lundi 30 juin 2014

Que font les anti-foot ?

Paris très calme ce soir, sauf dans les chaumières, les bars et la place de l’Hôtel de Ville où un écran géant a été installé (mais que pour les matchs de la France, hein ?). Ceux qui ne regardent pas le foot ou ne l’aiment pas font autre chose. J’en profite pour vous narrer deux anecdotes d’aujourd’hui.

Déjeuner d’affaires, avec des intellectuels et des hommes importants, dont plein d’étrangers. L’intellectuel important à côté de moi, entendant le mot foot, sort sa tirade : "Le foot, ça me fait penser à du pain et des jeux, et quand on voit le niveau de salaire des joueurs on se plait à rêver qu’une petite équipe gagne, ça leur fera des sous ! ». Voici donc quelqu’un qui ne regarde pas le foot et qui a un discours bien rôdé : "Les footballeurs sont tous des cons, débiles, primaires et ultra-riches… Quel modèle pour notre jeunesse ! »

Nous sommes plusieurs à réagir. Oui certains footballeurs ne sont pas des intellectuels (on a parlé de Ribéry), mais c’est un sport collectif agréable à regarder. Et celui qui n’a pas senti dans son ventre la vibration primaire d’une foule dans un stade (de foot, d’athlétisme ou de n’importe quoi) ne sait pas ce que vibrer veut dire. On ne peut pas convaincre quelqu’un qui pense avoir raison (même quand on est convaincu soi-même). L’homme avoue à la fin qu’il regarde quand même les matchs, on s’en doutait. On imagine le côté cul pincé s’il y a du public (intellectuel) et le côté débridé s’il est seul ou avec des supporters de foot. Cette mise en abîme était intéressante, car la lumière qui pétillait dans les yeux des autres était sans ambiguïté ! Je préfère les gens qui se foutent du foot honnêtement ;)

Deuxième histoire, un peu plus tard le soir. Tous les participants réclament une fin de réunion à 17 heures, le temps de rentrer pour voir le match France-Nigéria. Les pronostics se déchaînent (j’ai dit 2-0, si, si). Tous soutiennent la France, même les africains présents qui sont plutôt francophones et n’ont pas digéré la victoire du Nigéria à la CAN cette année. Il faut dire qu’il y a pas mal de joueurs d’origine africaine en Equipe de France. A ce moment, le président de séance (un autre intellectuel qui se fout du foot) dit qu’il est pour l’Algérie. Il ne sait pas que la France joue. Personne ne le croit, et tout le monde pense qu’il fait une blague. Mais personne n’a le temps de s’attarder. En fait, il fait une blague  mais ne peut faire autrement. Il ne peut dire « Allez les Bleus ». On a sa dignité, non ? L’humour est souvent un refuge contre une trop grande tension. Le problème est que ce président de séance est un patron et qu’il fait traîner sadiquement les choses en longueur, sans comprendre comment mobiliser ses troupes, qu’elles aiment le foot ou pas.

Il y a heureusement des intellectuels qui aiment le sport. Je ne citerai que Michel Serres et le rugby, même si ça ne va pas fort en rugby en ce moment. Et il y a plein de gens qui trouvent ça sympa à regarder, surtout quand la dramaturgie s’installe. On va donc laisser nos deux intellectuels. On espère les revoir bientôt pour avoir leur avis. Les vrais politiques savent reconnaître l’enthousiasme. Les faux, c’est plus dur pour eux.

Maintenant les bleus sont en quarts. Si c’est contre l’Algérie, Paris va exploser ! Si c’est contre l’Allemagne, François va être obligé d’y aller, car Angela y sera !


dimanche 29 juin 2014

Du temps de cerveau pour… une nouvelle quarantaine

Jil-Ak était très excité ce matin-là. C’était le grand jour. Après des années passées à être entouré de laideur il allait enfin entrer dans le monde de la beauté. Comme tous les adolescents il trouvait le temps long et plus la date s’était approchée plus il avait eu l’impression que le temps était comme un fleuve de mélasse qui ne coulait presque plus.

C’était évidemment le sujet de conversation principal entre eux, les jeunes. Jil-Ak savait qu’il était au fond de lui un artiste, et il ne pouvait plus supporter toute cette laideur. Les autres y arrivaient un peu, mais pour lui c’était un supplice quotidien. Le monde autour de lui était plein de sensations agressives. Surtout pour ses yeux. Les couleurs étaient horribles, les paysages et les bâtiments laids à hurler plus fort qu’un ouargle, et les autres personnes étaient à vomir.

Jil-Ak n’avait jamais compris pourquoi on devait laisser les enfants confrontés aussi longtemps à tant de laideur. Ses professeurs et ses camarades plus scientifiques que lui, avaient pourtant longuement expliqué que l’aura ne pouvait pas apparaître avant que certaines conditions soient remplies. Et ces conditions demandaient du temps. L’aura touchait à toutes les parties du corps et de l’âme. Elle recouvrait tous les sens. Depuis l’aube des temps, les jeunes ne pouvaient être préparés avant leur quinzième anniversaire.

Jil-Ak trouvait cela injuste. Il savait au fond de lui qu’il avait mûri plus vite que les autres et qu’il était déjà prêt pour le grand jour. Chaque matin depuis presque un an, il s’était levé avec cette certitude. Et pourtant il devait attendre, encore et toujours. Quelques-uns de ses camarades avaient célébré leur entrée dans la beauté avant lui, et il était jaloux d’eux.

Mais ce matin, c’était son anniversaire et il savait que c’était enfin son tour. Il s’habilla n’importe comment comme d’habitude, ne cherchant pas à faire moins laid que les autres jours. De toutes façons, la laideur était tellement immense et répandue que même quelque chose de moins laid n’aurait pas réussi à surnager dans cet océan d’horreur. Jil-Ak sortit de sa chambre anonyme dont les murs ressemblaient à une soupe pourrie tachée de marrons et de gris, et il décida d’aller marcher une dernière fois dans la cour du pensionnat avant de rejoindre la salle des cérémonies. Il avait encore quelques heures à tirer et cela ne servait à rien de se morfondre seul. Peut-être même pourrait-il trouver la beauté encore plus belle s’il se plongeait dans la laideur jusqu’au dernier moment.

En arrivant dans le jardin, Jil-Ak retrouva quelques autres jeunes comme lui. Tous étaient désoeuvrés et tristes. Des adolescents normaux. Jil-Ak marcha vers le bassin central et s’assit sur le bord. De temps en temps il se demandait s’il était normal. Eprouver un tel plaisir malsain à voir la laideur, à l’examiner même, lui semblait bizarre. Son professeur lui avait expliqué que c’était parce qu’il cherchait partout des signes de beauté, comme tous les artistes, même dans les profondeurs les plus obscures de la laideur. Jil-Ak s’était alors persuadé lui-même qu’il serait un grand artiste, puisque c’était un comportement très puissant pour lui.

Jil-Ak était assis en train de regarder un arbre (moche, torturé et plat évidemment) lorsqu’il vit la fille littéralement surgir de derrière l’arbre. Il ne l’avait jamais vue. Elle était laide évidemment mais elle troubla Jil-Ak. Elle le regarda et s’arrêta brusquement, visiblement surprise elle aussi. Le temps avait cessé de couler. Jil-Ak se leva et avança lentement vers la fille qui se remit à marcher vers lui.

Ils étaient maintenant l’un en face de l’autre, tout près. Ils savaient que la distance minimale à respecter en toutes circonstances était de deux mètres, tant qu’on était jeune, mais aucun ne sembla surpris de cette violation d’une des règles les plus ancrées dans leur cerveau. Leurs yeux étaient vissés les uns 
aux autres. Jil-Ak sentait sa tête exploser. Tout tournait, comme une vis sans fin. Il voyait en face de lui des yeux vivants qui étaient en même temps la plus belle chose qu’il ait jamais vue. Il ne dit rien et elle non plus. Ils restèrent là, immobiles et pourtant profondément émus. Jil-Ak ne comprenait pas comment il pouvait voir quelque chose de beau, sans que son aura soit apparue. C’était contraire à tous les enseignements reçus. Et pourtant, les yeux qu’il regardait étaient magnifiques. Si le monde avait cessé d’exister en cette seconde, Jil-Ak aurait continué à les voir. Et il savait aussi que la fille pensait la même chose.

Rien ne bougeait plus autour d’eux. Jil-Ak souriait et la fille aussi.

Ni l’un ni l’autre ne sentirent quand on les endormit avec des pistolets paralysants. Ni l’un ni l’autre ne surent qu’on les emportait à l’infirmerie. Ni l’un ni l’autre n’entendirent la conversation suivante entre le directeur du pensionnat et le docteur responsable de la cérémonie de l’aura.

- Et maintenant, on fait quoi ? demanda le directeur
- Ca ne s’est jamais produit. Personne ne peut voir la beauté avant d’avoir l’aura, répondit le docteur
- Est-ce qu’ils ont vu la beauté ?
- Certainement, dit le docteur. Mais moi je ne la vois pas. L’aura ne la voit pas.
- Mais c’est impossible, dit d’un air affolé le directeur. Seule l’aura permet de voir la beauté. Depuis des millénaires, c’est seulement quand on ôte la vue aux jeunes que l’aura apparait et qu’ils peuvent voir la beauté du monde !
- Oui c’est impossible dit lentement le docteur. A moins…
- A moins que quoi ?

Le docteur restait silencieux. Puis il se tourna vers les deux jeunes. Ils n’avaient pas d’aura,mais ils avaient vu la beauté, c’était certain. Leurs attitudes ne laissaient de place à aucun doute.
- A moins que la beauté existe indépendamment de l’aura ? dit le docteur, surpris lui-même de pouvoir dire une telle hérésie.
Le directeur était un haut fonctionnaire parfaitement conscient de son devoir. Entendre une hérésie ne permettait qu’une seule réaction possible : il sortit son pistolet et tua net le docteur, puis se suicida.

Lorsque Jil-Ak et la fille se réveillèrent, ils étaient seuls. Ils se regardèrent, se touchèrent et s’embrassèrent. Et la beauté se répandit dans le monde autour d’eux. Et le monde prit des couleurs chatoyantes. Et les auras s’éteignirent et toutes les personnes de plus de quinze ans devinrent réellement et complètement aveugles, tandis que tous les jeunes découvrirent la beauté du monde.

