lundi 31 août 2015

L'Internet, ça se dompte... à tout âge

Il y a des bonnes façons d'utiliser l'interner et de moins bonnes. Pour se protéger, pour en profiter. Ces bonnes pratiques ne sont pas toujours connues. La CNIL publie comme chaque année une affiche avec des conseils mis à jour - en fonction des tendances du moment - destinés aux jeunes. A les lire, ces conseils sont adaptés à tous. Les voici avec mes commentaires personnels. Pour votre édification.

Le site dédié de la CNIL est ici, le poster en PDF et en haute définition là, et ci-dessous une image réduite. Merci à Martin Vidberg (l'illustrateur) et à son blog.


1 Réfléchis avant de publier !
Sur internet, tout le monde peut voir ce que tu mets en ligne : infos, photos, opinions.

Certains croient que l'Internet n'est qu'un vaste marché où choisir des choses à lire et à regarder. Mais nous ajoutons des contenus tout le temps. Il est fondamental de toujours réfléchir avant d'appuyer sur le bouton "publier" quel que soit son nom. On doit aussi réfléchir avant d'envoyer un courriel ou un message, histoire de ne pas se tromper de destinataire ou de ne pas montrer des choses qu'on voudrait garder confidentielles. A tout âge, il est donc important de mesurer le degré public-privé de ce qu'on publie. Ceux qui sont habitués à la communication politique n'aiment pas laisser de trace écrite, mais cela concerne tout le monde.

2 Respecte les autres !
Tu es responsable de ce que tu publies en ligne alors modère tes propos sur les réseaux sociaux, forums... Ne fais pas aux autres ce que tu n’aimerais pas que l’on te fasse.

Il y a des trolls partout sur l'Internet. N'en devenez pas un et évitez de marquer des points Godwin. Le media écrit, rapide et bref peut créer très rapidement des conflits basés sur des quiproquos, sans même parler de ceux qui n'ont que ça à faire. On appelle souvent ça des cons - et les cons ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnait ;) - taos la chaleur du média Internet est propice à leur multiplication. Savoir rester zen est fondamental, qu'on soit jeune ou vieux (pas con).

3 Ne dis pas tout !
Donne le minimum d’informations personnelles sur internet. Ne communique ni tes opinions politiques, ni ta religion, ni ton numéro de téléphone...

Même si l'on souhaite être connu ou reconnu, via un site, un blog ou autre chose, il faut savoir raison garder. Les vieux se lâchent plus, surtout quand ils ont des opinions et les assument, ou lorsqu'ils mènent des combats militants, mais en général ils savent où ils mettent les pieds. Les jeunes, pas forcément. Et ces opinions peuvent les suivre très très longtemps. N'oubliez jamais que comme vitrine du monde, l'Internet permet à tous les voleurs de vous connaître et donc de tirer profit de vos faiblesses.

4 Sécurise tes comptes !
Paramètre toujours tes profils sur
les réseaux sociaux afin de rester maître des informations que tu souhaites partager.

Joli conseil, Madame la CNIL. Mais les réseaux sociaux redoublent d'ingéniosité pour connaître tout de toi et de tes habitudes vendables aux marchands de soupe. Les parentérales sont donc à revisiter régulièrement pour vérifier ce point. Ne croyez pas qu'un réglage initial suffit. Oh non !

5 Crée-toi plusieurs adresses e-mail !
Tu peux utiliser une boîte e-mail pour tes amis et une autre boîte e-mail pour les jeux et les réseaux sociaux.

Oui. Cela devrait être une obligation pour chacun. Ajoutez une adresse professionnelle pour les vieux en activité. Les adresses "poubelles" sont importantes. Elles vous permettent de ne pas polluer vos adresses utiles. Quitte à en changer de temps en temps pour éviter de voir votre boite se remplir d'indésirables irritants. Si vous êtes curieux ou parano, vous pouvez même créer plusieurs adresses poubelle, histoire de voir quel site à transmis vos coordonnées (en jurant le contraire) à quel marchand du Temple.

6 Attention aux photos et aux vidéos !
Ne publie pas de photos gênantes de tes amis ou de toi-même car leur diffusion est incontrôlable.

Et demandez leur de ne pas publier de photos ou de vidéos de vous. Même sur les sites sécurisés où l'on croit que la vidéo ne peut être téléchargée, il existe des moyens évidents de sauvegarder ces vidéos (et photos). Ici, on est encore plus dans le respect des autres qu'au conseil numéro 2, puisqu'il s'agit de leur image et de la rémanence des images sur la rétine de l'Internet.

7 Utilise un pseudonyme ! 
Seuls tes amis et ta famille sauront qu’il s’agit de toi.

Plusieurs même, suivant les endroits où vous avez besoin d'en avoir. Il sera ainsi plus difficile de faire le lien entre eux - et de les pirater si vos mots de passe sont identiques ou très similaires. Les pseudonymes en disent long sur la personne derrière, et sur sa forme d'esprit. Sur les jeux, on a toujours tendance à prendre des pseudos (et des avatars) ronflants pour se valoriser, mais la plupart du temps il est impossible de changer ce pseudo initial, ce qui peut devenir gênant à la longue. La multiplication des pseudonymes n'est pas un dérangement psychologique (sauf exception) mais une sécurité importante pour compartimenter sa vie.

8 Attention aux mots de passe !
Ne les communique à personne et choisis-les un peu compliqués : ni ta date ni ton surnom !

Il y a tellement d'idées reçues sur les mots de passe... Regardez cette illustration tirée de XKCD. Les mots de passe les plus sûrs ne sont pas toujours ceux auxquels on pense. Vous vous rappelez cette histoire du piratage de TV5 : le responsable sécurité avait quand même été interviewé sur une autre télé avec derrière lui en clair les mots de passe écrits sur des post-it, et en plus des mots de passe genre "12345"...

9 Fais le ménage dans tes historiques !
Efface régulièrement tes historiques de navigation et pense à utiliser la navigation privée si tu utilises un ordinateur qui n’est pas le tien.

On peut lire tellement de choses dans les historiques. Il y en a partout et les experts en sécurité s'en délectent. Les parents avancés aussi, en cas de doute sur leur progéniture (ou inversement). Mais cela va plus loin. Google par exemple garde la mémoire des sites visités afin de vous proposer des pubs mieux ciblées. Si c'est votre ordinateur et que vous voyez apparaitre de plus en plus de pubs pour des vêtements sexy, faites gaffe. Au-delà des historiques, il y a aussi les cookies qui font le lien avec vos comptes Google ou autres. Sans vergogne.

10 Vérifie tes traces!
Tape régulièrement ton nom dans un moteur de recherche pour découvrir quelles informations te concernant circulent sur internet.

Le meilleur conseil. Utile pour cherche des informations que quelqu'un, certes. Donc utile aux autres pour en cherche sur vous.

11 Un dernier ?

Ne croyez pas que vous êtes à l'abri dans la masse et que vous êtes protégés parce que vous êtes plus vieux et plus responsable que les jeunes débutants. C'est d'ailleurs souvent le contraire !

Bonne navigation sur l'Internet, les jeunes et les autres !




dimanche 30 août 2015

Du temps de cerveau pour... Une nouvelle suspendue

Jérôme était devant la porte. Une porte discrète, sans plaque. Une porte banale même dans ce vieux quartier de la Ville. Rien ne la différenciait des autres, sauf son numéro. Jérôme savait que cela devait être la bonne porte. Son ami lui avait confirmé l'adresse et lui-même avait vérifié plusieurs fois que c'était la bonne rue et le bon numéro. Il ne pouvait pourtant s'empêcher d'être un peu déçu. Il s'était attendu à un immeuble un peu plus cossu, ou au moins à une plaque. Mais il n'y avait rien.

Jérôme respira un grand coup. Son ami était fiable, pas le genre à faire de mauvaises blagues. C'était une occasion trop belle. Il fallait qu'il se rende compte par lui-même. Il appuya sur la sonnette anonyme et entendit un carillon harmonieux au loin, puis un déclic. La porte s'ouvrit toute seule, sans presque aucun délai. Il n'hésita pas et entra. Sa décision avait été prise depuis longtemps. L'entrée, pourtant, le rebuta presque. Il faisait sombre et les murs étaient couverts de tentures anciennes, affadies et représentant des scènes bucoliques d'un ancien temps. Jérôme referma la porte derrière lui - c'est ce que son ami lui avait dit de faire - et les lumières s'allumèrent. Des lumières tamisées qui rendaient les tentures encore plus glauques. Il haussa les épaules et se dirigea vers la porte en face de lui, baignée elle d'une lumière plus vive.

En entrant dans cette pièce, Jérôme ne vit qu'elle. Elle était assise sur un canapé de velours rouge, en face de la porte, et elle le regardait fixement. Elle était encore plus belle qu'il l'avait imaginé apres la description faite par son ami. Elle semblait sans âge mais il sut tout de suite qu'elle avait exactement le sien. Elle arborait un léger sourire, un peu moqueur, dont il tomba instantanément amoureux. Il ne pouvait détacher ses yeux de ce visage, et il serait resté longtemps comme cela si elle n'avait pas dit - soudainement ou au bout d'un temps très long, il ne le saurait jamais - quelque chose du genre "Bonjour Jérôme". Il s'ébroua comme s'il se réveillait. Elle connaissait déjà son nom ? Il n'avait pourtant dit à personne qu'il viendrait ici et même son ami ne pouvait savoir si Jérôme avait cru à son histoire fantastique. En se réveillant, il parcourut la pièce des yeux. Elle était blanche, d'un blanc un peu crémeux et désuet, sans aucune décoration. Elle n'était meublée que de ce canapé où se tenait la femme. Il y avait la porte par laquelle il était entré et juste derrière la femme, un grand rideau de velours rouge, qui pouvait cacher n'importe quoi. Il était troublé par cette mise en scène. 

Jérôme réussit quand même à articuler un "Vous connaissez mon nom ?" qui sonna un peu faux. Puis il se mordilla la lèvre. Evidemment qu'elle connaissait son nom, se dit-il, c'est normal pour une voyante. Elle sourit et lui fit un petit clin d'œil, puis tapota le canapé à côté d'elle. Une invitation claire. Pas du tout le cérémonial auquel il s'attendait. Son ami ne lui avait donné aucun détail et n'avait répondu à aucune question. Il lui avait juste dit qu'il fallait aller voir cette voyante car elle lui avait révélé des secrets extraordinaires. 

Maintenant Jérôme était assis à côté d'elle sur le canapé. Il avait recommencé à la regarder avec intensité, comme un papillon de nuit une lampe à huile. Là encore, c'est elle qui parla.

