jeudi 18 février 2021

Hommage aux auteurs insoupçonnés

Aujourd'hui, out of the blue, j'ai une pensée émue pour l'Humanité pendant cette crise COVID. Pas pour toutes les raisons que nous connaissons bien maintenant, dans plein de dimensions différentes : la santé des malades et les morts, la coopération internationale où certains se servent en premier et tant pis pour les autres malgré les discours creux, les minorités mal servies en vaccins, les métiers fracturés dans l'événementiel, la culture, le tourisme ou le convivial, les aspects sociaux et économiques ou les conséquences politiques.

Non, je pense à l'Humanité consommatrice de culture, et en particulier de littérature. Je pense aux auteurs.

Je pense à ce que nous a apporté JK Rowling en écrivant dans des cafés à Porto ou au Royaume-Uni. Je pense donc à tous ces romans merveilleux qui ne sont pas écrits parce que les cafés et autres lieux où on peut traîner sont fermés. Je pense à ces auteurs qui ne peuvent ou ne veulent écrire chez eux pour tellement de raisons et qui voient se refermer les portes de ces lieux magiques que sont les cafés, alors même que les torrents tumultueux de leur imagination se bousculent à travers tout leur corps, âme, esprit, coeur et autres lieux où se niche l'imaginaire.

Je pense à tout ce que l'interaction sociale apporte aux auteurs qui en intègrent les effluves dans les plats qu'ils nous mijotent lentement. Le virtuel, ou le distancier comme on le nomme dorénavant, ne nous apporte pas les mêmes interactions. Il déforme même les interactions humaines en les habillant d'un vernis virtuel plein de fausses identités et de comportements faussés par le secret des écrans. Comme si une fausse Humanité prenait le pas sur la vraie, la réelle, celle qui nous réunit, en fait.

On voit apparaître de ci de là des romans bâtis sur le virtuel, le confinement, le faux. C'est bien. Tous les sujets méritent d'attirer la littérature, qu'elle soit sur notre société contemporaine ou sur les uchronies/dystopies imaginées en forçant les traits (NDLR : j'ai le projet moi-même d'en écrire une). Mais la richesse du monde réel, souvent bien plus imaginatif que les mondes imaginés, cette richesse risque de nous manquer. De nous appauvrir.

Alors, pensons à ces auteurs, malheureux de ne pouvoir écrire dans ces lieux propices. Pensons aussi à nous, les lecteurs, les humains, et à tout ce qui ne sera jamais écrit à cause de cette crise. On pourrait se réjouir de ce qui est quand même écrit, oui, évidemment. Mais ce n'est pas la même chose. Et même si ce que je décris ne touchait qu'un seul auteur, qu'un seul roman, ce serait un drame.

Pensons-y. Pensons à vous, cher lecteur qui êtes peut-être cet auteur qui se sent empêché. 

Je n'ai qu'un mot pour vous : 

Écrivez !