Jil-Ak et la fille ne le savaient pas encore, mais ils venaient de changer le monde. C’était sans importance pour eux. Seuls comptaient les yeux de l’autre.

samedi 28 juin 2014

To be Ramadan or not to be ?

Les anciens et les modernes, querelle si ancienne et si moderne, et pas seulement en littérature française ou en politique.

Le Ramadan a-t-il commencé aujourd’hui ou commencera-t-il demain dimanche ? Comme chaque année maintenant c’est la bataille entre les deux écoles : la traditionnelle (qui remonte à plus de mille ans) basée sur l’observation du premier croissant de lune et qui pousse à dimanche ; ou la méthode astronomique, basée sur la science et l’observation par la technologie, et qui tire vers samedi.


Depuis plusieurs années il y a en France une montée en puissance de la méthode astronomique, moderne et objective, face à une méthode traditionnelle basée sur l’interprétation et la qualité des yeux d’imams de plus en plus vieux et myopes, et sur le traditionalisme de certains pays qui refusent tout évolution du dogme. Ce n’est pas le même débat qu’au foot (arbitrage humain ou assisté par des technologies comme la vidéo ?) mais il y a au fond un parfum identique : celui de la nostalgie et du combat entre subjectif et objectif.

Les défenseurs du subjectif sont encore majoritaires cette année, mais semble que c’est plus pour ne pas déplaire que par conviction. On peut imaginer que plus cela ira chaque année, plus les objectifs seront nombreux. Le choix astronomique devrait s’imposer, comme il s’est imposée dans l’église chrétienne, pour Pâques par exemple qui est aussi déterminé par rapport à la lune, puisqu’à l’époque on n’avait pas d’autre méthode sûre pour calculer les dates. Rappelons qu’en ces temps-là le Soleil tournait encore autour de la Terre.

La religion est-elle compatible avec la science ? Tous les scientifiques croyants vous diront que oui, et il y en a eu de fameux. Les purs traditionalistes qui ont établi leur pouvoir sur l’immobilisme diront que non. Ils représentent une force importante et se nourrissent de cette force. Que serait le jihadisme si la raison ou la science l’emportait sur le traditionalisme dogmatique. En écrivant cela j’ai bien conscience de ne pouvoir être compris de ceux qui pensent autrement, et au-delà de mon cas personnel de blagueur amateur, c’est bien l’enjeu d’une politique sensée.

L’exemple du débat sur le Ramadan en France est un bon exemple : l’évolution existe, même si elle est lente et si elle ne plait pas à tous. Et chaque pays choisit sa voie. La mondialisation des idées, de la finance ou des religions est finalement de même nature : par le rouleau compresseur d’une uniformité inadaptée aux réalités de la diversité des terrains, ces mondialisations se suicident elles-mêmes. L’idée clé dans ce sujet est la diversité, et l’importance de cette diversité pour enrichir les individus et l’Humanité. La volonté d’imposer une vision uniforme est une tentation forte de tous les corps intermédiaires pour conforter leur existence, et de certains pouvoirs dirigeants pour maintenir leur domination. Comme si le monde était uniforme, cf le débat au sein de l’équipe algérienne de foot pour savoir ce que fera chacun par rapport au Ramadan : le suivre ou pas, être affaibli ou au contraire renforcé par ce jeûne de nourriture et d’eau ? Tant que ce débat est assumé individuellement, il est noble. Dès qu’il est imposé par une règle inflexible et uniforme, il doit être questionné. Et ceci s’applique aussi aux non musulmans.

To be libre or not to be !

PS : En tous cas, la Gay Pride à Paris, c’est… aujourd’hui ;)

vendredi 27 juin 2014

De Sommet en Sommet

Non, non, rassurez-vous le Tour de France n’a pas commencé.

Le Sommet européen qui se termine aujourd’hui avait plusieurs objectifs. C’est bien Jean-Claude Vandamme Juncker qui est proposé par les Chefs d’Etat au Parlement qui décidera. Cameron qui le déteste a perdu son combat désespéré pour qu’il ne soit pas nommé. La France réclame poliment une vice-présidence et on commencera à parler bientôt des futurs commissaires (Moscovici est sur les rangs).

Mais le Sommet a surtout signé des accords d’associations avec 3 pays de l’ex-bloc russe : l’Ukraine, la Géorgie et la Moldavie. Pour l’Ukraine, au-delà même de l’accord politique, a été signé l’accord commercial qui parle de libre-échange. Le tout frais président ukrainien a bien précisé que cet accord s’appliquait à toute l’Ukraine, y compris la Crimée donc. En ce qui concerne la Moldavie, on pourrait également dire que cet accord s’applique donc aussi à la Transnistrie pro-russe et presque indépendante. Poutine n’est pas content, et le prix du gaz va flamber. C’est un geste fort. La Mer Noire commence à être très européenne (sauf les russes et les turcs, mais c’est une autre Histoire du monde).

Un autre Sommet avait lieu à Malabo pour l’Union africaine avec une quarantaine de pays représentés au (presque) plus haut niveau. Malabo ? Ce n’est pas dans la salle de bains mais en Guinée Equatoriale, bande d’ignares. Le thème officiel est, comme presque toujours, l’agriculture et la sécurité alimentaire, mais on y a plus parlé de terrorisme, de bandes jihadistes et de sécurité. Le Sommet a réintégré l’Egypte, avec le fameux al-Sissi, et tout y va bien. Le premier ministre espagnol, démoralisé par le foot, était venu chercher des soutiens pour la candidature de l’Espagne au Conseil de sécurité de l’ONU. Emporté par l’enthousiasme des grands discours il a même dit que si l’Espagne entrait au Conseil, il n’y aurait plus seulement 3 pays africains présents, mais 4 ! Ah bon, Ceuta est en Afrique c’est vrai, mais quand même ;)

Dernier Sommet enfin, avec la qualification inédite de l’Algérie pour les huitièmes. C’est du foot évidemment. D’ailleurs les statistiques ne sont pas terribles pour la Francophonie au foot. Si vous vous rappelez ce billet, j’avais écrit :

32 pays participent à la phase finale.
11 de ces pays sont membres de la Francophonie (34%) alors que la Francophonie compte 74 pays sur 193 à l’ONU (soit 38%). La Francophonie fait donc un peu moins bien au foot qu’en diplomatie.
On verra combien de pays francophones s’en sortent après le premier tour. Sur les 16 qui passeront ce tour, il en faudrait donc entre 5 et 6. Et 1 ou 2 pour les demi-finales…

En huitièmes donc, 16 pays participent.
4 de ces pays sont membres de la Francophonie (25%) alors que la Francophonie compte 74 pays sur 193 à l’ONU (soit 38%). La Francophonie fait donc beaucoup moins bien au foot à ce niveau qu’en diplomatie. Je rappelle que l’Algérie n’est pas officiellement membre de la Francophonie, et de toutes façons même en la rajoutant cela ne changerait rien à cette baisse !


jeudi 26 juin 2014

François Ypres éside encore !

François est toujours président de la République française. Ira-t-il au Brésil ? C’zst toujours une question déclicate pour un président. Y aller trop tard c’est risquer de ne pas y aller si son équipe est éliminée. Y aller trop tôt c’est risquer de ne pas pouvoir y retourner si son équipe va plus loin. François adore le foot. Alors ? Que fera-t-il ? Secret bien gardé. Gageons qu’un petit quart de finale serait idéal(surtout si c’est contre Angela l’Allemagne). Ca permet toujours d’y retourner pour la finale ;)

Et puisqu’on parle d’Europe, il est clair que pas mal de pays européens ont été éliminés de cette phase finale de la Coupe du Monde de foot au premier tour. Les sud-américains s’en sortent beaucoup mieux évidemment… même les cannibales uruguayens. Les francophones s’en sortent à peu près, mais pas vraiment les africains.

Et aujourd’hui et demain (pendant le match avec les belges), Sommet européen habituel, comme à chaque semestre. Au menu, quelques plats savoureux, mais assez épicés :

- La nomination du président de la Commission européenne. Le luxembourgeois, favori d’Angela est favori, mais c’est au Parlement de valider. Premier bras de fer donc entre l’exécutif et le législatif au plan européen, ce qui est pourtant le sel nourricier de toutes les démocraties (depuis Montesquieu et la séparation des pouvoirs). Et l’anglais Cameron est radicalement opposé à ce personnage. Mais il n’a comme allié que la Hongrie a priori. C’est pas beaucoup.

- Ca se passe en Belgique (cf. le foot) et ça commence à Ypres (pdf ici), une des villes les plus dévastées pendant la première Guerre mondiale. La guerre ? Je vous rappelle que c’est l’une des idées fondatrices de l’Union européenne : éviter toute nouvelle guerre. Et c’est plutôt une réussite pour le moment sur ce plan (les Balkans étant arrivés après leur guerre justement).


- Enfin les français et les italiens déposent une demande pour assouplir les critères économiques (le fameux 3% entre autres) et cette bataille là est lourde de conséquences pour nous et pour les italiens, mais aussi pour pas mal d’autres pays. Ce n’est pas qu’une bataille technique. Il y va d’enjeux entre droite et gauche, au plan européen. Le front franco-italien saura-t-il avoir raison de l’Allemagne ? … Et ce n’est pas du foot !




mercredi 25 juin 2014

Lille en balade

Petite balade à Lille, et plus spécialement à SainSo (Gare Saint Sauveur) et son expo micro macro. Des photos pour ceux qui ne connaissent pas et un petit parfum de Lille. Je n'en ai pas pris du siège du PS avec la photo de Pierre Mauroy. A Lille, il y a de la bière en quantité, mais pas que ça.

Quelques vues générales entre le Beffroy, des bâtiments typiques à brique rouge, et déjà des préparatifs pour la Braderie de Lille, le premier WE de septembre.

L'ancienne gare Saint-Sauveur, transformée en lieu culturel, genre 104 à Paris, pour bobos et familles. Gratuit et sympa.

Les chambres décorées par les artistes, qu'on peu louer pour soi...
Micro Macro l'expo bizarre et techno. Sympa, allez-y.