- Quel est votre poids, Jérôme ? 
- Mon poids ? dit-il en sursautant.
- Oui, votre poids. Nu évidemment, lui dit-elle avec un sourire mutin.
- Mon poids ? Euh... 80 kilos, répondit-il apres quelques secondes.
- Exactement 80 kilos ? Et nu ? Insista-t-elle. Son sourire était charmant.
- Euh... Oui. Je me suis pesé juste avant de venir, comme me l'a indiqué mon ami.
- Ah, Justin ! Je me souviens, dit-elle d'un air soudainement songeur. C'est bien si vous connaissez votre poids exact. C'est important, vous savez ?
- Euh... Non je ne savais pas, mais il m'a dit ça et j'ai pensé qu'il valait mieux me peser. Mais si c'est si important que cela, pourquoi n'avez-vous pas une balance ? demanda-t-il en essayant de reprendre le contrôle d'une conversation qui lui échappait de plus en plus.
- Une balance ? Ah, que c'est drôle ! Et elle éclata de rire. D'un beau rire cristallin qui fit trembler le rideau derrière elle.

Jérôme la regardait pendant qu'elle riait. Elle était vraiment très belle. Elle lui demanda soudain : "Que voulez-vous, Jérôme ?"

Jérôme fut surpris de la rapidité avec laquelle elle avait retrouvé son sérieux. Il en fut un peu désarçonné, mais il sortit la réplique qu'il avait préparé en venant ici : "Je voudrais vivre une grande aventure, l'Aventure avec un grand A".
- Ah, répondit-elle. L'Aventure... Oui à votre âge cela ne m'étonne pas. Surtout avec votre poids.
- Mon poids ? demande-t-il. Qu'est-ce que mon poids a à voir avec l'Aventure ?

Elle le regarda un instant et dit simplement : "Tout". Puis elle ajouta d'un ton qui ne supportait aucune contradiction : "Deshabillez-vous !" 

Jérôme avait été prévenu. Il s'y était preparé. Mais il n'avait pas anticipé la beauté de cette femme ni la profondeur de son regard. Se déshabiller devant elle ? Cela lui parut impossible. Elle continuait à le regarder avec ce sourire qu'il ne savait plus qualifier. Il resta immobile. Elle rit. D'un autre rire que le premier, mais encore plus séduisant.

- Rassurez-vous, Jérôme, lui dit-elle. Je vais sortir de la pièce, et ensuite vous vous déshabillerez. Vous poserez tous vos vêtements sur le canapé, puis vous écarterez le rideau rouge et franchirez le pont. Je vous souhaite bonne chance, Jérôme. N'oubliez surtout pas de ne rien emporter avec vous.

Jérôme la regarda se lever. Il se leva aussi, mais elle franchissait déjà la porte et disparaissait dans le noir, sans un regard en arrière. Il regarda sa place sur le canapé. On voyait encore son empreinte sur le coussin mais celle-ci s'effaçait déjà, comme si elle n'avait jamais existé. Un mouchoir blanc brodé était la seule trace visible du passage de cette mystérieuse femme. Il le prit et le rapprocha de son visage. L'odeur était envoûtante et il sut qu'il ne pourrait jamais plus se séparer de cette relique. 

Jérôme se déshabilla. Il plia soigneusement tous ses vêtements sur le canapé, y posa ses chaussures, sa chevalière et sa chaîne de naissance. Il regarda un instant le mouchoir. Allait-il le garder ? Est-ce que cela pouvait poser un problème ? Il ne savait quoi faire.

Jérôme alors se divisa en deux. Jérôme A prit le mouchoir et franchit le rideau, tandis que Jérôme B franchit le rideau complètement nu.

Jérôme A, en ouvrant le rideau, vit devant lui un pont qui montait doucement dans l'air. Il semblait aller loin vers l'infini. Un pont solide, coulé d'une pièce en une courbe harmonieuse. Un pont à la fois léger et solide, plus moderne qu'aucun pont jamais construit par l'homme. Il posa un pied sur le pont, puis un deuxième, et avança. Il marcha longtemps, longtemps. Il eut soif, faim, envie de dormir, envie de se reposer, mais il marcha. Il marche encore, il est devenu maigre, puis diaphane, puis transparent, puis léger comme l'air. Aujourd'hui ont dirait un courant d'air portant un mouchoir.

Jérôme B, en ouvrant le rideau, vit devant lui un petit pont japonais comme on en trouve dans tous les jardins exotiques. De l'autre côté se trouvait un jardin extraordinaire rempli de plantes aux couleurs vives, bordé de bâtiments étincelants. Quelques bancs au loin étaient occupés par des personnages eux aussi hauts en couleurs et des jeunes femmes plus jolies les unes que les autres. Il posa un pied sur le pont, puis un deuxième, et avança. Le pont s'écroula instantanément, réduit en poussière, comme son rêve et son Aventure. Avant de tomber dans un abîme sans fond, il eut juste le temps de se rappeler que quand il se divisait, son poids aussi se divisait. Dommage, se dit-il, je viens de rater mon Aventure.


samedi 29 août 2015

C'est samedi, c'est cuisini

Dernier samedi de l'été donc le jour idéal pour partager avec vous quelques recettes de cuisine d'été, pour l'été prochain évidemment. 

L'été c'est la saison des salades variées. Il y a plusieurs sortes de salades suivant la manière dont les ingredients sont disposés. Petite revue de détail :

- la salade type restaurant avec beaucoup de salade verte coupée en morceaux et des trucs posés dessus plus ou moins artistement avec toujours un filet de crème de vinaigre balsamique sur le côté et des copeaux de fromage, des olives en boîte et un produit noble gerte saumon ou magret. A éviter. On peut quand même sauver la version tomates mozzarella si ce sont de bons produits et si le basilic est frais

- la salade bio moderne avec des ingredients disposés les uns à côté des autres comme un repas complet dans une assiette, ou en quartiers comme des parts de gâteau. Compter toujours au moins un produit bizarre à faire reposer quelques heures et à cuire longtemps. A éviter si vous êtes pressé. De très beaux livres sont disponibles sur le sujet. 

- la salade de base (verte ou mélangée mâche roquette par exemple, dont la vraie personnalité réside dans la vinaigrette et les oignons/échalotes/aulx avec tellement de variantes d'huile, de vinaigre et de moutarde que chaque variante est totalement différente des autres. Un must. Un délice pour s'initier aux sauces. 

- la salade type salad-bar, avec des petits raviers pleins de produits à charge à chacun de composer son assiette comme il le veut. Idéal quand on a des enfants qui détestent certains ingredients et comme ça ne seront pas obligés de les trier. Sympa en groupe. 

- ma salade.  Beaucoup d'ingrédients coupés petits et une vinaigrette/mayonnaise comme sauce qui noie un peu le tout. Infernal. 

Sinon, au-delà des grillades et autres trucs pour barbecue, je vous recommande des viandes plus rares, plus goutues. Le magret grillé par exemple avec son cortège de pommes de terre sarladaises cuites dans leur graisse. Très bon même si ce n'est pas trop sain. Ou la vraie côte de bœuf bien persillée. Ou enfin les croquettes maison à la mode d'Europe centrale. 

Pour le dessert, rien ne vaut la salade de fruits. Ne ratez pas les mirabelles de Lorraine - les seules à manger - dont c'est la pleine saison ou les mûres et autres baies de fin d'été. 

C'est juste une idée pour vous faire saliver. D'ailleurs, moi il faut je je m'arrête. C'est l'heure du dîner et je dois m'y préparer psychologiquement. 

Bon appétit.

vendredi 28 août 2015

La danse de l'automne : l'écolodanse

Il est facile de se moquer des partis politiques ou des écolos. Les deux sont pourtant nécessaires à la fois à notre démocratie et à l'avenir de nos enfants, si l'on inclus l'environnement au sens large. Mais lorsque les deux sont réunis dans un même lieu, c'est quand même un sujet délicieusement ridicule.

EÉLV se déchire donc une fois de plus. Le rassemblement hétéroclite (sans jeu de mots scabreux) censé rassembler toute la famille écolo "de gauche" a connu son heure de gloire sous Sarkozy et au début de François. Mais cette lune de miel s'est terminé depuis longtemps, y compris dans les scores électoraux. Les deux démissions fracassantes d'hier et d'aujourd'hui - de Rugy et Placé, deux parmi les élus les plus importants - sonnent le glas d'une alliance de façade. Le parti ou rassemblement EÉLV est mort en tant que tel. Qu'il se ré-éclate en courants divers, dont Les Verts sont le plus important, ou qu'une partie s'allie à la droite via CAP 21 ou au Front de gauche, la voiture balai du peloton de la Gauche, cela ne changera rien à son influence politique. L'ère glaciaire recommence pour ce "parti" alors même que le sujet est plus que jamais d'actualité, cf ce bille  sur la COP 21, à ne pas confondre avec CAP 21 justement.

Cela me fait furieusement penser à une danse désordonnée. Pas une de ces danses d'été qui sont des produits marketing destinés à entraîner des foules entières dans des ballets coordonnés sur les plages ou dans les bals, mais plutôt à un joyeux bordel inorganisé ou chacun danse suivant son rythme. Sauf qu'il n'y a pas de rythme ici. Pas de musique unique, ni de DJ maître des lieux et de la foule. C'est comme si les écolos dansaient tous avec leur casque sur les oreilles et chacun une musique différente. Certaines de ces musiques sont lentes, d'autres rapides. Certaines commencent de droite à gauche, d'autres de gauche à droite. Sur certaines on fait du sur place, sur d'autres on tourne en rond. Certaines se dansent dans une cage de verre suspendue au dessus de la foule en délire, en plein sous le feu des projecteurs, d'autres se dansent tout seul dans le couloir qui mène aux cuisines.

Les Verts n'ont jamais été ni voulu être un vrai parti. Ni une flotte de bateaux tous dirigés par un même amiral et tenant le même cap (21 ?). C'est plutôt une masse de bateaux de pêche navigant uniquement au sonar, en fonction des profondeurs observées, des bancs de poissons et de l'écoute plus ou moins légale des transmissions entre d'autres bateaux. Il s'agit donc plus d'une sortie en mer de bateaux ne sachant pas où ils vont. Certains de ces bateaux sont des yachts de luxe loués à de riches et ambitieux People, d'autres d'humbles barquettes de pêche. J'étais à Saint-Raphaël par exemple et j'ai pu voir le bateau du meilleur pêcheur de la région. Car malgré l'afflux des touristes, les pêcheurs locaux sont de vrais professionnels et les meilleurs sont connus et respectés de tous. Le bateau de ce pêcheur est ridicule, vraiment ridicule, mais les pêches rapportées sont impressionnantes.

