mercredi 16 janvier 2019

A quoi sert l'Europe ? Un exemple concret venu d'Irlande

Il s'en passe des choses en ce moment.

Au Royaume-Uni, Theresa May est en plein "dismay" après le vote massif contre le projet de sortie honorable de l'Union européenne. Un vote sans appel, qui a réuni toutes sortes de positions contre ce texte, des positions complètement antinomiques pourtant. La suite des événements est à cette heure aussi brumeuse que Londres à l'époque de Mary Poppins (l'original ou la suite remake sans originalité). Rule Britannia et la diplomatie anglaise feront le reste. Les britanniques sont vraisemblablement partis pour retourner aux urnes, puisque leurs élus n'ont pas de majorité, quelle que soit la position défendue. Cela ne garantit pas une future majorité cohérente, ce qui est la règle dans un régime parlementaire. Rappelons que Theresa n'est au pouvoir que grâce à un accord avec le DUP, ce micro-parti d'Irlande du Nord qui se bat contre la réunification avec l'Irlande indépendante.

En prime, à la fin de ce billet, quelques Unes de la presse britannique ce matin...
Et si vous appréciez l'humour britannique, regardez cette présentation d'un projet de loi "minute" adopté ce matin au Parlement à Londres en pleine crise !!!



À propos d'Irlande, lisez cet article. Extrait : "Supermac reprochait notamment à McDonald's d'avoir empêché son expansion hors d'Irlande en se servant de la similarité entre le nom de la chaîne irlandaise et le célèbre "Big Mac". L'entreprise de Pat McDonagh, qui compte une centaine de restaurants en Irlande et en Irlande du Nord, espère maintenant étendre ses activités au Royaume-Uni et à l'UE. "Cette décision (...) montre aussi l'importance des institutions européennes pour la protection d'entreprises confrontées à des multinationales sans âme". On trouvera donc peut-être (car il y aura appel) des Big Mac de Superman en Europe. Rappelons que l'Irlande appartient à l'Union européenne et en est très heureuse. Une preuve de plus de l'utilité européenne, qui doit faire verdir de rage (et non de moisissure) les anglais pro-Brexit qui aimeraient avoir la mayonnaise, l'argent de la mayonnaise et la cuisinière en prime.

À propos de MacDo, vous avez vu ces photos, ici dans Le Monde par exemple. À cause du shutdown, Trump a payé de sa poche des burgers et autres saloperies à l'élite du sport américain, puisque les cuisiniers de la Maison Blanche sont au chômage technique. Remplacer la vraie bouffe censée honorer ses invités par de la junk food qui plus est payée par lui (mais forcément déductible de ses impôts personnels) pour faire passer l'idée de son Mur en briques (comme un hamburger trop cuit), voici une conception un peu "sans âme" de la culture, non ? On peut supposer qu'il ne s'agissait pas d'ailleurs de burgers impossibles... mais de bel et bon boeuf américain ! Les USA qui protègent à fond leur marché, et pas que contre l'Europe, la Chine ou les immigrants pauvres, sont aussi en pleine crise budgétaire pour une histoire de quelques milliards et de chiens d'hommes politiques qui marquent leur territoire en pissant contre le mur. Heureusement, les golfs t hôtels de Trump sont privés et fonctionnent. Font-ils des réductions aux fonctionnaires à l'arrêt ?

Et en France, le grand débat est lancé. Le site est en ligne et la lettre de Macron disponible un peu partout (ici à l'Élysée, la plus jolie en PDF). 34 questions détaillées réparties en 21 alinéas et 4 chapitres. On notera le 11ème alinéa sur la biodiversité et donc l'agriculture, pour ne pas pénaliser nos gentils agriculteurs face aux méchants étrangers qui font n'importe quoi, même protégés par l'Europe et la PAC (question 15 de la fiche thématique climat disponible sur le site). Ouf, la bouffe française est sauvée. Reste à savoir comment le faire... Comme pour toutes les autres questions d'ailleurs. Il est possible de participer ou d'organiser des réunions dès aujourd'hui, mais pour écrire une contribution directement en ligna, il faut attendre le 21 janvier (car la fameuse commission du débat public avait pris du retard).

Le 21 janvier ? Mais oui !!! C'est la commémoration de la décapitation de Louis XVI et de la chute de la tête de la France d'alors. Un monarque de moins. O tempora O mores, autres temps autres mœurs. Aujourd'hui on ne décapite plus les chefs d'État : Aux USA on les étouffe à coups de burgers et d'affaires russes avec ou sans vodka, au Royaume-Uni on vote contre eux, et en France on manifeste dans les rues et sur les routes.