Eh oui, on aime bien ici les chiens (en peluche) en train de se convulser. Bizarre, non ?

mardi 24 juin 2014

Combien faut-il de non pour faire un oui ?

Ce n’est pas un sujet de philo, mais une question importante en politique.

De manière générale les opposants sont toujours plus faciles à compter que les opinions favorables, en politique. On peut être opposé pour des raisons très différentes, et donc se retrouver à manifester son opposition avec d’autres opposants avec qui on n’a rien de commun. Alors que du côté des partisans, il y a souvent une plus grande unité de vue, ne serait-ce que par un intérêt commun les rassemble : réussir.

Deux exemples dans l’actualité d’aujourd’hui :

Le Front National n’a pas réussi à constituer un groupe au Parlement européen. La date limite était hier soir et même si le nombre d’élus était facile à trouver grâce au score de Marine en France, il fallait six autres pays partenaires et ils n’en ont trouvé que quatre autres, soit cinq au total. La plateforme commune qui était proposée tournait autour du non à l’Europe, de la destruction de l’Europe par l’intérieur. Il aurait suffi de trouver deux députés non inscrits de deux pays autres pour réussir. A contrario la réussite de l’UKIP de Grande-Bretagne est éclatante puisqu’ils ont réussi, eux, à former un groupe. Et le pire est que pour y arriver ils ont débauché une députée française du FN qui a fait pencher leur balance du bon côté. Cette histoire prouve qu’il ne suffit pas de rassembler des opposants viscéraux (à l’Europe en l’occurrence) pour créer un groupe et une unité. Les discordances étaient trop fortes, car la plupart de ces opposants à l’Europe étaient contre plein d’autres choses, mais pas les mêmes pour chacun : les femmes, les gays, les juifs ou je ne sais quoi d’autre. Les professionnels du « Non » sont opposés à tellement de choses, qu’ils ont souvent tendance à être opposés aux autres « Nonnistes ». Ah, au fait, sans groupe, pas de plateforme publique, pas la possibilité de recruter des assistants ou de déposer des amendements et surtout une perte sèche d’au moins 4 millions d’euros par an… Si même l’argent ne réussit pas à rassembler les partisans du Non, où va-t-on ?

L’affaire Lambert a connu aujourd’hui un tournant quasi décisif (il ne reste plus que la Cour Européenne des Droits de l’Homme (encore l’Europe ?) avec la décision du Conseil d’Etat, la plus haute des juridictions françaises qui autorise la fin de l’acharnement thérapeutique contre M. Lambert. Il y a toujours eu les partisans et les opposants de l’euthanasie en général. Ici, ce qui a été jugé est l’acharnement thérapeutique sans raison ni espoir. Ce n’est pas une décision généralisable puisque la loi pousse à des décisions au cas par cas, mais c’est une décision forte. Et la justice s’en est mêlée puisqu’il y a désaccord entre les volontés de certains parents et la volonté du presque défunt. Dans ce genre de circonstance, tout le monde a tendance à généraliser tout de suite. Il ne faut pas. Mais il faut reconnaître que l’irruption de la justice dans ce cas fait se rassembler contre une telle décision tout un tas de gens avec des raisons diamétralement opposées. La décision inverse aurait fait de même. L’important est le rassemblement contre, quel que soit le sujet !

Alors, dire Non est important. Quand on sait pourquoi on le dit. Et quand on est conscient que trop de Non conduit souvent à un Oui, le contraire du Non. Simple, non ? Euh, oui ?

lundi 23 juin 2014

Le centre suit la droite

L'UMP est toujours en plein drame, et c'est pas près de s'arranger, sauf si Sarkozy y revient, auquel cas ce sera pire. Les médias, Libé en premier, ont visiblement choisi d'en faire le feuilleton de l'été : combien de meetings payés avec des fausses factures, pour quels montants, à qui profite le crime... Chaque semaine apporte son lot de nouveautés. La semaine dernière c'était le financement par le groupe politique UMP de l'Assemblee nationale du déficit du parti UMP. Le budget de l'Assemblee nationale, rappelons-le, est un budget public payé par nos impôts. Un des députés UMP a même dit qu'il ne savait pas si c'était légal ou non. Il n'y a pas un truc du genre "nul n'est censé ignorer la loi" ? Surtout par ceux qui la font, non ?

Mais bon, c'est leur affaire, qu'ils se dépatouillent.

L'affaire Sarkozy a rebondi ce week-end au centre. Le nouveau président de l'UDI a été élu et ce n'est pas Rama Yade, l'ex Sarko-Girl qui a retourné son chemisier, qui a été choisie. Elle est furieuse. Elle pensait son heure enfin venue, après plusieurs trahisons, mais elle a été trahie elle-même. Tsss, Tsss. Donc elle décide de contester. A suivre donc. Borloo leur manque, c'est sûr.

A gauche, alors, que se passe-t-il ? François et ses homologues "socio-démocrates" européens ont finalement décidé de soutenir M. Juncker pour la présidence de la commission européenne, alors qu'il est le candidat de la droite. On se dirige donc vers une Europe consensuelle enre les grands partis. Tant pis pour les ambitions des hommes de gauche, comme Martin Schultz ou comme... Jean-Marie Ayrault en France. Notre ancien premier ministre déjà oublié aimerait bien un poste important, et il fait pression. Raté sur ce coup...

Tout ça n'a aucun rapport avec le foot, sauf à noter que si la France politique jouait au foot, elle jouerait plutôt sur l'aile droite et au centre qu'à gauche.

dimanche 22 juin 2014

Du temps de cerveau pour... Une nouvelle trente neuf marches

Albert adorait James Bond. C'était son modèle en tout et Albert n'avait qu'une ambition : réussir à sauver le monde à la dernière seconde. Malheureusement, deux problèmes semblaient empêcher Albert de réussir : il n'y avait pas de menace terrifiante à stopper, et Albert avait un gros cou. Il ressemblait beaucoup plus à un garçon boucher qu'à Sean Connery et son élégance n'aurait meme pas impressionné la marchande de légumes du coin.


Pour changer son apparence, Albert avait beaucoup travaillé. Mais la musculation avait développé son cou et les talonnettes n'avaient pas réussi à lui faire atteindre une taille honorable. Comme il avait de bonnes notions de couture, il avait quand même réussi à se fabriquer des vêtements qui le mettaient plutôt en valeur, avec notamment de très belles chemises qui comprenaient sous le bras gauche une poche secrète pour son revolver. Des poches secrètes, il en avait mis partout. Ça pouvait toujours être utile, même s'il ne savait pas trop quoi mettre dedans. La marchande de légumes avait commencé à le regarder d'un autre œil, mais il savait bien qu'il était encore loin de son personnage favori.

Pour les menaces terrifiantes, c'était une autre affaire ! Ils n'entendait parler de rien mais comme il y avait forcément des menaces, il pensait qu'elles étaient tuées dans l'œuf par d'autres James Bond avant qu'il puisse intervenir. En plus, il manquait cruellement d'informations, n'appartenant évidemment à aucun service secret, petit ou grand.

C'est pourquoi Albert avait finalement décidé d'inventer lui-même une menace terrifiante qu'il pourrait donc finalement anéantir avec éclat. Il avait choisi comme instrument principal de la menace les brocolis, toujours en hommage à James. Ce n'était pas un choix facile à transformer en menace globale mais Albert était un producteur né d'idées bizarres et il se mit à préparer son coup, ce qui lui avait pris plusieurs mois.

Et c'était finalement le grand jour ! Tout était prêt et Albert appuya sur le bouton, rouge évidemment, car qui imaginerait un bouton vert pour une menace planétaire. A ce moment précis trois choses devaient se passer : une opération complexe de transmutation devait être enclenchée qui allait transformer tous les brocolis du monde entier en bombes nucléaires, grâce à la diffusion d'un gaz spécial qui pénètrerait partout et qui couvrirait la terre entière en deux heures. Un ultimatum devait être envoyé à l'ONU où se tiendrait justement dans deux heures un dîner rassemblant les principaux responsables politiques du monde. Et surtout le compte à rebours de deux heures devait se mettre en route pour déclencher la mise à feu des brocolis. Albert avait évidemment pris soin de vérifier qu'il y aurait bien des brocolis servis à ce dîner de gala, et que l'ultimatum soit diffusé partout. Pour que la menace soit terrifiante, il demandait une somme astronomique pour arrêter la menace qu'il décrivait simplement comme l'explosion concomitante de millions de bombes atomiques.

Albert avait conscience que cette menace n'était pas forcément crédible, aussi avait-il préparé quelques brocolis spécialement pour éclater plus tôt, avec très peu de puissance, histoire de démontrer ses capacités.

Comme il s'y attendait il n'y eut d'abord aucune réaction à son ultimatum. Mais dès que les premières explosions simultanées eurent lieu aux quatre coins du monde, tout les services secrets s'agitèrent pour détruire la menace. Il leur restait à cet instant 90 minutes et Albert alla prendre un verre au bistrot du coin, car lui il avait le temps. Il lui suffisait d'appuyer sur le bouton jaune dans sa poche et la menace disparaîtrait instantanément. Il avait prévu d'attendre les dernières secondes pour ça, et avait déjà organisé une conférence de presse pour juste après.

Pendant qu'Albert sirotait son pastis, la télé retransmettait des images de responsables affolés, d'experts incompétents (ce qui est un oxymore à la télé) et de patrouilles de police qui donnaient l'impression aux spectateurs que tout était sous contrôle. Albert sourit et tâta le boîtier dans l'une de ses poches secrètes. C'est à ce moment qu'il vit entrer dans le café la marchande de légumes. Elle lui sourit et s'assit à côté de lui. Il l'avait toujours trouvée jolie, trop bien pour lui, mais il ne lui avait pas beaucoup parlé, sauf en achetant ses brocolis pour ses expériences.

Quand elle braqua un revolver sur son front, Albert comprit que quelque chose clochait. Quand elle tira, sa tête explosa comme un chou fleur rouge. Albert ne sut jamais comment il avait été identifié. Il ne put pas la voir prendre tranquillement dans sa poche le boîtier au bouton jaune et le détruire. Il ne sut jamais qu'il avait été manipulé par le gang des brocolis dont elle était la cheffe. Et de toutes façons cela n'avait aucune importance puisque les bombes explosèrent toutes à l'heure dite.