Comme quoi, a l'instar ce ce qui se passe chez les écolos, tout dépend des hommes et des femmes qui sont dans les bateaux. Des danseurs, et pas de la musique qui est derrière. De l'émotion et de la conviction qui entraîne ces personnes. Chez les écolos, il n'y a ni musique, ni maître de ballet, juste une collection de danseurs sans talent. Vu de loin, leur danse est ridicule. Pas autant que la danse des canards evidemment, faut pas exagérer. On espère pour l'Ecologie avec un grand E que ses valeurs seront défendues par d'autres danseurs, mieux coordonnés. Tous les vieux se souviennent de la Lambada. Espérons qu'un jour l'écolodanse reste dans nos mémoires comme un moment clé où l'Ecologie sera devenue une vraie priorité, pas seulement un filet remaillé pour la pêche aux voix.

jeudi 27 août 2015

Ephéméride construit

27 août. Un petit coup d'oeil sur l'éphéméride pour voir ce qui se passe, car du côté de la vie politique française, c'est le désert.

Les saints du jour tournent autour de Monique, qui vient du grec monos, la seule, l'unique. Comme dans Monomanie, Monopole ou Moniteur bronzé de ski nautique (euh pas sûr pour ce dernier). Un prénom un peu ancien maintenant, mais il faut dire que le calendrier des saints catholiques est de plus en plus ringard de nos jours. Heureusement, dans ces cas-là on regroupe autour d'un saint tout un tas de prénoms ayant la même étymologie, en l'occurrence de Mona à Mon(t)y Python. Vous savez évidemment que la Sainte Monique est la mère du futur Saint-Augustin...

Il y a 50 ans mourait Le Corbusier, la référence française de tous les architectes, même s'il était né suisse. Belle expo au Ministère de la Culture, Beaux livres d'archi (donc chers) dans les belles librairies. Une époque de l'architecture se terminait, haute en couleurs et en barres, en lignes droites et en espaces géométriques. Un style de vie, entre architecture et urbanisme, entre modernité et protection des territoires authentiques. La bataille de l'architecture est toujours actuelle - on en a parlé souvent ici - à Paris notamment avec les projets de tours et de façades, confrontés à des résistances conservatrices pas toujours très claires.

Il y a 35 ans mourait un de mes artistes préférés, Tex Avery... Nostalgie, loups et jolis chaperons rouges, chien heureux ("You know what? ... I am the hero")


Le 27 août 1991 était proclamée l'indépendance de... la Moldavie, un pays qui existe réellement, pas comme dans les albums de Tintin, et d'où incidemment viennent certains de mes ancêtres. Un pays en pleine zone dangereuse en ce moment, coincé entre les Russes et les Européens (et les Roumains).

Peu d'anniversaires à fêter, pas comme d'autres jour. Demain par exemple, c'est l'anniversaire du discours I Have A Dream de Martin Luther King, en 1963, peu de temps avant l'assassinat de JFK.

Sur ce blog, l'année dernière à la même date, je parlais du rapport Attali sur la francophonie économique, qui popularisait pour la première fois le terme francophilophone, aujourd'hui déjà disparu. Comme son rapport, d'ailleurs. Cruel les anniversaires... En 2012, je parlais des universités d'été des partis politiques, un peu plus en avance que cette année, et des muscles des hommes et femmes politiques... Eh oui ! En 2013, pas la peine de lire ce billet car c'était le discours de François devant les ambassadeurs et il parlait déjà d'El Assad comme cette année, hier. Une fixette, monsieur le président ?

Aujourd'hui c'est pourtant forcément l'anniversaire de beaucoup de gens inconnus. Je leur souhaite donc un bon anniversaire, car chacune et chacun est unique, constructeur, loup ou chaperon rouge, heureux, d'Europe centrale et/ou né dans une période de creux politique, somme toute assez reposante - en tous cas pour les blogueurs.

mercredi 26 août 2015

Ambassadeurs de quoi, au juste ?

Hier les Ambassadeurs se réunissaient comme chaque année à même époque. François a tenu un discours. De quoi a-t-il parlé ?

François a commencé par la COP21 en décembre sur le changement climatique. Juste quelques phrases, dont celle-ci : « Nous avons le devoir de réussir parce que c’est un enjeu mondial, parce que c’est la France qui est le pays hôte de ce grand rendez-vous... Une fois encore notre pays par sa place, par son rôle, par son influence, est chargé de prendre part à une négociation décisive pour l’avenir de la planète ». On est dans le grandiose. La France au secours du monde. Super !... Heureusement il n’a pas trop insisté, vu le ridicule de la situation et le grand écart entre les mots et les actes dans ce domaine. Bon, pour être honnête, il y est longuement revenu en fin de discours, pour annoncer une innovation majeure due au génie français : les présidents des Etats seront invités au début de la Conférence, pas à la fin. Je ne sais pas si vous imaginez l’impact mais c’est... c’est... je ne trouve plus les mots tellement c’est...

François est passé tout de suite au terrorisme de Daech (on ne parle plus d’un autre acronyme, vous aurez remarqué) ou de Boko Haram, sans oublier d’écorcher vivant au passage El Assad. Devant des ambassadeurs c’est un sujet délicat car on est plus proche ici des militaires et du Ministère de la Défense. Rien de nouveau, sinon l’envie de détruire El Assad le plus vite possible. Il a même dit "neutralisation" ce qui est tout sauf neutre et a été relevé par beaucoup de commentateurs étrangers. Une stratégie bizarre, comme si un domino tenait à lui tout seul toute la construction au Moyen-Orient.

Il est passé ensuite aux migrants qui affluent en Europe, principalement via la Méditerranée et ses pays riverains. Il a réussi à dire du mal des murs qui s’élèvent un peu partout, virtuels souvent, mais de plus en plus réels, prenant ce faisant une position courageuse contre les populismes normaux. Il a dénoncé certains pays qui ne prennent pas leur « part » de migrants, préférant se réfugier derrière ces murs (sans parler des murs entre Israël et Palestine - sujet touchy - et sans nommer Israël d’ailleurs, juste en parlant des deux parties. L’Iran a semblé au centre de ses préoccupations, avec l’Egypte. Le choix géopolitique semble fait.

Il a donc conclu cette partie sur l’idée de développement. On ne parle plus de co-développement - idée éculée - mais de développement commun : « Cette question des migrations peut opposer le Nord et le Sud, au-delà des tensions que cette question peut générer en Europe, dans chacun de nos pays, au risque de nous déséquilibrer gravement. Alors nous devons écarter ce risque. Nous devons travailler à un développement commun, à la formation des personnels, à la mise aux normes énergétiques de l’Afrique, à la croissance, à la sécurité ».

Et puis à propos d’Angela, il a voulu en parler : « C’est ce que nous avons fait avec la Chancelière MERKEL, pour éviter que ne dégénère la crise ukrainienne. Tout a commencé le 6 juin, sur les plages du Débarquement. C’est là que nous avons conçu le « format Normandie ». C’est ce  « format Normandie » qui a permis de conclure – une nuit a été nécessaire – les accords de Minsk en février dernier ». On imagine la nuit torride en Normandie et on se prend à rêver à ce couple improbable ! Le format Normandie ??? En voilà une expression que je n’avais pas relevé avant, honte à moi !

François n’a pas oublié de prendre son habit de VRP de l’armement français, des Mistral (deux à vendre) aux Rafale. Et il a conclu sur l’Europe. Petit coup de patte à Mélenchon par exemple ici à propos de la Grèce : « Nous devons en tirer pour nous-mêmes des leçons. Je ne parle pas des leçons pour savoir s’il faut s’adapter ou pas à la réalité, s’il faut gouverner ou pas ; à un moment la politique c’est fait pour gouverner et pour diriger, ou alors c’est une autre conception, qui est celle de la résistance ou de la protestation ». Il a défendu encore une fois l’Europe à plusieurs vitesses, en l’appelant « l’intégration différenciée » (???) ce qui est nettement plus clair, vous le reconnaîtrez.

Enfin, il a réussi à prononcer le mot « francophonie », ce qui est à noter. C’est toujours bon à prendre.

mardi 25 août 2015

L’Université de haut en bas

Etrange photo que celle-ci.


Il s’agit de présidents d’universités françaises, rassemblés lors de leur si bien-nommée Université d’été dont le thème cette année est lié à la réforme des régions puisqu’il s’agit de placer l’Université dans ses territoires. Aujourd’hui et demain. Lire ici le programme et les comptes rendus.

Evidemment il n’y a ici qu’une soixantaine de présidents et assimilés puisqu’on y retrouve certains anciens et certains permanents de la CPU. Ca se passe à Paris, chez les jeunes sourds et au CROUS... Aucun message subliminal semble-t-il. Vous noterez quand même la proportion de femmes sur la photo : 10 seulement soit 16%... Vive la parité et le plafond de verre dont on a déjà parlé ici par exemple. certains se sont faits porter pâles. Quelques politiques sont présents à la réunion mais pas énormément. On notera par ailleurs l’absence assourdissante de la francophonie dans cette réunion. On y parle d’international évidemment, puisque c’est une extension du domaine du territoire, mais plutôt d’Europe, d’Asie et de pays du Nord (synonyme de solvable). Le territoire du Sud reste absent, comme un non-dit honteux. Il est pourtant très rémunérateur pour les universités françaises. Ca ne doit pas être dans l’air du temps. On notera également l’absence de mention du territoire numérique. C’est dommage, car c’est un territoire aussi et de plus en plus important pour toutes les universités, même les plus locales. Au lieu de le traiter uniquement comme un outil, le numérique est un territoire à investir, avec sa géopolitique et ses forces en présence; ce qui inclut les effets papillon d’une innovation à l’autre bout du monde - regardez par exemple l’effet MOOC.

Mais ce qui est étrange sur cette photo c’est le cadrage plongeant. D’habitude, on imagine les présidents vus d’en bas (surtout quand ce sont des nabots) ou placés sur un escalier afin de bien tous les voir. Ici la contre-contre-pasngée les réduit à des hommes et des femmes faibles, presque soumis à une autorité supérieure. Au politique ? Aux nouveaux exécutifs régionaux qui seront élus en décembre ? A l’Université avec une majuscule ? Un cadrage rendu obligatoire par les lieux mais qui sonne un peu faux à mon humble avis.