Et en Europe ? Les élections approchent. Les Le Pen se frottent les mains puisque ça roule pour eux, ce qui fait baver Mélenchon qui aimerait être plus populiste et populaire qu'eux mais qui doit gérer une crise interne aux Insoumis qui en ont marre se sa chefitude aléatoire. Aucun grand parti, y compris LREM n'a encore désigné sa tête de liste. Le Grand Débat paralyse tout. Et nos hommes politiques, ne sachant où le vent va tourner, manipulent avec prudence leur langue, même en bois.

Comme quoi, les débats servent à quelque chose. Si on refuse la politique de la chaise vide et si on a confiance dans la capacité des organisateurs du débat à ne pas (trop) le manipuler. Car, comme tous ceux qui ont participé à une AG ou autre réunion publique le savent, ce type de consultation est toujours complexe à organiser de manière "objective" pour rester pudique, face à des parties prenantes organisées qui déforment le débat ou à des animateurs qui savent à l'avance ce qu'ils veulent.

Vous avez dit confiance ?

Ah, ces écossais...

J'adore le Cri au-dessus !

Game of Thrones, mais pas le trône britannique, keep calm

Indeed. Jolie photo

De l'importance de la virgule, la fameuse "Oxford comma"

Déjà ?

Ever ??? Wait and see...

mercredi 9 janvier 2019

Épidémie de désinhibition dans la crise actuelle en France

Désinhibition késaco ?

En psychiatrie, c'est ça. Un trouble spontané ou provoqué par des surdoses de médicaments ou de substances variées, lorsqu'on perd les inhibitions classiques qui nous peuplent en permanence (mais de manière variable avec le temps et les situations). Plus de détails ici. À faible dose, la désinhibition est un atout connu socialement, mais à dose plus importante c'est un trouble dangereux.

Je parlais ici de comportements individuels. Quid de comportements collectifs ?

Lisez cet article scientifique sur la "La désinhibition moderne: pour une histoire politique de l’anthropocène". Ardu mais intéressant.
- Et/ou lisez cet article de Pour la Science dont voici l'incipit : "Se masquer pour faire le mal : En recourant à une identité de substitution, l'internaute se sent moins responsable de ses actes – d'où la levée de ses inhibitions vis-à-vis de la violence verbale".
Un dernier lien ? un livre sur la sociologie dont il faut parcourir les pages qui précèdent l'extrait...
- Et un dernier dernier pour la route avec cet article suite à un acte violent des Gilets jaunes à Paris, dont j'extrais la phrase suivante : "Mais il y avait aussi un très grand nombre de manifestants portant un gilet jaune et qui n'ont pas hésité, par désinhibition ou un effet d'entrainement, à se livrer eux aussi à des violences injustifiables".

Pour en venir à mon sujet, lisez ceci, sur la désindividuation en groupe, et cela sur l'anonymat et la désinhibition.

Les comportements actuels (et je ne parle pas ici que des gilets jaunes ou des casseurs, mais aussi des médias, des politiciens et plus globalement des gens de base qui vivent dans cette crise de société) ressemblent fortement à une épidémie de désinhibition. Comme si, dans ce climat pourri, chacun se sentait affranchi de ce qui est le lien habituel au coeur de l'organisme (individu et société). 

Sur un plan global, cette épidémie qui a surgi publiquement avec le début de la crise des gilets jaunes, mais qui était en sourdine depuis longtemps, cette épidémie peut prendre plusieurs formes. Elle peut apparaître et disparaître, ou devenir endémique voire pandémique (explications simples ici). En politique et en social, il peut y avoir des vaccins préventifs ou des traitements curatifs, mais les effets de la désinhibition sont complexes, puisqu'au début cela semble ultra positif et que la "gueule de bois" n'arrive que plus tard. Drogue, opium du peuple et sevrage, quand tu nous tiens...

Alors ?

Alors, si cette désinhibition se diffuse, ce qu'on appelait les naguère les "incivilités" peut devenir mortel (pour un individu, mais pourquoi pas pour une société en tant qu'organisme global) ou à tout le moins incapacitant (suivre les scores électoraux des partis extrémistes aux prochaines élections par exemple).

Qu'en pensez-vous ? Une approche intéressante non ?

PS : Au fait, après tout ce galimatias, bonne année à chacune et à chacun, que cette année soit meilleure pour vous que 2018 ! Bonne santé et bonnes désinhibitions (limitées aux effets positifs).