Pendant des siècles après le grand cataclysme, le souvenir d'Albert le terroriste haï qui avait détruit le monde fut commémoré, notamment par l'église du grand brocoli qui avait pris le pouvoir sur la Terre quand tous les autres s'étaient effondrés. Albert aurait pu en être fier : il était enfin devenu plus connu que James Bond !

samedi 21 juin 2014

Journée sans

Je ne vais pas vous parler de problèmes personnels. Sachez qu'aujourd'hui je n'ai pas le goût d'écrire. Quelques photos pour vous cependant, car ce blog reste quotidien, envers et contre tout.

 

vendredi 20 juin 2014

BAC : une épreuve de maths trop difficile ?

Non, non, on ne parlera pas ici de l'épreuve de maths au Bac cette année, semble-t-il trop difficile. Faut-il savoir calculer des intégrales, connaître un peu de probabilités et savoir dessiner un tétraèdre pour avoir son Bac ? C'est une vraie question. De toutes façons, tout le monde sait que le barème du Bac est pondéré en fonction d'une note moyenne attendue. Donc les années où c'est difficile, les notes sont remontées pour garantir un taux de réussite à peu près constant. Que les candidats ne s'inquiètent pas.

Par contre pour l'autre Bac, le Brésil Attendant la Coupe, les épreuves de calcul sont très complexes. Car chaque équipe doit non seulement calculer ses chances de qualifications en fonction de ses résultats et des résultats des autres équipes de la même poule, mais il faut également savoir qui on va rencontrer en huitièmes et donc anticiper ce qui peut se passer dans les autres poules. C'est un cauchemar pour les fondus de maths que chaque pays s'est acheté.

Le foot est aussi devenu un sport de statistiques. On sait combien de kilomètres un joueur a couru, combien il a fait de passes et à qui, combien il en a reçu et de qui, combien de fois il a touché le ballon et combien de secondes il l'a gardé. On connaît la géométrie de ses courses sur le terrain et cela ne ressemble pas souvent à un tétraèdre. Ça intéresse qui au fait ?

Voici donc un problème de Foot-Maths, vous avez une heure :

Le joueur M mesure 1,89 mètre et il peut sauter jusqu'à 150% de sa hauteur. De combien ses pieds peuvent-ils décoller au maximum ? Tracer la courbe du déplacement de sa tête sachant qu'il a une vitesse maximale de 1 mètre par seconde en vertical et de 30 centimètres par seconde au moment de l'impact avec le ballon. Sachant que le joueur P en face sûre 1,85 mètre mais peut sauter jusqu'à 166% de sa hauteur et que ses vitesses sont les mêmes, quelle est la surface de l'ecchymose sur le front du joueur M 45 secondes après le choc. Dessiner le contour de l'ecchymose en supposant que leurs deux fronts sont des sphères parfaites de rayon 10 et 11 centimètres respectivement. En déduire la fonction de la surface de l'ecchymose par rapport à la vitesse relative des deux joueurs et au temps, le délai entre le coup de sifflet de l'arbitre pour le penalty et le moment où le ballon arrive dans le but. Calculer la probabilité pour que le but soit accordé, sachant que l'arbitre a bu une cachaça avant le match et que ses réflexes dépassent la seconde.

Question supplémentaire pour spécialistes : Si le joueur M appartient à la France et le joueur P à la Suisse, quel sera le score final du match, selon la formule de Harley-Rubson complétée par le théorème de Voltaire-Ferney que vous démontrerez ? Pour départager les meilleurs équipes candidats, il vous est demandé de calculer l'intégrale des Beatles rapportée au coût du billet de première classe entre L'Estaque-Gare et L'Estaque-Plage.

jeudi 19 juin 2014

GaspaFroid

Ouais, sale temps au-delà des Pyrénées.

Comment transformer une journée de rêve en un cauchemar. L’Espagne aurait pu gagner ce match de foot et rester dans la course avec de bonnes chances de se qualifier, au même moment où elle entrait dans une nouvelle ère politique avec un jeune roi beaucoup plus « clean » et moderne. Mais ça c’était avant la honteuse défaite d’hier contre le Chili.

Et les uchronies (qu’est-ce qui se serait passé si… ?) ont beau être un style littéraire de la littérature fantastique, elles ne sont pas réelles. Comment ne pas penser à ce très beau roman « Pavane » de K. Roberts qui décrit le monde moderne si la grande Armada espagnole n’avait pas été détruite au XVI° siècle et avait réussi à conquérir l’Angleterre ? L’Europe et les Etats-Unis parleraient espagnol et le monde serait plus « catholique » et moins « protestant », plus tourné vers la religion que vers les technologies.

(Attention au coup de boule quand même)

L’Espagne s’est endormie hier soir, l’air sombre. La nuit a été pleine de cauchemars et la joie populaire qui était censée enflammer les rues et peupler les balcons de drapeaux s’est éteinte aux premières lueurs de l’aube. Et tant pis pour le nouveau roi Felipe, l’homme qui aimait les chevaux (et le foot ?). Son investiture a été triste. C’est donc la fin d’une ère. avec des Unes de journaux comme celles-ci par exemple, ce qui ouvre la porte à d’autres équipes.







mercredi 18 juin 2014

Présent ! Réponse à l'appel du Conseil des Ministres du 18 juin

Le Conseil des Ministres d'aujourd'hui était important avec un menu copieux. D'ailleurs pour une fois même les secrétaires d'Etat étaient conviés et un repas a suivi ce Conseil. Le compte rendu est ici.

Le pacte de solidarité a été détaillé en ce qui concerne les charges sociales, notamment pour les salariés qui touchent jusqu'à 130% du SMIC, et patronales jusqu'à 160% du SMIC. Rappelons que le mieux payé des footballeurs français touches 1000 fois le SMIC à peu près, soit 100000%. Il est donc en dehors de l'épure. Ce n'est qu'un projet, qui sera soumis bientôt au Parlement.

Ensuite ils ont parlé du projet sur la régionalisation avec plusieurs chapitres :

- Pour que tout ça soit fait, il y a proposition de déplacer les élections régionales (et départementales) fin 2015, soit 9 mois plus tard que prévu, une grossesse. Les opposants crient à la manipulation, mais cela sera bien beau s'ils arrivent déjà à tenir ces délais allongés. Il y a en effet beaucoup d'obstacles politiques à franchir et pas mal de règlements à modifier avant.

- Il s'agit de rester sur les 14 régions (Corse spéciale inclus) annoncées mais la porte est ouverte à des discussions marginales, du moment que ce nombre n'est pas augmenté. Le nombre d'élus a été calculé en additionnant les élus actuels des composantes régionales et en les limitant à 150 élus, ce qui commence à faire de grosses assemblées régionales. On espère que les salles des conseils existantes seront de taille suffisante pour accueillir ces futurs élus, sans avoir besoin de construire des locaux, comme en Auvergne récemment. Ou alors on pourrait faire comme le Parlement européen entre Strasbourg et Bruxelles ? Ca ferait marcher les trains (si la grève est finie fin 2015...) On en parle même dans Tahiti-infos...

- il s'agit aussi de redistribuer quelques compétences des départements vers les régions. Je m'attarderai sur les collèges qui passent à la région. Le primaire est donc pour les communes et le secondaire pour les régions. C'est mine de rien un gros changement qui rejaillit sur l'organisation des académies. Le bordel ne fait que commencer. Ca facilitera la vie des cités scolaires qui couplent un collège et un lycée, remarquez.

Enfin ils ont laissé Ségolène parler de la transition énergétique et de son plan en sept points. C'est visiblement une réussite pour les écologistes, même si un silence pesant s'abat sur la durée de vie des centrales nucléaires, et pour la France en se fixant des objectifs ambitieux est à la hauteur de ses ambitions, en accueillant fin 2015 (tiens, tiens) la conférence internationale sur le changement climatique. On parle ici d'un modèle énergétique français, d'économie circulaire. Ca parle aux spécialistes. Le zéro déchet est un objectif louable mais encore très lointain.

Intéressant, non ? Non ? Ah bon, zut alors. Sinon, sachez que François rencontre aujourd'hui et demain plusieurs leaders du monde arabe à Paris, avec Fabius heureusement qui a récupéré maintenant et qui ne somnole plus en réunion. Ils parleront certainement de la situation dans le protectorat français au Proche-Orient, ou plutôt l'ex-protectorat (incluant Liban, Syrie et Ouest de l'Irak. Encore une histoire de cartes et de tripatouillage des zones géographiques, comme en 1916.


2016, 1916 : cent ans d'écarts entre des cartes redécoupées...

mardi 17 juin 2014

Moral dans les chaussettes ? Vite une pilule à avaler

Pendant que les candidats au Bac rament et planchent, la vie continue. Entre le bonheur d'hier en philo et la carte du Brésil en Géographie aujourd'hui, les lycéens ont peu de temps pour regarder le foot avec bonheur au Brésil. (Ne pas confondre la carte du Brésil et de ses zones de développement avec la carte des zones prioritaires en France ici. On n'a pas de Favelas en France... Euh, en tous cas on ne les appelle pas comme ça)

Mais les plus malheureux sont les députés. Ils ont plein de travail avec des projets de loi compliqués à examiner et des examens de conscience délicats pour savoir s'ils doivent suivre la ligne de leur parti ou exprimer une conviction personnelle, et en plus les séances ont lieu pendant les matchs. Heureusement, il y a le Wifi dans l'hémicycle, mais c'est quand même un scandale ! Que fait le gouvernement ?!

Le projet de loi sur la refondation de la SNCF fait l'actualité, on en a déjà parlé ici, mais les autres sont encore plus importants, sur le collectif budgétaire et la mise en musique du pacte de responsabilité. Un agenda socio-économique chargé, histoire de boucler des réformes avant le 14 juillet (et la victoire de la France ?)