A titre personnel je remarque beaucoup (trop) de cravates, quasiment pas de jupe et peu de couleurs autres que les standards insipides. La diversité universitaire n’est pas au rendez-vous, mesdames et messieurs. On attend les étudiants dès la rentrée pour manifester leur mécontentement par rapport à cette situation intolérable. Non mais !

lundi 24 août 2015

Les bourses sont plates

C'est la rentrée pour beaucoup en ce lundi (mais pas pour moi je vous rassure). Les médias recommencent leur ballet du matin et du soir autour de la politique qui se relance doucement. J'en ai donc profité, par pur masochisme pour aller sur le site des Échos, le symbole de la finance glorieuse. C'est en général, pour moi, une cure parfaite autour de l'ineptie de notre monde économique actuel. Et là, horreur  je vois que les bourses plongent, dégringolent même. Ca m'a inspiré quelques pensées.

Tout cela vient d'Asie, où les bourses sont descendues depuis une petite semaine, à cause des prévisions de crise financière en Chine. On pourrait donc dire, si on aime les contrepèteries, que ce problème, il arrive à pied par la Chine... Ce qui résume assez bien mon opinion sur la finance mondiale. Les bourses européennes suivent le mouvement en ce lundi, et on peut supposer des mouvements identiques aux USA, d'autant plus que plusieurs indicateurs importants sont attendus dans la semaine. Cela fera la fortune de certains (toujours les mêmes) et le désespoir des apprentis sorciers notamment sur les marchés des matières premières. 

Les bourses descendent donc. C'est soit un phénomène de bulle, quoiqu'avec une bulle ca devrait plutôt remonter, soit une dépression après des vacances bien remplies. Il est toujours difficile d'analyser les mouvements des bourses, surtout quand on n'est pas spécialiste du X, Y ou Z. Ayons une pensée émue pour tous ceux qui souffriront dans cette crise et espérons pour eux que les bourses remonteront bientôt. 

C'est la rentrée et beaucoup de gens ontégalement  la bourse plate, après des vacances courtes mais intenses, dépensières et épuisantes. Les allocations de rentrée ont été versées récemment mais sans augmentation notable, au grand désespoir des ménagères de moins de 50 ans (je me demande toujours ce qu'il advient des autres) qui aimeraient bien pouvoir joindre les deux bouts en ce mois de septembre qui s'annonce difficile. 

Enfin, il y a les bourses des hommes, mais ce blog s'interdit toute blague graveleuse, vous le savez bien. Je ne ferai donc aucune blague sur ce sujet que la décence m'interdit de toucher. Les traders et autres experts qui maîtrisent les bourses et leurs circonvolutions ont beaucoup de courage pour rester de marbre dans un tel contexte.. Certains diraient "They got balls", mais je ne vous le traduirai pas. 

dimanche 23 août 2015

Du temps de cerveau pour... Une nouvelle labyrinthique

Igor était devant l'entrée du labyrinthe. 

Il jeta un dernier regard derrière lui. Il pouvait distinguer au loin le campement de son clan, bien à l'abri du soleil brûlant et des éventuelles conséquences de son entrée dans le labyrinthe. Son peuple était prudent. Il valait mieux d'ailleurs dans cette région. Tout pouvait arriver si vite, et en général c'était plutôt des catastrophes. Ils avaient beaucoup souffert, et Igor en particulier, pour réussir à se maintenir en vie. Le soleil était de plus en plus brûlant et la nourriture difficile à trouver. Ils croisaient de temps en temps d'autres clans, mais s'evitaient soigneusement. Les guerres entre clans avaient disparu depuis une éternité car toute leur énergie était consacrée à se maintenir en vie.

Igor était face à la porte du labyrinthe. La seule. Les legendes affirmaient que le labyrinthe apparaissait et disparaissait au gré de son humeur, mais qu'il ne comportait jamais qu'une seule porte. Et que cette porte ne restait jamais ouverte bien longtemps. Certains croyaient que le labyrinthe était un énorme animal, se déplaçant sur la surface du désert et ouvrant sa gueule pour attirer des hommes et les gober, car jamais personne n'en était ressorti. D'autres pensaient que le labyrinthe représentait le seul avenir de l'Humanite, décimée comme elle était. C'est pourquoi chaque clan désignait un homme parmi les plus forts pour entrer dans le labyrinthe au cas où ils le croiseraient. Il arrivait en effet que plusieurs générations passent sans que le labyrinthe apparaisse. 

Igor avait été désigné la veille. Son prédécesseur venait de mourir de vieillesse. Igor avait été très fier. La veille. Mais ce matin, avec le soleil qui se levait, le labyrinthe était apparu non loin de leur grotte. On aurait dit que la moitié de la Terre était devenue verdoyante. Et la porte était là, juste en face d'eux, au loin. Igor avait été fasciné par cette rencontre. Et il avait marché vers cette porte, nu comme le voulait la tradition. Le chemin qu'il avait suivi était encore visible dans le sable, une ligne parfaitement droite, sans aucune déviation, comme si une corde tendue l'avait attiré directement dans la gueule de l'animal.

Igor respira un grand coup et franchit la porte. Celle-ci se referma immédiatement derrière lui, comme les traditions le rapportaient. Igor était environné de vert. Des feuilles partout, des murs végétaux qui lui donnèrent le tournis, lui qui n'avait jamais vu que quelques feuilles cassantes sur de rares buissons. L'air était frais, presque humide et la température douce le fit frissonner. Il ne savait pas ce qu'il fallait chercher dans le labyrinthe, mais il s'y sentit bien tout de suite. Il était dans une sorte de petite prairie entourées de futaies, dans laquelle débouchaient au moins une dizaine de couloirs de verdure. Au milieu de cet espace se trouvait une petite colonne de pierre, à la bonne hauteur pour s'asseoir. 

Igor regarda la colonne. Elle vibrait doucement comme si elle l'appelait. Mais Igor s'ébroua. Il était trop tôt, il n'était pas fatigué et il devait faire quelque chose, maintenant qu'il avait pénétré le labyrinthe.  Il se dirigea vers un couloir au hasard et y entra. Les odeurs de feuillage l'enivrèrent tout de suite. Il avança lentement, caressant les feuilles de ses doigts. Le passage tournait et d'autres couloirs s'ouvraient. Il décida de ne pas suivre les conseils du chef du clan qui lui avait recommandé de toujours tourner à droite, ce qui selon lui devait l'amener à voir tout le labyrinthe. Igor était trop impatient pour écouter de tels conseils de vieux. Il marchait d'un couloir à un autre sans réfléchir. 

Il se rendit pourtant bientôt compte que chaque passage avait une couleur, une odeur, une texture différente. Même les bruissements des feuilles semblaient différents. Il sut que chaque passage devait avoir un goût unique, même s'il n'osait pas mordre dans ces feuillages inconnus. 

Il arriva dans une salle ronde, presque comme la première. Un carrefour. Au centre était un coussin énorme et qui semblait si voluptueux qu'il résista avec peine à l'envie dévorante de s'y enfoncer. Il regarda longtemps cet objet, légèrement rosé, puis il secoua la tête. Quelque chose ne lui plaisait pas et il se remit à marcher et à parcourir le labyrinthe.

Il marcha longtemps mais la lumière ne changeait pas, comme si le labyrinthe ne dépendait pas du soleil. Aucune fatigue ne l'atteignait. Pourtant, à chaque fois qu'il arrivait dans une salle du labyrinthe, quelque chose était toujours placé au centre du carrefour. Et à chaque fois il ressentait une très forte envie de s'y asseoir. Car tous ces objets étaient visiblement conçus pour se reposer. Ils étaient de toutes les formes, de toutes les tailles imaginables. La plupart étaient complètement inconnus d'Igor, mais il en avait vu certains dans un des vieux livres conservés par le clan. Il reconnut ainsi un canapé rouge et doré, un grand lit rond, un banc avec des lattes de bois vert bien régulières. Il reconnut un tabouret si haut qu'il se demanda longuement comment monter dessus. Il y avait des sièges pour le confort, d'autres pour le luxe. Certains semblaient avoir été conçus pour des corps très grands, très larges, alors que d'autres étaient ridiculement petits.

Mais aucun des sièges ne l'attirait suffisamment. Alors Igor continuait à arpenter le labyrinthe. Plusieurs fois il rebroussa chemin pour voir, mais il n'était jamais retombé dans la même salle.

Il suivait un passage particulièrement parfumé quand il arriva dans une nouvelle salle. Il sut tout de suite que c'était elle. Sa salle. Tous ses sens buvaient cette salle. L'odeur lui convenait parfaitement et le doux bruit des feuilles lui rappelait des souvenirs d'enfance qu'il croyait ensevelis. Au centre trônait une chaise. Une simple chaise entièrement en bois, ni grande ni petite, juste à sa taille. Il compta les passages, il y en avait douze, et il s'assit sur la chaise. Le chemin qui l'avait conduit ici avait été bien long, mais il ne se sentait toujours pas fatigué. Pourtant, une fois assis, il ferma les yeux une seconde.

Quand il les rouvrit, Igor n'était plus seul. Un grand nombre de femmes, toutes nues comme lui, remplissait la salle tout autour de lui. Il y en avait tant qu'il ne sut les compter ni même imaginer combien elles pouvaient être. Igor les regarda. Il y en avait de toutes sortes, de toutes tailles. Comme si le labyrinthe produisait toutes les femmes possibles. Il les regarda une à une. Aucune ne bougeait. Elles le regardaient toutes en souriant. Igor était jeune encore et timide. Il dut mettre, a main sur son sexe pour cacher son émoi. Plus Igor les regardait plus elles étaient belles. Comme si, parmi leur infinité, celles qui lui plaisaient se plaçaient devant ses yeux. C'était impossible. Chaque femme semblait différente et pourtant elles le séduisaient de plus en plus.

Igor se rendit alors compte que fasciné comme il l'était, il n'avait pas encore regardé derrière lui. Pourtant chacune des femmes derrière lui était là, et il voulait les  voir. Il se retourna donc, et toutes les femmes disparurent instantanément. Sauf une. Une femme magnifique, avec un regard d'ange et des fossettes de sourire heureux. Igor était fasciné par elle. Elle éclipsait toutes les autres, elle les rendait même ridicules.

Il tendit la main vers elle sans se rendre compte que son sexe était maintenant pleinement visible. Elle avança vers lui et lui prit la main. Ils se regardèrent longuement, lui assis et elle debout. Igor savait qu'il avait trouvé sa femme, sa compagne pour la vie. Elle s'assit sur lui, il l'embrassa et le vent se mît à souffler. Le vent était caressant au début, mais devint très vite comme une tempête. Les feuilles bruissaient de plaisir, comme sa femme. Comme lui. Igor ne sentit plus rien que le tourbillon autour d'eux. Leur étreinte fut passionnée mais la chaise tint bon. Lorsqu'elle posa la tête sur son épaule, Igor ouvrit les yeux.

