lundi 16 juillet 2018

Et une, et deux... et trois étoiles ?

Difficile de chanter "Et, un, et deux, et trois zéro" ce coup-ci. Quatre-deux ça ne sonne pas bien mais on s'en fout ;) La France a gagné la Coupe de monde de foot comme il y a vingt ans. Les vieux comme moi s'en souviennent. C'était un autre monde, sans réseaux sociaux et où la société était plus fermée : les femmes des joueurs étaient mal perçues, le fameux black-blanc-beur de l'époque était politique alors que la France d'aujourd'hui ne choque que les frontistes mal embouchés de l'absence de renommée, l'insécurité était plus diffuse et la droite était au pouvoir (ah bon, c'est pareil aujourd'hui ? En même temps...)

On espère donc pouvoir chanter l'air du titre dans 4 ans avec cette jeune génération, ou même dans 8 ans puisque le climat du Qatar n'est pas favorable au foot (à pas grand-chose d'ailleurs). En attendant, il faut aller racheter des maillots bleus avec deux étoiles ou savoir en coudre une autre. Pas simple... Et ranger ses drapeaux français jusqu'à la prochaine occasion. La coupe d'Europe dans deux ans ?

Au-delà du bordel dans les rues de France et même dans les endroits les plus improbables, on a le droit de laisser éclater sa joie (je vous y autorise). La liesse populaire est trop rare pour être boudée, quelles que soient les raisons de cette liesse. Le sport et notamment le foot arrivent à ce niveau et tant pis pour ceux qui préfèreraient des liesses populaires plus politiques ou plus sociales. L'époque individualiste et communautarisme ne s'y prête pas beaucoup et les grands organisateurs de manifs n'arrivent à rassembler que peu de personnes en général. Ça pourrait venir, mais ce n'est pas avec les mégalos genre Mélenchon que ça risque de motiver les foules (mon correcteur orthographique persiste à vouloir remplacer par métallo, on voit bien qu'il ne connaît pas Mélenchon !). Ce qui est bien avec ce sport, c'est qu'il rassemble des gens toujours très variés, même pendant peu de temps, pas seulement des jeunes, des amateurs de foot ou des hommes, mais toutes sortes de variantes d'êtres humains, des plus cons aux meilleurs en passant par ceux que les médias appellent les anonymes, puisque le mot peuple leur écorche la bouche. Difficile pour les élites de vivre l'instant présent sans se projeter dans un avenir forcément gris, puisque on a forcément l'esprit critique.

La RATP s'est amusée à changer (temporairement) le nom de certaines stations, comme ils le font de temps en temps (vous vous souvenez du métro Apéro ?)



Et les détournements sur l'Internet sont nombreux... Merci au Gorafi en tous cas


Alors, comme à chaque grand événement, je vous ai préparé une page avec les Unes françaises de la presse, puis internationales. Cette page se complètera au fur et à mesure où les Amériques se réveilleront, pour le moment il n'y a que 210 Unes, mais la page est déjà lourde, je vous aurai prévenus... On y note quelques slogans savoureux et de surprenantes photos. Un témoignage pour la prochaine fois, en espérant ne pas attendre 20 ans la troisième estrella. Quelques exemples ici


jeudi 5 juillet 2018

C'est pas du foot, c'est de l'Art, ou de la sociologie russe

J'ai eu envie de bloguer aujourd'hui. Juste à cause de ce tweet aperçu sur le mur infini des logorrhées numériques d'humains et de bots sevrés de vraie communication qu'est twitter :



Une photo comme celle-ci en dit long dans plein de domaines :

- Sur le foot lui-même et sa dramaturgie soignée, surtout lors d'une séance de tirs au but comme celle de Russie-Espagne, gagnée de manière imprévisible par les russes. Il y a une vraie tension dans ces moments, même quand ce n'est pas son équipe qui est à l'écran. Certains se voilent la face, d'autres prient ou croisent les doigts par superstition. Quelle que soit la façon dont on se prépare à cette phase de jeu, c'est toujours différent. Les anglais l'ont bien compris en se préparant mieux que les fois précédentes et ils ont eu bien raison.

- Sur l'intérêt porté par la population russe et sur le vent nouveau (et soyons clair, éphémère) apporté par les rencontres entre supporters, peuples et passants. Lire cet article sur le phénomène à Moscou, dans ce lieu symbolique entre Kremlin, KGB et temple de la consommation internationale. C'est dangereux d'organiser de tels événements. Les JO d'hiver à Sotchi c'est bien, mais c'était pour les happy few et une population locale isolée. Des matchs à Moscou et Saint-Pétersbourg par contre, ce sont des coups au coeur de l'empire russe actuellement incarné par Poutine. Des coups intéressants qui laisseront forcément des traces, même légères. C'est avec des petits pas qu'on avance, pas toujours avec des grands sauts, ou des bonds en avant comme disaient les voisins chinois avant leur envolée.

- Sur l'importance de la technologie dans nos vies. Que ceux qui croient qu'elle est superflue, addictive seulement et ultra personnelle, regardent bien cette photo où un smartphone même pas à l'horizontale retransmet en direct une image pour plusieurs personnes, des femmes et des artistes en plus. Elle est finie l'époque où l'image était réservée à quelques-uns, filtrée et contrôlée, accessible uniquement quand le regard des autres vous jugeait. C'est l'une des vraies révolutions introduites par ce type de technologies. Que ceux qui rigolent en pensant qu'il n'y a même pas une télé dans les coulisses du Bolchoï se calment un peu... Les téléphones sont partout à vous regarder.


- Sur l'Art. Du pain et des jeux ? Oui, mais quels jeux ? Le foot, la danse ? Quelles différences ? Des tonnes évidemment et personne ne comparera les dribbles ou les roulades de Neymar à des pointes et des entrechats de danseuses étoiles. Mais l'un n'est pas exclusif de l'autre. Quand on aime les deux, on peut ressentir, à certains moments et au fond de soi, des sensations similaires. Ce ne sont pas les mêmes émotions, quoique, mais elles peuvent être aussi denses. Danses. Comment ont dansé les danseuses du Bolchoï après la victoire de la Russie ? Avec plus de joie, de hauteur, de grâce, de sourires ? Les spectateurs ont-ils ressenti autre chose, comme un complément d'Art ?

En tous cas, une belle photo !