Ce qui est intéressant dans cette séquence réformiste social-démocrate assumée, c'est qu'elle ne suscite que peu d'enthousiasme : dans les partis, la plupart font le dos rond et certains prennent des positions extrémistes souvent à cent lieues de leurs principes de fond par opportunisme, ou pour se rendre incontournables comme les Verts par exemple ; dans les syndicats et autres collectifs, on en profite pour se relancer tout un tas de revendications en stock au moment où ça fait le plus mal, comme les trains avant les départs et pendant les exams, ou les intermittents avant les festivals, c'est le/un jeu ; dans les opinions publiques, ces réformes sont tellement technocratiques et mal expliquées que la tendance générale est au "ils feraient mieux de s'occuper de nous", alors que c'est justement le cas. Les délais entre les lois et leurs conséquences pratiques sont très longs. La plupart préfèrent des délais plus courts, donc des actions de terrain.

Cet absence d'enthousiasme est difficile à combattre. La situation générale n'appelle pas dans cette direction, les multiples critiques s'entassent et font masse, le charisme des leaders est en berne dans tous les domaines politiques. Les nouveaux venus essayent de changer la donne et de dynamiser leur domaine, mais il y en a peu finalement et ils sont bien esseulés. Jusqu'à vendredi soir, on a le foot. Après le match avec la Suisse on verra plus clair. Mais le foot ne suffira vraisemblablement pas à sauver l'atmosphère de dépit. Les dos continueront à s'arrondir, en attendant que ça passe.

Pourtant, tout concourait à ce que cette semaine soit une bonne semaine pour le pays, et je ne parle pas que du foot ;) Il y a le 18 juin (qu'on peut déjà prévoir comme un jour raté pour François avec la pelle du 18 juin - ou le râteau) et la fête de la musique, avec pluies par intermittence du spectacle. Le gouvernement serre les coudes (ils déjeunent tous ensemble demain, super, non ? Le pays est sauvé). C'est normalement un moment tranquille où l'on peut respirer. Même les candidats aux exams, qui y jouent une partie de leur avenir, sont focalisés vers l'avenir. François a de la chance qu'il y ait le bordel à l'UMP et que les priorités du triumvirat à 4 (comme les mousquetaires) soient de reconstruire leur parti. 

Petite devinette :

François et Juppé sont dans un bateau, tous les deux en train de pêcher, droits dans leurs bottes.
Qui va tomber à l'eau le premier ? Et surtout qui essayera de sauver le noyé plombé par ses lourdes bottes ? A priori, même si je n'ai pas la réponse, rien qu'à regarder la tête des spectateurs au bord de la rivière, ils ont autre chose à faire. Si au moins on s'occupait d'eux...





lundi 16 juin 2014

"L'artiste est-il maître de son oeuvre?" - Vous avez 4 heures

C'est l'un des sujets de philo pour la série S, les matheux.

Un artiste crée une oeuvre, qu'on appelle une oeuvre d'art. Mais l'Art est-il partout ? On parle par exemple de maîtrise d'oeuvre, pour ceux qui mettent en oeuvre un chantier. Et on parle maîtrise d'ouvrage pour ceux qui donnent des ordres aux maîtres d'oeuvre. C'est le cas pour tous les projets techniques : l'ouvrage est le pont par exemple et la mise en oeuvre est la simple construction suivant les consignes données par le maître d'ouvrage, souvent sous la forme d'un cahier de doléances des charges.

Dans les domaines techniques, l'oeuvre n'est donc que le résultat d'une commande venue de plus haut. Or il y a des domaines artistiques où la technique est très importante. Une oeuvre est donc souvent le résultat de processus créatifs, artistiques et techniques, pour lesquels la maîtrise d'ouvrage et la maîtrise d'oeuvre se complètent. La commande d'une oeuvre par un mécène, ou une autorité quelconque peut être plus ou moins autoritaire, on parle d'oeuvres de commande, ou laxiste, laissant ainsi à l'artiste créateur une liberté complète de création. C'est d'ailleurs ce que revendiquent tous les artistes, même et surtout quand cela déplaît à celui qui a passé la commande. La relation oeuvre/commande n'est donc pas la même à chaque fois.

Or l'artiste d'aujourd'hui couvre beaucoup plus de domaines qu'à l'époque où l'Art était limité à certaines pratiques. On trouve des artistes partout, et de manière non intermittente. Leurs oeuvres peuplent notre réalité, et c'est tant mieux. La création est devenue de plus en plus collective, comme la recherche scientifique. Et les artistes ont de plus en plus besoin d'être reconnus. A notre époque, il y a souvent confusion, comme dans la caverne de Platon, entre la réalité et les apparences, entre l'oeuvre et le marketing de l'oeuvre. L'artiste créateur sait souvent faire la différence, mais le public ou les commanditaires pas toujours.

Prenons un exemple : un blog est-il une oeuvre et son auteur un artiste ? Autant il est facile d'admettre qu'un blog est une oeuvre de l'esprit, une création originale, autant il semble osé de reconnaître à son auteur le statut d'artiste. En France par exemple, il y a des corporations professionnelles qui dictent leurs règles (dont la première est : qui a le droit d'entrer dans notre société ?). Parmi elles on trouve les corporations des "gens de lettres", des "auteurs multimédias", des "journalistes" ou des "artistes". Un blogueur n'est rien de tout ça. Ou s'il l'est c'est parce qu'il a acquis ce droit ailleurs. Chacune de ces corporations protège son territoire. Chacune s'arroge des droits et s'est battue pour les faire reconnaître. Et chacun produit des oeuvres qu'il trouve légitimes.

Le mot maître est le maître mot dans cette affaire. L'artiste qui ne serait pas maître de son oeuvre n'en mériterait pas le titre. Du moins, l'artiste doit-il le croire pour rester maître de lui-même. Un blogueur qui ne serait pas maître de son oeuvre, de son blog donc, vu en totalité, ne serait pas un blogueur crédible : il ne serait qu'une publicité déguisée, un marketing douteux. Mais tout ceci n'est qu'illusion. L'oeuvre est le vrai maître de l'artiste et tous les artistes le savent. Tous les blogueurs aussi. Entre l'idée initiale et le résultat, le processus de création d'une oeuvre n'est qu'un long cheminement tortueux, ou qu'une étincelle instantanée. Dans tous les cas, l'artiste est celui qui voyage sur la route de la création, à la vitesse de la lumière ou à celle de l'escargot. Alors oui, l'artiste peut se persuader qu'il est maître de son oeuvre, mais il doit aussi reconnaître que dans beaucoup de circonstances il est conduit par son oeuvre, comme Mozart pour qui la musique était dans sa tête avant de sortir. Mais comme la musique ne devient oeuvre que lorsqu'elle est "publiée", même si ce n'est qu'une seule fois comme dans l'Art éphémère, l'artiste ne suffit pas à être maître de son oeuvre. Le diffuseur joue un rôle fondamental, comme le commanditaire éventuel en son temps. L'artiste est donc le maître dans le même sens que la tranche de jambon est le maître du sandwich, coincée entre ses tranches de pain. Quid du beurre, du pain et des cornichons ? Eux aussi sont importants et je parie que les cornichons savent bien, eux aussi, qui est le vrai maître du sandwich.

Bon appétit !

dimanche 15 juin 2014

Du temps de cerveau pour… une nouvelle Train Tuîîîît

payer yeux prime traduire voyage liquide élève musicien maximum

C’était la grève des trains et les quais de la gare étaient bondés. Melody aimait ces moments-là. Il y avait bien les odeurs de sueur et une atmosphère électrique, mais c’était justement là que Melody pouvait se gaver du maximum d’énergie.

Evidemment Melody n’était pas son vrai nom, mais c’était ce qui ressemblait le plus à la première partie de son nom d’usage. Il avait eu la bonne surprise en atterrissant sur cette planète de découvrir qu’il y existait des animaux qui lui ressemblaient beaucoup. Cela avait facilité son immersion  car personne ne lui prêtait attention. Les « chiens », puisque c’est comme ça qu’on les appelait, étaient très nombreux et on en trouvait partout. Il suffisait à Melody de trouver un humain acceptable et d’influencer légèrement son cerveau primitif pour se faire adopter et pour aller où il voulait. Il avait très vite compris qu’un chien, genre bâtard, n’attirait pas les regards des humains.

Les humains qui semblaient dominer cette planète étaient plutôt moches et bêtes. Ils jugeaient en général Melody d’un seul coup d’oeil comme un chien sans intérêt, ce qui lui convenait tout-à-fait. Sa fierté n’était aucunement attaquée par de telles opinions, venant d’êtres aussi inférieurs.

Le vrai but de Melody en venant sur cette planète était d’y puiser de l’énergie pour passer au stade Trois de son évolution. Il lui fallait beaucoup d’énergie et pour cela il devait être le plus souvent possible entouré de foules d’humains. La nourriture de Melody était le stress. Et le stress d’une foule était merveilleusement riche à la fois du stress de chacune de ses composantes, et surtout du stress collectif qui grandissait en fonction du cube de la taille de la foule.

Melody était arrivé dans cette ville depuis une semaine, parce que c’était l’une des plus grandes mégalopoles de la planète et qu’il y régnait un chaos quasi permanent. Il y avait toutes sortes d’émotions autour de lui et c’était comme un restaurant de première catégorie : une telle richesse d’effluves, d’angoisses, de colères et de haine représentait vraiment un mets de choix. Il avait choisi pour « maître » un vagabond qui pouvait se trouver dans toutes sortes d’endroits sans que quiconque le regarde, lui ou son « animal ». Melody baladait donc son humain de foule en foule, mais cette grève était vraiment une opportunité fantastique. La Gare centrale était l’un des meilleurs restaurants de stress qu’il avait eu l’occasion de fréquenter.

Melody était en effet obligé de changer souvent de ville. Au bout d’un certain temps, à force de puiser le stress chez les humains du coin, sa moisson diminuait et il voyait bien que les humains étaient de moins en moins stressés. Comme il lui fallait de plus en plus d’énergie au fur et à mesure qu’il se rapprochait de la phase Trois, il devait trouver des places de plus en plus stressantes. Il pensait pouvoir rester dans cette ville plusieurs mois, tellement il y avait de nourriture.