Le labyrinthe s'était transformé. De multiples ouvertures laissaient voir le désert autour comme si des centaines de portes s'étaient ouvertes en même temps. Toutes convergeaient vers leur chaise. Igor distinguait même son clan qui se rapprochait des murs de verdure. Car on ne pouvait plus parler de labyrinthe. Il aurait plutôt fallu dire une ville de verdure, avec ses rues et ses maisons. Des maisons oui, avec des toits. Comme celui au-dessus de la maison juste en face de lui.

Alors Igor resserra ses bras autour de la femme, se leva et l'emporta dans la maison de feuilles, sous le toit de lumière. Toutes sortes de sièges les y attendait. Il choisit le gros coussin rose pour l'aimer. Et il sut que chaque jour, pendant que son clan et les autres aménageaient dans la ville-forêt, chaque jour il pourrait lui faire l'amour dans un siège différent. Igor sourit et elle lui rendit son sourire.

La chaise frémit et disparut. Maintenant, personne n'avait plus besoin d'elle.

samedi 22 août 2015

Vive les joyeux écolos de vacances

C'est l'Université d'été des écolos. A Lille, pour bien montrer qu'ils ne sont pas en vacances et pour faire la nique à Martine qui a réussi à perdre du pouvoir dans le coin, justement à cause des écolos entre autres. Les écolos n'appellent même pas cette université une université. Ont-ils honte du niveau de cette réunion d'été ? En tous cas cette année ils semblent bien plus perdus qu'avant, et c'est pas peu dire.

L'influence des écolos a fortement baissé depuis leur départ du gouvernement et leurs nombreux votes contre lui, notamment à l'occasion des votes budgétaires. Au début, il y avait la possibilité que cela rehausse leur popularité car il est toujours plus confortable d'être dans l'opposition, ou au moins une opposition interne à la majorité si vous me suivez. Mais il semble que les écolos aient vite été oubliés par tous, sous la conduite hasardeuse de leurs deux patronnes sans vision. Revenir au premier plan, redevenir un élément incontournable de toute majorité prendra du temps. Et un positionnement à retrouver.

Les élections régionales seront donc un moment clé pour eux. Le problème va être de choisir entre gauche et gauche (et peut-être même plus loin s'ils osent). Car le but de ces élections, pour eux, est d'obtenir le plus de sièges et le plus de postes dans les exécutifs régionaux ensuite. Le choix des alliances sera donc dépendant de ce simple objectif. Les socialistes ont le même objectif, mais pour eux cela revient à essayer de perdre le moins possible de régions par rapport au quasi grand chelem actuel. Les Verts et autres mouvances d'Europe-Ecologie sont traversés par des courants très différents. Cela me fait d'ailleurs furieusement penser à ce qui s'est passé en 2007 quand Sarkozy est arrivé au pouvoir. Il y avait toute une génération de gens de gauche (socialistes et Verts) qui voyaient disparaître toute chance pour eux d'exercer le pouvoir ou d'y participer. Les cinq années à venir allaient être trop longues pour eux. Certains - j'en connais - ont alors choisi de rallier l'ouverture (fausse) de la droite et se sont retrouvés au pouvoir ou dans les cabinets ministériels. Pour les écolos aujourd'hui, ce débat est très actuel. Et puisque les choix sont avant tout personnels - malgré toutes les dénégations publiques - tout est possible pour ces régionales.

Car il y a l'événement majeur de l'année (et même du quinquennat) en matière d'écologie et d'environnement. C'est à Paris, en même temps que les élections régionales. C'est la COP21. Un grand événement mondial qui pourrait, si tout se passe bien, remettre un peu d'espoir autour du changement climatique. C'est un événement onusien donc intergouvernemental. C'est donc le gouvernement français, puissance invitante, qui est aux manettes, en l'occurrence Laurent Fabius qui présidera la conférence. Fabius est d'ailleurs présent à l'école primaire d'été des écolos à Lille - histoire de refaire la nique à Martine avec un grand sourire. Le paradoxe de cette conférence est l'absence des écolos au plus haut niveau.

Tout se passe comme si les écolos, à force de débats internes stériles et de batailles d'égos, avaient laissé libre le champ de l'écologie. Je parle ici du parti, pas des écolos de base ou des associations de terrain evidemment. Or la Nature a horreur du vide, comme les scientifiques nous l'ont appris depuis des siècles. Le champ de l'écologie est donc labouré par tous les autres, notamment ceux qui sont au pouvoir. Et les écolos - les vrais si j'ose dire - sont à la traîne. Immense paradoxe. Je viens de lire, de plus, que face à cette analyse que certains font également chez les Verts, leur réflexe s'est inversé. Au lieu d'essayer de peser sur l'avenir de la planète, à travers cette conférence et par exemple des alliances entre tous les partis écolos de la planète, les écolos français se disent que cette COP21 pourrait leur servir à avoir plus de voix (donc plus d'élus et de postes) lors des régionales, comme si ce n'était qu'une campagne marketing gratuite à leur profit. Ils espèrent ainsi gagner ou influencer sérieusement la région Île de France.

Je me trompe peut-être, mais un tel retournement de valeurs, de la planète aux ambitions personnelles, me paraît odieux, moi qui ai voté écolo à plusieurs reprises, y compris aux sénatoriales. J'espère simplement, car il faut toujours espérer, que le bon sens leur reviendra. Mais en bon scientifique, je doute.

vendredi 21 août 2015

Les Guignols de l'intox

Décor : un rond de verdure enchanteur dans un beau pays, La France. Au milieu un théâtre de marionnettes paré pour une nouvelle représentation. Aujourd'hui il s'agit du 69ème épisode de Gnafron et sa blonde. L'épisode s'intitule "le membre de Gnafron". Le décor du fond représente un paysage bucolique mais quand on y regarde de près on voit que toutes les feuilles sont édentées, que les animaux n'ont qu'un œil et que quelques taches de sang innocent maculent les fruits rouges du péché.

Acteurs : les marionnettes de Gnafron, de sa blonde qui n'a pas de nom, du juge-gendarme, de divers personnages et du chœur antique des vierges effarouchées et anti mariage pour tous.

Le chœur antique des vierges effarouchées et anti mariage pour tous : Le Pen, Le Pen, Le Pen !
Un passante (transsexuel) : Lequel ?
Le chœur antique des vierges effarouchées et anti mariage pour tous : Il n'y en a qu'un ! Le Pen, Le Pen, Le Pen !
Un autre passant qui passe : Il a pourtant raison, il y en a plusieurs, au moins trois, en tous cas deux... 
Le chœur antique des vierges effarouchées et anti mariage pour tous : Jean-Marie, Jean-Marie, Jean-Marie !

Apparition de Gnafron.
Gnafron : On m'appelle ?
Le chœur antique des vierges effarouchées et anti mariage pour tous : Oui ! Oui ! Oui !
Gnafron : Je suis là. Vous avez vu ma blonde les enfants ? J'ai besoin de lui filer une torgnole dont elle se souviendra.
Le public : Non Gnafron
Gnafron : Ah merde alors. Où est-elle encore fourrée ? Avec sa bande ?
Un passant (un autre encore, c'est un endroit très passant) : Oui je l'ai vue. Elle courait par ici en emportant votre membre.
Gnafron : mon membre ? (Il regarde sous la scène) Ah zut, elle l'a fait. Elle a coupé mon membre. Je sais bien que je reste président donneur mais là je ne lui ai rien donné ! Je vais la crever. (Il sort un grand couteau et se précipite dans la direction indiquée par le passant).
Le passant (le même) : Quel idiot ! Il fonce tête baissée comme le taureau qu'il est.

La blonde de Gnafron entre et se précipite dans les bras du passant qui a arrêté de passer.
La blonde de Gnafron : Ah mon chéri, je t'aime. Allons vite manger ce morceau de choix.
Le passant (qu'on appellera Nicolas au hasard) : oui ma chérie, mais dépêchons, Carla femme rôde.

Ils sortent. La scène est vide un instant.
Entre le juge.
Le juge : Les enfants, vous avez vu Gnafron ? Il faut que je l'attrape. Il a fait trop de bêtises et il est trop vieux maintenant. Je dois le mettre dans un pot-au-feu et le manger.
Le public : Oui, Oui, Oui !
Le juge : Et il est parti par ici ou par là ?
Le public : Par ici, par ici, par lâ, par ici, par là, par là !
Le juge : Euh les enfants, mon cœur balance.
Le chœur antique des vierges effarouchées et anti mariage pour tous : nous ne balançons pas, nous ne balançons pas, nous ne balançons pas !
Le juge : Pas vous mesdames, désolé. Voudriez vous cacher ces seins que lâ décence devrait vois interdire de montrer à des enfants ???
Le public : Non, non, non ! Laissez ces seins sans soucis, c'est sain ces seins.
Le juge : Euh...
Une passante : Vois n'auriez pas vu Nicolas les enfants :
Le public : ...
La même passante : Je vous parle, vous pourriez répondre !
Le public : ... (Certains prennent quand même en photo la dernière des ex-premières dames, on ne sait jamais on peut toujours vendre les photos)
La même passante très rouge maintenant : Si vous ne répondez pas je le dis au juge !
Le juge : Euh...
La passante : Non finalement. Les juges ne servent à rien. Je le dirai à Gnafron !
Gnafron (revenu) : On m'appelle ?
Le juge : Ah Gnafron, je vous arrête pour attentat à la pudeur.
Gnafron : Pudeur ? C'est quoi ça ? 
Le juge : Euh...
La passante qui est toujours là : Gnafron, ils ne veulent pas me répondre. Vous voulez leur faire peur ?
Gnafron : Avec plaisir Madame, j'adore faire peur. J'ai toujours mes instruments de torture et quelques autres détails de l'Histoire sur moi.
Le public : Nicolas, Nicolas, Nicolas, reviens !
La passante : Nicolas ?
Nicolas : On m'appelle ?
La blonde (au bras de Nicolas, brandissant toujours le membre) : Gnafron !
Gnafron : Mon membre ! Je suis ton père
La blonde : Aaaaaaaaaaaaaah. (Elle tombe)

Baston générale dans un grand nuage de fumée.
Le chœur antique des vierges effarouchées et anti mariage pour tous : Le Pen, Le Pen, Le Pen !
Un nouveau passant, avec un masque à gaz : Lequel ?

Fin de l'épisode, la suite à l'Université d'été du FN, devant le juge pour une n-ième fois et surtout, surtout, dans les médias.

jeudi 20 août 2015

Une balade en mer

Faisons une petite balade en mer aujourd'hui, sans photos car la mer est trop belle pour être trahie en photos, et accessoirement je n'en ai pas pris.

