Il ne la revoyait que le vendredi soir pour sa paye hebdomadaire. Elle le regardait souvent avec un air un peu déçu, comme s’il méritait mieux. Il s’en foutait. Cet argent serait dépensé pendant le week-end de toutes façons.

En arrivant à l’entrepôt ce matin-là, Jean se dirigea tout de suite vers le coin des nouveautés. Il n’était pas un lève-tôt et les autres vendeurs avaient déjà razzié le coin. Il ne restait plus que deux produits : des tapis en peau de bête et des rames. Des rames ? C’était plutôt intéressant des rames en fait. Si les gens avaient un bateau c’était toujours utile. S’ils n’en avaient pas, il y avait plein de façons de les utiliser et son imagination tournait à plein pour en inventer des dizaines : pour cuisiner, pour remuer, pour jouer à la balle, pour décorer le mur, pour tuer les mouches, pour pelleter le charbon… toutes choses utiles de nos jours dans une ville moderne. De plus ces rames lui rappelaient vaguement le rêve qu’il avait fait la nuit dernière. Il ne s’en souvenait plus très bien mais il avait été question d’un canoë. Jean n’hésita plus, devant cette confirmation venue tout droit de son inconscient et il se dirigea vers le petit bureau de la secrétaire pour s’enregistrer.

Elle eut l’air surprise qu’il ait choisi les rames. Un peu déçue même. Elle alla jusqu’à lui dire qu’elle avait rêvé de peaux de bêtes cette nuit. Jean la regarda avec son sourire habituel. Il ne jugea pas utile de lui parler de son rêve à lui mais se sentit troublé.

Ce lundi fut un bon jour pour Jean. Les rames avaient du succès et il avait découvert encore d’autres usages pour elles. Il était un peu gêné de se l’avouer, mais ce lundi avait plutôt été une bonne journée. Il dormit bien cette nuit-là. Et toutes les nuits de la semaine jusqu’au vendredi matin. Chaque journée était bien remplie avec des sourires un peu partout chez ses clients. Chaque nuit il avait rêvé du canoë. Tout était flou le matin, mais il savait que c’était lui qui ramait. Ce vendredi matin, il savait qu’il ramait vers une destination importante, où il avait besoin d’aller. Il se sentait excité à l’idée de s’en approcher, chaque jour. Il pensa alors au rêve de la secrétaire et se demanda si elle aussi faisait chaque nuit le même rêve de peaux de bêtes. Il avait hâte d’être en fin de journée, pour lui demander.

En allant retrouver la secrétaire le soir pour sa paye, il se sentait particulièrement heureux. C’était le week-end, il savait qu’il aurait un peu plus d’argent que d’habitude et il avait passé du bon temps. Il savait aussi qu’ils allaient pouvoir parler de leurs rêves. Que demande le peuple ? C’est donc avec un grand sourire qu’il entra dans le petit bureau.

La secrétaire n’était pas là. En lieu et place, il vit un vieil homme, buriné et peu souriant. Jean fut surpris. Dans cet entrepôt, il ne connaissait que la secrétaire et le gardien qui lui ouvrait la porte quand il avait besoin de refaire son stock. Ce nouveau venu était un parfait inconnu. Il n’avait pas l’air d’appartenir à cet endroit et était habillé comme dans un film. Cela mit Jean de mauvaise humeur. Sans un mot, il donna sa carte et reçut en échange sa paye. Aucune parole ne fut échangée. Toutefois, juste avant de sortir, Jean n’y tint plus et demanda au vieil homme où était la secrétaire. L’autre le regarda intensément puis tendit le doigt vers la porte au fond du petit bureau. Une porte que Jean n’avait jamais remarquée et qui semblait se fondre dans le gros mur qui séparait l’entrepôt du terrain vague derrière.

Jean lui dit « Merci » , ouvrit la porte, fit un pas et tomba de quelques marches. Il se rattrapa comme il put et se retrouva assis, un peu sonné. Il avait fermé les yeux par réflexe et quand il les rouvrit tout était différent. Il était assis à l’arrière d’un canoë, de son canoë. Au centre était un gros tas de peaux de bêtes. A la proue était assise la secrétaire. Ils voguaient sur un grand lac entouré de forêts. Jean prit la rame à côté de lui et la plongea dans l’eau. Un oiseau chanta, la secrétaire aussi. L’eau fraîche coulait le long des rames et du bateau. Jean sut alors qu’il ne vivrait plus que des week-ends. Il avait hâte d’arriver au comptoir qu’il devinait devant. Jeanne lui sourit. C’est bizarre, se dit Jean, je ne lui avait jamais demandé son prénom…