Melody avait donc installé son humain sous un panneau d’affichage et était assis en train d’absorber tout le stress qu’il pouvait. Soudain il eut un hoquet, ses yeux devinrent vitreux et il s’évanouit. A ce moment précis, son humain s’ébroua et regarda autour de lui. Mais que faisait-il donc là, en plein milieu de la Gare centrale, lui qui adorait la solitude, sous les ponts ? Le vagabond se leva, jeta à peine un coup d’oeil au bâtard qui dormait à côté de lui et s’enfuit le plus vite qu’il put, en sifflotant.

Melody était seul, maintenant. évanoui près de ce poteau. Personne ne le regardait. Sauf une petite fille.

La petite fille s’appelait Emma et elle cherchait à pendre un train, comme tout le monde ici. Mais Emma n’était pas stressée. Elle attendait simplement, et calmement. Emma était tout le temps calme. Sa famille et ses professeurs étaient en admiration devant son calme. Personne ne la comprenait vraiment. Personne ne savait pourquoi elle était l’être le moins stressé. Personne ne savait que dans sa tête coulait en permanence une musique merveilleuse, comme si son sang n’était que musique. Personne ne pouvait imaginer la beauté de ce qui se passait dans le coeur d’Emma. Sa musique était variée et pouvait être agitée ou calme suivant les moments, mais sa musique absorbait tout et lui permettait de rester toujours calme. Emma était musicienne évidemment. Elle était tellement douée que ses professeurs ne savaient plus quoi faire d’elle. Elle ne jouait que sa musique à elle, sur tous les instruments possibles, et sa musique était si différente que personne ne savait la juger.

Emma s’en fichait bien. Elle cherchait simplement à faire partager aux autres sa musique, et elle attendait de grandir assez pour être reconnue comme une vraie musicienne. Ce matin, en arrivant à la gare, elle fredonnait un air complexe pour lequel elle devait utiliser ses deux voix. Elle n’avait pas le sentiment d’y arriver très bien mais continuait à essayer quand elle était passée à côté de cet écran et qu’elle avait vu ce joli petit chien. Subitement, elle entendit dans sa tête la plus belle de toutes les musiques et elle sut qu’elle saurait la retranscrire, cette fois, et la faire partager à tous. Le chien se coucha et Emma se sentit envahie par une force extraordinaire. Comme si sa musique était amplifiée des millions de fois.

Elle sut immédiatement que cela venait du chien. Elle ne sut jamais comment cela pouvait être possible, mais elle en était absolument certaine. Emma prit le petit chien, toujours endormi, dans ses bras et décida de sortir de la Gare. La foule s’était tue. Le stress avait disparu. Tous se regardaient, les yeux brillants. Chacun entendait une musique merveilleuse, la plus belle des musiques pour lui, et chacun savait que les autres entendaient au même moment la plus belle des musiques. Toute agitation avait disparu de la Gare. Même les grévistes qui barraient les quais se taisaient. Tous écoutaient et souriaient.

Emma ne s’était rendue compte de rien. Elle marchait, la tête pleine de sa musique qui rebondissait avec force sur toutes les formes autour d’elle, en portant le chien. Melody était évanoui mais conscient. Il savait qu’il avait enfin trouvé ce qu’il cherchait. La source ultime de non-stress. Le bonheur de l’accomplissement. Il ouvrit les yeux, transformé, évolué. Il regarda la petite fille dans les yeux. Elle le regarda et la musique enfla. Elle se répandit à la vitesse du son, sans un bruit et toujours à la même intensité, sur toute la planète. Emma marchait, et le monde souriait autour d'elle. Emma rentra chez elle et installa le petit chien dans sa chambre. En moins de deux jours le monde entier entendait la musique d’Emma amplifiée par Melody. Et tout se mit à aller bien, partout. Les mélodies d’Emma avaient absorbé tout le stress. Melody était épanoui. Il avait emmagasiné suffisamment d’énergie pour alimenter Emma pendant des centaines d’années. Et Melody aimait vraiment la musique d’Emma.




samedi 14 juin 2014

Sujet de philo pour le bac : La gauche peut-elle mourir ? Vous avez 4 heures

Le titre de ce billet dit tout.

En attendant la philo lundi pour les candidats bacheliers, on espère qu’ils vont passer leur week-end à ne pas réviser car ça ne sert à rien au dernier moment, juste à embrouiller tout dans la tête. Attention quand même à ne pas trop célébrer la victoire 2-0 de la France la veille. Ils auront à se lever tôt lundi matin surtout s’ils doivent prendre des trains en grève ou en retard.

On reparlera lundi des vrais sujets du bac. Celui d’aujourd’hui est tiré d’une phrase de notre premier ministre, Manuel Valls, devant le conseil national du PS : « La gauche peut mourir » et le PS ne pas être présent au second tour de la présidentielle, vus les scores du FN.

Philo, donc :

La gauche c’est quoi ? C’est le PS ou c’est plus que le PS. La gauche a été unie ou presque à certains moments de l’Histoire mais ce n’est plus le cas maintenant et on voit mal un rapprochement dans l’avenir entre les différentes parties de la gauche. Le PS, ou la gauche comme parti de gouvernement, c’est également un ensemble hétérogène de tendances, de courants et de motions, comme on peut le voir au Parlement.

Mourir c’est quoi ? Un parti peut-il mourir .? Oui, évidemment, lorsqu’il est plus nuisible qu’utile à ses leaders, comme l’UMP le fera peut-être si elle ne se reprend pas, ou le FN qui pourrait se fondre dans un rassemblement mois proche de Jean-Marie. Mais un concept politique c’est autre chose. Faire mourir un concept c’est soit le tuer par la répression, soit préparer sa renaissance comme un phénix. Mourir, pour un concept politique, ça prend très longtemps, surtout quand il est ancré dans l’Histoire.

La gauche peut mourir en effet, en 2017, en entrant dans une longue phase d’opposition face à une France de droite enfin assumée, plutôt vers l’extrême. Mais en fait, il s’agit plutôt de la mort politique d’une génération de leaders de gauche qui n’auraient pas su assurer la transition avec la fin de la vieille gauche Mitterrandienne. Les hommes politiques n’aiment pas mourir et ont tendance pour se prévenir de ce mal de menacer de la mort de leur famille en même temps (c’est moi ou le chaos, après moi le néant…)

La gauche en tant que concept ne peut pas mourir puisqu’elle est dans le coeur du peuple de gauche. Mais la gauche politique peut être blessée et se retrouver à terre.

Une blessure n’est pas la mort et un gros coup de pied dans les fesses peut lui redonner l’envie de se reprendre, non ? Donc Le fait de parler de ça est plutôt une médecine préventive. Manuel Valls prend la situation au sérieux, c’est certain !

vendredi 13 juin 2014

Hollande ? On A(n)dor(r)e

François est en Andorre, puisque il en est le coprince. Il a pu ainsi tranquillement regarder le premier match de la #CDM2014, sans être trop dérangé. Pour le match du Cameroun ce soir, on lui conseille la Goutte d'Or : ambiance garantie.

Tout président français se doit d'aller en Andorre à cause du poids de l'Histoire et des traditions. Ce n'est pas l'urgence en matière de politique internationale mais au moins ça fait (un peu) parler de lui. Puisque sa cote de popularité est au moche fixe (le contraire du beau fixe vous l'aurez compris), il fait le dos rond et attend. Il fait donc une vraie visite de prince, en prenant le temps d'aller visiter les sept "paroisses" d'Andorre (les "régions" du pays), ce que n'avait pas fait un certain Sarkozy. Il en a profité pour saluer la "normalisation" du pays qui n'est plus un paradis fiscal (ou presque).


Pendant ce temps la France continue à vivre au quotidien : les trains sont en grève (et c'est pas fini), les candidats au bac sont supposés réviser, les intermittents font leur chantage d'été aux festivals, les taxis mettent la zone un peu partout contre leurs concurrents, les entreprises de télécoms licencient alors que c'est l'un des secteurs les plus porteurs d'avenir... Tout va donc bien. François a quand même demandé d'arrêter la grève de la SNCF. Pour quelle raison ? Pas une raison personnelle en tous cas, car il prendra l'avion pour revenir. Pour le bac lundi ? Mystère...

On aura surtout ce matin une pensée émue pour la vraie famille de cœur d'un certain Jean-François Probst, un des rares hommes politiques de droite (la droite chiraquienne) qui avait un vrai sens de l'humour et qui savait dire (et écrire) les choses qui fâchent. Il est mort hier, quelque part au Pays Basque, entre François Bayrou et François Hollande...

La droite a perdu une de ses langues de non-bois. C'est vendredi 13 et la pleine lune aussi.

jeudi 12 juin 2014

Les pieds sur le quai et la tête dans les étoiles

Grève SNCF, deuxième. En espérant qu'il n'y aura pas de troisième. Les galères habituelles des usagers se ressemblent. De temps en temps, il n'y a pas de grève alors on espère que tout va aller mieux. Il y a bien sûr les retards habituels et les trains disparus (on dit annulé en langage officiel) ou modifiés, mais c'est le train-train normal.

Il faut dire que la réforme qui va bientôt être discutée est majeure pour le rail. Elle combine à la fois un rapprochement entre RFF et SNCF et une préparation plus intense à la libéralisation que nous ont léguée Thatcher et Reagan. La séparation entre ces deux entreprises date en effet de 1997, époque où un certain Alain Juppé était premier ministre (Lire Libé de 1997) et où la droite libérale flamboyante était aux manettes. C'était basé sur une directive européenne de 1991... L'idée était de préparer la libéralisation, de casser les dynamiques des cheminots et de congeler la dette abyssale du ferroviaire là où elle se voyait le moins.

Les votes de la semaine prochaine vont être importants à ce sujet, pour les pieds des usagers.

Pour leurs têtes, il y a le foot, pour un mois. Exit le reste, exit même les 24 heures du Mans ce week-end. Pour donner le ton, tous vos médias habituels en parlent. Le ciel des bleus est bleu (encore). On verra après le premier match comment est la météo.

En lisant la presse, ma page préférée ce matin est celle-ci, extraite de 20 minutes qui a un cahier spécial #CDM comme tous les autres journaux aujourd'hui, sauf peut-être La Croix (Ah zut, ils en parlent aussi). Cette double page résume le cocktail coupe du monde : 3/4 infos sur les matchs et 1/4 bière. Les proportions seront différentes pour certains évidemment...