Imaginez donc un bateau puissant, une mer bleue avec quasiment pas de vagues, un ciel bleu, un soleil couchant, des roches rouges, des endroits inaccessibles  autrement pour plonger, des bancs de poissons, des mouettes en chasse, des enfants heureux. Voilà les ingrédients d'une sortie en mer en Méditerranée au large de l'Estėrel. Une sortie en fin d'après-midi, apres une journée chargée, c'est un moment privilégié. La température est idéale, les couleurs sont exacerbées et la mer accueillante.

Songez plutôt aux autres touristes qui préfèrent une sortie en mer au milieu de la journée, en plein cagnard, pour rester dans la rade, et utiliser des bouées et autres trucs en plastic pour se faire tirer par le bateau. Deux styles très différents de sorties en mer. Un contraste entre la beauté et le tourisme idiot.

Ajoutez à cela d'autres types de sorties avec des pêcheurs sportifs qui sont attirés comme des aimants par les thons rouges et autres chasseurs de grosse taille. Et qui ne parlent que de tel rocher favorable ou de l'arrivée de bancs de poissons.

Les sorties en mer partagent pourtant toutes quelque chose de magique. Comme un rendez-vous avec la Nature, avec un contrôle très limité sur ce qui peut se passer. En Méditerranée, les conditions météo sont imprévisibles. Les marins bretons se moquent souvent des marins méditerranéens qu'ils considèrent comme des amateurs, alors qu'ils seraient souvent malhabiles s'ils devaient naviguer sur cette mer. D'ailleurs le bar breton (symbole éternel de l'alcoolisme régional) porte en Méditerranée le nom de loup, ce qui en dit long sur la sauvagerie des lieux.

En tous cas la température était idéale. Une manière de se réconcilier avec cette mer, si différente des autres. Une manière de rencontrer la poésie de la mer et de conclure une belle journée par un moment inoubliable, un souvenir pour l'avenir, un sourire ineffaçable sur le visage de tous ceux qui savent rester des enfants ou qui sont amoureux de la mer. Un bonheur tout simple. Carpe diem.

mercredi 19 août 2015

Parenthèse

J'en parlais lundi, le temps est un élément fondamental des vacances. Ce billet est écrit à l'avance, et parle de ce que pourrait être cette journée, deux jours à l'avance. Pas fantastique comme horizon de prédiction, mais on fait ce qu'on peut. D'ailleurs il est beaucoup plus risqué de prévoir à court terme, car tout le monde peut vérifier. Je me souviens d'un congrès de statisticiens (ça existe, si, si) autour justement du thème des prévisions à court terme. Ca se passait quelque part en Angleterre et les organisateurs avaient ressorti du placard un vieux Lord british, qui avait écrit pas mal d'années auparavant une des Bibles de tout bon statisticien, Lord Kendall pour les amateurs. Et il avait prononcé un brillant discours d'ouverture demandant aux spécialistes de prévisions à court terme qui peuplaient l'amphithéâtre de changer de métier. Faites comme moi, disait-il, ne faites que des prévisions à long terme. Personne ne pourra les vérifier et vous pourrez devenir Lord.... En substance ;)

Que se passe-t-il donc en ce mercredi, vu du lundi ?

C'est le premier Conseil des Ministres de l'année. Facile à prévoir, vous me direz. Pour le contenu, on imagine un contenu léger, à bas de salamalecs et de salades, d'apéritifs pour annoncer la rentrée, la vraie, qui aura lieu avec celle des enfants. Avec quelques mots pour déminer les universités d'été qui vont bientôt fleurir. Avec un remaniement et le départ du maire de Dijon qui préfère la moutarde locale au ketchup gouvernemental. On imagine qu'il y aura peu de reprises par la presse, suite à ce premier conseil. Le vrai premier sera le suivant. C'est d'ailleurs souvent le cas dans une série (chronologique). Le premier est une mise en bouche, le second une entrée, le troisième le plat principal. En cas d'événement exceptionnel - ça arrive - prévoir un trou normand pour tenir le choc. Excusez mon ton épicurien, mais c'est encore les vacances en ce mercredi et je pars en balade (en ballade ? Il faut que je vérifie).

Au plan international, prévoir une grosse crise en Afrique très bientôt. Les nuages se sont accumulés dans plusieurs pays cet été, notamment en Afrique de l'Ouest. Il y a des échéances électorales bientôt et il va être délicat d'organiser des projets durables en cette fin d'année. En Europe, la guerre des frontières, des barbelés et des migrants va s'intensifier. Prévoir un naufrage en Méditerranée ce mercredi est malheureusement trop facile. Il y en a plusieurs par jour en ce moment.

Reste la Grèce. Une bon rebondissement de la crise financière est possible. C'est la bonne semaine pour en amorcer un. La solution actuelle est clairement intenable et même si les résultats semblent tenir pour le moment, il faut trouver d'autres solutions rapidement.

Et puis, le mercredi, c'est le jour du Canard Enchaîné. C'est la bonne semaine pour publier un bon gros scandale dont tout le monde parlera. Un nouveau. Pas seulement le n-ième épisode des affaires en cours un peu partout. Quel scandale donc ? Alors là je suis sec, mais ce mercredi j'achèterai le Canard à la gare. Je m'en régale d'avance ! Merci aux journalistes du Canard qui lisent tous ce blog (euh) de ne pas me décevoir ;) Ni vous.






mardi 18 août 2015

Les parapluies de Saint-Raphaël

Temps gris ce matin à Saint-Raphaël. La météo est toujours aléatoire apres le 15 août par ici et même les applications de météo ne savent pas prévoir le temps tellement il change vite. Pas d'inquiétude, le soleil va revenir. Il revient toujours. Mais ce temps me fait penser aux parapluies. Et divaguer un peu.

Quand on vient au bord de la Méditerranée, on ne pense pas toujours à prendre un parapluie. Une petite laine, oui, pour le soir ou pour une sortie en bateau. Mais un parapluie c'est autre chose. Seuls les randonneurs ont leur cape de pluie, tout au fond du sac. Dans les boutiques on trouve tout l'attirail du vacancier : des bikinis riquiquis, des chapeaux de paille même pas en paille, des bijoux en toc, des espadrilles de luxe, des petits hauts très petits et des tonnes de crème solaire (pour le bronzage quand le ciel est bleu). Mais des parapluies, c'est plus rare.

Pas comme à Cherbourg, évidemment. J'ai furieusement pensé à ce film de Jacques Demy, le premier film en-chanté en-tièrement. Une boutique, une histoire désabusée, une tranche de vie d'amours qui ne se reconnaissent pas. Une sensibilité à fleur de peau. Et en recherchant quelques informations sur le film j'ai découvert une autre de ses caracteristiques dont je ne me souvenais pas. C'est le deuxième film d'une trilogie de Jacques Demy. Les deux autres ne sont pas chantés mais véhiculent la même idée d'une tranche de vie douceâtre, faite d'occasions ratées. Le premier s'appelle Lola - titre pour lequel j'ai une affection particulière - et le troisième, Model Shop. Ces deux films extrêmes ont pour actrice principale Anouk Aimée alors que les Parapluies de Cherbourg sont incarnés par Catherine Deneuve. Le lien entre les deux premiers films est un homme transplanté, le lien entre le premier et le troisième est Lola et ses surnoms. Pas de lien entre le deuxième et le troisième. Les parapluies sont donc une fin en soi. Comme si la pluie éteignait le soleil. Une drôle de trilogie. Étrange.



Mais ici le soleil va revenir. Et pas de trilogie ou de tétralogie à l'horizon. Les hélicoptères qui tournent dans le ciel sont juste là pour surveiller les incendies (attention au soleil et au vent mais pas à la pluie), pas pour être accompagnés de la chevauchée des Walkyries de Wagner comme dans Apocalypse Now, autre film majeur. D'ailleurs le héros du troisième film de la trilogie part au Vietnam. Le cinéma est une boucle. Comme la météo. Comme l'Univers ?

lundi 17 août 2015

Laissons les rentrer

Il paraît que nos deux hommes politiques préférés sont rentrés de vacances ce lundi. Tant pis pour eux. Nous on reste en vacances et on en profite.

Au moins, ici dans le Var, ça a un avantage : on ne risque plus de les croiser ou de se faire coincer dans un embouteillage lié à leur protection. Entre l'anniversaire gastronomique de François le 12 août dans le Haut-Var et les vacances bling bling de Sarkozy au luxueux Cap Nègre, il y avait pourtant des risques. Au Lavandou, le feu d'artifice du 15 a dû être interrompu, incendie oblige, peut-être parce que l'un d'eux était dans le carré VIP (je rigole). Le fort de Brégançon est resté vide, lui. La mode et passée pour le moment. François se gargarise du fait qu.il n'a pris qu'une semaine de vacances et que l'époque des longues vacances présidentielles est révolue. Sarkozy, lui, pose pour Match avec des photos bien cadrées.

On va donc les laisser travailler à notre bonheur futur (hum) pendant que nous on s'occupe du présent. Le 17 août sonne aussi la rentrée pour un certain nombre de gens. La plage à Saint-Raphaël sera-t-elle un plus plus vide ce matin ? Bof. On s'en fout, non ? Ceux qui sont en vacances adoptent un rythme différent et les questions qu'ils se posent sont d'une toute autre nature. Car c'est le temps, en général, le principal vainqueur des vacances. C'est grâce aux changements de rythme que l'on se sent en vacances. Au temps retrouvé, pas au temps passé au boulot.

Même moi, qui continue à bloguer chaque jour, j'ai conscience de changer de rythme, pour la recherche d'informations en amont ou pour l'écriture même d'un billet. Je serais curieux de lire des analyses scientifiques sur l'écriture des blogs et la manière dont elle varie en fonction des jours, du temps, du sens du vent ou de je ne sais quoi. Pour un même blog, j'entends. Car il y a tellement de blogs différents, chacun à leur rythme, à une ou plusieurs plumes, sur des sujets ciblés, personnels ou éclectiques. En plus il y a la langue et la culture derrière chaque blog. Un mélange entre local et global, privé et public. De telles analyses scientifiques existent certainement, car les chercheurs aiment à chercher sur tout sujet intéressant. Je vais me renseigner.

Mais avec l'apparition des formes modernes de médias sociaux, les blogs ont évolué. Les messages sont en effet de plus en plus courts, de type tweet, ou alors de plus en plus illustrés par des photos et des vidéos. Le billet "littéraire" existe encore mais il se noie petit à petit dans un océan de billets courts et ciblés. Et la tendance ne fait que s'accentuer, à mon avis. 