Le sujet du matin au boulot sera donc unique, d'autant plus que les matchs ont lieu le soir et la nuit pour nous en France. Petits yeux à prévoir certains jour autour de la machine à café.

Et à propos de pub, il y a une nouveauté de taille pour cette Coupe du Monde. Il est possible qu'il y ait des pauses lors du jeu (en cas de forte chaleur) en cours de mi-temps : une par mi-temps au maximum à la décision de l'arbitre. 3 minutes de pub en plus x2 ??? C'est TF1 qui va être content, et qui va donc souhaiter qu'il fasse très chaud au Brésil !

Les non passionnés de foot se diviseront en deux catégories : ceux qui ne veulent pas du tout en parler et qui continueront à parler de trucs culturels et politiques sans rapport pour marquer leur différence, et ceux qui se spécialiseront sur le Brésil, ses problèmes politiques et sociaux, son avenir, sa culture...  histoire de montrer que eux s'intéressent aux vrais enjeux du monde, pas aux simples jeux.

Sur ce blog on continuera à parler de tout ;)




mercredi 11 juin 2014

UMP : cessation de crise et de paiement ?

L'UMP a tenu hier un bureau politique très attendu. Il s'agissait de clore l'affaire Copé-Bygmalion-Sarkozy suite à la démission de Copé, et de préparer l'avenir.

Sur le plan politique rien n'est résolu et tout le monde attendra le congrès d'octobre (conformément aux statuts actuels) pour trancher entre les différentes lignes (sarkoziste, gaulliste, droite-extrême, udé-èffienne, et j'en passe presque autant que de barons). Le dispositif politique en place depuis hier soir assure une unité de façade puisque la plupart des tendances sont représentées dans le nouvel exécutif : un triumvirat d'anciens premiers ministres incontestables, plus un secrétaire général sarkoziste jusqu'au bout des ongles. Les candidatures au prochain congrès vont se multiplier, tous attendant de savoir si Sarkozy se présentera personnellement ou seulement à travers un disciple.

Sur le plan organisationnel, il va certainement y avoir du chamboulement. M. Cesari, le directeur général qui contrôlait l'appareil est toujours en place, mais il est trop mouillé pour y rester longtemps a priori, et comme le "triumvirat" a les pleins pouvoirs, ses jours devraient être comptés. L'affaire Bygmalion est en effet entre les mains de la justice, avec ses fausses factures et chacun accuse l'autre d'en avoir profité : les sarkozistes accusent Copé et sa bande (ah bon, c'est pas la même ?) et les copéistes accusent la campagne de Sarkozy en 2012 (voire 2007 maintenant). Dans ce contexte un "audit de gestion" va être réalisé très prochainement, et il devrait concerner tous les plans de la gouvernance, pas seulement les finances. Le mot audit implique la notion de transparence, c'est à dire analyser les problèmes pour trouver des solutions. A quand une matrice SWOT publique sur l'UMP ?

Don de ce blog au triumvirat : à remplir par eux...

Sur le plan financier, justement, il ne faut pas oublier la dette abyssale de l'UMP. Pas de chiffre exact connu (c'est justement l'intérêt d'un audit externe que de disposer de chiffres réalistes et complets). On rappellera simplement que la dette est de plusieurs dizaines de millions d'euros au moins et que la campagne de levée de fonds auprès des militants de l'année dernière n'a réussi qu'à en éponger une toute petite partie (une partie du feuilleton de l'été dernier à lire ici sur ce blog, la saison 2 est imminente). Normalement une levée de fonds devrait être relancée chaque année à l'été (tiens, c'est maintenant, non ?) pour éponger le reste, pendant au moins 3 ou 4 ans encore. n effet les recettes normales de l'UMP ne devraient pas augmenter beaucoup avant 2017, sauf un peu cet automne avec les sénatoriales mais cela sera loin de suffire. On parle ici en effet de montants très importants et d'un parti qui a choisi de vivre sur un grand pied. Certains médias font le parallèle avec le Front national qui a connu il y a quelque années une grosse crise financière et qui a été obligé à l'époque de vendre son siège national (à Saint-Cloud) pour se relancer. Le Front national a réussi (sur le plan financier au moins). L'UMP saura-t-elle être aussi bon gestionnaire que le FN ?

Sur le plan existentiel, vous aurez remarqué les appels de plus en plus nombreux à dissoudre l'UMP, ou à changer son nom, ou à vendre le siège et à changer d'image publique (sans reparler ici de ligne politique, débat pour le congrès d'octobre). Le problème est simple : l'UMP est-elle tellement plombée qu'il ne vaudrait pas mieux changer tout et recommencer. ? Un parti n'est pas une entreprise qui peut se mettre en faillite et repartir ou se faire reprendre. Un parti est une association et la seule chose qu'elle puisse faire est de se mettre en "cessation de paiement", licencier ses salariés (sarkozistes et copéistes en majorité semble-t-il), vendre ses actifs (son siège) et se dissoudre ou renaître suivant ce qui reste à la fin. Créer un nouveau parti (une nouvelle association) ne permet pas seulement de définir un nouveau nom, une nouvelle ligne, une nouvelle équipe, mais cela permet d'oublier les dettes de l'UMP actuelle et d'encaisser les recettes de l'UMP (liées aux députés , sénateurs et élus) sans être responsables de ses dettes. Tant pis pour la Société Générale qui tient la dette de l'UMP à bouts de bras (et ses refinanceurs).

Tous ces plans existent simultanément bien sûr, sans oublier le plan personnel : celui des ambitions individuelles.

En tous cas hier, le signal principal qui a été envoyé est celui d'une rupture avec le passé à l'UMP. Il s'agit pour eux d'aller vers une renaissance qui soit optimale sur le plus possible de plans. Il faudra faire des choix, de politique, de management, d'image et personnels. Et il faudra vivre pendant 4 mois (avant le congrès) au gré d'annonces délicates en interne et de rebondissements externes, notamment judiciaires.

Le triumvirat a du boulot. Qui est Bonaparte ? On a du mal à imaginer Raffarin dans ce rôle en tous cas. La culture du "chef" reste encore grande dans ce parti et à droite et la place se refroidit...

mardi 10 juin 2014

Gaokao : un bac puissance Chine

Ce week-end, pendant que vous vous prélassiez sur les pelouses des parcs, sous les fontaines de la Place de la République entre deux manifs, ou aux terrasses des cafés en attendant la fin de l'averse, la Chine était en plein stress.

En France le stress pour le Bac a commencé même si la philo c'est lundi prochain, mais le bac c'est peu de candidats finalement, entre 600 et 700 000 par an. 1% de la population à peu près chaque année.

En Chine, il y a à la place du bac un examen d'entrée à l'Université, le Gaokao. Plus de 9 millions de candidats cette année pour un peu moins de 7 millions de places. C'est le plus grand examen au monde et il est limité à deux jours intensifs. Toutes les familles concernées ne pensent qu'à ça, pour certaines depuis plusieurs années. C'est un système très sélectif, surtout pour les plus grandes universités.

En France, l'Université est ouverte à tous ceux qui ont le bac, qui est ainsi le premier diplôme de l'enseignement supérieur, la porte d'entrée. Chacun doit pouvoir y entrer, même s'il en sortira très vite, et souvent en première année. A côté de cette entrée universitaire banalisée, il y a des systèmes très sélectifs : les grandes écoles en direct ou via les classes préparatoires, les filières sur concours ou dossier... Ce système français à plusieurs vitesses, typique de la manière dont la France a redéfini le mot égalité, est inscrit dans nos gênes. Beaucoup de choses se jouent en dehors du bac, avant ou après, qui reste un examen et non un concours. Tous ceux qui dépassent une certaine note obtiennent leur diplôme. Un concours c'est différent. Seuls les x meilleurs passent et tant pis pour vous si vous tombez avec des cracks qui vous empêchent de passer une année.

En Chine, l'examen national est une sélection à l'entrée en Université, car malgré la croissance de la Chine et la taille des universités chinoises, il manque toujours des places pour accueillir tous ceux qui veulent réussir grâce à des études. Et le flux migratoire d'étudiants qui vont en mobilité à l'étranger ne suffit pas à absorber le trop plein, même si de plus en plus d'étudiants chinois choisissent cette voie : de plus en plus de pays occidentaux voient débouler de plus en plus d'étudiants chinois, comme la France, où on atteint chaque année plus du quart des candidats au Bac. Cet examen sélectif est en fait une combinaison de deux examens : le réussir pour avoir le droit d'entrer à l'Université, et être parmi les mieux notés pour avoir le droit d'entrer dans les meilleures universités. Un mélange de concours et d'examen dans le même week-end.

Evidemment, connaissant les enjeux de ce Gaokao, la taille de la Chine et les multiples possibilités de triche, chaque année il y a une course entre tricheurs et surveillants. Il y a aussi une course contre la corruption, mais cela reste un mal endémique en Chine et il semble assez facile pour les riches d'acheter une place n'importe où. Par contre pour la triche banale, il faut admirer l'inventivité des chinois : tout y passe, des technologies très en avance comme une puce dans l'oreille ou des réseaux non brouillables, aux classiques moyens, rendus plus efficaces par la simple loi des grands nombres.

L'enseignement supérieur, et singulièrement les universités, sont un puissant facteur de développement des pays. On a tendance à l'oublier en France où cela parait un droit acquis. Les chinois eux le savent bien. Et les tendances lourdes qui sont derrière ces phénomènes ne sont pas près de s'arrêter !



lundi 9 juin 2014

Et un, et deux, et trois, et quatre, et cinq, et six, et sept, et huit ZERO

C’est du foot évidemment. Le dernier entraînement de la France a eu lieu hier soir contre ce que Didier Deschamps a même qualifié d’équipe de touristes (c’est pas gentil mais c’est vrai qu’ils n’avaient pas l’air en forme). La Jamaïque est pourtant une équipe valeureuse. Les bleus sont dans l’avion pour le Brésil, avec des étoiles plein les yeux en attendant le premier vrai match une semaine exactement après cet entraînement.



8 buts à zéro ? On aimerait qu’il y ait le même écart de buts pendant la phase finale (en plusieurs matchs, faut pas exagérer il n’y a que 7 matchs à jouer au maximum).
Buts à revoir ici.

En attendant, on va essayer de se faire un emploi du temps pour chaque soir, entre TF1 à la maison et un bar pour BeIn Sports. Je vous recommande la Goutte d’Or les soirs de matchs avec des pays africains. Ca vaut son pesant de cacahuètes, et chaque victoire sera fêtée sur les Champs. Même les camerounais sont à la fête. Comme la dernière fois, les footballeurs avaient menacé de ne pas partir sans un engagement ferme sur les primes qui devaient leur être versées… mais ils sont enfin partis ;) Vive les camerounais. Au moins eux, ils ont fait la grève avant de monter dans l’avion, pas avant de descendre du car !!!

Petite statistique francophone en passant :

32 pays participent à la phase finale.

11 de ces pays sont membres de la Francophonie (34%) alors que la Francophonie compte 74 pays sur 193 à l’ONU (soit 38%). La Francophonie fait donc un peu moins bien au foot qu’en diplomatie.
On verra combien de pays francophones s’en sortent après le premier tour. Sur les 16 qui passeront ce tour, il en faudrait donc entre 5 et 6. Et 1 ou 2 pour les demi-finales…

En attendant donc la monomanie foot attendue pendant au moins 3 semaines (et plus si affinités de la France avec la Coupe), les politiques s’occupent comme ils peuvent. Le Pen père essaye de revenir sur le devant de la scène à coup de petites phrases douteuses (on existe comme on peut), pendant que sa fille essaye de se sortir de ce piège affectueusement paternel. Sarkozy raconte n’importe quoi devant un public suisse histoire de montrer qu’il est compétent en tout même dans les subtilités du système politique suisse qui existe quand même depuis plus longtemps que le Sarkozisme.

En attendant c’est aussi le lundi le plus bizarre de l’année, où personne ne sait qui travaille ou pas, qui est payé ou pas et qui récupère quoi ou pas. Alors puisqu’on ne sait pas quoi faire, autant aller se promener, ou signer la pétition contre les cadenas d’amour. Une autre grille s’est écroulée hier sous le poids des cadenas de la haine. La Mairie ne veut toujours pas agir vite et se contente de réfléchir. Le collectif @NoLoveLocks est actif mais cela ne semble pas suffire pour le moment.






dimanche 8 juin 2014

Du temps de cerveau pour… une nouvelle tant de sceptres

Un cavalier surgit hors de la nuit. Auguste l’assomma d’un coup de poing. Il adorait le cheval grillé et cela faisait longtemps qu’il n’en avait pas mangé.

Ce pays était vraiment étrange. Tout avait l’air plus plus lent. Auguste savait que son principal défaut était la lenteur. Il était fort, comme tous les géants, mais en général il se faisait avoir par toutes les petites bestioles qui couraient plus vite que lui. Il devait souvent se contenter de manger végétarien. Pourtant, depuis qu’il avait franchi le col à travers les montagnes il sentait bien que les choses étaient différentes ici. Il faisait plus froid et surtout l’air était collant, comme une soupe qui aurait réduit pendant plusieurs heures. Auguste ne se sentait pas particulièrement gêné par ça. Il avait toujours adoré nager. Il avait déjà réussi à attraper quelques animaux sauvages qui semblaient se mouvoir au ralenti dans cette atmosphère qui s’accrochait à eux comme une méduse. Ce pays lui plaisait bien !

Ce pays lui plaisait encore plus depuis qu’il avait réussi à être plus rapide qu’un cheval. C’était une première pour Auguste. Il mit de côté le cavalier évanoui et entreprit de préparer le cheval pour son dîner. Le cavalier avait eu la délicatesse d’apporter une brochette avec lui. Elle était bizarrement rayée de bleu et de blanc, mais elle fut très utile pour embrocher le cheval.

Auguste n’était pas très intelligent mais il avait un grand sens pratique et savait se débrouiller dans les bois. En quelques minutes, le cheval commençait à griller au-dessus du feu, et tout en le tournant négligemment d’une main de temps en temps, il se mit à examiner le cavalier.

Celui-ci portait tout un attirail compliqué, en métal principalement et comme les doigts d’Auguste étaient trop empotés pour enlever tout ça, il décida de réveiller le cavalier, non sans en avoir attaché une jambe à un arbre. Quelques baffes suffirent, et bientôt le cavalier ouvrit les yeux. Il n’y avait que son visage qui dépassait de la carcasse de métal. Dès que le cavalier fut réveillé, un flot de paroles surgit de sa bouche. Evidemment Auguste n’en comprit rien. Il ne comprenait jamais rien à ce qu’on lui disait d’ailleurs et cela faisait longtemps qu’il n’écoutait plus les petits hommes. Il fallut une bonne minute au cavalier pour réaliser que le géant ne le comprenait pas. Il lui fallut ensuite une autre minute pour accepter le fait que son cheval était en train de griller et que lui-même était solidement attaché à un arbre. Le cavalier ne savait pas quoi faire.

Lorsqu’il sentit les gros doigts du géant le palper, il se sentit un peu inquiet, mais il comprit vite que le géant voulait le voir enlever son armure. Il faisait chaud de toutes façons et il était prisonnier. Le cavalier se déshabilla donc et fit un petit tas de toutes ses possessions en métal.

Auguste se désintéressa alors du cavalier et prit dans une main le tas de ferraille qui avait constitué son armure et ses armes. Il écrasa tout, aussi facilement qu’une patate trop cuite, et se mit à fabriquer un objet assez long. En peu de temps, grâce à ses poings et au feu il avait fabriqué une arme étrange, mais qui avait l’air redoutable. Le cavalier eut l’air un peu surpris quand il s’aperçut que l’arme ainsi forgée n’était qu’une sorte de carotte géante. Cette carotte ferait certainement des ravages et si le géant décidait de descendre dans la vallée, il semblait bien que rien ni personne ne puisse l’arrêter.

Mais une carotte quand même ? Ce géant venait visiblement d’un autre pays par-delà les montagnes et il était étrange qu’il ait choisi la forme de la carotte pour fabriquer son arme.  La carotte était l’emblème du roi. Le cavalier ne savait que penser et se mit à réfléchir, car lui était intelligent, très intelligent même.

Il remarqua alors que poussaient tout autour de lui des carottes sauvages. Normal, se dit-il : je suis au pied d’un arbre à carottes et tout le monde sait que c’est en-dessous de ces arbres que poussent les carottes les plus fortes. Il en déterra alors quelques-unes et en fabriqua une botte, puis se tourna vers le géant et toussota en lui tendant son offrande.

Auguste se retourna. Il ne comprenait pas les paroles, mais il savait ce que toussoter voulait dire. Quand il vit les carottes dans la main du cavalier il sursauta et faillit faire tomber le cheval (déjà bien cuit) dans le feu. Des bébés carottes ? Ici ? C’était impossible ! Les carottes ne poussaient que dans le pays magique où naissaient les géants, et les géants n’avaient le droit d’en manger que pendant leur enfance. Ensuite ils étaient envoyés dans d’autres pays où ils ne trouveraient jamais de carottes. Tous les géants ne rêvaient que de carottes, comme d’un souvenir d’enfance idyllique. Auguste savait qu’il n’était pas dans son pays natal et le choc fut rude en découvrant qu’il y avait des carottes ici.

Le débat moral qui s’ensuivit dans le cerveau (si je puis l’appeler ainsi) d’Auguste fut bref. L’interdiction atavique de manger des carottes après l’enfance fut balayée en un instant par une puissante pulsion pro-carottes qui l’envahit. Auguste attrapa les carottes et les enfourna dans sa bouche.
Elles étaient bien petites, mais délicieuses. Il regarda intensément le cavalier et lui fit comprendre qu’il en voulait encore. Le cavalier était déjà à quatre pattes et rassemblait le plus vite possible toutes les carottes qu’il pouvait. Il avait à peine le temps de les sortir de terre que le géant les avalait.

Ce manège dura quelque temps mais Auguste sentit soudain une odeur bizarre. C’était le cheval qui était en train de brûler. Il avait oublié de le retourner. Il se décida à le faire, le cheval irait bien avec les carottes. De toutes façons le cavalier n’était pas très rapide pour déterrer les carottes. Auguste tourna la brochette mais la trouva plus lourde qu’auparavant. C’était bizarre. Mais le cavalier toussota pour lui faire remarquer que ses carottes l’attendaient et Auguste se mit à ne plus penser au cheval. Assez vite, le cavalier ne trouva plus de carottes et fit signe au géant de le détacher pour aller en chercher d’autres, un peu plus loin de l’arbre. Auguste était bête mais pas fou. Il se contenta de rallonger la corde pour étendre son rayon d’action et se mit à attendre tranquillement les carottes qui lui arrivaient maintenant de plus en plus vite.

Ces carottes étaient si savoureuses ! Et de plus en plus grosses aussi. Ce cavalier était vraiment très doué. Auguste commençait à se sentir repu, mais il ne pouvait s’arrêter. Et les carottes grossissaient à vue d’oeil. Certaines étaient maintenant plus grosses que son bras !

Le cavalier nourrit le géant pendant plusieurs heures. Le géant avait commencé à rapetisser dès la première botte et le cavalier s’en était très vite rendu compte. Maintenant il était à peine plus grand qu’un lapin. Le cavalier l’attrapa alors par les oreilles et l’enferma dans un sac en cuir. Auguste était tellement rassasié qu’il somnolait. Le cavalier rassembla ce qu’il put de ses affaires et se mit en route pour le Palais. Il traînait derrière lui la lourde carotte métallique qu’avait fabriquée le géant.

En arrivant au Palais, il fut reçu avec des honneurs exceptionnels. Non seulement avait-il été victorieux du géant qui dévastait les collines, mais il rapportait la plus grosse carotte jamais vue dans le pays. Il fut ainsi désigné Roi, conformément à la tradition qui récompensait le porteur de la plus belle carotte. Le premier décret royal qu’il prit fut de faire constituer de gros tas de carottes à côté de toutes les entrées dans le pays, au cas où un autre géant viendrait. Et son deuxième décret fut d’utiliser la carotte de métal comme sceptre du roi et insigne du pouvoir. Ensuite il alla déguster son lapin aux carottes pour le dîner.