La plupart du temps, le temps de lecture - encore le temps - se réduit. Comme les vacances des présidents ? Est-ce un phénomène inéluctable que cette contraction du temps ? Pourtant. Pourtant "qu'il est doux de ne rien faire quand tout s'agite autour de vous"... Qu'il est doux de savourer chaque seconde des moments retrouvés. Qu'il est doux de ne pas regarder sa montre. 

Alors, profitons. Il sera bien temps de rentrer, de remettre ces chaînes qui nous attachent à la grande horloge du temps social. 

Et puis, parce que tout le monde a droit à des vacances, pensons à nos amis les chats ;)


dimanche 16 août 2015

Du temps de cerveau pour... Une nouvelle Ville

Elle marchait dans la Ville. Elle marchait depuis midi exactement, l'heure où elle était sortie de chez elle.

La Ville était beau. Gris comme d'habitude, indubitablement gris, mais la Ville était si beau qu'il fallait se pincer â chaque pas pour y croire, qu'il fallait aspirer de grandes goulées d'air pour résister à la pression de toute cette beauté. La Ville était ancien et des générations de bâtiments s'étaient accumulées en son sein. Une harmonie évidente se dégageait de la Ville, depuis une éternité. Mais la Ville était gris. Plein de nuance de gris, mais du gris quand même. Un hymne au gris et à la richesse de cette palette de tons. Rien n'était blanc dans la Ville, ni noir. Mais tous les gris y passaient. La Ville était si gris que toutes les autre couleurs étaient inutiles, dérisoires. Elles n'existaient même pas d'ailleurs.

Elle ? Elle était belle, transfigurée. Hier encore elle se sentait quelconque, une parmi des milliers d'habitantes de la Ville. Une femme grise, évidemment, mais une femme sans trait spécial, plutôt boulotte, un peu triste et sans énergie. Elle était à l'image de tous les habitants de la Ville. Ils semblaient tous écrasés par cette Ville somptueux, omniprésent. Ils se déplaçaient tous sur les trottoirs de la ville comme des zombies allant d'un point à un autre, de leur domicile à leur travail dans une Ville dépourvu d'intérêt. Même leur sexualité semblait grise, gris comme la Ville.

Elle marchait et se souvenait. Hier encore elle était une femme sans éclat, en tous cas qui se croyait sans éclat. Et puis elle avait été choisie. Élue même. Personne ne savait comment la prétendante était choisie. Mais tous savaient qui était choisi. Instantanément. Comme chaque année à la même date, une prétendante était choisie dans la Ville, peut-être même par la ville lui-même. Allez savoir. Il n'y avait pas de signe annonciateur. Juste quelques heures pour se préparer.

Ce matin, elle s'était donc levée puis préparée pour cette mission considérée comme la plus importante dans la Ville. Elle avait passé la matinée à se faire la plus belle possible. Elle avait sorti ses plus beaux atours, que chaque femme de la Ville gardait précieusement dans son coffre, au cas où la Ville l'appellerait. Elle avait ajouté les bijoux rituels qu'elle avait reçu la veille au soir comme toute prétendante. Elle devrait les rendre à Minuit comme Cendrillon la bien-nommée, couleur de cendre elle aussi, comme la Ville lui-même, cendré et beau dans son drap satiné.

A midi, comme de coutume, elle était sortie et avait commencé à marcher dans la Ville. C'était la tradition. Elle était millénaire comme la Ville était ancien. Chaque année une prétendante était choisie et parcourait les rues de la Ville de midi à minuit. Personne ne savait plus à quoi servait cette promenade, mais jamais, ô jamais, une femme élue n'avait manqué à son devoir. Elle, elle se sentait fière d'avoir été choisie. Elle ne comprenait pas pourquoi c'était tombé sur elle, mais elle était prête à honorer la Ville, sa beauté, sa force et la protection qu'il apportait à tous ses habitants. En se faisant la plus belle possible, elle croyait ne faire que son devoir, que rendre hommage à la Ville, le plus beau, le plus bel endroit imaginable.

Objectivement, elle était très belle. Elle avait été comme transfigurée par cet amour subit pour la Ville. Elle disposait de douze heures pour parcourir ses artères, ses places, ses lieux secrets et ses points névralgiques. Douze heures, c'était bien insuffisant car la Ville était très étendu. Chaque année, à minuit, la prétendante s'écroulait épuisée. Puis le lendemain matin elle se réveillait nue dans son lit et la vie reprenait son cours dans la Ville. Pendant ces douze heures, en effet, tous les habitants sortaient de la Ville, pour aller à la plage. C'était le plus beau jour de l'année, toujours. Le temps était idéal pour se promener dans la Ville. Mais seule la prétendante était autorisée à partager l'intimité de la Ville, durant ces douze heures.

Elle marchait donc, seule, dans les rues de la Ville. Il devait être presque vingt heures. Elle était comme transfigurée. La Ville était à elle, à elle seule. Et elle était à la Ville, à lui seul.  Demain elle retrouverait les bras de son amant du moment, mais aujourd'hui elle était à la Ville, dans ses bras puissants et si réconfortants.

Elle arriva au carrefour des vents. C'était l'un des principaux de la Ville et elle le connaissait très bien. Il y avait douze avenues qui en partaient. Elle devait choisir son chemin et elle hésita un instant. Le but n'était pas de parcourir toute la Ville, c'aurait été impossible de toute façons tellement il était grand. Le but était de marcher jusqu'à minuit. La tradition était si forte, même inexpliquée, qu'il ne serait venu a l'idée de personne de la transgresser. Elle hésita donc, mais elle continua à marcher. 

Puis elle tourna la tête sur sa droite. Aucune raison à cela, mais elle tourna la tête. Il y avait un reflet dans une vitre. Dans un petit immeuble coincé entre deux grandes avenues. Un joli reflet blanchâtre. Pas blanc, entendez-moi bien, mais blanchâtre. Une nuance rare dans la Ville. Elle n'hésita plus et changea l'allure de son pas. Elle avait de fines jambes galbées et une démarche si fluide que son changement de direction fut doux et imperceptible. Pourtant, quelques secondes après, elle se dirigeait vers ce petit immeuble. Elle-même eut conscience de cette nouvelle destination, mais sa démarche continua à être fermé et déterminée.

Lorsqu'elle arriva devant le petit immeuble, elle n'hésita pas une seconde. Elle poussa la porte vitrée, la porte au reflet si attirant, et elle entra. Après un petit passage sombre, elle se retrouva dans un patio très lumineux. Une fontaine en occupait le centre. Une fontaine en marbre, douce et ronde. Elle s'assit sur le bord. La pierre était fraîche mais pas froide. Elle eut néanmoins un frisson. Elle avait le droit de s'asseoir de temps en temps, mais de toutes façons cette fontaine était irrésistible. Elle plongea sa main dans le bassin, l'eau était fraîche. Puis elle eut envie de boire. Soudainement. Impulsivement. Elle glissa sa main sous le filet d'eau qui tombait. Et le soleil sortit des nuages perpétuels derrière lesquels il était caché. Il sortit juste un peu, mais juste assez pour envoyer un rayon sur la fontaine.

Sur sa main, elle vit apparaître un arc-en-ciel. Tout petit. A peine la longueur d'un doigt. Mais un arc-en-ciel quand même. Elle n'en avait jamai vu masi le reconnut tout de suite pour ce qu'il était. 

Jamais personne n'en avait vu d'ailleurs dans la Ville. Pourquoi, ce jour là, avait-il fallu que le soleil sorte un instant et qu'elle mette ses doigts sous le filet d'eau au même moment ? Quelle en était la probabilité ? Elle regardait le petit arc-en-ciel bouger entre ses doigts. Elle se demandait combien de prétendantes avaient vécu ce moment là avec la Ville. Comme un acte d'amour complet et magique. Nous, nous connaissons bien la réponse, n'est-ce pas ? Elle était la premiere. Elle fut la seule. La Ville n'avait besoin que d'un seul arc-en-ciel pour renaître.

Elle releva la tête et ses doigts bougèrent, les couleurs quittèrent ses doigts pour inonder les murs autour d'elle. La couleur, les couleurs se propageaient à grande vitesse. Elle n'avait jamais vu de couleur. Personne dans la Ville n'en avait jamais vu. Elle resta quelque instants, incrédule. Elle n'avait jamais imaginé une telle beauté. Même sa robe avait changé. Elle était maintenant d'un blanc éclatant, aveuglant. Un blanc pur. Et devant elle, une petite porte ouverte permettait d'apercevoir un couloir noir. Noir comme jamais. 

Alors elle se leva. Elle entra avec sa robe blanche dans le couloir noir et la Ville lui fit l'amour.

Quand elle ressortit, la nuit était noire. Il était bien aprés minuit. Quelque chose avait changé. Tout avait changé. Pour elle bien sûr et pour la Ville, séduit par elle. Mais elle ne voyait pas vraiment quoi. Elle marchait sur le monde avec une douceur inconnue. Elle ne voyait rien autour d'elle. Et c'était tant mieux. Elle rentra chez elle et commença à se déshabiller. Mais elle était déjà nue. Depuis ce petit couloir noir. Elle sourit et se coucha.

Le lendemain, personne n'alla travailler. Tous admiraient la Ville, paré de toute les couleurs du monde. Tous ouvraient grands leur yeux à la Couleur. Tous s'émerveillaient. Personne ne se demandait comment ils avaient pu vivre avant sans la Couleur. C'était tellement beau et émouvant que tous leurs souvenirs étaient emportés dans un océan de couleurs. Avant, la Ville était beau. Maintenant la Ville était magnifique.

Elle se réveilla comme les autres. Elle se regarda dans la glace. Sa peau rose était presque translucide. Mais elle était rose. Elle s'habilla. Tous ses vêtements étaient colorés maintenant. Elle sortit et alla retrouver la Ville son amant, près de leur petite fontaine. Elle ne quitta plus jamais ce petit immeuble. La Ville rayonnait. Les couleurs s'approfondissaient d'heure en heure. Même le ciel se dégageait. 

Elle était maintenant assise sur la fontaine. Elle souriait. Elle respirait. La Ville aussi était heureux. Tous ses habitants le sentaient au fond de leur cœur. Mais elle, Elle, elle était Heureuse.

samedi 15 août 2015

Cérémonies

Un billet court aujourd'hui. 

C'est le 15 août. La parure et l'apogée de l'été des vacances. C'est un jour plein de cérémonies et de célébrations. Il y a toutes les fêtes religieuses et ici, en Provence, il y a l'anniversaire (71 ans) du débarquement allié. Cérémonies un peu partout comme au Dramont, au milieu des plages grises de sang et des roches rouges des armes de l'époque. Défilé, brocante vintage, Chili con carne sont cette année au rendez-vous. On cherche les vétérans par contre. Orages aussi. Les fameux orages du 15 août. Orages de tous types. Passions électriques entre terre et cie,l les orages sont un signe indispensable d'un 15 août unique. 

Car pour moi et ma famille c'est un 15 août spécial. Balade en mer au coucher du soleil, dispersion des cendres de Lisa dans la rade au large de Melon Beach, puis excursion, plongée et nage au milieu de coins inaccessibles autrement. Un hommage coloré et beau. 

Ce soir, une fois le soleil couché et la nuit tombée, feu d'artifice. Une soirée simple, émotionnelle mais belle. Le vent est tombé, le soleil est revenu et le ciel joli. Les étoiles filantes seront au rendez-vous. Filantes... C'est le mot.  

Quoi souhaiter de mieux pour un dernier adieu, après le pont des Arts ? Pour s'élancer vers le soleil et la mer. Pour chercher et créer le bonheur autour de soi.  Pour vivre. Pour ne plus dire jamais. 

Mise à jour : Je ne peux résister à la tentation de vous en dire plus sur notre cérémonie pour Lisa. Le Ciel était clairement avec nous et avec elle. Le temps était au beau fixe avec un grand ciel bleu. J'étais dans l'herbe à attendre l'heure, serein comme jamais. Une goutte de pluie est tombée puis deux. Puis un grain est arrivé comme seule la Méditerranée en produit avec éclairs, soleil, rideau de pluie, creux de deux ou trois mètres en quelques minutes. Juste â l'heure où nous devions monter en bateau. Un petit semi-rigide fait pour tous temps. Une vraie tempête instantanée comme si un message nous était envoyé. On est quand même montés mais juste pour disperser les cendres au large de la plage. Sortie du port, gros creux, gros splash, puis glissade dans le sens de la vague et arrêt. Dispersion dans le sens du vent. Puis retour sur terre. Réapparition immédiate du soleil. Chaud. Rires. Sentiment partagé d'avoir vécu un moment rare, surréaliste, unique. Émotionnel certes mais joyeux et partagé avec hommage spécial de la Nature. On se refera une balade complète. Mais Tous nous sentons allégés et heureux de ce moment en commun et de ces circonstances jamais rencontrées et je pèse mes mots. Un grand moment de bonheur. Â suivre par d'autres, évidemment. Un hommage rare. 


             Bouquet final


vendredi 14 août 2015

Douches

C'est le matin. Parlons douche. 

On approche du 15 août et les orages commencent à se multiplier un peu partout. Ici à Maseille, il y a eu de jolis éclairs la nuit dernière mais le ciel est redevenu bleu comme le veut le dicton. La ligne des pluies coupe la France. J'ai vu ce matin chez mes amis un set de table (achetė en Normandie) qui illustre parfaitement la notion de douche extérieure et naturelle. Les normands me pardonneront, j'espère ;)



Mais en ce qui concerne la douche, la nôtre, il y en a tellement de versions que j'ai choisi de vous en parler, proprement, pour détendre l'atmosphère.

Lisez cette nouvelle. Voici donc un nouveau modèle de douche du genre brumisateur. C'est censé faire gagner 70% d'eau et c'est californien. Il y a un lien entre les deux car les problèmes de sécheresse dans cette région sont récurrents et de plus en plus graves. Le problème c'est que lorsque la Silicon Valley tousse, la planète entière attrape une maladie innovante et futile. Si cette douche se répand vraiment, cela pourrait être intéressant non seulement sur le plan écologique mais aussi pour voir si les sensations sont les mêmes. On imagine les journalistes testant la douche à tour de rôle. C'est un beau métier journaliste ! Des douches à brumisateur existent depuis longtemps, surtout en extérieur.  Mais chez soi c'est une autre histoire. Quoiqu'un nuage d'eau chaude peut être intéressant à essayer. Que les promoteurs me contactent, je veux bien tester.

Car sinon il y a la douche pourrie, avec un tuyau et un joint qui fuit, avec une eau chaude et froide qui alterne aléatoirement hors de tout contrôle. Je me souviens d'avoir ainsi visité il t a très longtemps un appartement pour le louer. L'annonce indiquait salle d'eau et wc. La réalité était un peu différente puisque la salle d'eau se résumait à un petit wc standard, avec juste un lave-mains. Quand j'ai demandé où était la douche, on m'a montré le tuyau en plastique souple accroché au robinet du ridicule petit lavabo, puis le trou au milieu du sol, ainsi que la barre en bois (pourri) pour séparer du couloir. Une cabine de douche en fait avec des toilettes au milieu. Pittoresque. J'ai fui en courant. Il y a vraiment des gens bizarres.

La réputation des français est terrible à ce sujet..Vieux sondage ici. Édifiant Mais où est la réalité ? Contre enquête là, dans un cadre international.



Sinon, ici il y a une douche italienne avec un gros pommeau au plafond. C'est somptueux. Quand le ciel et sa pluie vous tombe sur la tête, il ne faut pas avoir peur, mais juste en profiter. Les gaulois avaient tort de craindre cela. C'est mieux que le seau d'eau accroché dans un arbre, mais peut-être moins bien qu'une cascade naturelle, plus difficile à trouver. Lire l'article de Wikipedia sur la douche avec des liens vers des articles sur plein de sortes de douches que la bienséance m'interdit de nommer ici, ou la douche écossaise (ou british plus largement) ou tout un tas de références culturelles, de Psycho à Emmanuelle.

Reste la question de la température. Sujet sensible, épidermique même. Entre les douches glacées ou brûlantes il y en a pour tous les goûts. Avec conviction et force détails, chacun y va de la justification de ses préférences. Un sujet éternel et que personne ne pourra jamais trancher. Un vrai sujet, quoi !

La douche a finalement un positionnement particulier sur plusieurs plans très différents. On aimerait par exemple que nos chers politiques prennent plus souvent des douches froides, histoire de redescendre sur Terre. 

On parlera du bain une autre fois, faut pas abuser quand même.

jeudi 13 août 2015

Indibutablement

Oui, vous avez bien lu. Il ne s'agit pas du vulgaire indubitablement que tous les éduqués connaissent mais d'indibutablement connu seulement des civilisés qui se souviennent de Signé Furax de Pierre Dac et Francis Blanche. Ceux qui souhaitent se civiliser sont priés d'écouter ce feuilleton mythique par petites doses. En effet, â haute dose, l'écoute de cette série avant l'heure risque de paralyser vos zygomatiques. Moi je l'écoutais par exemple en allant faire les courses au supermarché pour la pitance de mes gosses. Rigolades assurées au rayon des surgelés et regards étonnés de ménagères aux fruits et légumes.

Sans aucun doute donc, on vit une époque bizarre, même dans la semaine la plus creuse de l'été. Quelques exemples.

Paris Plages et cette histoire de Tel Aviv sur Seine. Personne n'y comprend vraiment rien mais chacun a une opinion déjà faite dessus. Comme à chaque fois qu'il y a des débats entre des camps retranchés, même si le sujet précis est sympa et censé dédramatiser. Indubitablement chacun a raison, dans un paradoxe total. En s'ignorant complètement. L'initiative originale de la Mairie de Paris a disparu sous des flots d'interprétation. La clarté est souvent perçue comme l'ennemi de l'ombre. Toujours par les mêmes. La pluie â semble-t-il calmé les manifestants et de toutes façons il y avait plus de journalistes et de policiers que de vacanciers, pourtant la cible de cet événement. Nice a ainsi annoncé son "Gaza sur prom" en réaction. C'est evidemment un geste politique. Indubitablement.

Les gens qui ont des opinions sur tout se multiplient. C'est bien d'avoir une opinion et de se battre pour. Mais encore faut-il écouter l'autre, celui qui a une autre opinion. On ne peut être d'accord avec tout le monde evidemment. On ne peut aimer tout le monde. C'est déjà magique quand on aime une personne. Il ne faut pas espérer convaincre. De l'indubitablement à l'extrémisme il n'y a que quelques microns, une pellicule diaphane. L'été est propice aux discussion sans fin sur des tas de sujets qu'on n'ose pas aborder en temps normal, en tous cas pas avec une telle profondeur.. C'est donc le royaume des indubitablement. Faisons attentions à ces déclarations péremptoires. 

Indubitablement n'existe pas dans le domaine scientifique. La science c'est le doute et des théories qui attendent d'être validées ou démolies. Le doute est consubstantiel à la science. Pourtant beaucoup de non scientifiques manipulent la science pour prouver indubitablement leur point de vue. En tous cas pour essayer de le prouver, qu'ils soient évolutionnistes ou anti, religieux, partisans d'une théorie loufoque ou simplement inconscients de l'importance du doute. Le doute devrait être le propre de l'homme comme le rire. Rire et doute vont d'ailleurs indubitablement bien ensemble.

Indubitablement en tous cas, aujourd'hui est un jour bizarre. C'est le overshoot day  le jour du dépassement. Le jour où la Terre â dépassé ses ressources. L'année dernière c'était le 17 août. 4 jours en un an. Bientôt cela sera le premier juillet. A ce moment cela voudra dire qu'il nous faudrait deux planètes pour vivre. Nous n'en avons indubitablement qu'une. On fait comment ? Sans aucun doute ?



mercredi 12 août 2015

Ô rages, Ô des espoirs

On s'approche du 25 août et de ses mythiques mais réels orages. Aujourd'hui sur la Méditerranée, le temps s'annonce beau et chaud comme disent nos amis belges dans leur célèbre contrepèterie. La route poudroie et aucun orage n'est annoncé. 

Une pensée émue pour les normands et les bretons, vaches, cochons et humains compris. Le temps va se dégrader dans la journée. A l'heure du pastis, à Marseille, ce devrait être la fête à la grenouille vers là-bas. Mais c'est si loin, si loin qu'il est très dur d'y penser. 

C'est tout le paradoxe des vacances. Autant on peut être habitué à son chez soi et à son micro climat, autant les vacances sont le moment propice pour découvrir d'autres climats, même en France. Car la France a des climats très divers comme disait Braudek dans l'Identité de la France, au nord et au sud de la ligne de l'olivier par exemple ou dans ces lieux magiques que sont les lignes de partage des eaux. Entre Seine et Rhône par exemple, les eaux du Sud et celles du Nord et de l'Ouest à quelques centimètres les unes des autres. 

Les orages de l'Ouest arriveront forcément sur Paris et très vite. Une petite pensée pour les parisiens bloqués alors. 

Le seul problème ici dans le Sud c'est le vent. Dès qu'il fait mauvais au Nord, le Mistral soufflet ça refroidit l'eau. 

Bonnes baignades où que vous soyez en tous cas